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La Gestion du Risque de change: L'approche par les instruments dérivés à SHELL SENEGAL

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par Etienne .Y. NGUETTA
Centre Africain d'Etudes Supérieures en Gestion (CESAG) - Mastère en Banque et Finance 2006
  

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I Introduction Générale

Au cours des dernières années, avec l'abandon du système des parités fixes, les cours de change ont connu des fluctuations erratiques sans précédent, ce qui n'as pas été sans incidences commerciales et financières pour les entreprises fortement intégrées au commerce international.

Une entreprise est confrontée à certains risques qu'elle assume et dont elle est normalement rémunérée par un profit .Dès qu'elle intervient sur un marché extérieur, pour exporter, pour importer, pour investir ou pour se financer, cette entreprise est confrontée à de nouveaux risques, spécifiques, nombreux et multiformes. Il n'est pas question ici de tous les analyser Nous nous concentrerons sur l'un des risques les plus importants ; à savoir le risque de change qui est l'un des risque considérés depuis très longtemps comme source d'inquiétude pour les entreprises dans leurs relations internationales.

Les entreprises sont confrontées au risque de change car elles effectuent des opérations d'exportation et d'importation facturées dans une devise différente de celle utilisée pour l'établissement de leurs bilans et de leurs comptes de résultats. Dans la mesure où le cours de change varie, ces fluctuations peuvent être à l'origine de gains mais aussi de pertes très importants. Si certaines entreprises, grâce à l'évolution des cours ont pu parfois gagner des parts de marchés en profitant de la dépréciation du franc CFA pour leurs facturations, d'autres ont dû au contraire faire face à des charges de remboursement très importantes lorsque leur endettement était libellé dans une monnaie s'appréciant fortement par rapport au franc CFA. Le risque de change est donc passé au premier plan des préoccupations des entreprises ayant :

-une grande pratique des exportations et importations avec l'étranger.

-une forte activité financière en devises, cette activité financière accompagnant généralement l'activité commerciale sous-jacente,

-une forte implantation commerciale à l'étranger : filiales succursales, groupe multinational.

Quand le dollar passe, en effet de 0,9377 euro à 0,7895 euro en six mois et chute de 1,018euro à 1,002euro en deux jours, l'entreprise facturant dans l'une de ces devises doit se poser le problème de risque de change du dollar par rapport à l'euro. Pour un exportateur, il existe un risque de change lorsque le cours de la devise dans laquelle est libellée la créance baisse entre la date de signature du contrat commercial et la date de paiement.

Dans le cas d'un importateur il existe un risque de change lorsque le cours de la devise dans laquelle est libellée sa dette s'accroît c'est dire s'apprécie entre la date de signature du contrat commercial et la date du paiement. Dans les hypothèses que nous venons d'évoquer, la variation du cours de change était défavorable à l'exportateur et à l'importateur .Tel n'est pas toujours le cas. L'évolution inverse se rencontre : le cours de la devise dans laquelle est libellée la créance peut s'apprécier ou le cours de la devise dans laquelle est libellée la dette peut baisser .Dans ces conditions, la variation (la fluctuation) du cours de change entraîne un profit.

La confrontation au risque de change n'est pas seulement réservée aux seuls exportateurs et importateurs ; les prêteurs et les emprunteurs qui opèrent sur les marchés financiers internationaux et étrangers sont eux aussi exposés au risque de change.

Une entreprise qui emprunte est exposée à un risque de hausse du cours de la devise dans laquelle elle paie les intérêts et rembourse les emprunts qu'elle a contractés. De la même façon, une banque ou institution qui prête est exposée à un risque de baisse de cours de la devise dans laquelle sont libellés les intérêts et annuités de remboursement des prêts qu'elle a accordés.

