II- Présentation du rituel funéraire des
Dadjo islamisés
1)° Rituels islamiques en 2006 de Mohammat Oumar
a°)- Annonce du deuil
Marra al haznane tagot fi bet arba ine
yom.
Adjus bas tabada le hizin.
Ma targu ma'a radjul namman arba in yôm yi
kamil.
Da khal fi be da, takul waheda, ena ma yichifa radjil
wahid kulu.achan ein da inda zina fogga. Lakin, takdar tichifa awin wa ial
dugak.
Akhawatta bas yi sawu akil da malan lakin hi takul chi
ya bas, ma katir. Ti disa luguma chi ya bas achan djû ma yi sa yi ha
kadar yôm yi kamil da.
Kan arba in yôm tama da, nafsa mara tadji ti
tucha khul gan hana hizin. Ti wa li nar sa khe yar fi lubba bet hana radjil al
mat da, wa ti tucha farde al azarag ma'a yom al radjilla mat.
Kan khalas ti barrid fi bet be almi da tahir be
fajur. Yu waduha le akhawana le radjila achan ta'azil minnuhum wahid lakin
ma yi asuruha. Ala kuli hal, akhu le radjila al sakhe'yar bas yi zawidja likin
ma akhu alsakhe'yar marra wahid kan hu ga'id ma'ahum zata.
Mara dibas, hizatta bas tikhtar na'dum alhi tudorra
ma' rudjal ya yi azulu laha fi gaddah.
Fi wakit da, imam khalas gata' hizin da khalas.»
Khalas arba'in yôm hana hizin da tama' ala hasab Islam. Khalas baretti
nnafiski. Hali'yan takdare ti zawidji zol al galibki yi dora.
Kan rudjal ma'talaboha da, aw kan rudjal ma'fim aw
ma'induhum ni ye da, yi waduha fi bet hana abuha. Kan huda talaga amma aw kan
gadin sawa. Kan abuha mat, yi waduha fi bakan amma kan haye.
Ambe nat usbuh wa sana, takdar takhud radjil alhi
tidorra fi galiba.
|
La veuve est enfermée dans une pièce pour
une durée de quarante jours. C'est une vieille femme qui
décrète la sentence de deuil.
Il lui est interdit d'avoir des rapports sexuels durant
quarante jours.
A l'intérieur de la pièce, elle mange seule,
exclue des regards extérieurs notamment masculin, jugés sources
de convoitise et de pêché. Par contre, il lui est permis de
regarder les femmes et les enfants.
La nourriture est préparée par la soeur de
la veuve et lui est servie pleine mais elle doit se réservée de
tout manger. Elle prend quelques bouchées, juste pour tenir toute la
longueur de journée.
Au quarantième jour, la même sage femme vient
brûler les habits de deuil : elle allume un petit feu dans le milieu
de pièce maritale où le pagne noir est brûlé en
coïncidant avec le jour du décès du mari. Ensuite, elle se
lavera à son domicile avec de l'eau pure très le matin. Elle sera
présentée aux frères du mari parmi lesquels elle doit
choisir un d'entre eux comme mari sans en être contrainte. En
général, c'est le frère cadet du mari qui la marie mais
rarement le benjamin, bien qu'il soit candidat parmi ses frères.
Quoiqu'il en soit, il revient à la femme de porter le choix ultime de
celui qu'elle estime être son mari et non aux hommes de
s'auto-déclarer.
A partir de ce moment, l'imam a déjà
annoncé la fin de deuil. « tu es arrivée à la
fin de quarante jours prescrits par la loi de l'Islam. Tu as accompli ton
devoir. Maintenant, tu peux te marier à qui tu désires.
Au cas où il n'y a pas de candidat potentiel au
mariage, par leur absence ou par manque de volonté de la femme, celle-ci
sera conduite chez ses parents, au domicile de son père, si celui-ci a
divorcé sa mère ou chez sa mère si le mari cette
dernière est mort ou chez les deux, s'ils sont tous vivants. Ensuite,
entre une semaine ou un an, elle peut se marier à qui elle veut.
|
Commentaire : Cette annonce est
dictée par une vieille femme de statut de veuve. Une fois la sentence
est prononcée, il s'ensuit des immédiatement des interdictions
des regards extérieurs notamment masculins. L'abstinence sexuelle est
une chose remarquée chez la femme endeuillée.
2)° Rituels islamiques en 2006 de Habré
Abrass
b°)-Déroulement du deuil
Alhaznane yi dakhula fi bet limudda hana arba'in yôm.
Adjus bas tibalikha yôm hizin.
