«Keske j'fé, kan j'fé
rien?»
Adolescents en quête d'identité personnelle :
l'ennui fécond
- Top ! Ça y'est, je suis resté deux minutes
sans rien faire du tout. Et maintenant, on fait quoi ?
Voutch
Je souhaite remercier Michel ;
Anne et Tamara ; André ;
les deux Marion, Matth et Julien,
pour nos réflexions et la richesse de nos
échanges.
Table des matières
INTRODUCTION 7
PARTIE THEORIQUE 8
I ETRE UN ADOLESCENT ET CRÉER SON IDENTITÉ
PERSONNELLE DANS NOTRE SOCIÉTÉ ACTUELLE 9
I 1. L'adolescence : une notion occidentale
récente ? 9
I 2. Des individus sans âge pour une
société immature ? 10
I 3. Qu'est ce qu'un adolescent ? 10
I 4. Adolescent et introspection : une connaissance
de soi 11
I 5. Ai-je encore le temps de penser à
moi ? 11
II L'ENNUI FÉCOND, UNE RÉPONSE POUR
CONSTRUIRE SA PROPRE IDENTITÉ 12
II 1. L'ennui et ses différentes
significations 12
II 1.1 Des repères historiques, culturels et des
définitions... 13
II 1.2 .... pour une considération de l'ennui dans
notre société actuelle 13
II 2. De l'ennui paralysant à l'ennui
fécond 14
II 2.1 La difficulté de l'éducateur face
à l'ennui d'un adolescent 14
II 2.3 Comprendre l'ennui avec l'adolescent 16
II 2.4 L'ennui propre à l'adolescent : voyage
à l'intérieur de soi et à la connaissance de soi
19
PARTIE PRATIQUE 20
I PRÉSENTATION DE L'INSTITUTION 21
I 1. Qu'entend-on par unité de soins
pédopsychiatriques ? 21
I 2. A qui s'adresse une hospitalisation en
pédopsychiatrie ? 23
I 3. Rôles spécifiques à
l'éducateur spécialisé en pédopsychiatrie
25
I 4. Le planning 28
II L'ENNUI FÉCOND 31
II 1. Pas de projet mais beaucoup de questionnements
31
II 2. Pas que des pathologies, surtout des individus
32
II 2.1 "Tu n'es pas seulement un corps tu es aussi un
esprit" 33
II 3. Les difficultés de l'éducateur
face à l'ennui de l'adolescent 33
II 3.1 "On fait quelque chose mais on s'ennuie"
34
II 3.2 "Je m'ennuie mais je ne veux rien faire"
35
II 3.3 "Dis moi si je m'ennuie" 35
II 4. Comprendre l'ennui avec l'adolescent
35
II 4.1 "Je m'ennuie mais je ne comprends pas pourquoi"
36
39
II 4.2 "Je fais mais je ne sais pas pourquoi"
40
II 5. L'ennui propre à l'adolescent :
voyage à l'intérieur de soi 41
II 5.1 "On ne sais pas quoi faire, rêvons un peu"
41
II 5.2 "Ce que j'aime, ce que je n'aime pas? Je ne sais
pas." 42
CONCLUSION 44
TABLE DE REFERENCES 46
A ma grande soeur, Marie et à mon petit
frère, Jules
INTRODUCTION
Je souhaite faire une remarque quant à mon
positionnement dans ce Travail de Fin d'Etudes. Mon intention est de vous faire
part de ma conception du travail d'éducatrice spécialisée,
ici et maintenant. Je ne dresse à aucun moment une "bonne"
manière d'agir, qui pourrait "résumer" cette profession. Ce
métier n'a pas de code de déontologie, excepté pour le
secteur de l'Aide à la jeunesse, aussi, être éducateur,
c'est souvent faire ses propres choix éducatifs, au delà d'un
projet pédagogique. Je ne parlerai donc pas de l'éducateur mais
des éducateurs spécialisés, avec leurs propres
opinions. Ce TFE est le fruit de mes réflexions et de ma remise en
question, basé sur un travail de recherche théorique et sur mes
expériences vécues personnellement et professionnellement. La
rencontre avec des individus aux valeurs divergentes, ainsi que la mise en
commun que le travail en équipe suppose, m'ont permis d'ouvrir mon
esprit quant aux différentes façons de voir les choses. Ceci
m'est très formateur et me permet de me positionner en
conséquences, de faire des choix assumés. Les opinions que je
défends ne sont pas à considérer comme définitives.
Elles évoluent en fonction de mon vécu et de mes rencontres, dans
le domaine personnel et professionnel.
Je me souviens de ma première inquiétude lors de
la première semaine de rentrée des classes en formation. Les
nouveaux élèves sont fraîchement arrivés et
accueillis par ceux de troisième année. Ils nous demande
d'emblée quel est notre choix concernant notre stage de dernière
année. Je n'ai pas encore suffisamment d'éléments
informatifs concernant les différents secteurs pour répondre.
Cette question me déroute donc quelque peu ! Mais, une
élève me met rapidement sur une piste. Cette jeune
étudiante nous parle de son stage en pédopsychiatrie.
Pendant une année scolaire au secondaire, j'ai
effectué un stage dans un centre medico psychologique. J'ai donc eu
l'occasion d'être sensibilisé à une population semblable et
j'y ai porté grand intérêt. De plus, les enfants et les
adolescents suscitent chez moi beaucoup de questions. Leur développement
et leur processus de construction identitaire m'intéressent. Ce qui a
conforté mon choix, de faire mon stage dans un service de
pédopsychiatrie, est aussi le travail pluridisciplinaire. Je
considère le travail en équipe élargie a priori
enrichissant pour les professionnels et d'autant plus bénéfique
pour les usagers.
Le choix de mon sujet de mémoire n'a pas
été une évidence dès le départ. J'avais tout
d'abord l'idée de mettre en place un projet de relaxation ou
d'expression corporelle. Or, j'ai rapidement abandonné mes
investigations.
J'ai "déchanté" en prenant connaissance du
planning très chargé des enfants et des adolescents.
Je me suis aperçue qu'ils avaient très peu de
temps libre et beaucoup d'activités. Pourtant, leur expression
récurrente et conjugable à tous les temps était : «on
s'ennuie...» Face à ce qui me semblait être un paradoxe, je
me suis posée la question : « Comment peuvent-ils s'ennuyer alors
qu'ils sont occupés toute la journée?» En effet, nous vivons
dans une société extrêmement stimulante. Comment des
adolescents peuvent-ils s'ennuyer avec tout ce qu'on leur offre de
possibilités? Que puis-je mettre en place en tant qu'éducatrice
pour qu'ils arrêtent de s'ennuyer?
Je me suis documentée sur le sujet pour éclairer
mes faibles connaissances. J'ai été surprise par le peu de
théorie et de réflexion concernant le sujet. Comment un sujet si
banal, une expérience vécue par tant d'individus, peuvent
être aussi peu développés? Et y avoir suscité si peu
d'intérêt? Je me rends aussi très vite compte que l'ennui
est perçu comme le mal du siècle. Pour certains, il
n'est plus permis de prendre du temps libre, leur rythme quotidien ne le
permettant simplement pas. Mais certains ne pourraient-ils pas "s'autoriser"
plus de liberté? L'ennui est-il toujours ce que l'on pense de lui?
Est-il toujours vécu comme négatif? Est-il possible,
parfois, de rendre cette expérience féconde?
Je me demande aussi quel peut-être le rapport entre le
temps libre et l'ennui. Comment des adolescents peuvent-ils construire leur
identité en ayant si peu de temps pour réfléchir sur
eux.?
Mon Travail de Fin d'Etude ne se base pas sur l'analyse d'un
projet mais plutôt sur l'étude des interactions au quotidien avec
les usagers. Il s'articule dans un premier temps autour de points
théoriques. Je situe tout d'abord la notion d'adolescence dans nos
sociétés occidentales. Puis, j'apporte une définition
personnalisée de l'adolescence en me basant sur des ouvrages et
sur mes expériences vécues. Je parle ensuite de l'introspection
chez les adolescents comme moyen de connaissance de soi, ceci en tenant compte
du peu de temps libre constaté.
Dans un second temps, mon développement est pratique.
Je présente l'institution où j'ai effectué mon stage, en
exposant le projet pédagogique, les rôles de l'éducateur
dans le quotidien et les interactions avec les usagers. Ensuite, j'illustre mes
propos par des expériences et des situations vécues pendant mon
stage.
Enfin, je conclue en reprenant mon questionnement de
départ pour apporter une analyse et un regard critique quant à ma
démarche. Puis, je termine par de nouvelles interrogations et des pistes
de réflexion.
PARTIE
THEORIQUE
I Etre un adolescent et
créer son identité personnelle dans notre société
actuelle
I 1. L'adolescence : une
notion occidentale récente ?
Il est très difficile dans notre société
actuelle de définir à quel moment nous devenons un adulte.
Auparavant l'enfant devenait adulte grâce à des rites de passages.
L'enfant passait et validait une série d'épreuves devant le
groupe social qui comprenait la famille et d'autres membres de la
communauté. J'insiste sur le mot social. En effet les rites de passages
permettaient au nouvel adulte d'avoir immédiatement de l'importance et
de la reconnaissance au sein des siens. Cette reconnaissance était
très importante car elle permettait d'obtenir un rôle social.
Désormais ces rites ne sont plus d'actualité
chez nous. Il faut reconnaître que ce changement est bien une de nos
spécificités et non pas une généralité
mondiale. De nombreux peuples et ethnies pratiquent encore ces rites. A l'heure
actuelle, chez nous, nous nommons adolescence le processus durant lequel nous
passons de l'enfance à l'âge adulte et qui peut s'étendre
sur plusieurs années. Cette période est
caractérisée par ce que nomment certains : Des rites
d'institutions. Ceux-ci peuvent être représentés par
l'obtention du baccalauréat, du permis de conduire, du premier
appartement, du dépucelage. Ces rituels peuvent être pensés
comme rites de passages. A l'inverse des anciens rites, ceux-ci sont
organisés et vécus de façon individuelle. Ils servent
alors de normalisation. Et dans le cas où ils ne seraient pas
réalisés, certains individus peuvent culpabiliser. En effet celui
ou celle qui, pour des raisons financières ou personnelles, ne peut
franchir ces caps normalement, peut redouter de ne jamais atteindre l'âge
adulte.
