COMPOSITION DU
JURRY
PRESIDENT
Professeur BIAO Barthélemy
Directeur Général de l'ISPEC
MEMBRES
- Docteur LIPEB Martial:
Directeur de la Formation et de la
recherché,
ISPEC
- ARIKAMA Chabi
Consultant Formateur
Spécialiste de Banque et Microfinance
Date de soutenance: Le 05 Décembre
2008
RESUME
Le refinancement des IMF par les banques constitue de nos
jours une stratégie de plus en plus utilisée dans la microfinance
pour amener les IMF à accéder à des ressources
financières complémentaires, et par conséquent,
accroître la taille de leurs portefeuilles de crédit. Dans la
microfinance, l'importance du refinancement relève non seulement du
souci d'accroître le niveau d'activités des IMF et de garantir la
rentabilité économique mais aussi et surtout d'atteindre le plus
grand nombre de populations à faibles revenus localisées souvent
dans les zones les plus reculées. Malgré l'importance qui lui est
accordée, la mise en place d'un mécanisme de refinancement fait
souvent face à des obstacles qu'il faut nécessairement
surmonter.
Située dans le contexte du Rwanda, la
présente étude vise dans un premier temps à identifier,
à travers le fonds de refinancement et de développement de la
microfinance logé dans la Banque Rwandaise de Développement
(BRD), les principaux paramètres qui affectent le refinancement des IMF.
Dans un deuxième temps, elle se propose d'élaborer les pistes
d'action dont l'application entraînera une amélioration du
système de refinancement des IMF au Rwanda.
Pour accomplir ce travail, nous nous sommes
appuyés sur un cadre d'analyse (modèle) à trois
dimensions. Ce sont les modalités de refinancement et le fonctionnement
du FOREDEM, l'insuffisance des capacités techniques et institutionnelles
des IMF et les ressources disponibles au niveau du FOREDEM. Ce modèle a
été testé auprès du FOREDEM et de quatorze IMF dont
sept clientes de la structure.
La méthodologie adoptée pour la
réalisation de ce travail, est la recherche action et pour la collecte
des données, plusieurs techniques et outils participatifs ont
été utilisés à cet effet.
D'une façon générale, les
résultats issus de cette étude nous ont permis de mettre en
évidence un certain nombre de facteurs clés qui ont une influence
significative sur l'accès des IMF au refinancement de la BRD. Il s'agit
notamment:
- du manque de transparence quant aux informations fournies
sur le niveau des fonds propres, la qualité du portefeuille et
l'engagement des dépenses;
- de la faible structure financière
caractérisée par le faible montant du capital social;
- des insuffisances au niveau de la gestion et la mauvaise
gouvernance dans les IMF;
- des conditions de refinancement excessivement rigoureuses;
- des difficultés à fournir certains documents
surtout ceux des états financiers de trois ans certifiés par des
auditeurs ou commissaires agréés;
- du niveau trop élevé des dépôts
bancaires et garanties obligatoires pour ce qui concernent le nantissement des
avoirs en banque et la sous évaluation des garanties
matérielles.
- des limites réglementaires et juridiques
centrées sur les exigences des normes prudentielles aux banques par
l'autorité de supervision et les statuts juridiques régissant
certaines formes juridiques d'IMF.
À la lumière des faiblesses
décelées à travers cette étude, cinq (5) grandes
recommandations ont été formulées.
La première invite à la révision des
stratégies et politiques, des conditions de refinancement au niveau du
FOREDEM, tout en tenant compte du contexte évolutif des IMF.
La deuxième est de susciter la mise en place d'un bon
SIG pour faciliter la gestion et pour fournir les données fiables, de
renforcer la structure financière, d'améliorer les
capacités de gestion et les relations de partenariat avec les banques
commerciales.
La troisième vise à améliorer les
dispositifs de protection du secteur de la microfinance par la création
de la commission de recouvrement des crédits des IMF, le renforcement
des capacités du fonds de garanties, la promotion d'ICT, le renforcement
du système de supervision, la création d'un cadre
juridico-judiciaire adapté et la mise en place d'une commission Inter
IMF.
La quatrième recommandation préconise
l'établissement d'un plan stratégique de renforcement des
capacités des IMF par l'association professionnelle des IMF et la mise
en place d'un fonds de cautionnement mutuel des IMF.
La dernière recommandation invite la BRD/FOREDEM
à l'application d'un modèle intégré de leurs
interventions afin de susciter la pérennité des projets et
structures financés.
Aussi dans l'objectif de continuer la réflexion sur
l'amélioration de l'offre de service du FOREDEM, quelques pistes de
recherche peuvent-elles être dégagées notamment:
La problématique liée à la
pérennisation du FOREDEM
Les stratégies de mise en place d'une centrale de
risque par les professionnelles du secteur
La création d'une commission inter-IMF sous le
modèle de la commission inter-bancaire.
TABLE DES MATIERES
RESUME
II
TABLE DES MATIERES
IV
LISTE DES TABLEAUX
VII
LISTE DES GRAPHIQUES
VII
DEDICACE
X
REMERCIEMENTS
XI
INTRODUCTION
1
CHAPITRE I: CONTEXTE DE L'ETUDE ET
METHODOLOGIE DE RECHERCHE
4
1.1. CONTEXTE DE L'ÉTUDE
4
1.1.1. Bref aperçu sur le Rwanda
4
1.1.1.1. Aspect physique et
démographique
4
1.1.1.2. Aspect économique
4
1.1.1.3. Aspect socio-culturel
5
1.1.2. Présentation du secteur de la
microfinance au Rwanda
5
1.1.2.1. Historique et développement
récent de la microfinance au Rwanda
5
1.1.2.2. Crise du secteur de 2005 -2006
6
1.1.2.3. Situation juridique des IMF
agréées
6
1.1.2.4. Catégorisation des IMF au
Rwanda
7
1.1.2.5. Situation financière des IMF
agréées et leur contribution dans le financement du monde
rural
8
1.1.3. Présentation de la structure
d'accueil: BRD
9
1.1.3.1. Historique
9
1.1.3.2. Mission et objectifs de la BRD
9
1.1.3.3. Stratégies à Court, Moyen et
Long Terme
10
1.1.3.4. Secteurs d'intervention
11
1.1.4. Direction spécialisée de
microfinance «FOREDEM»
12
1.1.4.1. Création
12
1.1.4.2. Structure organisationnelle du FOREDEM
13
1.1.4.3. Activités du FOREDEM
13
1.2. CADRE MÉTHODOLOGIQUE
16
1.2.1. Problématique
16
1.2.1.1. Justification de l'étude
16
1.2.1.2. Objectifs de recherche
18
1.2.1.3. Hypothèses de recherche
18
1.2.2. Méthodologie de recherche
19
1.2.2.1. Phase de collecte des données
19
1.2.2.2. Traitement et analyse des
données
23
1.2.2.3. Limites, difficultés, avantages
26
CHAPITRE II. CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE ET
APPROCHE D'INTERVENTION DES BANQUES EN MICROFINANCE
27
2.1. CLARIFICATION DE QUELQUES CONCEPTS
27
2.1.1. Microfinance
27
2.1.2. Financement
28
2.1.3. Refinancement
28
2.1.4. Concept de ligne de crédit
29
2.2. REVUE DE LITTÉRATURE
29
2.2.1. Mobilisation des ressources
financières par les IMF
29
2.2.1.1. Ressources financières internes
30
2.2.1.2. Ressources financières externes
30
2.2.2. Analyse des approches de
refinancement
33
2.2.2.1. Acteurs et circuits de refinancement
33
2.2.2.2. Formes d'approches des banques dans le
secteur de la microfinance
37
2.2.3. Analyse comparative de trois
systèmes de refinancement
40
2.2.3.1. Présentation sommaire de trois
systèmes de refinancement
40
2.2.3.4. Critères d'analyse comparative de
trois systèmes de refinancement
43
CHAPITRE III. PRESENTATION ET ANALYSE DES
RESULTATS
47
3.1. ANALYSE DU FONCTIONNEMENT DU FOREDEM
47
3.1.1. Evaluation des procédures de mise
en place d'un refinancement
47
3.1.1.1. Evolution du portefeuille de refinancement
du FOREDEM par nature de clients
47
3.1.1.2. Analyse préalable des dossiers
49
3.1.1.3. Analyse proprement dite du dossier
49
3.1.1.4. Organisation de l'évaluation du
projet
50
3.1.1.5. Analyse des décaissements pour les
dossiers de refinancement
51
3.1.2. Analyse des conditions et
modalités de refinancement
53
3.1.2.1. Montant du refinancement
53
3.1.2.2. Durée du refinancement
54
3.1.2.3. Modalités de remboursement
54
3.1.2.4. Garantie
55
3.1.3. Synthèse de l'analyse du
fonctionnement, des conditions de refinancement du FOREDEM et de la
vérification de l'hypothèse N°1.
57
3.2. ANALYSE DES CAPACITÉS INSTITUTIONNELLES
DES IMF
58
3.2.1. Aspects généraux des IMF
enquêtées
58
3.2.1.1. Expérience des IMF
58
3.2.1.2. Sources de financement des IMF
58
3.2.1.3. Composition du portefeuille de
crédit des IMF enquêtées
59
3.2.1.4. Développement de leur
Système d'Information de Gestion (SIG)
59
3.2.1.5. Principaux problèmes actuels des
IMF
59
3.2.2. Analyse comparative des approbations et
des rejets
60
3.2.3. Analyse des causes du faible
décaissement pour les dossiers approuvés
63
3.2.4. Synthèse de l'analyse des
capacités institutionnelles des IMF et vérification de
l'hypothèse N°2.
71
3.3. ANALYSE DES BESOINS DES IMF ET DES MOYENS
DISPONIBLES AUPRÈS DE FOREDEM
72
3.3.1. Analyse des besoins des IMF
72
3.3.1.1. Besoins structurels
72
3.3.1.2. Besoins opérationnels
73
3.3.2. Analyse des moyens de FOREDEM
74
3.3.2.1. Analyse du bilan de la BRD
75
3.3.2.2. Analyse du niveau de formation du
personnel de la BRD
75
3.3.2.3. Analyse du bilan de FOREDEM
76
3.3.2.4. Analyse du niveau de formation du
personnel de FOREDEM
77
3.3.3. Appréciation des
stratégies d'intervention de FOREDEM
77
3.3.3.1. Logique d'intervention de FOREDEM
77
3.3.3.2. Structure et groupe cible de FOREDEM
78
3.3.4. Synthèse des analyses des besoins
des IMF, moyens de FOREDEM et vérification de l'hypothèse
n°3
78
3.3.5. Limites ou contraintes au refinancement
identifiées
79
3.3.5.1. Limites au refinancement du point de vue
de la banque
79
3.3.5.2. Limites au refinancement du point de vue
des IMF
80
3.3.5.3. Limites réglementaires et
juridiques
81
3.3.5.4. Limites au refinancement liées
à l'objet et à la nature des ressources disponibles
82
3.4. APPROCHES DES SOLUTIONS
83
3.4.1. Approches des solutions liées au
fonctionnement et aux conditions de la BRD/FOREDEM
83
3.4.1.1. Actions à court terme
83
3.4.1.1.2. Allégement des conditions de
refinancement de FOREDEM
84
3.4.1.2. Actions à moyen et long terme
85
3.4.2. Approches des solutions liées aux
faiblesses des IMF
88
3.4.2.1. Approches des solutions liées aux
faiblesses des IMF à court terme
88
3.4.2.2. Approches des solutions liées aux
faiblesses des IMF à moyen et long terme
89
3.4.3. Recommandations au Gouvernement
90
3.4.3.1. Recommandation au Gouvernement à
court terme
90
3.4.3.2. Recommandation au Gouvernement à
moyen et long terme
91
3.4.4. Recommandations à l'Association
AMIR
92
3.4.4.1. Etablir un plan stratégique de
renforcement des capacités des IMF
92
3.4.4.2. Créer un fonds de caution mutuelle
des IMF
92
CONCLUSION
93
BIBLIOGRAPHIE
96
ANNEXES
100
ESUME
LISTE DES TABLEAUX
RESUME
TABLEAU N° 1: Poids des IMF dans le secteur
financier rwandais 8
TABLEAU N°2: Evolution des approbations de
la BRD par secteur ....................................11
TABLEAU N°3: Synthèse de
l'échantillonnage de la population
enquêtée...............................22
TABLEAU N°4: Grille d'analyse des
hypothèses.................................................................25
TABLEAU N°5: Comparaison des
systèmes de refinancement de EBB, BRD et AFRIcap Fund.........44
TABLEAU N°6: Evolution du portefeuille de
FOREDEM par type de client.....................48
TABLEAU N°7: Analyse comparative des
décaissements aux approbations de FOREDEM....52
TABLEAU N°8: Les principaux
problèmes actuels des IMF..........................................60
TABLEAU N°9: Analyse comparative des
dossiers approuvés et dossiers rejetés en nombre....61
TABLEAU N°10: Analyse historique des
dossiers approuvés et dossiers rejetés en valeur.........61
TABLEAU N°11: Analyse comparative des
approbations par catégorie des clients en nombre.62
TABLEAU N°12: Analyse comparative des
approbations par catégorie de clients en valeur....62
TABLEAU N°13: Causes du faible
décaissement par rapport aux approbations ..................64
TABLEAU N°14: Difficultés
d'accès au refinancement de FOREDEM par les IMF..............66
TABLEAU N°15: Bilan de la BRD au
31 décembre 2005 et 2006
...................................75
TABLEAU N°16: Niveau de
formation du personnel de FOREDEM ...............................75
TABLEAU N°17: Bilan de FOREDEM au 31
décembre 2005 et 2006 ................................76
LISTE DES GRAPHIQUES
LISTE DES TABLEAUX
GRAPHIQUE N°1: Organigramme du
FOREDEM.....................................................13
GRAPHIQUE N°2: Evolution du portefeuille de
FOREDEM par type de client ..................48
GRAPHIQUE N°3: Schéma de
présentation du processus d'analyse des dossiers ................68
GRAPHIQUE N°4: Modèle
intégré des interventions de FOREDEM et de la
BRD...............86
SIGLES ET ABREVIATIONS
LISTE DES GRAPHIQUES
LISTE DES TABLEAUX
AFRICAP
|
AfriCap Microfinance fund
|
AMIR
|
Association of Microfinance Institutions of Rwanda
|
BAD
|
Banque Africaine de Développement
|
BANCOR
|
Banque à Confiance d'Or
|
BEI
|
Banque Européenne d'Investissement
|
BIM
|
Bulletins d'Information du Mardi
|
BK
|
Banque de Kigali
|
BNDA
|
Banque Nationale de Développement Agricole
|
BNR
|
Banque Nationale du Rwanda
|
BP
|
Banque Populaire
|
BRD
|
Banque Rwandaise de Développement
|
CAPMER
|
Centre d'Appui aux Petites et Moyennes Entreprises au Rwanda
|
CEDEAO
|
Communauté Economique des Etats de l'Afrique de l'Ouest
|
CGAP
|
Consultative Group to Assist the Poor
|
CGRC
|
Comité de Gestion de Risque de Crédit
|
CI
|
Comité Interdépartemental
|
CLECAM
|
Coopérative Locale d'Epargne et de Crédit Agricole
Mutuel
|
CM
|
Coopérative de Microfinance
|
COMIKOKA
|
Coopérative de Mise en Commun de Kanama
|
COOPEC
|
Coopérative d'Epargne et de Crédit
|
CSR
|
Caisse Sociale du Rwanda
|
CSS
|
Credit and Savings Scheme
|
CTB
|
Coopération Technique Belge
|
CVECA
|
Caisses Villageoises d'Epargne et de Crédit
Autogérées
|
DFID
|
Department For International Development
|
DID
|
Développement International Desjardins
|
EBB
|
ECO BANK Bénin
|
EIA
|
Entretien Individuel Approfondi
|
ETI
|
Ecobank Transnational Incorpored
|
FAD
|
Fonds Africain de Développement
|
FAGACE
|
Fonds Africain de Garantie des Crédits pour
l'Entreprise
|
FAO
|
Food and agriculture organization
|
FCFA
|
Francs de la Communauté Francophone d'Afrique
|
FIDA
|
Fonds International de développement Agricole
|
FOREDEM
|
Fonds de Refinancement et de Developpement de la Microfinance
|
FRSP
|
Fédération Rwandaise du Secteur Privé
|
FRW
|
Francs Rwandais
|
ICT
|
Information, Communication and Technologie
|
IFSN
|
Institution Financière Spécialisée du
Nord
|
IMF
|
Institution de MicroFinance
|
INS
|
Institut National des Statistiques
|
ISPEC
|
Institut Supérieur Panafricain d'Economie
Coopérative
|
ISS
|
Interview Semi Structuré
|
JORR
|
Journal Officiel de la République Rwandaise
|
MEC
|
Mutuel d'Epargne et de Crédit
|
MINAGRI
|
Ministère de l'Agriculture et des Ressources Animales
|
MINECOFIN
|
Ministère des Finances et de la Planification
Economique
|
MINICOM
|
Ministère du Commerce, de l'Industrie, de la Promotion des
Investissements, du Tourisme et des Coopératives
|
OC
|
Organisation Communautaire
|
ONG
|
Organisation Non Gouvernementale
|
ONU
|
Organisation des Nations Unies
|
OP
|
Organisation Paysanne
|
PADL
|
Programme d'Appui au Développement Local
|
PIB
|
Produit Intérieur Brut
|
PME
|
Petite et Moyenne Entreprise
|
PMI
|
Petite et Moyenne Industrie
|
RGPH
|
Recensement Général de la Population et de
l'habitat
|
RIF
|
Rural Investment Facility
|
RIM
|
Réseau Interdiocésain de Microfinance
|
RMF
|
Rwanda Microfinance Forum
|
ROPARWA
|
Réseau des Organisations Paysannes au Rwanda
|
SA
|
Société Anonyme
|
SARL
|
Société A Responsabilité Limitée
|
SAT
|
Service d'Assistance Technique
|
SFD
|
Système Financier Décentralisé
|
SGMF
|
Société Mutuelle de Garantie et de Refinancement
|
SIG
|
Système d'Information et de Gestion
|
SNV
|
Netherlands Development Organization
|
UBPR
|
Union des Banques Populaires du Rwanda
|
ULK
|
Université Libre de Kigali
|
UNR
|
Université Nationale du Rwanda
|
DEDICACE
ANNIE ET MADELEINE
REMERCIEMENTS
Au terme de nos études à l'Institut
Supérieur Panafricain d'Economie Coopérative (ISPEC), il est un
plaisir et un devoir pour nous, de témoigner notre reconnaissance
profonde à tous ceux qui ont contribué d'une façon ou
d'une autre à la réalisation de ce travail de recherche.
Ainsi nous adressons nos sincères remerciements:
A Monsieur le Directeur Général de l'ISPEC,
Prof. BIAO Barthélemy;
A Monsieur le Directeur de la Formation et de la
Recherche, Dr .LIPEB Martial; à travers lui toute
l'équipe de formateurs permanents et externes qui n'ont
ménagé aucun effort pour nous assurer une formation de
qualité;
A notre superviseur Dr .LIPEB Martial, pour
ses enseignements et son encadrement sans faille et surtout pour sa
disponibilité;
A tout le personnel de l'ISPEC pour leur collaboration;
A Monsieur COUTHON Maurille, Consultant
Formateur pour ses conseils et son sens critique utiles à la
réalisation de ce mémoire;
A monsieur TURATSINZE Théogène,
Directeur Général de la BRD pour avoir accepté
nous recevoir en stage et pour son appui technique;
A Monsieur NYIRUMURINGA Prosper, Directeur de
FOREDEM, notre maître de stage pour les multiples orientations
nécessaires dans l'élaboration de ce document;
A tous les Chefs de services de la BRD et leurs assistants
pour leur précieux;
A tout le personnel de la BRD, en particulier le personnel du
FOREDEM, pour leur sincère contribution;
A Monsieur SHYAMBA KEVIN, Responsable
d'unité microfinance au sein de la BNR, pour ses conseils et
encouragements;
A Monsieur NYERERE David et toute sa famille
pour leurs conseils et contribution;
A notre ami GATARAYIHA Meshaques pour ses
conseils et son très grand soutien;
A tous les Responsables de réseaux des IMF en
particuliers Madame KANKUNDIYE Stéphanie, messieurs
MUDATSIKIRA Tharcisse pour leurs conseils et sincère
collaboration durant toutes ces années que nous avons passées
ensemble.
A nos amis SAFARI Jean Eugène, BUGINGO Eric
et SAFARI Kayitera pour leurs soutiens et conseils
depuis le Rwanda;
A notre ami NSHIMIYIMANA Vincent et toute sa
famille pour tout son appui et conseil;
A l'AMBASSADE DE BELGIQUE au Rwanda pour leur
appui financier;
Au Réseau CTB, Mme RWAGATARE
Antoinette et Mme GLELE Vicentia pour leur
promptitude à prendre en compte nos différentes
préoccupations durant toute cette formation;
Au Réseau ROPARWA et BAIR
pour toutes les précieuses formations en microfinance;
A messieurs, BANGANA Gilbert, Lazare
DJIBODE, OPOSSI Rollia et toute la promotion de master en Microfinance
2007-2008 pour leur franche collaboration
A tous les étudiants de l'ISPEC en particulier
Assita DIARRA, et LIPOCKO Mombo pour leur
soutien.
Que tous ceux qui ont pris part de près ou de loin
à la réalisation de ce mémoire, voient en ce document le
fruit de leur participation.
INTRODUCTION
LISTE DES GRAPHIQUES
LISTE DES TABLEAUX
Le Rwanda est classé parmi les pays les plus pauvres du
monde et a toujours été considéré comme le pays qui
possède le niveau de pauvreté le plus accentué en milieu
rural. Les périodes les plus critiques ont été celles de
la vacillation politique ainsi que de la guerre civile et du génocide de
1994 qui ont culminé dans la destruction du tissu social et
économique du pays. Le PIB par habitant est de 250$ US
et environ 60% de la population vivent en dessous du seuil de
pauvreté, 92% de la population rwandaise vivent en milieu rural et se
basent sur l'agriculture pour générer leurs revenus et assurer
leur autosubsistance. Cependant, en dépit de la grande proportion de la
population qui vit de l'agriculture, le secteur agricole ne contribue que pour
39% du PIB. De plus les rwandais vivant principalement de l'agriculture ont un
accès limité aux crédits des banques commerciales à
cause du manque de garantie et du fait qu'ils sont considérés
comme non bancables par les institutions bancaires classiques.
Des stratégies ont été
développées et exécutées au niveau national et
local pour soutenir l'économie nationale. Ces stratégies portent
essentiellement sur des réformes du secteur financier dont l'objectif
était de créer un environnement favorable pour le
développement de ce secteur. Les principales actions de ces
réformes consistent à renforcer le cadre réglementaire
pour les banques commerciales à travers l'introduction des nouvelles
procédures et instruments de gestion financière, la
recapitalisation, la libéralisation des taux d'intérêts et
la facilitation des banques étrangères à opérer
dans le système financier national.
Une grande importance et une attention particulière ont
été accordées à la microfinance. Le
développement d'un secteur de la microfinance dynamique est
considéré comme un facteur déterminant de
l'économie et constitue une composante importante de la vision 2020 qui
envisage une économie compétitive, diversifiée et
dynamique. En effet, depuis 1994, le secteur de la microfinance au Rwanda a
contribué de manière significative aux efforts visant
l'amélioration des conditions de vie des pauvres. Au cours de cette
période, un volume important de crédit et les services
d'épargne ont été fournis par les projets soutenus par des
ONG et les organisations de développement à la base. Certaines de
ces initiatives se sont développées pour se transformer en
institutions de microfinance à part entière. En juin 2002, dans
l'effort de réglementer le secteur de la microfinance, la Banque
Nationale du Rwanda a mis en place des instructions afin de contrôler et
de superviser des opérations de tous les prestataires des services de
microfinance. Ces instructions avaient principalement pour objectif de garantir
les performances des IMF et de protéger les intérêts des
déposants en vue de professionnaliser le secteur. Depuis, un nombre
important d'IMF fut créé avec comme problèmes, des apports
en fonds propres insuffisants, la faible épargne des membres et clients,
le nombre croissant des clients sollicitant des crédits, les
difficultés d'accès aux crédits des banques par les IMF et
le faible professionnalisme de la plupart de ces structures de microfinance. Le
problème de déficit des ressources eu égard aux besoins
des entrepreneurs en crédits à moyen et long terme se faisait
aussi sentir et freinait dangereusement la croissance des IMF
En décembre 2002, et dans ce contexte, le Fonds de
Refinancement et de Développement de la Microfinance (FOREDEM) fut
créé par le gouvernement Rwandais comme un projet sur trois ans.
Ce Fonds fut placé sous la tutelle de la Banque Rwandaise de
Développement (BRD) avec l'objectif initial qu'après trois ans,
il se transformerait en une banque de microfinance autonome. La mission qui lui
fut confiée était de mettre en place un programme de microfinance
qui mobilisait des fonds pour financer directement les coopératives et
les associations professionnelles agricoles, refinancer les IMF en leur
procurant une ligne de crédit et leur fournir de l'assistance technique.
Sa durée de vie fut étendue pour une période additionnelle
de trois années, jusqu'à la fin de 2008.
Le constat est que depuis sa création en fin 2002, le
nombre d'IMF ayant fait recours au FOREDEM reste encore insuffisant
malgré le fait qu'il soit bien apprécié et opportun. En
effet, seulement 12 IMF représentant 5% des IMF agréées y
ont fait recours. Parmi les 12 dossiers introduits, 9 ont été
approuvés et parmi ces 9, seulement 6 dossiers ont pu arriver au
déblocage suite aux conditions suspensives au décaissement. Parmi
les 6 dossiers admis au déblocage, quatre ont pu utiliser la
totalité de la ligne de crédit accordée et les deux autres
n'ont pas pu respecter les conditions de déblocage des dernières
tranches.
Cette situation peut être expliquée par plusieurs
raisons aussi bien au niveau des IMF qu'au niveau du FOREDEM.
Dans ce travail de recherche dont le thème est
«Problématique de refinancement des institutions de microfinance au
Rwanda: cas du Fonds de Refinancement et de Développement de la
Microfinance (FOREDEM)», nous tenterons d'analyser les facteurs qui sont
à l'origine de cette situation et proposerons des actions correctives
pour l'amélioration des systèmes de refinancement des
institutions de microfinance au Rwanda.
Ce travail sera scindé essentiellement en trois
chapitres: le premier chapitre traitera du cadre contextuel et
méthodologique de l'étude; le cadre théorique et les
approches d'intervention des banques dans la microfinance seront abordés
dans le deuxième chapitre et enfin le dernier chapitre consistera
à la présentation et l'analyse des données, à
dégager les approches de solutions spécifiques à chaque
acteur concerné par la pérennité du FOREDEM.
CHAPITRE I: CONTEXTE DE L'ETUDE ET METHODOLOGIE DE
RECHERCHE
Dans ce chapitre, il s'agira de faire une description du
contexte général de l'étude, du point sur la
méthodologie de recherche choisie et de donner un aperçu sur la
Banque Rwandaise de développement.
1.1.
Contexte de l'étude
Un bref aperçu sur le Rwanda et une description du
secteur de la microfinance au Rwanda est nécessaire pour contextualiser
l'étude.
1.1.1.
Bref aperçu sur le Rwanda
Cette brève présentation du Rwanda se fera sous
les aspects physique, démographique, économique et socioculturel.
1.1.1.1. Aspect physique et démographique
Le Rwanda est situé au centre de l'Afrique et
s'étend sur une superficie de 26 338 km². Pays des grands lacs, il
a un climat tempéré. La pluviométrie, au cours de la
période 2002- 2003 variait entre 806,3 mm et 1272 mm (total annuel des
précipitations), et la température oscillait entre 12°C
et30°C.
Selon RGPH du Rwanda en Août 2002, le taux
d'accroissement naturel était estimé à 2,6% et la
population à 8.128.553 habitants, dont 47,7% d'hommes et 52,3% de
femmes, avec une densité générale très
élevée au km2, soit 321 habitants au km². Bien
que la population du Rwanda soit en majorité rurale (83,1%), la
population urbaine a connu, entre 1991 et 2002, une croissance très
rapide passant de 5,5% à 16,9% de la population totale. La population du
Rwanda est essentiellement jeune et 67% représentent les personnes
âgées de moins de 25ans.
