CHAPITRE II: L'ECONOMIE
CONGOLAISE
Depuis le milieu des années 1980, l'économie
congolaise connait des très graves difficultés. Depuis lors, la
situation économique de la RDC n'a cessé de s'aggraver
malgré quelques tentatives visant à stabiliser et à
atténuer les difficultés auxquelles elle est confrontée.
L'économie congolaise est une des économies les moins
compétitives d'Afrique7(*). Elle occupe, en 2006 selon la Banque
mondiale, la 178 ème position, c'est-à-dire la
dernière place sur la liste des pays du monde considérés
d'après leurs capacités à offrir de réelles
facilités de faire des affaires8(*). Après une période de relatif dynamisme
économique, la République démocratique du Congo a subi une
sévère dépression entre le milieu des
années 1980 et le milieu des années 2000
liée à une gestion marquée par la corruption, puis aux
guerres civiles qui ont ravagé le pays.
Dans ce chapitre, nous allons présenter le tableau
synthétque de la situation économique de la RDC de 2000 à
2006. Pour ce faire, nous avons choisi quelques variables clés
susceptibles de refléter en grande ligne, le comportement de
l'activité économique de la RDC durant cette période. Nous
allons tour à tour analyser : la structure de l'économie
congolaise du point de vue de ses caractéristiques: la production (PIB),
l'emploi et le chômage, la monnaie et l'inflation.
II. 1. LA PRODUCTION
II.1.1. TENDANCES RECENTES
Pendant des décennies, l'objectif principal des
dirigeants de la RDC consistait en l'exploitation des ressources naturelles et
la recherche d'une économie de rente, indépendamment des
conséquences économiques pour le pays. Le résultat de
cette politique a été un déclin continu de la croissance
de l'économie. Pendant les années 1980, le taux de croissance
moyen était d'un modeste 1.8% par an, passant à 5,1% dans les
années 1990. Le revenu par personne est tombé à 110 US$ en
2003. C'est seulement après la fin de la guerre que des réformes
économiques ont été sérieusement envisagées,
l'économie a été stabilisée et la tendance
négative du PIB redressée. La croissance du PIB (voir Figure 1)
est passée de 6% en 2003 à 6,5% en 2005 et il est attendu
à 7% d'ici 2008.
Figure 1: Croissance du PIB réel
En 2003, le secteur transport &
télécommunications était le plus dynamique, notamment
suite à d'importants investissements directs étrangers dans la
téléphonie mobile (voir Figure 2). La construction et les travaux
publics, tout comme le gouvernement et le secteur privé, se sont
engagés dans la réhabilitation du logement et de
l'infrastructure.
Le secteur minier a bénéficié de
l'introduction du nouveau protocole d'accord sur les mines, qui a
libéralisé le commerce de diamants et éliminé le
monopole de Gécamines. De nombreuses sociétés
internationales sont impliquées dans l'exploitation et l'exploration des
riches ressources minières.
Le secteur électricité & eau se remet
lentement, en raison d'un besoin énorme et continu en investissement
pour mettre à jour les unités productives existantes. Dans ce
domaine, la RDC a un énorme potentiel. Le barrage d'Inga, sur le fleuve
Congo, peut à lui seul couvrir les besoins en électricité
de toute l'Afrique sub-saharienne, mais la production actuelle stagne à
environ 2% de son potentiel. La faute à des turbines défaillantes
et au manque d'investissement (énorme) pour augmenter la
capacité. La production d'eau potable a augmenté, mais la
consommation a diminué en raison du faible réseau de
distribution.
La croissance du secteur agricole a été lente
parce que l'agriculture commerciale a presque entièrement disparu et la
croissance de l'agriculture de subsistance est faible, freinée par
l'absence de marché, les infrastructures insuffisantes, le manque de
crédit et les prix élevés d'engrais et des graines.
Figure 2: Croissance économique par secteur
Le secteur industriel est le seul qui ne s'est pas
développé. Les raisons principales sont le manque
d'investissement pour la modernisation, la faible demande interne et
l'accès difficile au crédit.
Le dynamisme du secteur productif a été
généré par le secteur privé car le gouvernement a
réduit sa présence dans l'économie, suite au protocole
d'investissement, au protocole d'accord sur les mines et autres instruments.
Le secteur privé, néanmoins, fait face à
quelques contraintes structurelles qui rendent difficiles son fonctionnement
sur le marché, diminuant sa contribution potentielle au
développement économique de la RDC. Le système juridique
est trop lent à régler des litiges entre agents
économiques. C'est le résultat non seulement de la rupture du
système juridique, mais aussi de la législation
désuète datant du système colonial. L'alternative de
recourir à l'arbitrage international n'est pas faisable en raison de son
coût élevé. Les organisations d'entreprises privées
envisagent donc de mettre sur pied un système privé de
règlement de litiges.
Le secteur financier de son côté ne soutient pas
les activités du secteur privé. Les rares banques commerciales
privées préfèrent octroyer des prêts à court
terme et à haut taux d'intérêt, créant des
conditions difficiles pour les entrepreneurs de financer l'investissement
à long terme.
Le secteur financier de la RDC est trop faible et les
instruments financiers sont trop peu nombreux pour répondre aux besoins
du secteur privé. Les faibles infrastructures physiques ajoutent des
coûts de fonctionnement au processus productif. Les représentants
du secteur privé estiment que sans ces contraintes, l'économie
pourrait grandir plus rapidement, à un taux de 10% à 12% par
an.
Tableau 1: Indicateurs macroéconomiques
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
2005
|
2006
|
2007
|
PIB à prix courant (milliard FC)
|
297.0
|
1,407.0
|
1,922.0
|
2,299.0
|
2,676.0
|
3,366.0
|
3,837.0
|
4,403.0
|
PIB à prix courant (milliard US$)
|
4.3
|
7.5
|
5.5
|
5.7
|
6.3
|
7.1
|
8.3
|
9.1
|
PIB aux coûts facteur (milliard FC)
|
297.1
|
290.8
|
300.9
|
318.3
|
340.3
|
362.4
|
387.8
|
414.9
|
Taux de croissance
(%)
|
(6.9)
|
(2.1)
|
3.5
|
5.8
|
6.9
|
6.5
|
7.0
|
7.0
|
Inflation
(fin de période)
|
554
|
357
|
25
|
13
|
9
|
21
|
8
|
6
|
Source : Banque Centrale du Congo
* 7 Selon le Forum
économique mondial sur l'Afrique qui s'est tenu du 13
au 15 juin 2007 :
Rankings
2007
* 8 Ben Clet, Climat
d'affaires in Journal Le Potentiel, n°4289 du 7 avril 2008.
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