L'âge de onze ou douze ans pourrait être le
début de l'adolescence qui correspondrait alors à la
puberté. Par contre il est difficile et peut être même
impossible de déterminer avec exactitude l'âge où l'on en
sort.
I 2. Des individus sans âge
pour une société immature ?
L'évolution industrielle et les progrès
techniques et médicaux ont fait augmenter considérablement
l'allongement de l'espérance de vie. Nous rencontrons alors de plus en
plus d'individus avec l'envie de vivre de plus en plus longtemps leur jeunesse.
Nous avons vu ainsi apparaître un nouvel élan social : le
"jeunisme". Il n'est pas rare de voir des quinquagénaires ressembler
à des jeunes femmes de vingt ans et ceci grâce aux techniques de
chirurgies esthétiques. La publicité et la mode prônent
souvent le même slogan "restons mince, restons jeune, restons
naïf !". L'image physique et psychique de la femme et de l'homme du
XXIème siècle sont celles d'un éternel
adolescent. Et à quoi bon grandir si la société semble ne
vouloir accueillir que des adolescents et disqualifier la vieillesse ?
Parallèlement dans nos sociétés, et
surtout depuis quelques décennies, nous considérons l'enfant et
l'adolescent comme un adulte qui doit tout comprendre et avoir des
compétences similaires aux adultes.1(*) Alors même que ces adultes sont souvent
imaginés comme d'infatigables adolescents, la société
rencontre un paradoxe : elle veut faire de ses enfants des adultes tandis
qu'eux même refusent parfois de grandir.
I 3. Qu'est ce qu'un adolescent
?
Comme je l'ai suggéré dans le paragraphe
précédent, l'adolescence est une période qui se situe
entre l'enfance et l'âge adulte. C'est une période qui peut
être qualifiée par certains de critique, tant elle est remplie de
changements physiques et psychiques. Françoise Dolto compare
l'adolescent à un homard en pleine mue, qui a encore sa carapace
d'enfant et n'a pas encore celle de l'adulte. C'est un individu qui se
protège de toutes les stimulations qui sont pour lui encore inconnues.
Cette période peut être pour l'adolescent un moment de grands
chamboulements, de grandes interrogations sur son être. Il se rend alors
compte qu'il n'est plus un enfant mais pas encore un adulte.
Je souhaite faire une remarque par rapport aux
différentes périodes de la vie définies par de nombreux
auteurs. Ceux-ci parlent de l'enfance, de l'adolescence et enfin de
l'adulte.
L'âge adulte serait alors représenté
comme un concept figé, non évolutif. Cela voudrait donc signifier
qu'une fois adulte, les individus restent pour toujours au même stade
psychique.
Pour moi l'adolescence n'existe pas et l'idée de
devenir un adulte non plus. Je considère plutôt qu'il y a "des"
adolescents en quête de leur identité propre, qu'ils auront
façonnée eux-même par un travail long et parfois
périlleux, mais indispensable pour se sentir autonome. Je parle des
adolescents et non pas de l'adolescence car je considère qu'il
n'existe pas un type d'adolescent mais plutôt plusieurs adolescents
uniques. Une identité propre pourrait correspondre à un profil
que l'on se fait de soi, qui correspond à nos valeurs individuelles et
ceci par une connaissance de soi. On peut qualifier un adolescent, un individu
en formation qui s'étudie2(*) pour trouver une raison à sa propre existence.
Considéré comme tel, je pense pouvoir affirmer qu'être un
adolescent ne se termine jamais vraiment.
I 4. Adolescent et introspection
: une connaissance de soi
Une des caractéristiques d'un adolescent est de se
poser des questions existentielles telles que "Qui suis-je ?", "Ai-je ma
place dans ce monde ?", "Quelle est mon orientation sexuelle ?" etc.
Il va tenter de trouver des réponses auprès de ses pairs et de
les confronter aux valeurs sociétales, perçues comme étant
des valeurs d'adultes. Certaines questions resteront sans réponses. En
pleine introspection les adolescents recherchent des valeurs à
s'approprier, à travers leurs goûts, leurs désirs et leurs
envies. Ceci étant nécessaire pour qu'ils se construisent une
identité qui leur correspond. La connaissance de soi peut être le
fruit de cette recherche, or celle-ci peut être plus facile pour certains
que pour d'autres.
La connaissance de soi peut se manifester par la
confrontation ou par la rupture avec les valeurs familiales ou
sociétales inculquées pendant l'enfance. C'est souvent une simple
façon de montrer à l'adulte que l'adolescent grandit et qu'il
affirme sa singularité. Mais il peut parfois être déroutant
pour un adolescent, et/ou pour ses parents d'être en désaccord au
sein de la famille. En effet, c'est prendre le risque de ne plus correspondre
à l'image idéalisée de ses propres parents. C'est avoir le
sentiment d'être moins aimé et se sentir rejeté.
Des adolescents peuvent aussi avoir le sentiment d'être
différent des autres mais aussi d'être différent de ce
qu'ils pensent être et surtout de ce qu'ils veulent être.3(*) Ce décalage se situe
lorsque l'adolescent construit son identité. Il est, selon moi,
important que les adolescents croient en leur valeur pour pouvoir accepter
d'être différents des autres, d'être des individus.
Créer sa propre identité est aussi devenir libre avec
soi-même. C'est peut être la liberté qui est difficile
à accepter.
L'éducateur peut alors avoir une position de soutien.
Il peut rassurer ceux qui ne comprennent pas toujours le sens de leurs
agissements ou de leurs pensées. Il peut alors montrer aux jeunes qu'il
tolère leurs valeurs même si celles-ci sont parfois
irréalistes. Il est important que les adolescents sentent que nous nous
intéressons à ce qu'ils font et surtout à ce qu'ils sont.
J'insiste sur ce qu'ils sont, car leurs actes ne traduisent pas
toujours ce qu'ils pensent vraiment. L'adolescent est une personne qui s'expose
et se confronte en permanence aux regards des autres individus.
Je considère qu'apprendre à se connaître
est le début d'un minimum de liberté. Etre libre, selon moi,
c'est être en harmonie avec soi-même. C'est croire en ses valeurs,
en ce que l'on vaut. Pourtant à l'adolescence et même à
l'âge adulte, se sentir libre peut être parfois difficile à
assumer.
I 5. Ai-je encore le temps de
penser à moi ?
Il peut être difficile pour un adolescent de se
retrouver face à lui-même, face à ses propres pulsions et
ses propres doutes. Lorsque l'on est sans cesse occupé,
sur-stimulé par une société qui privilégie souvent
"le faire" au détriment de "l'être", nous ne
prenons plus le temps de penser suffisamment à nous. Et quand bien
même les besoins individuels passent après les priorités
collectives, par quel moyen un adolescent peut il alors construire son
identité ?
Le quotidien d'un adolescent ressemble parfois à un
programme de ministre. J'entends par là que l'adolescent vit souvent
à une cadence qui ne lui permet pas de penser suffisamment à lui.
Il se lève très tôt le matin pour aller à
l'école, puis rentre chez lui pour faire ses devoirs. Il va à des
activités extra-scolaires le soir, le mercredi après midi et le
week-end. Il n'a pas le temps de souffler, de se reposer, de ne rien faire et
de réfléchir sur lui. Pourtant, prendre le temps de se poser des
questions et de chercher à y répondre peut permettre de mieux se
connaître, de faire ses propres choix et d'être plus
impliqué dans sa vie.
II L'ennui fécond, une
réponse pour construire sa propre identité
II 1. L'ennui et ses
différentes significations
II 1.1 Des
repères historiques, culturels et des définitions...
On peut retrouver la notion d'ennui à toutes les
époques et dans toutes les cultures. En effet, au temps de la
souveraineté, les rois les plus considérés étaient
ceux qui prenaient du bon temps, tandis que les « petites
gens » étaient aux champs à travailler toute la
journée4(*). L'effort
était ainsi dévalorisé socialement. Dans nos
sociétés occidentales, les travaux en psychiatrie de Pinel et
Esquirol au XIXème siècle, décrivent cette
notion comme ennui de vivre. Ce symptôme serait du à la
monomanie5(*) ou à la
mélancolie6(*).
D'autres professeurs, comme Charcot et Bouveret, inscrivaient l'ennui
plutôt dans les cas d'hypocondrie7(*) ou de neurasthénie8(*). Dans la littérature du
XIXème siècle, Baudelaire, Proust et Chateaubriand
considèrent l'ennui comme un mal de vivre, une perte de goût, une
absence de plaisir et une inappétence9(*). Flaubert décrit l'ennui comme une attente de
l'âme, alors que Bernanos illustre l'ennui comme le réveil de
l'âme.
Cioran lui apporte un versant optimiste en considérant
l'ennui comme une passion et comme fécond.
La notion d'ennui, selon l'étymologie latine, vient de
l'expression « inodiare » qui signifie
« être odieux » et le mot latin
« odium » désigne la haine qui est à
l'origine du verbe ennuyer. L'expression s'ennuyer représente
donc « avoir de la haine pour soi ».10(*)
Il existe pourtant dans d'autres cultures une façon
différente de considérer l'ennui. Dans la culture asiatique, le
terme « ennui » ou l'expression
« s'ennuyer », employés dans notre
société aux sens négatifs, n'existent pas. La
période d'ennui, l'espace temps pour soi, serait utilisée pour
méditer. C'est le moment opportun pour que l'esprit se libère,
se détende, se calme et permettre de penser à son être
intérieur.11(*)
II 1.2 .... pour une
considération de l'ennui dans notre société actuelle
Les dictionnaires de la langue française
définissent l'ennui comme « lassitude morale, absence
d'intérêt pour toute chose, sentiment de vide »12(*). L'ennui est contraire aux
notions de bonheur, de joie et de plaisir. L'ennui est actuellement
qualifié de mal du siècle et donc
dévalorisé socialement. Il n'est plus permis de s'ennuyer lorsque
l'enjeu social s'apparente à la productivité. Perdre son temps
n'a plus lieu d'être13(*). Entendre quelqu'un dire « je n'ai envie de
ne rien faire » peut être interprété comme signe
de fainéantise et de paresse.