Mam'nu'u le marra haznane le targud ma'a rudjal namman arba'in
yôm. Fi lubba betta, takul waheda, rudjal ma' yuchufuha achan ma'yantiha
chahwa et zunub. Likin takdar tichif awin wa i yal dugag.
Akil da, akhawatta bas yi rakubu laha wa yantuha mal yan
tassa,likin lazim ma tikamila kulla.
Tichil la luggam bas le tisabita dju'a hana yôm.
|
La veuve est enfermée dans une pièce pour
une durée de quarante jours. C'est une vieille femme qui
décrète la sentence de deuil. Il lui est interdit d'avoir des
rapports sexuels durant quarante jours. A l'intérieur de la
pièce, elle mange seule, exclue des regards extérieurs notamment
masculin, jugés sources de convoitise et de pêché. Par
contre, il lui est permis de regarder les femmes et les enfants.
La nourriture est préparée par la soeur de
la veuve et lui est servie pleine mais elle doit se réservée de
tout manger. Elle prend quelques bouchées, juste pour tenir toute la
longueur de journée.
|
Commentaire : Le
quarantième jour marque la fin de cette manifestation. La nourriture
funèbre est préparée par les soeurs de la veuve qui, une
fois servie, serait consommée seulement à moitié. En Ceci
revient à dire que la femme jouit d'un repos par rapport à ses
activités ménagères.
3°) Rituels islamiques en 2006 de Hamissou
Baba
c°) Les prières
Al salah indaha wadjibad.minal wadjibad hana salatal
mot, fi alni ya ila sala ilalmayit aw almayitin wa wakhif be tul ila iza mafi
fursa niha i yan.
Asalah hi ya ma'a djama'a ma'a nata salasa insani kan
chi ya kulla li anna alrasul fa'ala kaza: « salu kama chuftuni sale
ta. » Iza insan al yi sallu kasiran, banfa'al mayit.
a yi mayit salo ale ya mi'ata muslim yi sa'uduhu wa
haza alrudjal yisamaha rabuhu.
Hadith balkha bukhari wa muslim,
Al-Nasâ'î, Al-Tirmidhî, Al-Bayhaqî,
Al-Tayâlisî et Ahmad.
fiha wadjibat kasira bi nisba salatal
mot.
|
La prière est soumise à quelques
règles. Parmi les obligations (rukn) de la prière
funéraire, se trouvent l'intention d'accomplir la prière pour le
ou les défunts ainsi que la position debout, sauf cas de force majeure.
La prière doit être collective (à savoir trois personnes au
minimum) car le Prophète l'a toujours fait ainsi et qu'il a dit «
Priez comme vous m'avez vu prier ». Plus le nombre de prieurs est grand,
plus cela est profitable au défunt : « Tout défunt
pour qui un nombre de cent musulmans prient sur lui et intercèdent en sa
faveur, leurs intercessions seront acceptées (dans une autre version :
il lui sera pardonné).» Rapporté par Muslim,
Al-Nasâ'î, Al-Tirmidhî, Al-Bayhaqî,
Al-Tayâlisî et Ahmad. Il existe plusieurs recommandations en ce qui
concerne le déroulement de cette prière. Tout d'abord, lors de
l'accomplissement de la prière,
|
Awalan, iza ibtadad alsalata, al imam yikharib li mayit
ila rasihi wa ila djismihi.
salasa rasasan yakun biwara ya lil imam.Lakin, iza fiha
nadum wahid, yisali wara ya lil imam, ma yisali djamba lakin wara ya.
Al awin yi salu wahedum fil mayit aw yidjtamu'u ma'a
rudjal walakin yaghodu wa'uhum kama zalika.
iza fiha mayitan kasiran, wadjib salatan takun
djami'an.
Munkin asalah takun ila a yi mayit kama fa'ala
alrasul.
Munkin tusali salatal mot ilal djami'a fi makan khas ilal
salawat ma yita.
|
l'imam doit se tenir au niveau de la tête pour le
défunt et au milieu du corps pour la défunte. Ensuite, il faut se
répartir en trois rangs derrière l'imam. S'il n'y a qu'une seule
personne avec l'imam, il ne doit pas prier à ses côtés mais
plutôt derrière lui. Les femmes peuvent procéder à
la prière des morts soit de façon individuelle, soit en groupe
avec les hommes, en se mettant derrière eux, comme pour la prière
ordinaire. En cas de décès multiples,
hommes et
femmes , il faut faire une seule prière collective.
