Arts Martiaux et Sorcellerie chez les Fang du Gabon( Télécharger le fichier original )par Olivier P. NGUEMA AKWE Université Lumière lyon 2 - Master 2 anthropologie 2007 |
ConclusionL'objectif de ce mémoire était de rendre compte des logiques qui sous-tendent la pratique des arts martiaux sorcellaire au Gabon et de saisir le rôle du mesing et de celui de l'eseneya dans la production d'une force surnaturelle liée aux sports de combats. Suite à la dynamique actuelle que connaissent les différentes sociétés et leurs cultures respectives. Les arts martiaux n'ont pas pu échapper à ce mouvement et se sont profondément transformés tant au niveau de la forme que du fond. Kim Min-Ho énonce à ce propos que « nous voudrions découvrir comment les arts martiaux ont été adaptés dans le creuset social, politique, militaire et philosophique de chaque pays.31(*) » Au Gabon, il semble que le mesing soit le pilier central de la pratique martiale et de la fabrication de l'humain chez les Fang. Cette omniprésence de l'eseneya dans la pratique quotidienne du sport chez les Fang révèle du lien existant entre ces derniers et les espèces vivant dans la forêt. Ce lien que ce peuple entretient avec les animaux est aussi la matrice des arts martiaux asiatiques qui se basent sur l'imitation des animaux afin de reproduire les gestes. L'objectif manifestement est d'inventer une théorie de défense applicable à tous. Les Africains, notamment chez les Fang, ce rapport homme/animal ou mieux homme/nature n'est pas seulement un rapport d'observation de technique de défense mais une appropriation de l'âme animale pour en faire une partie de son être de soi. Cet animal devient par la suite le totem du pratiquant. Nous nous inscrivons-là dans ce que l'on peut appeler « la sorcellerie sportive ». La sorcellerie sportive gabonaise se focalise sur l'utilisation de l'âme animale par le procédé de l'eseneya. Cette introduction d'un vecteur autre dans le sport engendre une nouvelle forme de pratique qui n'est ni autochtone ni d'ailleurs, mais qui trouve tout son sens dans la cohérence de la culture en présence. Cette sorcellerie sportive n'est pas propre aux arts martiaux, l'observation peut se faire ailleurs, dans d'autres disciplines sportives qu'elles soient collectives ou individuelles. La pratique de ces « espaces ludiques » porte des marques endogènes qui signent leur spécificité, leur particularité. * 31Kim Min-Ho, L'Origine et le développement des arts Martiaux, L'Harmattan, 1999, p. 19. |
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