Le temps libre et ne rien faire serait peut être
l'ennui. En effet avoir du temps c'est avoir le choix de l'utiliser comme bon
nous semble. Dans notre société où ne rien faire est
souvent synonyme de perte de temps, il n'est pas surprenant que les individus
ne s'octroient plus de repos. Ne plus s'ennuyer pourrait s'apparenter à
ne rien faire sans ne pas culpabiliser.
Est-il possible de considérer alors, dans notre
société, l'ennui comme fécond ? Comme positif et
comme bénéfique pour l'homme ?
Récemment, nous pouvions voir une publicité
à la télévision qui montrait un panneau de signalisation
où il était inscrit : « L'ennui, c'est plus
permis ».14(*)
Les médias jouent sur la culpabilité et
s'administrer un temps de repos deviendrait alors pathologique. Pourtant la
détente, le délassement, le répit et la prise de temps
pour soi seraient des moyens de lutter contre la nouvelle maladie du
siècle : le stress ! Je pense que beaucoup d'individu ont besoin de
ne rien faire, de flâner, de voir les heures défiler, de
réfléchir et de penser à soi.
Pour mettre à profit l'ennui et en faire un moyen de
réfléchir sur soi, il faut du temps libre, chose qui est
très peu présente dans notre société. Notre
quotidien est souvent régi par l'agir au détriment de
l'être. L'année est, le plus souvent, rythmée par
onze mois de travail sur douze. Le peu de vacances que l'on dispose est souvent
synonyme d'activités en abondance. En effet, les vacances sont souvent
le moyen de faire tout ce que l'on n'a pas pu faire pendant l'année.
Il en résulte alors que l'on court dans tous les sens
sans vraiment prendre le temps de se poser. Ne rien faire de ses vacances est
parfois considéré comme un signe de pauvreté. Ceux qui ne
partent pas ou qui n'ont pas utilisé leurs vacances pour faire des tas
de choses sont souvent les individus à revenus faibles. Parfois aux yeux
de certains individus, nous pouvons ressentir une gène ou un sentiment
de culpabilité lorsque nous n'avons rien fait pendant nos vacances.
Pourtant je pense que vivre un temps à un rythme plus calme, prendre le
temps d'écouter son corps est un luxe que trop de gens négligent.
II 2. De
l'ennui paralysant à l'ennui fécond
II 2.1 La difficulté de
l'éducateur face à l'ennui d'un adolescent
«La porte du changement ne peut s'ouvrir que de
l'intérieur.
Chacun en détient la clé.»
Jacques SALOMÉ
Il est souvent difficile pour un éducateur au sens
large (parents, enseignant, éducateur spécialisé) de se
retrouver face à un adolescent qui est inactif et qui a l'air de
s'ennuyer.
Le premier sentiment que nous pouvons éprouver est de
la culpabilité. « Qu'est ce que je n'ai pas
fait ? », « Qu'ai-je mal fait ? »,
« Que puis-je mettre en place pour qu'il arrête de
s'ennuyer ? ».
L'adulte interprète souvent l'inactivité de
l'adolescent comme de l'ennui déplaisant, or ce n'est pas toujours le
cas, il peut s'agir du fait qu'il ne veut rien. Il arrive alors souvent
à l'adulte de se précipiter vers l'adolescent avec l'envie de
combler au plus vite son ennui. L'adulte peut avoir tendance à agir dans
l'immédiateté. L'expérience de l'ennui chez l'adolescent
peut faire rejaillir chez l'adulte des souvenirs désagréables.
L'adulte peut avoir l'impression de revivre à travers le jeune des
expériences d'ennui qu'il a lui-même vécu dans sa jeunesse.
Ainsi, l'adulte essaye au plus vite d'empêcher le jeune
de vivre cette expérience si douloureuse. L'adulte peut aussi trouver
des raisons à l'ennui de l'adolescent, mais cela peut être loin de
la véritable signification. Des adolescents, peuvent parfois nous
renvoyer une image de mauvais éducateur, que leur ennui est le
fruit de notre incompétence.
En limitant cette gêne l'adulte peut avoir le sentiment
de rendre service à l'adolescent. Il pense effacer la souffrance de
l'adolescent. Inconsciemment il peut rendre l'adolescent dépendant de
lui et surtout risquer de travestir son problème. Il ne règle pas
le malaise mais le repousse à plus tard. Alors certains jeunes peuvent
chercher recours auprès de l'adulte comme échappatoire à
cette expérience.
L'éducateur peut, selon moi, plutôt avoir une
démarche de lâcher prise sur le jeune et sur sa période
d'ennui. L'adulte peut entendre l'adolescent et le lui faire comprendre en
l'écoutant mais ne pas lui trouver la solution.
II 2.3 Comprendre l'ennui avec
l'adolescent
« Comme je l'ai dit, l'aspect principal de l'ennui
était
l`impossibilité pratique de rester en face de
moi-même,
seule personne au monde d'autre part, de laquelle je ne
pouvais me défaire d'aucune façon »
Alberto Moravia, l'Ennui
Un adolescent face à son ennui aura parfois
l'impression de quelque chose d'insupportable, de non maîtrisable et
d'anormal.
S'ennuyer c'est alors se sentir nul, inutile, bête.
Parfois des adolescents peuvent avoir des sentiments de honte pour eux, de
dégoût du fait qu'il ne fasse rien.
L'éducateur peut montrer à l'adolescent que
l'ennui peut être vécu par tout le monde. Que l'on soit un enfant,
un adolescent, un adulte, une personne âgée, à tous les
moments de la vie, l'ennui peut se vivre.
Il s'agit de lui faire comprendre que l'on a le droit de ne
rien faire, de flâner pendant des heures durant. Que de ne rien faire
n'est pas toujours synonyme de dépression et qu'il arrive des fois que
l'on n'est rien de spéciale à faire.
Il est pourtant possible que l'ennui ne puisses pas être
quelque chose qu'il faut combattre mais plutôt qu'il faut comprendre.
Dans ces cas là, on ne fait souvent que « tromper »
l'ennui, le repousser et ne jamais vraiment le comprendre.15(*)
L'éducateur, peut permettre à l'adolescent de
comprendre que ces moments, qu'il vit comme solitude, dépression,
gêne, souffrance, sont ordinaires et peuvent même être
profitables. L'adolescent peut avoir le sentiment d'être compris et que
son malaise n'est pas pathologique. L'éducateur peut lui expliquer que
« l'ennui n'est ni une maladie ni un mal (au sens moral) qu'il
faudrait soigner selon une logique médicale ou une théorie
humorale16(*) »
17(*). L'adolescent ne se
rendra peut être jamais compte que son ennui lui est profitable. Dans ce
cas, il se peut que son identité personnelle soit le fruit de son ennui
vécu comme maladif.
Selon moi, il s'agirait de rassurer l'adolescent en lui disant
que nous comprenons son ennui mais que nous n'avons pas la solution miracle.
Lui proposer sans cesse des activités ne ferait que donner l'impression
de combler le vide intérieur qu'il ressent. Nous pouvons aussi lui dire
que nous sommes là pour l'écouter s'il se sent trop en
souffrance.
II 2.4 L'ennui propre à
l'adolescent : voyage à l'intérieur de soi et à la
connaissance de soi
« Celui qui connaît l'art de vivre avec
soi-même ignore l'ennui. »
Didier ERASME
L'ennui est souvent représentatif chez les adolescents.
Ils peuvent nous rapporter qu'ils ne savent pas quoi faire ou qu'ils ne veulent
rien faire.
Que le temps leur semble long, qu'ils ont envi de devenir
rapidement adulte avec un métier, une famille, des enfants. Il est
souvent plus facile pour un adolescent de dire qu'il veut devenir tout de suite
un adulte, il laisse ainsi ces questionnements de côté.
Ils peuvent dire « être adulte c'est plus
facile, on pense à moins de choses ». Ces dires ne
signifient-ils pas plutôt qu'ils ne savent pas ce qu'ils sont
eux-même ? Chez l'individu ne pas savoir ce que l'on veut faire a
souvent un lien avec le fait de ne pas savoir ce que l'on veut
être18(*).
Savoir qui nous sommes, résulte souvent chez l'individu
des réponses aux questions : « quelles sont mes
envies ? » , « Quels sont mes
désirs ? » , « Qu'est ce qui me
plait ? », « Qu'est ce que j'aime
faire ? ». Faire ce travail peut s'avérer difficile
lorsque l'on est un adolescent et que l'on veut parfois tout et son contraire.
Il est parfois pénible pour un adolescent d'avoir tant de doutes et ne
pas savoir se fixer sur quelque chose. L'adolescent peut avoir le sentiment que
l'ennui qu'il ressent est du au fait qu'il n'a rien à faire. Je pense
qu'il s'agit davantage du fait qu'il ne sait pas ce qui l'intéresse
vraiment et qu'il ne veut peut être pas se l'admettre.19(*)
Je pense que l'éducateur a alors un rôle à
jouer face à un adolescent qui s'ennuie. Il peut l'aider à
chercher avec lui le sens de sa vie, de ce qu'il attend de celle-ci, comment
lui se représente en tant qu'individu. Cette démarche peu alors
se faire chez un adolescent en cherchant ses valeurs, ses envies, ses
goûts, ses centres d'intérêt. Il est parfois difficile et
davantage pour un adolescent de faire valoir ses idées et ses valeurs
auprès des siens. Il pourra avoir le sentiment d'être
différent de ses pairs, de ne pas leur ressembler. C'est aussi peut
être la clé de notre liberté individuelle.