1.1.1.2. Aspect
économique
Le contexte économique rwandais est
caractérisé par un rythme de croissance relativement
élevé. Une vision volontariste du futur et des politiques de
développement axées sur la réduction de la
pauvreté, la sécurité alimentaire, la diversification de
l'économie et la décentralisation a été entreprise
depuis 2001. Le taux de croissance économique était de 6,6% en
2001, 9,4% en 2002, et 2,4% en 20031(*). Les performances économiques dépendent
essentiellement du secteur primaire dont la production provient principalement
de l'agriculture vivrière. La faible croissance observée en 2003
de 2,4% contre 9,4% en 2002, est due à la faible production agricole qui
est passée de 15% à -1%2(*). La population agricole était de 87% en 2002,
elle fournissait de l'emploi à 88% de la population active et
contribuait à 47% du PIB et 71% des recettes d'exportation. La
quasi-totalité de la production agricole est réalisée par
environ 1,4 Millions de ménages agricoles. La superficie agricole
moyenne par famille est estimée à 0,76 Ha. Le niveau
d'épargne reste faible et l'économie est confrontée
à un déficit constant de la balance des paiements. La
microfinance contribue à la mobilisation de l'épargne
privée surtout au niveau des couches les plus pauvres. Elle contribue
à la monétarisation de l'économie rurale en
intégrant les pauvres économiquement actifs dans le processus de
production. L'accès et l'utilisation de services financiers de
proximité représentent un pilier important de la politique
nationale de promotion de l'emploi. En effet, l'accompagnement technique
(formation, équipement, etc.) de la population et la mise en place de
mécanisme de facilitation à l'accès au moyen financier
permettra aux bénéficiaires de constituer des fonds pour le
démarrage de leurs projets.
1.1.1.3. Aspect socio-culturel
Au plan social, on note une insuffisance dans l'accès
aux services sociaux de base notamment au niveau de l'éducation
où le taux brut de scolarisation est de 130,8%3(*) contre 15,4% au secondaire en
20044(*); le taux
d'alphabétisation est estimé à 48% où le taux
d'alphabétisation pour les femmes est de 54,7% contre 66,5% pour les
hommes en 2002 et l'espérance de vie à la naissance est de 49
ans.
1.1.2.
Présentation du secteur de la microfinance au Rwanda
1.1.2.1. Historique et développement récent de
la microfinance au Rwanda
La microfinance au Rwanda est un secteur relativement jeune
car la majorité des IMF ont moins de 10 ans d'expérience. La
plupart des IMF sont toujours en quête de professionnalisme et leur
capacité à s'adapter à un environnement de plus en plus
compétitif et dynamique reste encore faible.
Sous sa forme traditionnelle, la pratique en matière de
microfinance date de plusieurs années. Elle est connue sous la
dénomination tontine. Quant à la forme moderne et/ou formelle
elle est apparue en 1975, avec la création de la première Banque
Populaire à Nkamba.
Après le génocide de 1994 au Rwanda, le secteur
de la microfinance connut des progrès spectaculaires grâce
à l'appui des organisations internationales à vocation
humanitaire. Celles-ci ont accordé à la population un appui
matériel, mais avaient dans leurs programmes un volet micro
crédit. Au cours de la période d'urgence, les prêts ne se
distinguaient plus, dans certains cas, des subventions ou des dons et semaient
la confusion au sein de la population. Il s'est alors développé
une culture de non remboursement des prêts. Quand le Gouvernement s'est
engagé dans une phase de développement, un nombre important des
ONG et projets se sont transformés en institutions de microfinance
opérant, pour la plupart, sans trop de professionnalisme. Cette
prolifération s'est déroulée en absence de politiques et
de stratégies nationales de développement du secteur de la
microfinance.
En 1999, la BNR s'est vue assignée la mission de
réglementer et de superviser les IMF Les années 2002 et 2003 ont
été caractérisées par la mise en place de deux
instructions, l'une régissant les activités de microfinance en
général et portant N°6/2002, l'autre spécifique aux
sociétés coopératives d'épargne et de crédit
portant N°5/2003.
1.1.2.2. Crise du secteur de 2005 -2006
Depuis 2002, on a assisté à une création
anarchique des IMF, c'est-à-dire, souvent sans référence
aux instructions de la Banque Centrale. Pour réguler et bien
contrôler ces structures, la banque centrale a accordé
l'agrément définitif aux IMF remplissant les conditions.
Certaines IMF ayant obtenu l'agrément provisoire n'ont pas pu remplir
les conditions d'agrément définitif. En conséquence, 9 IMF
ont connu des situations de cessation de paiement et ont été
conduites à la liquidation.
Les raisons majeures de ces liquidations sont décrites
comme suit:
- le faible niveau de capitalisation de départ des IMF
au regard des frais d'établissement et des dépôts
mobilisés par ces dernières,
- le dépassement du niveau de transformation des
dépôts en crédits dans beaucoup IMF en violation des
règles en matière de ratios prudentiels en place,
1.1.2.3. Situation juridique des
IMF agréées
Jusqu'au 31 mars 2007, le secteur de la microfinance rwandais
compte des IMF de 3 types de statut juridique (BNR, 2007) : Il y avait 22
coopératives d'épargne et de crédit non affiliées
à une Union, 9 Unions de coopératives d'épargne et de
crédit regroupant 177 coopératives d'épargne et de
crédit agréées dont 143 Banques populaires. Ensuite, il y
a 14 IMF ayant adoptées la forme juridique de société
anonyme (SA). Et enfin, une seule IMF ayant adopté la forme juridique de
société à responsabilité limitée et ne
collectant pas les dépôts.
En considérant chaque structure agréée
comme une IMF autonome, le total des IMF agréées à cette
date s'élevait à 223. Avec la transformation du réseau des
Banques Populaires au Rwanda en Banques commerciales, les IMF restent au nombre
de 79 structures. Il faut noter que depuis la création du FOREDEM
jusqu'au 31 décembre 2006, 12 IMF seulement ont pu introduire leur
demande de refinancement auprès du FOREDEM. Parmi celles-ci, une a
été fermée et liquidée au cours de la crise du
secteur de la microfinance.
1.1.2.4. Catégorisation des IMF au Rwanda
Selon MINECOFIN (2007) dans le document de politique nationale
de microfinance, les IMF sont reparties en quatre catégories selon les
opérations pour lesquelles elles sont autorisées, la structure de
fonctionnement et de contrôle, le volume d'activité, les normes
prudentielles exigées et l'importance des risques liés aux
activités de microfinance.
a) IMF informelles
La première catégorie est constituée
d'IMF informelles. Ces IMF informelles sont constituées de tontines sous
toutes leurs variantes et n'opèrent que sur la base des cotisations
versées par les membres. Elles ne relèvent d'aucune forme
juridique et n'ont pas l'agrément de la Banque Centrale pour l'exercice
de leurs activités. Toutefois, les membres restent assujettis à
leurs statuts et règlement intérieur.
Cependant, ces IMF informelles ont l'obligation de:
1. se faire enregistrer au niveau de l'entité
administrative locale la plus décentralisée et d'y déposer
la liste de leurs membres;
2. présenter à l'entité administrative un
règlement intérieur pour le fonctionnement;
3. décrire dans un document, l'approche d'intervention
auprès de leurs membres et les sommes mises en jeu.
Une IMF informelle ne peut que recevoir des cotisations
provenant des membres et leur consentir des crédits, jusqu'à
concurrence des cotisations reçues.
b) COOPEC avec les dépôts
inférieurs à un seuil autorisé
La deuxième catégorie est constituée des
IMF ayant la forme juridique d'une coopérative d'épargne et de
crédit dont la valeur des dépôts qu'elles mobilisent est
inférieure à un seuil fixé par le règlement de la
Banque Centrale.
La Banque Centrale précise par voie de
règlement, un régime spécial allégé de
contrôle pour les IMF de deuxième catégorie. Cette
catégorie est exonérée de certaines normes prudentielles
relatives au ratio de solvabilité, à la non exigence de capital
minimum réglementaire ainsi qu'à la certification des
états financiers par un auditeur externe. Elles ne doivent pas avoir
plus d'un point de service ou de guichet.
c) IMF avec un volume de dépôt
supérieur à un seuil fixé par la Banque
centrale
La troisième catégorie est constituée
d'IMF ayant adopté la forme juridique de coopérative
d'épargne et de crédit ou de société anonyme et qui
ont déjà mobilisé un volume de dépôt
supérieur à un seuil fixé par la Banque Centrale. Elles
sont tenues de respecter les règles de gestion et les normes
prudentielles définies par la Banque Centrale correspondant à
leur niveau de catégorisation et doivent avoir une structure de
fonctionnement et de contrôle développée.
d) IMF ne recevant pas les dépôts du
public
La quatrième catégorie est constituée des
IMF octroyant des crédits au public mais ne recevant pas de
dépôts du public. La Banque Centrale précise par voie de
règlement, un régime spécial de contrôle pour les
institutions de microfinance de cette catégorie.
1.1.2.5. Situation financière des IMF
agréées et leur contribution dans le financement du monde
rural
Selon la BNR (2007) dans son rapport du 24/05/2007, la
situation financière du secteur financier disponible reflète les
données au 30/06/ 2006. Le tableau 1 présente la situation de
dépôts, la situation des crédits, le nombre de
déposants et les agences ou branches des banques commerciales et des
IMF
Tableau N°1: Poids des IMF
dans le secteur financier Rwandais
Sous secteur
|
Dépôts
|
Crédits
|
Déposants
|
Agences
ou branches
|
En milliards
de Frw
|
%
|
En milliards
En Frw
|
%
|
Nbre
en milliers
|
%
|
Nbre
|
%
|
Banques commerciales
|
194
|
75
|
185
|
76
|
123
|
12
|
38
|
6,5
|
IMF
|
65
|
25
|
59
|
24
|
878
|
88
|
550
|
93,5
|
Total
|
259
|
100
|
244
|
100
|
1001
|
100
|
588
|
100
|
Source: Données de la BNR
(2007)
Ce tableau montre que les Banques commerciales occupent 76% du
financement de l'économie Rwandaise et 75% dans la mobilisation de
l'épargne. En effet, en termes de couverture nationale, les IMF touchent
environ 88% de la population ayant accès aux services financiers formels
et disposent de 93,5% des agences ou branches des structures de financement
(banques et IMF). L'analyse de ce tableau laisse entrevoir tout
l'intérêt qu'il y a à renforcer les capacités
financières et institutionnelles des acteurs du secteur de la
microfinance en vue de faciliter l'accès des pauvres aux services
financiers.
1.1.3.
Présentation de la structure d'accueil: BRD
1.1.3.1. Historique
La volonté d'accélérer le rythme du
développement économique et social devant la pression
démographique et autres facteurs essentiels au développement a
amené le Rwanda à créer une banque de développement
dénommée «Banque Rwandaise de Développement»
dont l'objet principal est de soutenir la croissance économique.5(*).
Créée par la loi du 5 août 1967, la BRD
est une société Anonyme (S.A) de droit rwandais, qui, à sa
création, avait un capital social de 50 millions de Frw,
représentée par 27.500 actions dénommées actions
«A» appartenant au secteur public et par 22.500 actions
dénommées actions «B» appartenant au secteur
privé ou étranger d'une valeur de 1.000 frw chacune.
Aujourd'hui, la BRD a un capital social de 1.484.397.000 frw
divisé en 1.484.397 actions. Ses actions appartiennent à deux
groupes d'actionnaires: le groupe «A» représente l'Etat
Rwandais et les établissements publics avec une participation de 55,76%
soit 827.748 actions et le groupe «B» représentant les
actionnaires privés nationaux ou étrangers avec une participation
de 44,24% soit 656.648 actions.
1.1.3.2. Mission et objectifs de
la BRD
Dès sa création, la BRD a eu pour mission de
concourir au financement du développement économique du pays et
de se positionner comme «leader dans le financement de
l'investissement». A l'instar des stratégies nationales, la BRD
réajuste sa vision chaque fois que c'est nécessaire tout en
consolidant son rôle dans l'investissement. Références
faites à la stratégie nationale de réduction de la
pauvreté, la vision de la BRD a été modifiée en
2002, cette banque étant donc appelée à s'imposer comme
leader de l'investissement productif.
En mars 2004, le gouvernement a confié à la BRD
une nouvelle mission et dans le cadre de sa mise en exécution, a
redéfini son mandat comme suit: «Devenir l'instrument
d'investissement du gouvernement, devant servir à financer les objectifs
nationaux de développement et en focalisant son action sur les secteurs
prioritaires de l'économie». Ces secteurs prioritaires sont entre
autre l'agriculture et l'élevage, l'exportation, le tourisme et ICT,
l'énergie et l'eau, la santé et l'éducation ainsi que les
infrastructures de base. Pour réussir ce mandat, les objectifs
ci-après ont été définis dans le plan quinquennal
de la BRD:
1.
financer le développement des secteurs économiques prioritaires
du Rwanda
2. participer à la création et au
développement de nouvelles entreprises capables de stimuler le
développement économique du Rwanda,
3. promouvoir les exportations pour combler le déficit
de la balance de paiement et ainsi accroître la capacité du Rwanda
à investir dans son développement,
4. refinancer les institutions de micro finance ainsi que les
associations professionnelles offrant des services accessibles aux pauvres
impliqués dans les secteurs prioritaires,
5. renforcer les capacités des entreprises,
associations, institutions de micro finance et les autres parties prenantes
pour s'assurer de leur viabilité et pérennité.
1.1.3.3. Stratégies à Court, Moyen et Long
Terme
Le plan stratégique de la BRD propose six (6) axes
stratégiques pour relever les défis financiers du Rwanda:
1) Mobiliser des ressources financières pour permettre
le développement du Rwanda: mobilisation de 132 milliards de Frw de 2005
à 2009;
2) Développer des programmes de financement
spéciaux pour les secteurs clés: la BRD combinera de nouveaux
produits et ceux existants pour concevoir des programmes de financements
spéciaux pour les secteurs clés. Le financement de grands projets
et des IMF sont deux mécanismes utilisés par la BRD pour
monétiser l'économie à une grande vitesse;
3) Favoriser le développement de services de
microfinance en faveur des clients qui n'ont pas accès au système
financier classique. A travers le fonds de refinancement et de
développement de la microfinance (FOREDEM), la BRD octroie des
prêts directs aux coopératives agricoles dont le financement est
orienté vers les exportations et vers les marchés nationaux dans
les milieux ruraux et aux institutions de microfinance ne disposant pas de
fonds de crédit suffisants;
4) Augmenter la gamme de produits de la BRD afin de satisfaire
les besoins des clients nécessiteux de nouveaux produits tels que les
fonds de garantie, le crédit-bail et les taux d'intérêts
subventionnés;
5) Engager et soutenir les clients et les partenaires
clés: la BRD va se servir des prestataires de service reconnus (FRSP,
CAPMER etc.) pour offrir des services de renforcement de capacités
à ses clients;
6) Améliorer l'efficacité de la BRD à
travers la reconfiguration et la formation afin de mener à bien son plan
stratégique et améliorer ses capacités à travers la
restructuration, le recrutement et la formation.
Il convient ici de préciser que la stratégie
adoptée par le programme de microfinance de la Banque, à travers
le FOREDEM, est de promouvoir les services financiers de proximité au
second niveau. Son intervention implique la collaboration d'autres intervenants
en microfinance opérant au premier niveau (les IMF, les OP,...). En plus
de cela, FOREDEM fait la promotion de la microfinance en milieu rural selon
l'approche filière, à partir des filières
déjà en place (riz, café, thé,...) et d'autres
porteuses qu'il est en train de promouvoir au fur et à mesure de son
opérationnalisation (fruits, légumes, pommes de terre,
tomates,....)
1.1.3.4. Secteurs d'intervention
La BRD intervient dans les trois secteurs de l'économie
nationale (primaire, secondaire et tertiaire) en finançant les petits,
moyens et grands projets. Le nombre total des interventions approuvées
au cours de l'année 2006 s'élève à 81 pour un
montant total de 14.199,9 millions de Frw.
L'évolution des approbations par secteur au cours des
cinq (5) dernières années est illustrée dans le tableau
suivant:
Tableau N°2: Evolution des
approbations de la BRD par secteur en millions de Frw
Années
Secteurs
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
Nbre
|
Montant
|
Nbre
|
Montant
|
Nbre
|
Montant
|
Nbre
|
Montant
|
Nbre
|
Montant
|
Secteur primaire
|
26
|
1.069,0
|
37
|
912,6
|
53
|
1.452,5
|
23
|
2.151,7
|
30
|
1.037,4
|
Secteur secondaire
|
12
|
1.480,0
|
20
|
1.100,5
|
15
|
1.675,0
|
22
|
2.780,5
|
25
|
7.730,5
|
Secteur tertiaire
|
22
|
2.454,5
|
23
|
1.373
|
23
|
3.681.0
|
17
|
3.806,8
|
26
|
5.432
|
Total
|
60
|
5.003,5
|
80
|
3.386,1
|
91
|
6.808,5
|
62
|
8.739,0
|
81
|
14.199,9
|
Source: Tableau
réalisé à partir des données des Rapports annuels
de la BRD (2002, 2003, 2004,2005, 2006).
A la lumière de ce tableau, il ressort que la part
attribuée au secteur primaire (agriculture et élevage) est trop
négligeable par rapport au montant total de l'encours, malgré les
impacts socio-économiques de ce secteur, soit 0,73% du total des
approbations. Les investissements réalisés également avec
la participation de la BRD au cours de l'exercice 2006, ont eu un impact sur le
financement du milieu rural, sur la valeur ajoutée et sur la
création d'emplois.
1.1.4.
Direction spécialisée de microfinance «FOREDEM»
1.1.4.1. Création
Décidée par le Conseil d'Administration de la
BRD tenu le 09/07/2002, Il a été créé une
Unité autonome de microfinance portant le nom «FOnds de
REfinancement et de DEveloppement de la Microfinance (FOREDEM), placée
sous le couvert juridique de la BRD et dotée des ressources
financières, matérielles et humaines. Il a été
assigné comme mission au FOREDEM, d'instaurer un programme de
microfinance en vue d'améliorer la mobilisation des fonds en faveur des
micro entreprises et des pauvres par le financement direct des
coopératives et associations, le refinancement des IMF et l'assistance
technique aux IMF
Ce projet pilote s'étendant sur trois ans devait
aboutir à la transformation du FOREDEM en institution autonome
grâce au capital fourni par la BRD et d'autres investisseurs. La
stratégie de la banque en microfinance consiste à fournir des
services financiers et des services connexes de second niveau à travers
ce fonds. En plus de cette stratégie, FOREDEM fait la promotion de la
microfinance en milieu rural selon une «approche filière»,
à partir des filières déjà en place notamment les
filières liées au café, thé, pyrèthre, riz,
lait et d'autres en prospection.
La mise en place de ce fonds vient renforcer la mission de la
Banque et est orientée vers:
- le refinancement des IMF qui pourvoient des services
financiers aux pauvres économiquement actifs,
- le renforcement des capacités des IMF,
- la promotion des meilleures pratiques de microfinance
appropriées au développement,
- l'établissement d'une base de données de
microfinance au niveau national,
- la création à moyen terme d'une banque
puissante de financement du milieu rural et agricole du Rwanda.
FOREDEM comporte essentiellement deux composantes: le
refinancement et le renforcement des capacités. Le volet refinancement
assure aux clients les possibilités de réapprovisionnement en
ressources financières tandis que le volet renforcement des
capacités leur offre divers services ayant trait à la formation
et au développement institutionnel.
1.1.4.2. Structure organisationnelle du FOREDEM
a) Place du FOREDEM dans la structure de la
BRD
En attendant l'administration de l'étude sur
l'acquisition de son autonomie juridique, FOREDEM est gérée sous
le couvert juridique de la BRD et un Directeur Général de la BRD
en assure la supervision. Un conseil d'administration de la BRD appuie le
directeur général tout en assistant également le Directeur
du FOREDEM dans la définition et le suivi des orientations
générales.
b) Structure organisationnelle du FOREDEM
Graphique N°1: Organigramme du
FOREDEM
Direction Générale
Directeur FOREDEM
Unité des Opérations
Unité des Finances
Unité de Renforcement des capacités
Assistant
Conseiller technique
Conseil d'Administration
Source: Manuel de
procédures de la BRD
1.1.4.3. Activités du FOREDEM
a) Refinancement des IMF
L'accès au crédit à moyen et à
long terme, constitue un préalable au développement des micro,
petites et moyennes entreprises. Or beaucoup IMF sont confrontées au
problème d'accès aux ressources financières que ce soit au
niveau interne (étant donné que l'épargne n'est pas
courante chez la clientèle à revenu limité) ou externe,
elles se trouvent alors dans l'incapacité de financer ces PME et PMI.
Donc, il se pose alors un frein au développement des initiatives et
innovations.
- Critères d'éligibilité des
IMF
Pour qu'une IMF puisse accéder au FOREDEM, elle
doit:
- être disposée à promouvoir le
financement de la production agricole,
- avoir un statut juridique,
- avoir une adresse connue,
- avoir un leadership compétent, crédible et mis
en place selon les statuts et règlements des IMF,
- être opérationnelle sous le statut d'une
institution de microfinance; c'est-à-dire appliquer une
méthodologie offrant des services financiers de proximité aux
populations exclues du système bancaire classique, depuis au moins une
année,
- avoir un taux de remboursement supérieur à
90%,
- avoir un plan d'affaires justifiant l'intervention du
FOREDEM,
- avoir une évolution de l'autosuffisance
opérationnelle qui inspire de la confiance quant à sa tendance
dans le temps,
- avoir un nombre de clients supérieur ou égal
à 2.500,
- le coût moyen de l'unité monétaire
prêté doit être inférieur ou égal à
18%,
- disposer d'un apport propre d'au moins 30% du financement
sollicité,
- disposer des garanties matérielles ou morales
tangibles,
- disposer des informations financières minimales pour
l'analyse de l'organisation dans le calcul des ratios de solvabilité et
d'indépendance.
- fournir des données statistiques qui permettent
d'apprécier et d'évaluer le niveau d'activités.
- Modalités de refinancement
Les modalités de refinancement des IMF s'articulent
autour de 4 éléments:
- l'analyse des besoins de l'institution et la
disponibilité du fonds: l'analyse détermine le montant de
refinancement requis. La demande ne doit pas être en dessous de
20.000.000 Frw,
- la durée du crédit varie selon le montant de
crédit, la nature des activités financées par l'IMF ainsi
que sa capacité de remboursement. Cette durée varie de 3 à
10 ans.
- avant la signature du contrat, une commission de service de
0,75% du crédit est perçue, la TVA incluse. Une commission
d'engagement de 1% par an est perçue sur le montant engagé non
encore débloqué. Une commission de couverture du risque de 0,5%
est payée par un client ne disposant pas de garanties suffisantes. Le
client supporte le coût des frais d'hypothèque et de
notification.
- un taux d'intérêt constant variant de 8
à 12% par an est appliqué. Durant la période de
grâce, l'emprunteur procède au remboursement des
intérêts intercalaires. En cas de retard de remboursement, une
pénalité de 4% par mois sera appliquée à tous les
montants impayés.
- les garanties exigées varient d'une institution
à l'autre et peuvent être :
· nantissement des avoirs en compte bancaire
représentant au moins 20% du montant sollicité et/ou
accordé,
· cession du portefeuille de crédits
équivalent au volume total du crédit octroyé majoré
des intérêts y afférents pendant toute la durée du
prêt,
· lettre de garantie d'une banque de confiance,
· caution solidaire des sociétaires ou membres et
une assurance-crédit,
· hypothèques,
· fonds de garantie BRD/PME,
· combinaison de deux (2) ou plusieurs garanties ci- haut
citées.
b) Renforcement des capacités des Clients
Le caractère jeune du secteur de la microfinance a
incité l'intégration des activités d'encadrement et de
renforcement des capacités des clients au sein du FOREDEM. C'est dans le
but de promouvoir le professionnalisme et de contribuer à la gestion
saine des structures bénéficiaires que le volet de renforcement
des capacités a été mis en place avec les services
suivants:
- formation des administrateurs et du personnel responsable de
la gestion de ces structures,
- assistance technique aux gestionnaires et opérateurs
des structures,
- suivi et évaluation des projets auprès des
clients déjà financés et/ou à financer.
1.2.
Cadre méthodologique
1.2.1.
Problématique
1.2.1.1. Justification de
l'étude
Au début des années 90, les expériences
pratiques ont montré l'importance du secteur de la microfinance dans le
développement des pays. C'est ainsi qu'une attention particulière
a été portée sur l'offre des Services Financiers
Décentralisés. La réduction à long terme de la
pauvreté étant un objectif général des programmes
de développement de plusieurs pays en développement, la recherche
des moyens pour l'atteindre reste encore posée.
Selon Africap (2003), «Il y a environ
1,2 milliards de personnes à travers le monde qui vivent avec moins d'un
dollar par jour, il y a peut être un demi milliard d'entre eux qui
auraient besoin d'avoir accès à des services financiers pour
avoir des chances d'accroître leurs revenus afin de les porter
au-delà d'un dollar par jour ». Cette estimation explique la
portée du problème de la pauvreté dans le monde surtout
dans les pays en développement et le rôle du secteur financier
accessible à tous dans l'amélioration des conditions de vie des
populations.
L'accès des pauvres aux services financiers peut leur
permettre de participer activement à la vie économique de leur
communauté. Le rôle des services financiers dans le processus de
réduction de la pauvreté a été reconnu par les
chefs d'Etat et les gouvernements lors du sommet mondial du micro crédit
en 2005.
Pour DID (2005) «l'accès à
la ressource financière est considéré comme un
élément clé dans la réduction de la
pauvreté, puisqu'il offre aux clients, grâce à
l'entrepreneuriat dans le cas spécifique du crédit productif, des
occasions de devenir autonomes financièrement et leur procure un
gagne-pain stable pendant des périodes difficiles». L'accès
au crédit diminue la vulnérabilité de la clientèle
pauvre et lui permet d'améliorer ses conditions de vie. La microfinance
apparaît comme un moyen sûr pour offrir des services financiers aux
plus démunis. Pour jouer pleinement son rôle et contribuer au
développement des pays, le secteur de la microfinance devrait
s'étendre plus qu'il ne l'est présentement. Cette démarche
nécessite plusieurs conditions entres autres le professionnalisme et
l'accès à des fonds supplémentaires. Pour assurer leur
croissance, les IMF ont besoin de moyens financiers complémentaires afin
d'élargir leur portefeuille de crédit, de créer de
nouveaux produits et des agences dans les zones les plus reculées, de
former leur personnel, d'acquérir de nouvelles technologies
d'information, etc.
Le financement du secteur de la microfinance, s'effectuait
principalement par les bailleurs de fonds à travers des dons ou
subventions. Mais, cette source de financement est devenue de plus en plus
limitée en fonction de la croissance des activités du secteur et
de la nouvelle orientation commerciale des IMF. Selon Pride Africa (2002), les
actifs du secteur sont estimés à 7 milliards de dollars
américains, détenus par plus de 8000 IMF à travers le
monde, alors que la demande totale de micro crédits
s'élèverait à plus de 100 milliards de dollars
américains. Face à cette situation, plusieurs acteurs sont
à la recherche d'autres options de financement possibles et plus
efficaces. Il convient de rappeler que la recherche de ressources de
financement complémentaires pour les IMF est une étape
essentielle dans leur cycle de vie. La réussite de cette
opération conduit à la prospérité des services
financiers, à la pérennité et à
l'intégration progressive des IMF dans le marché financier.
Actuellement dans le monde, plusieurs opportunités de financement
s'offrent à ces structures sous différentes
conditionnalités. En Afrique, le besoin de financement des IMF se
manifeste surtout lorsqu'il s'agit d'accroître leurs portefeuilles de
crédit, de développer des nouveaux produits et d'ouvrir des
nouveaux bureaux ou agences. En effet, les options possibles de refinancement
sont nombreuses: notamment au niveau des Banques de développement ou des
banques spécialisées, ensuite au niveau des Banques commerciales
et enfin au niveau des institutions financières internationales et/ou
des ONG et projets. Le développement de ces options dépend de la
maturité du secteur financier de chaque pays.