Cependant il est permis de faire une prière pour chaque défunt
comme le fit le Prophète. Il est permis d'accomplir la prière
funéraire dans la mosquée mais il est préférable
d'accomplir la prière funéraire en dehors de la mosquée
dans un endroit réservé pour les prières
funéraires.
|
Commentaire : Pour une
prière funéraire, il faudrait respecter quelques règles
fondamentales : par exemple avoir l'intention de prier, se tenir dans une
position debout et jamais assise, faire la prière de manière
collective avec l'imam et l'accomplir en dehors de la mosquée(dans les
esplanades et jamais à l'intérieur. Cette prière est
individuelle pour les femmes.
4°) Rituels islamiques en 2006 de Salif
Kochat
d°) Le déroulement du
deuil
Alhizin yukun fadjur amana bukura ba'at mot.
Kan khalas dafano, alwakil yabada lel hizin gidam
rudjal l ga'adin fi bet. Yugul : « khabila
tamatt » yotardjumu be yôm hana hizin tamma.
Yagiri aya wahid wa djama'a yaguru ma'aya.
Kan khalas, rudjal yizurgu hurab fokh, wa ial ma'
awin
Yizurgu gaga' fi fokh achan yi wasufu za'alum le
rabuhum le katala nadumum.
Mara alhaznane, « mara
khabila », khalita ti za yina fi bet hana radjila al
mat.
Kan khalas tagok fi bet likin ma' tise dihin, wala
tibarid. Kan tidor takul, yantuha akil khas : madide hana masar aw hana
khalla fi tasa nussa bas malan.
Achan Dadjo bugulu ke kan takul bilhen da, tansa
radjla, wa Kaman ma'adil.
Achan da mara ta'aab yaman atnachar
chahar.
Fi bet, targud fi birich, tinum be nussa al isra
lakin wa alzene achan djunun yi kharu'a fi nomma be hilim hana
khof.
Malazin targud ma'a radjul namman atnachar chahar
da yi kamil.
|
La manifestation du deuil se déroule le matin au
lendemain de l'enterrement de la dépouille macabre.
Une fois, le corps enterré, le
wakil, déclare le deuil devant une assistance
composée des hommes dans la cour de la maison. Il dit :
« khabila tamatt » qui se traduit par
le jour du deuil est arrivé ». Il
récite une sentence, puis l'assistance reprend en choeur. Les hommes
lancent des épées en l'air, les enfants et les femmes des
calebasses dans le ciel, exprimant ainsi leur nervosité à la
divinité pour avoir tuer leur sien. La femme endeuillée,
« mara khabila », est rasée par une
sage femme, sa tante en général, dans le dortoir de son mari en
son vivant. Ensuite, elle restera enfermée dans la pièce
où elle ne devait ni s'oindre, ni se laver, même pour manger, elle
doit suivre un régime alimentaire bien spécifique: bouillie de
maïs ou de mil, sur l'assiette à moitié pleine. Car, les
Dadjo pensent que si elle mange à satiété, elle oubliera
son mari, ce qui semble anormal.
Raison pour laquelle elle doit suivre cette
pénitence durant douze lunes.
Dans la pièce, elle dort sur une vieille natte,
à même le sol, sur une position gauche mais jamais sur la droite,
car les esprits gêneraient son sommeil par des cauchemars
récurrents.
Il lui est interdit d'avoir des rapports sexuels durant
ces douze lunes. droite, car les esprits gêneraient son sommeil par des
cauchemars récurrents.
Il lui est interdit d'avoir des rapports sexuels durant
ces douze lunes.
|
4°) Rituels islamiques en 2006 de Tebininga
tesbett
e°) Les habits de deuil
Les habits de deuil ou « cafane » sont
généralement composés d'un slip, d'une culotte
taillée jusqu'aux genoux.
Une chemise légèrement longue taillée de
l'épaule jusqu'au bassin appélée
« badane » et un chapeau fait de tissu qui couvrent la
tête. Un autre tissu couvre la tête et les pieds. Enfin, un dernier
tissu recouvre l'entièreté du corps. Les femmes(mortes) se font
couvrir sept fois alors que les hommes six fois.
Aussi, des morceaux de coton s'ajoutent au tissu et sont
fixé sur toutes les orifices du mort (yeux, bouches, narines, orteils,
aisselles, articulations, phalanges). Les parties molles telles du corps que
l'anus, le placenta font l'objet d'une couverture cotonnée.
Les personnes qui viennent se consterner n'ont point d'habit
particulier à porter. Tous les habits sont les bienvenus pourvus qu'ils
soient propres. Même les habits noirs sont les bienvenus. Qu'on soit
homme, femme ou enfant, le port du linceuil est obligatoire. L'homme
endeuillé n'a pas d'habit spécifique à porter même
si en deuil.
