II.5. ORGANISATION BANCAIRE AU CONGO
II.5.1. Formation du réseau bancaire
congolais (2(*))
La première étape d'un processus de
colonisation économique semble consister dans l'implantation sur le
territoire colonisé de grandes compagnies commerciales en vue de
pourvoir aux besoins de la métropole. Ces compagnies sont
rattachées à de grandes compagnies métropolitaines. Les
décisions fondamentales concernant notamment l'élargissement du
potentiel productif, l'orientation de la politique commerciale, etc sont prises
à la métropole. Le financement des opérations à
destination de la métropole nécessite - c'est la deuxième
étape - un appel à des succursales de banques
métropolitaines. L'organisation du Congo répond et est conforme
à cette finalité.
En effet, du moins jusqu'avant les transformations
institutionnelles, l'activité économique se trouvait, au Congo
concentrée dans les mains de quelques groupes financiers. Ceux-ci,
confrontés avec le problème de la diversité de
l'activité économique et de la dispersion géographique des
zones mises en valeur, ont réparti leur système de production en
un nombre considérable de firme. Cependant, tant en ayant leurs centre
d'exploitation au Congo, ces entreprises assuraient en Belgique leur gestion
financière. Cette situation caractérisa, jusqu'à la veille
de la seconde guerre mondiale l'économie congolaise. Jusqu'alors,
celle-ci était presque exclusivement orientée vers l'exportation
et dépendait étroitement des importations. Il ne pouvaient en
être autrement, étant donné l'absence d'industries locales
pouvant alimenter le marché locale en produit finis.
En séparant la Belgique et le Congo, la
deuxième guerre provoqua un isolement qui fut à la base du
développement autonome des entreprises congolaises. L'effort
considérable que l'économie congolaise dut soutenir pour assurer
sa propre subsistance en même temps que pour aider les puissances
alliées, imprima à son expansion un élan qui l'avaient
fait naître.
L'étendue du territoire, les besoins croissants des
industries nouvelles qui s'installaient un peu partout à travers le
pays, exigeaient l'existence au Congo d'une organisation bancaire dont les
ramifications devaient s'étendre dans les régions les plus
reculées du territoire aux fins d'assurer les services de caisse des
branches des firmes répandues à travers tout le pays.
Dès que fut opérés la reprise du Congo
par la Belgique, un groupe de banques Belges fonda au Congo, en janvier 1909 un
établissement bancaire ordinaire qui devrait effectuer toutes les
opérations d'une banque commerciale normale. Ainsi fut
créée la banque du Congo-belge.
Cependant, la nécessité de doter le Congo d'un
institut d'émission propre et indépendant amena les
autorités coloniales, quelques mois après la fondation de la
banque du Congo-Belge à confier à cette dernière des
responsabilités d'une banque d'émission. Empêchée
par les nouvelles charges d'exercer toutes les activités que ses
fondateurs attendaient de ses services, la banque du Congo-belge créa,
par une décision de ses fondateurs, un établissement bancaire
dont le rôle était de reprendre toutes les opérations qu'en
vertu de ses nouveaux statuts, elle ne pouvait plus exercer. On créa
donc la banque commerciale du Congo.
Pendant longtemps, l'activité bancaire fut
exercée pratiquement par la seule banque commerciale du Congo.
La diversification du système bancaire congolais
s'est opérée surtout après la deuxième guerre
mondiale. En effet, l'impulsion donnée par l'économie de guerre
à l'activité économique au Congo ne s'arrête pas
avec la fin des hostilités. Le Congo était désormais
engagé dans un mouvement d'expansion et de croissance économique
qui appelait des capitaux de plus en plus abondants. Il n'était plus
possible qu'un seul groupe financier continuât d'assumer toutes les
charges et d'effectuer toutes les opérations que les mouvements des
affaires faisaient naître. Et aussi, les bénéfices que les
sociétés établies au Congo récoltaient, devenaient
de plus en plus importants et suscitaient l'intérêt des autres
groupes décidés de tenter aussi leur chance.
C'est ainsi que plusieurs groupes bancaires belges qui n'y
étaient pas représentés jusqu'alors créèrent
des filiales ou ouvrirent des agences au Congo. Ceci répondait en
même temps à la nature des statuts internationaux qui
régissaient la mise en valeur et l'exploitation du Congo. Celle-ci
devait se faire au profit de toutes les puissances colonisatrices, qui
n'existaient pas en effet, que d'aussi importantes ressources que celles du
Congo fussent l'apanage d'une seule nation de la taille de la Belgique.
La situation du système bancaire au début de la
période décennale 1950-1960 est marquée par la
création, en septembre 1951, d'une banque centrale pour le Congo et le
Rwanda-Urundi. La reprise par ce nouvel institut d'émission du
privilège d'émission exercé jusque là par la banque
du Congo Belge ramena cette dernière à ses fonctions purement
commerciales. Cependant, la pénétration du réseau de ses
agences et succursale dans tous les régions du pays fit garder à
la banque du Congo Belge le rôle du principale agent de l'Etat. Le
rôle de la banque centrale du Congo et du Rwanda-Urundi était
comparable à celui de tout autre banque d'émission. Elle
était chargée notamment du contrôle du crédit et de
la gestion des réserves de devise, la banque centrale devait en outre
exercer son contrôle sur les banques commerciales fonctionnant au Congo.
