3. TRAVAUX GEOPHYSIQUES ANTERIEURS
Les premiers travaux de prospection géophysique
au Cameroun étaient des travaux de reconnaissance. La première
campagne gravimétrique a été menée sur l'ensemble
du territoire du Cameroun entre 1962 et 1967 par l'ORSTOM (Office de la
Recherche Scientifique et Technique d'Outre Mer) et a conduit à
l'établissement des cartes d'anomalies gravimétriques de
reconnaissance du Cameroun.
Collignon (1968) distingue au sud du parallèle
4°N une anomalie légère de grande extension d'orientation
W-E (Fig.4) qu'il interprète comme la partie affaissée des
formations précambriennes du Sud Cameroun. Il distingue au seuil
d'Abong-Mbang une zone caractérisée par des anomalies
gravimétriques positives et qui séparerait la zone
légère de l'Adamaoua au Nord de la zone légère du
massif Sud Cameroun.
Sur la base des caractéristiques de la signature
gravimétrique des limites entre craton et chaîne, Dumont (1986) a
assimilé l'alignement E-W d'Edéa à Yaoundé à
la limite géophysique du craton du Congo (Fig. 9); cette limite se
poursuit suivant la même direction, sensiblement le long du
parallèle 4°N dans tout le sud du Cameroun (Mbom Abane, 1997 ;
Tadjou, 2004 ; Tadjou et al., 2004).
A partir de l'alignement des épicentres des
secousses sismiques enregistrées de 1987 à 1989 suivant un axe
Kribi-Edéa, Atéba et al. (1992) proposent une extension
SSW de la limite géophysique du craton du Congo en direction de
Kribi ; ce contact craton/chaîne serait à l'origine de la
sismicité de cette région.
Une étude des discontinuités profondes de
densité à partir de l'analyse spectrale des données
gravimétriques a permis à Nnange et al. (2000) de mettre
en évidence trois discontinuités majeures de densités dans
la lithosphère sous le craton du Congo : une à
13 km pour la croûte supérieure, la seconde
à 25 km pour la croûte moyenne et la troisième à 35
km pour l'interface croûte-manteau. Ces résultats ont permis de
fixer l'épaisseur de la croûte à environ 35 #177; 3km sous
le craton du Congo.
Fig. 4 : Extrait de la carte
gravimétrique de Collignon (1968). Anomalies de Bouguer
Sud-Cameroun.
L'interprétation des données
gravimétriques dans la région Ebolowa-Sangmélima (Tadjou
et al., 2001) a permis de suggérer que les structures
granitiques du craton du Congo s'enfoncent profondément sous les
schistes et s'étendent plus au nord de Mbalmayo où on observe en
surface le contact entre le craton du Congo et la chaîne panafricaine
Nord équatoriale comme annoncé précédemment par des
études géophysiques (Manguellé-Dicoum, 1988 ;
Manguellé-Dicoum et al., 1992) et géologiques (Nedelec
et al., 1986 ; Nzenti et al., 1987) antérieures.
La modélisation gravimétrique le long de
la marge Nord du craton du Congo dans le Sud-Cameroun (Tadjou et al.,
2004) suggère que la région constitue une zone de subduction dans
laquelle la subsidence a dû être accompagnée par une
intrusion de faible densité (granites de So'o) d'épaisseur 3500
m.
4. HYPOTHESES ET OBJECTIFS DE L'ETUDE
L'intérêt qui est porté dans ce
travail sur les structures et l'extension des différents groupes
lithologiques s'ajoutera à de nombreux travaux géologiques et
géophysiques qui ont été réalisés sur la
bordure septentrionale du craton du Congo.
Le domaine de Yaoundé est une des unités
structurales qui constituent la vaste chaîne panafricaine au nord du
craton. Cette chaîne serait une chaîne de collision d'âge
panafricain entre le craton du Congo au Sud et l'extension du bouclier
nigérian au Nord (Nzenti, 1987 ; Penaye et al.,
1989 ; Ngako et al., 1989 ; Toteu et al., 2004).
Plusieurs modèles tectoniques correspondant à la collision entre
le craton du Congo et la chaîne mobile Panafricaine ont été
proposés (Poidevin, 1983 ; Nzenti et al., 1984,
1988 ; Toteu et al., 2001 ; Penaye et al.,
1993 ; Trompette, 1994 ; Castaing et al., 1994 ; Rolin,
1995 ; Abdelsalam et al., 2002 ; Tadjou, 2004). Ainsi la
zone d'étude étant située dans la zone de transition entre
le craton et la chaîne panafricaine possèderait une structure
complexe suite aux nombreuses tensions dont le socle a été le
siège durant les différents épisodes géologiques.
En effet la carte gravimétrique de la région présente de
nombreuses anomalies localisées qui témoignent de la
complexité du socle.
Dans la région d'étude les données
structurales disponibles révèlent l'existence de nombreuses
structures majeures. Les linéaments sont généralement
soulignés par des anomalies gravimétriques remarquables et c'est
le cas pour les failles de Yaoundé-Abong-Mbang et la faille de
Kribi ; cependant dans des régions où des structures
tectoniques majeures ont été détectées, la carte
d'anomalies ne présente aucune signature gravimétrique
significative (failles de la Sanaga et d'Eseka-Dja).
Dans ce travail il s'agit, en utilisant la méthode
gravimétrique, de mettre en évidence les différentes
formations constituant le socle de la région et de localiser les
accidents tectoniques majeurs. Nous essayerons sur la base des données
gravimétriques disponibles et des résultats qualitatifs issus de
l'interprétation de la carte d'anomalie gravimétrique :
- de donner une signification géologique aux
anomalies gravimétriques observées dans le craton du Congo.
- de trouver les signatures gravimétriques de
certaines structures (failles ou contact), d'en donner une
interprétation en rapport avec la géologie régionale et
à partir de ceci préciser l'origine de la sismicité des
régions de Kribi et Monatélé.
- proposer un modèle de structure globale pour la
région.
- proposer d'après l'allure des anomalies
observées une limite entre le craton et la chaîne panafricaine.
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