INTRODUCTION
Au cours de ces trente dernières années, la
littérature sur le financement du développement a beaucoup
évolué. Suite à la baisse de l'aide au
développement et à la crise de l'endettement extérieur,
l'attention a été portée sur les conditions
nécessaires pour que les systèmes financiers des PVD puissent
mobiliser suffisamment de ressources et soutenir la croissance.
En effet dans les PVD, les gouvernements ont utilisés
les systèmes financiers nationaux comme un instrument de politique de
financement en intervenant dans les différentes phases de
l'intermédiation financière. L'orientation de la politique
financière interventionniste s'inscrit dans la conception selon laquelle
dans les PVD, la croissance économique est contrainte par la
rareté des ressources financières. L'Etat doit intervenir pour
assurer le financement des secteurs porteurs de croissance. Cette conception a
été abandonnée car il s'agirait moins de la rareté
que d'une mobilisation insuffisante des ressources financières (Fry,
1995). C'est ainsi que les recherches se sont davantage
intéressées aux conditions de réussite de la politique de
libéralisation financière dans les PVD.
Du point de vue théorique, l'on a assisté
à la naissance de «l'école de la libéralisation
financière», qui recouvre à l'origine les travaux de R.I Mc
Kinnon (1973) et E. Shaw (1973). Le paradigme de la libéralisation
financière a permis de mettre en évidence une différence
fondamentale entre l'approche néoclassique (Mac Kinnon et Shaw, 1973) et
l'approche néostructuraliste inspirées des analyses
Keynésiennes (Taylor et Van Wijnbergen, 1983). Pour les
néoclassiques, la libéralisation financière doit se
substituer à la répression financière mise en place par de
trop nombreux pays en développement, notamment les pays de l'UEMOA. Ils
sont en effet persuadés que de nombreux Etats en voie de
développement font peser des contraintes tellement fortes sur la
sphère financière que celle-ci est incapable de se
développer. Dès lors, ils recommandent la hausse des taux
d'intérêt, l'ouverture du compte du capital, la
dérégulation du système bancaire et financier et le
retrait de l'intervention publique. Leur objectif est la mobilisation de
l'épargne domestique et l'amélioration de son affectation dans
des projets d'investissement plus rentables et par conséquent une
augmentation de la croissance.
Pour les neostructuraliste (Taylor et Van Wijnbergen, 1983),
l'accroissement du taux d'intérêt suite à une politique de
libéralisation financière ne peut qu'accroître l'inflation
et donc ralentir la croissance. En effet, l'approche neostructuraliste prend en
compte l'existence d'un marché informel, par conséquent des
faibles taux d'intérêt peuvent être bénéfiques
à l'investissement et stimuler la croissance.
Par ailleurs, comme l'ont indiqué Stiglitz et Weiss
(1981), la politique de libéralisation à la Mc Kinnon et Shaw
(1970), augmentant les taux d'intérêt, provoquera un effet de
sélection adverse, c'est-à-dire l'éviction du
marché du crédit des emprunteurs les moins risqués (ou ce
qui ont une forte probabilité de remboursement). La hausse du taux
d'intérêt accroît le rendement espéré mais
aussi le réduira à cause de l'accroissement de l'incertitude. En
définitive, du fait de cette sélection adverse, seules les
créances potentiellement douteuses sont retenues, les meilleurs clients
préfèrent s'abstenir si le complément d'information qu'ils
offrent ne fait pas baisser la surprime de risque (Nagel O, 1997).
Mais au-delà de la controverse théorique
(l'approche néostructuraliste), et compte tenu du caractère
« opérationnel » de la libéralisation
financière, il convient de déterminer si, oui ou non, cette
politique financière a permis d'accélérer le
développement et la croissance de l'économie des pays de l'UEMOA.
Autrement dit la libéralisation financière a-t-elle un impact sur
la croissance économique dans l'UEMOA ; Quelles sont les
conditions de réussite de cette politique dans les pays de
l'UEMOA ?
Comme nous le signalions plus haut, les recommandations de Mc
Kinnon et Shaw ont très rapidement reçu un écho favorable.
Beaucoup y ont vu une manière simple et efficace de sortir un certain
nombre d'économie, notamment celles de l'UEMOA, du sous
développement. De nombreuses études économétriques
ont essayé de vérifier empiriquement les impacts de la
libéralisation financière (Thornthon 1991 ; Fry, 1995 ;
Demetriades et Luintel, 1997). Nous essayerons sur la base des travaux de
Courakis (1984), Stiglitz (1994), Demertriades et luintel (1996), Bandiera et
al (2000), Ary Tanimoune (2001), Amaira Bouzid (2003) et de Mouldi et Mourad
(2004), de déterminer l'impact de la libéralisation
financière sur la croissance économique. En outre, il est
également difficile d`établir des conditions standards pour la
réussite de la politique de libéralisation financière.
Par contre a partir d'une analyse empirique il est possible de les identifier
(Amaira Bouzid, 2006 ; Hamdi Kalfaoui, 2006). Leurs mises en oeuvre
amélioreraient davantage la réussite de la politique de
libéralisation financière. En d'autres termes, l'ordonnancement
des reformes dans le temps les niveaux de développement
économique et financier, les structures institutionnelles, les
systèmes juridiques et les pratiques d'affaires, et la capacité
à gérer les changements sont des domaines pertinents pour la
libéralisation financière. Il est sans doute nécessaire
d'identifier dans le cas des pays de l'UEMOA les conditions de
réussite.
Objectifs de recherche :
Objectif principal :
Le but de l'étude est de
permettre une meilleure compréhension du lien qui existe entre la
libéralisation financière et la croissance économique.
De façon spécifiques, il s'agit de :
§ Déterminer l'impact des variables
financières sur la croissance économique des pays de
l'UEMOA ;
§ Déterminer les conditions économiques et
financières qui favoriseraient l'effet de la politique de
libéralisation financière sur la croissance économique
dans les pays de l'UEMOA ;
La suite du document s'organise comme suite :
la première section passe en revue les principaux
travaux de recherche théorique et empirique qui mettent en
évidence l'impact des valeurs financières sur la croissance
économique. La seconde section va permettre l'analyse statistique et
économétrique des données de l'étude, la
troisième section nous permettra d'interpréter nos
résultats et en fin la quatrième section conclura le document.
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