CHAPITRE 2 : LES MECANISMES REGISSANT LE
FONCTIONNEMENT DE LA BCEAO ET DE LA BEAC
L'union monétaire réalisée entre les pays
de la Zone Franc29 fonctionne selon des principes inhérents
à ce type d'association auxquels viennent s'adjoindre des
particularismes issus de la mise en oeuvre d'une coopération
monétaire entre la France et les pays concernés30. Les
principes de la coopération monétaire entre la France et les pays
africains de la Zone Franc ont été rappelés dans la
Convention de coopération monétaire du 23 novembre 1972 conclue
entre les États membres de la zone d'émission de la Banque des
États de l'Afrique centrale et la République française,
ainsi que dans l'accord de coopération entre les pays membres de l'Union
monétaire ouest africaine et la République française du 4
décembre 1973.
Les principes fondamentaux sont au nombre de quatre :
- la garantie illimitée du Trésor
français ;
- la fixité des parités ;
- la libre transférabilité ;
- la centralisation des réserves de
change.
Après l'étude de ces principes, nous nous
intéresserons aux comptes d'opération, mécanismes
particuliers et indispensables au bon fonctionnement du système
monétaire de la Zone Franc. Pour finir, nous essayerons de situer ce
système monétaire par rapport aux autres systèmes
existants et notamment les systèmes de changes flottants, les
régimes de parités fixes et le système de caisse
d'émission ou « currency board ».
29 Annexe 4 : Carte des pays membres de la zone Franc.
30Note d'information N° 127 de la Banque de
France :
http://www.banque-france.fr/fr/instit/telechar/note127.pdf
(février 2006).
A. LES PRINCIPES DE LA COOPERATION MONETAIRE ENTRE
LA
FRANCE ET LES PAYS AFRICAINS DE LA ZONE FRANC
Avant d'analyser les différents principes de la
coopération monétaire entre la France et les pays membres des
deux BC, il convient de relever que pour beaucoup d'observateurs, la Zone Franc
montre aujourd'hui un rare exemple de coopération
institutionnalisée entre un pays développé et des
États en voie de développement, unis par une histoire et une
langue communes31.
Entretenant des relations de coopération
étroites avec les banques centrales de la Zone Franc, jadis la Banque de
France et aujourd'hui la Banque Centrale Européenne (BCE) participe,
avec ses consoeurs africaines, au fonctionnement des institutions communes de
la zone. L'avantage ayant été pour les pays Africains
concernés de bénéficier de la longue expérience de
la Banque de France. Cela s'est concrétisé par l'assistance
apportée par la France aux pays membres de la zone Franc, laquelle
assistance était prévue par les différents accords de
coopération entre la République Française et les
Républiques membres des deux unions monétaires. Ainsi, l'article
15 de la convention de coopération monétaire entre les
états membres de la B.E.A.C. et la République française
prévoit que << La France assurera pour le compte des Etats membres
la formation du personnel d'encadrement nécessaire à la gestion
de la Banque >>32. De même, l'article 10 de
l'accord de coopération entre la République Française et
les Républiques membres de l'Union monétaire ouest africaine
dispose que << Deux Administrateurs désignés par le
Gouvernement français participent au Conseil d'Administration de la
Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest, dans les mêmes
conditions et avec les mêmes attributions que les Administrateurs
désignés par les États membres de
l'Union.>>33
A.1- La garantie illimitée du Trésor
français :
Ainsi que prévu par l'article 1er de
l'accord de coopération entre la République Française et
les Républiques membres de l'Union Monétaire Ouest Africaine et
par l'article 2 de la convention de coopération monétaire entre
les États membres de la BEAC et la République Française,
la convertibilité des monnaies émises par les différents
instituts d'émission de la Zone Franc est garantie sans limite par le
Trésor français.
31
http://www.banque-france.fr/fr/publications/catalogue/ni_127.htm
(février 2006).
32 Convention de coopération monétaire entre les
États membres de la BEAC et la République Française :
http://www.banque-france.fr/fr/eurosys/zonefr/page4_2_cemac001.htm
(février 2006).
33 Accord de coopération entre la République
Française et les Républiques membres de l'Union monétaire
ouest africaine
http://www.banque-france.fr/fr/eurosys/zonefr/page4_1a.htm
(février 2006).
A.2-La fixité des parités :
Les différentes conventions entre la France et l'UMOA
(article 2) et entre la France et les États membres de la BEAC (article
9) ont également prévu que les monnaies de la zone sont
convertibles entre elles, à des parités fixes, sans limitation de
montants.
A.3-La libre transférabilité :
De même, les transferts sont, en principe, libres
à l'intérieur de la zone ainsi que le prévoient clairement
l'article 10 de la convention de coopération monétaire entre les
États membres de la BEAC et la République Française et un
peu moins explicitement les articles 2 et 6 de l'accord de coopération
entre la République Française et les Républiques membres
de l'Union Monétaire Ouest Africaine.
A.4-La centralisation des réserves de change
:
Elle apparaît à deux niveaux puisque les
États centralisent leurs réserves de change dans chacune des deux
banques centrales tandis qu'en contrepartie de la convertibilité
illimitée garantie par la France, les banques centrales africaines sont
tenues de déposer au moins 65 % de leurs réserves de change
auprès du Trésor français, sur le compte
d'opérations ouvert au nom de chacune d'elles. Depuis 1975 ces avoirs
bénéficient d'une garantie de change vis-à-vis du
DTS34. Cette centralisation est prévue par l'article 2 de la
convention de coopération monétaire entre les États
membres de la BEAC et la République Française et article 3 de
l'accord de coopération entre la République Française et
les Républiques membres de l'U.M.O.A35. Le dit article
renvoyant à la convention de compte d'opération36
entre la République Française et la BCEAO qui prévoit en
son article 1er qu' « il est ouvert, dans les écritures du
Trésor français, au nom de la Banque Centrale des Etats de
l'Afrique de l'Ouest - ci-après dénommée " Banque Centrale
", un compte courant dénommé "Compte
d'opérations"».
34 Le DTS est l'unité de compte du Fonds
monétaire international. Sa valeur résulte du calcul journalier
d'un panier de quatre monnaies (le dollar US, la livre, le yen et l'euro, ce
dernier remplaçant respectivement le franc français et le
deutsche mark depuis le 1er janvier 1999).
35:
http://www.finances.gouv.sn/umoa_acc.html
(février 2006).
36
http://www.finances.gouv.sn/convcope.html
(février 2006).
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