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Travail des enfants de 5-14 ans et rendement scolaire au Cameroun

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par Francky FOUEDJIO
Institut Sous-Régional de Statistique et d'Economie Appliquée - Ingénieur Statisticien 2008
  

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ABSTRACT

Child Labour is a well known and wildly spread phenomenon in Cameroon. When this situation hinders the child from going to school or even when a child who is concern by this goes to school, it affects negatively his seriousness in studying and henceforth his academic performance. There is then need to intervene.

The present work, based on the results of the Multiple Indicators Cluster Survey MICS undertaken by the National Institute of Statistics in 2006, examines the impact of child labour on the academic performance of children aged from 5 to 14 years in Cameroon. It therefore studies the factors which influence the academic performance of children («success» or «failure») and particularly, that of labour. In order to capture the real effect of each of the variable which can affects the academic performance, we will use logistic regression. We will put an accent on the effect of child labour.

There is a relationship between child labour and academic performance in Cameroon. All the multiple econometric analysis we have done in this work bring out clearly this relationship. Then, our analysis clearly shows that the fact that a child works does not affects his academic performance, except he goes beyond a certain level. In fact, in Cameroon, children who go to school and work are as serious as those who go only to school and moreover even have bigger chances to succeed. This situation is observed separately from the sex or the place of living of the child. Girls have bigger chances to succeed than boys and children in the urban milieu have greater chances also to succeed than those of the rural milieu. The principal lesson to draw from this work is that the fact of considering as priority to eradicate child labour in Cameroon is not the best idea to solve this problem. We have to see how children, aged between 5 and 14 years, who work can even work more because their work is necessary not only for them but also for their families.

Key words: child labour, academic performance, family, childhood, intensity, impact.

INTRODUCTION GENERALE

Phénomène social, culturel et économique, le travail des enfants naguère un sujet tabou qui ne pouvait être traité sans provoquer un véritable malaise ; malaise aussi bien chez les personnes directement concernées (les parents et leurs enfants au travail) qu'auprès des décideurs politiques, des entreprises et autres employeurs d'une population en bas âge ; population qui est théoriquement tenue d'aller à l'école et être légalement protégée contre un emploi précoce. De nos jours, l'existence du phénomène est tout à fait connue et occupe depuis un certain temps, une place importante dans la conscience publique, avec en prime, l'expression d'une volonté d'y faire face. C'est ainsi que l'on voie s'organiser ici et là, des colloques, des manifestations, des forums et des émissions radiotélévisées consacrés à ce sujet. Il est au coeur de divers projets de recherche et une multitude d'ouvrages, articles et études sont parus sur le sujet. Bien que ce fléau soit largement étudié dans le monde, bien peu d'études s'y sont attaquées au Cameroun.

Le travail des enfants demeure à l'échelle mondiale, un phénomène de grande ampleur. Depuis le début des années quatre vingt, ce phénomène suscite une nouvelle mobilisation notamment de la part des médias et des institutions internationales. En réalité, les enfants exercent des activités qui peuvent aller d'activités bénéfiques renforçant ou favorisant ainsi leur développement physique, à des activités manifestement destructrices ou synonymes d'exploitation. Le bureau des statistiques de l'Organisation Internationale du Travail (OIT) estime, à plus de 200 millions le nombre d'enfants dans le monde qui sont impliqués dans le travail des enfants, affectant ainsi leur développement physique, mental et émotionnel. Près de trois quarts de ceux-ci prennent part aux plus mauvaises formes du travail des enfants notamment la traite, les conflits armés, l'esclavage, l'exploitation sexuelle et les travaux dangereux.

