PROBLEMATIQUE DE RECHERCHE
L'eau, source de vie, est pour un état et pour un
peuple la souveraine richesse, comme le disait BRUNHES J (1952). Elle
représente également un élément essentiel du
développement, mais constitue une équation majeure pour les pays
en voie de développement et de surcroît sahéliens. La
difficulté d'accès à l'eau potable dans les pays de
l'Afrique au sud du Sahara est tellement posée que la plupart des O.N.G
et des organismes internationaux y investissent de gros moyens financiers et
matériels pour aider les gouvernements locaux à venir à
bout de ce problème. Les populations locales, elles aussi essayent
toutes formes de techniques pour trouver ce liquide précieux.
Généralement ce manque d'eau potable est
dû à plusieurs facteurs comme la profondeur trop importante des
nappes souterraines, leurs pollutions, leurs salinisation et tarissement
rapide, l'inexistence de forages capables de capter l'eau de ces nappes et
l'absence d'écoulement en eau douce. Au Sénégal le
problème subsiste malgré une bonne desserte en eaux de surface et
en eaux souterraines. Les eaux souterraines sont représentées par
trois (3) grandes nappes : les nappes phréatiques, peu profondes,
sont localisées dans les sables infra basaltiques du Cap-Vert, dans les
sables du littoral nord et les alluvions du fleuve avec des affleurements
de surface dans les « Niayes »; les nappes du Continental
Terminal, plus profondes, atteignent dans certains endroits trente (30)
à cent (100) mètres de profondeur ; et les nappes du
Maestrichien, très profondes, dans tout le pays sont atteintes par les
forages entre cent (100) et quatre cents (400) mètres de profondeur.
Dans le Gandiolais, zone faisant partie de l'estuaire du
fleuve Sénégal, la plupart des villages souffrent de ce manque
d'eau douce surtout ceux jouxtant le fleuve. Pourtant les disponibilités
en eaux souterraines et de surface sont importantes car on a la présence
du fleuve, les nappes des sables du Quaternaire et les nappes du Continental
Terminal. Ce problème qui se pose avec acuité est causé
par trois (3) facteurs : la salinisation, le tarissement dés le
début de la saison sèche des nappes et l'absence de
vallées d'eau douce.
Les facteurs explicatifs de ces phénomènes sont
multiples : la sécheresse, la position estuarienne de la zone du
Gandiolais, les effets du barrage de Diama et le canal de délestage
ouvert sur la Langue de Barbarie. Le tarissement des nappes souterraines est
lié à la sécheresse avec une diminution des totaux
pluviométriques. La sécheresse a entraîné une
réduction de l'approvisionnement en eau douce des
nappes souterraines. La pluviométrie est de plus en plus marquée
par des débuts tardifs et des fins précoces.
La nature salée des nappes est d'abord liée
à la position estuarienne du Gandiolais. Cette situation estuarienne de
la zone permet à la mer d'inonder, une partie de l'année, le
fleuve Sénégal et les cuvettes de dépression. Ainsi en
saison sèche l'eau salée de la mer dominait dans le milieu et
rendait saumâtre le fleuve et les nappes souterraines : c'est la
période de basses eaux du fleuve. Mais dés que les ondes de crue
du fleuve arrivaient, le phénomène s'inversait et les nappes
devenaient à nouveau douces. C'est la saison de hautes eaux du fleuve et
la zone est entièrement occupée par ces eaux.
Le barrage de Diama a accentué la salinité du
fait de la programmation faite pour l'ouverture de ses vannes, qui ne
s'opère que quand la cote de crue atteint un mètre cinquante
(1.5) de hauteur. Or ces crues sont rares et ne surviennent qu'à la fin
de la saison des pluies avec l'arrivée tardive du maximum de crue. Ceci
a comme effet une présence plus marquée des eaux
océaniques sur les eaux fluviales dans la zone. Les cuvettes qui
alimentent les nappes souterraines sont salées et par conséquent
les nappes aussi.
Enfin la brèche ouverte sur la Langue de Barbarie a
aggravé la situation avec un déversement rapide des eaux
fluviales dans l'océan. La brèche s'est transformée en une
nouvelle embouchure et de ce fait les eaux fluviales ne séjournent plus
longtemps dans le milieu. Avec l'ancienne embouchure, qui se situe à des
dizaines de kilomètres plus loin, les eaux fluviales parcouraient toute
la zone et dessalaient une partie du milieu.
Tous ces facteurs ont ainsi contribué à priver
une bonne partie des populations du Gandiolais en eau douce et potable. Pendant
plusieurs mois, ces populations sont dépourvues d'eau potable pour leur
alimentation.
C'est pour pallier cette situation que des camions citernes du
Service Régional de l'Hydraulique de Saint-Louis alimentent
régulièrement certains de ces villages en eau potable. L'eau leur
revient chère puisque la bassine d'eau est vendue à soixante (60)
francs CFA. Ce sont les villages de Gueumbeul et Ngaina qui sont
concernés par ce type d'approvisionnement. Les autres villages,
situés dans les îlots de l'estuaire comme Mbambara, Dieule Mbame
et Doune Baba Dièye s'alimentent soit à Saint-Louis par voie
fluviale avec des bidons; soit à Bountou Ndour, village situé sur
la route de Gandiole et desservie par le réseau de la SDE depuis
Saint-Louis, avec des bassines et des bidons. Ce village est localisé
à deux kilomètres du premier des villages cités plus
haut.
Les conséquences sur la vie des populations sont
nombreuses. On peut citer les difficultés d'approvisionnement en eau
douce, l'abandon du maraîchage, les problèmes de santé et
la disparition de certaines espèces végétales. Cependant
notre étude ne porte pas sur toute la zone du Gandiolais mais seulement
la partie située au sud de la ville de Saint-Louis.
L'intérêt de cette étude est de montrer
l'évolution des ressources hydrologiques de la zone du Gandiolais
à travers les crises de sécheresse, l'influence de la mer sur le
fleuve Sénégal, et les différents aménagements
effectués sur ce dernier.
Les objectifs de recherche sont les suivants :
\u9679oe Il s'agit dans un premier temps d'étudier les
aspects physiques, hydrologiques et humains de la zone,
\u9679oe Puis d'analyser les différents facteurs qui
ont contribué à ce manque d'eau douce,
\u9679oe Pour ensuite démontrer l'évolution de
cette situation,
\u9679oe Et enfin montrer les différentes
conséquences sur la vie des populations et dégager des esquisses
de solutions.
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