RESULTATS
Description de l'échantillon
Sur les 53 personnes vivant avec le VIH et malades du SIDA
interrogées, 30 sont de sexe féminin et 23 de sexe masculin soit
respectivement 57% et 43%.
Le tableau 1 présente la répartition des
patients par tranches d'âge.
TABLEAU 1.
La tranche d'âge la plus touchée se situe entre
30 et 39 ans, soit une proportion de 42%. Sur les 53 personnes
interrogées ; les chrétiens sont prédominants avec
47 %, suivis des traditionalistes avec 30%.
TABLEAU 2.
Sur les 53 personnes, les personnes ayant un niveau secondaire
sont majoritaires avec 38 % suivies de celles ayant un niveau primaire avec
34%.
TABLEAU 3.
Sur les 76 personnes interrogées, notre étude a
révélé que 23 % sont des chauffeurs (routiers), 17% des
fonctionnaires et 15 % des artisans.
Sur les 76 personnes interrogées, 40% sont
mariées suivis des célibataires avec 36%. Sur les 76 personnes
interrogées, 59% ont plus au moins 4 personnes à charge.
Structure et organisation des centres
La structure et l'organisation sont assez satisfaisantes.
Cependant dans un centre, le bâtiment qui abrite le service social est le
même que le service de rééducation. L'agent chargé
de l'accueil des patients reçoit les patients à l'entrée
du hall. Les patients n'ont pas de douches ni de toilettes au CHD/O.P. Il y a
un manque de personnel dans tous les centres visités surtout au CHD/O.P
et il n'y a pas d'organigramme établissant la hiérarchie entre
les agents. Cette situation ne permet pas une bonne visibilité des
activités réalisées par le centre. Nous avons
observé une bonne relation inter personnelle aux seins des structures.
Il existe également une bonne collaboration entre les différents
centres visités et le Programme National de Lutte contre le SIDA (PNLS).
Le programme de consultation affiché ne correspond pas au programme
exécuté. Par contre le personnel du CHD/O.P n'est pas
supervisé et l'environnement n'est pas favorable à leur
motivation. L'absence de recherche des perdus de vue et le non respect des
supervisions sont dus à la non disponibilité d'une moto et de
primes de supervision. Il faut noter que la motivation du personnel est un
élément fondamental pour un meilleur rendement au travail.
Performance des agents
La performance des agents est appréciée par les
PVVIH/SIDA, mais l'insuffisance du personnel peut agir sur la qualité de
service et ce sont les patients déjà fragilisés qui en
subissent les conséquences.
Un autre type de problème posé est celui de
l'information soulevée par une malade de SIDA aujourd'hui alitée.
Elle disait « Mes parents qui ont été informés
depuis des années que j'ai le SIDA, ont a attendu maintenant pour
m'informer ». Cette réflexion pose le problème de
l'information à temps par le personnel des sujets infectés pour
leur permettre de prendre leurs responsabilités [ONUSIDA, 2004].
Pour réussir l'information cela nécessite des
compétences que l'assistance sociale, le sociologue ou le psychologue
est censé avoir. Il faut au besoin donner au médecin ou autre
soignant les armes nécessaires pour réussir la communication du
résultat au concerné.
Un médecin travaillant à l'hôpital nous a
confié au cours d'un entretien l'importance du manque de personnel et
surtout du rôle de l'assistant social dans la structure en ces termes
« C'est lui la première personne qui prend contact avec
l'entourage social, s'informe des problèmes qui se posent à
l'individu afin d'y proposer des solutions. Il a le désir de convaincre
le malade ou le séropositif du sort qui est le sien et les comportements
que lui impose sa nouvelle situation ». Or l'absence des assistants
ou autres personnes qualifiées des structures s'occupant des malades du
SIDA et séropositifs (structures, publiques ou privées) est
patente.
Satisfaction des utilisateurs de services
(PVVIH/SIDA)
La satisfaction des utilisateurs a été est
estimée à 67% et est assez bonne. Le niveau de satisfaction des
PVVIH/SIDA par rapport à la confidentialité, la qualité du
conseil et la disponibilité du personnel est bonne dans l'ensemble sauf
au CHD/O.P. Seul l'accueil réservé aux PVVIH/SIDA est bien
apprécié par ces derniers. Cette enquête soulève
l'épineux problème du secret médical: avertir les parents
ou amis avec ou sans l'accord du patient ne relève pas du ressort du
soignant. Pourtant deux infectés n'ont pas pu s'empêcher de se
fondre en larmes quand ils nous disaient qu'ils ont été
rejetés par leurs propres parents. Les attitudes dominantes chez les
parents et amis sont les pleurs, le rejet et l'agressivité
[Ministère de la Santé Publique, 2002].