Au Rwanda, le problème de ressources financières
des IMF s'explique par la collecte des dépôts insuffisants, par
l'accès difficile aux marchés financiers ou monétaires
contrairement aux banques, par les apports propres des associés
insignifiants surtout dans les COOPEC et mutuelles d'épargne et
crédit, par le dépassement de ratio prudentiel de transformation
de l'épargne en crédit et enfin, par l'insatisfaction d'un grand
nombre de demandes chez les IMF. Les options stratégiques pour faire
face à tous ces défis sont aussi disponibles pour renforcer les
moyens de financement des IMF, cependant elles restent à être
consolidées compte tenu de la «nouveauté» du secteur
de la microfinance. C'est dans ce cadre que le Gouvernement Rwandais a
créé un FOnds de REfinancement et de DEveloppement de la
Microfinance (FOREDEM), destiné à financer et à
professionnaliser les IMF. Le FOREDEM, logé dans la Banque Rwandaise de
Développement devait au bout de trois ans se transformer en une
institution spécialisée de refinancement. Cependant,
malgré la mise en place de ce fonds, on note un faible recours des IMF
au FOREDEM, ce qui risque par conséquent de compromettre
l'institutionnalisation du Fonds en structure spécialisée de
refinancement. Depuis la création (décembre 2002), de cette
direction spécialisée, jusqu'à nos jours, le recours au
FOREDEM par les IMF demeure très faible. Sur 223 IMF
agréées par la banque centrale, seules 12 IMF soit 5% ont pu
introduire leurs dossiers de demande de refinancement. Aussi, les dossiers
approuvés pendant ce temps ont-ils connu des sorts différents. En
effet, parmi les 12 dossiers introduits au niveau du FOREDEM, 9 ont
été approuvés et parmi ces 9 dossiers, 6 ont pu quant
même atteindre l'étape de décaissement. Au final, seulement
4 IMF ont pu bénéficier d'un décaissement effectif. Ces
résultats traduisent, toute la difficulté que ont les IMF
à accéder à ce fonds de refinancement. Les raisons
pourraient être imputables d'une part à la BRD et d'autre part aux
IMF
Au vue des difficultés liées à
l'accès au refinancement par les IMF et à la réalisation
de la mission du Fonds, deux préoccupations sont à soulever:
- Quelles sont les raisons du non recours au service du
FOREDEM par les IMF?
- Quels sont les préalables à observer tant au
niveau du FOREDEM qu'au niveau des IMF pour assurer l'activité de
financement en amont et en aval de façon pérenne?
D'où l'importance de la thématique:
«Problématique de refinancement des institutions de microfinance au
Rwanda: Cas du Fonds de Refinancement et de Développement de la
Microfinance (FOREDEM) par la Banque Rwandaise de Développement (BRD)
».
1.2.1.2. Objectifs de recherche
Ils se repartissent en deux groupes: l'objectif
général et les objectifs spécifiques.
- Objectif général:
Contribuer à l'amélioration du système de
refinancement des IMF au Rwanda.
- Objectifs spécifiques:
· Analyser le fonctionnement et les conditions de
refinancement des IMF édictées par le FOREDEM/BRD;
· Identifier les opportunités et les freins au
refinancement des IMF au Rwanda;
· Identifier les besoins des IMF en ressources
financières et techniques
· Analyser les ressources disponibles au niveau du
FOREDEM.
1.2.1.3. Hypothèses de recherche
Pour atteindre ces objectifs, nous
nous sommes fixés des hypothèses qui seront testées au
cours de la recherche.
H1: Les modalités de refinancement et
le fonctionnement du FOREDEM expliquent le nombre limité des IMF
clientes;
H2: L'insuffisance des capacités
techniques et institutionnelles de la plupart des IMF groupes cibles du FOREDEM
explique leur difficulté d'accès au financement du Fonds
H3: Le niveau de moyens humains,
matériels et financiers dont dispose le FOREDEM est à l'origine
du faible accompagnement technique des IMF clientes;
1.2.2.
Méthodologie de recherche
La méthodologie utilisée dans la présente
étude est basée sur la recherche-action essentiellement
centrée sur l'approche participative des acteurs. Le choix de cette
méthodologie se justifie d'abord par le fait qu'elle associe activement
les différents acteurs dans tout le processus et ensuite parce qu'elle
induit des changements dans le milieu concerné. La combinaison des
méthodes qualitatives et quantitatives nous a permis de surpasser les
faiblesses de chaque approche de la véracité des informations
collectées. La présente étude a suivi une démarche
méthodologique en deux (2) étapes que sont la phase de collecte
de données et celle de l'analyse des données.
1.2.2.1. Phase de collecte des données
Pour la collecte des données, plusieurs techniques et
outils ont été utilisés. Comme techniques, nous avons eu
recours à la recherche documentaire, l'observation directe,
l'enquête par questionnaire, des interviews semi structurées (ISS)
et des entretiens. A chaque technique correspond un certain nombre d'outils et
d'informations recherchées. La combinaison des techniques et des outils
témoigne du souci de trianguler les sources d'informations et les
méthodes de collecte pour plus de fiabilité.
1.2.2.1.1. Recherche documentaire
Pour la documentation, le processus a commencé à
travers les cours reçus et les autres documents en rapport avec la
microfinance. La lecture des ouvrages, des mémoires, des rapports et
d'autres documents nous a permis de faire le point sur les études
menées dans le domaine et par conséquent de mieux définir
notre thématique..
Les connaissances acquises lors de ces cours et de ces travaux
pratiques nous ont beaucoup aidé pour le cadre théorique de
l'étude.
1.2.2.1.2. Entretien
Deux types d'entretien ont été
réalisés à savoir l'Entretien Individuel Approfondi (EIA)
et le focus group (entretien de groupe). Comme outils, il a été
utilisé des guides d'entretien.
L'entretien a été organisé à cinq
(5) niveaux, afin de recueillir des informations très pertinentes:
- Au niveau de la BRD: la prise de contact avec les
responsables de la structure d'accueil suivie d'échanges sur le sujet
(validation du thème, examen du protocole de recherche et des outils
à utiliser...); un entretien a été mené avec les
responsables de la BRD sur la vision de la Banque concernant le
département de FOREDEM. Il a été aussi organisé
auprès du personnel du FOREDEM des entretiens sur les problèmes
qui entravent les activités de celui-ci. La prise de contact avec les
responsables des IMF à travers des réunions et formations
organisées par la BRD. Un guide d'entretien a été
utilisé ainsi que des formulaires de collecte de données
chiffrées;
- Au niveau des structures de microfinance; pour s'assurer de
la qualité et de la pertinence des données fournies par les IMF,
des visites de terrain pour suivi et identification des projets financés
et à financer, ont été programmées. Au cours de ces
différentes visites, un questionnaire et un guide d'entretien ont
été soumis aux acteurs concernés par l'étude. Des
focus groups ont été conduits avec les clients et/ou membres IMF.
Des entretiens ont également été effectués avec les
autorités locales. Ils ont consisté tout d'abord à
recueillir la perception des autorités locales sur la microfinance
après l'échec (faillite) de 9 IMF, ensuite à
échanger avec eux autour de leur rôle dans la promotion des
activités en lien avec la microfinance;
- Au niveau des structures de supervision: l'entretien a
été fait avec les responsables du département de la
microfinance au sein de la BNR, du MINECOFIN et les responsables de la
direction, chargés des coopératives au sein du MINICOM;
- Au niveau des structures d'appui et d'encadrement, une
rencontre a été tenue avec le secrétaire exécutif
de l'AMIR et le représentant résident de AQUADEV,
- Au niveau des structures bancaires, un entretien avec les
responsables de deux banques commerciales a été conduit sur les
relations avec les IMF. Il s'agit d'ECOBANK et BANCOR
Ces entretiens ont permis, au cours de notre recherche, de
collecter des informations sur le fonctionnement des IMF, le fonctionnement du
FOREDEM, le marché et les défis du FOREDEM, la gestion des
ressources de financement, les forces et faiblesses du secteur (cfr guide
d'entretien en annexe N°2), aussi bien de façon
générale qu'au niveau des IMF faisant l'objet de notre
étude.
1.2.2.1.3. Observation directe
L'objectif de l'observation directe est de décrire de
façon exhaustive les composantes objectives d'une situation
donnée (lieux, structures, objets, outils, personnes, groupes, actes,
évènements et autres). Elle permet de vivre la
réalité et d'être en contact avec le groupe cible.
Au cours de notre recherche, l'observation directe a permis de
constater l'existence et l'état de certains dispositifs
nécessaires (siège, agence, outils de gestion, personnel,
équipements, et matériels) et de vérifier certaines
informations collectées lors des entretiens, de la recherche
documentaire et de l'administration du questionnaire. A cet effet, il a
été utilisé un guide d'observation. (cfr guide
d'observation en annexe N°5).
1.2.2.1.4. Enquête par
questionnaire
Elle a consisté à administrer le questionnaire
à un échantillon de 14 IMF préalablement constitué.
Cette enquête a permis pendant le stage de collecter des informations
relatives aux types de statuts juridiques de ces structures et leurs sources de
financement, aux capacités techniques, à la nature des demandes
de crédit, à la concurrence, au système d'information et
à la capacité institutionnelle de ces structures (cfr
questionnaire en annexe N°1). Avant l'enquête, il a
été réalisé une pré enquête qui nous a
permis de tester le questionnaire et de faire les ajustements
nécessaires.
1.2.2.1.5. Constitution de
l'échantillon
La constitution de l'échantillon s'est basée
d'abord sur le thème, ensuite sur la structure d'accueil et enfin sur le
groupe cible.
1.2.2.1.5.1. Choix du
groupe cible
Le choix des IMF n'est pas un hasard, mais entre dans la
logique d'intervention de notre structure d'accueil à savoir la Banque
Rwandaise de développement. Tout d'abord, les IMF, ont été
choisies comme les structures stratégiques pour accéder aux micro
entrepreneurs et pauvres dépourvus des moyens de financement. En 2002,
il a été crée, au sein de la BRD, un Fonds de
Refinancement et de Développement de Microfinance (FOREDEM) qui a pour
mission d'instaurer un programme de microfinance en vue d'améliorer la
mobilisation des fonds en faveur des micro entreprises et par le refinancement
des IMF et l'appui technique aux IMF. Ce projet pilote s'étendant sur
trois ans devait aboutir à la transformation du FOREDEM en institution
autonome grâce au capital fourni par la BRD et d'autres investisseurs. Le
secteur de la microfinance qui, à l'époque était encore
jeune a motivé le choix du groupe cible afin d'apprécier la
situation actuelle des IMF suite aux activités de refinancement et de
renforcement des capacités de la BRD à travers FOREDEM et bien
sûr des autres partenaires et aussi de formuler des propositions
d'amélioration. Par souci de représentativité et pour
permettre une comparaison, il était intéressant que
l'étude soit menée avec au moins deux catégories de
clients du FOREDEM: les IMF et les coopératives agricoles qui
constituent le groupe cible de FOREDEM. En effet au regard des ressources
(temps, budget...) très limitées, la recherche a
été circonscrite principalement aux IMF (clientes), mais
également auprès des IMF non clientes.
Il faut aussi souligner qu'il n'existe pas encore au Rwanda
une liste officielle complète des IMF. L'échantillon dans le
cadre de cette étude, s'est basé sur les chiffres des IMF
agréées définitivement au 31mars 2007 déduits du
réseau des Banques populaires du Rwanda, transformé en banque
commerciale avec les statuts juridiques de société anonyme.
1.2.2.1.5.2.
Echantillonnage de la population cible
En tenant compte des ressources disponibles, il a
été constitué un échantillon de 7 IMF clientes de
FOREDEM et 7 IMF non clientes: Ici il faut entendre «Clients» comme
un ensemble des IMF qui ont pu introduire leurs dossiers de demande de
refinancement auprès du FOREDEM depuis sa création jusqu'au 31
décembre 2007. L'échantillonnage dans cette étude s'est
effectué en deux étapes. A la première étape, nous
avons identifié le nombre total des IMF clientes de FOREDEM et
séparer les IMF dont leurs demandes ont atteint la dernière phase
de déblocage de celles dont leurs demandes n'ont pas abouti au
déblocage. Dans chaque catégorie de 6 et 5 IMF, un tirage au sort
a été fait pour en retenir respectivement 4 et 3 IMF. A la
deuxième étape, nous avons identifié le nombre des IMF non
clientes agréées par la banque centrale au 31 mars 2007. A ce
niveau, un tirage au sort de 7 IMF sur 68 a été fait, pour
être ajouté au 7 IMF retenues à la première
étape. Le tableau ci-dessous présente la
synthèse de l'échantillonnage.
Tableau N°3: Synthèse
de l'échantillonnage de la population enquêtée
N°
|
Natures de structures
|
Effectifs de la
population
|
Echantillon
|
Mode d'
Echantillon
|
Prévu
|
Réalisé
|
%
|
1
|
IMF clientes
|
11
|
7
|
7
|
100
|
Aléatoire
|
2
|
IMF non clientes
|
68
|
7
|
7
|
100
|
Aléatoire
|
3
|
Banques commerciales
|
7
|
2
|
2
|
100
|
Raisonné
|
4
|
Structures d'appui
|
2
|
2
|
2
|
100
|
Exhaustif
|
5
|
Structures de supervision
|
3
|
3
|
3
|
100
|
Exhaustif
|
Source: Données de stage,
juin-juillet 2007 et Juillet Aout 2008
1.2.2.1.5.3. Restitution
La restitution est une étape très importante
dans le processus de la recherche-action. Elle consiste à
présenter les résultats aux intervenants auprès des quels
les informations ont été collectées afin qu'ils s'assurent
de l'exactitude de celles-ci, d'apporter des ajouts ou des ajustements si
nécessaire. C'est aussi l'occasion pour eux de s'approprier encore plus
de ces informations. La restitution des résultats à la population
se place dans la logique participative de la recherche-action, d'où son
intérêt dans le présent travail.
Avant la fin de notre stage, la BRD a organisé une
réunion avec les IMF clientes. La restitution des résultats a
regroupé les responsables des IMF, le personnel du FOREDEM et les
responsables de la BRD.
1.2.2.2. Traitement et analyse des données
1.2.2.2.1. Traitement des
données
Le traitement a consisté à faire le
dépouillement des questionnaires. Cette opération a permis
d'extraire les données et de les regrouper en fonction des centres
d'intérêts. En guise d'outils, les matrices des données ont
été utilisées. Après le dépouillement, nous
avons élaboré des tableaux de fréquence où sont
calculées les fréquences absolues, les fréquences
relatives simples et cumulées et les moyennes. Le logiciel Excel a
été utilisé à cet effet.
1.2.2.2.2. Analyse des
données
L'analyse des données et l'interprétation se
sont faites sur la base des objectifs de recherche et des variables
opérationnelles. Au regard de l'objectif 1 qui consiste à faire
l'analyse du fonctionnement et des conditions de refinancement des IMF
édictés par FOREDEM/BRD, l'analyse a été
réalisée d'abord en évaluant les procédures et
méthodes de mises en place d'un refinancement; dès l'introduction
du dossier jusqu'à la prise de décision. Ensuite, une analyse des
conditions et modalités de refinancement a été faite. Et
enfin, une analyse comparative d'une part, des IMF clientes de FOREDEM par
rapport à l'effectif des IMF agréées, et d'autre part des
IMF dont les demandes sont arrivées au déblocage et celles qui
n'ont pas pu y arriver. Des tableaux et graphiques ont présenté
les résultats de l'enquête et les réalisations de FOREDEM
en terme de nombre IMF clientes et du montant débloqué. Cette
combinaison des techniques et méthodes dans la réalisation de cet
objectif nous a permis d'émettre une conclusion relative à
l'hypothèse 1.
Concernant l'objectif 2 relatif à l'identification des
freins au refinancement des IMF au Rwanda, l'analyse s'est basée sur
deux principaux éléments. Premièrement, une analyse des
causes de rejet des demandes auprès de FOREDEM /BRD et
deuxièmement une analyse des résultats d'enquête
auprès des divers acteurs du secteur de la microfinance au Rwanda. Des
tableaux présentant des causes de rejet des demandes ont
été faits. A l'issue de ce processus d'analyse, ont
été identifiés les freins au refinancement relatifs aux
problèmes internes des IMF, ceux liés aux problèmes de
FOREDEM/BRD en particulier, ceux liés aux autres établissements
financiers en général et ceux liés aux problèmes du
secteur. Une conclusion relative à l'hypothèse 2 a
été tirée.
Pour les objectifs 3 et 4 concernant l'identification des
besoins des IMF en ressources financières et en capacités
institutionnelles ainsi que l'analyse des ressources disponibles auprès
du FOREDEM pour faire face à ces besoins, nous avons fait un
rapprochement entre les besoins et les moyens disponibles. L'identification des
besoins des IMF a été faite grâce à l'analyse des
résultats d'enquête et l'exploitation des rapports de FOREDEM/BRD.
L'analyse des moyens disponibles a été faite grâce à
l'exploitation des contrats de financement entre la BRD et les bailleurs de
fonds ainsi que l'entretien avec les agents de FOREDEM et ses responsables.
Cette analyse a clairement montré les forces et les faiblesses de la
forme institutionnelle de l'«Unité spécialisée»
dans la banque au niveau de la mobilisation des moyens nécessaires. Le
fait de cerner les deux objectifs nous a permis de réunir les
éléments requis à la vérification de la
troisième hypothèse.
Le dépouillement a été
réalisé manuellement, les différents tableaux ont permis
de faire les synthèses des données chiffrées. Une grille
d'analyse des hypothèses a permis d'analyser les différentes
variables permettant de déterminer si l'hypothèse est
vérifiée ou non.
Le tableau 3 ci-après présente la grille
d'analyse des hypothèses.
Tableau N°4: Grille d'analyse
des hypothèses
Hypothèses
|
Variables
|
Indicateurs d'appréciation
|
Mode de collecte
|
Dépendantes
|
Indépendantes
|
H1: Les modalités de
refinancement et le fonctionnement du
FOREDEM expliquent le
nombre limité des IMF clientes
|
Le nombre
limité des IMF
clients
|
|
- IMF clients par rapport à l'effectif des IMF
- Dossiers de refinancements approuvés
- Situation de décaissements des projets
approuvés
|
-Exploitation des rapports
-Exploitation des dossiers de demande
- Investigation au niveau des IMF
|
|
Les modalités
de financement
|
- Procédures d'analyse des dossiers
- La constitution de la garantie
- Les modalités de remboursement
|
- Politique de refinancement de la BRD
- Enquête auprès des IMF
|
H2: L'insuffisance
des capacités institutionnelles
des IMF est à
l'origine du non
accès au FOREDEM
|
Non accès au
FOREDEM
|
-
|
- Nombre de dossiers approuvés
- Nombre de dossiers rejetés
- Nombre de dossiers suspendus
|
-Exploitation des rapports
-Exploitation des dossiers de demande
-Enquête auprès des IMF
|
|
Insuffisance des capacités
institutionnelles
|
- Problèmes actuelles des IMF
- Causes de rejet
- Causes du faible décaissement pour les dossiers
|
- Exploitation du contrat de prêt
- Exploitation des rapports (BNR, BRD, IMF)
- Investigation auprès des IMF et de la BRD
|
H3: Les moyens humains et financiers dont
dispose le FOREDEM sont à l'origine du faible accompagnement
technique des IMF
|
Accompagnement
Technique
|
|
- Nombre de formations reçues par les IMF
- Missions d'identification réalisées,
|
- Exploitation des rapports (BRD et IMF)
- Investigation auprès des IMF et auprès de la
BRD
|
|
Moyens
disponibles
|
- Budget disponible de renforcement des capacités
- Expérience ou compétence de l'équipe de
FOREDEM
- Logique d'intervention
|
Exploitation des accords de financement
Investigation auprès des agents de la BRD
|
Source: Notre stage juin -
juillet 2007 et juillet - août 2008
1.2.2.3. Limites, difficultés, avantages
Comme tout travail de recherche, il ne s'est pas
déroulé sans contraintes ni avantages.
1.2.2.3.1. Limites de la
recherche
Les limites de ce travail sont entre autres:
1. La résistance de nombreuses IMF à fournir des
informations sur leurs activités, surtout par écrit.
2. La brièveté du temps imparti pour
réaliser les visites organisées;
3. De même, la recherche n'a pas embrassée tous
les aspects de la vie des IMF en ce qui concerne la mobilisation et gestion des
ressources de financement.
1.2.2.3.2.
Difficultés rencontrées
Les difficultés rencontrées sont
essentiellement:
- La forte dispersion des différents sièges. En
effet, les structures sont éloignés de Kigali; cela a eu pour
conséquence une faible participation aux réunions de travail
d'une partie de la population cible de cette étude ;
- Les rendez-vous manqués, surtout avec certaines
personnes ressources, ce qui a entraîné des perturbations dans la
programmation;
- La couverture nationale des services du FOREDEM;
- L'insuffisance des ressources allouées à
l'étude. Aussi, le budget dont nous disposions ne suffisait-il pas pour
exécuter convenablement la recherche sur la grande partie des IMF non
bénéficiaires du FOREDEM;
1.2.2.3.3. Avantages
Cette étude nous a donné l'occasion de nous
familiariser davantage au processus de recherche action, de renforcer les
connaissances sur le fonctionnement des IMF et de percevoir les
facilités de financement de la BRD et du FOREDEM mais aussi d'apprendre
auprès des différents acteurs rencontrés.
Dans l'ensemble, la méthodologie utilisée
à savoir la recherche-action, a permis de collecter le maximum
d'informations. Plusieurs techniques et outils ont été
combinés en vue d'obtenir des données fiables. Un accent
particulier a été mis sur la participation effective des
intervenants, toute chose qui permettra une appropriation par celle-ci des
résultats obtenus.
En dépit de certaines contraintes, l'étude s'est
plus ou moins bien déroulée.
CHAPITRE II. CADRE THEORIQUE DE L'ETUDE ET APPROCHE
D'INTERVENTION DES BANQUES EN MICROFINANCE
2.1.
Clarification de quelques concepts
2.1.1.
Microfinance
La prise en compte de la microfinance comme instrument de
développement est très récente. Aussi, est-elle sujette
à une pluralité de définitions.
Selon MINECOFIN (2007) le terme
«activité de microfinance» désigne un acte de
consentir un crédit, recevoir l'épargne et/ou offrir les services
financiers à une clientèle qui n'est pas desservie par les
systèmes financiers et bancaires classiques par manque de garanties
matérielles à offrir pour assurer pleinement le remboursement du
crédit consenti, ou par la petitesse des sommes impliquées qui
occasionne des coûts de transaction élevés».
Dans cette définition, deux éléments sont
soulignés: il s'agit de l'offre de services financiers et des conditions
des banques classiques.
Pour CAMARA (2006) la microfinance ou
«banques des pauvres» est l'ensemble des services financiers
délivrés dans un cadre formel et destinés aux populations
à faibles revenus n'ayant pas accès au système bancaire
classique mais exerçant une activité économique ou ayant
un projet économique.
Cette définition vient compléter la
première au niveau des bénéficiaires en insistant beaucoup
sur l'activité économique. Pour l'auteur, la microfiance n'est
pas destinée à tous les «pauvres» mais bien
plutôt à ceux d'entre eux, qui sont capables de faire fructifier
ses services en entreprenant des activités économiques
susceptibles de leur procurer des revenus.
Pour BIAO (2007-2008) «la
microfinance est la fourniture à l'échelle réduite de
services de crédits et de dépôts à des clients
à faible revenu ou à des micro entreprises»6(*).
Les différentes définitions ci hautes
évoquées ont essayé d'expliquer ce que c'est la
microfinance. Mais, il est important de souligner qu'elles n'ont pas mis
l'accent sur l'offre de services non financiers. Dans la pratique, la
microfinance n'est pas seulement l'offre de services financiers aux pauvres
mais c'est aussi l'offre de services non financiers à caractère
social telle que les formations, l'accompagnement, le suivi etc. Pour cela,
nous pouvons proposer la définition suivante:
La microfinance peut se définir comme un ensemble de
services financiers et non financiers de proximité offerts par les
organisations, aux formes et statuts divers, ayant pour objet, d'amener les
pauvres à participer aux activités économiques et à
l'amélioration de leurs conditions de vie.
2.1.2. Financement
Le financement est l'opération de base de la finance.
Elle consiste à lever des fonds, encore appelés capital,
autrement dit, à réunir l'argent qui est nécessaire pour
réaliser un projet, une affaire, une activité.
Dans notre étude, nous nous focaliserons sur un type de
financement particulier. Il s'agit du financement d'une institution qui fait de
l'intermédiation financière notamment le crédit. Cette
pratique s'appelle refinancement dans le milieu bancaire.
2.1.3. Refinancement
Le refinancement est le fait pour les banques de
compléter les ressources financières jusque-là
utilisées, par d'autres ressources provenant de la Banque Centrale ou du
marché monétaire, afin de poursuivre la distribution des
crédits lorsque toutes les ressources sont engagées ou d'assurer
le remboursement de dettes précédemment
contractées7(*).
En d'autres termes, le refinancement, c'est le moyen par
lequel une institution financière se procure les ressources
complémentaires au financement du crédit octroyé à
ses clients.
La différence entre refinancement et financement
réside donc dans le fait que le refinancement est
généralement une opération spécifique aux
établissements de crédit et autres institutions
financières tandis que le financement consiste à réunir
l'argent nécessaire pour réaliser une affaire donnée.
Nous insistons donc sur le concept de refinancement des IMF
dans ce travail, car cela justifie le besoin de financement de
l'activité d'intermédiation financière de ces structures.
Elles procèdent à la mobilisation des ressources
financières et à l'octroi des crédits aux clients de ces
institutions et non pas un besoin de financement des charges de fonctionnement
ou autres charges d'investissement. C'est donc dire que les IMF dont il s'agit
ici, sont celles qui sont en activité et qui ont besoin d'un
renforcement de leur capacité financière pour accroître
leurs portefeuilles de crédit.
2.1.4.
Concept de ligne de crédit
C'est une disposition par laquelle, une banque accepte de
fournir des fonds à une firme commerciale jusqu'à une certaine
limite. S'agissant des IMF, les lignes de crédits sont des apports en
ressources financières fournis par des partenaires financiers tels que
l'Etat, les banques, les bailleurs de fonds, et destinés à
accroître leur capacité d'octroi de crédit. La ligne de
crédit est alors la limite supérieure que le partenaire financier
fixe pour l'emprunt. Cette ligne est généralement assise sur les
besoins réels de l'institution. Les lignes de crédits constituent
l'une des quatre composantes des ressources des IMF (fonds propres,
subventions, épargnes et lignes de crédit).
2.2.
Revue de littérature
2.2.1.
Mobilisation des ressources financières par les IMF
Selon MORDUCH J, cité par BRONDEAU
(2007) «la microfinance s'illustre comme étant l'outil
prometteur et le moins coûteux de la lutte contre la pauvreté
mondiale8(*)».
Cette affirmation se réfère au fait que les activités
liées à la microfinance permettent de renforcer les
capacités des pauvres ou vulnérables à entreprendre des
microprojets et à générer des revenus. Ainsi, une
variété de services financiers et non financiers de
proximité est mise en oeuvre partout dans les pays en
développement pour assurer l'autopromotion économique et sociale
de ces pauvres.
A l'heure, la microfinance s'occupe en grande partie du
financement des micro entreprises avec le besoin à court terme qui
grandit selon les phases de développement de ces dernières. La
croissance de l'IMF devrait évoluer avec le développement de
l'activité de l'entrepreneur afin de pouvoir l'accompagner dans le
temps. La microfinance aurait un impact plus prononcé si elle offrait
une gamme élargie de services financiers correspondant mieux aux besoins
variés et évolutifs des pauvres. Cette aptitude nécessite
d'autres moyens financiers. La diversification des sources de financement reste
une des stratégies appropriées pour adapter les produits offerts
aux besoins réels des pauvres. Dans ce processus de diversification des
ressources, les IMF sont confrontées sur le plan financier, à un
besoin accru de ressources financières longues et stables; et sur le
plan technique, à un besoin en compétences et en outils de
gestion de plus en plus sophistiqués. Dans le soucis de satisfaire les
demandes de crédit de plus en plus croissantes, elles font recours
à deux formes de ressources variées : les ressources internes et
les ressources externes.
2.2.1.1. Ressources financières internes
a) Fonds propres des IMF
La consolidation des fonds propres à partir des
contributions des membres et des résultats non affectés constitue
une option stratégique pour lever les capitaux destinés à
financer les activités de crédit. Certaines institutions de
microfinance à base de membres, les mutuelles notamment, constituent un
capital propre à partir de la cotisation des membres. En effet, à
l'exception d'un certain nombre d' IMF, ces fonds propres restent souvent
insignifiants et ne peuvent donc couvrir qu'une petite partie des besoins de
financement.
b) Collecte de l'épargne
Depuis 1990, la microfinance a progressivement reconnue
l'importance de l'épargne pour les pauvres. Le
défi posé aux IMF est de développer des stratégies
de mobilisation de l'épargne efficientes, répondant aux
différents besoins des clients. Actuellement, l'épargne est une
ressource croissante de la microfinance selon le cadre juridique et les statuts
de l'IMF. Cependant, en milieu rural, cette épargne est souvent
difficile à collecter: les ménages qui ont une capacité
à dégager des surplus financiers préfèreront
investir dans des activités économiques qu'ils maîtrisent
mieux et qui sont plus faciles à mobiliser en cas de difficulté.
La mobilisation de l'épargne présente beaucoup d'avantages pour
l'IMF notamment le développement et l'expansion d'activité,
renforcement de l'autonomie financière, l'adaptation aux besoins des
clients, le renforcement de la confiance vis-à-vis du public, la
clientèle plus diversifiée et le renforcement de l'appropriation
sociale.
2.2.1.2. Ressources financières externes
Les ressources financières externes des IMF sont
principalement les emprunts bancaires, les refinancements des structures
internationales spécialisées et des divers concours de l'Etat et
partenaires au développement.
a) Refinancement bancaire ou emprunts
bancaires:
Quand les ressources propres issues de l'épargne et du
capital propre sont insuffisantes pour couvrir la demande en crédit et
les besoins du développement de l'IMF, celle-ci peut choisir d'emprunter
auprès du système bancaire: c'est une relation de refinancement.
En effet, actuellement, la réalité est que des
préjugés mutuels freinent une véritable collaboration
entre les banques et les IMF surtout au Rwanda. Les premières qualifient
le secteur de la microfinance comme le secteur à haut risque en fonction
du niveau de professionnalisme faible, de la clientèle à
majorité analphabète et de la fiabilité douteuse de sa
situation patrimoniale sans emplois stables. Les secondes reprochent aux
premières la rigidité de leurs normes et procédures
opérationnelles.
Ces préjugés trouvent principalement leurs
explications théoriques dans le «dualisme financier» à
travers les deux principales explications de cette théorie.
«Asymétrie de l'information» et la «répression
financière».
Selon SOULAMA. S (2002), il y a
asymétrie d'information sur un marché lorsque certains
opérateurs détiennent des informations particulières qui
ne sont pas totalement transmises au prix des actifs du marché.
Cependant, au regard des performances progressives des IMF et
l'intérêt que suscite le secteur de la microfinance sur la
scène internationale, des partenariats entre les banques et IMF se
développent progressivement. Ces relations sont opportunes pour les deux
types d'institutions financières, du fait que, d'une part, les IMF ont
besoins des ressources à moyens et long terme et d'autre part, les
banques ont besoins de développer des nouveaux produits qui peuvent
intéresser les IMF et leurs clients. Cependant, les banques
commerciales restent sceptiques vis-à-vis des IMF à cause de
l'absence d'informations fiables sur la microfinance. Pour accéder au
financement de ces banques, les IMF sont obligées de faire recours aux
banques commerciales sous conditions qui prévalent sur le marché
du crédit, ce qui parait difficile aux IMF surtout au niveau du
coût de ces resources (taux d'intérêt). On remarque
également les interventions des banques dans le secteur de la
microfinance.
La relation de refinancement peut être facilitée
par un instrument mis en place par un tiers extérieur pour appuyer
l'institution de microfinance sous forme des fonds de garantie.
Au Rwanda, le développement et la diversification des
sources de refinancement des IMF restent encore faibles. Le constat en est que
le financement des IMF est assuré principalement par les ressources
mobilisées à travers les épargnes, ce qui va à
l'encontre des règles de gestion financière prudentielle compte
tenu de la nature des ressources. Ceci place les IMF dans des situations de
risque qui s'accroissent avec la fluctuation de dépôts et
retraits. En effet, l'Union des Banques Populaires du Rwanda (UBPR), fournit
selon la demande, les fonds de refinancement aux IMF. Mais, le taux
d'intérêt pour les prêts ainsi que les délais de
remboursement ne permettent pas aux praticiens de la microfinance d'y faire
recours et bénéficier de l'utilisation de ces facilités.
L'UBPR et les Banques commerciales telle que la Banque de
Kigali (BK) et des autres sont entrain d'entretenir des bonnes relations avec
les acteurs au développement et les projets du gouvernement pour
apporter leur soutien à l'exécution des projets à
composante microfinance.
b) Refinancement des structures internationales
spécialisées
A côté des bailleurs de fonds publics qui avaient
dominé la phase de développement du secteur de microfinance, de
nouvelles catégories de financeurs sont apparues. Il s'agit des
investisseurs privés et/ou fonds spécialisés en prêt
ou investissements en IMF.
Le recours au refinancement des structures internationales
spécialisées par les IMF n'est pas encore une pratique habituelle
au Rwanda. Certaines IMF ont commencé à entretenir des relations
de partenariat conduisant à la signature de contrats de cette nature. Le
partenariat actuel s'oriente vers le développement des principes de
professionnalisme. La mobilisation des ressources financières par le
canal de ces structures présente pour les IMF des avantages notamment
pour la durée du crédit et du taux d'intérêt, mais
aussi, des contraintes surtout en ce qui concerne les garanties. En effet,
l'accès des IMF aux divers fonds de garantie reste encore difficile
surtout au niveau d'une exploitation optimale de ces fonds. Au-delà des
contraintes, il faut aussi souligner que la plupart de ces refinancements sont
libellés en devises et nécessitent d'énormes
capacités de gestion des risques de change et de dévaluation en
fonction de la conjoncture.
L'ONU (2006), dans le livre bleu, précise que les
emprunts internationaux peuvent apporter une expertise en matière de
gestion, une connaissance globale des bonnes pratiques ainsi que des
innovations. Ces emprunts augmentent la capacité d'octroi de
crédit des IMF en volume, en délai et en analyse et suivi du
portefeuille. Ceci se justifie par les actions d'accompagnement technique
apportées par ces emprunteurs. Le défi à relever dans ces
financements est de trouver les moyens pour couvrir le risque de change
moyennant un coût raisonnable à mettre en adéquation entre
le rendement souhaité par les emprunteurs internationaux avec les
besoins de financement des IMF. L'ONU propose une seule solution envisageable.
Pour elle, il faut que les emprunteurs internationaux assument
intégralement le risque de change éventuellement associé
à leurs prêts en offrant des prêts aux IMF en monnaie locale
ou bien leur offrir en parallèle une couverture complète du
risque de change.
c) Concours de l'Etat et partenaires
au développement.
Les institutions de microfinance bénéficient de
diverses ressources en provenance des partenaires au développement et/ou
de l'Etat. Ces concours restent une source non négligeable de ressources
de la microfinance; ils peuvent fournir les moyens de fonctionnement aux IMF
pendant leur période de construction, néanmoins, ils fournissent
très souvent des lignes de crédit qui alimentent la microfinance,
ou encore des fonds de garantie qui permettront à la microfinance
d'avoir accès aux ressources bancaires. L'importance de l'aide
extérieure tend en général à diminuer, mais reste
néanmoins une part importante de ressources financières de la
microfinance.
Ces fonds sont critiqués par plusieurs acteurs oeuvrant
dans la microfinance par le fait qu'ils créent des distorsions sur le
marché et ne favorisent pas le développement des meilleures
pratiques de professionnalisme pourtant recommandées pour la
pérennité du secteur.
Les principaux partenaires et bailleurs de fonds
étrangers qui ont contribué de manière significative au
développement du secteur de la microfinance au Rwanda sont entre autre
World relief, World vision, SNV et TROCAIRE. Selon RMF (2007), l'intervention
de ces organisations se focalise sur la promotion des meilleures pratiques, les
systèmes de reporting de qualité, de même que la
pérennisation des IMF et la promoation d'une culture d'excellence dans
la gestion des IMF.
Les différentes possibilités de mobilisation des
ressources financières précitées comportent des avantages
pour les IMF, mais malheureusement; elles sont insuffisantes pour assurer le
professionnalisme et la pérennité des IMF. La
disponibilité des ressources financières doit être
couplée aux actions d'accompagnement technique.
2.2.2.
Analyse des approches de refinancement
La mission assignée aux IMF pour parvenir à la
bancarisation de masse des populations pauvres ne serait possible qu'à
travers la conjugaison des efforts de tous les acteurs. Cette idée est
basée sur la création des partenariats impliquant l'ensemble des
acteurs du secteur financier (Banques de développement, Banques
commerciales, institutions financières internationales) et autres
intervenants (organisations de développement). Dans cette section, nous
allons aborder les circuits de refinancement, les approches d'intervention des
banques dans la microfinance et l'analyse comparative de trois types de
refinancement.
2.2.2.1. Acteurs et circuits de refinancement
2.2.2.1.1. Différentes formes de partenariat entre IMF
et Banques
a. Partenariat financier
Le partenariat financier qui engage au moins les deux
institutions est le placement des excédents d'épargne et de
trésorerie de l'IMF auprès de la banque qui en garantit la
sécurisation et éventuellement la rémunération.
Dans ce cas, ce sont essentiellement les critères de proximité
géographique et les caractéristiques des produits de
dépôts proposés (rémunération,
disponibilité) qui vont déterminer le choix de la banque par
l'IMF.
Le refinancement de l'IMF par la banque requiert un
degré de confiance plus important entre les deux institutions. Il se
fait à des conditions négociées (taux
d'intérêt, échéancier de remboursement de
crédit) qui, jusqu'à un certain point, pourront s'assouplir
à mesure que la confiance s'installe. Une relation durable de
refinancement sera le plus souvent conditionnée par des résultats
de gestion, des résultats financiers, l'application de normes
réglementaires que l'IMF doit pouvoir présenter
régulièrement à la banque de refinancement. Au Rwanda,
toutes les IMF déposent leurs excédents et réserves dans
les banques commerciales sous diverses conditions. Cependant, les
opérations de refinancement des banques aux IMF restent insignifiantes.
Ceci, à cause de la méconnaissance du secteur par les banques,
faiblesses mutuelles en termes d'échange, manque de transparence qui
effraie les banques et les conditions des banques entre autres le coût du
refinancement et les conditions de remboursement.
b. Partenariat technique
Un partenariat technique, fondé sur la prestation de
service de la banque pour l'IMF, peut porter sur la formation, sur les
opérations de transfert de fonds, de l'audit, du contrôle et du
système d'information de gestion (SIG). Le partenariat peut aussi
être plus étroitement lié au service financier de l'IMF: la
banque assure à ses guichets l'octroi de crédit et la collecte de
l'épargne, pendant que l'IMF se concentre sur un rôle
d'intermédiation (constitution de groupes, analyse des demandes de
crédit, validation des dossiers, suivi des dossiers, etc.). Le
partenariat requiert alors un réseau décentralisé pour la
banque si l'IMF veut agir en zone rurale. Cette pratique est observable entre
la BRD et les IMF qui interviennent surtout dans le secteur agricole lorsque
les IMF identifient les projets rentables dont les besoins de financement
dépassent la capacité des IMF (montant, délais de
remboursement etc.)
c. Partenariat institutionnel
Plusieurs IMF prennent leurs origines aux programmes et
projets mis en oeuvre par les organisations nationales ou internationales de
développement. Au stade projet, la banque peut être un acteur
déterminant dans la création de l' IMF: initiateur, maître
d'ouvrage, président ou membre du comité de pilotage du projet.
Dans ce type de partenariat, la banque participe à la
définition du « modèle » institutionnel de l'IMF, au
choix de l'opérateur, à la définition du cadre contractuel
liant les institutions parties prenantes; elle peut influer sur les choix
stratégiques de l'IMF (zones d'intervention, types de populations
ciblées, produits proposés, taux d'intérêt, etc.) et
imposer des règles, des normes de développement et des conditions
de collaboration entre l'IMF et son environnement. A l'issue de la phase «
projet », plusieurs évolutions sont possibles : la banque ne
conserve avec le projet que des relations financières et/ou techniques
(cas de la BNDA du Mali avec les CVECA) ; si l'IMF ouvre son capital, la banque
peut en devenir actionnaire et conserver un rôle dans l'évolution
ultérieure de l'IMF.
En somme, la diversité réelle des formes de
partenariat ne garantit pas le dynamisme direct et mutuel de ces deux
entités. Au Rwanda, le dynamisme reste très limité et
ciblé sur des IMF ayant un certain niveau de viabilité. Pour les
Banques, le choix de la stratégie d'intervention dans la microfinance
reste difficile à faire vu les possibilités réelles et
disponibles.
2.2.2.12. Circuits de refinancement des IMF
Comme nous l'avons signalé ci avant, le recours aux
relations de refinancement entre banque et IMF, vient un peu après
d'autres relations. Ces relations préalables portent essentiellement sur
la gestion de la trésorerie des excédents d'épargne des
IMF. Selon LESAFFRE (1999), les acteurs concernés par le circuit de
refinancement se présentent de la manière suivante:
· Les bénéficiaires: il
s'agit premièrement des IMF qui sont les bénéficiaires
directs et deuxièmement, les clients des IMF qui sont des
bénéficiaires indirects ;
· Les intermédiaires: ils peuvent
être des banques commerciales, des banques de développement, des
banques régionales ou des banques spécialisées ;
· Les contributeurs: ils peuvent
être les I.M.F. elles-mêmes, si elles couvrent une partie du risque
et par conséquent les destinataires finaux si le crédit est
conditionné par l'épargne, les banques, les Fonds de
Développement, les bailleurs de fonds y compris les Institutions
Financières Spécialisées du Nord (I.F.S.N.), les
actionnaires (personnes physiques ou morales).
Il convient de souligner que les rôles des acteurs se
différencient selon le choix opéré par les donateurs et
les IMF dans le circuit de l'opération de refinancement. LESAFFRE (1999)
définit trois sortes de circuits.
a. Relation directe IFSN et IMF
Ce circuit a pour objectif le refinancement direct des IMF par
une institution financière spécialisée du Nord (IFSN)
à travers une ligne de crédit ouverte à des conditions
commerciales. Il présente d'une part des avantages tels que: les
relations directes entre IMF et IFSN et l'appréciation du risque par
IFSN et d'autre part, des inconvénients tels que le risque de change et
le faible effet de levier.
b. Relation IMF et Banques commerciales
Cette relation a pour objet le refinancement d'une IMF par une
banque commerciale. Elle permet à l'IMF d'accéder au
refinancement à la condition de fournir des garanties suffisantes. Si
ses fonds propres ou la qualité de son portefeuille ne la rendent pas
éligible auprès de la banque, l'IMF devra trouver sur le
marché financier ou sur celui de l'aide les sécurités
requises par la banque, sous forme de ligne de crédit à taux
préférentiel ou de garantie financière. Ce circuit met en
relation quatre acteurs à savoir les bailleurs de fonds, les
institutions de cautionnement ou Fonds de garantie, les banques commerciales et
IMF. Ce circuit présente plusieurs avantages et plusieurs
inconvénients. Parmi les avantages, nous pouvons citer:
- la diversité possible de l'origine de ressources en
capital,
- la facilité et rapidité de mise en oeuvre,
- la diversité d'objets et types de crédit,
- l'accès à d'autres services pour les IMF,
- l'absence de risque de change,
- l'effet de levier possible par un partage de risque.
Les inconvénients relevés dans cette relation
sont entre autres l'impossibilité d'y recourir lorsque les conditions
d'accès à la banque se détériorent, cette relation
devient inadéquate en cas de manque de liquidité, de changement
des conditions d'accès au crédit à long terme.
c. Relation IMF et banques de
développement/régionale
Ce circuit a pour objectif le refinancement direct de l'IMF
par une banque régionale ou de développement. Il met en relation
trois acteurs à savoir, les bailleurs de fonds, la banque
régionale ou de développement et l'IMF. Cette forme permet
à cette dernière d'accéder au refinancement à des
conditions en général plus favorables qu'auprès d'une
banque commerciale. C'est la reconnaissance par ces institutions
financières du rôle des IMF pour le développement qui leur
confère l'éligibilité recherchée. Des garanties
financières extérieures ne sont pas nécessaires. C'est le
cas de la Banque Rwandaise de Développement qui finance directement les
IMF. Un tel mécanisme est amplifié par les fonds de
développement ou des bailleurs de fonds qui couvrent une partie du
risque tout en augmentant la surface financière de ces IMF. Ces fonds
sont gérés par la BNR et/ou par la BRD elle-même. Le taux
applicable se situe entre 8 et 12%.
Cette forme met en jeu trois acteurs à savoir: les
bailleurs de fonds ou partenaires au développement, la Banque
régionale ou de développement et l'IMF. Elle présente
plusieurs avantages pour les IMF: la possibilité d'accéder
à des ressources remboursables peu onéreuses, l'amplification par
étapes des effets de levier et le financement théorique possible
à moyen terme. Comme inconvénient, on dénote des
procédures très lourdes limitant ainsi l'accès des IMF
émergeantes.
2.2.2.2. Formes d'approches des banques dans le secteur de la
microfinance
Le développement du secteur de la microfinance suscite
beaucoup d'intérêt aux investisseurs privés au fur et
à mesure qu'il s'intègre dans le secteur financier formel. Pour
le professeur SERVET (2006), les Banques et autres investisseurs n'ont compris
l'importance de la microfinance qu'après avoir constaté à
travers plusieurs expériences porteuses de résultat, que les
pauvres étaient susceptibles à la bancarisation et que le
microcrédit pouvait être une activité rentable. Selon les
phases de croissance des IMF, les besoins nouveaux en financement s'imposent et
évoluent en fonction des exigences du marché. En effet, les
institutions financières ont plusieurs modes d'interventions dans ce
secteur et le choix des stratégies est opéré selon la
vision stratégique, les moyens et les exigences de l'environnement. Pour
SECK (2007), la nature des relations entre les banques et la microfinance varie
d'une zone à une autre selon le degré de maturité et les
spécificités de chaque système financier.
2.2.2.2.1. Création d'une unité de microfinance
spécialisée interne à la Banque
Dans ce modèle d'intervention, la banque
créée sa propre unité de microfinance. Selon LOPEZ et al.
(2003), il y a deux options possibles dans ce modèle: créer une
unité de microfinance en son sein ou incorporer un produit de
microfinance dans une unité déjà existante de la Banque.
Les services de cette unité sont considérés comme de
nouveaux produits nécessitant des actions de marketing. L'embauche du
personnel se limite surtout aux personnes directement impliquées dans la
gestion opérationnelle de l'unité. C'est une option probablement
moins coûteuse et présente des avantages notamment dans la
maîtrise des frais généraux, dans l'utilisation de support
d'autres départements de la banque et le faible embauche de personnel.
Mais le modèle présente des inconvénients tels que le
risque de tensions entre le personnel de l'unité et le personnel de la
banque, le manque de gouvernance autonome et le risque de considérer les
activités de microfinance comme les autres activités de la banque
surtout lorsque l'activité de microfinance est soumise à une
convention collective et à la réglementation bancaire.
Ce modèle est celui appliqué à la BRD en
créant une unité spécialisée de microfinance qui
abrite le fonds de refinancement et de développement de la microfinance.
Ce modèle est complété par celui des alliances
stratégiques avec les IMF. Cette unité a son personnel qui
s'occupe de la gestion opérationnelle du fonds et la prise de
décisions suit le processus normal de la BRD. Notons que le
modèle devait, après trois ans, conduire à
l'institutionnalisation du FOREDEM vers une banque spécialisée de
refinancement des IMF
2.2.2.2.2. Création de la société de
services en microfinance
Selon BARLET (2003), une société de services en
microfinance est «une institution non financière qui fournit
des services d'octroi et de gestion de crédit à une
banque». L'institution s'occupe des travaux de promotion,
d'évaluation, d'approbation, de suivi et de recouvrement des
crédits mais pour le compte de la banque qui se charge de
rémunérer l'institution en contre partie des services fournis. Ce
modèle présente des avantages liés aux statuts car elle
n'a pas besoins d'un agrément, d'un capital minimum et n'est pas soumise
à la réglementation bancaire. C'est l'option qui paraît
facile à créer, moins coûteuse et qui offrant des
facilités surtout dans le fonctionnement.
2.2.2.2.3. Création d'une filiale financière
L'intérêt que le secteur de microfinance
présente aux investisseurs incite les banques à y entrer avec des
outils sûrs et performants. Certaines banques ont déjà
opté pour la création de filiale spécialisée afin
de fournir des services en lien avec la microfinance. Ce choix consiste
à la création d'une structure externe consacrée à
une clientèle spéciale et servant uniquement ce secteur. C'est le
modèle qui nécessite l'agrément et suit la
réglementation des autorités compétentes du secteur en
respectant les conditions du capital minimum et autres obligations
imposées par les autorités compétentes du secteur de
microfinance. Le recours à ce modèle implique des avantages qui
sont entre autres, une structure juridique claire et facile, une autonomie
institutionnelle et managériale et une diversification du risque
liés à l'entrée en microfinance en le partageant avec
d'autres actionnaires. Cependant, plusieurs inconvénients sont à
relever, notamment: un régime fiscal peu favorable (surtout pour les
sociétés des capitaux), l'exigence d'un agrément,
l'exigence d'un capital minimum, les moyens financiers, matériels et
humains propres à la filiale ainsi que les conditionnalités
possibles de collecte de l'épargne et le taux d'intérêt
exigé.
2.2.2.2.4. Alliances stratégiques
Les alliances stratégiques dans ce domaine, consistent
pour une banque, à recourir aux institutions non bancaires
habituées à servir le marché de la microfinance par la
création de relations stratégiques et opérationnelles. Ces
relations se présentent comme suit: de la banque à l'IMF le
prêt constitue le socle et de l'IMF à la banque l'IMF joue le
rôle d'agent collecteur de dépôts pour cette
dernière. Le constat est que les atouts offerts par les banques sont peu
exploités par les IMF. L'adoption de cette stratégie reste faible
à cause des aspects liés à la conclusion du contrat
notamment les capacités de négociation encore faible chez les
IMF. En effet, dans la pratique, ce modèle devrait faciliter le partage
de risque entre la banque et l'IMF et amener les IMF à exploiter
l'expertise et les outils des banques. Certes, le résultat revient pour
renforcer davantage la complexité du rôle des IMF. Il faut aussi
rappeler que les IMF se retrouvent lésés à travers le
manque d'éléments incitatifs et d'intérêts dans la
mise en oeuvre de ces alliances stratégiques.
2.2.2.2.5. Autres outils et stratégies de mobilisation
des ressources financières
Avec le développement actuel du secteur de la
microfinance, un ensemble d'outils de mobilisation de ressources
financières est à la disposition des IMF:
- Mobilisation de l'épargne: lorsque
la forme juridique le permet, certaines structures privilégient
principalement les dépôts des clients comme source importante de
financement. Dans ce cas, une gamme de produits d'épargne est offerte
à la clientèle et des mesures incitatives à
épargner sont prises et adoptées au sein de l'IMF.
- Prises de participation et fonds
d'investissement: cet outil permet à la banque de ne se limiter
qu'à l'objectif financier là où la banque attend recevoir
des dividendes. La banque investit pour le long terme en contribuant au
financement de la croissance et à la gouvernance de l'IMF en tant que
membre du conseil d'administration. La prise de participation peut aussi
permettre à l'IMF de bénéficier de certains services de la
banque et de valoriser des synergies possibles en proposant par exemple des
services complémentaires aux clients matures de l'IMF. La force de cet
outil est que chaque structure trouve son intérêt dans cette
collaboration. Les IMF bénéficient du soutien financier et
technique de la banque et en retour la banque espère avec le temps
recevoir des dividendes et/ou une reconnaissance de la communauté en
tant que structure de financement. De la façon dont les ressources sont
mobilisées, plusieurs préoccupations restent posées,
d'abord au niveau de la transformation institutionnelle de l'IMF; ensuite, au
niveau de l'influence de la banque vis-à-vis des objectifs de l'IMF
concernant la maîtrise du risque de déviation par rapport à
la mission originale. Et enfin, au niveau des limites par rapport à la
participation au capital de l'IMF par la banque.
- Entrée en bourse des IMF (émission des
obligations ou opération de titrisation): L'apparition des
fonds spécialisés et des montages financiers plus complexes
facilite l'émergence d'un marché de capitaux. Les performances de
certaines IMF ont conduit pour la première fois en 2003, à
l'émission d'obligations et d'opérations d'achat et de vente de
titres ainsi qu'à l'entrée en bourse des IMF
«Compartamos» au Mexique et «Equity Bank» au Kenya.
- Création par une IMF d'une institution
financière bancaire ou non: Cette stratégie devrait
s'évertuer à lever certaines contraintes liées à la
difficulté d'accéder facilement au refinancement, la
difficulté à financer les PME ayant besoin de ressources
financières à moyen et/ou à long terme, le problème
de consolidation de leurs structures et d'accompagnement de leur croissance et
de leurs clients matures tout en renforçant la gouvernance. Cette
pratique est aussi nouvelle et observable au Cameroun, au Madagascar, etc.
2.2.3.
Analyse comparative de trois systèmes de refinancement
Dans cette section, il sera question premièrement de la
présentation sommaire des structures de refinancement et
deuxièmement de faire leur comparaison par rapport à la forme
institutionnelle, aux stratégies d'intervention et aux services offerts.
2.2.3.1. Présentation sommaire de trois systèmes
de refinancement
2.2.3.1.1. Refinancement
des IMF par ECOBANK du Bénin
2.2.3.1.1.1. Brève présentation d'ECOBANK
du Bénin
L'ECOBANK Bénin est une filiale du groupe ECOBANK
TRANSNATIONAL INCORPORED (ETI) créée le 03 octobre 1985 par le
secteur privé ouest africain avec le soutien de la Communauté
Economique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) en vue de promouvoir le
commerce et les investissements dans la région. Le groupe ETI est une
société de « holding » bancaire dont le
siège social est à Lomé au TOGO. Il dispose de 18 filiales
implantées progressivement dans les pays d'Afrique Occidentale et
d'Afrique Centrale à savoir le Togo, la Cote d'Ivoire, le Ghana, le
Nigéria, le Bénin, le Bourkina Faso, le Mali, le
Sénégal, la Guinée, le Niger, le Libéria, le
Cameroun, le Cap Vert, le Guinée Bissau, la Guinée Equatoriale,
le Sierra Léone, le Tchad, le Rwanda et le Burundi.
L'ECOBANK Bénin est une société anonyme
créée le 28 mars 1990 avec un capital de 1,5 milliards de F.CFA.
Son siège social est situé à Cotonou au Bénin. Elle
dispose de plus de 15 agences avec pour objectif de devenir une banque
universelle capable de fournir une gamme variée de services bancaires et
financiers aux particuliers, sociétés privées ou publiques
dans les segments des marchés prédéfinis.
2.2.3.1.1.2. Unité
spécialisée en microfinance de ECOBANK BENIN
Dans le but d'avoir plus d'attention au secteur de la
microfinance, les responsables du groupe ECOBANK, ont pensé à la
création d'une unité spécialisée en microfinance
dans toutes les filiales ayant comme missions:
- le financement des IMF,
- le développement de partenariats EBB-IMF pour le
financement des clients des IMF ayant atteint le plafond statutaire de ces
IMF,
- Le développement des nouveaux produits propres
à la microfinance.
Dans ce fonctionnement, l'unité
spécialisée en microfinance de EBB offre aux IMF des services
diversifiés. Ces services sont principalement des prêts, des
avances en compte courant et autres produits composés de lignes de
caution et des crédits indirects.
Selon DEGBELO (2007), dans son mémoire, les IMF
enquêtées souhaitent recevoir des formations et conseils et des
crédits à long terme. Les conclusions de son mémoire
montrent plusieurs éléments qui entravent l'accès aux IMF
au refinancement des banques commerciales. Il s'agit premièrement des
éléments liés aux IMF tels que le niveau de leur
viabilité financière, du professionnalisme et les
problèmes institutionnels. Deuxièmement, les
éléments lies aux banques tels que les conditions de
refinancement, la lenteur dans les procédures et la
méconnaissance du secteur de microfinance par les banques. De ces
constats, des stratégies nouvelles doivent être adoptées
pour améliorer l'apport des banques dans le développement du
secteur de la microfinance.
2.2.3.1.2. Refinancement des IMF
par AFRICAP9(*)
Le Fonds AfriCap Microfinance Fund (AfriCap) est un fonds
d'investissement au capital de 15 Millions de dollars, dédié
à la microfinance en Afrique. Sa base opérationnelle est
située à Dakar au Sénégal. Le fonds investit en
Afrique, dans un nombre limité d'institutions de Microfinance (IMF)
émergentes engagées à assurer leur viabilité
commerciale.
