Discussion
La grossesse est une période
d'importantes modifications physiologiques au cours de laquelle les besoins
foetaux nécessitent des apports réguliers et
équilibrés fournis par l'alimentation et les réserves
maternelles .Chez la femme enceinte diabétique, la grossesse
constitue une étape de bouleversements métaboliques qui, si
certaines précautions ne sont pas prises, risquent d'entrainer des
répercussions néfastes pour le foetus et pour la mère. Il
est actuellement établi que la grossesse diabétique devrait
être programmée, c'est-à-dire préparée. On
dit que la grossesse chez la diabétique dure 4 trimestres, le premier
trimestre étant celui qui précède cette grossesse et
pendant lequel le terrain devrait être bien préparé,
c'est-à-dire le diabète bien équilibré et la
patiente bien éduquée du point de vue traitement et
diététique.
Notre étude porte sur 30 femmes diabétiques
travailleuses, toutes au deuxième trimestre de grossesse. Leurs
âge moyen est de 33.8 ans. Elles sont cadres moyens pour la
majorité. Le diabète est découvert à l'occasion de
la grossesse actuelle dans 66.7% des cas et est ancien dans 33.3%. La notion
de diabète gestationnel lors d'une grossesse précédente
est rapportée dans 66.7% des cas. Des antécédents de
macrosomie foetale sont retrouvés dans 13.3% des cas. On rapporte,
également, au moins une fausse-couche et zéro enfant vivant dans
la moitié des cas. L'hypertension artérielle est notée
chez 16.7% de nos patientes. Cette hypertension artérielle
nécessite une prise en charge multidisciplinaire rigoureuse.
La grossesse actuelle n'a pas été
préparée chez la moitié des femmes incluses dans notre
étude. Il s'agit de patientes qui consultent soit pour la
première fois, adressées par le dispensaire local ou par un
gynécologue, soit il s'agit de patientes qui ne respectent pas les
rendez-vous des consultations.
Cette grossesse est désirée dans 90% des
cas.
63.3% de ces femmes ne disposent pas de
glycomètre et 33.3% ne ressentent pas les signes
périphériques de l'hypoglycémie ou, plutôt, ne
connaissent pas ces signes à défaut d'une bonne éducation.
D'ailleurs, 2/3 ne connaissent pas le risque des perturbations
métaboliques en rapport avec leur diabète sur le
bébé.
Heureusement qu'au cours de leur hospitalisation, 83.3%
des patientes déclarent s'attacher à suivre les conseils
diététiques et le traitement prescrit même après
l'accouchement.
La moitié de nos sujets suivent actuellement un
traitement qui consiste en une diététique seule dans la
moitié des cas et associée à l'insuline dans 43.3% des
cas.
L'analyse de l'enquête alimentaire pratiquée
a montré que l'apport calorique total moyen est excessif (2749.83
calories plus ou moins 1407.05 calories contre une valeur recommandée de
2000 calories). La répartition glucides-lipides-protides est très
déséquilibrée avec des pourcentages respectifs de 29.57%,
61.20% et 9.21% contre des valeurs recommandées respectives de 55%, 30%
et 15%.Cette alimentation est hyperlipidique apportant autant d'acides gras
polyinsaturés que d'acides gras saturés .L'apport protidique est
bas ( 9.21%) de même que celui des glucides (29.27%) .
Ce déséquilibre alimentaire témoigne
de l'éducation nutritionnelle déficiente de nos sujets et
explique les hypoglycémies fréquentes rencontrées chez la
majorité d'entre eux .
L'apport calcique est insuffisant (971mg contre une
recommandation de 1200mg), celui en fer est, aussi, insuffisant (14.13mg contre
une recommandation de 30mg).
La répartition de la ration de nos patientes sur le
nycthémère est perturbée :
-petit déjeuner : 17.9 % de l'apport
énergétique total contre une valeur recommandée de
20%.
-déjeuner : 39.7% de l'apport
énergétique total contre une valeur recommandée de
30%.
-diner : 25.1% de l'apport énergétique
total contre une valeur recommandée de 20%.
-prises alimentaires extra-prandiales : 17.4% de
l'apport énergétique total contre une valeur recommandée
de 15%.
Le facteur travail a une influence non négligeable
sur ce déséquilibre alimentaire en effet les femmes enceintes
travailleuses ont souvent recours à des plats de restauration rapide
souvent riches en graisses saturées (pizza, sandwish, croissant...) qui
sont pris dans la rue.
C'est ainsi que 1/3 de nos sujets prennent leur
déjeuner dans la rue (restauration rapide). Par contre, le diner est
pris par 93.3% de nos patientes à domicile (préparation
personnelle).
3 prises alimentaires extra-prandiales (collation du
matin, collation de l'après-midi, collation du soir) sont, dans presque
la moitié des cas, des préparations de restauration
rapide.
Le travail des femmes a une influence sur le type
d'aliments consommés (restauration rapide surtout le jour, restauration
à domicile surtout le soir) ainsi que sur la rythmicité des
prises alimentaires puisque environ 2/3 des sujets ne respectent pas l'horaire
des prises alimentaires et notamment du petit déjeuner et du
déjeuner.
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