Commentaire :
« cafane » ou habit de deuil et
« badane » chapeau faits de tissu et des morceaux de
coton bouchant tous les orifices du corps. L'on note l'absence de
particularité d'habit à porter une fois qu'il est propre.
5)° Rituels islamiques en 2006 de Mohammat
Oumar
f°) Interdits
funéraires
Il est interdit de rire, de plaisanter, de jouer, de chanter
lors de l'enterrement en raison du respect aux morts et de
bénéficier des bienfaits plutôt que d'attirer des
péchés.
Les femmes ne doivent pas se présenter aux enterrements
et si elles y prennent part, par exemple pour fournir une aide en eau, elles
doivent rester à une certaine distance des hommes parce que la femme est
jugée à l'homme.
Il est interdit aux candidats à l'enterrement de
piétiner les tombeaux dont le Prophète Mohammed le compare au
piétinement de la braise. Ceci laisse supposer les dangers qui guettent
exprimés en péché pour le piétineur.
Il interdit de prier à côté des tombeaux
parce que jugé marouh ou blâmable parce
que le regard des tombeaux suscitent la peur et empêche le croyant de
bien accomplir leur prière.
De même qu'il est interdit de se soulager
c'est-à-dire d'uriner, de déféquer aux lieux des
enterrements. En cas de besoin, il est nécessaire de s'éloigner
sinon c'est un péché grave.
Quant aux positions du mort dans sa tombe, il est interdit par
exemple de poser sur la gauche, sa tête ne doit pas s'orienter vers
d'autres horizons que le Sud et les pieds se fixent vers le Nord et sa face est
orientée vers l'Est rappelant la direction de la Mecque ou Qaaba lieu
où est enterré le prophète Mohammed.
Commentaire : Il est interdit de
rire, de plaisanter, de jouer, de chanter par
respect aux morts et de bénéficier des bienfaits. C'est
pourquoi, il est formellement interdit aux femmes de se présenter
à l'enterrement parce que jugées trop faible. De même que
les lieux sacrés que sont les tombeaux ne sont pas à
piétiner. Leur piétinement est comparé au
piétinement de la braise dans l'Au delà. Enfin, la prière
très sacrée est interdite aux abords des tombeaux en raison des
peurs susceptibles de hanter les fidèles et de détourner leurs
intentions de prière.
6°)Rituels islamiques en 2006 de Tidjani
Mohammed
g°) Le retrait de deuil
Le retrait de deuil se fait le matin. Les hommes doivent lire
le coran et procéder aux invocations. On égorge un mouton ou
chameau ou un boeuf en guise de sacrifice. Les participants mangent
copieusement et manière collective et jamais individuelle. Ensuite,
vient la fathia ou lecture des litanies où des souhaits de protection
sont adressés aux morts contre l'enfer. On souhaite par exemple que Dieu
ouvre les portes du paradis au défunt.
La durée du retrait de deuil est fixé à
quarante jours c'est-à-dire à un mois et dix jours. Cette
durée n'est valable que pour la femme d'autant plus que l'homme n'est
concerné par cette durée. Une fois période de quarante
jours est comblée, on procède au retrait systématique de
deuil. Pour avoir porté les habits blancs de deuil, la femme doit les
enlever pour les remplacer avec des habits habituels tout en reprenant ses
activités quotidiennes. En principe, la famille du défunt ne
doit rien sacrifier parce que Dieu interdit de le appauvrir davantage. Ceci
revient à dire que les sacrifices sont les résultats des
cotisations provenant des familles étendues.
La fin de la cérémonie de retrait de deuil peut
être collective ou individuelle. Il n'y pas d'heure précise pour
lever la séance Les retardataires peuvent venir progressivement au lieu
de deuil à tout moment pour se consterner c'est-à-dire prendre la
fathia aux familles du défunt. Ceci prolonge de ce fait la durée
de la cérémonie pour toute une journée.
En cas de décès d'un jeune enfant, d'un
bébé, ou tout simplement d'un enfant de moins d'un an, il n'y
point de deuil mis à part l'enterrement et un sacrifice journalier des
nourritures offertes aux enfants.
Si un homme perd sa femme, il n'y a pas deuil, ni de retrait
de deuil. Les invocations mortuaires d'une journée seules suffisent
à couvrir l'événement.
Commentaire :
Le retrait se fait le matin. Lecture du coran est collectif et
est suivi des invocations des litanies puis un sacrifice de mouton en
guise de protection : tel est le menu du cérémoniel.
Les habits sont blancs de deuil symbolisant la pureté. Le
retrait de deuil peut être collective ou individuelle. Mais chez enfant
de moins d'un an, il n'y point de deuil mis à part l'enterrement et un
sacrifice journalier des nourritures offertes aux enfants.
|
|