I. REVUE DE LITTERATURE
1.1. Le sol dans la
production agricole
1.1.1. Définition d'un sol
Si l'on tient à la définition du dictionnaire,
le sol est la «surface de la terre, aménagée ou non».
Le sol est le résultat d'un très lent processus
d'altération et d'évolution de la roche mère (l'ensemble
des couches géologiques qui forment la croûte terrestre)
grâce aux pluies, aux gaz de l'atmosphère, aux
végétaux, aux composés organiques.
En agriculture, c'est la couche la plus superficielle de
l'écorce terrestre que l'homme utilise pour la production des plantes et
l'élevage des animaux.
1.1.2. Notion de
fertlité d'un sol
Le concept de fertilité des sols, c'est-à-dire
leur capacité à subvenir aux besoins des plantes
(Sébillotte, 1989), fait partie des concepts classiques et importants de
la science du sol et de l'agronomie, qui se sont attaché à
comprendre les influences réciproques du milieu physique, et
particulièrement du sol, du peuplement végétal et des
interventions culturales.
La surexploitation des ressources en terres liée
à la croissance démographique et des mauvaises pratiques de
gestion en terres a entrainé l'incapacité des sols agricoles des
pays du sud à fournir des éléments dont la plante à
besoin. Cette incapacité se traduit donc par une dégradation du
sol.
1.1.3. Notion d'un sol
dégradé
Selon Brabant et al, (1996), la dégradation est un
processus résultant de certaines activités humaines et qui
perturbe une, plusieurs ou toutes les fonctions essentielles du sol.
D'après Douglas cité par Steiner (1996), elle est la diminution
de la capacité d'une terre à atteindre un certain rendement pour
un type de sol; en d'autres termes, cette dégradation s'accompagne d'une
diminution de la productivité des terres. En général,
trois principales catégories de dégradations des terres ont
été identifiées (FAO, 2003) :
- la dégradation physique, avec l'érosion par
l'eau et le vent, l'encroûtement et la battance, la compaction,
l'engorgement et la réduction de l'infiltration ;
- la dégradation chimique, avec l'acidification,
l'épuisement des éléments nutritifs, la pollution par des
déchets industriels et l'application excessive ou irrationnelle des
pesticides ou des engrais ;
- et la dégradation biologique, avec la diminution de
la teneur en matière organique du sol, la combustion de la biomasse et
l'épuisement de la couverture de végétation et de la faune
du sol.
La dégradation des sols est la résultante des
causes directes et des causes indirectes (FAO, 2003) :
Ø causes directes de la dégradation des terres
sont principalement le déboisement, le surpâturage et les coupes
répétées, l'agriculture itinérante, la mauvaise
gestion par l'agriculture des ressources en sol et en eau comme la non-adoption
des pratiques en matière de conservation du sol et de l'eau, les
rotations de cultures inadéquates, l'utilisation des terres marginales,
l'utilisation insuffisante et/ou excessive d'engrais, la mauvaise gestion des
aménagements d'irrigation etc. ;
Ø causes indirectes de la dégradation des
terres sont principalement l'augmentation de la population, le manque de terre,
le régime foncier peu sûr ou à court terme, la
pauvreté et la pression économique, etc.
La dégradation de la fertilité a
entraîné le déclin de la fertilité des sols,
caractérisée par des sols ayant de faible teneur en
éléments nutritifs, facteur limitant à la production
agricole que la pluviométrie (FAO, 1994). En effet le déclin de
la fertilité des sols est une détérioration des
propriétés chimiques, physiques et biologiques de sol.
Dans une évaluation de l'état
d'épuisement des éléments nutritifs effectuée en
1990 (FAO, 1994), des bilans ont été calculés pour les
terres arables de 38 pays de l'Afrique subsaharienne. Quatre classes de taux de
pertes d'éléments nutritifs ont été établies
(tableau 1).
Tableau 1 :
Classes des taux de perte d'éléments nutritifs en Afrique
subsaharienne (kg/ha/an)
Classe
|
N
|
P2O5
|
K2O
|
Basse
|
< 10
|
< 4
|
< 10
|
Modérée
|
10 - 20
|
4 - 7
|
10 - 20
|
Forte
|
21 - 40
|
8 - 15
|
21 - 40
|
Très forte
|
> 40
|
> 15
|
> 40
|
Source : Stoorvogel et Smaling, 1990
De différentes études et diagnostiques faits sur
l'état des sols agricoles au Togo (Agbobli et Adomefa, 2005), il ressort
que les sols agricoles présentent des déséquilibres
minéraux conséquences de pertes des éléments
nutritifs majeurs qu'ils subissent. Sur cet aspect, il a été
établi que les sols agricoles du Togo perdent annuellement 19 Kg N
ha-1, 4 kg P ha-1 et 15 kg K ha-1 (IFDC,
1990). Selon la FAO (2005), le taux d'approvisionnement en
éléments nutritifs des sols du Togo est de 30 - 60 kg NPK
ha/an ; ce qui situe le Togo au niveau moyen sur l'échelle
établie à cet effet. Par ailleurs les zones distinctes ont
été identifiées en fonction de l'ordre décroissant
de déficience des sols en éléments nutritifs majeurs
(tableau 2).
Somme toute, l'état actuel de la fertilité des
sols a un impact négatif sur le rendement des cultures. La diminution
des rendements et des réserves en éléments nutritifs du
sol représente des coûts économiques considérables.
Ainsi, pour l'agriculteur, il y a un coût privé du fait de la
diminution des rendements alors que la diminution des réserves en
éléments nutritifs un coût social pour les
générations présentes et futures.
Tableau 2: Ordre de
déficience des éléments nutritifs dans les cinq
régions du Togo
Zone Région
Ordre décroissant de carence en
éléments nutritifs majeurs des sols
|
Zone 1 Savanes, Kara, Plateau-Ouest
P > N >
K
Zone 2 Centrale, Plateaux-Est
N > P >
K
Zone 3 Maritime
K >
N > P
|
Source : Agbobli et Adomefa, 2005
|