Le travail des enfants est un fait réel dans presque tous les pays du monde. Mais c'est en Afrique que ce fléau est le plus répandu, en particulier dans l'agriculture, l'élevage et l'exploitation minière1(*). D'après les estimations du Programme International pour l'abolition du travail des Enfants (IPEC en anglais), les enfants commencent parfois à travailler dès l'âge de cinq ans, ce qui implique que les enfants de moins de 10 ans représentent 20 % de la main-d'oeuvre infantile dans certaines zones rurales. Ce qui sous-entend, une proportion élevée d'enfants non scolarisés. Dans toute l'Afrique, on estime qu'environ 80 millions d'enfants travaillent ; chiffre qui pourrait atteindre 100 millions en 2015. D'après l'OIT, 41 % des enfants africains de 5 à 14 ans participent à une activité économique, contre 21 % en Asie et 17 % en Amérique latine. Chez les filles, ce chiffre est tout aussi élevé : 37 % en Afrique contre 20 % en Asie et 11 % en Amérique latine. Ce phénomène est très répandu dans les pays d'Afrique sub-saharienne, caractéristique de la pauvreté qui tenaille ces pays. Dans un contexte de pauvreté extrême, caractérisé par le faible accès à l'éducation, la participation au trafic des stupéfiants et autres activités particulièrement dangereuses pour la santé et la sécurité des enfants, beaucoup d'enfants âgés de moins de 14 ans quittent leur famille pour trouver du travail. Ils vont très souvent jusqu'à traverser les frontières pour se rendre dans les pays voisins. Ces enfants effectuent des travaux ardus et mal payés, ouvriers sur des plantations ou domestiques, dans des situations sanitaires dangereuses, parfois battus, ou victimes de violences sexuelles.

L'histoire des sociétés nous indique que les enfants ont toujours participé dans une plus ou moins large mesure aux activités économiques pour contribuer à l'existence commune2(*). Il n'y a pas longtemps que le travail des enfants est considéré comme un problème social. L'un des premiers actes y relatifs est la convention n°138 de l'OIT, adoptée en 1973, qui incite les pays à fixer à 14 ou 15 ans l'âge légal du travail. Celle-ci a fait très peu d'adeptes, 112 pays à peine l'ayant ratifié en 2000. Il a fallu attendre l'adoption de la convention n° 182, qui interdit les pires formes de travail des enfants pour voir une large mobilisation, puisqu'elle a été ratifiée par 100 pays au bout de deux ans seulement. Ces conventions amènent à voir dans le travail précoce, un obstacle au développement harmonieux, physique et psychique. Le fait pour un enfant de travailler avant l'âge mature peut être néfaste pour lui : par exemple, un enfant qui travaille réduit indûment son bien-être économique présent ou ses capacités futures à se faire un revenu, soit par le rétrécissement de son horizon en matière de choix ou à travers la réduction de ses propres capacités individuelles de production dans le futur.

Les enfants ne possèdent pas pleinement les capacités physiques et mentales requises, nécessaires au travail et par conséquent ont un rendement nettement inférieur à celui des adultes. Si le travail des enfants demeure avantageux pour l'employeur, c'est qu'il est rémunéré beaucoup moins encore qu'il ne devrait l'être eu égard à sa productivité.

De nombreux économistes s'accordent sur le fait que le travail des enfants est à la fois une cause et une conséquence de la pauvreté et dilapide le capital humain d'un pays. Il fait souvent obstacle à l'éducation, particulièrement celle des filles. Les pires formes de travail des enfants à l'instar de la prostitution et la traite, sont à la fois une cause et une conséquence de la pandémie du VIH/SIDA. Il parait donc particulièrement important d'éradiquer le travail des mineurs afin de réaliser le premier Objectif du Millénaire pour le Développement (éliminer la pauvreté extrême et la faim), ainsi que le deuxième (assurer l'éducation primaire pour tous) et le sixième (combattre le VIH/SIDA, le paludisme et d'autres maladies).

Au Cameroun, le travail des enfants devient un problème sérieux. À l'instar des autres pays du monde, il n'est pas épargné par ce fléau et s'est engagé auprès de l'OIT à contribuer à l'amélioration de la situation des enfants camerounais ; ceci à travers la ratification des conventions et recommandations internationales sur le sujet. En effet, d'après le rapport annuel 2007 de l'UNICEF sur la situation des enfants dans le monde, près de 54 % des enfants de 5 à 14 ans sont astreints au travail au Cameroun. Cette proportion soulève bien des questions. Certes, l'utilisation de la force de travail de l'enfant dans les activités domestiques ou productrices du ménage affecte son rendement scolaire. Mais empêche-t-elle tout de même sa réussite scolaire ? Cette question relève d'une grande importance car, selon l'article 7 de la convention de l'OIT (n°138), l'emploi à des travaux légers est autorisé pour les personnes de 12 ou 13 ans à condition que ces travaux « ne soient pas de nature à porter préjudice à leur assiduité scolaire » ni « à leur aptitude à bénéficier de l'instruction reçue »3(*).

