Le contexte macroéconomique haïtien est
marqué par un taux d'inflation élevé depuis plus d'une
décennie, une relative stagnation de l'offre locale dont le taux moyen
annuel de croissance de 1,28% (PNUD, 2000) entre 1970-1999 est insuffisant pour
accommoder un taux de 2,2% de croissance démographique (IHSI, 2003).
L'agriculture, principale base de l'économie nationale est en chute
libre et cela tend à provoquer une criante paupérisation. Sa part
dans le PIB ne cesse de diminuer au profit de celle du secteur tertiaire et
pour une moindre part de celle du secondaire. Elle résulte de
l'instabilité politique et institutionnelle, des substitutions, de
l'inefficience et des distorsions économiques imputables aux
réformes économiques entreprises depuis 1986-87. Dès lors,
l'offre alimentaire globale est déterminée à plus de 50%
par les importations et le système de change flottant est adopté
depuis le début des années 90.
L'adoption par les autorités monétaires du
système de change flottant mettant fin à la parité fixe
n'a fait que connaître au taux de change nominal gourde-USD de fortes
variabilités par suite de l'accentuation des déséquilibres
internes et externes. La fluctuation à la hausse de ce taux de change
induit la dépréciation de la gourde par rapport au USD. Ce
phénomène engendre une modification importante des prix relatifs.
Ainsi, est constaté un renchérissement des prix des produits
alimentaires distribués sur le marché haïtien par suite de
l'incorporation du taux de change gourde/USD dans ces prix. Ce
phénomène en touchant à priori les variétés
importées se répercutent par conséquent sur les
variétés locales. Toutefois, les modifications de l'IPA (Indice
des Prix à l'alimentation) pour les dits produits sont
opérées suivant un rythme d'évolution spécifique
d'un groupe à un autre.
En régime de change flexible, les
désajustements monétaires se répercutent sur la variation
des taux de change. Par suite d'un déséquilibre monétaire,
le mécanisme des prix et des flux d'espèces entraîne une
demande de devises favorable aux importations des biens et services. Un
excès de la demande de devise sur l'offre s'accompagne d'une hausse des
taux de change. Un accroissement de l'offre de la gourde par suite d'une
augmentation de la demande de dollar américain entraîne une
appréciation de ce dernier. La dépréciation de la gourde
est un élément déterminant de l'inflation alimentaire
d'Haïti, pays à déficit vivrier et alimentaire fortement
dépendant des importations. L'offre locale étant faible par
rapport aux importations alimentaires, la gourde se révèle un
instrument important dans les échanges et la détérioration
de sa valeur par rapport au USD, monnaie utilisée pour l'acquisition des
produits importés sur le marché international, se
répercute de façon négative sur le pouvoir d'achat
alimentaire des consommateurs locaux. Face à cette situation, les
consommateurs locaux sont victimes de la vulnérabilité
alimentaire compromettant sa sécurité alimentaire.
Cette vulnérabilité afflige tous les
ménages haïtiens particulièrement ceux à bas revenus
détenteurs d'un pouvoir d'achat faible ou instable. Elle devrait se
révéler préoccupante puisque l'alimentation demeure l'un
des aspects les plus essentiels des droits de l'homme. Cette
préoccupation est partagée par tous (nutritionnistes, organismes
internationaux de développement à caractère humanitaire,
cadres techniques de l'agriculture, économistes, etc...). Elle est
posée en termes d'inaccessibilité aux produits alimentaires de
base par suite de la faiblesse du pouvoir d'achat de la gourde et de la
déficience du secteur productif. De tout ce qui précède,
il est nécessaire de faire une analyse judicieuse et objective de ces
questions:
1. Une variation à la hausse du taux de change
gourde/USD provoque t-elle une variation significative du prix des produits
considérés ?
2. Pour les produits riz, maïs, poulet et haricot sec,
dans quel ordre varie le niveau de sensibilité du prix par rapport au
taux de change?
1-2-. Objectifs
1-2-1-. Objectif général
Isoler certains facteurs faisant varier périodiquement
les prix du riz, du maïs, du poulet et du haricot sec sur le marché
haïtien tout en mettant en évidence les incidences sur
l'évolution continuelle des prix de ces produits de 1990 à 2004
de la dépréciation de la gourde par rapport au USD de même
que la relation causale entre ces deux variables.
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