L'éducateur peut aussi lui dire que ce qu'il
représente comme valeurs et comme principes aujourd'hui ne sont pas
figés et évoluent en fonction de son âge et ses
expériences. L'éducateur peut rassurer l'adolescent en lui
montrant l'importance de ses rêves, de son imagination qui sont parfois
les piliers de notre vie. Que tout ce qu'il pense, n'est pas
nécessairement à réaliser. Que souvent les bonnes
idées viennent après une longue période d'ennui, que l'on
ne sait pas quoi faire mais que l'on les façonne mentalement20(*).
PARTIE PRATIQUE
I Présentation de
l'institution
J'ai effectué mon stage au sein d'un hôpital,
dans un service de pédopsychiatrie. J'ai choisi de reprendre avec
exactitude la présentation de l'institution pour ne pas déformer
la caractéristique propre à ce service. Il faut savoir que ce que
je présente par après n'est un document définitif. Les
professionnels y parfaire actuellement.
I 1.
Qu'entend-on par unité de soins pédopsychiatriques ?
« Le secret du soin à l'enfant est de prendre soin
de lui »
Kabody, 1927
« Cet art de prendre soin, prend forme d'un
accompagnement de l'enfant dont le passage dans notre unité
peut-être obligé, négocié, suggéré,
souhaité, demandé, pour une durée
préétablie.
L'hospitalisation sera une tranche plus ou moins longue de
vie, faite de nouvelles relations humaines pour (ré)organisé,
(re)structurer, (ré)orienter,...son existence.
Ce temps sera pour nous celui de l'élaboration d'un
plan de soins spécifique au tableau clinique de la situation de
l'enfant.
Par tableau clinique, il ne faut pas voir une photographie
d'un enfant dans son lit, mais bien une peinture impressionniste le
représentant avec sa maison, son école, ses loisirs, ses amis,
ses parents, ses joies, ses peines, ses espérances et ses peurs.
Les interactions et activités « ont pour
finalité d'aider à mieux se comprendre et à assumer et
développer son projet de vie de façon réaliste et dans le
respect des grandes lois de la société humaine » et ce
dans le cadre d'un quotidien »
On utilise à des fins explicitement
thérapeutiques la vie sociale dans laquelle baigne l'enfant.
La fonction porte sur le groupe d'enfants hospitalisés
avec visée d'un développement personnel. Elle se
caractérise par des interventions dans l'ici et le maintenant,
c'est-à-dire sur l'émergence des jeux interactionnels entre
enfants, entre l'enfant et l'environnement, entre l'enfant et l'adulte.
Ces interventions s'appuient principalement sur les
qualités propres aux différents professionnels ainsi que sur une
connaissance spécifique de la situation de chaque enfant et sont
réalisées dans le but de gérer « le mieux
être » bio-psycho-social individuel et
collectif. »
I 2. A qui s'adresse une
hospitalisation en pédopsychiatrie ?
« Une hospitalisation dans le service de
pédopsychiatrie s'adresse aux enfants dont les troubles
« psychologiques » réclament une observation
approfondie par du personnel qualifié, une mise en point diagnostique,
un isolement du milieu de vie, une prise en charge thérapeutique
à moyen terme, une (ré)orientation vers un autre centre
d'hébergement,...
A savoir : - les troubles à expression somatique
et/ou comportementale :
* troubles du sommeil
* troubles alimentaires (anorexie, boulimie,
obésité)
* conduites agressives
* fugues
* troubles sphinctériens
* conduites auto-agressives
- les troubles du développement
intellectuel :
* décrochage scolaire
* déficience mentale à évoluer
* ...
- les troubles du développement affectif et troubles
relationnels
* troubles du lien
* ...
- les troubles des fonctions instrumentales :
* troubles psychomoteurs
* troubles du langage écrit et oral
- psychoses infantiles :
* dysharmonie psychotique
* schizophrénie
* pré-autisme, comportements autistiques
- pathologies de la personnalité :
* dysharmonie évolutive
* pathologie narcissique
* abandonnisme
* ...
- troubles réactionnels :
* deuil
* maladie
- troubles dus à des situations de
maltraitance :
* négligence
* violence
* abus sexuel
- troubles névrotiques :
* troubles anxieux
* troubles phobiques
* troubles obsessionnels
* conduites hystériques
* inhibitions massives
* ... »
I 3. Rôles
spécifiques à l'éducateur spécialisé en
pédopsychiatrie
« - Par rapport à l'enfant, notre
rôle vise à son développement au travers d'actions
d'observation, de dépistage, d'analyse et d'évaluation portant
sur les dimensions psycho-bio-social.
* Psycho par : La stimulation, le soutien, le
réconfort, la compréhension, la protection, l'aide à la
verbalisation...( Ceci à l'intérieur d'une relation au sein d'une
équipe professionnelles et pluridisciplinaire)
* Bio par : l'éducation à la
santé, le bien être corporel, la protection physique...( il s'agit
de créer une atmosphère, des rites, un
cérémonial...qui permet de faire un lien entre le
« bio » et le « psycho »).
* Social par : l'éducation du relationnel
(respect des limites des autres, sanctions/réparations...),
l'accompagnement scolaire , l'accompagnement extérieur, le respect
de l'environnement (intérieur et extérieur).
- Par rapport au groupe d'enfants le rôle
consiste à :
* analyser et gérer une dynamique de groupe
* créer un milieu de vie en instaurant des rythmes,
des rites, un cérémonial (par exemple : fêter les
anniversaires, les départs,...)
* se référer aux règles de vie,
à un règlement et à des habitudes (et aussi à un
procédé de « triangulation » en cas de
difficultés).
- Par rapport au fonctionnement de l'unité, le
rôle est organisationnel :
* Gestion des commandes de matériel
nécessaires à chaque activité thérapeutiques (jeux,
activités manuelles, livres, journaux, produites alimentation, support
musique, produits de soin...)
* Communication (rapports oraux, écrits dossier
infirmier, agendas, réunions...)
*Structuration de la journée des enfants
(« planning »)
* Gestion du linge, des chambres et des locaux de vie...
- Par rapport à la fonction de
référent d'un enfant :
Il participe à l'élaboration du projet
d'accompagnement de l'enfant à travers de l'anamnèse, la
centralisation de l'information, la coordination des activités
visées par le projet d'accompagnement, l'élaboration et la
réalisation d'un plan de soins fondé sur une définition du
problème, l'évaluation des interventions liées au plan de
soins, la préparation de la réunions de synthèse, la mise
en oeuvres de moyens en adéquation avec les objectifs définis.
Ce rôle s'exerce durant les périodes
d'hospitalisation et de post-hospitalisation. »
I 4. Le planning
" Un pilier dans les processus de contenance des troubles
psychologiques est la structuration du temps et de l'espace. Le planning en est
l'outil principal.
Celui-ci a été réfléchi et
élaboré en équipe. Il a une structure type et est
basé sur la journée de l'enfant.
Chaque dimanche soir, une activité
« planning » réunit les enfants et les jeunes. Elle
a pour but de recréer les liens du groupe après le week-end et de
préparer la semaine à venir. L'enfant, le jeune y est
encouragé à faire des propositions d'activité.
- Planning de la journée d'un enfant en salle
:
7h30 : Lever - petite toilette - habillage
8h - 8h30 : Déjeuner en groupe, accompagné
par les membres de l'équipe
Un moment est consacré à la transmission des
rendez-vous de la journée pour chaque enfant
8h30 - 9h : Rangement des chambres et préparation
pour le départ à l'école
9h - 12h : Temps scolaire
Rendez-vous individuel chez les différents
psychothérapeutes (psychomotricien, psychologues)
Activité individuelle avec un membre de
l'équipe
12h - 12h45 : Temps pour le repas
12h45 - 13h30 : Temps libre ou activité
extérieure proposée si le temps le permet
13h30 - 16h : Reprise scolaire et éventuel
rendez-vous
16h - 16h30 : Collation en groupe et organisation de la
fin d'après-midi et de la soirée (activité, visite,
travail scolaire...)
16h30 - 18h : Activité en groupe
si extérieure : piscine, visite de musée,
hippothérapie, promenade, plaine de jeux
si intérieure : jeux de société,
expression manuelle, jeux de rôles, projets spécifiques
18h - 18h45 : Temps pour le souper
19h - 20h : Bain/douche
Collation du soir
20h15 : Mise au lit des petits (0-7 ans) avec petits
rituels pour le coucher
(chanson, histoire, doudou)
20h30 : Mise au lit des moyens (7-12 ans) avec
accompagnement (histoire, discussion, bilan de la journée, journal de
bord)
21h15 : Heure de coucher des ados avec moment de
discussion avec l'adulte. »
« - Activités
hebdomadaires »
J'ai pris l'initiative de faire quelques changements
concernant les activités hebdomadaires compte tenu de leurs variations
et de leurs différences pendant ma période de stage.
« Lundi et vendredi 11h - 12h :
Groupe de parole concernant les enfants à partir de 6
ans et les membres de l'équipe présents : bilan semaine et
week-end, vie de groupe, objectifs de l'hospitalisation ou/et projet,
proposition d'activités
Mardi et jeudi 18h30 - 20h :
Temps de visite pour tous les enfants et adolescent de leur
famille proche
Mercredi 14h - 17h :
Temps de visite pour les ados pendant lesquels ils peuvent
recevoir leurs amis
Mercredi 16h - 18h :
Activité cuisine (3-4 enfants) puis repas pris en
salle
Vendredi 14h - 15h :
Réalisation du planning de la semaine avec projets et
activités thérapeutiques
II L'ennui fécond
Le service de pédopsychiatrie dans lequel j'ai
effectué mon stage accueille des enfants et des adolescents.
Néanmoins, je parlerai principalement des adolescents car ma
théorie et mon analyse pratique porte sur cette tranche d'âge.
II 1. Pas de projet mais beaucoup
de questionnements
Le lieu de stage de troisième année est souvent
choisi pour illustrer la partie pratique qui figure dans le Travail de Fin
d'Etude. Dès lors, la plupart des étudiants mettent en place un
projet qui sera le thème du mémoire et occupera une partie
importante de la période de stage.
