CONCLUSION ET
RECOMMANDATIONS
Le travail des enfants est un phénomène
réel au Cameroun, même s'il n'est pas alarmant comme dans d'autres
pays du monde. L'étude que nous avons menée visait à
cerner l'interaction existant entre le travail des enfants âgés de
5 à 14 ans et le rendement scolaire de ceux-ci. Plus
spécifiquement, il était question de savoir si dans un contexte
de pauvreté abjecte comme celle qui prévaut au Cameroun, il
était possible de concilier école et travail chez les enfants.
À la lumière des analyses qui précédent, l'on peut
affirmer que le travail des enfants est un problème sérieux au
Cameroun et qu'il recouvre des réalités diverses selon que l'on
se trouve en milieu urbain ou rural, au niveau des provinces ou encore que l'on
s'intéresse au genre masculin ou féminin.
Menée jusqu'à son à terme, notre
étude nous a permis de relever un certain nombre de
spécificités inhérentes au travail des enfants
camerounais. Le volume horaire auquel est astreint un enfant camerounais
âgé de 5 à 14 ans n'est pas intense, en moyenne de 2 heures
par jour (tableau 4). Une proportion importante de ces enfants combinent
école et travail, et sont en général assidus à
l'école ; le travail se faisant généralement
après l'école. Le facteur travail agit positivement sur le
rendement scolaire de l'enfant jusqu'à un certain seuil où il
commence à être défavorable à celui-ci. Ceci veut
simplement dire que tant qu'un enfant travaille pendant un certain nombre
d'heures « raisonnable », il a autant de chances de
réussir que celui qui ne travaille pas du tout. Les enfants camerounais
qui travaillent réussissent généralement mieux, dans le
domaine académique, que leurs compagnons qui ne travaillent pas. Dans un
contexte et à un moment où le travail des enfants nourrit
plusieurs débats, cette association entre travail infantile et rendement
scolaire mérite des analyses plus futées. Faut-il remettre
plutôt en cause le concept travail des enfants dans le contexte africain
et en particulier celui du Cameroun ? Considéré comme un
volet important de la socialisation, le travail domestique occupe une place
assez importante dans les activités des enfants. Les garçons
presque autant que les filles participent aux travaux ménagers.
Compte tenu de l'engagement pris par le Gouvernement
camerounais, dans le cadre des conventions ratifiées sur les droits de
l'enfant et eu égard aux spécificités relevées dans
l'étude, quelques suggestions ont été faites dans le but
de contribuer à l'amélioration de la situation des enfants
travailleurs. Le fait de considérer comme priorité absolue
l'élimination du travail des enfants n'est pas la meilleure approche au
problème. Il est suggéré à cet effet de mener des
actions dans le sens de :
· Mettre l'accent en priorité sur la nature des
travaux effectués par les enfants au lieu de prohiber tout simplement le
travail des enfants de 5-14 ans. Puisque nous avons montré que les
enfants de 5-14 ans peuvent concilier école et travail, il faudrait
plutôt se focaliser sur la nature et l'ampleur des travaux
effectués par ceux-ci.
· Prendre en compte les besoins des familles. Le travail
des enfants répond dans la plupart des cas à un besoin des
familles : besoin d'argent, lorsque les parents ne parviennent pas
à trouver d'emploi ou besoin de main d'oeuvre quand ceux-ci n'ont pas
les moyens de payer un tiers pour effectuer un travail pourtant indispensable
dans le processus nécessaire de gagne-pain. Il peut s'agir de tenir la
maison pendant que les parents travaillent ou de leur prêter main-forte
sur leur lieu de travail. Pour obtenir que ces enfants soient effectivement
scolarisés, il faudra donc imaginer des substituts qui leur permettront
d'aller à l'école sans que cela ne porte préjudice
à leurs parents. Ainsi, il faut permettre aux enfants d'être
à la fois scolarisés et travailleurs tout en veillant à la
nature des travaux effectués par ceux-ci.
À l'issue de cette analyse, nous n'avons pas la
prétention d'avoir épuisé le sujet mais il ne fait aucun
doute que les résultats obtenus permettent d'apprécier un tant
soit peu l'interaction entre le travail des enfants et le rendement scolaire.
Compte tenu des informations disponibles dans la base de données, pour
définir le rendement scolaire nous n'avons considéré que
le résultat scolaire de l'enfant (succès ou échec) et non
la moyenne annuelle obtenue par celui-ci. La prise en compte de la moyenne
obtenue par l'enfant pourrait permettre d'avoir encore des résultats
plus précis. En outre, la détermination du seuil d'heures
hebdomadaires au-dessous duquel le travail des enfants de 5-14 ans ne nuit pas
à leur rendement scolaire mérite une recherche à part
entière.
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