AfriCap fonctionne sur le modèle du capital risque.
Outre ses apports de capitaux, le fonds fournit également une assistance
en gestion ainsi qu'une assistance technique et administrative.
Le Service d'Assistance Technique (SAT) est destiné
à pourvoir aux subventions en faveur du développement
institutionnel des IMF dans lesquelles AfriCap a pris des participations. Il a
aussi pour but de développer l'industrie de la microfinance en Afrique.
Parmi les institutions fondatrices du Fonds figurent les
principales banques de développement ainsi que les organisations
spécialisées dans la microfinance. Le fonds a comme champs
d'activité ciblée des mutuelles d'épargne et de
crédit (MEC), avec le domaine d'interventions constitué du
capital-risque, et de l'assistance technique. AfriCap se positionne à la
fois comme:
1. un investisseur au service des MEC dans un esprit
partenarial,
2. un partenaire financier qui accepte de partager directement
le risque opérationnel de la MEC,
3. un soutien aux MEC innovantes et/ou en
développement,
4. un soutien à la croissance interne et externe des
MEC en palliant les insuffisances en ressources stables, propres aux
crédits moyen et long terme.
2.2.3.1.3 Refinancement des
IMF par la BRD
2.2.3.1.3.1. Rappel de la mission de la BRD
Sa mission consiste à devenir l'instrument
d'investissement du gouvernement Rwandais, devant servir à financer les
objectifs nationaux de développement et en focalisant son action sur les
secteurs prioritaires de l'économie à savoir l'agriculture et
l'élevage, l'exportation, le tourisme et ICT, l'énergie et l'eau,
la santé et l'éducation ainsi que les infrastructures de base.
Pour augmenter la portée de son impact, la microfinance a
été choisie comme une des stratégies d'interventions pour
offrir des services accessibles aux pauvres impliquées dans les secteurs
prioritaires,
2.2.3.1.3.2. Unité
spécialisée en refinancement «FOREDEM»
Décidée par le Conseil d'Administration de la
BRD tenu le 09/07/2002, le FOREDEM a été mis place et fonctionne
sous le couvert juridique de la BRD en tant qu'une direction
spécialisée. Il a été doté de ressources
financières, matérielles et humaine avec comme mission,
l'instauration d'un programme de microfinance en vue d'améliorer la
mobilisation des fonds en faveur des microentreprises et des pauvres par le
financement direct des coopératives et associations professionnelles, le
refinancement des IMF et l'assistance technique aux IMF
La vision de ce fonds consistait après trois ans
à aboutir à la transformation du FOREDEM en institution autonome
grâce au capital fourni par le gouvernement, la BRD et d'autres
investisseurs. Les activités principales de ce fonds sont :
- le refinancement des IMF qui pourvoient des services
financiers aux pauvres économiquement actifs,
- le financement des coopératives ou associations
professionnelles et
- le renforcement des capacités des ces deux types de
structures.
Le volet refinancement assure aux clients les
possibilités de réapprovisionnement en ressources
financières tandis que le volet renforcement des capacités leur
offre divers services ayant traits à la formation et au
développement institutionnel.
2.2.3.4. Critères d'analyse comparative de trois
systèmes de refinancement
Cette analyse sera centrée d'abord sur la forme
institutionnelle du système de refinancement, ensuite, sur les
stratégies d'intervention et enfin sur les outils. Le tableau suivant
résume les caractéristiques de chaque mode de refinancement
Tableau N°5: Comparaison de
systèmes de refinancement de EBB, BRD et de AFRIcap Fund
Système de financement
|
Forme institutionnelle
|
Stratégies d'intervention
|
Outils d'intervention
|
Services offerts
|
Observations
|
Système de refinancement de l'EBB
|
Unité spécialisée dans une banque
commerciale complétée par les alliances stratégiques avec
les IMF
|
Soutien à l'augmentation et au renforcement du fonds de
crédit des IMF
|
Prêts directs aux IMF
|
Prêts à court terme
|
Les modalités de financement des banques commerciales,
la méconnaissance du secteur de la microfinance et les statuts
juridiques des IMF restent les principaux éléments qui entravent
le développement de ce système.
|
La forme juridique de la banque est la SA privée
|
Partenariat EBB-IMF pour le financement des clients dont le
montant dépasse le plafond de l'IMF
|
Financement direct des projets des clients des IMF
|
Développement des produits de microfinance
|
|
Système de refinancement de la BRD
|
Unité spécialisée dans une Banque de
développement complétée par des alliances
stratégiques avec les IMF
|
Refinancement des IMF et associations professionnelles des
producteurs
|
Prêt direct aux IMF et aux associations
professionnelles
|
Prêts à moyen et long terme pour les IMF et
associations et prêts à court terme pour les crédits de
campagne
|
La faible capacité d'endettement, le SIG
inadéquat et la mauvaise gestion des IMF et associations des producteurs
constituent les grands défis à relever.
|
Société anonyme avec l'Etat comme actionnaires
majoritaires
|
Renforcement des capacités des IMF clientes et
associations professionnelles des producteurs
|
Subventions
|
Formation et accompagnement technique
|
Le budget affecté au renforcement des capacités
reste insuffisant et sélectif
|
Fonds de garantie pour les IMF clientes
|
Renforcement des garanties des IMF et Associations
|
Prise en charge d'une partie de la garantie du prêt ou
refinancement
|
Les fonds disponibles ne sont pas suffisants et souffrent d'un
problème d'institutionnalisation
|
Système de refinancement de Africap
Fund
|
Fonds d'investissement spécialisé
|
Soutien à l'augmentation et au renforcement du fonds de
crédit des IMF
|
Prêts en devises
|
Prêts à moyen et long terme,
Prise de participation au capital
|
Le partenariat est conditionné par les résultats
de diagnostic.
La gouvernance active des IMF et le
capital risque constituent l'objet d'être de Africap.
|
|
Renforcement des capacités institutionnelles
|
Subventions
|
Accompagnement technique, en gestion et formation
|
|
Garantie des refinancements des IMF aux IF
|
Garantie
|
Garanties d'emprunts
|
|
Prise de participation au sein des IMF à travers le
capital risque
|
Facilité d'investissement en fonds propres et
quasi-fonds propres
|
Prises de participation au capital des IMF
|
Limite de la forme juridique coopérative
|
Source: Données de
recherche
Comme le tableau le montre, le système de refinancement
par ECOBANK offre des opportunités pour les IMF par le fait que les
banques commerciales sont surliquides: elles ont d'importantes ressources de
financement en monnaie locale et ces relations permettent l'accroissement de la
transparence des IMF à travers les audits et notations externes. Mais
également, il y a des freins liés d'abord à la nature
même des ressources financières des banques commerciales en
grandes parties à court terme face aux besoins des IMF qui cherchent de
plus en plus de financement à moyen et long terme. Les avantages du
modèle d'unité spécialisée en Microfinance
couplée d'alliances stratégiques dans une banque sont multiples.
Il ne nécessite pas la sollicitation d'un agrément, les
coûts de mise en oeuvre sont réduits et l'unité profite de
l'utilisation des infrastructures de la Banque. Il présente des
inconvénients en ce sens qu'il exige un personnel qualifié en
microfinance et à même de faire un discernement entre les
pratiques bancaires courantes et les pratiques spécifiques à la
microfinance, aussi le manque de gouvernance autonome et la
nécessité d'adaptation du système et des procédures
aux besoins spécifiques des opérations de microfinance sont-ils
à souligner.
Le système de refinancement de la BRD, présente
plusieurs similitudes avec celui d'ECOBANK. La seule dissemblance se trouve au
niveau de la nature de la Banque et des services rendus aux IMF. La BRD est une
banque de développement avec des ressources financières à
long terme. Elle offre principalement des refinancements à moyen et long
terme, des facilités de garanties et des services de renforcement de
capacités aux clients. Elle complète ses activités de
refinancement par des activités de soutien et de conseil.
L'intégration du FOREDEM dans la BRD en tant qu'unité
spécialisée de microfinance présente des avantages mais
aussi des risques. Les avantages et inconvénients du système de
refinancement de la BRD sont similaires à ceux observés au niveau
d'ECOBANK. La seule différence se situe au niveau des ressources
à moyen et long terme.
Par ailleurs il est à noter que le système de
refinancement d'Africap est différent des deux premiers compte tenu du
fait que c'est un fonds spécialisé dans la microfinance avec des
stratégies de capital risque (prise de participation et quasi-fonds
propre), des dispositifs de garantie des IMF vis-à-vis des banques et
des services d'assistance technique. Les interventions de cette institution
sont fonction des résultats de l'analyse diagnostic avec un plan de
désengagement préalablement établi. Africap
présente donc plusieurs avantages liés à la maîtrise
du secteur et à la stratégie utilisée pour dans son offre
de service.
CHAPITRE III. PRESENTATION ET
ANALYSE DES RESULTATS
La présentation et l'analyse des résultats
permettront de tester les hypothèses préalablement
formulées et d'en dégager les problèmes réels qui
entravent le recours au refinancement et qui sont à l'origine de
l'accès difficile aux services du FOREDEM.
Ce chapitre s'articulera autour de l`analyse du fonctionnement
et des conditions de refinancement du FOREDEM, de l'analyse des
capacités institutionnelles des IMF clientes du FOREDEM et de l'analyse
des besoins en ressources financières des IMF. Enfin une analyse des
moyens financiers et institutionnels du FOREDEM sera effectuée.
3.1.
Analyse du fonctionnement du FOREDEM
3.1.1. Evaluation des
procédures de mise en place d'un refinancement
Dans cette sous section, il sera question d'analyser les
opérations à l'intérieur du FOREDEM/BRD après
qu'une demande de refinancement ait été soumise pour examen par
une IMF. Il s'agira donc de clarifier les aspects liés à
l'importance des IMF dans le portefeuille du FOREDEM/BRD, aux différents
niveaux de prise de décision, et à la durée de traitement
des dossiers de demandes au cours des différentes étapes.
Cependant, une préoccupation importante se
dégage du mode de traitement des dossiers au sein du FOREDEM: c'est de
savoir si les procédures et méthodes utilisées sont
identiques à celles appliquées par la banque, ou si elles sont
spécifiques à sa clientèle que sont: les IMF et les
coopératives de producteurs.
3.1.1.1. Evolution du portefeuille
de refinancement du FOREDEM par nature de clients
Depuis fin 2002, la date de création de FOREDEM, deux
sortes de clients composés de six (6) IMF et 46 coopératives de
producteurs ont pu bénéficier du financement du FOREDEM. Le
tableau suivant montre l'évolution du portefeuille de refinancement en
valeur par type de client.
Tableau N°6: Evolution du
portefeuille de FOREDEM par type de client (en valeur et en FRW)
Source:
Donnée de stage juillet -août 2008
Le refinancement des IMF a été
réalisé à partir de 2006 à travers 4 COOPEC et 2
sociétés anonymes. Au 30 juin 2008, 6 IMF occupaient plus de 35%
du portefeuille total. Tandis que 46 coopératives de producteurs
agricoles occupaient environ 65% du portefeuille total. L'encours moyen
à cette date pour une IMF est de 110 009 180,5 Frw contre 27 214
654 Frw pour les coopératives agricoles. Ceci explique l'importance d'un
dossier de refinancement d'une IMF par rapport au financement des
coopératives agricoles. Nous constatons également que le
refinancement des IMF est depuis 2006 en décroissance tandis que le
financement des coopératives agricoles suit une allure croissante depuis
2004. Cette situation est due au fait que d'une part il n'y a pas assez des
nouveaux dossiers de demande des IMF Et d'autre part, que les remboursements
annuels des IMF dépassent largement la valeur de décaissement
pour les nouveaux crédits.
3.1.1.2. Analyse préalable
des dossiers
Dans l'analyse préalable, il s'agit de voir si le
dossier est recevable avant même l'étude sur la rentabilité
du projet et sur sa viabilité. C'est a ce niveau que les critères
d'éligibilité tels que les aspects d'agrément, juridiques,
les secteurs prioritaires, l'expérience dans l'activité, l'apport
propre, le nombre des membres, etc., ont tous leur importance. Le taux de rejet
à cette étape représente plus de 55% du total des dossiers
rejetés. En effet, pour les IMF, le critère d'agrément
prime sur les autres et 100% des dossiers des IMF rejetés à cette
étape trouvaient leurs justifications à ce niveau. Avant janvier
2008, la personnalité juridique n'avait pas une grande importance. Alors
que le contrat de crédit nécessite la personnalité
juridique des contractants pour sa validité. La différence entre
les dossiers du FOREDEM et ceux de la Banque en général (grands
clients) n'est pas significative à ce niveau. De l'investigation
menée auprès des agents du FOREDEM et des IMF, il ressort que
pour promouvoir un partenariat stratégique avec les IMF, il faudrait
envisager une implication directe du FOREDEM tout en prenant le soin de faire
au préalable un diagnostic institutionnel.
3.1.1.3. Analyse proprement dite
du dossier
La méthode normale d'analyse de la banque d'un dossier
de demande de crédit s'oriente vers l'appréciation de la
rentabilité du projet et l'appréciation de la capacité de
remboursement du demandeur. Cette analyse se base sur des informations
comptables fiables. En effet, beaucoup de clients du FOREDEM
(coopératives agricoles) sont incapables de fournir celles-ci.
L'évaluation du FOREDEM est obligée de sortir de la
démarche prévue par le manuel de procédure de la banque.
Au delà de la méthode normale d'analyse du dossier (étude
technique, étude du marché, trésorerie, performance
financière, etc.) sont également examinés les aspects
liés à la personnalité du promoteur surtout ses
qualités morales, sa capacité sur le plan technique et de la
gestion. Les instruments utilisés indiquent que le FOREDEM insiste sur
le minimum de contact direct et personnel avec le promoteur soit par visite de
terrain soit sur invitation du promoteur au siège de la BRD. Il faut
aussi signaler que dans l'analyse du projet, l'impact socio-économique
du projet dans la BRD occupe une place importante dans la prise de
décision.
3.1.1.4. Organisation de
l'évaluation du projet
A la BRD, les dossiers sont traités techniquement au
niveau inférieur (analyste des projets) du FOREDEM qui, après
appréciation des informations fournies par le promoteur, fait une note
d'évaluation au chef d'unité d'opérations et au directeur
du FOREDEM pour appréciation. Cette note d'évaluation est soumise
d'abord à un comité interdépartemental pour les
propositions techniques et ensuite, au comité de gestion du risque de
crédit de la banque pour d'éventuelles propositions. Ces
comités mis en place pour le traitement des dossiers de FOREDEM sont les
mêmes qui traitent les gros projets de la banque. D'après nos
investigations les agents du FOREDEM ont du mal à défendre les
projets de leurs clients car les critères de décisions de la
banque pour les grands clients sont les mêmes pour les clients de
FOREDEM.
La rentabilité du projet est un des critères
clés dans la prise de décision, suivi de la qualité de
garanties fournies par le client. Or, la plupart des IMF et coopératives
agricoles n'ont pas de garanties réelles. Pour contourner ce
critère de garanties, FOREDEM accepte d'autres types de garanties telles
que la caution solidaire et l'engagement de certains membres des organes de
l'institution pour hypothéquer leurs biens pour le compte de
l'institution. Une équipe de gestion très forte constitue aussi
un critère très considérable et la capacité de
remboursement sans ou avec un autre endettement.
En moyenne, l'analyse du dossier d'une IMF ou d'une
coopérative agricole dure deux mois. Cette durée peut
s'étendre sur plusieurs mois lorsque les informations nécessaires
dans l'appréciation du dossier ne sont pas disponibles. La prise de
décision elle-même dure encore en moyenne deux semaines, ce qui
fait que le client doit attendre deux mois et deux semaines avant que le
résultat ne lui soit communiqué. Cette procédure est
d'autant plus longue, que de l'enquête de terrain effectuée,
toutes les IMF clientes du FOREDEM/BRD, interrogées ont fait ressortir
la lourdeur des procédures. La durée de l'analyse pourrait
être en partie due au circuit de traitement du dossier et lorsqu'il y a
des informations manquantes à la nécessité d'effectuer des
enquêtes complémentaires pour une meilleure appréciation du
risque ou de la capacité de gestion.
Après la prise de décision sur l'engagement, il
reste en moyenne encore plus d'un mois de travail jusqu'à ce que le
crédit ne soit décaissé, ce qui fait que le client doit
patienter pendant plus de trois mois et deux semaines avant de pouvoir utiliser
le crédit. Ce temps est très long pour un client qui
désire satisfaire les besoins de ses clients. Pour la banque, il est
question de savoir dans quelle mesure il est possible de simplifier les
procédures pour réduire le temps de traitement et les coûts
de transaction. D'une part, la BRD est responsable de la durée
très longue observée dans le traitement des dossiers car elle
applique aux IMF ou coopératives agricoles, les mêmes exigences
(garantie, informations comptables fiables, comité de gestion du risque
de crédit) qu'à ses grands clients habituels. D'autre part, les
clients sont aussi responsables, dans la plupart du temps, de la longueur des
procédures, car les conditions, suspensives au décaissement,
à remplir dépendent de leur collaboration que se soit au niveau
de la signature de la convention, de la constitution de la garantie ou de
l'augmentation des fonds propres. Pour les conditions suspensives au
décaissement, les 7 IMF clientes sur les 7 interrogées, affirment
difficiles et coûteuses les exigences à remplir.
3.1.1.5. Analyse des
décaissements pour les dossiers de refinancement
Depuis sa création, le FOREDEM a approuvé 9
dossiers de refinancement pour un montant total de 1 492 millions de Frw.
Le tableau suivant présente la situation des
décaissements de refinancements par rapport aux approbations au 30 Juin
2008.
Tableau N°7: Analyse
comparative des décaissements aux approbations de FOREDEM
IMF
|
Localisation
|
Montant
demandé
|
Montant
approuvé
|
Montant décaissé en million
|
Montant
|
%
|
Observations
|
RIM sa
|
Couverture nationale
|
197
|
192
|
50
|
26
|
Les conditions suspensives aux décaissements non
remplies ( Affectation de 80% du refinancement dans la production agricole,
taux de retard supérieur à 10%)
|
Vision Finance campany
|
Couverture nationale
|
200
|
200
|
0
|
0
|
Les conditions suspensives à la signature du contrat et
au décaissement non remplies,
|
ZIGAMA CSS
|
Couverture nationale
|
700
|
700
|
700
|
100
|
Remboursement encours
|
Union des CLECAMs WISIGARA
|
Ouest
|
135
|
80
|
80
|
100
|
Remboursement encours
|
COMIKOKA Microfinance
|
Ouest
|
40
|
40
|
40
|
100
|
Remboursement encours
|
UNICLECAM Ejo heza
|
Sud
|
100
|
100
|
0
|
0
|
Les problèmes d'organisations et les conditions
suspensives
|
Union de CM-Umurimo
|
Ouest
|
150
|
50
|
0
|
0
|
Problèmes de fonctionnement et les conditions
suspensives
|
COOPEC Jyambere
|
Nord
|
80
|
80
|
80
|
100
|
Remboursement encours
|
COOPEC Urukundo
|
Est
|
70
|
50
|
30
|
60
|
Dégradation de sa situation du portefeuille de
crédit
|
Total
|
|
1672
|
1492
|
980
|
65,7
|
|
Source: Données de stage
juillet août 2008
Ce tableau, montre que seulement 65,7% des approbations ont
été décaissés par FOREDEM. Nous constatons
qu'après approbation des dossiers, les IMF n'arrivent pas à
remplir les conditions suspensives à la signature du contrat de
prêt et aux décaissements. Cette situation montre les faiblesses
des IMF Rwandaises devant les exigences de la banque qui s'intéresse
beaucoup plus au professionnalisme et à la capacité
institutionnelle des IMF. Cependant, les interventions de l'IMF dans la
production agricole jusqu'à 80% de son portefeuille de crédit
lié directement au refinancement de FOREDEM est une condition suspensive
stratégique pour une banque de développement. Cette condition est
une bonne stratégie pour encourager et promouvoir le financement
agricole surtout dans cette période de crise alimentaire10(*). Mais il faut signaler que ce
critère constitue un frein à l'accès au refinancement pour
les IMF qui n'ont pas encore la capacité d'entrer directement dans le
financement de la production agricole mais qui peuvent intervenir dans d'autres
maillons des filières agricoles tels que: la commercialisation des
produits agricoles et des intrants. Pour plus de 66% des dossiers IMF
refusés de décaissement, les causes directes résident dans
ce critère.
En conclusion, malgré l'existence de l'unité
spécialisée de microfinance chargée d'offrir des
dérogations spéciales pour les IMF, les difficultés
liées à l'application des conditions d'éligibilité
suspensives à chaque étape du processus, à la lourdeur des
procédures et aux exigences habituelles de la banque appliquées
aux clients du FOREDEM, demeurent. Cela constitue donc pour la plupart des IMF
un blocage pour l'accès au refinancement.
Nous pouvons confirmer en partie l'hypothèse 1.
3.1.2. Analyse des conditions et
modalités de refinancement
Pour bénéficier du refinancement de FOREDEM, les
IMF sont soumises à certaines conditions qui sont tout d'abord des
conditions d'éligibilité, ensuite suspensives à la
signature du contrat et enfin suspensives au décaissement. Mais
au-delà des ces conditions, il y a les modalités de financement
qui peuvent aussi expliquer le nombre limité des IMF clientes de
FOREDEM. Ces modalités ont été appréciées
par les IMF comme suit:
3.1.2.1. Montant du
refinancement
Le montant minimum du refinancement au FOREDEM est 20
000.000Frw pour les IMF et 10000000 Frw pour les coopératives agricoles.
Des IMF enquêtées, 71,9% trouvent le montant à leur
convenance.
Pour les IMF, les besoins en refinancement sont ressentis
à toutes les étapes de leur cycle de vie. Ces besoins sont
d'origines diverses liées, entre autres; à l'incapacité
institutionnelle des IMF pour mobiliser les ressources nécessaires,
à la maturité du secteur de la microfinance, au
développement des infrastructures financières, etc. La solution
à ce problème doit prendre en compte tous ces aspects afin de
promouvoir le financement des IMF de façon pérenne.
Selon leurs rapports, pour un besoin de financement annuel
exprimé à travers les demandes de crédits des membres ou
clients IMF, seulement 50%; sont financés et satisfaits, soit un besoin
non satisfait de 50%. Le montant minimum de 20 000 000Frw leur apparaît
satisfaisant compte tenu de leurs besoins croissants de financement. En plus,
sur 11 dossiers de refinancement enregistrés, aucun dossier n'affiche un
montant inférieur à 30 000 000Frw.
3.1.2.2. Durée du
refinancement
Les refinancements du FOREDEM sont à moyen et long
terme pour les IMF; à court, moyen et long terme pour les
coopératives agricoles. La durée varie selon le montant, la
nature des activités financées par l'IMF ainsi que de la
capacité de remboursement de la structure. Cette durée varie
entre 3 ans à 10 ans.
IL est également prévu un délai de
grâce pour le remboursement du principal. Ce délai varie d'une
institution à une autre dépendamment des entrées de fonds
et du secteur financé. Il ne peut pas aller au-delà de 24 mois.
100% des enquêtées sont satisfaits de la durée du
crédit. Pour 9 dossiers de refinancement approuvés, tous ont
bénéficié d'un délai de remboursement variant entre
4 à 6 ans.
3.1.2.3. Modalités de
remboursement
En ce qui concerne le taux d'intérêt au FOREDEM,
il est constant et varie entre 8 à 12% l'an. Le remboursement du capital
et des intérêts se fait selon les conditions définies dans
le contrat avec FOREDEM. Durant la période de grâce, l'IMF
procède aux remboursements mensuels des intérêts
intercalaires. Sur les 14 IMF enquêtées, 61% trouvent que le taux
d'intérêt du crédit (refinancement) est
élevé, pour les 27% des IMF enquêtées, le taux
d'intérêt est acceptable et pour les 12% restant, le taux
d'intérêt de refinancement est intéressant. Ces IMF
justifient leur position en prenant en considération les
éléments de calcul du taux effectif global. Elles ont cité
le taux d'intérêt nominal, le dépôt de garantie de
20% prélevé sur le montant total du refinancement, alors que les
intérêts de la banque sur le refinancement sont calculés
sur le montant total du refinancement, les coûts de suivi du dossier
pendant au moins 3 moins et demi avant le décaissement du refinancement
et les commissions sur refinancement ainsi que divers frais (enregistrement des
garanties, notification de certains documents, etc.). Nous pouvons rappeler ici
que les dépôts à terme constitués par les IMF
auprès des banques ne rapportent qu'au maximum 4%. Signalons
également que 80% de ces IMF n'ont jamais calculé le taux
effectif global pour mesurer le coût réel du refinancement, mais
elles démontrent toujours la cherté de ce refinancement en
exprimant ces éléments.
Concernant les échéanciers de remboursement, 78%
des enquêtées surtout celles qui financent les activités de
production agricole trouvent que les remboursements mensuels sont gênants
et ces derniers sont à l'origine des problèmes de
trésorerie que rencontrent ces IMF. Elles justifient cela par le fait
que la durée minimum de remboursement réclamée par leurs
clients producteurs agricoles est trimestrielle. Elles sont confrontées
à un problème de suivi du plan de trésorerie compte tenu
de l'instabilité des revenus des producteurs agricoles.
Concernant le taux d'intérêt appliqué par
les IMF, FOREDEM a une exigence à ce niveau. Selon notre enquête,
78% ont affirmé rencontrer des difficultés en rapport avec
l'application du taux d'intérêt sur le montant de refinancement
octroyé par le FOREDEM. Ce taux exigé par FOREDEM est de 18% par
an soit 1,5% par mois. Cette condition perturbe vivement la politique interne
des IMF. Elles sont contraintes d'appliquer des taux différents à
leurs membres ou clients ou d'accepter le taux exigé par FOREDEM pour
toutes les demandes. Ce qui affecte directement leurs recettes ou produits.
3.1.2.4. Garantie
La garantie constitue un problème sérieux pour
les clients de FOREDEM. Pour 14 IMF enquêtées, 87% n'ont pas de
garanties réelles propres. Au niveau des coopératives
agricoles,
77% ont les mêmes problèmes de garantie que les
IMF. Les clients en possession de garanties ont indiqué que ces
immobilisations ont pour origine les subventions
bénéficiées de bailleurs de fonds, mais ils ont
souligné le problème de sous estimation de leur valeur lors de
leur présentation auprès de la BRD.
Pour résoudre ce problème, FOREDEM a opté
pour d'autres de types de garanties selon l'importance du risque. Elles varient
d'un client à l'autre et peut être:
- Nantissement des avoirs en compte bancaire
représentant 20% du montant sollicité et/ou
accordé ; ce type de garantie présente des
faiblesses telles qu'exprimées par les IMF. Ce montant est
déposé sur un compte à terme dans une banque commerciale
à un taux maximum de 4%, alors que la BRD calcule ses
intérêts sur le montant global du prêt au taux minimum de
8%. Les responsables des IMF estiment que ce type de garantie joue
défavorablement sur leur performance financière.
- Cession du portefeuille de crédits
équivalent au total du refinancement majoré des
intérêts y afférents pendant toute la durée du
prêt. Les techniciens de la BRD ont montré les
insuffisances de cette garantie par le fait que la banque ne gère pas le
portefeuille de l'IMF.
- Lettre de garantie d'une banque
crédible. Cette forme de garantie n'a jamais été
utilisée par le FOREDEM. Ceci est dû à la faible confiance
des banques envers les IMF à cause de la faible communication entre les
deux acteurs. D'une part, nous observons les mouvements des IMF vers les
banques à travers les services de dépôts des banques mais
d'autre part le manque de mouvements inverses vers les IMF. Cette situation
diminue les éléments du cadre de collaboration entre IMF et
banques, ce qui diminue les outils d'amélioration d'accès des IMF
aux services de banques.
- Caution solidaire des sociétaires ou membres
à travers la caution de l'Assemblée
générale. Cette caution n'est pas compréhensible
par tous les membres ou sociétaires, cela en partie à cause de la
faible communication entre les membres et les organes de gestion des IMF ou
coopératives agricoles. La caution solidaire est souvent signée
par des membres non instruits et par conséquent ne mesurant pas les
enjeux relatifs à ces engagements. Les problèmes sont
constatés lors des difficultés de remboursement au moment du
recouvrement forcé.
