WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Travail des enfants de 5-14 ans et rendement scolaire au Cameroun

( Télécharger le fichier original )
par Francky FOUEDJIO
Institut Sous-Régional de Statistique et d'Economie Appliquée - Ingénieur Statisticien 2008
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

4.2.2. Résultats économétriques et interprétations

Pour mieux examiner l'association entre le travail des enfants et le rendement scolaire, il a été jugé nécessaire de procéder à des analyses multivariées relatives au genre et au lieu de résidence. Les résultats de ces analyses qui figurent dans les tableaux 10 et 11 ont été obtenus à l'aide du logiciel STATA 9.

4.2.2.1. Analyse du rendement scolaire selon le sexe

Les résultats du tableau 10 nous montrent globalement qu'au Cameroun, toutes choses égales par ailleurs, les garçons ont environ 22 % de chances en moins de négocier leur passage en classe supérieure que les filles. Le milieu de résidence influence significativement le rendement scolaire des enfants. En effet, les enfants vivant en milieu urbain ont 27 % de chances en plus de réussir que leurs homologues résidant en milieu rural. Ce constat est plus marqué chez les garçons, soit de 30 % contre 24 % chez les filles. Généralement, la réussite scolaire est moins probable dans le groupe d'âge 5-9 ans que les autres. Cette association se maintient quelque soit le sexe. Par ailleurs, dans l'ensemble, les conditions de vie demeurent également déterminantes dans le parcours scolaire des élèves. Les enfants issus de ménages pauvres ont 25 % de chances en moins de réussir que leurs prochains issus de ménages moyens. Cette relation n'est significative que pour le genre masculin. Néanmoins, les enfants logeant dans des maisons sans électricité ont 28 % de chances en plus de réussir que ceux vivant dans des logements possédant de l'électricité. Cette association n'est cependant significative que chez les filles. Ce paradoxe peut trouver raison dans le fait que le premier groupe d'enfants, à savoir ceux ne possédant pas d'électricité, ont leur énergie canalisée sur l'essentiel à savoir leurs activités académiques. De plus, le fait d'être privés d'électricité les oblige à travailler de façon assidue notamment avant la tombée de la nuit afin de ne point abîmer leurs yeux. Par contre, la deuxième classe d'enfants sus-citée a davantage de loisirs audiovisuels.

Outre les résultats obtenus plus haut et qui confirment certaines présomptions, les équations élaborées conduisent à une association positive entre le travail des enfants et le rendement scolaire. De manière globale, toutes choses égales par ailleurs, la probabilité de réussite croît avec le temps consacré au travail. Ainsi, un enfant qui travaillera une heure de plus que son semblable aura près de 2 % de chances en plus de réussir que lui. Mais cette croissance n'est pas infinie. En effet, la valeur du rapport de chances inférieure ou égale à 1 liée à la variable « heure de travail au carré » (ou encore le coefficient estimé négatif associé à cette variable) indique que la probabilité de réussite augmente fortement dans les premières heures de travail, puis croît de moins en moins au fur et à mesure que le temps évolue, pour ensuite s'estomper. Cette valeur n'est toutefois pas statistiquement significative chez les garçons. Le fait de travailler semble positivement associé à la réussite scolaire. Les enfants qui travaillent ont 21 % plus de chances de réussite que ceux qui ne travaillent pas. Cette association forte significative et bien intense chez les filles, l'est moins chez les garçons. En particulier, de manière générale, ceteris paribus, la probabilité de réussir croît avec le nombre d'heures de travail domestique et un enfant travaillant une heure supplémentaire a en plus 3 % de chances de réussir que son congénère. Comme pour les heures de travail total, cette croissance n'est pas infinie. Toutefois, cette relation n'est statistiquement significative que chez les garçons. Tous ces résultats tendent simplement à élucider le fait que lorsqu'un enfant travaille pendant un nombre d'heures ne dépassant pas un certain seuil, il a autant de chances de succès que son homologue qui ne travaille pas.

Qu'est ce qui peut expliquer le fait que les enfants qui conjuguent école et travail au Cameroun réussissent mieux que leurs camarades qui ne font que l'école ? Ce résultat peut s'expliquer par le fait que l'assimilation des leçons peut se faire généralement lors des cours en classe et non seulement à la maison. Comme nous l'avons constaté, les enfants bi-actifs sont autant assidus que ceux ne faisant que l'école. Pour cela, les enfants ne se consacrant qu'à l'école ne sont pas forcément plus avantagés que les enfants travailleurs. En outre, rien ne démontre que les enfants qui font seulement l'école étudient plus que ceux qui travaillent. En effet, le temps de loisirs des enfants qui ne travaillent pas peut être supérieur à celui de travail des enfants bi-actifs. De plus, les loisirs absorbent plus l'esprit de l'enfant que le travail. En général, les enfants bi-actifs sont issus de familles démunies. Pour ces familles, pourvoir aux moyens financiers nécessaires à l'instruction de l'enfant est un investissement fort important. Ceci conduit à une attention particulière des parents quant à la réussite scolaire de ce dernier ; d'où la responsabilisation de l'enfant, même très jeune. De fait, quand celui-ci ne réussit pas, il est généralement forcé de mettre fin à son cursus scolaire, les parents ne voulant plus prendre de risques face à l'échec, preuve d'un investissement non rentable. Ainsi, ces enfants sont conscients que leur avenir leur appartient et sont donc déterminés à réussir.