« Les étudiant(e)s choisissent aussi
très fréquemment de présenter et d'analyser un
projet. Ce choix tient, semble t-il, à l'orientation
donnée au stage en 2e année où il vous est
demandé de développer "un petit projet". Cette expérience
quand elle est positive est très gratifiante, vous êtes donc
enclin à poursuivre dans cette voie. De plus, c'est un des objectifs des
stages de 3e année qui concrétise le besoin de faire,
d'agir des éducateurs. Il peut s'agir d'un projet visant un
groupe ou d'un projet individualisé. »21(*)
J'ai alors eu une longue période de recherche pour
mettre en place un projet. Un projet est le plus souvent dirigé vers la
mise en oeuvre d'une activité. J'ai alors observé pendant
quelques jours les différentes activités proposées aux
jeunes pour me rapprocher au plus de la philosophie du projet
pédagogique. Ils avaient la possibilité de faire des
activités manuelles, des balades à l'extérieur et de la
cuisine.
A mon début de stage, afin de cibler et d'organiser au
mieux un projet, je leur ai demandé quelles étaient leurs envies
quant à une éventuelle activité. Ils m'ont répondu
rapidement qu'ils ne savaient pas quoi faire, qu'ils s'ennuyaient.
J'avais deux solutions. La première était de
leur proposer un atelier ou une activité afin de trouver une solution
à leur manque d'idées et de combler leur ennui. J'ai alors
pensé mettre en place un atelier de relaxation ou d'expression
corporelle. Malgré cela, j'ai rencontré une difficulté par
rapport au peu d'espace temps prévu dans le quotidien des jeunes pour
organiser l'atelier.
Comme je l'ai présenté
précédemment, le planning des usagers permet difficilement de
mettre en place un atelier ou une activité. Dès lors, j'ai
pensé à emprunter à un professionnel une de ces plages
horaires et mettre en place au plus vite mon idée.
La seconde solution était de ne rien leur proposer. Il
s'agissait de les laisser trouver par eux-même la véritable
signification à leur manque d'idées et à leur ennui tout
en les accompagnant. En effet, je n'avais aucunement envie de mettre un atelier
en place en sachant que leur planning était déjà
très chargé et même trop chargé selon moi. Leur
proposer une activité aurait seulement, une fois de plus, rempli un
espace dans leur journée.
Je me souviens de mon premier entretien avec mon maître
de stage. Elle m'a présenté ses objectifs quant à ma
participation dans ce service en tant que stagiaire. Elle a bien insisté
sur le fait qu'elle attendait de moi une mise en pratique professionnelle
basée sur le bien-être de l'usager. C'est à dire d'orienter
mes interventions sur le bon déroulement du séjour du jeune, en
privilégiant la relation à travers des actes quotidiens. Elle a
pu me rapporter que trop souvent, les étudiants de troisième
année mettent à profit leur stage pour exécuter leur
projet. Ils oublient un peu les réelles fonctions du métier
d'éducateur spécialisé. Elle m'a alors conseillé de
m'intéresser aux interactions relationnelles éducatives au
quotidien, plutôt qu'à la mise en place d'activités
occupationnelles.
II 2. Pas que des pathologies,
surtout des individus
"Tu es tellement ce que tu parais que je n'entends pas ce que
tu dis."
Thomas JEFFERSON
Je reprends cette citation pour expliquer mon choix de ne pas
faire figurer dans mon TFE les noms des pathologies que présentent les
adolescents. J'ai rencontré des adolescents avec des troubles du
comportement, des troubles alimentaires, des traits de délinquance. Pour
ce sujet, et pendant mon stage, j'ai voulu me détacher des
catégories de pathologies où l'on place les individus. Je n'ai
pas réduit les jeunes que j'ai rencontrés à des
pathologies et à leurs symptômes. Je ne souhaite pas
catégoriser les individus qui présentent les mêmes
symptômes, sans tenir compte de la dimension individuelle. Parfois on a
tendance à ne voir que les symptômes, sans s'en détacher,
on parle alors d'un hyperactif par exemple. C'est prendre le risque de
passer à côté d'un individu et de ses
caractéristiques particulières. Pendant mon stage, j'ai
rencontré le plus souvent des jeunes filles anorexiques. Il est vrai que
l'anorexie est une maladie complexe, malgré cela, nous avons parfois
tendance à se focaliser davantage sur la reprise de poids qu'à la
dimension personnelle.
II 2.1 "Tu n'es pas seulement un
corps tu es aussi un esprit"
Je souhaite vous faire part maintenant d'un récit
qu'une éducatrice m'a rapporté et qui illustre bien mon propos.
"Pendant mon stage, une adolescente, Morgane22(*), qui présente des troubles alimentaires et
souffre d'anorexie est au coeur des débats. Son poids, et surtout son
état physique très faible, posent question. L'équipe
médicale et éducative doit prendre une décision concernant
l'éventualité de lui mettre une sonde gastrique pour la
réalimenter. Morgane craint ce moment. Nous ne lui en avons pas encore
parlé mais elle n'est pas dupe. Elle a déjà
été hospitalisée trois fois pour les mêmes raisons
et a déjà été sondée.
Une éducatrice vient la voir pour lui en parler. Elle
lui explique qu'en raison de son état physique nous allons sans doute
lui poser une sonde. Morgane lui répond d'emblée qu'elle ne
comprend pas pourquoi on vient lui en parler et pourquoi nous nous
intéressons à son ressentit. L'éducatrice entend bien son
malaise et elle lui répond qu'elle n'est pas qu'un corps mais aussi une
personne douée d'esprit. Elle présente des troubles alimentaires
certes, mais surtout, elle a vécu une histoire personnelle à
prendre en considération et à comprendre.
Il est vrai que l'on va la gaver, avec l'aide d'une sonde,
mais il faut, selon moi, faire attention à tous les paramètres
personnels. Morgane pleure mais elle est un peu soulagée."
II 3. Les difficultés de
l'éducateur face à l'ennui de l'adolescent
Comme je l'ai dit précédemment, ma pratique se
base non pas sur un projet mais plutôt sur les interactions avec les
jeunes au quotidien. Mon objectif final était de laisser des adolescents
chercher par eux-mêmes la signification propre à leur ennui. Cet
objectif n'a pas été déterminé et mis en pratique
dès le début du stage. En effet, j'explique dans la partie
théorique que la première réaction possible de
l'éducateur face à un adolescent qui s'ennuie est la
culpabilité. J'ai très souvent ressenti ce malaise. Pour
illustrer mes propos je vais vous relater une expérience vécue
pendant mon stage.
II 3.1 "On fait quelque chose
mais on s'ennuie"
Je me souviens d'une situation. « C'est un mercredi
après-midi. C'est une après-midi sans école, les enfants
ont des activités prévues. Les adolescents ont la
possibilité d'avoir des visites d'amis ou de participer à des
activités. Aujourd'hui, aucun adolescent n'a de visite, les
activités se passent dehors. En effet, il fait très beau. Tous
les enfants et les adolescents partent se promener avec les éducateurs.
Néanmoins, deux adolescentes de 15 et 18 ans doivent
rester au sein du service en raison de leur état physique très
faible, qui ne leur permet pas de sortir. Je suis avec elles dans la salle
principale. Je les vois inactives, elles sont enfoncées dans des
fauteuils et ont l'air de s'ennuyer. Je leur demande ce qu'elles ont, elles me
répondent d'emblée qu'elles s'ennuient, qu'elles ont en marre
d'être ici et qu'elles dépriment. Cet instant me replonge dans ma
propre période d'adolescente.
Je me souviens alors de cet état de lassitude physique
et surtout moral que je pouvais ressentir lorsque je ne pouvais pas sortir et
que je m'ennuyais. Je demandais alors souvent à mes parents de me
trouver une solution, ils me disaient « regarde la
télévision ou prends un livre ».
La salle du service a beaucoup de matériel pour des
activités manuelles, je leur propose alors de prendre des feuilles de
dessin, de la peinture, de trouver un thème et de laisser place à
leur imagination.
Elles me répondent qu'elles n'ont pas envie de suivre
mon idée. Je leur propose : "prenez un livre ou regardez la
télévision!". L'idée du livre ne les séduise pas
mais regarder un DVD les intéresse davantage. J'installe la
télévision qui leur projète un DVD. Je ressens alors un
soulagement, j'ai enfin trouvé un moyen de les occuper et de ne pas
ressembler au "mauvais éducateur qui ne propose jamais
rien !"Au bout d'une demi-heure j'entends l'une d'elles dire " on
s'ennuie encore, non ?" »
Après cette expérience et d'autres du même
genre, je me suis rendue compte que le fait de leur avoir trouver une solution
occupationnelle n'a fait que repousser leur malaise. J'analyse mon intervention
comme une solution dans l'immédiateté. J'ai voulu trouver
absolument une réponse avant même que l'adolescente se pose la
question de savoir pourquoi elle s'ennuyait. Je me suis alors demandée :
elles sont déprimées car elles ne font rien? Ou bien elles ne
font rien car elles dépriment ? De mon point de vue, je pense que
notre société est régie par la consommation
d'activité, et les institutions n'y échappent pas. Savoir que
l'on ne fait rien peut entraîner la culpabilité, voire la
dépression. Je me demande ce que ressentent ces deux adolescentes qui,
qu'elles fassent quelque chose ou ne fassent rien, se retrouvent dans le
même état psychique.
A partir de cette réflexion, je comprends que proposer
des réponses toutes faites ne contribue pas à faire oublier
l'ennui. Mon objectif est-il pour autant de faire oublier l'ennui ? Non.
Mon objectif est d'essayer de faire prendre conscience aux adolescents que
l'ennui peut être un symptôme au fait de ne pas savoir ce que l'on
veut faire. Ce qui est alors important pour moi c'est d'insister sur le fait
que l'on est pas obligé de faire quelque chose.
II 3.2 "Je m'ennuie mais je ne
veux rien faire"
« Nous sommes un mercredi après-midi. Un
groupe d'adolescents est dans le couloir et s'apprête à descendre
en cuisine. Quelques jours auparavant, cinq jeunes se sont inscrits à
l'activité de ce mercredi. Je vois Malaurie23(*), une adolescente de 15 ans qui
à l'air de faire la moue. Je lui demande comment elle va. Elle me
répond qu'elle ne se sent pas très bien. Malaurie est inscrite
dans le groupe pour l'activité cuisine. Il est 16 heures,
l'éducatrice référente de l'activité appelle les
jeunes pour descendre. Malaurie ne répond pas à l'appel, elle me
dit qu'elle n'a plus envie d'y aller.
Pourtant elle m'explique qu'elle s'ennuie, qu'elle ne sait
pas quoi faire et surtout qu'elle n'a envie de rien. Je lui réponds
qu'elle n'est pas obligée de faire quelque chose, qu'elle peut rester en
salle à ne rien faire. »
Dans cette situation j'aurai très bien pu lui rappeler
ses engagements. Lui dire qu'il est important de respecter ce que l'on a dit et
qu'il faut aller au bout de ses promesses. Au lieu de cela, j'ai
préféré ne pas la juger et ne pas lui imposer une
solution. J'ai écouté ce qu`elle avait à dire, je l'ai
laissé s'exprimer par rapport à son malaise. Je l'ai juste
rassuré par rapport à ce qu'elle ressentait.
Je pense qu'il aurait été malvenu de
réprimander l'adolescente. Elle est venue d'elle-même me voir pour
partager son besoin de ne rien faire. Malaurie s'est rendue compte qu'elle
pouvait avoir confiance en moi.
II 3.3 "Dis moi si je
m'ennuie"
" C'est un mercredi après-midi, je fais de la peinture
avec Victor24(*), un
enfant de 6 ans. Marie25(*) est une adolescente de 14 ans, elle est assise
près de moi. Je ne m'occupe pas d'elle et elle ne participe pas à
l'activité. Je la regarde, elle dessine tranquillement. Puis elle vient
me demander ce que je regarde. Je lui dit que je regarde ce qu'elle fait. Elle
me dit qu'elle s'ennuie en me regardant dans les yeux. Je lui réponds
seulement un "ah bon?" et retourne à mes préoccupations avec
Victor. Je vois bien qu'elle me regarde et qu'elle attend une réponse de
ma part. Je ne lui réponds pas de la séance et elle continue son
dessin. Avant le repas, elle m'interpelle. Elle me demande pourquoi je n'ai pas
réagi à sa réflexion. Je lui demande ce qu'elle pensait
que j'allais lui répondre. Elle me dit qu'elle pensait que j'allais lui
proposer de faire autre chose. Je lui demande alors si elle s'est bien
amusée pendant son dessin. Elle me dit qu'elle s'était bien
amusée mais surtout, qu'elle ne pensait pas pouvoir faire un si joli
dessin."
C'est amusant d'imaginer ce qu'aurait été la
situation si j'avais voulu "sauver" Marie de son ennui. Elle n'aurait peut
être pas terminé son dessin et été fière de
ce qu'elle a fait. Elle m'aurait peut être même reproché de
ne pas l'avoir laisser faire son dessin! Elle attendait de moi que je lui
propose autre chose à faire sous prétexte qu'elle
commençait à s'ennuyer. Je l'ai laissé continuer
malgré son ennui et elle en est sortie satisfaite d'elle même.
II 4. Comprendre l'ennui avec
l'adolescent
« Comme je l'ai dit, l'aspect principal de l'ennui
était
l`impossibilité pratique de rester en face de
moi-même,
seule personne au monde d'autre part, de laquelle je ne
pouvais me défaire d'aucune façon »
Alberto Moravia, l'Ennui
A partir du moment où j'ai eu cerné et compris
le rôle que je pouvais avoir par rapport à l'ennui avec les
adolescents, je n'avais plus qu'à mettre tout ça en pratique.
Evidemment, on dit souvent que c'est plus facile à dire qu'à
faire ! J'étais maintenant dans l'optique d'essayer de faire
prendre conscience aux adolescents les raisons de leur ennui.
II 4.1 "Je m'ennuie mais je ne comprends pas
pourquoi"
Laurence26(*) est une adolescente de 18 ans. En raison de sa
faiblesse physique, elle est obligée d'avoir plusieurs temps de repos
par jour. Je passe la voir plusieurs fois dans la journée pour prendre
de ces nouvelles. Elle s'occupe comme elle peu me dit-elle. Elle me
raconte qu'elle s'ennuie très souvent pendant la journée. Je lui
demande si elle connaît les raisons de son ennui. Elle me répond
qu'elle ne s'est jamais vraiment posée la question. Elle peut quand
même me dire qu'elle pense savoir ce qu'elle ressent quand elle s'ennuie.
Que ce sont souvent des choses très négatives sur sa personne.
Devant ses souffrances, je ne pouvais pas rester de marbre.
Mais en même temps, comme je l'ai démontré
précédemment, je ne voulais pas combler son ennui. Il fallait que
je trouve un moyen, avec elle, de comprendre son ennui.
Après réflexion je lui ai proposé de
rédiger chaque soir un carnet de bord qui reprenait plusieurs questions
en rapport avec ses périodes d'ennui.
« T'es-tu ennuyé
aujourd'hui ? »
« Quels sentiments as tu
éprouvés ? »
« As-tu mis des choses en place pour surmonter
cette période ? »
En sachant que ce travail s'est déroulé sur
plusieurs semaines, je ferai part des réponses les plus pertinentes
à mon sens.
- « T'es-tu ennuyé
aujourd'hui ? »
« Oui, comme tous les jours... »
« Pas l'après midi car on était bien
occupé mais bien le matin. Entre 9h et 10h, pendant mon
« heure de repos » quand tous les autres étaient
à l'école et que les éducateurs étaient en
réunion »
« Non, pas trop car on s'est bien
occupé (jeux de société, DVD, ...) C'était
chouette ! »
« Oui quand les autres étaient à
l'école »
« Oui quand même beaucoup surtout le matin car
l'après midi j'ai eu de la visite »
« Oui, lorsque les autres sont partis pour la
patinoire. »
On voit bien que l'adolescente reconnaît son ennui dans
les moments où elle n'est pas avec les autres. J'interprète cela
par le fait qu'elle se sent différente des autres. Elle n'est pas au
même endroit qu'eux et surtout ne fait pas la même chose qu'eux.
Mon interprétation s'est confirmée lorsque j'ai lu ses
ressentis.
« - Quels sentiments as-tu
éprouvés ? »
« Triste et parfois un peu fâchée ou
jalouse des autres. Un peu fâchée contre moi aussi. Je pense
beaucoup dans ces cas là. »
« Je me sentais triste et un peu
abandonnée »
« Le matin s'était plutôt un peu de la
colère car si ça m'ennuie d'être ici d'un côté
je me dis que c'est de ma faute... L'après-midi c'était plus de
la tristesse car ça me rends mal à l'aise que mes parents se
déplacent jusqu'ici rien que pour moi et qu'ils prennent du temps pour
moi et puis quand ils sont là, je ne sais pas quoi leur
dire »
« J'étais très nerveuse et
angoissée »
« J'avais envie d'y aller avec eux. Je me sentais
à part et différente des autres. »
« J'étais triste de ne pas pouvoir aller avec
eux car j'adore patiner et j'étais en colère contre
moi-même car c'est de ma faute si je ne peux sortir d'ici. »
Elle expose bien son sentiment de différence. Elle se
sent abandonnée lorsque les adolescents sont autre part. Elle
culpabilise aussi beaucoup de ne pas pouvoir faire la même chose que les
autres. Elle se sent responsable de sa maladie et éprouve beaucoup de
colère à son égard.
« - As-tu mis des choses en place pour surmonter
cette période ? »
« J'ai essayé de lire un livre mais je n'y
suis pas arrivée car je pensais trop à plein de choses. J'ai mis
mon réveil à 10h pour éviter de regarder tout le temps
l'heure et de voir passer chaque minute car alors ça paraît encore
plus long. »
« Le matin j'ai essayé de m'occuper
en lisant et en rangeant ma chambre. L'après-midi j'ai proposé
à mes parents de faire un jeu de société. »
« J'en avais marre de tout, alors je me suis
couchée dans mon lit en espérant m'endormir pour que le temps
passe plus vite, mais ça n'as pas fonctionné »
« Je me suis plongée dans mon livre pendant
près d'une heure puis j'ai fait des mots fléchés,
j'étais bien occupée »
« Oui, j'ai essayé de
« programmer » des activités (seule ou avec les
autres) pour chaque moment de la journée »
« J'ai commencé par regarder la TV mais
ça n'allait pas car j'avais tout le temps l'esprit attiré par
autre chose. Ensuite j'ai fait de la peinture et ça m'a détendue
car j'avais l'attention bien occupée. »
« J'ai essayé de m'occuper seule
mais comme je m'ennuyais toujours autant, je suis allée trouver un
infirmier pour lui demander s'il voulait bien faire un jeu avec moi. On a
joué au Trivial Poursuite et le temps est passé beaucoup plus
vite ! »
Après cette lecture, je me rends bien compte que
Laurence utilise pratiquement tout le temps des stratégies pour
« tromper » l'ennui. Elle me prouve que ce qui lui fait
oublier l'ennui c'est de s'occuper. Faire des choses encore et encore
pour occuper le temps et surtout faire oublier son ennui. Le carnet de
bord s'est établi sur 6 semaines, les réponses que j'expose sont
chronologiques. Je me rends bien compte que les symptômes et les
solutions de son ennui n'ont pas évolué. Elle s'ennuie encore
tous les jours et elle tente de le "noyer" dans l'agir. Elle cherche
sans arrêt quelque chose à faire. Elle ne dit à aucun
moment qu'elle se laisse aller et qu'elle ne fait rien. Je suis
stupéfaite par son abondance d'activités que j'interprète
comme de l'« hyperactivité ».
Je la laisse quelques jours sans lui parler de l'ennui. Elle
vient me voir et m'explique que son carnet de bord l'a aidé. Elle
m'explique que mettre des mots sur ces périodes d'ennui lui a permis de
se libérer de ses pensées. Je lui demande si c'est le fait
d'avoir écrit ou plutôt que je le lise ensuite. Elle me dit
qu'écrire l'aide à mieux situer ces périodes d'ennui et
qu'elle se rend aussi compte qu'elle veut sans cesse être
occupée. Elle me dit quand même qu'elle a
apprécié que je le lise et que je ne la juge pas. Elle se sent
davantage comprise et elle culpabilise moins lorsqu'elle ne sait pas quoi
faire.