- Hypothèques. L'hypothèque
peut être la propriété de l'institution ou la
propriété des membres des organes dirigeants. Comme nous l'avons
souligné par ailleurs, beaucoup d'IMF n'ont pas d'immobilisations
à hypothéquer. Les dernières options est d'obliger les
dirigeants de ces IMF ou coopératives à l'hypothèque de
leurs propriétés privées. Cependant, les
conséquences peuvent s'avérer énormes. En effet, il nous a
été rapporté lors de nos investigations des cas où,
après que le refinancement ou crédit ait été
débloqué, un groupe de trois ou quatre personnes selon leurs
apports en garanties se sont appropriés la gestion de l'IMF ou
coopérative, soit par attribution de gros montants de crédit aux
membres de leurs familles, soit par détournement de l'objet du
crédit entraînant pour l'institution le
désintéressement de ses membres ou clients. Cette façon de
faire créée immanquablement un état conflictuel qui,
poussé à l'extrême peut entraîner la faillite de
l'institution.
- Les fonds de garantie de la BRD/PME et/ou fonds de
garantie agricole de la BNR. La banque gère un fonds de
garantie en faveur des PME/PMI. De 2006 à 2007, le risque couvert par ce
fonds était de 54,5 millions de Francs Rwandais contre 43,2 millions en
2005. En effet, parmi les projets garantis par ce fonds, aucun projet de
FOREDEM n'a été financé alors que tous les clients de ce
fonds sont dans la catégorie des PME/PMI. Nous avons constaté
qu'il y a les projets garantis par le fonds de garantie agricole de la banque
nationale. Ce fonds s'engage jusqu'à 50% du risque spécifiquement
lié aux projets de production agricole.
Ici, nous pouvons souligner la création d'une
Société Mutuelle de garantie et de refinancement (SGMF) en juin
2008. Cette société a été mise en place pour
faciliter l'accès des IMF aux ressources sur le marché mais
également des autres investisseurs rwandais qui n'avaient pas assez de
garantie. Pour le moment, cette société couvre le risque
jusqu'à 50% pour le montant minimum de 10 millions et pour le montant
maximum de 150 millions. Les commissions sont de 2% et les autres frais de 1%;
ce qui risque de hausser le taux d'intérêt pratiqué par les
banques.
De ces constats nous pouvons affirmer que les clients de
FOREDEM n'ont pas encore trouvé l'accès aux fonds de garantie
leur permettant de bénéficier facilement des prêts au
niveau de la BRD ou ailleurs. Signalons également que tous ces fonds
exigent un niveau de professionnalisme (bonne gestion et bonne gouvernance)
avancé que la plupart des IMF et coopératives n'ont pas encore
atteints.
- La combinaison de deux ou plusieurs types de
garanties: la combinaison de garanties consiste à accorder des
facilités aux clients de FOREDEM malgré les difficultés
évoquées par les IMF
Il ressort des IMF enquêtées que plus de 75%
trouvent la constitution de garanties auprès du FOREDEM difficile et
coûteuse.
3.1.3. Synthèse de
l'analyse du fonctionnement, des conditions de refinancement du FOREDEM et de
la vérification de l'hypothèse N°1.
L'évaluation des procédures de mise en place
d'un refinancement montre à chaque étape du processus une
tendance à confondre les clients du FOREDEM aux grands clients de la
BRD, ce qui alourdit les procédures et décourage les promoteurs.
L'analyse des conditions et des modalités de refinancement montre les
aspects qui limitent l'accès au refinancement et qui diminuent les
chances de développement de ces institutions. Parmi ces aspects, il y a
les garanties, les modalités de remboursement, l'affectation du
refinancement à 80% dans la production agricole et l'imposition du taux
d'intérêt.
Au regard de tous ce qui précède, nous pouvons
conclure que l'hypothèse n°1 selon laquelle les
modalités de refinancement et le fonctionnement du FOREDEM expliquent le
nombre limité des IMF clientes est confirmée.
3.2. Analyse des capacités
institutionnelles des IMF
Cette analyse sera faite à travers des aspects
généraux des IMF enquêtées, la comparaison des
approbations par rapport aux décaissements et aux rejets et les causes
du rejet de dossiers au niveau du FOREDEM. Enfin, une synthèse de cette
section ainsi que la vérification de l'hypothèse n°2 seront
faites.
3.2.1. Aspects
généraux des IMF enquêtées
A travers notre enquête, se dégagent cinq aspects
majeurs touchant le paysage des IMF, ces points permettent de faire un
diagnostic rapide sur la situation institutionnelle de ces structures.
3.2.1.1. Expérience des
IMF
Les pratiques microfinancières ne datent pas
d'aujourd'hui. En effet, elles existaient il y a de cela plusieurs
années sous formes traditionnelles à travers les tontines. La
longue expérience appartient à l'Union des Banques Populaires
(UBP), devenue par la suite (en 2008) une banque commerciale. La plupart des
IMF ont vu le jour dans les années 2000 grâce à la
formalisation du secteur par la banque centrale (BNR). Selon notre
enquête, 9 IMF sur 14 interrogées, soit 64,3% ont un âge
compris entre 1 et 5 ans. Tandis que 3 IMF sur 14 enquêtées soit
21,4% ont un âge se situant entre 6 à 10 ans; et enfin 2 IMF sur
14 soit 14,3% ont plus de 10 ans.
Il ressort donc à travers ces données, que la
plupart des IMF sont jeunes et par conséquent n'ont pas une grande
maturité. Ce qui explique les multiples difficultés auxquelles
ces institutions sont confrontées, notamment, le manque de garantie pour
l'accès au refinancement et la faible capitalisation.
3.2.1.2. Sources de financement
des IMF
Les sources de financement des activités des IMF au
Rwanda sont encore incertaines. Le financement des IMF est assuré
principalement par les ressources mobilisées à travers les
épargnes. Or, la mobilisation de l'épargne suppose un
système de gestion de dépôts du public qui inspirent
confiance et le respect des normes prudentielles de l'activité
d'intermédiation financière. Selon notre enquête, 61,5% des
ressources proviennent des épargnes, 15% du capital social, 9,3% des
emprunts et 14,2% des subventions (ressources affectées, subventions et
autres). Ces chiffres nous montrent le faible niveau de capitalisation des IMF
et le faible recours aux ressources du marché financier dans le
financement de la microfinance au Rwanda.
3.2.1.3. Composition du
portefeuille de crédit des IMF enquêtées
La BRD étant une banque de développement, est
appelée à financer les secteurs jugés prioritaires par le
gouvernement dans tous les plans de développement. Dans cette logique,
la BRD fait la promotion pour le financement du secteur agricole car ce secteur
est peu soutenu par les institutions financières compte tenu du risque
élevé qu'il représente. FOREDEM épouse cette
logique à travers le financement des coopératives agricoles et le
refinancement des IMF qui interviennent dans le secteur agricole. Selon notre
enquête, l'agriculture et l'élevage occupe 53,9% du portefeuille
de crédit à raison de 15,4% pour l'élevage et 38,5% pour
l'agriculture. Le commerce et autres occupent 46,2% du portefeuille. Pour les
responsables des IMF le portefeuille alloué aux projets liés
à l'agriculture et l'élevage ne devrait pas excéder 65% du
portefeuille total pour des raisons de diversification du risque, de
concentration des crédits dans un même secteur, alors que FOREDEM
exige 80% dans le secteur lié à l'agriculture et
l'élevage.
3.2.1.4. Développement de
leur Système d'Information de Gestion (SIG)
Les résultats d'enquête montrent que 3 IMF sur 14
enquêtées sont informatisées, soit 21,4% contre 12 IMF sur
14 non informatisées, soit 78,6%. Cette situation montre le faible
niveau de développement des systèmes d'informations de gestion
des IMF au Rwanda.
3.2.1.5. Principaux
problèmes actuels des IMF
Les IMF enquêtées ont identifié six grands
problèmes auxquels elles sont confrontées actuellement. Les
critères de poids sont pondérés au total à 100% de
la manière suivante : Très important 50%, Important 30%,
Moins important 20%. Les points à chaque problème sont fonction
du nombre des IMF répondant OUI par critère. Le tableau suivant
présente ces problèmes ainsi que leur poids dans les IMF
enquêtées.
Tableau N°8: Les principaux
problèmes actuels des IMF
Critères
|
Po (en %)
|
POINTAGE DES PROBLEMES
|
Mobilisation de l'épargne
|
Faible expérience
|
Mauvaise
gouvernance
|
Faiblesse des RH
|
Insatisfaction des clients
|
Impayés
|
P
|
P.Po
|
P
|
P.Po
|
P
|
P.Po
|
P
|
P.Po
|
P
|
P.Po
|
P
|
P.Po
|
Très
important
|
50%
|
8
|
4
|
6
|
3
|
10
|
5
|
4
|
2
|
9
|
4.5
|
12
|
6
|
Important
|
30%
|
3
|
0.9
|
4
|
1.2
|
2
|
0.6
|
6
|
1.8
|
5
|
1.5
|
2
|
0.6
|
Moins
important
|
20%
|
3
|
0.6
|
4
|
0.8
|
2
|
0.4
|
4
|
0.8
|
0
|
0
|
0
|
0.2
|
Total
|
100%
|
14
|
5.5
|
14
|
5
|
14
|
6.0
|
14
|
4.6
|
14
|
6.0
|
14
|
6.8
|
Source: Enquête juillet
-août 2008
Po: Pondération, P:
pointage, P.Po: Pointage pondéré
En observant les colonnes de pointage pondéré du
tableau 9, nous constatons que le problème des retards de remboursement
est plus important avec le pointage pondéré de 6,8. Douze (12)
IMF sur 14 enquêtées trouvent ce problème très
important ; une IMF sur 14 enquêtées le trouve important et
une dernière le trouve moins important car elle ne serve que les
militaires et les policiers salariés. Au deuxième rang, viennent
les problèmes de mauvaise gouvernance et les problèmes de faible
capacité à satisfaire les demandes de crédit avec le
pointage pondéré de 6 pour les deux. A la troisième place,
viennent les difficultés de mobilisation de l'épargne avec le
pointage pondéré de 5,5. Au quatrième rang, viennent les
problèmes de faible capacité des ressources humaines et enfin,
viennent ceux liés à la faible expérience en microfinance
respectivement avec le pointage pondéré de 5 et 4,6. En
définitive, nous constatons que ces problèmes sont presque tous
en relation avec la capacité institutionnelle de ces IMF
3.2.2. Analyse comparative des
approbations et des rejets
Cette analyse sera faite à travers la
présentation des tableaux montrant les dossiers traités,
approuvés et rejetés.
Au cours de l'exercice 2007, FOREDEM a analysé 49
dossiers de demande de prêt dont 2 dossiers de refinancement provenant
d`IMF De ces demandes, 28 dossiers soit 57% ont été
approuvés dont un dossier de refinancement d'une COOPEC, contre 21
dossiers soit 43% rejetés dont un dossier de refinancement. Le tableau
suivant présente l'analyse comparative des dossiers approuvés et
des dossiers rejetés:
Tableau N°9: Analyse
comparative des dossiers approuvés et dossiers rejetés en
nombre
Source: Données extraites
des rapports de la BRD depuis 2003
Sur 156 dossiers de demandes traités, 43% ont
été rejetés et 57% ont été approuvés.
Il ressort donc que le taux de rejet après analyse est très
élevé. Dans 156 demandes analysées, 12 demandes soit 7,7%
concernent le refinancement des IMF tandis que 145 demandes soit 92,3%
concernent le financement des coopératives de producteurs agricoles.
Ceci nous amène à dire qu'en moyenne pour 100 dossiers
analysés, il y a seulement 57% qui ont la chance d'être
approuvés. C'est-à-dire que la clientèle choisie par
FOREDEM nécessite un accompagnement technique avant d'être
appuyée financièrement. Nous constatons également que les
approbations sont en évolution croissante de 2003 à 2007, mais
cette tendance est observable également au niveau des dossiers
rejetés.
Parmi les 12 demandes de refinancement IMF traitées, 3
ont été rejetées; 9 autres ont été
approuvées. Les raisons de rejet sont surtout le manque
d'agrément définitif de la banque centrale, la mauvaise
gouvernance et la mauvaise gestion pour deux IMF, et l'autre n'intervenait pas
dans le secteur agricole.
Tableau N°10: Analyse
historique des dossiers approuvés et dossiers rejetés en valeur
(en millions de Frw)
Source: Données extraites
des rapports d'activités de la BRD
Il ressort de ce tableau que 67,1% des demandes de
crédits en valeurs traités correspondant à 61dossiers
représentant 57% en nombre ont été approuvées
contre 32,9% de rejets en valeur correspondant à 46 dossiers
représentant 43% en nombre. Cette situation nous amène à
analyser l'importance des approbations et des rejets par catégorie de
clients (IMF et coopératives agricoles)
Le tableau suivant montre la proportion de refinancement des
IMF dans les approbations totales du FOREDEM.
Tableau N°11: Analyse
comparative des approbations par catégorie des clients en nombre
Source: Données de
stage
Les données ainsi obtenues montrent que les dossiers de
demande des OP/OC sont ceux qui représentent la grande partie des
dossiers traités et en cours. En effet, sur 156 dossiers traités,
12 concernent le refinancement soit 7,7% contre 144 dossiers des OP/OC soit
92,3%. Pour l'approbation, sur 89 dossiers approuvés soit 57,1% des
dossiers traités, 9 sont des dossiers de refinancement soit 5,8% des
dossiers traités contre 80 dossiers des OP/OC soit 51,3%. Concernant les
dossiers rejetés, 67 dossiers ont été rejetés soit
42,9% des dossiers traités. Les dossiers de refinancement rejetés
représentent 1,9% des dossiers traités soit 3 dossiers contre 44
dossiers soit 41,1% pour les dossiers des OP/OC Pour mieux comprendre cette
situation, analysons la proportion de refinancements approuvés en valeur
par rapport au total des approbations en valeur. Le tableau suivant montre la
proportion en valeur de refinancements dans les approbations totales du
FOREDEM.
Tableau N°12: Analyse
comparative des approbations et rejets par catégorie de clients en
millions de Frw
Source: Données extraites
des rapports de la BRD
Ce tableau montre la proportion des financements de FOREDEM
selon les deux catégories de clients. Nous constatons que les 12
dossiers de refinancement représentent 18,4% de la valeur totale de
demandes traités contre 144 dossiers des OP/OC possédant 81,6% de
la valeur totale de demandes traitées. En effet, la valeur moyenne d'un
dossier approuvé des OP/OC est presque égale à 1/3 de la
valeur moyenne d'un dossier de refinancement. Signalons que jusqu'au
31décembre 2007, sur 79 IMF agréées par la BNR, 12
seulement soit 13,9% ont pu introduire leurs dossiers auprès du FOREDEM.
Pour plus d'éclaircissement, par rapport au problème de
refinancement au niveau du FOREDEM, il convient d'analyser le niveau de
décaissements par rapport aux approbations.
3.2.3. Analyse des causes du
faible décaissement pour les dossiers approuvés
Depuis sa création, FOREDEM a approuvé 9
dossiers de refinancement d'un montant de 1 492 millions de Frw. Parmi ces
dossiers approuvés, 4 seulement ont pu arriver au décaissement
effectif, 2 ont eu un seul décaissement avec un faible montant par
rapport à leurs montants approuvés et 3dossiers n'ont rien
bénéficié comme décaissement. Les raisons
trouvées à cette situation sont liées aux conditions de
signature du contrat et de décaissement. Le tableau suivant
présente les causes du faible décaissement par rapport aux
approbations jusqu'au 30 Juin 2007.
Tableau N°13: Causes du
faible décaissement par rapport aux approbations (en millions de
frw)
IMF
|
Zone couverte
|
Montant
approuvé
|
Montant décaissé
|
Montant
|
%
|
Causes du non décaissement effectif
|
RIM sa
|
Couverture nationale
|
192
|
50
|
26
|
Conditions suspensives aux décaissements non remplies
(dégradation du portefeuille de crédit, affectation de 80% du
refinancement dans l'agriculture.
|
Vision Finance company
|
Couverture nationale
|
200
|
0
|
0
|
Conditions suspensives à la signature du contrat de
prêt non remplies (manque de garantie, condition d'affectation du
refinancement, portefeuille en retard de plus de 10%).
|
Union des CLECAM Iramiro
|
Sud
|
100
|
0
|
0
|
Les problèmes d'organisations (capacité
institutionnelle de l'union encore faible) et les conditions suspensives
à la signature du contrat (manque de garantie, affectation du
refinancement et faible capitalisation).
|
Union CM-Umurimo
|
Ouest
|
50
|
0
|
0
|
Les problèmes d'organisations (processus de mise en
réseau encours) et les conditions suspensives à la signature du
contrat (garantie, affectation du refinancement et faible capitalisation).
|
COOPEC Urukundo
|
Est
|
50
|
30
|
60
|
Dégradation du portefeuille de crédit et
affectation du refinancement.
|
Total
|
|
592
|
80
|
13.5
|
|
Source: données extraites
des rapports de la BRD (2006, 2007)
Le tableau N° 14 montre que 5 dossiers de demandes
approuvés n'ont pas pu arriver au décaissement effectif. Nous
constatons qu'après approbation des dossiers, les IMF n'arrivent pas
à remplir les conditions suspensives à la signature du contrat de
prêt et aux conditions suspensives au décaissement soit
respectivement 3 IMF sur 5 et 2 IMF sur 5. En recherchant des causes
liées à la signature du contrat, nous avons trouvé,
premièrement, le manque de garantie; deuxièmement, la
dégradation du portefeuille de crédit et enfin l'affectation du
refinancement. La constitution de garantie apparaît au niveau de 3 cas
qui n'ont même pas pu arriver au premier déblocage. Parmi les
conditions suspensives au décaissement qui sont liées au non
décaissement des tranches restantes, il y a la dégradation du
portefeuille et l'affectation du refinancement jusqu'à 80% dans le
secteur agricole.
Parmi les 9 IMF dont les dossiers ont été
approuvés, 7 sont de statut coopératif et 5 parmi elles n'avaient
pas de personnalité juridique. Paradoxalement, elles possédaient
l'agrément définitif de la Banque centrale. Cette situation s'est
vite régularisée par l'accord d'agrément provisoire pour
toute COOPEC qui n'a pas encore eu une personnalité juridique. Depuis
janvier 2008, la personnalité juridique fait partie des critères
de recevabilité d'un dossier de refinancement. Le tableau suivant montre
les difficultés d'accès au refinancement du FOREDEM/BRD
exprimés par les IMF qui ont pu introduire leurs demandes de
refinancement lors de notre enquête.
Tableau N°14:
Difficultés d'accès au refinancement de FOREDEM par les IMF
IMF
|
Difficultés
|
|
|
Garantie
|
Taux d'intérêt
|
Durée d'étude dossier
|
Gouvernance
|
SIG
|
Qualité Portefeuille
|
Mauvaise organisation°
|
Fonds propres insuffisants
|
Professionnalisme faible
|
Zigama CSS
|
X
|
-
|
X
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
RIM S.A.
|
X
|
X
|
X
|
-
|
X
|
X
|
-
|
-
|
X
|
VFC S.A
|
X
|
X
|
|
-
|
-
|
X
|
-
|
-
|
|
COMICOKA
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
-
|
X
|
X
|
Union COOPEC Jyambere
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
Union COOPEC Ejoheza
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
Union CLECAM Wisigara
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
X
|
Total
|
7
|
6
|
7
|
4
|
5
|
6
|
3
|
4
|
5
|
Source: notre enquête
juillet Août 2008
Lorsqu'on fait l'analyse de ce tableau à travers les
difficultés rencontrées par les IMF lors de l'introduction de
leurs dossiers de refinancement (échantillon de 7 IMF), deux constats se
dégagent: les difficultés observables dans toutes les IMF et les
difficultés observables uniquement dans les IMF à statut
coopératif.
- Difficultés liés à
l'accès au refinancement observables presque à toutes les
IMF: Il s'agit d`exigences au niveau de la constitution de garanties,
de la longue durée de traitement de dossiers et de réalisation du
refinancement, du taux d'intérêt élevé, du SIG
encore peu fiable, de la qualité du portefeuille et du faible
professionnalisme des IMF
*Constitution des garanties: Toutes les IMF
interrogées ont eu des difficultés pour constituer des garanties.
Malgré la disponibilité du fonds de garantie agricole de la
Banque centrale qui couvre 50% du prêt et le fonds de garantie BRD/PME,
les IMF ne sont pas éligibles. Elles sont encore jeunes avec une faible
capitalisation de départ et n'ont pas des immobilisations comme les
maisons ou autres biens. Certains membres du conseil d'administration sont
obligés d'hypothéquer leurs maisons pour le compte de l'IMF et
dans la plupart des cas, ces patrimoines ne remplissent pas les conditions
exigées telles que les actes de propriété ou titres de
propriété des maisons. Ce processus occasionne des frais
énormes qui gonflent le coût réel du crédit. Une
autre conséquence issue de l'apport de garantie pour les clients de
FOREDEM est qu'après avoir bénéficié du
refinancement, l'institution devient la propriété privée
du groupe qui a donné son patrimoine en guise d'hypothèque. Suite
à ce vice rendu, la gabegie, la mauvaise gestion et gouvernance
apparaissent et génèrent des conflits qui bloquent le
développement de l'institution freinant ainsi le développement de
l'institution.
*Durée très longue de traitement du dossier
et de réalisation du refinancement: cette préoccupation
apparaît chez toutes les IMF interrogées qui sont certes
conscientes de leur responsabilité mais qui accusent la lenteur du
FOREDEM dans le traitement des dossiers. Pour les IMF, leur
responsabilité se situe au niveau de la non disponibilité des
informations nécessaires à l'analyse de leurs dossiers, à
la recherche des signatures auprès des autorités pour certains
documents et à l'incapacité de leurs agents à comprendre
et à fournir les documents demandés par FOREDEM. Elles ont
reproché à FOREDEM les retards pour réagir aux demandes et
aux informations fournies par les clients. Les agents de la BRD reconnaissent
ces retards et remettent en cause les étapes et procédures
à franchir pour arriver à la dernière décision. Le
schéma suivant explique les étapes à parcourir pour
arriver au refinancement effectif.
Graphique N°3: Schéma de
présentation du processus d'analyse des dossiers de refinancement
Conseil d'administration
7
6
5
Direction Générale
BRD
1
CGRC
IMF clientes
2
8
4
CI
3
Direction FOREDEM
: Relations de transmission du
dossier
: Relations de transmission des
dossiers et d'échange d'informations.
Etape 1: Introduction du dossier au niveau de
la banque (BRD).
Etape 2: Affectation du dossier à la
direction de FOREDEM qui va se charger des analyses nécessaires. A ce
stade, la demande peut être rejetée si les conditions
d'éligibilité ne sont pas remplies. A ce stade
s'établissent des échanges entre les analystes de FOREDEM et le
client. Ici, les capacités institutionnelles des IMF influencent la
rapidité des analyses selon qu'il y ait des informations ou documents
demandés par les analystes.
Etape 3: Soumission du dossier au
comité inter départemental pour l'analyse critique. A ce
niveau, il y a l'échange d'explication et d'information entre le CI et
FOREDEM mais aussi entre FOREDEM et le client.
Etape 4: Soumission du dossier au
comité de gestion du risque de crédit (CGRC) pour
proposition de décision. Le directeur du FOREDEM et l'analyste
défendent les dossiers devant les autres membres du comité
(CGRC).
Etape 5: Renvoi du dossier au niveau de la
direction générale pour la prise de décision concernant
les demandes de financement d'une valeur inférieure à 250
millions de Francs Rwandais. La direction générale peut
décider d'accepter ou non l'octroi du crédit. Lorsqu'elle accepte
le crédit, les étapes 6 et 7 peuvent donc être
sautées, le dossier passe alors à l'étape 8 qui est
l'envoi de la lettre de notification ou de rejet.
Etape 6: Transmission des dossiers de demande
d'un montant de plus 250 millions de Frw au conseil d'administration par la
direction générale de la BRD pour la prise de décision.
Etape 7: Renvoi du dossier par le Conseil
d'Administration après décision d'approbation ou de rejet
à la direction générale.
Etape 8: Envoi de la lettre de notification
du refinancement ou une lettre de rejet de demande par la direction
générale de la BRD.
Ces étapes paraissent très longues pour les IMF
qui ont des besoins pressant de liquidités.
Rappelons que selon notre enquête, la durée
moyenne de traitement du dossier de refinancement et la prise de
décision est de deux mois et deux semaines et après notification
du refinancement, il y a encore un mois pour remplir les conditions de
signature du contrat et la constitution des garanties demandées.
*Taux d'intérêt élevé: 6
IMF sur 7 interrogées affirment que le taux d'intérêt du
refinancement est élevé lorsqu'il faut considérer tous les
frais occasionnés par le dossier. FOREDEM a un taux
d'intérêt nominal de refinancement se situant entre 8 à 12%
l'an. Quand on considère les frais de service (0,75%) plus la TVA (18%),
les différents frais de constitution de garanties et de suivi du
dossier, le coût réel du refinancement ou le taux
d'intérêt effectif de refinancement de l'IMF dépasse 12%.
Ceci devient grave lorsque FOREDEM exige le taux d'intérêt
à appliquer sur les projets bénéficiaires du refinancement
dans les IMF; les IMF ne doivent pas dépasser le taux de 16% l'an. En
effet la grande partie de ces IMF sont encore jeunes et n'ont pas encore
atteint un niveau d'autonomie opérationnelle et financière
satisfaisant, leur permettant de diminuer leur taux d'intérêt en
dessous du taux débiteur des banques commerciales qui varie entre 16 et
18%. Il convient de souligner que le taux interbancaire au Rwanda oscille
entre 6,75 et 9,25% et que le taux de refinancement au niveau de la banque
centrale est égal au taux interbancaire plus 2%.
*Qualité du portefeuille: 6 IMF sur 7 clientes
interrogées ont eu des difficultés pour maintenir le taux de
remboursement à plus de 10%. Ce critère est très important
et encourage les IMF à maîtriser leurs portefeuilles. Nous pensons
que ce critère est raisonnable en référence au taux de
retard acceptable universellement qui est de 5%. Ici FOREDEM a
été large mais les besoins en formation sont identifiables au
niveau de la maîtrise du portefeuille dans toutes les IMF
* Système d'information de gestion (SIG) peu
fiable: Sur 7 IMF clientes interrogées, 3 ont un système
d'information informatisé et les informations comptables ou statistiques
demandées par FOREDEM n'étaient pas difficiles à trouver.
Il faut encore rappeler que pour l'ensemble des 14 IMF enquêtées
dans le cadre de cette étude, 3 seulement avaient un système
d'information informatisé. Ceci traduit la faiblesse du niveau
d'équipement, la faible maîtrise des nouvelles technologies
liées probablement au coût élevé de ce dispositif
(SIG).
* Professionnalisme: le faible professionnalisme des
IMF englobe plusieurs aspects institutionnels liés au savoir, au savoir
faire et au savoir être dans l'institution. Cette faiblesse a
été relevée dans 5 IMF clientes sur 7 interrogées.
Ceci est dû au manque du personnel ayant une expertise et une
connaissance dans les activités bancaires, au manque de formation du
personnel sur les bonnes pratiques de la microfinance et à la
mobilité du personnel formé par les IMF vers le secteur
bancaire.
- Difficultés observables uniquement aux IMF de
statut coopératif: il s'agit de la mauvaise gouvernance, de la
mauvaise gestion et des fonds propres insuffisants.
* Mauvaise gouvernance et mauvaise gestion: le
secteur de la microfinance souffre actuellement de la mauvaise gouvernance
accompagnée d'une mauvaise gestion. Cette situation est observable au
niveau de 4 IMF clientes sur 7 interrogées pour la mauvaise gouvernance
et 3 IMF sur 7 pour la mauvaise gestion toutes des COOPEC dans les deux cas. En
général, elle se manifeste à travers l'absence de
transparence (gonflement des actifs, dissimulation des pertes, provisionnement
insuffisants etc.), l'appropriation de la COOPEC par un groupe
d'administrateurs appuyé par le directeur ou par un groupe de
techniciens. Cette observation fait appel au besoin d'accompagnement technique
et de renforcement des capacités spécifiques des COOPEC et
constitue un risque important pour la banque.
*Fonds propres insuffisants: sur 7 IMF clientes
interrogées, 4 ont eu des difficultés à réunir des
fonds propres suffisants. Cette situation est très accentuée au
niveau des COOPEC et est due à la pauvreté de leurs membres et
à leur statut coopératif. La plupart des COOPEC sont des
initiatives locales et les membres sont des personnes à faibles revenus.
Ils ne viennent pas pour investir mais accéder aux services financiers.
