Industriels agriculteurs commerçants, consommateurs,
particuliers et collectivité désirent disposer, en échange
d'une somme qu'ils recevront dans l'avenir, une somme immédiatement
disponible. En un mot, tous veulent du crédit.
Pour définir le crédit, certains auteurs
retiennent son aspect matériel et l'assimulent à un transfert
temporaire ou à une location de richesses : faire crédit, c'est
accorder à quelqu'un la jouissance d'un bien ou la disposition d'une
somme d'argent contre une promesse de paiement ou de remboursement (1(*)).
Le crédit, c'est la location d'argent par celui qui en
a trop à celui qui en a trop peu (2(*)).
Le crédit, c'est la location d'un capital ou d'un
pouvoir d'achat (3(*)).
D'autre, au contraire, font ressortir l'aspect psychologique
du crédit : le crédit, c'est la confiance appliquée aux
affaires (4(*)).
Des définitions s'inspirent aussi des usages
juridiques et de l'expérience : faire crédit, c'est faire
confiance, c'est donner librement la disposition effective et immédiate
d'un bien réel ou d'un pouvoir d'achat contre la promesse que le
même bien ou l'équivalent sera restitué dans un certain
délai, le plus souvent avec rémunération du service rendu
et du danger couru, danger de perte partielle ou totale, qui comporte la nature
de ce service (5(*)).
Compte tenu des éléments juridiques,
économiques et psychologiques qui constituent le crédit, nous
proposons de le définir ainsi : le crédit est l'opération
qui consiste, la confiance l'emportant sur la crainte du risque, à se
dessaisir d'un bien, à céder un pouvoir d'achat, à prendre
un engagement en échange de la promesse d'une
contre-prestation différée dans le temps (6(*)).
Que l'on se trouve en présence d'un troc dans lequel
un de deux intéressés autorise son partenaire à
différer sa prestation, ou qu'il s'agisse d'un emprunt obligatoire
émis par une entreprise industrielle et souscrit par des centaines
d'épargnants, à l'intermédiaire des différents
rouages d'un marché financier moderne, l'essentiel demeure que les deux
prestations, en principe simultanées, qui forment l'échange sont
disjointes, l'une d'entre elles étant renvoyée à une
époque ultérieure. Par là, l'opération à
crédit se distingue de l'opération au comptant, dans laquelle les
deux prestations sont effectuées sur-le-champ (1(*)).
En admettant qu'une des parties à l'échange
n'accomplisse pas sur-le-champ ce à quoi elle est tenue, l'autre partie
qui accepte de ne pas disposer immédiatement de son dû, fait un
acte de foi dans la solvabilité future de son contractant.
Le crédit comporte donc à la fois deux aspects,
l'un objectif, l'autre subjectif, qu'on rencontre d'ailleurs dans le langage
courant, puisque cette appellation englobe deux idées indissolublement
liées certes, mais néanmoins différentes.
L'aspect objectif du crédit concerne toutes les
opérations, par lesquelles se réalise la mise à la
disposition d'un agent économique, d'une valeur dont il ne devra fournir
la contre partie que plus tard. Cette valeur sera le plus souvent
constituée par de l'épargne ou des capitaux monétaires,
mais le développement des techniques de crédits, conduit parfois
à reconnaître à celui-ci d'autres objectifs, si non
d'autres buts.
En effet, singulièrement en matière de
crédit bancaire, nous constaterons que certaines techniques ne
conduisent pas à la mise à disposition de capitaux
monétaires, mais en fait le service rendu, correspondant au but
poursuivi par le demandeur de crédit, demeurera identique, à tout
le moins retardera une sortie de monnaie (2(*)).
Quoi qu'il en soit, il parait plus réaliste
d'admettre l'aspect objectif du crédit, dans la forme
évoluée, se caractérise le mieux par la dissociation dans
le fonction d'anticipation assumée par celui qui consent le
crédit (créditeur) ; cette anticipation impliquant que ce
créditeur apprécie les moyens qu'aura le crédité
d'exécuter à son heure la contre prestation promise. Ainsi, en
matière de crédit à long terme, le prêteur
anticipera normalement sur les bénéfices futurs. Mais, l'on
observera que ceci joint déjà l'aspect subjectif du
crédit, c'est-à-dire l'acte de foi que le créditeur fait
en l'honnêteté, la capacité et le succès du
bénéficiaire.
Avoir du crédit signifiera que l'on jouit, du point
de vue de la solvabilité future auprès de ses contemporains,
d'une notoriété suffisante pour qu'ils consentent à
accorder un terme ou, si l'on préfère, pour qu'ils fassent
crédit, c'est-à-dire confiance (1(*)).