III.3.3- L'impact de la superficie
emblavée sur la production cotonnière
Ce facteur influence positivement
à court comme à long terme la production de coton au Burkina
Faso. Toute extension de la superficie emblavée de 1% induit une
augmentation de 0,94% à court terme et de 0,52% à long terme. La
pertinence de ce facteur confirme la place prépondérante d'une
grande superficie cultivable dans le secteur cotonnier encore extensif au
Burkina Faso. Un tel caractère doit être contenu par des
politiques comme l'alternance des cultures afin d'éviter les risques
écologiques tout en protégeant l'environnement.
III.3.4- L'impact de la population cotonnière sur
la production cotonnière
La population n'est significative dans le modèle
qu'à court terme. Ainsi, toute augmentation de 1% de la population des
zones cotonnières entraîne une croissance de 0,94% de la
production nationale de coton. Ceteris paribus, l'Etat pourrait
améliorer la productivité par exploitant en investissant encore
avec l'appui des différentes sociétés de la filière
dans le capital humain. Nous sommes passés de 1,37 à 2,05 tonnes
de coton graine comme productivité par exploitant entre 2002 et 2003,
soit une progression de 33,17%.
III.3.5- L'impact des intrants agricoles sur la
production cotonnière
Cette variable n'est significative dans notre modèle
d'étude à court comme à long terme. Nous pourrons tenter
d'expliquer cela par la nature pluridimensionnelle des intrants. L'engrais
destiné pour la culture de coton est utilisé par les planteurs
à d'autres fins notamment la culture céréalière et
vivrière. Cette politique des planteurs permet d'assurer la subsistance
familiale et d'améliorer par la même occasion de vie rurale.
III.3.6- L'impact des cours
mondiaux sur la production cotonnière
A court terme, cette variable est non significative. Cela
pourrait s'expliquer par le comportement qui réagissent
généralement au prix au producteur qu'au prix mondial. Alors que
ce prix reste constamment égal dans une courte période,
d'où le constant de «sans effet» sur la production à
court terme.
A long terme, le coefficient de cette variable est
significatif ce qui donne une importance capitale au facteur prix mondial dans
l'explication de l'offre de coton au Burkina Faso. Nous estimons qu'une hausse
de 1% du prix mondial entraîne une augmentation de la production
cotonnière burkinabé de 0,24% et dans l'autre sens, toute
diminution de 1% du prix induit une baisse de 0,24% de la production
nationale.
De 1998 à 2002, l'influence d'une variation des
subventions du Nord (américaines et européennes) sur la
production cotonnière au Burkina Faso est de -1,6 l'unité. Ce qui
implique que toute augmentation de 1% des subventions entraîne une baisse
de 1,6% des prix mondiaux de coton.
En extrapolant, nous estimons qu'une augmentation de 1% des
subventions du Nord entraîne une baisse de 0,38% de la production de
coton au Burkina Faso. Cependant, cette estimation s'explique mieux en terme de
perte ou de manque à gagner puisque la production nationale est en
croissance continue. Toute augmentation de 1% des subventions au Nord fait
perdre au Burkina Faso près de 0,38% de la production qui aurait
dû avoir sans ces subventions. Plus les subventions augmentent en volume
au Nord et plus le pays perd en valeur ajoutée agricole imputable
à la baisse des recettes cotonnières.
Cette situation s'aggraverait plus s'il n'existait pas cette
politique de prix au producteur, un prix à la fois fixe et variable.
Cette forme de fixation de prix local permet de minimiser le poids de la
conjoncture mondiale. Cette politique doit être améliorée
afin de mettre les producteurs locaux complètement à l'abri des
fluctuations des cours mondiaux de coton.
Un "Fond Intégré des Filières Agricoles"
sous forme de caisse intégrée de stabilisation des prix agricoles
peut permettre d'améliorer sinon de maintenir la partie fixée du
prix au producteur. Ce qui ferait de ce prix plus indépendant du prix
mondial. Cela pourrait mettre les producteurs plus en assurance quant nous
savons que ceux réagissent plus au prix local. Par conséquent, la
production pourrait avoir une croissance beaucoup plus améliorée
dans le temps.
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