Des contraintes juridiques peuvent également être
soulignées: premièrement au niveau de l'interdiction des
associations, coopératives ou groupements à devenir membres des
COOPEC alors que dans certains milieux ce sont eux qui détiennent de
gros moyens. Deuxièmement, la loi régissant les
coopératives interdit la détention de plusieurs actions par un
seul membre. Cette loi agit sur les fonds propres à trois niveaux:
d'abord, tous les membres sont obligés de posséder une part pour
tout le monde, ensuite, la coopérative est obligée de maintenir
la valeur de la part sociale au niveau acceptable par tous les membres et enfin
les investisseurs étrangers (fonds spécialisés
d'investissement dans la microfinance sont bloqués d'entrée pour
prendre des participations) à durée déterminée avec
l'assistance technique en gestion.
En somme, ces difficultés sont seulement l'expression
des IMF interrogées qui ont pu introduire leurs dossiers de demande de
refinancement au sein du FOREDEM. Nous avons constaté que l'ensemble de
ces difficultés est en majorité lié aux insuffisances des
capacités institutionnelles des IMF clientes potentielles du FOREDEM
et à la politique de refinancement du FOREDEM/BRD.
3.2.4. Synthèse de
l'analyse des capacités institutionnelles des IMF et vérification
de l'hypothèse N°2.
L'analyse des capacités institutionnelles et techniques
des IMF, à travers le niveau d'expérience des IMF dans la
microfinance, le niveau de capitalisation dans les IMF, le niveau de
développement du SIG et les principaux problèmes actuels des IMF
Rwandaises, montre l'existence des difficultés pour remplir les
conditions imposées par les banques en général et le
FOREDEM/ BRD en particulier. En analysant les difficultés
rencontrées par les IMF clientes de FOREDEM, nous avons remarqué
que presque toutes n'ont pas des moyens pour constituer des garanties
réelles. De plus, elles n'ont pas les capacités de
maîtriser leur portefeuille et d'assurer un système d'information
de gestion performante. Spécifiquement dans les COOPEC, on y trouve des
problèmes de mauvaise gouvernance et de mauvaise gestion qui diminuent
la confiance du FOREDEM/BRD envers ces institutions. Le problème de
professionnalisme encore faible dans les IMF Rwandaise constitue un frein
important vers l'accès au refinancement de nature commerciale. Tous ces
constats permettent de déduire que l'hypothèse n°2
selon laquelle l'insuffisance des capacités institutionnelles des IMF
est à l'origine du non accès au FOREDEM est
confirmée.
3.3. Analyse des besoins des IMF
et des moyens disponibles auprès de FOREDEM
Dans cette section, il sera question d'identifier les besoins
importants des IMF dans leur collaboration avec les banques dans l'objectif
d'atteindre un grand nombre des pauvres. Il sera également question
d'évaluer les moyens ou ressources disponibles pour faire face aux
besoins des IMF A la fin, une synthèse sera faite pour vérifier
l'hypothèse trois.
3.3.1. Analyse des besoins des
IMF
Nous procéderons ici à une présentation
des résultats de l'enquête réalisée auprès de
14 IMF Seront pris en compte les points relatifs à leurs besoins
structurels (structure organisationnelle, existence et l'adéquation des
procédures, niveau de développement du SIG) et
opérationnels (développement stratégique, ressources
humaines, ressources matérielles et ressources financières).
3.3.1.1. Besoins structurels
Les résultats de l'analyse montrent que beaucoup IMF au
Rwanda souffrent d'insuffisances structurelles liées à l'histoire
du secteur de la microfinance et au contexte actuel. Selon notre enquête,
sur 14 IMF interrogées 13 ont au moins deux insuffisances liées
aux problèmes structurels tels que l'inexistence ou inadéquation
des manuels de politiques et procédures, la faiblesse du système
d'information de gestion, les problèmes d'organisations et la non
maîtrise du portefeuille de crédit. Pour l'inexistence ou
l'inadéquation des manuels de politiques et procédures, le
problème remonte dès la création de ces IMF Leur processus
de transformation vers les formes juridiques reconnues par les instructions en
vigueur n'a pas été bien conduit. Avec la réglementation
du secteur, les projets et les ONG à volet microfinance se sont
transformés en IMF (comme société anonyme, COOPEC ou
SARL). Parmi les exigences pour l'octroi d'agrément, il y a la
présentation de manuels de politiques et procédures de
l'institution. Or les coûts de production de ces documents sont chers.
Beaucoup IMF produisent donc des documents ne remplissant pas toutes les
conditions méthodologiques, juste à des fins d'obtention de
l'agrément rendant difficile son appropriation par les utilisateurs.
Conséquemment, la mauvaise gestion poursuit et diminue la confiance du
banquier d'une part et des clients d'autre part; ce qui freine le
développement de ces institutions.
En ce qui concerne le système d'information,
l'enquête montre que 3 IMF sur 14 interrogées soit 21,4% ont un
SIG informatisé. Selon RMF (2007) également, dans son
enquête réalisée au Rwanda, 76,9% des IMF au Rwanda n'ont
pas un système d'information de gestion informatisé11(*). De nos investigations
auprès de la Banque Centrale (BNR), la plupart des IMF a un
problème de rapportage et de respect des normes prudentielles. Les
responsables IMF affirment ne pas disposer d'outils nécessaires à
la prise de décision.
Pour ce qui est de la qualité du portefeuille, sur 14
IMF interrogées, 13 ont un problème de retards de remboursement.
Le taux de remboursement des IMF reste en dessous des normes acceptables au
niveau international soit 95%. Les IMF sont alors tenues de constituer des
provisions importantes, ce qui mine la rentabilité financière de
ces institutions. Il ressort que les capacités de suivi des clients par
les agents de crédits des IMF restent encore loin des normes en ce qui
concerne l'analyse des dossiers et le suivi des projets en cours. A ce facteur
s'ajoute également la lourdeur des procédures juridiques qui ne
permettent pas au créancier de réaliser les biens nantis en cas
de non remboursement.
Pour les problèmes d'organisation, quatre COOPEC ont
souligné avec force le manque d'accompagnement dans leur processus de
mise en réseau.
Des différents problèmes dégagés,
beaucoup IMF interrogées ont jugé nécessaire la mise en
place d'un programme d'accompagnement afin d'accroître leur niveau de
professionnalisme. «Elles n'auront pas accès aux ressources du
marché tant qu'il y aura encore des problèmes de non
maîtrise du portefeuille, de mauvaise gestion ou gouvernance et de
l'absence d'information fiable » a déclaré un responsable
d'une grande IMF. Ces insuffisances structurelles sont suivies d'insuffisances
opérationnelles et liées aussi aux choix stratégiques
adoptés.
3.3.1.2. Besoins
opérationnels
Dans la réalisation de leur mission, les IMF Rwandaises
souffrent d`insuffisances opérationnelles liées au
développement stratégique et à la rareté des
ressources. D'après nos investigations auprès des IMF, les axes
stratégiques d'intervention de ces institutions ne sont pas bien
définis pour atteindre leur groupe cible. La conséquence de cette
insuffisance est liée à un problème de ressources dans les
institutions de microfinance.
* Ressources humaines: selon notre enquête, sur
14 IMF interrogées 12 ont des problèmes liés aux
ressources humaines. D'abord le niveau de formation du personnel (A2 ou bac).
Ensuite le manque d'expérience du personnel dans le domaine de la
microfinance. Aussi la faible rémunération du personnel dans les
IMF créée t-elle des départs incessants de ces derniers
vers les banques. Ce qui fait que les IMF souffrent de la grande
mobilité de leur personnel. Les IMF n'ont pas de budget pour former
constamment leur personnel, et la mobilité du personnel formé
décourage beaucoup de responsables IMF Et enfin, le budget restreint de
ces structures les contraints à utiliser un effectif réduit du
personnel et par conséquent insuffisant pour conduire leurs
activités.
* Ressources matérielles et technologiques:
Lors de la création et/ou de la transformation institutionnelle des IMF,
l'aspect matériel et technologique n'a pas bénéficier
assez d'attention pour faciliter l'acquisition et/ ou le transfert de
technologie. Les difficultés résident au niveau du coût
élevé des équipements et des logiciels de microfinance.
* Ressources financières: dans toutes les IMF
interrogées, subsistent des problèmes de non satisfaction des
besoins de financement des clients, d'insuffisance de leurs ressources
financières liée à plusieurs facteurs: des apports propres
de base insuffisants, un faible niveau d'épargne, la nature des clients
(les ruraux), un cadre juridique (surtout pour les COOPEC où la loi
régissant les coopératives au Rwanda obligent la détention
des parts sociales égales pour tous les membres), une méfiance
des banques classiques vis-à-vis des IMF, un manque de garanties etc.
Selon notre enquête, toutes les IMF ont besoins de refinancements
à long et moyen terme. Selon nos investigations, la stratégie de
refinancement des IMF par FOREDEM ne favorise pas le développement
stratégique de leurs relations avec FOREDEM/BRD. Les relations se
limitent au simple suivi du prêt, ce qui n'arrange pas les IMF surtout
dans la logique de servir de relais de la BRD aux entrepreneurs de faible
revenu. Elles souhaitent bénéficier de la confiance de la BRD de
telle sorte qu'en cas de besoin de fonds, le refinancement devienne
automatique.
3.3.2. Analyse des moyens de
FOREDEM
Cette analyse consistera à l'identification de la
nature des moyens dont dispose la BRD et le FOREDEM à travers la
discussion des informations du bilan de la BRD et du bilan de FOREDEM. Une
appréciation des différents intervenants sera
présentée dans cette sous section.
3.3.2.1. Analyse du bilan de la
BRD
Tableau 15: Bilan de la BRD au 31
décembre 2005 et 2006 en millions de FRW
Source: Rapport annuel de la BRD de
2006
La BRD mobilise des fonds sur le marché national et
international. Ces partenaires sont le gouvernement Rwandais, les institutions
bancaires locales, les instituions financières internationales (BAD,
FAD, RIF, BEI,...) les institutions non bancaires locales (CSR, ...) et les
Fonds de garantie internationaux (FAGACE, ....). A partir de 2008, le capital
social de la BRD a augmenté soit un montant de 7 milliards. Ce qui a
contribué à multiplier le montant du prêt à la
clientèle soit deux fois plus qu'en 2006; en 2005 le montant
était de 7 056 763 000 contre 15 579 817 000 FRW en 2006. Cette
augmentation dans l'octroi du prêt à la clientèle montre la
progression de la banque dans le financement de l'économie en
général et le financement des investissements en particulier. Par
rapport aux nouveaux crédits 2006 dans tout le secteur bancaire
Rwandais, la BRD contribue à 0,31% du crédit à court
terme, 5,77% au crédit à moyen terme et 34,26% du crédit
à long terme. Sans prendre en considération les nouveaux
crédits non productifs tels que ceux pour les travaux publics et
bâtiments, la BRD contribue à 57% des nouveaux crédits
à court terme. De ce fait, la BRD reste la seule banque du pays
spécialisée dans le financement à long terme, important
pour le développement économique du pays.
3.3.2.2. Analyse du niveau de
formation du personnel de la BRD
Tableau N°16: Niveau de
formation du personnel de FOREDEM
Source: Rapport annuel de la BRD
2006
Comme ce tableau le montre, la proportion des cadres
universitaires a connu une augmentation considérable passant de 65% en
2005 à 70% en 2006. Cela est surtout dû au fait que plusieurs
employés poursuivent leur formation universitaire en cours du soir.
Cette amélioration n'explique pas l'expertise de la BRD dans le secteur
de la microfinance.
3.3.2.3. Analyse du bilan de
FOREDEM
Tableau N°17: Bilan de
FOREDEM au 31 décembre 2005 et 2006 (en millions de FRW)
Source: Rapport annuel de la BRD
2006
Comme le tableau le montre, les ressources financières
du FOREDEM proviennent essentiellement de ce qu'on a désigné ici
comme emprunts. Il s'agit des fonds des projets négociés
auprès des ministères, des organismes nationaux et
internationaux. Cette rubrique en 2006 était constitué de fonds
provenant du fonds de la BRD, du fonds stabex de l'Union européenne, des
fonds du MINAGRI de la promotion des exportation et des intrants agricoles, du
MINECOFIN, du fonds ROPARWA et du fonds PADL de la CTB. En signant les contrats
avec ces partenaires, chaque fonds a son objet et ses conditionnalités.
Cette nature des ressources financières du FOREDEM montre les
difficultés que rencontre ce dernier pour mener librement
l'activité de refinancement des IMF et de contribuer efficacement au
développement du secteur de la microfinance. Sur 5 grandes lignes de
crédit au FOREDEM, deux ont la mission de refinancer les IMF avec le
total de 3 728 000 000. Selon les deux contrats relatifs à ce montant,
aucun budget de renforcement des capacités des IMF n'a été
prévu. Raison pour laquelle, les IMF clientes du FOREDEM n'ont pas pu
bénéficier directement des activités de renforcement des
capacités de la part du FOREDEM/BRD. Les trois autres grandes lignes
sont destinées à financer les activités des secteurs
jugés prioritaires par le gouvernement surtout la promotion de
l'agriculture (transformation, intrants agricoles etc.) et la promotion des
exportations. Rappelons que le portefeuille de prêt de FOREDEM porte un
montant total de 1938732013 FRW dont 675 147 743 FRW se trouvant chez les IMF
soit 35%. Les 65% restant se trouvent chez les coopératives agricoles
des producteurs. Les débiteurs sont au nombre de 52 organisations dont 6
IMF soit 14 % et 38 organisations des producteurs soit 86%.
Pour renforcer les activités de FOREDEM, le
gouvernement Rwandais a décidé de mettre à sa disposition
plus de 12 Milliards de FRW pour le refinancement et plus de 1 milliard
à la disposition de l'Association des institutions de Microfinance au
Rwanda (AMIR) pour le renforcement des capacités des IMF Ces choix
suivent les orientations se trouvant dans le document de politique et
stratégie de microfinance au Rwanda. Ce transfert du budget de
renforcement des capacités des IMF vers l'AMIR complique davantage les
activités de FOREDEM. Le refinancement devrait s'appuyer sur les
résultats de renforcement des capacités pour bâtir le
partenariat stratégique avec les IMF diagnostiquées et
renforcées. Pour continuer l'analyse, nous allons voir d'une
façon synthétique les ressources humaines de FOREDEM
3.3.2.4. Analyse du niveau de
formation du personnel de FOREDEM
FOREDEM emploie 8 personnes dont 5 de niveau licence, 1
bachelière et 2 au delà de licence. Beaucoup de formations en
analysant les projets ont été dispensées à
l'équipe des analystes et quelques formations de courte durée
dans le domaine de la microfinance ont été faites par deux
agents. Selon nos investigations auprès des agents de FOREDEM, un besoin
en formation sur les thèmes spécifiques de la microfinance se
fait sentir. Il s'agit de formation sur l'analyse financière des
états financiers des IMF, sur l'analyse des capacités
institutionnelles des IMF et sur le suivi des plans et budgets des IMF
(indicateurs de performance). Ils ont également souligné
l'effectif du personnel encore insuffisant et l'absence des spécialistes
en microfinance dans l'équipe.
3.3.3. Appréciation des
stratégies d'intervention de FOREDEM
Dans l'appréciation des stratégies
d'intervention de FOREDEM, nous allons voir la logique d'intervention de
FOREDEM, sa structure et son groupe cible ainsi que les effets positifs et
négatifs sur la pérennité de FOREDEM.
3.3.3.1. Logique d'intervention
de FOREDEM
De 2002 jusqu'à nos jours (2008), FOREDEM manque de
précision sur sa forme institutionnelle. L'idée au départ
était d'institutionnaliser FOREDEM après trois ans comme banque
spécialisée de refinancement. Une étude a
été faite mais n'a pas été concluante. Cette
situation a fait que son directeur signe tout le temps des contrats
d'engagement à durée déterminée. Ce qui diminue
l'importance du fonds et l'influence des agents dans la prise de
décision de la BRD. Ce genre de contrat peut influencer
négativement le rendement du FOREDEM et les initiatives à
entreprendre par le directeur et son équipe. Selon nos investigations,
le fonds connaît beaucoup de périodes de transaction liées
à la fin du contrat du directeur. Ceci met en difficulté le bon
fonctionnement du FOREDEM et laisse attendre aux agents du fonds qu'ils sont
dans la logique projet. Ce qui ne facilite pas l'implication effective du
personnel de ce fonds. Nous avons constaté à travers notre
enquête que les demandes de refinancement des IMF sont traitées de
la même manière que les coopératives agricoles. Les IMF
sont des intermédiaires financiers comme les autres banques. Le
partenariat stratégique basé sur la complémentarité
entre la banque et l'IMF devait guider la logique d'interventions de FOREDEM
vers les IMF La considération d'une demande de refinancement comme un
simple projet de demande de financement d'une coopérative de production
agricole minimise l'impact des collaborations à entreprendre avec le
FOREDEM/BRD.
3.3.3.2. Structure et groupe
cible de FOREDEM
Dans chaque organisation, la prise de décision suit la
structure ou l'organigramme adapté à sa mission et à son
groupe cible. Malgré les spécificités de son groupe cible
et sa mission de refinancement, la prise de décision dans FOREDEM suit
le processus normal de prise de décision de la BRD et les
appréciations des gens qui ne comprennent pas la logique du FOREDEM. La
décision sur la structure du FOREDEM reste encore une question
importante, et n'est pas séparable de la logique d'intervention.
L'option de garder FOREDEM comme unité ou direction de la BRD a des
avantages et des inconvénients. Dans cette option, le risque majeur est
de ne pas différencier les spécificités et les conditions
de réussite des interventions de FOREDEM, des interventions habituelles
de la BRD. D'après notre enquête, les agents de FOREDEM ne
comprennent pas comment une banque peut entrer dans les activités de
renforcement des capacités. Beaucoup d'entre eux sont sceptiques quant
à l'accroissement de la performance du groupe cible. Ce doute nous a
poussé à comprendre les grandes difficultés des IMF et des
organisations de producteurs agricoles à accéder aux services de
FOREDEM. Selon nos investigations, même la logistique pour effectuer les
activités de suivi n'est pas facile à trouver pour les agents de
FOREDEM. Dans la pratique, les activités habituelles de la banque sont
prioritaires par rapport à celles du FOREDEM.
3.3.4. Synthèse des
analyses des besoins des IMF, moyens de FOREDEM et vérification de
l'hypothèse n°3
L'appréciation des moyens de FOREDEM à
travers le bilan et les budgets des lignes de crédits des
différents bailleurs de fonds montre les difficultés
institutionnelles au niveau du FOREDEM. L'absence du budget destiné
au renforcement des capacités des IMF, l'absence du capital
pour le refinancement et la logique projet qui règne dans le
fonctionnement du FOREDEM sont de grandes faiblesses dans la réalisation
de la mission du FOREDEM. Partant de ces trois indicateurs à savoir, le
budget destiné au renforcement des capacités, l'absence du
capital pour le refinancement et la logique projet, nous concluons
donc, que l'hypothèse n°3 selon laquelle les moyens humains et
financiers dont dispose le FOREDEM sont à l'origine du faible
accompagnement technique des IMF est confirmée.
Le processus d'analyse montre que toutes les hypothèses
sont vérifiées. Il est établi que les modalités de
refinancement du FOREDEM et les insuffisances des capacités
institutionnelles des IMF sont à l'origine du faible accès des
IMF au refinancement. Il est également établi que la nature des
moyens humains et financiers dont dispose FOREDEM ne permettent pas la
réalisation d'activités de renforcement des capacités des
IMF
3.3.5. Limites ou contraintes au refinancement
identifiées
Cette sous section de présentation des limites
évoquées par les acteurs de microfinance touchées par
l'étude, se focalisera d'abord sur des contraintes rencontrées
par la banque, ensuite par les IMF, des contraintes réglementaires
soulevées par les différents intervenants et celles liées
à l'objet ou à la nature des ressources disponibles au
FOREDEM/BRD.
3.3.5.1. Limites au refinancement du point de vue de la
banque
Au niveau de la banque, plusieurs limites ou contraintes ont
été identifiées. Elles concernent essentiellement, le
manque de transparence financière, la faible structure financière
et l'insuffisance observée dans la gestion.
1. Manque de transparence financière: cette limite est
observée au niveau des informations (souvent incorrectes) fournies sur
le niveau des fonds propres, sur la qualité du portefeuille et sur
l'engagement des dépenses. Cette situation conduit à des risques
très importants de fraude, de qualité du management, de mauvaise
gouvernance etc. susceptibles d'influer sur les procédures d'analyse et
de prise de décision par rapport au dossier de demande de financement.
Pour la banque, les informations concernant le professionnalisme de IMF et de
sa direction sont difficiles à obtenir et très coûteuses,
ce qui conduit la banque à persévérer dans l'étude
de leurs dossiers. Les indices de camouflage des retards de remboursement et de
fraudes sont aussi des facteurs de découragement pour la banque dans le
financement des institutions.
2. Faible structure financière: la plupart des IMF au
Rwanda ont une structure financière caractérisée par le
faible montant du capital social. Selon notre enquête, 15% seulement des
ressources proviennent du capital social. Ceci diminue non seulement la
capacité d'endettement de l'IMF à travers l'insuffisance des
garanties expliquée par l'absence de dépôt de garantie et
des immobilisations corporelles. La faible capitalisation de départ dans
les IMF est due à la catégorie des membres, à la
rentabilité incertaine des IMF et aux statuts de certaines formes
juridiques qui limitent les investisseurs privés. Dans les conditions
générales, le ratio d'indépendance financière
devrait être supérieur ou égal à 20% soit capitaux
propres corrigés/Total du passif = à 20%.
3. Capacité de gestion insuffisante: les institutions
de microfinance au Rwanda font face à des problèmes de
compétences nécessaires pour leur développement. Ces
problèmes sont visibles non seulement chez les techniciens mais aussi
chez les administrateurs dirigeants. La faible capacité technique des
ressources humaines, l'absence d'équipements - outils de gestion et le
coût élevé de la technologie expliquent la mauvaise gestion
et la mauvaise gouvernance dans les IMF. La pérennité d'IMF est
la combinaison de la pérennité financière et de
l'adaptation aux cadres juridiques existants. Mais, la pérennité
demande également une vision stratégique claire et une
organisation performante. La plupart des IMF Rwandaises, souffrent
d'insuffisances remarquables au niveau de l'appropriation des orientations
stratégiques, des outils et procédures de gestion, et de la
gestion du portefeuille. Aussi est-il nécessaire de relever les
insuffisances liées à la gestion des risques liés au
défaut de paiement.
3.3.5.2. Limites au refinancement du point de vue des IMF
Au niveau des IMF, on constate plusieurs limites
groupées dans trois principaux éléments à savoir:
des conditions de refinancement rigoureuses, des documents difficiles à
fournir, des dépôts bancaires (avoirs en banque) et garanties
obligatoires trop élevés.
1. Conditions de refinancement rigoureuses:
dans notre analyse nous avons d'abord constaté le
problème de délai très long de traitement de demande,
ensuite le problème de garantie et enfin, le problème lié
à l'exigence sur l'affectation et la facturation des fonds de
refinancement.
Les IMF sont à l'origine du délai long de
traitement de demande, lorsqu'elles n'arrivent pas à fournir les
documents et informations nécessaires. FOREDEM/BRD également a
une part de responsabilité liée au personnel qui analyse ces
dossiers et au processus de prise de décision qui comporte trop
d'étapes. Les analystes ont des difficultés d'évaluer les
dossiers des IMF et coopératives qui ne remplissent pas les mêmes
conditions que les gros projets des grands clients. Ceci est dû aux
exigences des différents organes de décision qui n'ont pas une
vision claire du FOREDEM.
Par rapport à la question de garantie, FOREDEM exige
des garanties réelles à ses clients de plus de 100% du montant de
refinancement, disent les responsables des IMF enquêtées.
Malheureusement, elles n'ont pas accès à des fonds de garantie
disponibles et sont donc obligées d'hypothéquer le patrimoine de
certains membres ou salariées de l'institution. Comme
conséquence, ce groupe peut facilement s'approprier la
coopérative. Par rapport à l'exigence de l'affection et de la
facturation des fonds de refinancement, il a été
démontré par les IMF que le financement de l'agriculture exige
une bonne connaissance du secteur agricole conduisant à la
diversification du risque par le financement des projets agricoles mais aussi
des projets de petit commerce et d'artisanat. Il faut comprendre que les IMF
sont des intermédiaires financières mais de proximité qui
ont besoin de viabilité financière, condition sine qua non pour
la pérennité et la réalisation de leur mission. Le taux
d'intérêt nominal de refinancement du FOREDEM se situe entre 8
à 12 % l'an. En considérant tous les frais engagés pour
l'obtention du refinancement, le taux moyen sera compris entre 12 et 14 %. Une
marge de 4 % n'est pas raisonnable par rapport à la couverture des
charges générales d'exploitation et à la couverture du
risque de défaut de paiement.
2. Les documents difficiles à fournir:
dans la plupart du temps, il s'agit des états financiers de trois ans
certifiés par des auditeurs ou commissaires agréés. Ces
services sont chers par rapport aux revenus de ces IMF et à l'absence
des organisations d'appui.
3. Dépôts bancaires et garanties
obligatoires trop élevé: le nantissement des avoirs en
banque de plus 20% du montant accordé est une contrainte majeure pour
les IMF ayant des difficultés de mobilisation de ressources et de
dépassement de ratio de transformation de l'épargne. Signalons
que ce fonds doit être placé dans une banque commerciale à
un taux d'intérêt maximum de 6% l'an contre le taux de plus de 12
% l'an à payer par l'IMF au FOREDEM/BRD. Les garanties
matérielles obligatoires exigées par FOREDEM/BRD, sont sous
évaluées du fait de sa situation géographique et du manque
d'expertise nécessaires pour réévaluer ces
immobilisations.
3.3.5.3. Limites réglementaires et juridiques
Les limites réglementaires sont centrées sur les
exigences des normes prudentielles aux banques par l'autorité de
supervision et les statuts juridiques régissant certaines formes
juridiques d'IMF. Tandis que les limites juridiques sont centrées sur le
fonctionnement du cadre judiciaire pour la réalisation des garanties et
le recouvrement forcé. Au niveau des banques, il s'agit de certains
ratios prudentiels tel que le ratio de structure du portefeuille qui doit
être supérieur ou égal à 60 %.
Ratio de structure du portefeuille = crédits
bénéficiant des accords de classement/total des crédits
bruts.
Accord de classement = évaluation de la qualité
financière de l'emprunteur.
Pour les statuts juridiques de certaines formes IMF, il s'agit
des statuts juridiques des COOPEC qui ne permettent pas la consolidation des
fonds propres par les participations des membres selon leur capacité
financière. Ces statuts ne permettent pas également
l'entrée des investisseurs privés dans le capital d'une COOPEC.
Conséquemment, il y a la faible capitalisation dans les COOPEC.
Pour les limites liées au cadre juridique
inadéquat, les IMF ont des difficultés à poursuivre leurs
clients dans les juridictions pour non respect des normes et procédures
dans l'exercice de l'activité de microfinance. Pour cela, les dossiers
en contentieux ne subissent pas la pression de la loi et la réalisation
des garanties devient impossible. Ceci conduit de jour en jour à une
augmentation du portefeuille non performant.
3.3.5.4. Limites au refinancement liées à
l'objet et à la nature des ressources disponibles
Lors de notre recherche, nous avons constaté qu'il n'y
avait aucun budget orienté vers le renforcement des capacités des
IMF Le montant également disponible pour le refinancement était
caractérisé par les conditionnalités des bailleurs de
fonds en terme d'affectation et de facturation. L'équipe du FOREDEM n'a
pas de capacités suffisantes pour suivre et accompagner une institution
de microfinance vers un développement institutionnel.
En définitive, les limites ou contraintes au
refinancement des IMF au Rwanda se trouvent d'abord, au niveau de la structure
de refinancement (FOREDEM), ensuite au niveau des IMF et coopératives de
producteurs et enfin au niveau du cadre réglementaire et juridique des
IMF et banque. Pour améliorer l'accès au refinancement des IMF,
il serait plus judicieux de remédier, à ce fait. Les approches de
solutions et les recommandations pratiques seront donc abordées dans le
point 3.4 suivant.
3.4.
Approches des solutions
Ces approches de solutions seront organisées autour de
trois acteurs, en référence aux différentes limités
identifiées et liées au refinancement. Ces acteurs sont:
- la BRD/FOREDEM;
- Les IMF et les coopératives agricoles;
- Les autres acteurs (gouvernement, organes de supervision et
l'association des institutions de microfinance au Rwanda).
