1.3.- Les limites des recherches antérieures
Depuis de nombreuses années, nous avons
assisté à un accroissement spectaculaire des recherches
consacrées aux problèmes environnementaux dans le monde, ce qui
s'est traduit par une accumulation remarquable de publications sur les sujets
liés à la notion de développement durable. Par exemple,
différents auteurs ont étudié les problèmes
posés par l'exploitation des combustibles fossiles, les barrages
hydroélectriques et la sécurité alimentaire. Nous notons
également un intérêt croissant pour la production des biens
industriels et des biens d'équipement. En revanche, et pour de multiples
raisons, les études d'impact de ces projets et programmes et les
débats sur les méthodologies de gestion, - autrement dit les
efforts concrets de l'intégration des considérations
écologiques et sociales dans les processus décisionnels - ont
généralement fait l'objet d'une moindre attention. La collecte et
l'analyse de statistiques sur les problèmes environnementaux sont
devenues monnaie courante, particulièrement dans la plupart des pays
riches. Les données sur le développement durable - à
l'exception, peut-être, de ministères et d'organismes
environnementaux - sont rarement disponibles. Dans certains cas, il existe des
données, mais elles sont difficiles à obtenir pour des raisons
politiques, ou d'exclusivité. De plus, la publication et la diffusion
des études ou de rapports sur cette question sont fréquemment
soumises à une certaine confidentialité. La pénurie de ces
documents sur ce type de question dans les entreprises est partiellement
imputable à la rareté des supports méthodologiques qui
concerne cette tâche spécifique. Bien que, les résultats
d'analyse de ces travaux de recherche n'indiquent pas comment intégrer
les considérations environnementales et sociales dans les processus
décisionnels des entreprises. Les résultats d'études
antérieures ont montré que les entreprises ne se dotent pas
encore de politiques sociales visant à faire accepter socialement les
projets (O'Shaughnessy, 1992; Freeman, 1999 et Persais, 2004). Ils rapportent
de préférence des dommages causés à l'environnement
par les entreprises que des solutions.
La littérature scientifique, qui existe sur le
thème général de l'étude, appartient en quelque
sorte à trois (3) grandes catégories de données. Nous
pouvons classer, dans la première catégorie, les compilations de
notions et méthodes qui concernent la gestion de l'environnement par les
entreprises, présentées le plus souvent dans des contextes plus
larges traitant de problèmes de développement durable. Compte
tenu du caractère même de ces publications, les idées
présentées sont de nature théorique ou
hypothétique, mais sont particulièrement utiles pour une
première démarche d'analyse du volet environnemental dans
l'identification des projets. Malheureusement, si ce type de documents fait
bien référence à des cas spécifiques pour illustrer
certaines des notions exposées, il ne fournit que peu d'indications
opérationnelles sur la manière de mettre effectivement en
pratique l'environnement et le développement durable, lorsqu'il s'agit
de mener des recherches sur les approches de l'intégration de ceux-ci
dans l'ensemble des méthodologies de la gestion de projet.
La deuxième catégorie des données englobe
les études, synthèses ou les bibliographies faites sur la
littérature consacrée aux effets néfastes des
activités industrielles dans certaines régions du monde
(l'Afrique, l'Asie, ..., plus particulièrement). Ces publications
constituent souvent des guides extrêmement utiles pour rechercher les
études disponibles en termes de questions et de résultats de
recherches; elles permettent également d'appréhender de
manière intéressante l'évolution passée et future
des études dans le domaine. Mais, compte tenu de leur caractère
généralement synthétique, de la manière dont y est
abordé le concept « développement durable »,
et/ou de leur portée tant en termes de résultats que de
méthodes, elles ne fournissent que peu d'informations sur les
procédures concernées et envisagées.
Dans la troisième catégorie, prennent place les
études de cas de projets, de programmes ou d'entreprises portant sur un
problème particulier. Il s'agit ici de précieuses sources
d'informations pour les lecteurs intéressés par des études
spécifiques, dans un pays donné, pour un type de projet et une
période définie. Les résultats de ces études y sont
généralement abondants. Mais nous pouvons
généralement y regretter l'absence d'explication pas à pas
des procédures qui doivent être mises en oeuvre
pour transposer les trois (3) critères du développement durable
dans le développement, le suivi et contrôle, et
l'évaluation finale des activités. Dans le cadre particulier du
développement durable, les écrits sont principalement
théoriques (Sharma, 2001 ; Martinet, Reynaud, 2004 ; Dontenwill,
2005).
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