L'existence au bilan d'une entreprise de créances et de dettes libellées en devises étrangères, et ultérieurement traduites en francs CFA à un cours qui est susceptible de varier, est à l'origine du risque de change de transaction. Ce dernier doit être distingué des risques de consolidation, spécifiques aux entreprises multinationales qui consolident dans leurs comptes les bilans des filiales étrangères.

Les risques de consolidation et de transaction sont la conséquence d'un enregistrement comptable, mais n'épuisent en rien toute la totalité du risque de change, ce risque apparaît dès la passation d'une commande, bien avant le moindre enregistrement comptable.

C'est à la suite de pertes très importantes subies par les multinationales lors des événements monétaires de 1967-1969 : dévaluation de la livre sterling et du franc français, réévaluation du Deutsche mark, flottements du dollar canadien, qu'il est apparu nécessaire de remplacer les méthodes empiriques de couvertures par un ensembles de techniques financières appropriées, en un mot de mettre en oeuvre une gestion rigoureuse et intégrée de risque de change. Cette nécessité s'est renforcée avec la généralisation des changes flottants.

Il n'est pas rare de voir depuis 1979 les grandes devises varier au moins de 1% en une journée et cette variation peut se répéter sur plusieurs jours consécutifs.

Dans le contexte d'une économie internationale caractérisée par des fluctuations de grande ampleur des cours des monnaies et le flottement des devises, les entreprises ont mis en place des systèmes en utilisant des instruments dérivés pour se prémunir de ces risques quand elles n'ont pas spécialisé des services entiers en leur sein pour lutter contre ces chocs imprévisibles. Ces instruments dérivés doivent leur succès à la forte volatilité des marchés monétaires, obligataires et boursiers. Qui dit volatilité dit également risque. Chaque risque est source de dangers et d'opportunités : danger de subir des pertes, comme lors des krachs, opportunités de réaliser un gain découlant des fluctuations des cours .Une saine gestion de ces risques est la clé de succès de tout investissement.

Les options et les futures permettent de gérer le risque d'une manière efficace et relativement peu coûteuse.

A l'heure actuelle aucune place financière digne de ce nom ne saurait se passer de ces instruments. Dans la zone UEMOA les entreprises dont la quasi-totalité de leur activité est tournée vers l'extérieur, commence à utiliser des produits dérivés mais de façon encore timide.

Ces produits nés d'abord dans les années 1970 aux États-Unis et dans les années 1980 en Europe sont présents aujourd'hui sur toutes les places financières.

Notre préoccupation est de montrer, dans le cadre de notre mémoire, quel est l'impact de ces instruments dérivés et si ces produits sont véritablement des outils efficaces qui viennent renforcer les outils déjà utilisés en interne par les entreprises telles que Shell, qui est une multinationale impliquée dans le commerce pétrolier à l'échelle internationale.

Au total nous nous interrogeons sur l'utilité de ces instruments pour gérer le risque de change à Shell Sénégal et sur le recours à de tels instruments plus largement dans la zone.

I La Problématique de la Gestion du Risque de Change

Face au risque de change les entreprises peuvent adopter deux positions opposées, soit elles se protègent en le gérant, soit elles reportent l'ensemble des conséquences financières de ce risque au moment où il se concrétise. Si le risque est géré, un coût relativement modeste est supporté chaque année par l'entreprise. S'il ne l'est pas il y a toujours une possibilité pour que tôt ou tard, une perte importante susceptible d'induire de graves difficultés financières se produise. Dans le contexte d'une économie internationale caractérisée par le flottement des devises et des fluctuations de grandes ampleurs des cours des monnaies, la gestion du risque de change est une nécessité.

Cette gestion a pour but de minimiser les pertes susceptibles d'affecter, du fait des variations des cours de changes des devises le patrimoine ou les revenus de l'entreprise libellés en monnaies étrangères.

La gestion du risque de change a donc un double objectif : à court terme, le coût pour éviter les pertes de changes doit être inférieur aux pertes qui se seraient produites à l'absence de protection. A long terme, les coûts ne doivent représenter qu'une fraction des pertes de changes potentielles.

La gestion du risque de change comporte donc deux volets distincts. Le premier concerne la détermination et la surveillance permanente de la position de change. Le deuxième volet présente un caractère plus actif. Ces deux composantes sont l'évaluation du degré de probabilité de la réalisation effective d'une perte découlant du risque de change et la mise en oeuvre, quand elle paraît justifiée, des techniques adéquates en vue de se protéger effectivement contre ce risque.

1 Définition

Avant toute présentation de l'exposition du risque change il nous parait utile de préciser un certain nombre de concepts nous permettant de mesurer le risque de change que nous serons amenés à utiliser dans la suite de notre travail mais aussi il semble utile de spécifier ce que nous entendons par produits dérivés.

a- Le Risque : Nous pouvons définir tout risque (industriel, commercial, ou de change) pesant sur une entreprise comme un aléa, qui peut-être bénéfique ou néfaste à l'entreprise.

La manifestation d'un risque n'a donc pas forcément une incidence négative.

Ici nous distinguons la notion de risque de celle de l'incertitude .La première notion est une évaluation de la probabilité d'occurrence d'un événement associé à un enjeu .La seconde est le degré de doute dans cette évaluation ; elle croit avec l'ignorance, c'est-à-dire le manque d'information. L'évaluation d'un risque apparaît ici alors comme une sorte de compromis entre l'objectivité parfaite et inaccessible d'une connaissance absolue (état de certitude) et la marche au hasard.

b- Le risque de change

Compte tenu de la définition précédente du risque de change : aléa et enjeu.

L'aléa étant l'événement qui entraînera le gain ou la perte sur l'enjeu, peut se décomposer en deux éléments : la probabilité de sa survenance et son ampleur .A titre d'exemple, citons l'éventualité d'une modification de la parité USD/EURO sur le marché des devises.

Cette éventualité se compose d'une part de la probabilité de cette modification à l'intérieur d'un laps de temps donné ,que nous considérons environs six mois (probabilité de survenance) et, d'autre part,de son ampleur , réévaluation du dollar par rapport à l'euro 5% par exemple(ampleur de l'événement)

L'enjeu représente donc le montant net susceptible d'être affecté par l'événement.

Le risque de change est représentatif de l'évolution de la monnaie nationale par rapport à l'évolution des autres devises de facturation et / ou de prêt / emprunt.

Pour une entreprise l'enjeu exposé aux fluctuations monétaires est représenté par sa position de risque de change dont nous allons maintenant donner une définition.

c-La position de risque de change

La position de risque de change est une variable objectivement quantifiable, mais l'analyse de ses éléments constitutifs et leur évaluation effective laissent apparaître un certain nombre de difficultés.

Théoriquement, la position de change est constituée par la présence, dans le patrimoine d'une unité économique, de l'ensemble des avoirs et engagements libellés en monnaies différentes de la monnaie de référence de l'agent économique considéré.

La monnaie de référence se trouve être automatiquement et sans hésitation celle du pays dans lequel est implantée l'entreprise, ou celle de la société mère lorsqu'il s'agit d'un groupe multinational

d Les instruments dérivés

Un instrument dérivé est un actif financier dont la valeur dépend du prix d'autre actif que l'on appelle sous jacent. Signalons qu'il existe une panoplie d'instruments, que nous pouvons classifier en deux groupes :

v Les instruments dérivés destinés à gérer le risque de taux, ils sont les plus nombreux ;

v Et les instruments de gestion de risque de change.

2 Justification de la problématique

Depuis l'abandon par le Système Monétaire International (SMI) du système de parités fixes consécutives à la décision américaine du 15 Août 1971 de supprimer la convertibilité en or du dollar et l'instauration du système de changes flottants, le marché des devises s'est considérablement développé sur les différentes places financières internationales

L'on estime aujourd'hui à près de milles huit cent quatre vingt milliards de dollars le montant des opérations journalières sur ce marché. La nature des opérateurs sur le marché des devises a changé et est en nette augmentation. Sont désormais concernées, non seulement les banques centrales et commerciales, mais aussi les grandes entreprises, les institutions financières non bancaires.