Dans ce mémoire, nous tentons d'apporter un élément nouveau aux travaux déjà réalisés en répondant aux questions suivantes : dans un contexte de pauvreté accrue à l'image de celle qui prévaut au Cameroun, peut-on concilier travail et éducation chez les enfants de cette nation ? L'éducation doit-elle être une alternative ou une complémentarité au travail des enfants au Cameroun ? Autrement dit, le lien entre la scolarisation et le travail des enfants au Cameroun se comprend t-il dans une approche coût/bénéfice ? En d'autres termes, la décision du ménage dans lequel évolue l'enfant dépendra t- elle fortement du choix qu'il opèrera entre le revenu futur (si l'enfant est scolarisé) et le revenu présent (dans le cas où l'enfant est mis au travail) ? Notre préoccupation est donc la suivante : quel est l'effet du travail des enfants sur leur rendement scolaire au Cameroun ?

L'objectif principal de notre travail est d'aider à mieux comprendre le phénomène du travail des enfants au Cameroun. Pour y arriver, on adopte une approche intégrée de l'égalité entre les sexes. La prise en compte des résultats attendus est la meilleure susceptible de bien diriger les politiques visant à augmenter le rendement scolaire des enfants dans un environnement où ils sont confrontés à plusieurs responsabilités. Ce faisant, les objectifs spécifiques que cette étude vise à atteindre sont :

· examiner les principales caractéristiques du travail des enfants au Cameroun ;

· analyser les disparités entre les situations des filles et des garçons ;

· analyser les disparités régionales ;

· déceler les facteurs de la réussite scolaire au Cameroun ;

· analyser l'incidence du travail des enfants sur leur réussite scolaire au Cameroun.

Ce choix est également opéré pour pouvoir faire des comparaisons avec les pays où les données existent.

Pour atteindre les objectifs définis précédemment, la démarche envisagée dans cette étude s'articule autour de quatre étapes.

D'entrée de jeu, il est question de préciser les concepts d'« enfance », de « travail des enfants » et de « rendement scolaire » à la lumière des objectifs de l'étude et au regard des sources de données disponibles notamment MICS 2006 (chapitre 1). En second lieu, nous procéderons, à travers une revue de la littérature, à une présentation des théories relatives au travail infantile (chapitre 2). En troisième lieu sera présenté un panorama de la situation du travail des enfants au Cameroun, à partir des données des enquêtes MICS 2006 et EESI 2005 (chapitre 3). Enfin, le quatrième chapitre portera sur l'analyse empirique de l'effet du travail des enfants sur le rendement scolaire. La démarche méthodologique consiste au préalable à effectuer une analyse factorielle discriminante descriptive afin de mieux interpréter la façon dont les groupes d'enfants ayant réussi et ceux ayant échoué diffèrent au regard de certaines caractéristiques. Ensuite, on cherche à expliquer le rendement scolaire des enfants au moyen d'une régression logistique. Les caractéristiques individuelles des enfants, la structure et la composition du ménage, le volume de travail auquel est astreint l'enfant constituent les variables explicatives clés de l'analyse.

L'étude débouchera sur des recommandations à l'attention des décideurs, des partenaires au développement et à la société civile en vue d'une amélioration de la situation des enfants travailleurs, et adaptées aux besoins des populations spécifiques des zones et couches démunies.

PREMIÈRE PARTIE :

CONCEPTS ET FONDEMENTS THÉORIQUES RELATIFS AU TRAVAIL DES ENFANTS


Cette première partie est consacrée aux concepts et théories relatifs au travail des enfants. Elle comprend deux chapitres. Dans le premier, nous présentons les concepts et les définitions nécessaires pour appréhender le phénomène du travail des enfants. Dans le deuxième, nous passons en revue les différentes théories économiques traitant du travail des enfants.

* 1 BIT (2004).

* 2 BIT (2004).

* 3 BIT (2004).

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon