UNIVERSITE DE YAOUNDE I
UNIVERSITY OF YAOUNDE I
Faculté des Arts, Lettres Faculty of Arts,
Letters et Sciences Humaines and Social Sciences
SENS ET PORTEE DES DONATIONS AU CLERGE TRADITIONNEL
BAMILEKE AU REGARD DES SOURCES EGYPTO NUBIENNES
Mémoire présenté et soutenu en
vue de l'obtention du Diplôme d'Etudes Approfondies(DEA) en Histoire,
option Egyptologie.
Par
By
Jules Bernard Gankem
Maître en Histoire
Sous la direction du
Dr. Pierre Oum Ndigi
Historien, Egyptologue, Chargé de
Cours.
Année académique 2005-2006
INTRODUCTION GENERALE
Le présent projet de thèse qui s'intitule
«Sens et portée des donations au clergé traditionnel
bamiléké au regard des sources égypto-nubiennes»
tente de ressortir les significations et les conséquences des donations
au clergé traditionnel bamiléké au regard des sources
égypto-nubiennes. Il s'agit de mettre en évidence la place et le
rôle des sources égypto nubiennes dans le sens et la portée
des donations au clergé traditionnel Bamiléké.
En effet, durant l'antiquité pharaonique, les
égypto-nubiens octroyaient déjà à leur
clergé traditionnel les donations.
En ce qui concerne la présentation du mémoire de
Diplôme d'Etudes Approfondies (D.E.A.), la méthodologie en vigueur
au département d'Histoire de l'Université de Yaoundé I
exige deux parties.
La première partie de ce travail est consacrée
à la présentation du projet de recherche. Cette partie comprend
les rubriques suivantes : les raisons du choix du thème,
l'intérêt du sujet, la délimitation du sujet, la
problématique, l'état de la question, la méthodologie de
travail, l'analyse des sources, les résultats escomptés, le plan
provisoire de la thèse, les sources et les références
bibliographiques ainsi que le chronogramme.
La deuxième partie quant à elle est
consacrée à la rédaction d'un chapitre du plan
général. Dans le cas d'espèce, notre choix s'est
porté sur le premier chapitre intitulé : «De
l'ancienneté et de la continuité d'un clergé
égyto-nubien et bamiléké»
La réalisation de ce travail n'a pas été
une sinécure. Au sempiternel problème financier, s'est
greffé celui de la disponibilité des documents et des personnes
ressources. Toutes ces difficultés ont indéniablement eu une
incidence sur la qualité de cette étude que les diverses
critiques, observations et suggestions vont permettre de parfaire.
PREMIERE PARTIE : PROJET DE THESE DE DOCTORAT Ph.
D.
Choix du thème : motivations et
intérêt du sujet
Le choix d'un thème de recherche est toujours exercice
délicat obéissant à des motivations et à un
intérêt avérés.
Motivations
En novembre 2004, après avoir soutenu en Maîtrise
le mémoire intitulé «Les donations au clergé
traditionnel Bamiléké : un cas patent de parenté
culturelle avec l'Egypte pharaonique », mémoire dirigé
par le Dr Pierre Oum Ndigi, nous avons jugé opportun du fait des
documents déjà recensés par nous, d'approfondir cette
notion de «donations» en D.E.A. et en thèse mais cette
fois-ci, dans une perspective de recherche des sens et portée de ces
donations au clergé traditionnel bamiléké au regard des
sources égypto-nubiennes
Intérêt du sujet
L'intérêt de la recherche c'est l'utilité
du sujet. Nous posons cet intérêt avant tout dans une
perspective éthique, politique et académique. En fait nous
ambitionnons de relier le passé de l'Afrique à son
présent ; nous voulons montrer que l'Egypte pharaonique appartient
à l'Afrique1(*),
qu'elle fait partie de l'âme nègre2(*). Il s'agit en fait pour nous de détruire un
préjugé colonial3(*), ceci en fondant nos propos sur des sources directes,
égypto-nubiennes et bamiléké .
Clarification des concepts et délimitation du
sujet
Afin de mieux cerner l'orientation de l'étude
envisagée, il importe de procéder à une définition
des termes clés ainsi qu'à une délimitation spatiale et
temporelle du sujet.
Notons que, étymologiquement, sens vient du
latin sensus qui signifie «action, manière de
sentir, sentiment, pensée, signification». C'est ce dernier aspect
que nous avons retenu pour notre recherche.
Le nom «portée» étymologiquement,
vient du latin portare qui signifie «poussée,
étendue» . Le mot «donation» issu du latin
donatio indique tout don à titre gratuit, tout acte qui
constate le don. Les donations dans notre étude signifient tout don
à titre gratuit, toutes les offrandes de natures diverses notamment
financière, manufacturée, animale, végétale, orale,
dont a bénéficié le clergé traditionnel
égypto-nubien d'une part et dont bénéficie encore le
clergé traditionnel bamiléké d'autre part. Le nom
«clergé » vient du latin, clericatus, de
clericus et signifie le corps des clercs ou des ecclésiastiques
d'une Eglise, d'un pays ,d'une ville. Le mot
«clerc»d'étymologie grecque kleros signifie la part
d'héritage, et évoque des hommes consacrés à Dieu
pour des fonctions religieuses(La part de Dieu au sein du peuple). Aussi,
«clergé traditionnel bamiléké» pourrait faire
penser aux ministres du culte exerçant au sein des religions
révélées contemporaines notamment le christianisme, le
judaïsme, l'islam. Mais tel n'est pas le cas parce qu'il existe une
religion traditionnelle bamiléké, et même
égypto-nubienne, très ancienne, qui comporte, elle aussi, ses
ministres du culte et ses prêtres qui dirigeaient les rituels religieux
bien avant l'arrivée des religions dites révélées
précitées.
Le mot «traditionnel» est un adjectif issu du nom
féminin «tradition» qui vient du latin traditio, de
traditum, supin de tradere «remettre» .
Parler de clergé traditionnel c'est parler des doctrines ou des
pratiques religieuses ou morales transmises de siècle en siècle
par les membres du clergé égypto-nubien et
bamiléké, originellement par la parole ou l'exemple, mais pouvant
par la suite être consignées dans un texte écrit4(*). En outre, les sources
égypto-nubiennes sont des vestiges parvenus jusqu'à nous
grâce à l'archéologie, la linguistique et d'autres travaux
d'éminents hommes de sciences qui se sont intéressés
à l'antiquité africaine5(*) depuis le temps du roi unificateur de l'Egypte Narmer
en - 3200 jusqu'en - 332 à l'invasion grecque. Du côté
bamiléké, les sources iconographiques sont les photos prises par
Monsieur Mehem Jacques(en août 2000, à Bapa, dans l'Ouest du
Cameroun.) au cours d'une cérémonie dite de la chaise ou
Tchoué Kouoh6(*). Nous avons aussi pris certaines photos
récemment, notamment celles de la maison de dieu, et de la
maison des crânes. Du côté égypto-nubien,
nos illustrations sont tirées des figures de plusieurs documents
d'auteurs africains et européens traitant de l'Egypte ancienne7(*).
I- Etat de la question
Il ressort de nos lectures pour la mise sur pied de cette
étude les travaux sur les institutions tant en pays
bamiléké qu'en Egypte pharaonique. Thomas Louis Vincent et Luneau
René se sont intéressés aux religions d'Afrique
noire notamment en traçant les grandes lignes fondamentales puis en
précisant le sens de l'oralité négro-africaine et ont
enfin dégagé les modalités de la prière
traditionnelle en Afrique noire. Pour eux , la religion africaine
se présente tout d'abord comme une
ordination de puissance avec au sommet l'être
suprême ayant abandonné tout pouvoir à un moniteur
céleste. Ils reconnaissent que cette religion africaine a ses
prêtres « les théologiens », les
initiés, distincts de l'homme non averti8(*) . Aussi donnent-ils le sens du sacrifice en Afrique,
à savoir «assurer un circuit de forces mystiques
à travers l'autel, par l'intermédiaire de la victime, ce qui
permet aux génies de se nourrir de l'âme de l'objet
consacré».9(*)
Toutefois, il reste déplorable que ces auteurs
qualifient les religions négro-africaines comme étant
essentiellement ésotériques10(*). Heureusement que quelques pages plus loin ils
reconnaissent l'aspect malheureusement lacunaire de leurs connaissances en
matière de philosophie religieuse africaine11(*). Nous avons ensuite les
travaux de Théophile Obenga sur les peuples dits bantu. Dans un souci
d'exhumation de l'identité cléricale de la religion des Bantu,
Obenga expose la multifonction alité du prêtre bantu dit
Nganga, présenté d'après le dictionnaire kongo de
Laman(1936) comme étant , un homme instruit, un expert , savant, habile
à faire des recherches, à découvrir, à inventer
quelque chose12(*) . Par
ailleurs , Obenga atteste l'ancienneté de l'existence des
Nganga qui, selon lui, fondent la civilisation en Afrique noire,
depuis la haute antiquité africaine, depuis l'Egypte des pharaons. Le
nganga a donc été, des millénaires durant, le
témoin de la lutte des hommes pour être et vivre, devant la
lumière du soleil13(*)...
Pierre Harter, médecin français en Afrique
depuis les années 1950 a été dès 1970
fasciné par les arts d'Afrique. Aussi a t-il produit un ouvrage
sur le Cameroun intitulé Arts anciens du
Cameroun ; ouvrage dans lequel les objets d'art sont
présentés avant tout comme étant des objets rituels
utilisés en particulier par les prêtre traditionnel
bamiléké. Celui-ci se distingue des autres hommes par les
cheveux longs... et par son habitation qui est une case isolée à
l'écart du village14(*). Se basant sur leur technique de travail, P.Harter
distingue chez les Bamiléké d'une part les prêtres qui
procèdent par oracle, les kamsi et d'autre part ceux qui
utilisent diverses techniques avec des accessoires les
nga-ka .Dominique Valbelle situe l'usage des oracles en Egypte
dans la période suivant le révolution d'Akhenaton, ceci pour
faire face à la carence des juges royaux15(*). Il rejoint Harter en ce sens
que les oracles les plus authentiques étaient rendus par la statue du
Dieu elle même16(*)
Adolf Erman et Erman Ranke, co-auteurs de la civilisation
Egyptienne (1980) y présentent l'activité des prêtres
égyptiens, le prêtre roi qui chasse l'injustice
et établit un régime d'ordre 17(*), le prêtre de famille
nourrissant les esprits de ses
aïeuls 18(*),tous les jours des aliments et des boissons, tout
ceci pour obtenir auprès des dieux
l'éternité: je te donne des années jusque
dans l'éternité19(*). Alors que tous ces traits rappellent
l'Afrique noire, nos auteurs ne mentionnent nulle part cette
possibilité, ce qui prouve qu'ils apprécient ces
phénomènes d'après une attitude religieuse
20(*).Bien plus D.Valbelle
(1998), met en exergue les échanges existant entre les temples royaux
et les temples du Dieu solaire. S'appuyant sur les sources écrites,
notamment les textes de pyramides, les sources
archéologiques telles que les statues royales faisant
l'objet de donation et la statue divine21(*), ainsi que sur les sources
iconographiques telles que «l'image du fondateur
idéal » , il montre comment le roi s'appuie sur
l'aristocratie provinciale pour déifier son pouvoir. Cette
interprétation nous semble très simpliste, voire
réductrice de la réalité du pouvoir politique en Egypte
qui loin d'être élitiste était plutôt la
résultante d'un consensus ayant pris en compte les
intérêts aussi bien du petit paysan que du grand noble ; tous
ayant pour souci l'application du principe divin qu'est la maât
définie par J.Assman comme étant le principe même de la
cohésion sociale22(*)
En outre, nous avons le classique traitant du clergé
égyptien ancien notamment, Les prêtres de l'Egypte
ancienne(1962) de Serge Sauneron. Son intérêt est capital
pour notre travail dans la mesure où nous pouvons déjà y
appréhender les faits attestant l'ancienneté et la
continuité23(*) du
clergé égyptien ancien en particulier, et où Sauneron
évoque l'aspect de donation à ce clergé particulier. Dans
le même ordre d'idées, les relations
égypto-nubiennes24(*) sont évoquées dans son ouvrage
constituant de ce fait un document de référence pour notre
travail. Toutefois, l'auteur ne se limite pas à l'éloge du
clergé égyptien ancien ; il use aussi de la méthode
critique et expose de ce fait la mauvaise vie de certains prêtres.
Néanmoins, recourant à l'objectivité, il identifie la
racine de ce mal dans le recrutement anarchique de certains prêtres. Il
écrit à ce propos :
Pour être objectif, il faut reconnaître que la
prêtrise égyptienne, ouverte trop largement et surtout soumise
à un mode de recrutement trop anarchique, pouvait accueillir un nombre
appréciable de ratés ou de profiteurs sans grande valeur
humaine...Il faut aussi admettre que la majorité des desservants du
culte étaient d'honnêtes et consciencieux exécutants, sans
grand génie peut-être mais au moins fidèles à leur
tache et sans doute convaincu s de sa grandeur25(*)
Par ailleurs, il a été impératif pour
nous de consulter des ouvrages spécialisés sur les
Bamiléké. C'est ainsi que, le livre d'Enock Katte Kwayeb
intitulé Les institutions de droit public en Pays
Bamiléké(1960) nous a intéressé à plus
d'un titre.
D'abord, il convient de rappeler que lorsque cet ouvrage
paraît, son auteur occupe déjà des fonctions de
commandement en pays bamiléké : il est inspecteur
général de l'administration et préfet du
département de la Ménoua.
Cet ouvrage a le mérite d'être le compte rendu
des institutions traditionnelles bamiléké dont la
compréhension ici est facilitée par le rapprochement avec celles,
semblables, de type occidental : ainsi, les walas sont
comparés aux secrétaires d'Etat. Cependant, notre auteur nous
laisse quelque peu déçu parce qu'il laisse transparaître
son pessimisme quant à la lutte pour le rétablissement
intégral des institutions traditionnelles; pour lui, il s'agit là
d'une aspiration purement mystique. Cette
catégorisation de Kwayeb est dénoncée par ailleurs par
Fouomena, Professeur d'Anthropologie à l'université de Dschang au
sujet de la succession d'un chef de lignage en pays bamiléké.
Il y a aussi la thèse d'Emmanuel Ghomsi
, «Les Bamiléké du Cameroun, Essai
d'Etudes historiques des origines à 1920» (1972),
qui atteste l'existence d'un clergé traditionnel chez les
Bamiléké ayant aussi ses prêtres : les
kamsi26(*), les prêtres de famille ou dzodie,
il y évoque aussi l'origine égyptienne des
bamiléké27(*).
Pour ce qui est des articles , dans
« l'éloge de
l' «ethnophilosophie » » de
Meinrad P. Hebga , ce prêtre jésuite s'inscrit en faux contre les
philosophes européens et leurs disciples africains qui
s'évertuent à condamner la religion de nos
ancêtres28(*). Il
voit en cela de la part de ces Africains, un racisme à rebours de
nègres contre leurs congénères dans un effort
peut-être inconscient pour capter la bienveillance de
l'autre 29(*)
.
Dans un autre article intitulé
«plaidoyer pour les logiques d'Afrique noire », il reprend
A. Gides, E. Mounier, et J.P. Sartre qui valorisent la culture nègre,
culture qui est appelée, disent ils, à enrichir ses soeurs
occidentales30(*).
Et, l'égyptologue camerounais Pierre Oum
Ndigi dans un article intitulé « égyptologie,
langues et philosophie africaines » propose pour cet enrichissement
des cultures occidentales, le recours à l'égyptologie parce
que le pays des pharaons fut incontestablement le berceau des arts et des
sciences ; et le flambeau du vieux monde ; ceci étant
d'après Meinrad Hebga, une vérité qu'on ne peut plus comme
au temps de Hegel occulter par une phraséologie idéologique et
méprisante.
II- Problématique
Notre sujet soulève un certain nombre de
problèmes notamment : l'existence d'un clergé traditionnel
pré-colonial31(*)
en Afrique, la question des sources et leur validité pour
l'historiographie africaine32(*), la question des sens, ou des significations et la
portée ou les résultats des donations que les Egypto-nubiens
octroyaient à leur clergé et que les Bamiléké
continuent à octroyer au leur33(*). Dans tous ces problèmes, transparaît
notre question de recherche ; les donations au clergé traditionnel
en pays bamiléké ont-elles les mêmes éléments
de base, constituent-elles la même unité de civilisation qui
s'est étendue de la vallée du Nil il y a plus de 5 000 ans
jusque dans les Hauts Plateaux de l'Ouest du Cameroun? En fait, dans notre
thèse, la préoccupation majeure est de montrer, de
développer, d'analyser, de critiquer d'abord le sens politique,
économique, social, religieux, éthique et juridique ensuite leur
portée ; ceci au regard, ou en comparaison avec les sources pharaoniques
égypto-nubiennes.
Méthodologie
Comment mener à bien cette étude ? C'est en
ces termes que se pose de toute évidence la question de la
méthode qui sous- tend les analyses. Pour M. Grawitz, les
problèmes de méthodes donnent une réponse à la
question du comment34(*).
Au sens le plus large, la méthode est l'ensemble des
opérations intellectuelles qui permettent d'analyser, de comprendre et
d'expliquer la réalité étudiée35(*). En dépit de la
pluralité des acceptions de ce concept, le choix de toute méthode
ne saurait être arbitraire car ce choix conditionne autant le travail
scientifique que la méthode éclaire et détermine la
recherche. Notre étude est donc menée dans une perspective
comparative, marquée par la confrontation des sources
égypto-nubiennes et bamiléké, pour y rechercher des points
de convergence, des analogies. Nous allons donc procéder à une
étude thématique comparée et interdisciplinaire. En plus
de l'histoire, nous aurons recours à la linguistique,
l'archéologie, entre autres. Ce travail est une analyse critique qui
tourne autour de huit chapitres comparant tour à tour les
clergés, les sources, les sens, les portées des donations chez
les égypto-nubiennes d'une part et chez les Bamiléké
d'autre part.
Localisation et analyse des types de sources
L'objet ici est de déterminer les divers centres de
documentation qui ont été visités et
d'énumérer la nature des sources à utiliser pour ce
travail. Pour ce qui est des sources, elles sont de plusieurs ordres :
écrites, orales, iconographiques, archéologiques et
linguistiques.
Les sources écrites
Les sources écrites comprennent les ouvrages, les
articles de revues, les thèses, les mémoires et les journaux. Ces
documents se trouvent dans les centres de documentation à travers le
pays : C'est le cas de la Bibliothèque Centrale de
l'Université de Yaoundé I, la Bibliothèque du Cercle
d'Histoire-Géographie, Socio-psycho, anthropo-Philosophie de
l'Université de Yaoundé I, la bibliothèque du CEDICREA, la
bibliothèque du Département d'Histoire de l'Université de
Yaoundé I, du Centre Culturel Français, la bibliothèque
Privée du Professeur Fouomena de l'Université de Dschang, des
bibliothèques de l'Université catholique d'Afrique centrale
d'Ekounou et de Nkolbison et de la faculté de théologie
protestante de Djoungolo, la bibliothèque du père Meinrad Hebga
de l'aumônerie de Melen, les archives nationales de Buéa et
Yaoundé ; ainsi que ceux de la bibliothèque personnelle de
notre Directeur de mémoire le Dr Pierre Oum Ndigi et de son
collègue le Dr Nissire Sarr. Sans oublier les bibliothèques des
amis bienveillants. Nous aurons aussi à visiter les centres de
documentation en Europe, Soudan et en Egypte.
2-Les sources orales
Les sources orales vont consister en des entretiens avec des
personnalités ayant une connaissance du sujet ou des témoins des
faits cultuels. Il s'agit des Prêtres traditionnels
bamiléké, des initiées à la tradition
bamiléké, des enseignants, des ménagères, des
commerçants ayant à un moment séjourné chez les
bamiléké.
Les sources orales dont l'importance est avérée
dans les travaux de cette nature vont permettre de compléter, et de
vérifier certaines données contenues dans les ouvrages, les
articles, les mémoires et les journaux.
3-Les sources iconographiques
Les sources iconographiques comprennent les images de
photographie, les peintures murales qui se trouvent sur des vestiges
égypto nubiens et bamiléké.
4-Les sources archéologiques
Ce sont les objets d'art qui se trouvent actuellement dans les
chefferies et les marchés bamiléké. Elles concernent aussi
des objets d'art égypto-nubiens qui se sont retrouvés dans les
musées d'Europe et d'Amérique.
Les sources archéologiques dans la mesure où
elles ne peuvent être acquises par nous, seront photographiées
pour devenir ainsi des sources iconographiques.
Résultats escomptés
Au terme de cette étude, l'on doit être à
même de saisir les sens et la portée des donations au
clergé traditionnel bamiléké au regard des sources
égypto-nubiennes. Il s'agit de pouvoir dégager les
éléments de base qui attestent la même unité de
civilisation qui s'est étendue de la vallée du Nil il y a plus de
5000 ans jusque dans les Hauts Plateaux de l'Ouest du Cameroun.
Ce travail doit pouvoir en outre constituer une base
heuristique dans l'entreprise d'exhumation de l'identité religieuse
africaine ceci d'autant plus que le monde actuel subit les contre-coups des
guerres entre les religions dites révélées.
Plan provisoire
Le plan provisoire dans ce projet est purement indicatif. Il
est par conséquent susceptible de subir des modifications
ultérieures. Ce plan comprend une introduction générale,
huit chapitres, une conclusion générale, des annexes et les
sources et références bibliographiques.
Chapitre premier : De l'ancienneté et de la
continuité d'un clergé traditionnel
égypto-bamiléké
I- La mauvaise interprétation des sources ou la
négation de l'existence d'un clergé traditionnel égypto-
bamiléké
I- Dénominations et attributions communes des membres
du clergé chez les égyptiens anciens et chez les
Bamiléké
1- Dénominations et attributions des prêtres
égyptiens
1-1 Le pharaon, un prêtre-roi
1-2 Les prêtres serviteurs du Dieu
1-3 Les prêtres funéraires Sem
1-4 Les prêtres lecteurs ou Kheriheb
1-5 Le bas clergé constitué des prêtres
dits purifiés, oueb, des prêtres pastophores, des
prêtes sacrificateurs, et des prêtes interprètes des
songes
1-6 Les spécialistes que sont les prêtres
stolistes, les prêtes hiérogrammates, les prêtes horaires ou
horologues, les prêtes horoscopes et les prêtes chantres et
musiciennes
1-7 Les auxiliaires et les hôtes occasionnels du corps
sacerdotal
2- Dénominations et attributions des prêtres
bamiléké
2-1 Le prêtre de famille
2-2 Le prêtre du Dieu suprême Si,
les Kamsi
2 -3 Les prêtres- professionnels
NganKang
2-4 Les prêtres royaux (Sop, Kuipo, Tafo, Mafo,
Nkon, Njuikam, Nkem,Wambo ,Wantuo, Mekam ,Fo, Wala.)
II- Quelques éléments de primauté du
clergé égypto- bamiléké par rapport au
clergé occidental chrétien
1- L'ancienneté du clergé égypto-
bamiléké
2- La continuité clergé égypto-
bamiléké
Chapitre deuxième : Les contextes
favorables d'émergence des sources égypto nubiennes et
bamiléké
A- Le contexte naturel
I- Le contexte naturel égypto-nubien
II- Sources et milieu naturel égypto-nubien
III- Le contexte naturel bamiléké
IV- Sources et milieu naturel bamiléké
B- Le contexte surnaturel
I- Le contexte surnaturel égypto-nubien
1- Le Dieu suprême égypto-nubien
2- Les dieux secondaires égypto nubiens
3- Sources et contexte surnaturel égypto nubien
II- Le contexte surnaturel bamiléké
1- Le Dieu suprême bamiléké
2- Les dieux secondaires bamiléké
3- Sources et contexte surnaturel bamiléké
C- Le contexte humain et éthique égypto nubien
et bamiléké de création des sources
I- De la solidarité entre les hommes et les dieux
égypto nubiens et Bamiléké
II- La maîtrise de soi : une éthique de vie
égypto nubienne et Bamiléké
III- La maîtrise de la parole : une seconde
éthique de vie égypto nubienne et Bamiléké
Chapitre troisième : Les sources
égypto nubiennes
I- Les sources iconographiques
II- Les sources écrites
III- Les sources archéologiques
IV- Les sources linguistiques
Chapitre quatrième : Les sources
bamiéké
I- Les sources iconographiques
II- Les sources écrites
Chapitre cinquième: Sens politique,
économique et social des donations au clergé chez les
égyptiens anciens et chez les bamiléké.
I- Sens politique
1- Centralisation et consolidation des pouvoirs du chef, le
Prêtres roi
2- Démocratisation des institutions politiques
3- Division de la chefferie en quartiers
II- Sens économique
1- Assurer la survie collective
2- Exploitation modérée des ressources
disponibles
3- Assurer l'épanouissement physique et psychique de
l'individu
III- Sens social
1- Entretien de l'humanisme
2- Consolidation de l'ataraxie sociale
Chapitre sixième : Sens religieux,
éthique et juridique des donations au clergé chez les
égyptiens anciens et chez les bamiléké.
I- Sens religieux
1- Recherche de la vie éternelle
2- Réinsertion sociale des donateurs et donataires
II- Sens humain et éthique
1- Socialisation du donateur
2- Application de la Maât
III- Sens juridique
1- Réparation des préjudices
2- Codification sociale
Chapitre septième : Portée
politique économique et sociale des donations au clergé chez les
égyptiens anciens et chez les bamiléké.
I- Portée politique
1- Discipline des administrés
2- Efficacité de la machine administrative
3- Déification du chef Bamiléké
II- Portée économique
1- Une économique pluridimensionnelle
2- Une économie au service de Dieu
III- Portée sociale
1- Développement de la sagesse
2- Rapports horizontaux entre la noblesse et les masses
populaires
Chapitre huitième : Portée religieuse,
éthique et juridique des donations au clergé chez les
égyptiens anciens et chez les bamiléké.
I- Portée religieuse
1- Solidarité entre Dieu et les hommes
2- Liberté de culte
II- Portée éthique
1- Expansion de la Maât
2- Tolérance envers l'univers
III- Portée juridique
1- Traitement rapide des litiges
2- Consolidation de la justice terrestre et céleste
Conclusion générale
Sources et références
bibliographiques
Annexes
III- CHRONOGRAMME
Nature de l'opération
|
Durée
|
période
|
Exploitation des documents disponibles dans les centres de
documentations du Cameroun, d'Europe, d'Egypte et du Soudan
|
12 mois
|
Décembre 2005 à décembre 2006
|
Evaluation de l'ensemble des informations recueillies et
consultations du directeur
|
6 mois
|
Janvier 2007 à juin 2007
|
Recherches complémentaires plus entretiens avec les
personnes ressources
|
4 mois
|
Juin 2007 à octobre 2007
|
Evaluation de l'ensemble des informations recueillies et
consultation du directeur
|
2 mois
|
Novembre 2007 à décembre 2007
|
Phase de la rédaction, présentation de la
première mouture au directeur
|
5 mois
|
Janvier 2008 à mai 2008
|
Lecture de la première mouture et correction par le
directeur
|
3 mois
|
Juin 2008 à août 2008
|
Phase de correction et présentation de la
deuxième mouture au directeur
|
2 mois
|
Septembre 2008 à octobres 2008
|
Correction systématique et finale puis
présentation du travail au directeur pour validation
|
3 mois
|
Novembre 2008 à janvier 2009
|
Dépôt de la thèse
|
|
2009
|
Autorisation de soutenance
|
|
|
Soutenance
|
|
|
IV- Sources et références
bibliographiques
A. Les sources égyptiennes
i. Ouvrages
Aldred Cyril, De Cenival Jean Louis, Desono Fernand,
Les pharaons, les temps des pyramides : De la préhistoire
aux Hyksos (1500 avant J.C.).
Althein Franz, Le déclin du monde antique : examen
des causes de la décadence, le monde extra-romain, Paris, Payot,
1953.
__________, Egypt to the end of the old kingdom,
London, Thames and Hundson, 1965.
________, L'Art Egyptien,Paris, ed Thames
á Hudson, 1989.
___________, The Egyptian:Ancient people and places,
London,Thames and Hudson, 1961.
Alston Richard, Soldiers and society in roman Egypt,
London and New York, Routledge, 1995.
Daumas François, La naissance de l'humanisme dans
la littérature de l'Egypte ancienne, Paris, oriens antiques, vol I,
1962.
David Rosalie, The pyramid Builders of Ancient.
Egypt A Modernn Investigation of pharaoh's worforce,
London and New York, Routledge, 1986.
De Lubicz Schwaller, Le roi de la
théocratie pharaonique, Paris, Flammarion,
1961.
Drioton Etienne, L'Egypte
pharaonique, Paris, Armand colin, 1969.
Eggebrecht Arne,Ll'Egypte ancienne : 3000ans
d'Histoire et de civilisation au royaume des pharaons, Paris,
Bordas civilisations, 1986.
Erman Adolph et Ranke Hermann, La civilisation
égyptienne, Paris, Payot, 1980.
Garnot (J.S.F), Religions égyptiennes
antiques, Paris, Bibliographie analytique, 1952.
Hope Murry, Practical Egyptian Magic,
Norththamptonshire, the Aquarian Press, 1984, pp.
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1987.
- Mpondo Epo, Le Cameroun et ses hommes,
Yaoundé, Sherpa, 2000.
DEUXIEME PARTIE : CHAPITRE REDIGE
DE L'ANCIENNETE ET DE LA CONTINUITE D'UN CLERGE
TRADITIONNEL EGYPTIEN ANCIEN ET BAMILEKE.
Chapitre premier :
De l'ancienneté et de la continuité d'un
clergé traditionnel égyptien ancien et
bamiléké.
Ainsi s'intitule le chapitre premier de notre Thèse de
Doctorat Ph.D.N.R : la raison en est que pour nous le clergé
traditionnel bamiléké en particulier et négro-Africain en
général présente fort curieusement des analogies tant au
niveau organique qu'au niveau fonctionnel avec le clergé traditionnel de
l'Egypte ancienne. Il va sans dire que cette vérité ne fait pas
l'unanimité au sein des africanistes de divers horizons. Cette
discordance trouve son fondement même au niveau du champ de la
réflexion philosophique devenant par là même un
débat interposé entre philosophes notamment au sujet de
l'existence ou non d'une philosophie africaine.
Une affirmation de celle-ci attesterait du coup la
validité d'un clergé traditionnel digne de ce nom ; par
contre, l'inexistence de celle-ci supposerait aussi une négation d'un
clergé traditionnel africain. Pourtant, au vu de l'évolution de
la science historique notamment ces dernières décennies, il va
sans dire que la négation de l'existence d'un clergé traditionnel
africain et par ricochet d'une philosophie africaine serait plutôt le
fait d'une mauvaise interprétation des sources, une
interprétation motivée par des intérêts
partisans.
I. La mauvaise interprétation des sources ou la
négation de l'existence d'un clergé traditionnel égypto-
bamiléké
Il faut remonter très loin dans l'histoire pour
s'imprégner réellement de la négation d'une philosophie
égypto africaine. En effet, de 30 B.C. à 395 A.D., l'Egypte
était alors annexée par Rome. En 394 A.D., Théodose Le
Grand proscrivait «le culte païen » et imposait le
christianisme comme religion officielle. Bien entendu, le «culte
païen» était celui pratiqué par les prêtres
de la religion traditionnelle égyptienne. La destruction de la
bibliothèque d'Alexandrie et le martèlement des inscriptions
hiéroglyphiques à cette même époque sonnent le glas
de la religion égyptienne qui va alors sombrer dans l'oubli pendant un
peu plus de quatorze siècles. Ce n'est qu'à la faveur de
l'expédition de Napoléon en Egypte qu'un officier du Génie
Bouchard du nom de Pierre François Xavier découvre un fragment du
décret du Clergé de Memplis appelé communément
Pierre de Rosette. Cette pierre était un décret du
clergé de Memphis en reconnaissance du Roi Ptolémée V
Epiphane datant de 196 B.C. notamment pour ses faveurs au clergé en
l'occurrence pour l'entretien des temples et aussi pour ses faveurs au peuple
en l'occurrence la remise des taxes en période de disette. C'est ce
décret royal inscrit sur du basalte, notamment son déchiffrement
qui va permettre l'exhumation progressive de la pensée, de la religion
traditionnelle de l'Egypte pharaonique. Ceci à la faveur du
déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion en 182236(*). En 1824, le même
Champollion publie son Précis de système
hiéroglyphique qui comporte des éléments de
grammaire. Il travaille aussi sur un dictionnaire publié à titre
posthume par son frère en 1832. A partir de cette date, publications et
contre publications vont alors animer l'étude de cette Egypte
ressuscitée par Champollion. Les problèmes débattus
concernent presque tous les domaines de la science notamment la philosophie, la
religion, l'eschatologie37(*), la linguistique, la thanatologie, la chirurgie,
l'art, l'agriculture, la climatologie ...
C'est dans cette mouvance que vont se démarquer
certains individus dont le seul credo est la négation de quelque valeur
que ce soit en Egypte surtout pour ce qui est de la pensée, et de la
religion d'autant plus que cette dernière s'accommodait avec la religion
des Négro africains contemporains tant au niveau de la forme qu'au
niveau du fond. Au nombre de ces pourfendeurs d'une philosophie egypto
africaine, l'on peut reconnaître des esclavagistes, des scientistes, des
colons, des missionnaires, des philosophes européens et certains de
leurs disciples africains.
Il faut le rappeler que déjà, bien avant la
découverte de Champollion, les esclavagistes notamment de la
période de la traite négrière transatlantique,
s'étaient approprié les bras de leurs esclaves, de leur force
physique pour les rudes travaux indispensables à l'exploitation de
l'Amérique. Mais cela ne leur avait pas suffit parce que plus tard, ils
vont interdire à ces esclaves de pratiquer leur religion d'essence
africaine dans les plantations d'Amérique.
En mars 1865, le statut des esclaves est édicté
dans le code noir et il y est stipulé que les esclaves devaient le plus
tôt possible être instruits et baptisés dans la religion
catholique et il leur était désormais interdit de participer
à toute cérémonie non-conforme aux canons de leur nouvelle
religion38(*). Tout
contrevenant à cette loi était accusé
d'hérésie, y compris ceux des maîtres qui seraient
tolérants vis-à-vis de leurs esclaves. Il s'agissait en fait pour
le Code Noir d'éviter tout regroupement d'esclaves de maîtres
différents quelle que soit la circonstance, quel que soit le
temps39(*).
Ces restrictions atténuèrent
considérablement les pratiques religieuses d'essence africaine qui
néanmoins vont continuer à évoluer dans la
clandestinité. Les esclaves n'avaient plus que leurs danses religieuses
pour évoquer la patrie africaine. Ces danses étaient pour eux
toute la « guinée ». Possédés par
leurs anciens dieux, ils pouvaient pour un court instant, se sentir libres.
Là où ils dansaient, ils se trouvaient ensemble et tout proches
de l'Afrique ... La religion devint culte secret, tout adepte un
conjuré, la réunion clandestine un noyau de
résistance40(*).
Ainsi, les esclaves noirs n'avaient jamais baissé les
bras malgré la rudesse de leur condition de vie ; la poursuite de
leur religion dans la clandestinité fut pour eux source de courage,
d'endurance et de ténacité notamment dans la lutte
d'indépendance qui les opposa à Haïti contre l'empereur
Napoléon Bonaparte41(*). Le culte africain et les dieux d'Afrique leur
avaient permis par le biais du sacrifice de venir à bout d'une
armée européenne bien équipée et
entraînée, et de remporter malgré de nombreuses
défaites la victoire finale42(*).
Après l'esclavagisme, c'est le scientisme, la croyance
à la toute puissance de la science qui, partant d'Europe
considérait les actes religieux des Africains comme étant des
actes dénués de raison, de logique, dénués de
cartésianisme. Ce qui a fait dire à Meinrad P. Hebga que ces
européens entendent habituellement par irrationnel ce qui n'est pas
selon eux assimilable par la raison dite universelle par exemple
« les croyances primitives et superstitieuses »43(*). Le Père jésuite
constate à ce propos que l'Occident, travaillé depuis des
décades par la psychanalyse freudienne et l'exégèse
démythologisante de Bultmann, et en général par un
scientisme doublé d'un technologisme délirant, veut se persuader
qu'il ne croit plus au démon, et qu'il faut bannir à tout jamais
une superstition digne des seules peuplades primitives d'Afrique et d'Asie, ou
encore d'Amérique Latine. Mais la recrudescence du satanisme et la
prolifération des sectes et autres églises de Satan avec leur
cortège de sabats et de messes noires, dans les pays
développés ne sont précisément pas des indices
d'une victoire des lumières sur l'obscurantisme mystico
religieux.44(*) C'est
pourquoi de nos jours, la prétention du savant à une
objectivité rigoureuse et parfaite fut une douce illusion qu'entretenait
le scientisme naïf jusqu'aux dernières années45(*).
C'est pour cela que le sociologue Henri Laborit
s'était pour sa part inscrit en faux contre la prétention des
cartésiens vrais ou prétendus, de savoir où finit le
rationnel et où commence l'irrationnel. Il écrivait :
Opposer rationnel et irrationnel nous paraît
particulièrement absurde, car nous ne jugeons irrationnel que ce dont
nous ignorons encore les lois... l'univers de notre ignorance est effroyable,
comparé à la plage étroite de nos connaissances.
L'irrationnel puisse dans cet univers sans fin ... l'irrationnel ne
paraît riche que de rationalité potentielle, et la raison n'est
pas une chose, mais une fonction liée à la structure du cerveau
humain, fonction qui se transforme avec les connaissances qu'elle
traite 46(*)
Ainsi, le scientisme se présente beaucoup plus comme
une idéologie eurocentriste que comme une idéologie de la science
pure. Encore que celle ci n'existe réellement pas si l'on s'en tient aux
propos du sociologue Henri Laborit qui à l'irrationnel
préfère plutôt parler de l'ignorance, ignorance de l'autre
dont son rationnel ne m'est pas connu. Au lieu de rechercher la
rationalité de la religion africaine, ces
« scientistes » condamnaient à tue tête une
vision du monde différente de la leur. Ce qui est même très
inquiétant de leur part surtout du moment où depuis
l'antiquité grecque des penseurs tels que Hérodote leur avait
laissé en héritage leurs connaissances sur la relativité
des valeurs.
Cette relativité des valeurs est mise de
côté aussi bien par les missionnaires et philosophes
européens que par leurs disciples acculturés.
En fait pour les missionnaires, les coutumes indigènes
leur semblaient un amas confus d'abominations, d'inventions du diable, qu'il
fallait extirper jusqu'au fondement pour installer à sa place
l'édifice culturel préfabriqué au-delà des
mers.47(*)
Cependant cette politique ne fut pas respectée par
tous et certains cherchèrent à comprendre et même à
concilier le christianisme aux coutumes indigènes. C'est le cas du
Reverend Père Aupiais qui reconnaissait que chaque civilisation a sa
valeur propre que le christianisme ne devait pas s'efforcer de la
détruire, mais de la pénétrer, en développant les
bonnes semences qui s'y trouvent ; en utilisant la psychologie des
indigènes, en christianisant leurs cérémonies48(*).
Bien plus, dans la même visée, d'après le
jésuite Meinrad P.Hebga, d'autres tels que le Père Placide
Tempels soutinrent dans les années 1940, l'existence d'une " philosophie
Bantu". En effet, Tempels soutenait que chez les bantu, l'être ou
l'étant est essentiellement une force 1(*)4 , l'univers étant peuplé d'êtres
forces, c'est à dire que les forces subsistent en elles-mêmes sous
forme de plantes, d'animaux, d'hommes ou simplement des choses
inanimées. Ces êtres forces étant aussi susceptibles
d'accroissement ou de diminution mais toujours dans la ligne de leur nature
dynamique. Bien plus, Tempels observait que c'est la conception de l'être
comme force qui différencie l'ontologie bantu de celle statique
d'Aristote et de ses disciples.
Les échos du livre de Tempels retentirent au Congo
belge d'alors, en Belgique, en Hollande et en France ; la plupart des
colons et missionnaires blancs s'indignaient que l'on pût prêter
une pensée philosophique à des primitifs ignares et frustres,
à des gens dont Levy Bruhl avait montré qu'ils étaient
incapables de raisonnement logique1(*)5.
L'effort de Tempels d'avoir découvert une forme de
pensée originale et intéressante fut reconnue par des
intellectuels occidentaux tels que Bachelard, Gabriel Marcel, Louis Lavelle,
Jean Wahl, Jean Paul Sartre, Albert Camus et bien d'autres1(*)6. En revanche, une telle prise
de position heurta profondément un émigré belge,
professeur à Lovanium : Franz Crahay. Il décocha à
Tempels et à ses disciples indigènes, vrais ou supposés un
article vengeur intitulé : « le décollage
conceptuel, condition d'une philosophie bantu », article dans lequel
il fustigeait pêle-mêle ceux qui lui paraissaient soutenir la
thèse indéfendable selon lui de Placide Tempels. Le
Français Henri Maurier, de son côté dans son ouvrage
Philosophie de l'Afrique noire ne tarda pas à lui faire
écho. Il s'avisa même de diviser les penseurs africains
contemporains en deux groupes étanches : les bons ou disciples de
Crahay et les mauvais ou imitateurs de Tempels.
En fait Maurier soutenait que la tradition africaine est un
fidéisme1(*)7. La
pensée occidentale un rationalisme1(*)8 ...
Cette négation de l'activité philosophique en
Afrique se poursuivit avec des philosophes africains tels que Eboussi Boulaga,
Marcien Towa et Paul Hountondji.
Eboussi Boulaga dans son article intitulé «le
Bantu problématique » taille en pièces le livre de
Tempels : il dénonce la confusion dans la terminologie : les
mots religion, philosophie, magie, ethnologie seraient employés
indifféremment. Le franciscain1(*)9 qui se propose de dégager le système
sous jacent aux actes et coutumes des Bantu, nous promet un modèle
abstrait, une grille de lecture, un schéma structurel en fait : Il
se perd dans la description ethnographique de quelques cas concrets, nous
privant ainsi de l'universel abstrait qu'il avait énoncé. Selon
Eboussi la méthode de Tempels pêche aussi contre la
logique ; pétition de principe : il recourt à des faits
pour établir une hypothèse, laquelle est censée
prouvée par les faits. La notion de force vitale est contradictoire et
il est vain de vouloir établir une ontologie de la force. Enfin pour ce
critique africain, la signification socio historique du livre de Tempels est
claire. L'essai s'adresse aux Européens revêtus d'une mission
civilisatrice ; son bantouisme est une médication efficace contre
l'angoisse de l'échec de la colonisation. Il offre aux blancs une clef
pour pénétrer l'âme nègre et la civiliser
chrétiennement.
Plus tard, dans son livre La crise du Muntu, Eboussi
prend à partie « l'
« ethnophilosophie »» qu'il traite de simple
rhétorique, lui reprochant de se perdre dans l'analyse linguistique,
l'ethnologie, la «pétition de tradition», la revendication de
l'authenticité nègre, les particularismes ethnographiques et
archéologiques qui nous isolent du grand courant de la pensée
universelle, telle que l'exprime magistralement la logique formelle d'Aristote
par exemple.
Dans la même lancée qu'Eboussi, Marcien Towa dans
son essai sur la problématique philosophique dans
l'Afrique actuelle, tout en félicitant Franz Crahay d'avoir
dénoncé «le projet de philosophie bantoue »,
regrette que le coopérant belge n'ait pas soupçonné
« la dialectique profonde dont le projet d'une philosophie bantoue
n'est qu'un moment. Ce projet est né précisément de la
révolte contre l'affirmation de l'occidentalité essentielle et
exclusive de la philosophie. Pour Towa, la philosophie africaine était
malheureusement entrée dans le sillage de la négritude, mouvement
de «l'exaltation de l'originalité et de la
différence » (5)... ce qui n'est ni purement philosophique ni
purement ethnologique, mais ethno philosophique ( 6).
Et, dans le même sens, Paul Hountondji, parlant du livre
de Tempels dit qu'il s'agit d'un ouvrage d'ethnologie à
prétention philosophique,ou plus simplement, si on nous permet ce
néologisme, d'un ouvrage d'
« ethno-philosophie ».2(*)0
En réaction, ceux qu'on avait affublé du
sobriquet d'ethnophilosophes tant européens qu'africains, se
défendirent avec fermeté. Ils commencèrent par rejeter la
thèse de Hountondji selon la quelle il ne saurait y avoir de
philosophie qu'écrite. L'Ancien élève d'Althuser semblait
oublier que Socrate n'avait laissé aucune ligne écrite, et qu'il
n'y a pas de preuve qu'il ait lu et approuvé les propos qu'il attribue
à Platon.
Il s'ensuit de cette présentation par Meinrad P. Hebga
de ces philosophes africains que lui, il se posait par ce fait même en
défenseur de
l' « ethnophilosophie » et il va
répondre à ces «vrais philosophes » à
travers son article intitulé «Eloge de l'
« ethnophilosophie ». Dans cet article, il essaie de
comprendre ceux des africains qui soutiennent les détracteurs d'une
philosophie africaine, il écrit à leur sujet.
C'est humain et tout à fait
compréhensible que certains d'entre nous, fascinés par la
splendeur éblouissante des uns, et honteux de leur propre appartenance
à la zone d'obscurité et d'impuissance qui demeure le lot des
autres, recourent au refoulement par la négation même des
réalités ethniques, puis à l'identification à
autrui, par l'appropriation de sa pensée réputée unique et
universelle2(*)1
Cet essai de compréhension ne signifie pas
adhésion à cette position. C'est pour cela qu'il condamne
quelques lignes plus tard cette attitude, y dénonçant
précisément la précipitation, l'amalgame paresseux, la
schématisation simpliste, la superficialité, l'esprit partisan
et chez les Africains, l'extraversion apologétique, c'est à
dire le désir obsédant de prouver à l'autre
idéalisé que tout le monde ne fait pas de la surenchère
nègre2(*)2. Le
prêtre Jésuite voit ici en cette attitude et à juste titre
un exhibitionnisme d'une prétention au magistère
philosophique ; en référence à une norme utopique,
prétention assortie ou non d'indéfectibilité
présumée vis à vis de la vérité2(*)3 .
Cette vérité est que ces Négro-
Africains ou Européens qui se flattent de tisser la pure soie de la
philosophie universelle supra ethnique2(*)4, font preuve d'ingratitude vis à vis de
Tempels à qui ils doivent leur éveil philosophique car nombre de
ces penseurs en Afrique se définissent en fonction de lui2(*)5 car l'ayant
élevé à la position enviable de philosophe
critiqué. Cherchant l'origine d'une telle attitude vis à vis de
l'Afrique, le Père Meinrad Hebga remarque dans un autre article2(*)6 que c'est faute d'avoir pris
le soin de replacer le discours égyptien antique dans son contexte
culturel, dans son schéma pluriel du composé humain que des
traducteurs, philosophes, égyptologues, idéologues occidentaux
se sont mépris sur la portée du discours égyptien. A titre
d'illustration, il cite Hegel qui écrit :
nous sommes surpris de voir, à côté de la
stupidité africaine une intelligence qui réfléchit, des
organisations parfaitement judicieuses de toutes les institutions et les
oeuvres les plus étonnantes de l'art ...De toute part, l'esprit
égyptien s'est révélé comme enclos dans des
caractères particuliers, comme ancré en ceux -ci en quelque sorte
bestialement, mais aussi s'y mouvant dans une agitation sans fin 2(*)7
Il se dégage sans ambages de cet extrait de
Hegel un scepticisme de principe et une hostilité arrogante
d'un certain courant eurocentriste plus imbu d'idéologie que de science
ou encore moins de philosophie au sens Egypto-africain de sagesse 2(*)8.
Il ressort de ces analyses que la négation d'une
philosophie africaine impliquait donc la négation de toutes ses
institutions2(*)9
indigènes et même traditionnelles : négation de son
écriture, de son culte, de sa pensée, de sa science, de son
clergé... De nos jours, avec l'évolution de la science
historique, il devient évident que ces négations étaient
le fait d'une mauvaise interprétation des sources, ceci motivé
par « un scepticisme de principe et une hostilité arrogante
d'un certain courant eurocentriste plus imbu d'idéologie que de science
ou encore moins de philosophie »3(*)0 vis à vis de l'Afrique, aire
géographique indiscutable de la plus ancienne civilisation
attestée du monde, dont la philosophie, la science et la culture sont
encore d'actualité et « dont la modernité n'est pas de
moindre des traits saillants».
Aussi, la vérité des sources atteste à ne
point douter l'existence d'une philosophie donc d'une pensée africaine,
d'une science, d'un clergé égypto-africain aux
dénominations et attributions semblables.
II- Dénominations et attributions communes des
membres du clergé chez les Egyptiens anciens et chez les
Bamiléké de l'Ouest cameroun.
Du latin ecclés de clericatus, le
clergé désigne de nos jours l'ensemble des ecclésiastiques
d'une Eglise, d'un pays, d'une ville . Les prêtres d'une religion
constituent les membres du clergé de cette religion. Donc, un
prêtre est un ministre du culte, un homme exerçant des fonctions
religieuses dans une société quelconque. De ce fait, ces
définitions n'ont pas limité cette notion de clergé ni
dans le temps, ni dans l'espace. Aussi la recherche de l'existence d'un
clergé dans l'Egypte ancienne n'est pas une chimère d'autant plus
que les sources directes egypto africaines notamment écrites,
archéologiques, artistiques, iconographiques, orales en attestent
l'existence. Ceci se vérifie à travers les dénominations
et attributions communes des prêtres égypto africains. Il convient
ici de préciser avec Christian Jacques la notion de prêtre en
Egypte africaine. En effet, un prêtre en Egypte est essentiellement un
pur qui pratique les rites et un serviteur qui s'occupe du bien-être des
divinités. Les prêtres en Egypte ne sont ni des
prédicateurs, ni des missionnaires, ils n'ont personne à
convertir. Ce sont les spécialistes du divin qui travaillent dans les
laboratoires géants, les temples où l'on manipule
l'énergie spirituelle la plus fine, la plus délicate et la plus
efficace qui soit. ces hommes sont chargés de maintenir
l'équilibre de la création et d'assurer la transmission de la vie
contre l'ineptie et le chaos qui menacent sans cesse notre monde. En
réalité, il n'y a qu'un seul prêtre en Egypte, le Pharaon
lui-même. Il est partout représenté sur les murs des
temples accomplissant les actes cultuels. On estimait que son image sortait
magiquement de ses représentations et entrait momentanément dans
le corps d'un prêtre de chair chargé d'agir à sa place et
en son nom49(*). De ce
fait, nous devons surtout nous garder en nous abusant sur le terme de
prêtre, de les considérer comme les dépositaires d'une
vérité qui ferait d'eux une secte à part, vivant en marge
de la société et ne s'y risquant que pour entraîner des
foules, par des sermons passionnés à une vie morale plus riche ou
plus active... Les prêtres égyptiens ont un rôle très
précis à jouer, comme substitut du roi, seul officiant en
titre : entretenir l'intégrité de la présence divine
sur terre, dans le sanctuaire des temples où elle a consenti à
s'établir, et c'est tout ; leur action contribue pour sa part au
rôle théologique essentiel de la monarchie pharaonique :
maintenir l'univers sous la forme où les dieux l'ont
créé ; c'est une oeuvre de spécialiste, une besogne
de technicien. Une fois accomplis, les actes matériels
nécessaires pour obtenir ce résultat, ce que les prêtres
peuvent penser ou faire est à peu près sans importance- au moins
dans la perspective rigoureuse de l'Etat ; ils n'ont rien des
prophètes hébreux, rien n'ont plus des prêtres
chrétiens. Ce sont les hommes semblables aux autres ne
bénéficiant d'aucun privilège d'origine divine, n'ayant ni
à convaincre les foules, ni à convertir les gentils ;
« fonctionnaires » en quelque sorte, ils ont
délégation du roi pour accomplir à sa place certains rites
matériels nécessaires au bien général. La religion
personnelle du peuple ne leur doit rien, et s'ils peuvent, parfois, être
eux-mêmes de riches penseurs ou de saints hommes, c'est par une
conséquence de leurs tendances individuelles, et non par une suite
obligatoire de leur activité professionnelle50(*).
1- Dénominations et attributions des
prêtres Egyptiens
En Egypte ancienne, la fonction cléricale rassemblait
une multitude de prêtres aux rôles variés mais aux objectifs
communs notamment celui de mener l'homme dans le royaume de
l'éternité. Aussi distinguait-on le Pharaon un prêtre roi,
les prêtres serviteurs du Dieu, les prêtres funéraires
Sem , les prêtres lecteurs, le bas clergé
constitué des prêtres dits purifiés oueb, des
prêtres pastophores, les prêtres sacrificateurs, et des
prêtres «interprètes des songes», enfin les
prêtres dits spécialistes notamment les prêtres stolistes,
les prêtres hiérogrammates, les prêtres horaires ou
horologues, les prêtres horoscopes, les prêtres chantres et
musiciennes, sans oublier les auxiliaires et les hôtes occasionnels du
corps sacerdotal..
1.1. Le Pharaon, un prêtre roi
Dans la croyance populaire égyptienne, le Pharaon
était considéré comme étant le représentant
terrestre du Dieu Suprême. Il était donc grand prêtre du
Dieu Suprême. Il était considéré comme étant
le fils des dieux et leur successeur en qualité de roi de l' Egypte, et
il leur faisait des sacrifices parce qu'ils sont ses ancêtres, de
même que tout particulier nourrit les esprits de ses aïeux51(*).
1.2. Les prêtres serviteurs du dieu ou
hm.w.ntr.
Traduits non sans quelques abus par prophètes
par les Grecs, leur nombre variait en fonction de leur sanctuaire. On comptait
quatre classes de serviteurs possédant un numéro
hiérarchique et une cinquième de simples serviteurs non encore
intégrés, dans les grades supérieurs.
Le grand Prêtre était le premier
prophète52(*) du
dieu et sa puissance était liée à celle du dieu qu'il
servait. Son titre correspondait quelque fois à la fonction
précise qu'il assurait, primitivement dans le culte de son dieu. C'est
le roi qui désignait le grand prêtre et sa nomination était
confirmée par un Oracle du dieu, politiquement et divinement
intronisé ; le nouveau pontife recevait alors deux anneaux d'or et
une canne symbolique tandis que le roi prononçait la phase
traditionnelle :
«Te voici grand prêtre du dieu X : ses
trésors et ses greniers sont sous ton sceau, et tu es le chef de son
temple...»53(*) Ce
premier prophète était quelque fois assisté par le second
prophète notamment lors de son absence du temple.
Le second prophète avait en charge la surveillance des
ateliers et des champs, le contrôle des tributs étrangers
livrés au dieu. A son service, il y avait une multitude de
fonctionnaires, de scribes, qui préparaient les documents administratifs
et assuraient la bonne marche des services placés sous son
contrôle.
1.3. Les prêtres funéraires dits Sem
Les prêtres dits Sem étaient des hommes
exerçant une prêtrise en rapport avec le funéraire. Le
prêtre Sem avait pour tâche, en récitant le rituel
approprié, de rendre l'usage des sens à la momie en lui
«ouvrant la bouche »54(*), phase essentielle de l'opération par la
quelle le défunt allait pouvoir gagner l'au-delà en pleine
possession de ses capacités à survivre. En plus de la lecture des
chapitres rituels, ils s'acquittaient sur la momie ou la statue du mort de tous
les rites propitiatoires ou régénérateurs qui devaient
transformer la pauvre carcasse humaine, dûment desséchée et
salée par les embaumeurs, en un nouveau corps rajeuni, doté de
toutes les facultés terrestres, et apte à faire bonne figure dans
les paradis de l'au-delà.
1.4. Les prêtres lecteurs, kheriheb,
hr-kb
Les prêtres lecteurs sont très proches des
prêtres hiérogrammates par la médecine qu'ils pratiquent.
Deux plumes ornent leur coiffure. Dans les cérémonies
funéraires, ils accomplissent les cérémonies
bénéfiques aux esprits bienheureux. Pour le peuple
égyptien ancien, c'était le type même du magicien
populaire ; héros des romans et des fables qu'on se
répétait le soir à la veillée55(*).
1.5. Le bas clergé constitué des
prêtres dits purifiés, ouêb, des
prêtres pastophores, des prêtres sacrificateurs, et des
prêtres «interprètes des songes»
1.5.1. Les prêtres dits
«purifiés», Ouêb
Les purifiés étaient des clercs minorés
parce qu'ils n'étaient pas des membres permanents du clergé. Dans
les temples ils avaient diverses fonctions : porter la barque
sacrée, arroser le temple, surveiller les peintres, les dessinateurs,
les scribes, les artisans. Dans les temples importants, ils étaient
organisés de manière hiérarchique :
«purifiés en chef », ou « premiers
purifiés »56(*). Divisés en équipes qui se
succédaient par roulement, ils n'étaient en service que pendant
un mois puis attendaient que leur tour revienne pour reprendre leur service.
1.5.2. Les prêtres pastophores
Les prêtres pastophores eux aussi faisaient partie du
bas clergé et étaient surtout chargés de porter les objets
sacrés lors des processions57(*).
1.5.3. Les prêtres sacrificateurs
Les prêtres sacrificateurs étaient chargés
d'égorger les bêtes consacrées à l'offrande. De ce
fait, ils connaissaient certains principes de symbolique religieuse car les
animaux offerts à la divinité étaient
sélectionnés et tués selon certaines normes58(*).
1.5.4. Les prêtres interprètes des songes
Les prêtres interprètes des songes
étaient appelés par les Grecs Onirocrite car
c'étaient des scribes maîtrisant l'interprétation des
rêves. Ils interprétaient les rêves des fidèles ayant
passé la nuit dans le temple59(*).
1.6. Les spécialistes
Ce sont des techniciens couramment rangés au nombre des
prêtres supérieurs ou rang des subalternes ; sans doute,
furent-ils tantôt parmi les uns, parmi les autres et parfois
étrangers à ces deux catégories. En fait, c'est plus le
caractère spécialisé de leur fonction qui nous
intéresse que l'appréciation morale qui ferait d'eux des hauts
pontifes ou des auxiliaires dédaignés. De ce fait, les document
grecs nous présentent tour à tour des prêtres stolistes,
hiérogrammates, horaires ou horologues, horoscopes, chantres et
musiciennes.
1.6.1. Les prêtres stolistes
Les prêtres stolistes étaient chargés de
l'entretien de la divinité. Ils assuraient de ce fait la toilette,
l'habillement et la parure des statues divines ; de ce fait ils
conservaient les bijoux, vêtements et objets de culte. D'après les
documents de la Basse Epoque ( 1075 -715 BC.), ce sont les gens
préposés à la toilette du dieu, qui
pénètrent dans le saint des saints pour orner les dieux de leurs
étoffes60(*).
1.6.2. Les prêtres hiérogrammates
Les prêtres hiérogrammates sont des savants et
des intellectuels de la Maison de Vie. Du fait de leur vaste culture, ils
représentent officiellement la science dans les temples61(*). Ils sont des médecins
géographes, astronomes, climatologues...
1.6.3. Les prêtres - horaires ou horologues.
Les horologues étaient chargés d'établir
l'heure et de préciser de jour et de nuit, le moment où chaque
acte du culte devait commencer62(*).
1.6.4. Les prêtres horoscopes.
Les prêtres horoscopes devaient connaître le
calendrier mythologique et expliquer à qui le désirait quels
étaient les jours fastes et néfastes de l'année
égyptienne63(*).
1.6.5. Les prêtres chantres et
musiciennes.
Le culte égyptien ne comportait pas seulement des
parties récitées, en divers moment, de l'office intervenaient des
morceaux modulés, ou même chantés avec accompagnement de
harpe. Les stèles de donation représentent d'assez pauvres
bougres, propriétaires d'un petit lopin de terre et amoureux de belle
musique de la leur tout au moins, qui se donnent corps et biens à un
temple ; en échange de leurs talents artistiques, le clergé
devait leur assurer la sécurité et le vivre ; tout laisse
à penser que les exactions du fisc et les confiscations militaires ne
leur auraient pas garanti les mêmes privilèges dans la vie
civile64(*). Les
musiciennes existent dans tous les temples. Sous le Nouvel Empire, c'est
à peine si l'on rencontre une dame qui ne fasse pas à ce titre
partie du personnel d'un temple. Elles formaient le harem du dieu et jouaient
le même rôle que les belles chanteuses dont le chant et la musique
divertissaient un prince terrestre. La reine elle-même ou une princesse
coiffait ces musiciennes65(*).
1.7. Les Auxiliaires et les hôtes occasionnels du
corps sacerdotal
Ce sont les laïcs auxiliaires dont l'activité
permettait le fonctionnement matériel des temples, sans qu'ils fissent
à proprement parler partie du monde sacerdotal. C'étaient des
concierges et des bedeaux66(*), gardiens des édifices sacrés, ils
constituaient le petit personnel des ateliers, boulangers, bouchers,
fleuristes, les porteurs d'offrande, l'homme au balai qui effaçait la
trace des pas sur le sable des chapelles, les artistes, les architechtes,
graveurs peintres sculpteurs chargés de la répartition, de la
construction, de la décoration des édifices religieux67(*).
Les hôtes étaient certains reclus volontaires
chargés de l'entretien des sanctuaires. D'autres étaient des
malades venant chercher le soulagement ou la recette de leur guérison
par voie de songes. Une autre catégorie d'hôtes étonnait
par leur apparence : demi-nus, vêtus de haillon, beaucoup de
cheveux, chargés de chaînes... Ils expliquaient aux
étrangers du temple, aux visiteurs, touristes ou pèlerins les
légendes divines, faisant office de drogmans. Aussi souvent, ils
vaticinaient, réclamaient des orâcles : après
être entrés en transe et tiraient quelque bénéfice
de la folie divine dont ils étaient possédés. En fait, il
se trouve que le dieu trouvait parfois quelque moyen encore de s'exprimer, il
pénétrait dans le corps d'un homme ou d'un enfant, le faisant
entrer en transe et, par son intermédiaire, dictait sa volonté...
les enfants réfugiés dans les temples, servaient de médium
pour transmettre la parole du dieu68(*).
Dénominations et attributions des prêtres
bamiléké de l'Ouest du Cameroun
Les Bamiléké tout comme les Egyptiens anciens
ont des noms qui leur sont propres pour désigner leurs prêtres.
Aussi distinguent-ils ceux-ci à divers niveaux de leur
société notamment familiale, communautaire et royal .
2.1. Les prêtres de famille.
Au niveau familial, il s'avère que chaque entité
familiale a son prêtre. Il y a donc autant de prêtres de familles
que de familles. Les familles sont de deux types : monogamique et
polygamique. Dans le premier type où il y a seulement le père, la
mère et les enfants, le prêtre de famille est le père. Mais
à sa mort, l'un de ses fils le remplace dans ses fonctions religieuses
de prêtre de famille.
Dans le second type où il y a un père,
plusieurs femmes et les enfants. Le prêtre est le père, mais
à sa mort, c'est l'un des enfants d'une de ses femmes qui hérite
de ses fonctions de prêtre de famille.
Ces deux types de prêtres sont de moindre importance en
comparaison au prêtre héritier du fondateur du lignage ceci
d'autant plus que le lignage est constitué de plusieurs familles
créées par les divers enfants de l'ancêtre fondateur du
lignage. Par exemple, désignons par G, un fondateur d'un lignage avec au
premier niveau huit enfants, chacun de ses huit enfants se marie et fonde une
famille. Parmi les huit enfants de G, un seul lui succède et devient
à la fois prêtre de la famille G et prêtre suprême de
toute la descendance de G. Donc, le prêtre héritier de G, du fait
de l'antéposition de G est supérieur à tous les autres
prêtres de famille descendant de G. Ainsi, on a dans un lignage
fondé par G, père de huit enfants, un héritier
prêtre fils de G, qui est plus respecté et plus influent que les
autres sept prêtres héritiers des autres sept enfants de G.
Dans tous les cas, l'héritier d'une famille en pays
bamiléké est dénommé
dzodié qui littéralement signifie ``celui
qui hérite de la maison''. Il est d'après Emmanuel
Ghomsi69(*) le
prêtre de famille, un personnage très important, il est
entouré de respect... Il est en effet le seul membre de la famille
habileté à calmer les esprits des ancêtres par les
sacrifices. Ceci parce qu'il est détenteur des crânes de ses
ancêtres notamment, il conserve le crâne de son feu père et
ceux de ses ancêtres depuis la création de leur lignage. Le
crâne ici est un réceptacle pour l'esprit des défunts
ancêtres. En l'absence du crâne d'un ancêtre,
l'héritier recueille un peu de poussière sur le chemin
emprunté par son ancêtre, cette poussière remplace le
crâne de l'ancêtre lors du culte.
Le culte ici consiste pour l'héritier à
adresser des doléances aux réceptacles des ancêtres :
crânes-poussières ; après les doléances, il
fait les dons à ses ancêtres puis il va attendre le
résultat de ses doléances. Très souvent, les
ancêtres vont lui communiquer la conduite à tenir à travers
des rêves.
En outre, il est aussi courant que l'héritier chef de
famille, consulte l'araignée mygale avant chaque événement
important. En effet, il place les bâtons devant le trou de
l'araignée ; chaque bâton ayant une signification
particulière. Suivant le bâton déplacé par l'animal
à sa sortie du trou, l'héritier devine ainsi le sens de
l'événement qu'il avait voulu savoir.
Sur un autre plan, l'héritier pour faire face à
une agression extérieure, peut solliciter l'aide de ses ancêtres,
soit pour se protéger, soit pour punir les coupables même si ces
derniers ne font pas partie de leur lignage ; car les ancêtres
peuvent agir sur ceux qui sont coupables d'actes nuisibles à la vie de
leurs descendants, pour la raison que dans le culte des morts de la religion
traditionnelle des Bamiléké, «l'héritier (des
ancêtres) a, par ses sacrifices le pouvoir de les faire entrer en action
contre ceux de ses ennemis qui s'opposent injustement à l'accroissement
de son lignage»70(*)
Anderson Stephen C., dans son texte intitulé «
The Skull and the sacred place'', a interviewé un prêtre de
famille sur la raison de l'exhumation du crâne de son feu
père ; comme réponse, l'héritier explique qu'à
la mort de son feu père quelqu'un l'avait fait souffrir notamment en
gardant, en conservant de manière injuste les biens à lui
confiés par son défunt père. Sur les conseils d'un des
amis de son feu père, il a donc avec ce vieil ami de son père,
déterré le crâne de son père pour lui demander de
l'aider à restaurer sa concession qui est en état de
délabrement du fait de la confiscation de ses biens par son ancien ami
encore vivant. Après avoir exprimé leurs doléances, le
prêtre héritier de famille et l'ami à son défunt
père ont re-enterré le crâne dans la maison des
crânes, l'ayant au préalable bien lavé avec de l'eau.
D'après le prêtre de famille :
l'héritier, la réaction du crâne ne se fit pas attendre car
le coupable qui avait distrait les biens de son défunt père fut
brûlé gravement par un feu qu'il avait même
activé71(*).
Il se dégage de tout ce qui précède, une
double activité du prêtre de famille : le prêtre de
famille est un élément clé du culte familial des
ancêtres ; ce culte étant à la fois un moyen pour
apaiser la colère des ancêtres et appeler leur
bénédiction sur la famille, en plus étant aussi une arme
de défense contre les individus qui chercheraient à nuire aux
membres de la famille de ces ancêtres72(*)
L'on peut dire en dernier ressort que le prêtre de
famille est l'intermédiaire entre les ancêtres et leurs
descendants d'une part et d'autre part il est le protecteur de sa famille
contre toute forme d'agression extérieure73(*). Notons qu'il est quelque fois
aidé dans sa difficile tâche par les autres prêtres du culte
communautaire que les Kamsi ou prêtres notables du dieu, les
prêtres devins dits Ngankang
2.2. Les kamsi, prêtres du Dieu
suprême Si.
Si est le Dieu suprême des
bamiléké, ceux-ci lui attribuent la création du monde et
sa supériorité à tous les autres petits dieux. Son culte
diffère du culte des ancêtres et s'effectue dans les lieux saints
éparpillés à travers le village notamment certains
bosquets, grottes, petits bois... lieux d'offrande en sacrifice au Dieu
suprême des poules, huile de palme, sel...74(*) Ce sont ses prêtres
qu'on appelle les Kamsi ou prêtres notables de Dieu. Ces
prêtres du Dieu Si sont des hommes ou des femmes ayant eu une
révélation divine et ayant été chargés par
Dieu de transmettre sa volonté aux hommes. Sortes de prophète,
ils vont de village en village appeler les gens à la purification. On
les distinguait autrefois du reste de la population par leur longue chevelure
sale qu'ils ne coupaient ni ne lavaient jamais et qui était souvent
tressée avec du fil noir75(*). De nos jours encore, ils portent encore beaucoup de
cheveux présentant toujours un aspect peu commun notamment un aspect
quelque peu désordonné.
Les Kamsi, prêtres notables du Dieu sont des
intermédiaires entre les dieux et les hommes ; ils
perçoivent les désirs et les voeux des dieux et les transmettent
aux hommes qui viennent à eux à la recherche d'une solution
à leur problème. Même les prêtres de famille
recourent aux kamsi avant de faire des sacrifices sur les crânes
de leurs ancêtres. En effet, dans le texte d'Anderson Stephen C.,
intitulé ``The skull and the sacred place'', son interlocuteur, qui est
un prêtre de famille, à la question de savoir ce qui se passe
avant l'exhumation du crâne, le père, prêtre de famille
répond qu'avant l'exhumation du crâne, il faut visiter les
voyants, quatre ou cinq au moins disant la même chose notamment qu'il y a
un crâne qui n'a pas été exhumé, c'est donc
à partir de ce moment qu'il faut se décider de déterrer
ledit crâne76(*).
Il se dégage que le Kamsi est très
indispensable dans les activités cultuelles des prêtres de famille
ceci parce qu'il détermine lequel des ancêtres réclame
à tel descendant une donation, un sacrifice.
Les Kamsi ne recommandent pas seulement aux
prêtres l'exhumation des crânes, ils peuvent aussi
interpréter leurs rêves surtout pour les jeunes prêtres de
famille. Toute action religieuse entreprise par le prêtre de famille est
donc au préalable étudiée par divers Kamsi, les
seuls aptes à lire la volonté des dieux. Il faut ajouter ici que
les dieux sont les ancêtres déifiés par la mort notamment
après l'exhumation de leurs crânes ; il y a aussi une
multitude d'autres dieux considérés par exemple comme
créateurs de l'homme, de l'enfant, du monde, du pays,... sans oublier le
Dieu suprême Si.
Les Kamsi sont donc des prêtres choisis par
Dieu, lui-même pour communiquer sa volonté aux hommes. Les
Kamsi ne peuvent pas se refuser à ce rôle car le faisant,
ils risquent au pire leur vie et au mieux leur santé mentale.77(*)
De ce fait lorsque Dieu choisit quelqu'un pour ce rôle,
sa famille et ses amis se cotisent pour faire d'importants sacrifices aux dieux
notamment en présence des anciens Kamsi qui savent quoi et
où faire des donations afin de sauver leur proche, forcé par Dieu
à devenir prêtre. Il n'est donc pas comme son collègue le
prêtre dit Ngankang qui lui embrasse le métier
plutôt par vocation et après formation.
2.3. Les Ngankang
A l'opposé des Kamsi qui sont
désignés du fait de la volonté divine, les
Ngankang, autre catégorie de prêtres médecins
devins chez les Bamiléké sont plus proprement formés de
professionnels qui embrassent cette carrière par vocation et doivent au
préalable subir un apprentissage de plusieurs années. Alors que
les Kamsi procèdent plutôt par Oracle, les
Ngankang utilisent diverses techniques avec des accessoires notamment
les prières, cauris, kolas, bandelettes tressées, terriers de
mygales... Ngankang en bamiléké signifie l'homme
ayant reçu le kang. Le Kang étant lui-même
un savoir acquis notamment pour résoudre les problèmes physiques
et même métaphysiques des hommes.
Charles Henri Pradelles De Latour78(*) interviewa l'un des
Ngankang et celui-ci lui raconta comment il avait acquis ce pourvoir
en ces termes :
Quand j'ai pris le Kang, j'avais environ seize ans, je suis
allé chez mon grand-père paternel et lui ai remis quatorze
volailles. Il y en avait sept pour lui et sept pour la cérémonie.
Je suis allé m'asseoir dans une maison où je retrouvai dix huit
de mes frères (3). C'était un jour de liékounk à la
fin de la saison des pluies. On avait fini de danser le mece (4). Nos
aînées nous posèrent sur la tête de grandes familles
de Nénuphar (mbepu) que nous avons attaché avec des tiges de
fougères, puis nous donnèrent deux grandes lianes carrées
(nzetip) que nous avons mis nous même en bandoulière
autour de notre torse de façon à ce que les deux lianes se
croisent sur le devant. Nous étions ainsi revêtus de parures
réservées aux Ngankang (5). Le lendemain matin notre
grand-père paternel qui officiait au titre de« père du
kang» nous donna à manger un taro cuit dans lequel était
enfoncés un morceau de kaolin, une gousse de ndedip (nourriture de
jumeaux) et le fruit mbha que seuls peuvent goûter le chef et
quelques-uns des neufs notables. Il nous demanda ensuite d'avaler sans
mâcher des herbes crues nouées et mélangées à
de l'huile de palme dans un large pétale noir de fleur de bananier
plantain.
Nous sommes restés là, assis dans la maison
pendant quatre jours à ne manger que la nourriture cuite sous la cendre.
Nous n'avions pas le droit de sortir, mais nous n'étions pas seuls. Des
parents et voisins vinrent nous rendre visite.
Le quatrième jour, jour sacré de
liètsuâ, nous sommes sortis dans la cour, où nos
aînés nous ont bandé les yeux avec des feuilles
fraîches de mbepu. Le père du Kang dit alors : kang wé
hô, le kang arrive, et il déversa un sac contenant des os
ayant appartenu à des animaux tels que la panthère, le buffle,
l'éléphant, le caïman... et un os humain (6). Nous en avons
pris chacun à tâtons. Nous avons retiré des feuilles de
mbepu qui bandaient nos yeux et nous sommes partis dans la brousse avec notre
os ramasser toutes sortes de plantes(7). Lorsque nous les avons
apportées, le père du Kang et nos aînés les
trièrent et les repartirent en trois tas. D'un côté il y
avait de bonnes herbes, de l'autre les mauvaises, au milieu celles qui
étaient sans importance.
On nous apprit à les reconnaître pour que nous ne
ramassions plus les mauvaises. Le père du Kang reprit alors
notre os et dit à chacun, dans le creux de l'oreille, le nom de notre
Zhié. Si l'un de nous avait pris un os humain, il avait
été rejeté de l'initiation.