Le développement des marchés s'est accompagné d'une volatilité accrue des cours due à l'accroissement du volume des flux de capitaux à cours terme souvent spéculatifs (Josette Peyrard 1999, Page 2)

Dans cette modification continue du paysage monétaire international, le cours des matières premières et spécialement celui du baril de pétrole atteint des recors chaque jour et se situe aujourd'hui à près de soixante dollars ! Et le monde entier fut stupéfait quand le 31 Janvier 2005 l'Euro atteignait 1,34 dollar.

Aujourd'hui tout le monde entier s'attend, y compris de grandes institutions comme le Fonds Monétaire International et la Banque Mondiale, à ce que dans un avenir proche le baril de pétrole atteigne les cents dollars !!

3 Délimitation du sujet

Le sujet sera étudié dans la limite de l'environnement de l'entreprise pétrolière Shell Sénégal, entreprise certes multinationale, mais qui obéit aux contraintes et contingences des entreprises se situant en Afrique au sud du Sahara, en matière de financement, d'utilisation de produits dérivés, et surtout au risque de change auquel font face les entreprises africaines de la zone franc.

4 Intérêt pratique du Sujet

Au lendemain des indépendances les pays Africains ont adopté la parité fixe avec le franc français, ceux-ci ont donc privilégié les relations économiques de premier ordre avec l'ancienne métropole.

Aujourd'hui, en adoptant l'euro comme monnaie unique de douze pays Européens le premier Janvier 1999, la France et à travers elle les pays de la zone euro ont opté pour une parité fixe avec les pays de la zone Franc. 1EUR = 655,957 FCA

Ainsi les pays africains s'exposent à deux risques de change quant à cette monnaie : dévaluation et risque de change face aux monnaies flottantes comme le dollar, la livre Sterling principalement et la monnaie japonaise.

Le risque de change apparaît avec toutes opérations d'exportations comme d'importations libellées en devises étrangères, mais aussi il est inhérent aux opérations de prêt et d'emprunt négociés en devises.

Tout intervenant du marché de change devrait gérer le risque c'est-à-dire l'identifier, le mesurer, chercher les instruments pour se couvrir, le mettre en oeuvre .Cette démarche d'une bonne gestion est fonction de la sensibilité de l'acteur du marché, de sa connaissance, de son aversion au risque, celui-ci décide de se couvrir ou pas en fonction de son aversion.

Si l'entreprise décide de ne pas se couvrir quel risque prend t-elle et est-elle prête à le supporter?

Dans le cas spécifique de Shell, qui est une entreprise pétrolière, peut-elle prendre le double risque, risque de change et risque des cours du pétrole et ne pas se protéger continuellement ?

5 Intérêt Historique

Sur le plan historique, la gestion du risque de change est étroitement liée au régime de change en vigueur dans le système monétaire international .Avec le système de parités fixes de Bretton Woods, elle est institutionnelle et opérée sur le plan macroéconomique depuis le 15 Août 1971, date à laquelle la suppression du SMI issue de Bretton Woods et d'adoption des changes flottants, et depuis cette date chaque agent économique a sa propre gestion de risque de change.

6 Intérêt Actuel

Le 31 Janvier 2005 l'euro cotait sur le marché international 1 EUR=1,34 USD, pour la première fois depuis l'introduction de la devise européenne sur le marché des changes international.

Tous les records et prévisions venaient d'être battus, et certaines entreprises ayant des engagements à terme en dollars sans couverture faisaient des pertes importantes.