Mais ce n'est qu'en 1957 qu'entrèrent en vigueur les dispositions qui
définissaient le statut légal des banques et qui instituaient les
modalités de cette surveillance. Grâce à la documentation
fournie par les banques soumises à son contrôle, la Banque
centrale devait dresser les situations globales de ces banques. Cette tache,
elle l'assuma dès le début de 1953. Ainsi, au début de la
période 1950-1960, le Congo était déjà doté
d'un réseau bancaire complet dont l'évolution institutionnelle et
fonctionnelle suivait fidèlement celle de l'économie du pays dans
son ensemble.
II.5.2. LE SYSTÈME BANCAIRE
CONGOLAIS
La composition du système bancaire congolais est la
suivante : 11 banques commerciales (banque commerciale du Congo, banque
congolaise du commerce extérieur, union des banques congolaises,
nouvelle banque de Kinshasa, banque internationale pour l'Afrique (Congo),
banque de crédit agricole, Citybank, Grind lays bank (Congo), Fransabank
(Congo) et la société congolaise de banque)1(*) ; 4 instituts financiers
(INSS, fonds de promotion de l'industrie, caisse d'épargne du Congo et
la société nationale d'assurances) et une banque de
développement (société congolaise de financement du
développement (SOCOFIDE).
Bien qu'il n'en fasse pas partie au strict sens de
l'expression, l'office des chèque postaux peut être inclus dans le
système bancaire, en 1969 il est devenu un élément public
autonome doté de la personnalité juridique et de l'autonomie
patrimoniale. Etant donné la capillarité de son organisation, cet
office joue un rôle important dans la collecte de l'épargne et
contribue indirectement au financement du trésor.
Toutes les banques commerciales sont une initiative des
étrangers, sauf la banque de Kinshasa. La caisse d'épargne du
Congo est comprise parmi les institutions financières et non parmi les
banques commerciales du fait qu'elle n'exerce pas véritablement des
activités bancaires. Elle se limite en effet à collecter de
dépôts d'épargne qu'elle réemploi sous forme de
prêts accordés à l'Etat et aux entreprises
privées.
La banque de développement (SOCOFIDE) a
été crée le 9 janvier 1970 avec pour objet la promotion
des investissements productifs octroyant sous diverses formes des concours
financiers moyen et long terme aux entreprises du secteur privé et dans
certaines limites à de entreprises mixtes. Elle devra financer
principalement les entreprises industrielles de moyennes et grandes dimensions.
Participent au capital de cette banque : l'Etat congolais en même temps
que la société financière internationale (une filiale de
la banque mondiale), la banque centrale et des capitalistes privés
congolais et étrangers.
En principe les banques commerciales exigent pour l'ouverture
de comptes un dépôt minimum qui varie selon ces banques. Les
banques consentent des prêts sous forme d'avances sur compte courant, ce
concours, est habituellement à court terme, et exceptionnellement
à moyen terme. Les banques elle-mêmes doivent avoir à la
banque centrale un compte courant libre car elles sont tenues d'y
déposer tous numéraires excédants leurs besoins en caisse
(2(*)).
II.6. Tableau I. Détermination de
refinancement des banques
Années
|
1967
|
1972
|
1977
|
1982
|
1987
|
1992
|
1995
|
1. Dépôts totaux
a) Dépôts à vue
b) Dépôts à terme
|
121,44
117,4
4,04
|
303,2
248
55,2
|
789,52
624,47
165,05
|
754
658,74
95,26
|
337.017,88
292.336,99
44.650,89
|
712,17
687,44
24,73
|
126.285
116.928,48
9.357,43
|
2. Crédits totaux
|
30,538
|
525,6
|
971,87
|
503,74
|
479,44
|
255,18
|
166.707,75
|
3. Liquidités
(1) - (2)
|
90,902
|
-222,4
|
-182,35
|
250,26
|
336.538,34
|
456,99
|
- 4.421,84
|
4. Refinancement
(3) - (a)
|
-26,498
|
-470,4
|
-806,82
|
-408,48
|
-
|
-230,45
|
- 157.350,32
|
|
Source : Manipulation personnelle à partir des tableaux
1 et 2 (en annexe).
Le besoin de financement (refinancement) dépend du
volume de liquidités des banques, il suffit aux banques d'une encaisse
en monnaie pour faire face aux demandes de retrait des déposants
à vue. Les banques se refinancent en raison de 26,498 ; 470,4 ; 806,82;
408,48 ; 230,45 ; 157.350,32 respectivement pour les années 1967, 1972,
1977, 1982, 1992 et 1995. Les banques en 1987 dégagent un
excédent de liquidité qui permet de faire face aux retraits
éventuels.
Au total, les banques ont collecté 121,44 ; 303,2
789,52 ; 337.017,88 ; 712,17 ; 126.285,91 des dépôts et n'ont
distribué que 30,538 ; 525,6, ; 971,89 ; 503,74 ; 479,44 ; 255,18 ;
166.707,75 de crédit. On aboutit à un déficit de
liquidité en 1972, 1977 et 1995. Pour combler ce déficit, les
banques ont soit financé ce déficit par les capitaux propres ou
par prélèvement sur les bénéfices ou
réserves antérieures.
* 2 Edouard MAMBU, Les
institutions bancaires dans l'économie congolaise, Mémoire
ULL, Léopoldville, 1964,
P.29 et Ss.
* 1 Banque du Zaïre,
Annuaire des banques et des institutions financières non
bancaires, BZ, Kinshasa, 1995, P.5
* 2 GIORDANO Dell'Amove,
Les systèmes bancaires de pays d'Afrique, le marché du
crédit de pays d'Afrique, collection dirigée
par le professeur
GIORDANO, P.41
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