3.4.1. Approches des solutions liées au fonctionnement
et aux conditions de la BRD/FOREDEM
Au niveau de la BRD/FOREDEM, un ensemble d'actions est
nécessaire pour améliorer le fonctionnement du FOREDEM. Elles
sont de quatre formes et prendront en compte une étude sur la
réorientation du FOREDEM, la redynamisation du service de renforcement
des capacités, l'allégement des conditions de refinancement et le
modèle intégré d'interventions du FOREDEM et de la BRD
dans les secteurs prioritaires du gouvernement. Ces actions pourront être
menées à court terme, à moyen et long terme.
3.4.1.1. Actions à court
terme
3.4.1.1.1. Etude de révision des
stratégies et politiques de refinancement du FOREDEM
Au départ, l'intention était qu'après
trois ans FOREDEM soit transformé en une banque de microfinance
autonome, qui pourrait offrir d'autres services aux IMF et aux
coopératives.
Il est impérieux de recommander à FOREDEM
d'avoir une orientation claire et stratégique pour qu'il ne continue pas
à oeuvrer dans une logique de projet après six ans d'existence.
Pour y arriver, une étude sera menée avec une méthodologie
intégrant tous les acteurs de la microfinance. Il serait aussi utile
d'organiser, dans les plus brefs délais, des ateliers de
réorientation du FOREDEM. Ces ateliers seront organisés d'abord
au niveau de la BRD à l'adresse du personnel, ensuite au profil de la
direction générale et du conseil d'administration et enfin pour
l'ensemble des acteurs de la BRD et de leurs partenaires (clients, bailleurs de
fonds, AMIR et les différents intervenants actifs du secteur).
Les résultats attendus de cette étude sont les
suivants:
1. décision sur l'essor du FOREDEM après six ans
de fonctionnement dans la logique projet. Cette étude fera ressortir les
éléments justifiants la transformation du FOREDEM en une banque
spécialisée de micro finance, en un département
intégré de la BRD ou un fonds autonome.
2. stratégies et politiques appropriées selon la
décision prise de réorientation du FOREDEM;
3. accroissement du niveau d'appropriation des
stratégies et politiques du FOREDEM par tous les organes et agents de la
BRD;
4. plan d'affaires montrant la viabilité
financière et la pérennité du FOREDEM selon le plan de
redressement;
5. outils et procédures d'évaluation des
dossiers spécifiques au secteur de la micro finance.
3.4.1.1.2.
Allégement des conditions de refinancement de FOREDEM
- Conditions d'affectation des fonds de
refinancement
Jusqu'en 2008, FOREDEM pouvait seulement refinancer les IMF
octroyant du crédit pour les activités agricoles. Nous
suggérons au FOREDEM de refinancer les IMF offrant des crédits
aux petits entrepreneurs actifs des autres secteurs de l'économie
rwandaise. Ainsi l'exigence de l'affectation des fonds de refinancement
jusqu'au minimum de 80% dans le secteur agricole doit être
supprimée. Cette décision aura comme impact, le
développement du secteur de microfinance en général et
l'augmentation d`IMF recourant au refinancement du FOREDEM en particulier.
Cependant, le financement des activités agricoles et rurales continuera
à être une stratégie prioritaire pour la BRD.
- Conditions de facturation des fonds de
refinancement
Au vu des conséquences, entre autre de
viabilité, causées par l'exigence du taux d'intérêt
de 18% par an imposé aux IMF bénéficiaires de
refinancement de FOREDEM, nous proposons la suppression de cette exigence et
laisser le marché réguler son taux. Dans ces conditions, ce taux
d'intérêt sera régulé automatiquement par la
concurrence à travers les performances sociales et financières de
ces IMF Elles devraient réduire les charges d'exploitation pour
atteindre l'autonomie financière soutenue à travers la
maîtrise des impayés et d'autres charges d'exploitation.
- Constitution de garantie
A ce sujet, nous proposons d'ajouter les IMF sur la liste des
PME bénéficiaires du fonds de garantie BRD/PME et de supprimer
l'exigence de dépôts de garantie de 12,5% de la valeur du
refinancement. Le refinancement de l'IMF devrait se baser sur son niveau de
professionnalisme, sur la qualité du portefeuille et sur le niveau de
dépôts des clients.
- Traitement des dossiers de demande de
refinancement
Il faudrait diminuer le temps de traitement des dossiers de
demande de refinancement qui dépasse dans beaucoup de cas deux mois.
3.4.1.1.3. Redynamisation du service de renforcement
des capacités de FOREDEM
Les faiblesses observées au niveau des IMF clientes de
FOREDEM nécessitent une préparation continue des IMF pour une
bonne gouvernance et sur la gestion de l'institution.
Pour cela, au refinancement du FOREDEM devrait
précéder un diagnostic rapide permettant d'élaborer un
plan de renforcement et de refinancement de l'IMF. C'est sur la base de ce plan
qu'un contrat de partenariat à long terme devrait être
préparé. Le refinancement par la simple logique de projet (plan
d'affaires) doit être changé en une logique de partenariat
à long terme. Les IMF doivent être vues comme des
intermédiaires du FOREDEM pour accéder à la masse des
petits et moyens entrepreneurs de l'économie. C'est une relation
soutenue sous la forme de «grossiste - détaillants». Ce
partenariat stratégique consisterait à renforcer les performances
et les capacités de négociation des IMF et faciliter une
collaboration soutenue entre les IMF et les banques en général et
avec la BRD en particulier. Un partenariat spécifique entre FOREDEM et
l'AMIR en tant qu'association des institutions de microfinance
désignée par la politique et stratégie nationale de
microfinance comme responsable des services de renforcement des
capacités des IMF au Rwanda.
Pour envisager cette stratégie de partenariat
stratégique, plusieurs actions doivent être entreprises. Il s'agit
de:
- initier des séances de formation et conseils sur le
renforcement de la gouvernance et sur le système d'information de
gestion des IMF clientes;
- organiser des cérémonies autour des premiers
déblocages ou décaissements du refinancement devant
l'assemblée générale des membres et les autorités
locales afin de conscientiser tous les membres sur l'engagement que constitue
la caution solidaire.
3.4.1.2. Actions à moyen et long terme
3.4.1.2.1. Modèle intégré des
interventions de FOREDEM et de la BRD dans les secteurs prioritaires
Compte tenu de l'importance du problème d'orientation
stratégique du FOREDEM en ce qui concerne son essor après 6 ans
de fonctionnement dans la logique projet, nous nous sommes limités
à des solutions capables de s'adapter à toute décision de
réorientation qui peut être prise. En effet, les interventions de
FOREDEM devraient entrer dans un processus de développement de la
microfinance. Quelle que soit la décision de faire du FOREDEM un
département intégré dans la BRD ou de transformer FOREDEM
en une banque de microfinance autonome, pour expliciter davantage notre
idée, nous proposons un modèle intégré des
interventions du FOREDEM et de la BRD.
BRD
Graphique 3: Représentation du modèle
intégré des interventions de FOREDEM et de la BRD
L
FOREDEM
F
Rf
Centre d'interêt
P
Grands investisseurs dans les secteurs prioritaires
IMF ou coopérative
C
D
Pp
Producteurs agricoles et / ou fournisseurs de matières
premières
Ia
Source: Modèle
intégré conçu par nous même
P = F +L+ Rf + C (D+Ia+Pp) où:
P = Performance économique de chaque
acteur
F = Financement des grands investisseurs
(industrie de transformation ou autre grand projet)
L=Liaison d'appartenance de FOREDEM dans la
BRD qui traduit le dynamisme opérationnel et stratégique.
Rf = Refinancement et accompagnement
technique des IMF ayant des agences dans les zones de ces grands projets
C = Collaboration stratégique entre
l'IMF de la zone et le grand investisseur pour résoudre le
problème des besoins financiers au niveau de producteurs
D = Demande de matières
premières aux producteurs agricoles par l'usine ou investisseur
Ia = Besoins en intrants agricoles chez les producteurs
Pp = Petits prêts aux producteurs
agricoles pour acheter les intrants ou assurer les périodes de
soudure
Avantages du modèle
- Chez la BRD / FOREDEM :
Ce modèle conduit à la pérennisation et
à l'intégration des interventions de la BRD. Dans cette
situation, le risque de non paiement de la BRD/FOREDEM est diminué. Par
le fait que;
-les matières premières des projets
financés seront assurées pour la continuité du projet,
-les refinancements accordés aux IMF n'auront pas des
problèmes de non remboursement grâce aux performances
financières et sociales attendues des IMF
Il faut également souligner que l'impact de ses
interventions sera facilement remarquable et considérable à tous
les niveaux de la vie économique du Rwanda.
- Chez les grands investisseurs:
Les entreprises financées par la BRD ont besoin de
matières premières de qualité et en grande quantité
permanente. Le modèle permet de maintenir de bonnes relations entre
l'entreprise, les fournisseurs des matières premières
(producteurs) et l'IMF qui fourniront les moyens financiers aux petits
producteurs pour acquérir les intrants et le financement d'autres
besoins. Grâce à la collaboration entre les trois acteurs, les
producteurs ne seront pas surendettés et seront obligés de
fournir les matières premières à l'entreprise grâce
aux avantages tirés de services des IMF
- Chez les IMF ou coopératives des
producteurs:
Plusieurs avantages seront tirés de ce modèle
par les IMF surtout la diminution du risque de non-paiement de la part des
producteurs, le développement des nouveaux produits, l'augmentation du
portefeuille de crédit et la diversification des ressources
financières.
Concernant la diminution du risque de non-paiement, il sera
question d'amener le grand investisseur à transférer le
coût d'achat de matières premières aux comptes des
producteurs ouverts au niveau de l'IMF. L'IMF procédera à assurer
les paiements des producteurs et au remboursement automatique des
crédits accordés aux producteurs. Le service de paiement des
producteurs sera, effectué moyennant une petite commission.
Au niveau du développement des nouveaux produits, l'IMF
aura une opportunité de créer des produits appropriés aux
besoins des producteurs et procédera automatiquement à la
diversification du portefeuille de crédit. Cette diversification du
portefeuille de crédit aura un impact direct sur l'accroissement du
portefeuille de crédit et par conséquent sur l'augmentation des
produits financiers.
L'IMF aura l'opportunité de diversifier ses ressources
financières grâce à la mobilisation de l'épargne des
producteurs. Les produits d'épargne seront faciles à promouvoir
à partir de l'inter relations et services de la chaîne de
collaboration.
- Chez les producteurs:
Les revenus des producteurs seront accrus d'abord, grâce
à l'encadrement technique de l'investisseur, ensuite par la
disponibilité des crédits octroyés par les IMF pour payer
les intrants agricoles et pour assurer les besoins sociaux au cours du cycle de
production, et enfin, la disponibilité permanente du marché de
leurs produits.
3.4.2. Approches des solutions liées aux faiblesses
des IMF
Elles peuvent être regroupées en trois
catégories principales à savoir: la promotion de la transparence
dans les IMF, le renforcement de leur structure financière et
l'amélioration de la capacité de gestion et de gouvernance. Ces
approches de solutions peuvent être envisagées à court
terme, moyen et long terme.
3.4.2.1. Approches des solutions
liées aux faiblesses des IMF à court terme
3.4.2.1.1. Promotion de la
transparence
Pour acquérir un professionnalisme et gagner la
confiance des banquiers et autres bailleurs, il faudrait commencer par mettre
en place un bon Système d'Information de Gestion (SIG). Pour y parvenir,
les IMF doivent :
- Etablir un plan de redressement institutionnel entre autre,
le SIG manuel ou automatique qui fournit des informations fiables et correctes
sur la santé de l'IMF. Ce plan présentera des stratégies
précises pour la consolidation des fonds propres, pour la
prévention et la gestion du risque crédit et pour l'organisation
de séances de promotion de pratiques d'excellence dans les IMF
- Produire des outils de gestion, des manuels de politiques et
de procédures administratives et financières et donc utiliser la
méthodologie permettant l'appropriation facile de ces outils par tous
les utilisateurs. Ces outils et procédures permettront de
maîtriser le risque de mauvaise gestion et les fraudes.
3.4.2.1.2. Renforcement de la structure
financière
Quelle que soit la forme juridique des IMF, elles doivent
avoir un objectif clair sur le niveau des fonds propres. Actuellement,
certaines IMF doivent augmenter la valeur ou le nombre de leur part sociale
pour la consolidation de leur fonds propres. Elles doivent être
regardantes sur leur capacité d'endettement pour être solvables
afin de gagner la confiance des partenaires à tous les niveaux.
Il est également nécessaire que ces IMF
procèdent à une diversification de leurs produits
d'épargne et de transfert afin de bénéficier des
excédents de dépôts à transformer en crédits.
Cette diversification des produits doit répondre aux besoins des
clients.
3.4.2.1.3. Amélioration de la capacité
de gestion
A ce niveau, des efforts doivent être fournis pour
l'amélioration de la gouvernance et l'atteinte d'une gestion
performante. Les IMF doivent organiser des séances de formation en
rapport avec les thèmes suivants:
- formation des cadres et des organes de gestion sur les
politiques et procédures en vigueur,
- formation des organes de contrôle internes,
- formation sur le fonctionnement des organes de gestion,
- formation sur la prévention et la gestion du risque
de crédit. selon le processus de mis en place d'un crédit.
3.4.2.2. Approches des solutions
liées aux faiblesses des IMF à moyen et long terme
3.4.2.2.1. Renforcement des relations de partenariat
avec les banques commerciales
Pour diversifier les stratégies afin de satisfaire sa
clientèle, les IMF doivent privilégier les relations de
partenariat avec les banques commerciales dans le cadre de l'échange de
clients. Par exemple au niveau des IMF d'une part, il y a les clients qui
demandent des montants supérieurs à ceux autorisés par les
politiques de crédit. Dans ce cas, grâce au contrat de partenariat
avec une banque, le client peut être servi à partir des lignes de
crédit mise en place par la banque. D'autre part, les IMF peuvent
résoudre les problèmes de couverture géographique des
banques en leur permettant d'utiliser leurs guichets pour desservir leur
client. Ces relations peuvent permettre à la banque d'utiliser les
guichets de l'IMF pour servir son client malgré sa position
géographique défavorable.
Ces relations sont beaucoup plus faciles entre les IMF et
l'UBPR SA, qui a la maîtrise du secteur de microfinance avec sa
transformation dans une banque commerciale de société anonyme et
avec sa présence dans tous les coins du pays. Signalons que son taux
d'intérêt annuel de 13% encore négociable serait profitable
aux IMF par rapport au taux de plus de 16% an pour les autres banques
commerciales.
3.4.3. Recommandations au Gouvernement
3.4.3.1. Recommandation au
Gouvernement à court terme
3.4.3.1.1. Création de la commission de
recouvrement des crédits des IMF
Le problème du portefeuille de crédit en retard
inquiète la plupart des IMF rwandaises. Pour cela, les acteurs
principaux en général et les IMF en particulier doivent favoriser
la mise en place dune commission de recouvrement de crédits au niveau du
secteur de la microfinance. Cette commission de recouvrement doit être
composée de représentants IMF, de forces de l'ordre et des
autorités administratives. La mission de cette commission de
recouvrement consistera à faire le recouvrement des impayés dans
les IMF Cette commission aura pour rôle de dissuader les mauvais clients,
par conséquent contribuer à changer leurs mentalités.
3.4.3.1.2. Augmentation de la capacité du fonds
de garantie agricole
Nous avons vu que le fonds de garantie agricole se trouvant
dans la banque centrale ne sert que pour le financement des projets du secteur
agricole et ce jusqu'à 50% du risque total du projet. Au lieu de
créer plusieurs fonds de garantie selon les domaines, nous recommandons
au gouvernement Rwandais d'institutionnaliser ce fonds et d'augmenter ses
capacités en ressources afin de permettre à tous les
investisseurs en général et aux IMF en particulier,
d'accéder à ses services. Le secteur agricole devrait avoir des
conditions plus souples que celles des autres secteurs. Ce fonds serait
alimenté principalement par l'Etat, les IMF et les autres bailleurs de
fonds.
3.4.3.1.3. Promotion d'ICT dans les IMF
De nos résultats de recherche, il ressort que plusieurs
IMF utilisent encore le système d'information de gestion manuel.
L'intervention de l'Etat serait profitable au secteur si toutefois il
s'impliquait dans la promotion de l'ICT dans les IMF Cela permettrait
d'améliorer le système d'information des IMF La
nécessité de produire une information fiable et accessible
à temps, est une condition importante dans la décision de
prêt. L'ICT permettra également une bonne gestion du risque et la
mise en réseau des centrales de risques sur les deux niveaux
proposés et la diffusion des performances financières et
économiques des IMF à leurs partenaires.
3.4.3.1.4. Renforcement du système de
supervision et création du cadre judiciaire adapté
Le système de supervision en place doit être
renforcé afin de garantir la bonne gouvernance et la bonne gestion des
IMF. Par ce système d'inspection et de contrôle, les faiblesses
des organes de gestion des IMF seront identifiées et corrigées
avant d'assister à des catastrophes des faillites. Rappelons que le bon
fonctionnement du système de supervision conduit à la
professionnalisation du secteur.
Au cours de notre recherche, nous avons constaté que
les IMF en général souffrent des problèmes de non
remboursement des crédits. Cette situation est due à plusieurs
facteurs, et nous pensons qu'il devrait y avoir un cadre judiciaire propre
à l'activité de microfinance. Ce cadre spécifique
permettra la réalisation facile de la garantie et les facilités
dans les procès en relation avec la microfinance.
Nous proposons également la mise en place de la loi
régissant les activités de microfinance qui par son application
aura un impact sur la protection et la professionnalisation du secteur de la
microfinance au Rwanda.
3.4.3.2. Recommandation au
Gouvernement à moyen et long terme
3.4.3.2.1. Création de la commission inter
IMF
Compte tenu des besoins en ressources à court, moyen et
long terme des IMF, des exigences des banques et des faiblesses
observées dans les IMF, il serait nécessaire de créer une
commission inter IMF dont l'intervention s'exercera sur trois axes:
- la gestion d'une centrale de risque: La centrale de
risque devrait avoir deux niveaux soit le niveau du District et le niveau
national. Ces centrales de risques seront composées des responsables des
IMF dans une entité donnée et supervisée par la banque
centrale. Le fonctionnement de ces centrales de risques au niveau du District
peut être basé sur l'organisation des réunions avec l'objet
d'échanger les informations sur les mauvais clients et sur les nouveaux
clients demandeurs de crédit. Tandis qu'au niveau national, elle doit
fonctionner sous la supervision de la banque centrale avec la fourniture de
toutes les données nécessaires.
- La création d'un marché inter IMF:
toutes les IMF possèdent des comptes de dépôts dans
les banques commerciales. Ces dépôts sont surtout
rémunérés à un taux égal à
zéro. Devant les besoins de financement des IMF les banques n'arrivent
pas à financer les IMF alors qu'elles sont surliquides. La
création d'un marché inter IMF permettra non seulement de
rentabiliser leurs excédents mais aussi aux IMF de se financer
mutuellement.
- Le suivi du code de conduite: comme les banques,
les IMF doivent se professionnaliser. Le respect des normes prudentielles, le
respect du code de conduite par les IMF et la défense de la profession
de microfinance doivent constituer un des objectifs de la commission inter
IMF.
3.4.4. Recommandations à l'Association AMIR
3.4.4.1. Etablir un plan
stratégique de renforcement des capacités des IMF
Etant donné que l'AMIR est désignée par
la politique et stratégies de développement de la microfinance
comme le responsable des activités de renforcement des capacités
des IMF, elle devrait se doter d'un plan stratégique de renforcement des
capacités des IMF. Ce plan devrait être produit sur une base de
partage des coûts avec les IMF et les autres bailleurs.
Grâce au budget d'un milliard de Franc Rwandais
accepté par le Gouvernement, l'AMIR devrait créer un fonds
permanent de renforcement des capacités des IMF à travers leurs
contributions dans l'exécution de ce budget. Ceci nécessite les
sensibilisations des IMF sur le caractère d'investissement des
formations dans une organisation. De plus, l'AMIR doit développer aussi
les capacités de son propre personnel afin d'acquérir les
capacités nécessaires pour la conduite performante de ces
activités de renforcement des capacités. Les activités de
renforcement des capacités se focaliseront sur les sujets
suivants :
- gouvernance et gestion des IMF;
- système d'information de gestion ;
- prévention et gestion de risque crédit;
- audit et contrôle ;
- étude de marché et développement des
nouveaux produits,
- planification et indicateurs de performance,
- production des politiques et manuels de
procédures.
Ces activités de renforcement des capacités
doivent être entreprises en partenariat avec les institutions locales,
régionales et internationales de formation.
3.4.4.2. Créer un fonds de
caution mutuelle des IMF
En 2006, 9 IMF ont eu des problèmes
de cessation de paiement et ont été liquidées par
la BNR. L'objet de ce fonds de caution mutuelle consiste d'une part, à
venir en aide aux IMF susceptibles de rencontrer des problèmes de
déficits de trésorerie en vue de prévenir la cessation de
paiement et à cautionner les IMF qui rencontrent des problèmes de
garanties pour accéder au refinancement des banques, d'autre part.
CONCLUSION
Il est désormais acquis que la microfinance est l'une
des stratégies de réduction de la pauvreté des pays en
développement. Mais la disponibilité des ressources
financières à moyen et long terme reste encore et toujours
difficile. Cette situation freine le développement du secteur et diminue
par conséquent les chances d'accès aux services financiers de
milliers des pauvres.
La solution envisageable serait de favoriser des relations de
refinancement des IMF par les banques. Il s'agit d'une opération par
laquelle une banque accorde un prêt à une IMF qui accorde à
son tour des crédits à ses clients, à un taux
d'intérêt évidemment supérieur au taux de
refinancement, avec une marge lui permettant de couvrir ses propres charges.
Ces relations présentent des contraintes tant pour les IMF que pour les
banques commerciales.
Pour stimuler ces relations et faire face au problème
de refinancement des IMF, les gouvernements africains ont opté pour la
création des fonds nationaux de microfinance avec des structures
organisationnelles différentes. Au Rwanda, un fonds de refinancement et
de développement de la microfinance (FOREDEM) a été
créé et logé au sein de la Banque Rwandaise de
Développement (BRD). Le nombre d'IMF refinancées par FOREDEM est
dérisoire par rapport au nombre total d'IMF. Ce constat, nous a
motivé à étudier les causes de la faiblesse du
refinancement des IMF par ce fonds avec pour objectif général de
contribuer à l'amélioration du système de refinancement
des IMF au Rwanda. Pour y parvenir, nous avons fait recours à la
méthodologie de recherche action et la recherche documentaire.
Au terme de notre étude, nous avons relevé
plusieurs contraintes freinant le refinancement tant au niveau des IMF qu'au
niveau de FOREDEM :
Au niveau des IMF, l'indisponibilité des informations
nécessaires à l'analyse de leurs dossiers, le manque de garantie,
la non maîtrise de leur portefeuille de crédit et la mauvaise
gouvernance sont les causes importantes qui freinent leur accès au
FOREDEM.
Au niveau du FOREDEM/BRD, l'exigence de garanties
réelles aux IMF, l'affectation des fonds de refinancement dans le
secteur agricole et la facturation et enfin, la lenteur administrative dans le
traitement des dossiers de demande limitent considérablement
l'accès à ce fonds.
De ce qui précède, il en découle ce qui
suit :
Pour accroître leur crédibilité, les IMF
doivent améliorer leur système d'information, renforcer leur
gouvernance et leur maîtrise du portefeuille de crédit. Donc,
accroître leur niveau de professionnalisme dans ce secteur. Il est aussi
important de procéder à la consolidation de leurs fonds propres
afin d'augmenter leur capacité d'endettement et diversifier leurs
produits d'épargne pour augmenter le niveau d'épargne capable
d'être transformé en crédit.
Avec la vision des Nations Unies d'avoir un système
financier inclusif, les IMF sont invitées à entretenir de bonnes
relations avec les banques afin de bénéficier de leurs services.
Ces relations seraient plus profitables aux IMF avec l'Union des banques
populaires S.A. en tant qu'une banque commerciale plus proche du secteur de la
microfinance et qui offre un taux d'intérêt concurrentiel par
rapport aux autres banques commerciales.
Au niveau de FOREDEM/BRD, un certain nombre de conditions doit
être revu tout en privilégiant le partenariat stratégique
avec les IMF. Il s'agit de conditions sur les garanties, l'affectation et la
facturation des fonds de refinancement reçus.
Le processus de traitement des dossiers de demande de
refinancement est à revoir. Les services de renforcement des
capacités doivent être redynamisés afin de promouvoir les
relations stratégiques soutenues avec les IMF et entrer dans la logique
«grossistes détaillants».
Une étude de réorientation des politiques et
stratégies de FOREDEM est aussi souhaitée afin d'évoluer
vers la pérennité de ces interventions.
Pour plus d'impact dans les interventions de la BRD et du
FOREDEM, un modèle intégré des interventions a
été proposé. Ce modèle a comme pilier central, les
performances économiques de tous les acteurs qui favoriseraient son
application.
Enfin, pour garantir la sécurité des services de
microfinance, plusieurs actions incombent à la responsabilité du
gouvernement. Il s'agit de la création de la commission de recouvrement
des crédits des IMF, de la mise en place de la commission interIMF pour
renforcer la confiance des banques (bailleurs) envers la microfinance, de la
mise en place de la loi régissant les activités de microfinance,
afin de renforcer les activités de supervision.
Un travail de recherche, ne peut prendre en compte tous les
aspects du phénomène abordé; l'étude sur le
refinancement des IMF, loin d'être exhaustive, permet néanmoins de
dégager quelques pistes de recherche aussi pertinentes
qu'intéressantes dans l'amélioration de l'offre de service des
institutions financières. Aussi, serait-il intéressant d'orienter
la réflexion sur: les conditions d'opérationnalisation de
centrales de risque entre les IMF, les stratégies de
pérennisation du FOREDEM, les possibilités de mise en place d'une
commission inter-IMF.
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2. Banque mondiale,
www.worldbank.org
3. CERISE, www.cerise-microfinance.org, juin
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4. Consultative Group to Assist the Poor,
www.cgap.org, juillet 2008.
5. FINCA International,
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6. Microfinance Gateway,
www.microfinancegateway.org, février, mars et juin 2008. En
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7. Microfinance Information eXchange,
www.themix.org, avril 2007.
8. MicroFinance Network, www.mfnetwork.org,
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9. MIX Market, www.mixmarket.org,
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10. Portail Microfinance,
www.lamicrofinance.org
11. USAID Microenterprise Development,
www.usaidmicro.org/componen/aims/activities/
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12. World Council of Credit Unions,
www.woccu.org, juillet 2007.
13. AfriCap,
www.africapfund.com, juin 2008
ANNEXES
Liste des annexes:
Annexe 1: Questionnaire à l'intention des IMF
Annexe 2: Guide d'entretien avec les responsables des IMF
Annexe 3: Guide d'entretien avec les responsables de la BRD
Annexe 4: Guide d'entretien avec les banques
Annexe 5: Guide d'observation
* 1 MINAGRI, 2004: Plan
stratégique pour la transformation de l'Agriculture au Rwanda, Kigali, P
9 ; (74 P)
* 2 Par rapport à
l'année 2002, la production agricole en 2003, a connue une diminution
jusqu'à - 1%
* 3 La campagne de scolarisation
a encourragé ceux qui avaient abandonné l'école et ceux
qui avaient déjà dépassé l'âge de
scolarisation à s'inscrire et commencer l'école. Caqui justifie
le taux de 130%
* 4MINECOFIN (384P), 2004 :
Indicateurs de développement du Rwanda, Kigali, Edition N°7/2004,
P273
* 5 JORR, n° 16,
15/08/1967.
* 6 Support de cours «Macro
environnement économique et financier des SFD 2007-2008
* 7 Définition
tirée sur Internet.
www.mediadico.com
« définition refinancement dans le dictionnaire
MEDIADICO.mht »
* 8 BRONDEAU N.« La
microfinance: Outil de développement durable?» Article
publié initialement dans Etudes, Septembre 2006. Revue des Revues
janvier 2007
* 9 Site d'Africap :
AfriCap Microfinance Fund - Technical Services Facility.htm, AfriCap 2008
* 10 Qui a secoué nombre
des pays africains dès le deuxième trimestre de l'année
2008
* 11 RMF (2007). Revue
critique orientée vers l'avenir du secteur de la microfinance au Rwanda,
Kigali