Les pays Africains ayant une parité fixe avec l'euro commençaient à redouter une seconde dévaluation avec une monnaie très forte, leur économie ne reflétait pour la plupart d'entre eux la réalité économique et monétaire. Certaines multinationales qui tenaient les comptes en euro et ayant emprunté beaucoup de dollars à long terme allaient sur le marché des devises, achetant des euros, et commençaient la restructuration financière de leurs dettes.

En cette période qui se caractérise par de fortes fluctuations du cours des devises, ou les taux de change des grandes devises peuvent varier fortement en l'espace d'une journée, mettant à mal les résultats des entreprises, ne pas mettre en place un système de gestion de risque de change peut s'avérer très dommageable.

L'ampleur de ces variations est d'une telle importance, que des politiques monétaires et financières communes des pays sont parfois nécessaires pour atténuer les conséquences.

Ces fluctuations sont souvent le fait d'événements inattendus et souvent médiatiques dans le cas du dollar américain (USD) contre l'Euro (EUR).

Ces événements qui guident les marchés mondiaux sont devenus de véritables crises financières comme le 11 Septembre 2001, et récemment le 03 Août 2005, à l'annonce de la mort du Roi Fadd d'Arabie Saoudite, le cours du pétrole atteignait les soixante et un dollars.

C'est la preuve que les marchés financiers craignaient des problèmes d'approvisionnement dans une région qui détient les trois quarts des réserves mondiales de pétrole, avec une stabilité politique beaucoup trop rare.

Dans le même temps le dollar américain prenait quelques points sur l'euro, cela pour dire combien les devises sont devenues sensibles aux réactions du marché.

7 Intérêt théorique

Sur le plan théorique les travaux des économistes se sont très peu orientés sur la gestion du risque de change et les mécanismes de couvertures, leurs travaux ont plutôt concerné la parité du pouvoir d'achat. Ces études se concentrent essentiellement sur les facteurs explicatifs des formations de cours de change .Elles permettent de mieux cibler les politiques économiques et les interventions des Banques Centrales, dans l'optique de garantir la parité fixe.

Néanmoins les fondements théoriques de ces études guident les acteurs dans leurs anticipations des cours, en régime de change flottant, ou l'intervention des institutions d'émission est devenue marginale.

L'étude de la détermination du cours de change a fait l'objet d'écrits très abondants et surtout une interprétation qui diverge d'un auteur à un autre.

La quasi-totalité des travaux se fonde sur une approche financière selon laquelle le taux de change ou cours de change qui est le prix d'une monnaie exprimée dans une autre monnaie résulte de la confrontation de l'offre et de la demande sur le marché.

Les travaux de Dornbush (1980), les études de Krugman (1992), celles de Patrice Fontaine (1994) et enfin les écrits de Yves Simon (1995) distinguent bien les déterminants à long terme du taux de change des déterminants à court terme.

Le taux de change à long terme résulte de la parité du pouvoir d'achat alors que celui de court terme s'explique par la parité du taux d'intérêt entre pays.

Avec comme précurseur le fondateur de la Science Economique moderne David Ricardo, (1817) la théorie de la parité des pouvoirs d'achat est énoncée par Cassel (1916) : les taux de change des monnaies des différents pays tendent à correspondre à long terme au pouvoir d'achat de ces monnaies à l'intérieur.

Ainsi les écarts d'inflation vont expliquer les variations des taux de change .Pour Alfred Marshall (1901), à l'équilibre la parité des pouvoirs d'achat se réduit à la loi d'égalisation des prix entre pays ou la loi du prix unique.

La théorie des parités des taux d'intérêt quant à elle est énoncée pour la première fois par J.M.Keynes (1923) et se résume en une phrase : les cours des devises à terme tendent à s'ajuster aux parités des taux d'intérêt.

L'une des approches modernes de la détermination des taux de changes d'équilibre met l'accent sur le phénomène de surréaction et s'appuie sur les thèses issues de la gestion de portefeuille.

