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CONCLUSION
§ § La présente étude portant sur le
rendement de l'éducation sur le marché du travail avait pour
objectif non seulement de mettre en évidence le rôle du capital
humain (niveau d'instruction, expérience professionnelle...) sur le
revenu d'emploi du travailleur mais aussi de déceler selon le secteur
d'activité et le type d'emploi, ceux qui valorisent le mieux le capital
humain, à travers le rendement éducatif.
§ L'estimation des gains fait ressortir que deux
individus ayant le même profil socio-économique et
éducatif perçoivent des rémunérations
significativement différentes en fonction de leur secteur
d'activité. Dans le secteur informel, une année d'études
supplémentaire génère un accroissement du revenu de
10,45%, tandis que dans le secteur formel, ce taux est de 5,81%. Le fait
d'avoir dans le secteur informel des salaires bruts, (les dépenses de
santé, de logement et bien d'autres ne sont pas encore déduites
du salaire) pourraient expliquer le taux de rendement élevé dans
ce secteur par rapport à l'autre secteur. Dans l'ensemble du
marché, une année d'études supplémentaire
générerait donc un accroissement du revenu de 12,56 %.
§ Les revenus dans l'emploi croissent dans l'ensemble
avec le niveau d'études. Les revenus des travailleurs, ayant au moins le
niveau secondaire second cycle, sont plus du double des revenus des
travailleurs non scolarisés. Le taux de rendement est de 121,70% et
198,01% respectivement pour les niveaux secondaire second cycle et
supérieur par rapport aux travailleurs sans niveau. Les emplois
dépendants ont un rendement plus élevé que les emplois
indépendants. Un taux élevé dans les emplois
dépendants par rapport aux emplois indépendants pourrait
résulter du fait que les travailleurs dépendants sont des
salariés dont l'une des conditions primordiales de recrutement c'est le
niveau d'études atteint.
§ Ainsi, une année d'études
supplémentaire assure un gain conséquent dans l'emploi. Le
développement de l'éducation est donc un facteur de croissance
des revenus et par conséquent de croissance économique.
§ Néanmoins, comme limites dans l'estimation des
fonctions des gains, c'est la possession des données en coupe
instantanée. Il serait aussi intéressant de le faire sur une
longue période et ressortir l'évolution. Aussi la structure du
marché varie d'une génération à une autre, le
pouvoir d'achat n'est pas le même, la théorie du capital humain
à elle seule ne permet pas d'appréhender tous les rouages
liés au salaire.
§ Ces résultats appellent plusieurs axes d'actions
dont nous soulignons ici ceux qui nous paraissent les plus importants :
ü accroître et améliorer l'investissement
dans le capital humain (i) ;
ü adapter les systèmes d'éducation
et de formation aux nouveaux besoins en matière de
compétences (ii) ;
ü une politique de restructuration du secteur informel
est nécessaire en formalisant certaines activités informels,
à travers le FNE, le PIAASI (iii).
§ (i) Accroître et améliorer
l'investissement dans le capital humain au moyen des actions
suivantes:
§ mettre en oeuvre des politiques et des actions en
matière d'éducation et de formation destinées à
faciliter significativement l'accès à l'enseignement secondaire
et à l'enseignement supérieur, y compris aux apprentissages et
à la formation entrepreneuriale ;
§ réduire significativement le nombre
d'élèves quittant l'école prématurément
c'est-à-dire réduire les taux d'abandons scolaires du
niveau primaire ;
§ établir des stratégies efficaces
d'apprentissage offertes à tous, dans le cadre des écoles, des
entreprises, des administrations publiques, en vue d'augmenter la participation
à la formation continue et en entreprise, en particulier pour les
travailleurs peu qualifiés. Cela pourra aussi se faire à travers
la multiplication des stages, des séminaires de formation et des
séances de recyclage puisque la productivité des entreprises est
tributaire de la constitution et du maintien d'une main-d'oeuvre capable de
s'adapter au changement ;
§ les technologies de l'information et de la
communication peuvent également être utilisées pour
améliorer l'apprentissage et mieux l'adapter aux besoins des employeurs
et des travailleurs.
§ (ii) Adapter les systèmes
d'éducation et de formation aux nouveaux besoins en matière de
compétences au moyen des actions suivantes:
§ renforcer et garantir le niveau de qualité du
système d'éducation et de formation, élargir l'offre de
possibilités d'éducation et de formation, garantir des
filières d'apprentissage souples et accroître les
possibilités de mobilité pour les étudiants et les
personnes en formation ;
§ faciliter et diversifier l'accès pour tous
à l'éducation et à la formation, ce moyen va en droite
ligne avec les objectifs du millénaire pour le développement dans
l'éducation ;
§ répondre aux besoins nouveaux sur le plan
professionnel et sur le plan des compétences essentielles ainsi qu'aux
besoins futurs en termes de qualifications en améliorant le contenu des
enseignements en fonction des désidératas des entreprises et des
objectifs à atteindre à long termes.
§ (iii) Une politique de restructuration du secteur
informel est nécessaire à travers le financement des projets de
création d'entreprises. Il s'agit aussi d'assurer un marché du
travail qui valorise la formalisation des micro-entreprises non-formelles.
Emettre de grands projets de recrutement des personnes instruites qui se
trouvent dans l'informel ou les aider par le financement des projets de
développement rentables.
§ Ainsi, pour une meilleure rémunération
dans l'emploi et une augmentation des niveaux de productivité,
l'État doit investir davantage et plus efficacement dans le capital
humain, notamment dans l'éducation et la formation, ce qui sera
bénéfique pour les citoyens, les entreprises, l'économie
et la société.
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