Par ailleurs, comme on pouvait s'y attendre le nombre de fois par semaine où l'enfant se rend à l'école influence positivement le rendement scolaire de l'enfant. Ainsi, un enfant qui ira à l'école 1 jour de plus que son camarade aura environ 8 % de chances en plus de réussir que ce dernier. Le constat est significatif pour les garçons mais nullement pour les filles. Les enfants de 5-14 ans du niveau secondaire ont 3,3 fois plus de chances de réussir que ceux du niveau primaire. La possession des livres de lecture et de mathématiques favorise la réussite scolaire des enfants. Dans l'ensemble, un enfant qui possède le livre de mathématiques (respectivement le livre de lecture) aura 47 % (respectivement 40 %) plus de chances de succès que son camarade qui n'en possède pas. S'agissant du livre de mathématiques, cet avantage est plus accentué chez les garçons, soit de 58 % contre 26 % chez les filles. Tandis que pour le livre de lecture, cet atout est plus marqué chez les filles, soit de 65 % contre 30 % pour les filles. Ceci laisse croire que les garçons sont plus doués en mathématiques et les filles plus douées en français. Le nombre d'enfants de moins de cinq ans dans le ménage semble avoir un poids assez important sur le rendement scolaire des enfants. Les résultats du tableau 10 illustrent bien ce constat. En effet, la probabilité de succès décroît avec le nombre d'enfants de moins de cinq ans présents dans le ménage. De ce fait, un enfant qui vit dans un ménage où le nombre d'enfants de moins de cinq ans dépasse de un celui de son homologue, aura 10 % de chances en moins de réussir que ce dernier. Ce constat se justifie par le fait que les enfants résidant dans les ménages avec des enfants de moins de cinq ans consacrent probablement moins de temps à leurs études les soirs à la maison, car ils doivent aider leurs parents dans l'entretien et l'éducation de leurs frères et soeurs moins âgés.

4.2.2.2. Analyse du rendement scolaire selon le sexe et le milieu de résidence

L'analyse selon le milieu de résidence laisse croire que le travail des enfants a un rôle à un effet significatif sur le rendement scolaire des enfants. Un enfant qui travaille a plus de chances de réussir que celui qui ne travaille pas et ceci quelque soit le milieu de résidence. Le volume horaire de travail joue un rôle positif sur le rendement scolaire des enfants en milieu rural et spécifiquement chez les filles. Tandis que les tâches domestiques jouent un rôle positif sur le travail des enfants en milieu urbain et particulièrement chez les filles. Toutefois, cette intensité n'est pas infinie. Quant aux garçons des milieux urbain et rural, aucune relation entre le nombre d'heures de travail total, en particulier celui domestique et le rendement scolaire n'est significative. Quelque soit le milieu de résidence et quelque soit le sexe, la réussite des enfants âgés de 5 à 9 ans est moins probable que celle des autres. Le nombre de jours par semaine où un enfant se rend à l'école influence positivement le rendement scolaire chez les garçons et ceci indépendamment du milieu de résidence. Concernant le sexe féminin, la relation n'est pas significative. De façon globale, le fait de posséder le livre de mathématiques ou le livre de lecture est un facteur favorable à la réussite tant dans le milieu rural que dans le milieu urbain. Pour le livre de mathématiques, cette association se vérifie tant chez les garçons que chez les filles du milieu urbain et n'est significative que pour les garçons en zone rurale. S'agissant du livre de lecture, la relation se vérifie tant chez les garçons que chez les filles du milieu rural et n'est significative que pour les filles en milieu urbain.

Les modèles d'analyse construits selon le milieu de résidence font penser que la présence des enfants de moins de cinq ans dans le ménage joue un rôle négatif sur le rendement scolaire des enfants. Cependant, cette association n'est déterminante que chez les filles en zone rurale. Le niveau d'instruction du chef de ménage influence positivement et fortement la réussite scolaire des enfants garçons vivant en milieu urbain ; le contraire est néanmoins observé en ce qui concerne le niveau d'instruction de la mère du ménage. En considérant le niveau de vie du ménage, les résultats du tableau 11 montrent que les filles en zone urbaine issues des ménages très pauvres ont 41 % de chances en moins de réussite que leurs camarades filles du milieu rural. Par contre, les filles en milieu urbain logeant dans des ménages utilisant l'énergie électrique ont 48 % de chances en moins de réussir que celles résidant dans des ménages n'ayant pas accès à l'électricité. Les garçons du milieu rural semblent beaucoup aider leurs parents dans l'entretien et l'éducation de leurs frères et/ou soeurs moins âgés. Les résultats du modèle 6 (tableau 11) illustrent bien cette observation. En effet, les garçons du milieu rural ont plus de chances de réussir quand il n'y a aucun enfant de moins de cinq ans dans le ménage. De plus, les ménages ruraux qui vivent en général dans les conditions économiques les plus difficiles, n'utilisent pratiquement pas de domestiques. La main d'oeuvre infantile demeure alors indispensable dans ce contexte.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon