de la libération de la créativité théorique au renouveau de la philosophie africaine dans sur la "philosophie africaine" de paulin hountondji( Télécharger le fichier original )par kouamé hyacinthe kouakou Université de Bouaké (côte d'ivoire) - Maîtrise 2005 |
INTRODUCTIONEn Afrique, comme partout ailleurs, tout le monde se trouve confronté à l'épineux problème de l'identité. Ce désir d'identité d'un peuple, comme le souligne le professeur DIBI Kouadio Augustin, se trouve stimulé par la quête d'un visage ; et comme il l'écrit, le visage est ce par quoi, «je vois et je suis vu en retour comme étant le même, non l'autre. Le visage exprime, et ce qui s'y exprime, ce qu'il exprime est une présence personnelle»1(*) L'Afrique, depuis des temps immémoriaux, a toujours cherché d'une façon ou d'une autre à exprimer sa présence ; elle a toujours cherché à s'affirmer, à se poser comme identité en face de l'autre. D'ailleurs, elle n'innove en rien car l'empire oriental, le monde grec, le monde romain et le peuple germanique ont constitué aux yeux de HEGEL les différentes figures de l'Esprit. N'étaient-ce pas là des expressions de la quête d'un visage dans ces différents empires et partant la manifestation d'un désir d'identité au sein de l'histoire universelle? Mais, il importe de comprendre que dans cette quête de l'identité, l'Africain ne veut tout de même pas réinventer l'électricité, l'énergie nucléaire ou la bombe atomique. Rien de tout cela n'affecte sérieusement les préoccupations de l'Africain. Son problème est d'ordre purement intellectuel et spirituel. L'Africain a à coeur de s'ouvrir à la sphère de la pensée ; au sens où l'entendrait l'Européen ou l'Américain. Et de cette pensée, l'Africain veut accoucher d'une philosophie africaine, référence de premier plan au même titre que tous les autres systèmes philosophiques dont, l'histoire de pensée s'enorgueillit. Il s'agit, en effet, pour l'Africain de retrouver une place au soleil de la Raison. Mais, rendons-nous vite à l'évidence pour savoir qu'il ne s'agit point là d'une entreprise aisée. Considérons à ce sujet cet avertissement de Marcien TOWA : «La raison ainsi que la science et la philosophie en lesquelles elle se déploie seront donc ce que les idéologues de l'impérialisme européen accepteront le plus difficilement de partager avec les autres civilisations.»2(*) L'Afrique veut une philosophie. L'Afrique veut accéder à la sphère de la pensée. Mais, comme le souligne TOWA, l'Europe est prête à tout donner pour ne jamais partager la pensée avec les autres civilisations. Se profile de ce fait à l'horizon, le premier obstacle sérieux sur la route de l'élaboration d'une philosophie africaine digne de ce nom. Plus que la sphère de la pensée, il s'agit d'une considération qui touche à l'Être même de l'Africain. Car, il y a comme un fossé énorme qui semble s'être creusé depuis la nuit des temps entre le Blanc et le Noir, entre civilisation occidentale et civilisation africaine. Comment alors dans un tel contexte, l'Afrique pourra-t-elle en l'espace d'une génération, prétendre à l'existence en s'inventant à elle un système de pensée? Finalement, on aboutit à ce constat que nous présente TOWA : «Ainsi s'est ancré dans les esprits un préjugé qui fait que l'Africain qui veut parler de philosophie ou de science est considéré comme se mêlant de ce qui ne le regarde pas.»3(*) En clair, il semblerait que l'esprit de l'Homme Noir est inapte à pénétrer le domaine de la philosophie. Le cercle de la pensée s'est donc fermé une fois pour toutes, excluant de ce fait le Noir qui devra vaquer à d'autres occupations, de moindre considération que de chercher à s'adonner à la philosophie et à la science. En tournant le dos à la science et à la philosophie, l'Africain ne fait pas qu'abandonner deux disciplines ; il renonce par là même à la connaissance ; la science et la philosophie se présentant comme la matrice de la connaissance contemplative. N'est-ce pas en vertu d'une telle considération que les premiers philosophes et savants grecs, les disciples de l'Ecole de Milet des VIIe et VIe siècles avant Jésus-Christ que sont THALÈS, ANAXIMANDRE, ANAXIMÈNE et autres, jusqu'à PLATON et ARISTOTE par exemple, se sont adonnés à la science et à la philosophie, au détriment de toute considération d'ordre utilitaire, rejetant du coup la technique? Ils n'avaient d'autre préoccupation que le désir de connaître comme se plaît à le souligner ARISTOTE : «Si les premiers philosophes philosophèrent pour échapper à l'ignorance, il est évident qu'ils poursuivaient la science pour savoir et non en vue de quelque utilité. Le fait lui-même en est la preuve : presque tous les arts qui regardaient les besoins et ceux qui s'appliquent au bien-être et au plaisir étaient déjà connus quand on commença à chercher les explications de ce genre. Il est donc évident que nous n'étudions pas la philosophie pour aucun intérêt étranger.»4(*) En vertu de telles considérations, assumer que l'Afrique n'est pas apte à faire la philosophie, c'est refuser de lui ouvrir le champ de la connaissance. Ainsi, en énonçant l'idée de l'accession de l'Africain au système de pensée, les intellectuels Noirs ne veulent rien d'autre qu'accéder à la connaissance, au même titre que les premiers philosophes et savants grecs de l'Antiquité et par conséquent l'Européen d'aujourd'hui. Mais pour y parvenir, l'Afrique doit d'abord combattre ce préjugé tenace qui s'est ancré dans les esprits, notamment dans celui de l'Européen. Il s'agit pour lui de combattre un mythe, le mythe de la supériorité de l'Européen, homme «supérieur» par excellence. Pour se faire une idée de la mentalité de l'Européen, lisons ces mots de HITLER : «Nous n'aspirons, non pas à l'égalité, mais à la domination. Le pays de race étrangère devra redevenir un pays de serfs, de journaliers agricoles ou de travailleurs industriels. Il ne s'agit pas de supprimer les inégalités parmi les hommes, mais de les amplifier et d'en faire une loi.»5(*) La différence des époques - nous sommes déjà au XXe siècle - ne nous empêche pas de comprendre les motivations réelles des missionnaires, explorateurs ou colons Européens comme HITLER. De la traite négrière et l'esclavage à la colonisation, nous retenons une idée essentielle : l'Africain ne saurait bénéficier du statut d'homme au sens où l'entend l'Européen. Dès lors, il faut parvenir à façonner l'Africain, à le recréer à l'image de l'Européen, à remodeler sa conscience car c'était là l'unique issue pour faire de lui un »homme vrai« Les indépendances à partir de 1960 qui vont emboîter le pas aux différents mouvements de libération dans la majorité des territoires africains ; soutenus par le mouvement de la négritude qui a émergé dans les années 3O ; redonnent à l'Africain sa dignité. Elles essaient pour un temps de redorer son blason terni. Piètre dignité! Car en partant, le colon a pris soin de laisser sur place ses agents locaux ; des Africains bien entendus, mais avec une mentalité d'Européens. Plus de quatre décennies d'indépendance n'ont fait que participer à la consolidation des régimes en place. Le multipartisme n'a pas encore tenu pour l'essentiel ses promesses. Une analyse sérieuse de la situation nous permet de comprendre que les espoirs suscités par l'avènement de ce nouvel ordre politique restent dans la plupart des cas de simples professions de foi. Le développement des Nations Africaines, synonyme de bien-être généralisé que devrait engendrer le multipartisme n'est pour l'instant qu'un voeu pieux. La liberté, dans l'ensemble, reste une denrée rare pour l'Africain. À tout point de vue, sa liberté se trouve confisquée. On lui refuse le droit à la pensée, au développement d'une critique libre et sincère. Les mêmes forces demeurent quand il s'agit d'évoquer l'idée d'une pensée sincère et franche en Afrique et par ricochet l'idée d'une philosophie africaine. Les forces de la colonisation, annoncées par les missionnaires et tous leurs alliés ; que sont les intellectuels à la solde des pouvoirs en place ; sont les "geôliers"de la pensée et d'une véritable philosophie en Afrique. Le recours fait à l'oeuvre de Paulin HOUNTONDJI dans le cadre de notre étude ne nous paraît nullement fortuit. Sans toutefois chercher à lui vouer un quelconque culte, nous pensons qu'il saurait mieux nous éclairer et nous guider dans notre entreprise. Parlant de la place de la philosophie dans le processus d'accomplissement du réel, HEGEL écrit : «Pour dire encore un mot sur la prétention d'enseigner comment doit être le monde, nous remarquons qu'en tout cas, la philosophie vient toujours trop tard. En tant que pensée du monde, elle apparaît seulement lorsque la réalité a accompli et terminé son processus de formation.»6(*) Il en va ainsi de la pensée de HOUNTONDJI. Celle-ci prend son envol au moment où les intellectuels Africains ont fini de festoyer avec les miettes tombées du repas tempelsien. La philosophie de HOUNTONDJI surgit au moment où ses prédécesseurs, dans un délire dionysiaque ont fini de jubiler avec la satisfaction du devoir accompli. Ainsi, dans un premier temps, HOUNTONDJI vient constater ce qui est, et ce qui est, c'est cette vaste compilation de pensées ethnophilosophiques, reliques de La philosophie bantoue du révérend père Placide TEMPELS. Le passage en revue de l'oeuvre de ses prédécesseurs permet à HOUNTONDJI de tirer cette conclusion : «Incontestablement philosophes, leur seule faiblesse a été de réaliser, mythiquement, sous l'espèce d'une philosophie collective, la forme philosophique de leur propre discours.»7(*) Un aspect essentiel mérite d'être signalé : HOUNTONDJI ne veut pas prendre part au débat sur l'existence ou non d'une philosophie africaine. Il constate simplement que cette philosophie existe. Mais son existence ne correspond pas à ce qu'aurait dû être en réalité et de façon précise la véritable philosophie africaine. Il entend donc dresser un tableau synoptique des obstacles qui se dressent sur la voie de l'élaboration de la philosophie africaine afin de la redéfinir. D'où le thème de ce MÉMOIRE : « DE LA LIBÉRATION DE LA CRÉATIVITE THÉORIQUE AU RENOUVEAU DE LA PHILOSOPHIE AFRICAINE » dans Sur la « philosophie africaine » de Paulin HOUNTONDJI. Le sous-titre de cette oeuvre :"Critique de l'ethnophilosophie" est assez évocateur. Il nous situe aisément sur les intentions de HOUNTONDJI. Il entend dépasser le cadre du simple constat pour réfuter ce qu'il a sous les yeux. N'est-ce pas là le sens véritable de l'activité philosophique? HOUNTONDJI fait sienne cette conception selon laquelle il n'y a jamais eu de vérité toute faite, considérant à son tour que «nous avons de bonnes raisons d'espérer qu'en philosophie la dogmatisation, en dépit de ses attitudes solennelles et définitives, pourrait bien n'avoir été que noble enfantillage, maladresse de débutant.»8(*) S'aventurer dans le cercle de la philosophie, c'est s'armer d'une telle conviction. Il faut de ce fait comprendre que la réfutation et la crique utiles et rationnelles ne doivent jamais faire défaut au philosophe. C'est justement par cette gymnastique que se réalise l'essence de la philosophie, qui n'est nullement la détention du savoir, mais la quête effrénée de ce savoir-là. Qu'il nous soit permis de remonter à la naissance de la philosophie socratique pour nous rendre compte du dessein qui anime justement HOUNTONDJI. SOCRATE fait son apparition dans la cité athénienne dans une atmosphère de faillite de la vraie pensée philosophique. En effet, il trouve sur place des étrangers qui montrent leur "beau savoir" et leur belle manière de parler en vue de s'enrichir. A leur manière, les sophistes entendent construire "une nouvelle sagesse philosophique". Au-delà de toute recherche philosophique touchant à la science ; ils instaurent la Rhétorique : l'art de persuader son adversaire, l'art d'être victorieux dans n'importe quelle situation et à propos de n'importe quel sujet. Ce n'est pas la vérité qu'on cherche, mais ce qui peut paraître vrai, ce qui peut être accepté comme vrai. L'homme devient mesure de toute vérité. Un subjectivisme effronté s'empare de la philosophie et ne veut plus considérer que l'intérêt immédiat et pratique de l'homme. C'est par rapport à ce contexte, à une telle décadence philosophique qu'il faut comprendre la violente réaction de SOCRATE. Animé par