La surréaction traduit les variations du taux de change dont l'amplitude est supérieure à celle qu'exigeraient les facteurs économiques .Elle s'explique d'une part par le jeu des anticipations sur le marché et d'autre part par la sensibilité des marchés financiers.(Albert Ondo[1999],page 62.Une autre approche lie la variation du taux de change au phénomène de la spéculation ,cette dernière peut être stabilisante d'après Baumol « Histoires des pensées économiques page 318 »

A partir des années 1970, les économistes et les financiers vont se pencher sur le problème de gestion de risque de change et les instruments de couverture.

Cet intérêt s'explique par les flottements des devises, issus de la suppression des parités fixes, en Août 1971.

A ce niveau, la pratique bancaire et surtout l'ingéniosité des acteurs du marché financier ont permis de mettre en place des instruments nouveaux et gérer au mieux le risque de change. Ces méthodes seront facilitées par de détermination des positions de change, par les techniques de couverture au comptant et à terme (Anne Marie Keiser [1998], page 591), mais aussi par la mise en place de nouveaux produits financiers « les produits dérivés » (Yves Simon [1995] page 88-99).

Dans ce contexte, Xavier Bruckert, Marteau Didier et Dahlia Tang (1999) présentent aux entreprises et banques de la zone franc les instruments de couverture.

Ainsi affirment-ils « donner aux cadres financiers africains et trésoriers les clés d'accès au marché des changes et de les aider à évoluer dans le mystère (labyrinthe) de ces différents compartiments »

Pour eux, la filiale africaine d'un groupe multinational doit permettre aux cadres africains de se familiariser avec les nouvelles techniques de gestion du risque de change afin de mieux discuter avec le siège et d'améliorer les conditions de leurs activités commerciales et financières internationales.

Les entreprises privées nationales quant à elles doivent chercher à se développer et augmenter leur part de marché en étant dotées des mêmes outils que leurs concurrentes européennes, américaines et asiatiques.

Ces auteurs décrivent la zone CFA (UEMOA et CEMAC) à travers leur cadre institutionnel respectif, ensemble de traités d'union économique et monétaire, de réglementation de change commune et d'accords de coopération avec la France d'abord et ensuite avec l'Union Européenne depuis l'avènement de l'euro.

Ces trois auteurs décrivent comment à travers des instruments politiques et économiques, ces deux zones s'insèrent dans le marché de change.

Le cadre institutionnel garantit la convertibilité du franc (Accord de coopération monétaire) .Cependant, il impose des obligations en matière de change, ce qui met de façon systématique les intervenants africains en situation de risque de change quand ceux-ci interviennent en dehors de la zone euro avec des devises flottantes.

8 Démarche de l'étude et annonce du plan

Notre démarche s'inscrit dans l'étude de l'environnement des entreprises Africaines et spécifiquement celui de Shell Sénégal, entreprise située au Sénégal mais dont la majeure partie de ses transactions se fait avec l'extérieur.

De plus l'entreprise dans ses relations avec l'extérieur est contrainte d'utiliser une devise dont le cours est flottant, le dollar US. En raison du poids important que représentent ces devises au niveau commercial et financier (près de 30%), il nous a paru urgent et nécessaire de trouver des instruments permettant de limiter les risques dus à cette exposition.

La démarche que nous adopterons s'articulera à présenter dans une première partie le risque de change à la fois sur le plan de l'approche théorique et les différentes places financières ainsi que les textes constitutifs et le cadre institutionnel dans lequel évolue les pays de l'UEMOA, cependant nous n'ignorons pas qu'il existe d'autres régimes de change.

Dans une deuxième partie, nous verrons l'enjeu que représente la gestion du risque de change pour les entreprises comme Shell Sénégal et les instruments capables de limiter le risque de change, tout en proposant une réorganisation interne à Shell pour tirer profit des produits dérivés.

Première Partie : Le Renouvellement et l'interprétation théorique de la détermination du cours de change et l'évolution des marchés de change.

A La volatilité des cours de change, une nouvelle interprétation théorique.

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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille