Chapitre 2 Les approches modernes de
l'interprétation théorique du cours de change
1 les méthodes économiques et l'analyse
fondamentale
Les méthodes économiques que nous traitons ici,
sont plus complexes et beaucoup plus pratiques que celles décrites dans
les pages précédentes .Elles intègrent plusieurs variables
explicatives du cours de change. Outre le différentiel de taux
d'intérêt, les autres variables économiques qu'elle prend
en compte comme le taux de croissance, l'équilibre extérieur, la
productivité et la masse monétaire.
L'analyse fondamentale repose sur l'idée selon
laquelle chaque devise a une valeur intrinsèque et doit tendre vers
cette valeur .Yves Simon [1993] page 192.
La valeur fondamentale est donc une valeur vers laquelle les
fondamentaux de l'économie conduisent le cours de change. C'est cette
valeur qui reflète la réalité économique.
Ainsi, les méthodes économiques complexes
prennent les fondamentaux comme variables explicatives des cours de change.
Elles sont donc destinées à formuler des prévisions
à moyen et long terme, en utilisant des méthodes
économétriques à variables multiples faisant appel
à l'informatique. Pour accroître les possibilités de
prévision, les modèles peuvent introduire les décalages
temporels dans les variables explicatives, en utilisant les variables
exogènes à retard échelonné.
Notons toutefois que cette analyse fondamentale et les
méthodes économétriques ne permettent pas de
prévoir correctement et sans biais les évolutions des cours de
changes à moyen et long terme.
2 Les méthodes d'analyses techniques ou
chartistes
L'analyse technique regroupe un ensemble de démarches
utilisées pour prévoir les cours de marché
(matières, actions, change), elles sont basées pour la plupart
sur l'interprétation graphique, des mouvements erratiques du
marché.
2 .1 Les indicateurs de tendances
Les évolutions des cours de change peuvent faire
apparaître l'existence de tendance, haussière ou baissière,
auxquelles s'ajoutent une perturbation, souvent difficilement
interprétable et qui est facteur de risque que l'on qualifie de
volatilité.
L'étude de ces tendances repose sur des traitements
numériques, appliqués à des séries temporelles.
2.1.1 Les moyennes mobiles
Les moyennes mobiles simples, de paramètre n, d'une
série temporelles est une autre série dont chaque valeur
Mt est obtenue en calculant la moyenne arithmétique simple
des n dernières valeurs de la série brute. Mt =
(Xt +X t-1 +Xt-2+Xt-n+1)/n
Selon la valeur du paramètre n, l'inertie du mouvement
de la moyenne mobile sera plus ou moins grande. Les valeurs de n
élevées, de plusieurs centaines d'observations pour des
séries quotidiennes, conduisent à des graphiques très
lissées, peu sensibles aux changements du jour avec très peu de
changement de tendance.
Au contraire, des valeurs de n faibles, de quelques
unités, correspondent à des moyennes mobiles beaucoup plus
sensibles aux variations, qui suivent de beaucoup plus près
l'évolution de la série brute.
Les calculs des moyennes mobiles sont à l'origine des
plus célèbres méthodes sur les marchés financiers
en général.
La règle la plus connue est celle d'acheter en phase de
hausse, quand la courbe « traverse » la moyenne mobile de
bas en haut et de vendre quand, inversement le cours croise la moyenne de haut
en bas.
2.1.2 Les lissages exponentielles
Les calculs de moyennes mobiles s'effectuent en accordant
autant de poids à chacune des observations qui entrent dans la moyenne.
On peut souhaiter, au contraire, pondérer ces valeurs par des
coefficients décroissants avec l'éloignement, dans le
passé, de la donnée observée. Les données les plus
récentes ont alors une importance plus grande dans la
détermination du niveau lissé actuel.
A partir d'un nombre a, compris entre 0 et 1,
une suite de n coefficients décroissants est obtenue par la fonction
exponentielle : 1, a, a²,
a3....an-1
La série lissée exponentielle est
alors Lt =(Xt + aXt-1 +a²Xt-2
+ ...a n-1 Xt-n+1 )/(1+a+a²+
...an-1)
En négligeant les derniers termes en a, cette formule
devient :
Lt = (1-a)(X t
+aXt-1+a²X t-2 +.....) et par récurrence
Lt =aLt-1 +(1-a)Xt
La valeur lissée est. la moyenne pondérée
de la dernière valeur observée et de la valeur lissée
précédente. La valeur du coefficient de pondération a,
détermine l'inertie du résultat obtenu,les valeurs faibles
conduisant à accorder aux dernières observations une importance
plus grande et à obtenir ainsi une courbe lissée proches de
celles de données brutes.
2.2 Les indicateurs de puissances
C'est le besoin d'anticiper le renversement des tendances qui
a conduit à la construction d'indicateurs visant à
étudier, de façon plus ou moins directe, l'évolution des
pentes des courbes qui sont observées. Le terme de puissances traduit
ici beaucoup plus l'idée de constance de la tendance, sa force, la
garantie de son prolongement.
Le ralentissement du rythme d'une hausse sera compris comme un
signe précurseur d'une inversion possible.
2.2.1 Le momentum (MO)
Le momentum mesure directement la variation (la pente) entre
des valeurs brutes observées, distantes de n observations.
MO =Xt -Xt-n , la stratégie la
plus simple est d'acheter lorsque le momentum passe d'une valeur
négative à une valeur positive et de vendre dans le cas
contraire.
Généralement il est d'usage de préfixer
des seuils au dessus en dessous de zéro pour le déclenchement des
signaux d'achat et de vente.
2.2.2 Le rate of Change (ROC)
La comparaison entre les valeurs Xt et
Xt-1 se fait, non plus par le calcul de leur différence, mais
en mesurant le rapport.
ROC= (Xt/Xt-1)
L'interprétation, par rapport à la valeur
centrale 100, est très proche de celle du momentum, par rapport à
zéro.
2.2.3 Le relative Strengh Index (RSI)
Le RSI est un indicateur construit en distinguant les
variations haussières des variations baissières pour des
observations consécutives. A partir de la moyenne des hausses Ht et de
la moyenne de la valeur absolue des baisses Bt sur la
dernière période de longueur n, on calcule la part relative de la
hausse moyenne.
RSIt =100x
(Ht)/(Ht+Bt)
En l'absence de hausse Ht vaut zéro et le
RSI est égal à zéro. En l'absence de baisse
Bt est égal à zéro et le RSI est
égal à 100. Si la moyenne des hausses et égale à la
moyenne des baisses,le RSI est égal à 50. Deux seuils,
traditionnellement fixés à 30 et 70, indiquent des marchés
survendus et surachetés.
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