II 4.2 "Je
fais mais je ne sais pas pourquoi"
Je nomme la pathologie de cette jeune pour montrer une fois de
plus qu'elle représente juste un détail dans la
problématique de cette adolescente.
Pauline27(*) est une adolescente de 14 ans. Elle nous est
adressée pour troubles alimentaires. C'est une jeune fille sans signe
expressif de dépression ou de malaise. Nous cernons très vite sa
problématique. Pauline arrive avec ses deux parents. Ce sont des
médecins. En raison de leur profession ils sont peu présents
à la maison. Pauline est alors souvent livrée à
elle-même. Elle se décrit comme une adolescente sans
problème mais a une particularité dans son quotidien : elle ne
s'ennuie jamais. Quoique si, à l'hôpital. Pauline a une dizaine
d'activités par semaine à l'extérieur, toutes
différentes les unes des autres. Elle se laisse transporter de cours de
natation en cours d'équitation, de la danse au solfège... Pauline
dit ne manquer de rien. Ces résultats scolaires sont
élevés, elle en est très fière.
Lorsque l'on creuse un peu dans les interactions à la
maison, nous apprenons que les relations entre la jeune et ses parents sont
pratiquement inexistantes. Pauline peu nous dire qu'elle a conscience de son
rythme quotidien. Elle le qualifie de très soutenu mais, au fond, il lui
permet de ne pas trop penser à ce qui la rend malheureuse : l'absence de
considération de ses parents. Nous comprenons qu'elle vit de ses
performances, qui la gratifient aux yeux de ses parents. Que son
"hyperactivité" l'aide à rester la petite fille idéale de
ses parents. Mais Pauline n'as plus envie de ça, elle se décrit
comme une adolescente qui grandie et qui veut s'imposer en tant que personne.
Nous la laissons vivre au rythme de l'hôpital, qui lui
parait bien plus calme qu'à son habitude. Elle apprend à
s'ennuyer mais surtout, à prendre son temps et à vivre comme elle
en a envie. A l'hôpital, elle n'a personne à séduire et
à qui prouver quoi que ce soit. Elle comprend qu'elle cache
derrière ses activités son refus de se montrer en tant
qu'individu aux yeux de ses parents.
Cette expérience illustre bien le fait que parfois, des
adolescents cachent leur personnalité derrière une abondance
d'activité. C'est aussi ne pas avoir le temps, et surtout de ne pas
prendre le temps, de se confronter à soi-même. C'est peut
être une solution pour ne pas se poser des questions existentielles et
nier que l'on grandit, que l'on est plus vraiment un enfant. Nous ne lui avons
pas interdit de pratiquer des activités. Nous l'avons laissé
naturellement vivre son temps au grès de ses besoins et ses envies.
II 5. L'ennui propre à
l'adolescent : voyage à l'intérieur de soi
« Celui qui connaît l'art de vivre avec
soi-même ignore l'ennui. »
Didier Erasme
Certains adolescents, comme je l'ai expliqué dans la
partie théorique, s'ennuient car ils ne savent pas vraiment ce qu'ils
ont envie de faire. Ceci étant parfois en lien avec le fait qu'ils ne
savent pas ce qu'ils sont. Ce qui revient à dire qu'ils ne savent pas
toujours ce qu'ils aiment, ce qui leur plait. Au lieu de chercher à
l'intérieur d'eux même des solutions, ils se réfugient
auprès des adultes. Il est parfois plus simple pour un adolescent de
faire appel à l'adulte que de se retrouver face à lui
même.
II 5.1 "On ne sais pas quoi
faire, rêvons un peu"
Je suis assise dans un fauteuil à côté de
plusieurs adolescentes. J'entends l'une d'elle dire qu'elle s'ennuie. Les
autres soutiennent la même chose. Je leur demande si nous sommes
obligées de faire quelque chose. Elles me répondent que si nous
ne faisons rien, le temps ne passe pas vite. Elles me racontent qu'elles en ont
marre d'être ici, qu'il n'y a rien à faire. Je leur demande ce
qu'elles font de plus quand elles sont chez elles. Elles me regardent un peu
hébétées. Elles me répondent un peu perplexe
qu'elles ne font rien de plus, mais qu'elles rêvent de faire pleins de
choses. Une adolescente me dit qu'elle voudrait un jour devenir chanteuse, une
autre qu'elle aimerait devenir pilote d'avion. Chacune leur tour, elles
réfléchissent au rêve le plus fou. Il y a beaucoup de
silence car elles pensent dans leur tête. Je les laisse à leur
imagination, elles réussissent à "occuper", comme elles
disent, leur temps. Au bout d'un certain moment, je leur signale que nous
allons manger. Elles me répondent qu'elles n'ont pas envie et qu'elles
se sentent bien ici. D'autres adolescents reviennent de leur promenade. L'un
d'eux raconte aux jeunes filles qu'il s'est beaucoup ennuyé. Il leur
demande ce qu'elles ont fait, l'une d'elle répond en rigolant, "rien,
nous avons rêvé!".
Il est intéressant de voir à quel point
l'inactivité des jeunes peut traduire un malaise. L'envie de faire
quelque chose précède souvent le besoin. Il est important de leur
demander de réfléchir à ce qu'ils ont vraiment envie de
faire et s'il y a lieu de le faire.
II 5.2 "Ce que j'aime, ce que je
n'aime pas? Je ne sais pas."
Je reparle, pour illustrer cette idée de Laurence.
Lorsque son état physique ne lui permet pas d'aller à
l'école, elle est souvent toute seule. Avec l'équipe de
professionnels, nous nous sommes mis d'accord pour mettre en place un projet de
recentrage sur elle-même. Nous lui accordons un espace temps, pour la
mise en oeuvre d'une activité qui lui plait. Je trouve le projet
pertinent, mais quelque chose me déplaît. Les différents
professionnels participant au projet ont des domaines de
spécialité. Une éducatrice lui propose de faire de la
relaxation, une autre de la réflexologie. Ce qui m'interpelle est le
fait que lorsque nous proposons, nous orientons la décision,
voire nous l'imposons. Pour moi, il est s'agirait de ne rien lui proposer, mais
plutôt que Laurence trouve et choisisse par elle même son
activité.
Laurence m'attend un matin. Le moment est prévu pour
effectuer l'activité. Elle interroge sur ce qu'elle va faire avec moi.
Je lui réponds que je ne sais pas. Elle me regarde, interloquée,
et me demande si elle ne s'est pas trompée d'horaire... Je lui
réponds qu'elle ne s'est pas trompée, mais que c'est elle qui va
choisir ce que l'on fera toutes les deux. Je ressens chez Laurence un sentiment
de gène et de malaise. Je pense qu'elle ne s'attendait pas à
cette réponse de ma part.
Elle me dit qu'elle n'a aucune idée de ce que l'on peut
faire et qu'elle ne trouvera sans doute pas d'idées. Je lui rappelle que
tous les jours, elle fait une multitude de choses et qu'elle doit sans doute
aimer l'une d'elle. Elle me répond qu'en effet, elle aime les choses
qu'elle fait mais que ce n'est pas forcément ce qu'elle
préfère. Je saisis à ce moment qu'elle fait beaucoup de
choses, chaque jour, mais qu'elles ne sont pas à la hauteur de ses
attentes. Elle ne se sent pas très à l'aise. Laurence est de
nature assez fière, le fait de lui rappeler le sens de ses actes ne lui
plait pas tellement.
Je n'insiste pas, et lui propose de faire avec elle une
check-list de ses goûts et de ses centres d'intérêt.
L'idée la séduit, mais lorsque je lui pose les questions, elle
n'est pas très bavarde. Je lui dis alors que nous reviendrons plus tard
dessus. On parle de choses et d'autres. Elle parvient à me dire que son
grand-père lui manque, qu'elle l'aime beaucoup et qu'ils font beaucoup
de choses ensemble quand elle n'est pas à l'hôpital. Elle me
raconte qu'il a une passion pour la peinture et qu'il reproduit les paysages au
fil des saisons. Elle, qui n'a pas de talent de peintre, photographie à
côté de lui. Je la laisse continuer son histoire qui la remplie de
gaieté.
Je sens que Laurence aime vraiment penser à sa famille
et qu'elle éprouve beaucoup de plaisir à m'en parler. C'est
quelque chose que, plus tard, je lui rapporte.
Je me demande à cet instant si j'en profite pour lui
dire qu'au lieu de faire une activité nous pouvons tout simplement
parler. Mais je reviens avec elle sur ce qu'elle vient de me raconter, sur le
fait qu'elle aime beaucoup la photographie. Je lui demande pourquoi elle ne
photographie pas à l'hôpital. Elle me dit qu'elle y a
déjà songé mais qu'elle n'avait pas envie que ça se
sache. Laurence ajoute qu'elle a peur de ce que les autres vont penser d'elle
si on la surprend à photographier. Elle me dit qu'elle se sentirait
nulle.
Après une heure passée à discuter, il est
temps pour nous deux d'aller dîner. Elle me demande si notre projet peut
être la photographie. J'acquiesce avec enthousiasme et lui dis que nous
commencerons la semaine prochaine.
Cette activité a eu lieu seulement une fois. La seconde
fois, Laurence n'était pas très en forme, elle n'avait pas envie
de faire l'activité. Je sens qu'elle n'est pas très à
l'aise quand elle me parle, elle me demande si je ne suis pas
déçue. Je la rassure en lui disant qu'elle n'est pas
obligée de le faire, c'est elle qui choisi. Je la remercie de sa
sincérité et lui précise que je suis contente qu'elle me
dise vraiment les choses. Une après midi, Laurence est toute seule, les
autres adolescents sont à l'école. Elle me raconte qu'elle avait
envie de faire de la photographie mais qu'elle n'en a pas fait. Elle explique
qu'au lieu de le faire, elle a pensé très fort à
son grand-père, à leurs moments passés ensemble, et que
ça a suffit à occuper son esprit.
Je pense que cette situation vécue avec Laurence
illustre bien le sentiment que les adolescents, et les individus en
général, peuvent avoir lorsqu'ils se sentent différent des
autres. Certains adolescents préfèrent ne pas développer
leurs centres d'intérêt et leurs goûts, au risque
d'être raillé par les autres. Choisir ce que l'on veut faire ou ce
que l'on veut être, ramène à la notion
d'individualité et de liberté.
CONCLUSION
Vous-êtes vous ennuyez lors de votre lecture?
J'espère que non... Le "pompon" serait qu'un tel sujet vous lasse !
Je reprends volontairement une de mes questions de
départ :
Comment des adolescents peuvent-ils construire leur
identité en ayant si peu de temps pour réfléchir sur
eux?
Tout individu cherche naturellement à élaborer
sa personnalité d'après des questionnements identitaires. Qui
suis-je? Qu'est-ce que j'aime, qu'est-ce que je veux? etc. Cette
démarche est plus aisée lorsque l'on dispose réellement de
temps libre. Or, comme je l'ai remarqué, le temps libre est souvent
assimilé à l'ennui, lui-même connoté
négativement. Prendre du temps libre et ne rien faire est
dévalorisé socialement, les individus culpabilisent. Il est
préférable d'être actif au risque d'être
considéré comme "fainéant". Un de mes objectifs
était de faire de l'ennui un moment fécond qui puisse être
bénéfique aux adolescents dans leur développement
personnel.
Je me suis rapidement rendu compte que la majorité des
adolescents du service où j'ai effectué mon stage, ont certes des
pathologies, mais sont avant tout en recherche personnelle et en construction
identitaire. Mon travail ne s'adresse pas obligatoirement à cette
population mais davantage "aux" adolescents.
J'ai vite compris que l'ennui est un mal que beaucoup
d'adolescents ressentent. Leur préoccupation est alors parfois de s'en
détacher par une seule et unique manière s'occuper.
Vouloir "combattre" l'ennui par une activité est naturelle et je pense
que nous le faisons tous. Mais réfléchir ne peut-il pas
être une activité en soi? Je suis convaincue que si, en tout cas
pour certains, dont je fais partie ! L'inactivité n'est pas, quoi qu'il
en soit, dans nos habitudes occidentales. Il m'a été difficile de
mettre en place des moyens "impalpables" et qui relèvent de la
réflexion. Certains adultes s'attendaient aussi a me voir mettre en
projet une activité "concrète".
Il était donc de mon choix de rompre avec la tendance
sociale et éducative qui se situe souvent dans le "faire", dans
l'"agir" au détriment de l'"être". Je remarque
que, souvent, les institutions mettent en place beaucoup d'activités.
Que le temps libre, et plus exactement le temps de ne rien faire,
n'est pas privilégiés.
Malgré la pertinence de mon idée il fût
difficile, et peut être davantage en tant que stagiaire, de faire changer
quelque peu les rythmes et les habitudes. J'ai alors profité de moments
exceptionnels, avec certains adolescents qui ne pouvaient pas, en raison de
leur pathologie, participer à toutes les activités, pour mettre
en place mon (non-?) projet.
Grâce aux discussions avec certains jeunes, j'ai pu
comprendre avec eux la signification de leur ennui et chercher ensemble des
moyens d'être plus serein.
L'ennui, comme il peut être perçu par bon
nombre, est pour moi un mal qui peut rendre certains individus malheureux.
L'ennui pourrait être, pour devenir fécond,
considéré comme inhérent à la vie. Accepter
l'inactivité comme faisant partie de la vie peut permettre de le vivre
avec plus de plaisir.
Je me demande si l'expérience de l'ennui peut
être mieux vécue par les individus si elle est
considérée comme féconde, bénéfique pour
soi. Nous vivons dans une société de l'image. Ne serait-il pas
intéressant de proposer et de mettre en place des campagnes de
publicités qui valoriserait le temps libre, la détente et la
paresse? Il serait intéressant selon moi de créer davantage de
temps libre et d'inactivité dans les institutions, mais aussi dans les
écoles et les entreprises. Malgré tout, j'ai bien conscience que
vouloir renverser la tendance actuelle est peut être trop ambitieuse !
TABLE DE REFERENCES
Livres:
- ANATRELLA, Tony. Adolescence au fil des jours.
Chronique des paroles et des maux d'adolescents. Paris: Les
éditions du Cerf, 1991. 224 p.
- CLERGET, Joël. Dir. Vivre l'ennui à
l'école et ailleurs. Monts : Eres, 2005, 186 p.
-COENEN Roland. Eduquer sans punir : Une anthropologie de
l'adolescence à risques. Mercuès : Eres, 2006. 134 p.
- DESSOUROUX, M. Initiation à la recherche
appliquée en vue de l'élaboration du TFE. Dans :
Complément de formation. Jemeppe : Haute Ecole de la Province
de Liège Léon-Eli Troclet, Catégorie pédagogique,
section Educateurs spécialisés en accompagnement
psycho-éducatif, année académique 2007/2008, 58 p. Notes
de cours à l'usage des étudiants de 3ème
année.
- Dictionnaire Hachette encyclopédique. Maury : 2002.
1858 p.
- DOLTO, Françoise. La cause des adolescents.
Paris : Le livre de poche, 1988.
376 p.
- LECOMTE, Jacques. Guérir de son enfance.
Villeneuve-d'Ascq : Odile Jacob, 2004. 382 p.
- LEMOINE, Patrick. S'ennuyer, quel bonheur! Vottem :
A. Colin, 2007. 182 p.
- RUFO, Marcel. La vie en désordre. Voyage en
adolescence. Paris : Anne Carrière, 2007. 252 p.
- S. NEILL, Alexander. Libres enfants de Summerhill.
Paris : La Découverte, 2004. 463 p.
- TARTAR GODDET, Edith. Savoir communiquer avec les
adolescents. Cahors : Retz, 2006. 174 p.
Périodiques:
- Collection mutations. Dans : L'ennui. Féconde
mélancolie, France, n°175, janvier 1998 : Autrement, 5 fois
l'an, 198 p.
- La lettre de l'enfance et de l'adolescence. Dans :
L'ennui et l'enfant, France, n°60, juin 2005 : Erès, 108
p.
- Fluide glacial. Paris, n°383, mai 2008 : Audie sas, 67
p.
- Psychologies magazine. Paris, n°267, octobre 2007 : Sas
Finev, 177 p.
Emission de radio:
- BEDOUET, Alain. Faut-il laisser les enfants
s'ennuyer? Paris : Radio France, 2007
Emission radio ( 40 min), diff. France Inter, 11/12/2007. (Le
téléphone sonne )
ANNEXE
ABSTRACT
L'ennui est une expérience vécue par beaucoup
d'individus, on dit parfois qu'elle inhérente à la vie. L'ennui
peut-il être fécond et contribuer à la construction
identitaire des individus?
La partie théorique définit le processus
développemental de l'adolescence et sa considération dans nos
sociétés occidentales. Puis quelle est la place de l'ennui dans
notre quotidien et son impact dans la vie de l'individu. Enfin je parle de
l'ennui pouvant nous être fécond et bénéfique. Dans
la partie pratique, je présente l'institution où j'ai
effectué mon stage, le projet pédagogique et le rôle de
l'éducateur. Puis, j'illustre ma théorie par mes
expériences professionnelles.
En conclusion, je fais part de mon auto-évaluation
quant à mes expériences et je me demande si l'ennui pouvait
être bénéfique si elle était davantage
considérée comme telle.
MOTS CLES
Adolescent; ennui; activité; identité;
introspection.
* 1 TARTAR GODDET, E.
Savoir communiquer avec les adolescents. Cahors : Retz, 2006, p. 28
* 2 ANATRELLA, T.
Adolescence au fil des jours. Paris : Les éditions du Cerf,
1991, p. 80
* 3 Ibidem, p.57
* 4 LEMOINE, P. S'ennuyer,
quel bonheur! Vottem : 2007, p. 68
* 5 Obsession, idée
fixe. Dictionnaire Hachette encyclopédique. Maury : 2002, p. 1061
* 6 Etat dépressif aigu.
Op. cit., p. 1021
* 7 Préoccupation
obsessionnelle d'un sujet pour son état de santé. Op. Cit., p.
792
* 8 Etat dépressif
caractérisé par une grande fatigue. Op. cit., p. 1110
* 9 Manque de désirs.
Op. cit., p. 807
* 10 L'ennui et
l'enfant. Dans : La lettre de l'enfance et de l'adolescence, p. 11,
France, n°60, juin 2005 : Erès, trimest.
* 11 LEMOINE, P. Op. cit., p.
80
* 12 Dictionnaire. Op. cit.,
p.541
* 13 LEMOINE P. Op. cit.,
p.87
* 14 CLERGET, J. Dir.
Vivre l'ennui à l'école et ailleurs. Monts : Eres, 2005,
p.8
* 15 CLERGET, J. Dir. Op.
cit., p .35
* 16 Relatif aux humeurs. Op.
cit., p. 787
* 17 CLERGET, J. Dir. Op.
cit., p. 70
* 18 La lettre de l'enfance et
de l'adolescence. Op. cit.
* 19 Ibidem.
* 20 L'ennui.
Féconde mélancolie. Dans : Collection mutations. p.63,
France, n°175, janvier 1998 : Autrement, 5 fois l'an
* 21 DESSOUROUX , M.
Initiation à la recherche appliquée en vue de
l'élaboration du TFE. Dans : Complément de
formation. Jemeppe : 2007/2008, p. 10
* 22 Prénom
changé afin de garder l'anonymat de la personne
* 23 Prénom
changé afin de garder l'anonymat de la personne
* 24 Prénom
changé afin de garder l'anonymat de la personne
* 25 Ibidem
* 26 Prénom
changé afin de garder l'anonymat de la personne
* 27 Prénom
changé afin de garder l'anonymat de personne