une sorte de zèle apostolique, il poursuit les rhéteurs, ces faux sages qui trompent la jeunesse. Consciemment, SOCRATE engage les investigations philosophiques dans une direction, jusque-là encore inexplorée par une méthode scientifique : la connaissance de "soi-même" et des vertus de l'âme. Ce tableau pourrait être ramené à la lutte que HOUNTONDJI entend mener contre tous ceux qui ont pensé faire oeuvre de philosophie africaine ; alors qu'en réalité ils s'adonnaient à coeur joie à de l'ethnophilosophie. A l'image de SOCRATE qui a dénoncé et détruit la fausse philosophie des sophistes, HOUNTONDJI, également, à travers sa critique de l'ethnophilosophie, entend dénoncer cette vision erronée de la philosophie africaine. Mais avouons-le : la tâche ne semble nullement aisée. Car en tout premier lieu, n'oublions pas qu'il entend poser les jalons d'une libération de la créativité des peuples d'Afrique. Cette créativité se trouve en détention, elle se trouve emprisonnée, étouffée même. Mais par qui? Il s'agit en effet des intellectuels Africains vouant un culte sans pareil à La philosophie bantoue de TEMPELS, déguisés en fin de compte en ethnophilosophes, mais aussi et surtout ces régimes politiques tout-puissants qui, soucieux de préserver la thèse unanimiste qui leur est si chère, étouffent sans aucune forme de procès toute pensée libre qui aurait tendance à évoluer dans un registre autre que ce qu'ils ont conçu. Ce qu'on entend sauver ici, c'est une certaine façon de voir commune, c'est-à-dire cette vision unanimiste d'une Afrique uniforme. Il y a chez eux le désir de sauvegarder les vestiges d'un passé mythique, d'une Afrique traditionnelle au sein de laquelle la vie se vit comme totalité, comme l'exprime le professeur DIBI Kouadio : «Aller au fond des choses, par analyse et par distinction, serait non seulement orgueil, mais sacrilège, car c'est comme si l'homme, cherchant à voler de ses propres ailes voulait surprendre les puissances sacrées dans la nuit de leur existence(...).La mentalité traditionnelle ne cherchera pas à reconstruire la totalité : elle l'accepte d'emblée et s'y engage, car seule lui importe la communion au tout, sans altération.»9(*) Les philosophes Africains trouvent dans l'oeuvre de TEMPELS la confirmation de cette image de l'Afrique fondée sur l'unanimité primitive, où tout le monde semble d'accord avec tout le monde. Pourtant, une telle conception, loin de contribuer à l'élaboration de la philosophie africaine, ne fait au contraire qu'empêcher son éclosion. Sous le fallacieux prétexte de rechercher une manière d'être propre à l'Afrique, les intellectuels Africains d'une part, et les hommes d'Etat d'autre part, ne font au contraire que s'opposer à l'avènement de la véritable philosophie africaine. S'il est donc admis que le mythe de la supériorité de l'Homme Blanc représente un sérieux handicap à l'avènement de la philosophie africaine, il n'en demeure pas moins que le plus grand mal provient de l'Afrique et des Africains eux-mêmes. Il faut de ce fait commencer à exorciser le mal par la racine, c'est-à-dire à partir de l'Afrique et des Africains. En clair, il s'agit de forcer les Africains à renoncer au mythe de l'unanimité primitive qui semble être la caractéristique fondamentale de la pensée africaine. C'est pourquoi pour HOUNTONDJI : «Au-delà du repli nationaliste sur nous-mêmes, de l'inventaire laborieux et interminable de nos valeurs culturelles, du narcissisme collectif induit par la colonisation, réapprendre à penser.»10(*) HOUNTONDJI en appelle à une réorientation du discours pour une vision nouvelle de la philosophie africaine dont le sens est ainsi présenté : «La philosophie africaine, pas plus qu'aucune autre philosophie, ne saurait être une vision du monde collective. Elle n'existera comme philosophie que sous la forme d'une confrontation de pensées individuelles, d'une discussion, d'un débat.»11(*) Le verdict de HOUNTONDJI tombe donc, implacable : l'Africain doit penser au même titre que l'Européen. N'en déplaisent à tous ceux qui voudraient toujours voir le Noir demeuré dans l'anti-chambre de la pensée et par ricochet de l'existence elle-même. Le terrain semble alors balisé pour l'émergence d'une philosophie africaine, appelée à rompre avec le folklorisme et l'exhibitionnisme sous les modes desquels elle fonctionnait jusque-là ; à l'image des écrits de la Négritude et de la littérature africaine des années cinquante qui, aux dires de Jacques CHEVRIER, «a reçu, dans l'ensemble, un accueil favorable de la critique occidentale à laquelle, faute de mieux, elle s'adressait en priorité.»12(*) L'Afrique, dans l'élaboration de la nouvelle philosophie doit désormais se tourner vers l'Africain et non vers l'Européen. À partir du moment où l'on concevra que la vérité n'est nullement l'apanage d'une poignée d'individus s'accaparant tous les biens de l'État au détriment du peuple dont ils prétendent servir les intérêts, l'Afrique pourra finalement prendre son envol. Dès lors, les leaders politiques Africains doivent "réapprendre à penser" comme le préconise HOUNTONDJI. Ils doivent comprendre que l'Afrique n'est pas un accident de la nature. Elle fait partie intégrante de cette histoire universelle de HEGEL. Il s'agit d'un appel implicite en vue d'une mutation, aussi bien au niveau de la manière de penser que de faire ou d'être. Le moment est enfin venu pour que nous fassions table rase de ce passé mythique. Ainsi, HOUNTONDJI nous invite à «libérer notre pensée du ghetto africaniste où on a voulu l'enfermer.»13(*) Il faut finalement faire table rase de l'exhibition et de l'exposition. Dire à l'Occident : voilà ce dont nous sommes capables, c'est se livrer à une ex-position, un désir de paraître. Ce qu'on ex-pose, c'est-à-dire ce qu'on pose à l'extérieur, c'est ce qui aspire à une sorte de publicité, c'est ce qui veut s'offrir au regard du grand public avec pour objectif de capter son attention et de le séduire. Or le problème véritable de l'Africain aujourd'hui, ce n'est pas une bien triste envie de paraître. Ce qu'il nous faut rechercher dès à présent, ce sont les voies et moyens nécessaires afin d'occuper dans ce XXIe siècle une position des plus enviées ; débarrassés à jamais de ce manteau de «sous-développés». L'aptitude à la pensée ne se revendique pas. Elle se constate, elle se vit, elle s'éprouve, elle se prouve. Voilà le message que Paulin HOUNTONDJI entend véhiculer. Les idées fortes contenues dans l'oeuvre de HOUNTONDJI s'organisent autour de LA CRITIQUE DE L'ETHNOPHILOSOPHIE d'une part, ajoutée à LA DESCRIPTION DE LA TOUTE-PUISSANCE DES RÉGIMES POLITIQUES AFRICAINS d'autre part. Ces deux axes principaux constituent les obstacles qui se dressent sur la voie de l'élaboration d'une philosophie africaine digne de ce nom. Au sortir de cette description, de cette critique, HOUNTONDJI expose sa VISION DE LA PHILOSOPHIE AFRICAINE. Notre tâche à travers ce MÉMOIRE consiste à faire la lumière sur ces idées tout en procédant à une évaluation critique à la lumière d'autres écrits, d'autres conceptions.
* 1DIBI Kouadio Augustin.- L'Afrique et son autre ; la différence libérée (Abidjan, STRATECA DIFFUSION, collection `'Penser l'Afrique n°1'', 1994), p.20 * 2 TOWA (Marcien).- Essai sur la problématique philosophique dans l'Afrique actuelle (Yaoundé, CLE, collection Points de vue, 1979), p.7 * 3 TOWA (Marcien), op.cit., p.5 * 4 ARISTOTE.- Métaphysique, livre I, cité par Georges Pascal.- Les grands textes de la philosophie (Paris, Bordas, 1972), p.50 * 5 HITLER (Adolph), cité par CÉSAIRE (Aimé).- Discours sur le colonialisme (Paris, Présence Africaine, 1955), p.13 * 6 HEGEL (Georg Wilhem Friedrich).- Principes de la philosophie du droit, traduction Kann (Paris, Gallimard, 1990), pp.42-45 * 7 HOUNTONDJI (Paulin).- Sur la « philosophie africaine » (Yaoundé, CLE, 1980), p.22 * 8 NIETZSCHE (Friedrich).- Par-delà bien et mal, traduction Cornélius Heim (Paris, Gallimard, 1971), p.15 * 9 DIBI Kouadio Augustin, op.cit., pp36-37 * 10 HOUNTONDJI, op.cit., p.47 * 11 HOUNTONDJI, op.cit., p.48 * 12 CHEVRIER (Jacques).- Littérature nègre (Paris, Armand Colin-collection U, 1984), p.7 * 13 HOUNTONDJI, op.cit., p.49 |
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