Conclusion
Au regard de ces résultats, nous pouvons affirmer
sans risque que le prix mondial est un facteur explicatif à la
production de coton au Burkina Faso. Ainsi toute variation du cours mondial de
coton influe sur l'offre cotonnière Burkinabé. Puisque les
mesures de subventions diverses des pays du Nord pourraient sans doute
expliquer la baisse non logique du prix mondial de coton sur le marché
international, nous pouvons donc insinuer que le montant énorme des
subventions dans les pays développés influence
négativement la production du coton burkinabé. D'où toute
augmentation ce montant entraîne une baisse de la production
cotonnière du Burkina Faso.
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Au cours de ces derniers mois, s'il y a un
thème qui a défrayé la chronique à l'O.M.C et
notamment dans les pays africains, c'est bien les politiques de subventions
qu'accordent les pays développés à leurs producteurs
agricoles notamment le coton.
Dans ce contexte actuel, des études sont
menées dans le but de montrer la vulnérabilité du coton
burkinabé face à la conjoncture du marché
mondial influencée par les politiques de subvention au Nord. C'est
donc dans cette même perspective que notre étude a
été orientée.
De telle étude nécessite des outils d'analyse
bien appropriés pouvant mettre en exergue l'objectif principal. A cet
effet, l'outil économétrique utilisé dans notre
étude a permis par une estimation de modèle de saisir les effets
des cours mondiaux sur le coton burkinabé et partant de ressortir
l'impact des subventions du nord sur la production cotonnière au Burkina
Faso.
De notre analyse, il ressort effectivement que les
subventions des pays du Nord agissent sur les cours mondiaux de coton qui par
la suite influencent positivement l'offre de coton du Burkina Faso, la
production du coton au Burkina étant donc une fonction positive des
cours mondiaux. En effet, à long terme, tout accroissement du prix
mondial de 1% entraîne une augmentation de l'offre de coton
burkinabé de 0,24%. Lors de la conférence sur les politiques de
subventions faite par le professeur Taladidia THIOMBIANO au D.E.A/P.T.C.I, il a
été montré que de 1998 à 2002 toute variation des
subventions de 1% entraîne une baisse de 1,6% des prix mondiaux de coton.
Cela va s'en dire que par extrapolation, pour la même période une
variation des subventions du Nord de 1% conduit à une diminution de
0,38% de la production de coton au Burkina Faso.
Les subventions des pays du Nord tout en causant la baisse
des cours mondiaux entraînent à même temps, une chute de
l'offre de coton du Burkina Faso. Ainsi, l'hypothèse de départ
qui atteste que les subventions influencent négativement la production
de coton au Burkina se trouve être confirmée. Il ressort de cette
partie que la poursuite des subventions au niveau des pays
développés doit s'arrêter pour l'intérêt du
marché. Alors que jusqu'à nos jours, aucun calendrier exact sur
la réduction voir la suppression des subventions n'est officiel depuis
les accords de la nuit du 31 juillet au 1er août dernier.
Cependant, le coton reste le principal produit d'exportation
du Burkina. Il occupe une place prépondérante en matière
d'ouverture du pays et constitue ainsi une source importante d'entrée de
devises.
En effet, ce produit agricole représente près
de 60 % des exportations totales du pays ; ce qui lui confère une
importance capitale pour l'économie naissante burkinabé
basée essentiellement sur une économie de rente. Le coton
s'affiche à point nommé comme un outil de lutte contre la
pauvreté par d'une part sa capacité intégrative non
négligeable sur le marché mondial et d'autre part par sa
localisation de sa culture au plan national.
Le coton, une culture rurale s'avère être un
moyen de lutte contre la pauvreté dans le monde rural qui se
révèle être le point focal de la pauvreté au Burkina
Faso. Entre 1994 et 1998, l'incidence de pauvreté sur les cotonculteurs
est passée de 50,1% à 42,5 %.
Le coton apparaît au Burkina Faso comme le poumon de
l'économie, ce qui lui donne une force remarquable tant en milieu rural
qu'au niveau de l'économie en général.
Au regard de ces conclusions, l'hypothèse selon
laquelle le coton est la principale source d'entrée de devises se
vérifie. En somme, le coton au Burkina Faso doit être
« jalousement » protégé contre des
intempéries du marché international car il est d'une grande
importance pour le pays.
Le marché mondial de coton est influencé par
des distorsions issues de la politique agricole de certains pays notamment
l'U.E et les U.S.A qui économiquement influencent la conjoncture
mondiale. L'économie burkinabé ne reste pas sans effet suite aux
changements et bouleversements du marché mondial. Elle subit aussi des
fluctuations dans la production de son coton. Laquelle fluctuation est une
réaction normale aux variations des cours mondiaux car le Burkina Faso
est un « price taker » sur le marché mondial de
coton. Dans une telle situation, il est nécessaire de négocier en
vue de la réduction ou de l'élimination pure et simple des
distorsions, notamment des subventions du Nord.
La question de subvention reste très sensible dans la
politique agricole des pays du Nord. Des pays comme les U.S.A pratiquent cette
politique de soutien depuis la grande dépression des années 1930.
Une suppression brutale ne saurait peut-être pas rationnelle pour eux
conformément à la politique. Aussi, les pays de subvention ont
pour objectif principal de maintenir leur place sur le marché mondial
à défaut de l'améliorer. Outre l'objectif purement
commercial, il existe d'autres objectifs souvent non dits notamment l'objectif
politique. Des pays maintiennent la politique de subvention à des fins
électorales.
A ce titre, le président américain, G. BUSH
déclarait le 13 mai 2002 : «J'ai dit aux gens, si vous me
donnez la chance d'être président, nous n'allons pas traiter notre
industrie agricole comme un citoyen de seconde classe quand il s'agit d'ouvrir
les marchés... Et je le pense vraiment... La Farm Bill est une
législation importante... Elle favorisera l'indépendance des
agriculteurs et préservera le mode de vie rurale. Elle aide les
agriculteurs d'Amérique, donc elle aide l'Amérique».
Face une telle complexité, le Burkina Faso a
intérêt à s'unir avec ses paires dans la filière.
Les pays producteurs de l'A.O.C pourront avoir plus de poids en s'unissant et
en allant comme un seul pays aux différentes négociations de
l'O.M.C. C'est dans ce cadre que le Président du Burkina Faso a
participé à la conférence de l'O.M.C tenu à
Genève (Suisse) dans la semaine du 9 juin 2003, où Son
Excellence Monsieur Blaise COMPAORE a présenté un discours
au nom de ses paires du Mali, du Bénin et du Tchad.
De telle action doit précéder une
intégration régionale véritable. Les pays de l'A.O.C en
ayant une seule force intégrée sur le marché mondial,
c'est à dire participé au commerce international comme un seul
pays pourront mieux se faire entendre aux négociations à cause
d'une part le poids d'ensemble qu'ils présentent sur le marché et
d'autre part à cause de la qualité de leurs produits reconnue
comme incontestable. L'intégration régionale apparaît comme
une stratégie efficace de lutte pour l'équité dans le
commerce.
Les pays de l'A.O.C auront beaucoup plus
d'intérêt à s'unir et à créer dans la
filière cotonnière des industries de grande capacité en
aval. Ces industries pourront transformer le coton issu de l'union et par la
même occasion exposer sur les marchés internationaux des produits
moins vulnérables aux subventions agricoles des pays du Nord. Ainsi, ils
pourront apporter plus de valeurs ajoutées à leur économie
tel que le faisaient remarquer les Mercantilistes : «il ne faut pas
vendre à l'extérieur des produits primaires mais vendre des
produits transformés car ils ont une valeur ajoutée plus
grande». Certes, les coûts d'une telle réalisation sont
énormes mais l'initiative paraît efficiente pour résoudre
définitivement les problèmes liés aux subventions et la
baisse des cours mondiaux.
Au niveau purement monétaire, la
compétitivité du coton burkinabé reste
altérée par le cours du dollar parce que le taux de change est un
facteur fondamental de la compétitivité. La baisse du dollar par
rapport à l'euro pèse lourdement sur les coûts de
production évalués en F C.F.A. Il ressort ainsi que l'arrimage du
F C.F.A à une devise très forte comme l'euro peut aussi avoir des
effets néfastes et diminuer par la même occasion la
compétitivité du coton burkinabé.
Par conséquent, seul la création
d'une monnaie indépendante africaine pourrait résoudre ce
problème. Cela doit être une politique de l'Union Africaine (U.A).
Pour la réalisation de telles politiques
(l'intégration africaine et la création de la monnaie
indépendant commune) laisse cependant quelques inquiétudes. Les
pays africains sont-ils prêts à une déconnexion de leur
mère patrie du nord et à s'unir entre frères africains
afin de faire face aux problèmes de conjoncture mondiale ? Les pays
africains sont-ils aujourd'hui prêts à arrêter toutes
ingérences conflictuelles entre eux pour relever ensemble les
défis du monde ? Nos chefs d'Etat sont-ils assez sages et
responsables pour pardonner les différends passés tout en faisant
preuve de bonne foi afin de s'unir pour l'intérêt
général et l'avenir de leurs peuples ?
Toutes ces questions sont obligatoirement à
répondre avant toute tentative d'union ou de coalition sinon vouer
à l'échec. Peut-être l'union africaine pourrait constituer
une vitrine, un tremplin vers l'union véritable
souhaitée par le commun des africains. Les Africains doivent savoir
que dans un monde de plus en plus capitaliste où seuls les
intérêts comptent, il n'y a point d'état d'âme. Entre
autres, nous devons savoir que les pays développés ne peuvent pas
abandonner leurs agriculteurs qui sont leurs électeurs potentiels au
profit des "beaux yeux" des Africains dont la production cotonnière est
même marginale, soit à peine une représentativité de
16% dans le commerce mondial de coton pour l'Afrique francophone, dont 1,6%
pour le Burkina Faso.
Les seules solutions à la commercialisation libre du
coton africain et du coton burkinabé en particulier sont internes
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