CHAPITRE 4 : EFFET
DU TRAVAIL DES ENFANTS SUR LE RENDEMENT SCOLAIRE
Les résultats préliminaires obtenus dans le
chapitre précédent nous ont permis d'avoir une image relativement
précise sur le travail des enfants en général autant que
sur l'interférence de celui-ci avec le rendement scolaire en
particulier. Le but de ce chapitre est d'analyser singulièrement l'effet
du travail des enfants sur le rendement scolaire. Dans un premier temps, on
effectue une factorielle discriminante pour mieux interpréter la
façon dont les groupes d'enfants ayant négocié leur
passage en classe supérieure et ceux n'ayant pas pu le faire
diffèrent selon certaines caractéristiques. Par la suite, on
applique une régression logistique à notre base de données
pour dégager l'effet net des facteurs susceptibles d'influencer le
rendement scolaire et particulièrement le facteur travail.
4.1. Approche descriptive
de la relation entre travail des enfants et rendement scolaire
Dans cette section, il s'agit essentiellement de
décrire la relation entre le rendement scolaire et le travail infantile.
Nous pouvons observer dans notre échantillon deux groupes d'enfants
mutuellement exclusifs : ceux ayant réussi leur passage en classe
supérieure et ceux l'ayant raté. En tenant compte d'un ensemble
de variables dont certaines sont liées au travail infantile, une analyse
factorielle discriminante est menée afin d'analyser les
différences entre ces deux groupes d'enfants et de déterminer
lesquelles de ces variables explicatives sont plus discriminantes vis à
vis des groupes déterminés.
4.1.1. Présentation
des variables de l'analyse factorielle discriminante et analyse descriptive
Le but de l'analyse discriminante est d'étudier les
relations entre une variable qualitative et un ensemble de variables
explicatives quantitatives et/ou qualitatives binaires. Les variables de
l'analyse sont présentées en premier, ensuite la base de
données qui a rendu possible l'analyse.
4.1.1.1. Les variables
Les données analysées provenant de
l'enquête MICS 2006, portent sur 8800 enfants de 5-14 ans
scolarisés sur lesquels on dispose d'un certain nombre d'informations.
D'une part, nous avons le rendement scolaire de l'enfant
(« succès » ou « échec »)
qui constitue la variable à expliquer et d'autre part deux
caractéristiques qualitatives binaires (sexe et milieu de
résidence) et quatre variables quantitatives (âge, nombre de jours
d'école, volume horaire hebdomadaire de travail, nombre d'enfants de
moins de cinq ans dans le ménage) qui constituent les variables
explicatives.
Les variables exogènes peuvent être
regroupées en trois groupes. Tout d'abord, les caractéristiques
propres à l'enfant qui sont l'âge et le sexe. Le deuxième
groupe est composé des variables décrivant le contexte familial
dans lequel l'enfant se meut. Il s'agit ici du nombre d'enfants de moins de
cinq ans présents dans le ménage et du milieu de
résidence. Enfin le troisième groupe, porte sur le volume horaire
hebdomadaire de travail auquel est astreint l'enfant et le nombre de jours par
semaine où il va à l'école.
L'on se propose donc d'effectuer une analyse factorielle
discriminante sur ces 8800 enfants de 5-14 ans scolarisés,
repérés par les variables sus-citées. Comme étape
préliminaire, une analyse descriptive sera menée dans le but de
se familiariser avec la base de données en notre possession.
4.1.1.2. Analyse
descriptive
Il s'agit ici de faire une analyse exploratoire minutieuse de
la base de données qu'on veut soumettre à l'analyse factorielle
discriminante. À cet effet seront interprétés les divers
résultats présentés en annexe B.
Le tableau B1 en annexe présente les statistiques
générales. On note la grande
hétérogénéité des statistiques issues des
distributions des quatre variables quantitatives de l'étude : ordre de
grandeur différent pour les moyennes, écart-types, maxima et
minima. Chaque ménage compte en moyenne un enfant de moins de 5 ans. Le
volume horaire hebdomadaire de travail quant à lui s'élève
à 10,7 heures et les enfants ont en moyenne 10 ans. Ces variables ont de
grandes étendues et sont assez dispersées autour de leur moyenne.
En ce qui concerne les variables qualitatives binaires sexe et milieu de
résidence, les modalités les plus fréquentes sont les
garçons et le secteur rural.
Le tableau B1 en annexe propose des informations pour les
deux groupes d'enfants : « succès » ou
« échec ». On constate que les statistiques
(minimum, maximum, moyenne et écart type) liées aux variables
nombre d'enfant de moins de cinq dans le ménage et volume horaire
hebdomadaire de travail sont légèrement élevées
pour les enfants ayant eu un rendement scolaire négatif comparativement
à leurs semblables ayant eu un rendement scolaire positif. En outre, la
structure par âge indique que les enfants ayant réussi ont une
moyenne d'âge légèrement supérieure à ceux
ayant échoué. La structure du nombre de jours d'école par
semaine est semblable dans les deux groupes. Quant aux variables sexe et milieu
de résidence, il apparaît que dans le groupe
« succès », ce sont les filles qui s'y
intègrent le plus ainsi que les enfants du milieu urbain. Une
observation contrastée se dégage pour le groupe
« échec ».
Le tableau B2 en annexe présente la matrice de
corrélation entre les variables quantitatives. La matrice de
corrélation suggère une corrélation positive entre
l'âge et le nombre d'heures de travail ( ). Ce résultat n'est pas surprenant car plus l'enfant grandit,
mieux sa force de travail s'améliore. Néanmoins cette
corrélation n'est pas forte. Quant aux autres variables les
corrélations entre elles sont très faibles.
Cette étape préliminaire d'analyse descriptive
nous amène à tirer les enseignements suivants :
· les enfants dont le rendement scolaire est positif ont
en général un âge plus important que ceux pour qui le
résultat est négatif ;
· les enfants qui ne réussissent pas ont un volume
horaire de travail élevé comparativement à ceux qui
réussissent ;
· les filles réussissent plus que les
garçons et les enfants du milieu urbain plus que ceux du milieu
rural ;
· il existe une corrélation positive entre
l'âge et le volume horaire de travail.
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