Les pleurs chez les parents traduisent la compassion, le
désespoir. Cela exprime un sentiment douloureux des parents et amis de
perte d'un être qu'ils aiment et qui mourra incessamment. La crainte de
cette perte imminente bouleverse le projet d'avenir de certains parents pour
leur enfant. Ainsi la mère d'un patient lui déclare
« Je ne te construirai plus l'atelier de mécanique, cela me
semble un gaspillage car je ne sais plus combien de temps tu as encore à
passer sur terre ».
Un autre patient déclare « J'ai un gros
problème. Il y a quelque temps je me suis confiée à une
amie, un jour de déprime. Je lui ai dit que j'étais
séropositive. Elle l'a répété au voisinage,
à mon employeur. On habite dans le même quartier, c'est
très convivial d'habitude, mais maintenant les enfants ne viennent plus
chez moi. Ma mère ignore ma situation, je ne veux pas qu'elle
l'apprenne, et encore moins comme ça ».
Ces malades constituent pour la plupart des charges
supplémentaires pour les parents. Le sujet infecté et surtout
malade, n'est plus capable de se prendre en charge convenablement, encore moins
porter des aides à ses parents. La PVVIH/SIDA est rejetée par les
siens. L'amenuisement des ressources associé au rejet contribue au
relâchement des liens familiaux.
Le SIDA est en train de mettre en péril la
solidarité africaine, créant la faillite du système de la
famille élargie surtout lorsqu'il y a plusieurs vieillards à
prendre en charge. Un autre facteur contribuant au relâchement des liens
familiaux est l'atteinte à la renommée de la famille par la
société. Cette situation risque à la longue
d'entraîner la non utilisation des services, surtout si on sait que un
PVVIH appartenant à la deuxième catégorie peut facilement
développer un état de dépression mentale pouvant parfois
aboutir aux idées de suicide.
Il faut noter que les PVVIH/SIDA enquêtées sont
satisfaites des services de leurs pairs. Il se pose alors un problème,
comment récupérer ces PVVIH déprimés et comment
assurer leur prise en charge ?
Par rapport aux besoins, les PVVIH enquêtés
souhaiteraient une assistance matérielle et financière, un peu
plus d'affection, plus d'amour des parents et de la société. Tout
malade souhaite avoir des moyens pour se traiter. Les besoins d'amour,
d'affection, exprimés ne traduisent qu'une situation réelle. La
société ne semble pas percevoir tout le mal qu'elle se fait en
rejetant ces personnes.
Satisfaction des prestataires
Les prestataires ne sont pas satisfaits de leurs prestations.
Ils ont rapporté des défaillances considérables dans la
qualité des services qu'ils offrent aux PVVIH/SIDA par manque de
personnel. Les enquêtés ont déploré les attitudes de
mépris à l'égard des malades par les familles.
L'assistant social de CHD/O.P nous a déclaré,
« La prise en charge des malades est très difficile et
exigeante pour les soignants car elle s'accompagne d'une charge
émotionnelle lourde, due souvent à la gravité de la
maladie chez des patients généralement jeunes. L'assistant
social, ou en partenariat avec le psychologue ou le psychiatre, peut constituer
pour les soignants un soutien ou un courroie en vue de surmonter les
difficultés psychologiques de la prise en charge et l'accompagnement.
L'assistant se met au service des PVVIH/SIDA, de leurs parents et de la
communauté tout entière pour un travail patient de
sensibilisation, pour une animation de groupe. Alors avec un personnel non
suffisant vous imaginer ce que cela peut entraîner comme
désagrément ».
Les enquêtés ont donné des noms
d'organisations non gouvernementales (ONG) nationales et internationales et le
PNLS qui offrent des sessions gratuites de consultations et de vivres aux
PVVIH/SIDA. D'autres les aident financièrement et matériellement.
Ils reçoivent des conseils de ces ONGs. Les plus citées
sont le projet SEDEKON et le projet Vie Nouvelle. La fréquentation
des ONGs par les PVVIH/SIDA est faible. Il faut signaler aussi le manque de
collaboration franche avec les associations locales des PVVIH/SIDA.
Facteurs liés aux accessibilités
géographique, financière et linguistique
Dans l'ensemble l'accessibilité linguistique est bien
appréciée par les enquêtés, puisse que toutes les
«nationalités ou ethnies » sont
représentées dans les associations nous confiait un
médiateur. Notre étude a montré que la plupart des PVVIH
n'a cependant pas les moyens matériels suffisants car les sources de
revenues sont faibles.
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