III.5. LA BANQUE CENTRALE ET LE FINANCEMENT
MONÉTAIRE
La Banque Centrale est chargée de l'émission
et de la mise en circulation des billets de banque. Pour introduire ces billets
dans le public, la banque centrale achète des créances
(reconnaissances de dette) à l'ensemble des agents économiques.
Ces créances, comptabilisées à l'actif du bilan de cette
dernière prennent la forme de titres financiers : bons et obligations
émis par l'Etat, effet, escomptes, titres divers. Elles peuvent
également provenir de l'extérieur : avoirs bruts de change, or et
autres actifs à recevoir des instituts monétaires
étrangers (2(*)).
Toutefois, il est bien rares que l'achat de créances
soit directement réglé sous forme de billets. En fait, dans un
premier stade, toutes les opérations créatrices de monnaie entre
banque centrale et trésor ou les établissements de
crédits, donnent lieu à des variations des comptes courants
créditeurs de ces agents au passif de la banque centrale,
c'est-à-dire de la monnaie scripturale détenue par ces agents.
Entres ces deux avoirs, billets et comptes à la banque centrale, une
circulation incessante se produit. En effet, le trésor et les
établissements de crédit sont amenés à utiliser
l'essentiel de leur provision pour retirer les billets nécessaires aux
besoins de leur clientèle.
Par ses opérations d'actif, la Banque Centrale est
donc amenée à émettre de la monnaie, appelée
monnaie banque centrale, qui a deux composantes essentielles : d'une part les
billets, d'autre part les dépôts gérés par
l'Institut d'émission et qui sont détenus par la presque
totalité des banques, le trésor et les institutions
financières.
Bien que le bilan de la Banque Centrale ressemble d'assez
près à celui d'une banque commerciale recevant des
dépôts, il existe une différence majeure. Il est impossible
que la Banque Centrale fasse faillite. Un billet de 100 Frs est un engagement
de l'Institut d'émission. Supposons qu'on le porte à la Banque et
qu'on veut le monnayer à concurrence de 100 Francs. La Banque va
échanger ce billet contre cinq billets de 20 Frs. La
caractéristique des engagements de la Banque d'émission est
qu'elle peut les créer en quantité illimitée sans craindre
de faire faillite.
La Banque d'émission peut toujours assurer les
retraits de ses déposants en imprimant de nouveaux billets.
III.6. Tableau VI. Détermination de la part de
financement monétaire du déficit de l'Etat
|
1967
|
1972
|
1977
|
1982
|
1987
|
1992
|
1995
|
(1) Besoins nets de l'Etat
(2) Financement monétaire
(a) Banque du Zaïre
(b) Banque de dépôts
(c) C.C.P
(d) Plus value de R.
|
28,6 (100 %)
23,87 (83,4 %)
23,8 (83,2 %)
0,008 (0,02 %)
0,062 (0,2 %)
-
|
168,2 (100%)
59,82 (35 %)
58,2 (34,7%)
-
1,494 (0,8%)
0,126 (0,07%)
|
683 (100%)
348,12 (50,9%)
352,70 (51,6%)
-4,58 (-0,7%)
-
-
|
384,3 (100%)
569,27 (148%)
569,28 (148%)
-0,000017426
-
-
|
230,5 (100%)
74,41 (32%)
67,83 (29,4%)
6,58 (2,8%)
-
-
|
9,9
1.061 (10.717%)
1.082,28 (10.932,12%)
-21,22 (-241,3%)
-
-
|
-
-
-
-
-
-
|
(3) Autres financements
(1) - (2)
|
4,73 (16,5 %)
|
108,38 (64,4%)
|
334,88 (49%)
|
-
|
166,09 (72,05%)
|
-
|
-
|
|
Source : Manipulation personnelle à partir des tableaux
3 et 4 (en annexe).
Pour les périodes 1967, 1972, 1977 et 1987, l'Etat a
un déficit non couvert par les autres sources de financement (non
monétaire). Le financement non monétaire représente pour
ces périodes 16,5 %, 64,4%, 64,4%, 49%, 72,05% du total des besoins nets
de l'Etat.
Les ressources régulières de l'Etat
(financement non monétaire) ne parvenant pas à couvrir la
totalité du déficit, l 'Etat, pour financer la totalité de
ce déficit recourt au financement monétaire. Ce financement
représente 83,4%, 35%, 50,9%, 148%, 32% et 10.717% des besoins nets de
l'Etat respectivement en 1967, 1972, 1977, 1982, 1987 et 1992.
III.7. Tableau VII. Détermination de la part
des dettes consolidées de l'Etat dans l'actif ajusté de la Banque
Centrale du Congo
|
1967
|
1972
|
1977
|
1982
|
1987
|
1992
|
1995
|
(1) Créances sur le trésor public
|
156.593.747,5
|
282.659.341,74
|
1.287.213.734,23
|
1.459.366.348,47
|
300.594.150,48
|
1.133.936,75
|
23.783.092,78
|
(2) Compte courant du trésor public
|
15.344.637,76
|
6.713.463,2
|
28.481.464,11
|
208.382.570,53
|
27.050.076,91
|
18.873,33
|
8.973.288,17
|
(3) Dettes consolidées de l'Etat (1)-(2)
|
141.249.109,74
|
295.945.878,54
|
1.258.732.270,12
|
1.250.983.777,94
|
273.544.073,57
|
1.115.063
|
14.809.804,61
|
(4) Actif ajusté de la Banque du Congo
|
240.442.653,1
|
502.231.532,94
|
1.803.698.171,75
|
2.136.618.683,35
|
1.503.642.412,32
|
3.886,626,52
|
3.255.891.721,12
|
(5) Part de la dette consolidée dans l'actif
ajusté (3).(4) x 100
|
58,7 %
|
54,9 %
|
69,7 %
|
58,5 %
|
18,1 %
|
28,6%
|
0,45 %
|
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Source : Manipulation personnelle à partir du tableau 6
(en annexe).
Les dettes consolidées de l'Etat vis-à-vis de la
Banque Centrale évoluent à la hausse de 1967 à 1982,
diminuent en 1987 puis une petite hausse en 1992 et enfin une chute brutale en
1995.
Cet accroissement de la part des dettes de l'Etat dans
l'actif de la Banque Centrale est dû au financement monétaire
excessif du déficit du trésor public. En se
référant au tableau VI, nous constatons que la banque du Congo
supporte à elle seule 83,2%, 34,7%, 51,6% et 148% des besoins nets de
l'Etat sous forme de financement monétaire et, la diminution en 1987 de
la part des dettes consolidées dans l'actif est dû à une
baisse du financement monétaire du déficit par la Banque du Congo
(29% des besoins nets du trésor).
La chute brutale en 1995 de la part des dettes
consolidées de l'Etat est la résultante de l'excédant
budgétaire réalisé par le trésor public.
Les dettes consolidées du trésor public
vis-à-vis de la Banque Centrale traduisent une augmentation nominale de
l'actif de cette dernière.
* 2 David BEGG, Stanley
Fischer, Macro économie, Ediscience internationales, Paris, 1996,
P.155.
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