Nous sommes ensuite allés au Kelang où
les nggankang soignent leurs patients. Là, le père du
kang cassa une grande calebasse de vin de palme qui s'est
répandu en formant une flaque, il en ramassa et nous en donna un peu
à boire dans le creux de la main. Il nous fit goûter ensuite pour
la première fois (cübe) neuf ignames différentes (8), de la
viande de chien (9), des champignons et des gâteaux de haricot et de
pistache enfermés dans neuf petits paquets (10).
Après ce grand cube le père du Kang s'approcha
en tenant un coq mort dans chaque main dont il nous frotta le corps. Puis, il
nous donna à chacun quatre coeurs de poule et trois de coq que nous
avons avalé crus sans les mâcher. Le soir, nous sommes
rentrés chez nous.
De cet extrait correspond les notes ci-après :
(3) «Frères'' signifie aussi
cousins parallèles
(4) Le mece était la danse des
récoltes. cf. chapitre III
(5) Les nggankang résidant dans l'Est
du pays bamiléké ne portent pas un masque en tissu noir,
surmonté de cornes de buffle ornée de cauris comme leurs
homologues de l'Ouest.
(6) Plusieurs nggankang m'ont assuré
que tous les animaux de la brousse devaient être
représentés par un de leurs os, mais quand je leur ai
demandé de les énumérer, ils ne m'ont cité que les
plus grands.
(7) Brousse est désigné ici par le terme
kupushâ, qui désigne les forêts galeries
entourant les marigots, et le pays de l'au-delà.
(8) Les ignames sont les suivantes :
«pégang, ku'umbié, lôkfi, ngânyâ,
ndüô, luôaküp, lelô, câushâ,
puonze''.
(9) Certains disent que le chien devait être un chien
à quatre yeux, c'est-à-dire un chien ayant deux tâches
au-dessus des paupières.
(10) ce rite est identique à celui que nous avons
décrit pour l'entrée des sociétaires dans une association
secrète de la chefferie. Cf. chapitre IV.
Il ressort de ce témoignage que le maître
initiateur ici est un prêtre de famille qui avant toute chose
reçoit des volailles dont une partie lui est destinée et l'autre
réservée pour l'initiation. Les liens de parenté
n'excluent pas la donation d'autant plus que tous les postulants au
kang se considèrent déjà comme étant des
frères. L'initiation commence après la saison des pluies et
les
postulants sont revêtus dès le départ de
parures réservées à quelques grands prêtres du
village. Il faut noter que leurs repas sont exclusivement cuits sous la cendre.
Au quatrième jour, les postulants reçoivent effectivement
kang c'est-à-dire que chacun ce jour reçoit sa doublure,
son totem et devient officiellement un ngangkang.
Son nouvel attribut fait de lui désormais un
prêtre, devin, médecin, sorcier, donc un prêtre important. A
ce sujet, selon Obenga, tout dans la société précoloniale
bantu pivotait autour du nganga les naissances, la mort, la guerre,
la chasse, la danse, les travaux agricoles, le destin. Le nganga avait
des pouvoirs vrais ou supposés de dévoiler les secrets
d'opérer magiquement, de traiter n'importe quelle maladie, de fabriquer
des breuvages propres à rendre fécondes des femmes
stériles79(*).
Aussi vient-on consulter les nggankang afin
d'être désensorcelé et de se réconcilier avec les
ancêtres de se purifier et de se faire soigner. Ils
désensorcellent les patients grâce à leur doublure qu'ils
ont reçue lors de leur initiation : à leur
zhié80(*).
Ainsi, le Ngankang est un prêtre qui a
embrassé le métier par vocation et surtout il a suivi au
préalable une formation de quelques jours. Du fait de cette brève
formation, il s'apparente quelque peu aux autres prêtres bamilké
qui gravitent autour du chef prêtre roi qui lui aussi l'est devenu
après une initiation de neuf semaines.
2.4. Les prêtres du monde de la
chefferie
Aussi au niveau royal ou de la chefferie, gravite autour du
prêtre roi une panoplie de prêtresses et prêtres aux
tâches spécifiques et variées. On les dénomme comme
suit : sop , kuipo , Mafo, Nkon , Djuikam , Nkem, Wambo,
sandio, sandio, wentuo, Mekam, Le chef lui-même prêtre
roi dit fo ; assisté de ses prêtres
serviteurs dits wala
2.4.1. Les prêtres sop
Ce sont des prêtres nommés par le
prêtre roi, ils sont soit ses fils soit ses petits-fils. Donc les
prêtres dits sop sont avant tout de la famille royale, de la chefferie,
ce sont en dernier ressort des princes.
2.4.2. Le kwuipo ou
kwete,
Il est un prêtre frère du chef qui est
intronisé et soumis au même rite en même temps que lui. Il
est en quelque sorte le vice-chef. Ce titre est beaucoup plus honorifique que
pratique.
2.4.3. Le tafo ou
(père du chef)
Il est donné au grand-père maternel du
chef ; mais dans certains villages, ce titre est porté par un grand
serviteur81(*).
2.4.4. La Mafo
Elle est une prêtresse très puissante et
très respectée parce que c'est elle la mère du chef ;
les soeurs utérines du chef, sa grand-mère et tantes maternelles
portent le même titre. Mais seule la Mafo mère du chef a
effectivement des pouvoirs politiques. De ce fait, elle entretient à sa
résidence des sociétés masculines et féminines.
Elle intervient aussi dans l'administration de la chefferie ; très
versée dans la coutume, elle est souvent conseiller politique du
chef82(*) .
2.4.5. La prêtresse
Nkon ou Ngup ou Ngop
C'est le titre que porte la première femme du
chef. Elle jouit d'une certaine notoriété auprès des
autres femmes du chef.
2.4.6. Djuikam ou
Djuikop
C'est le titre que porte la deuxième femme du chef chez
les Bamiléké. Aussi, ce titre est porté par la femme qui
accompagne le jeune chef pendant son initiation de neuf semaines au
lakam. Là il est meunkem, s'il est jugé
incapable d'assumer la fonction royale, il est chassé du lakam
et on l'appellera alors désormais sougan83(*).
2.4.7. Les prêtres dits
nkem
Ce sont des serviteurs, roturiers ou anciens esclaves
anoblis. En général, le prêtre roi accorde ces titres en
récompense des services rendus à la communauté. Selon
Apisay Eveline A., cette catégorie des prêtes qu'on retrouve chez
les Awing dans le Nord-Ouest Cameroun s'apparente aux prêtres Sem, Hem
de l'Egypte ancienne84(*) ...
2.4.8. Wambo ou
Wambé
C'est un prêtre au service du prêtre roi. Aussi,
un fils de chef peut le porter et dans ce cas on l'appelle wambo sob.
Les wambo sont choisis du fait de leur dévouement au
prêtre roi ou fon ; ils sont sous les ordres du chef et
font souvent des donations d'huile et de chèvres au chef, ils sont
réputés être des grands magiciens.
2.4.9. Sandio ou
sagon ou Sa
C'est un titre militaire et signifie qui commande et qui
exécute en même temps.
2.4.10. Wanto,
wentuo
C'est également un titre militaire signifie
« qui décapite et qui brûle ».
2.4.11. Mekam ou
mekep,
Ce titre est porté par certains anciens chefs
indépendants et soumis par les grands au cours des guerres. Ces chefs,
actuellement dépendants sont appelés fon'te ou
fan'tio chef dépendant, chef soumis. Ils ont conservé
des attributs de chef avec la seule différence qu'ils ne sont pas
indépendants.
2.4.12. Le fo ou
fon, le prêtre roi bamiléké.
En pays bamiléké du fait de la domination des
institutions par les impératifs religieux et juridiques, le chef est
avant tout un grand justicier et un grand prêtre. Il rend justice au nom
de Dieu, le Si dont il est le représentant terrestre. Il n'est
pas le seul juge du village car la tâche serait très ardue. C'est
ainsi qu'au niveau de la famille, le prêtre de famille ou chef de famille
est un juge dit conciliateur ; au niveau du quartier, le chef de quartier
juge les différends opposant les individus de familles
différentes. Ici la justice n'est pas conciliatoire comme c'est le cas
en famille ; plutôt, le coupable doit payer en plus des dommages et
intérêts une amende notamment de chèvre, vin de raphia et
de palme...
Sur le plan religieux, le chef est toujours assisté de
ses prêtres serviteurs, ceci parce que le chef ne peut procéder
lui-même aux sacrifices, aux offrandes d'huile de palme et de sang sur
les crânes de ses ancêtres. Seule sa présence est parfois
nécessaire d'où le rôle proéminent de ses
prêtres serviteurs dits wala.
2.4.13. Les wala ou
prêtres serviteurs du roi.
Ce sont les serviteurs supérieurs, on peut les
comparer aux secrétaires d'Etat. Ils reçoivent du chef des
attributions précises. Il en existe deux grands types de
wala : les wala ka et les wala Sissi.
- Le wala ka, est une sorte de premier ministre du
roi, il remplace très souvent le prêtre roi dans certaines
cérémonies publiques. En plus de ses fonctions religieuses, il
est aussi chef de guerre et grand juge après le chef.
- Le wala sissi quant à lui a une fonction
essentiellement religieuse. Il officie le culte des ancêtres du roi. Il
est de ce fait gardien des crânes des ancêtres du roi85(*).
En plus des fonctions religieuses, les walas jouent
aussi un rôle politique important notamment lors de l'intronisation du
nouveau chef. En effet, il existe un conseil formé de sept
walas influents qui sont au courant de tous les secrets du
chef86(*).
3. Les Analogies entre les deux
clergés.
Après la présentation des membres du
clergé chez les Egyptiens anciens d'une part et chez les
Bamilékés de l'ouest du Cameroun d'autre part, il nous semble
judicieux de rapprocher ces deux entités dans le sens d'une mise en
évidence des analogies notamment au niveau du fonctionnement de ces
institutions.
Ainsi les prêtres serviteurs du dieu de l'Egypte
ancienne se rapprochent du fait de leur fonction et même de leur
dénomination des prêtres notables chez les Bamiléké
que sont les Nkem, désignés par le chef
Bamiléké, en récompense des services rendus à la
communauté. Ces prêtres Nkem rappellent aussi les
prêtres Sem, Hem de l'ancienne Egypte du fait notamment
de leur rôles non moins négligeables dans les rituels
funéraires.
Bien plus, les prêtres hiérogrammates ou homme de
science de l'ancienne Egypte s'apparentent au Ngankang
Bamiléké qui eux reçoivent la science après une
formation. Ce sont généralement des prêtres professionnels,
médecins et devins.
De même les prêtres horologues et horoscopes de
l'Egypte ancienne, du fait de leurs activités s'apparentent aux
Kamsi Bamiléké qui en quelques sortes, perçoivent
les désirs et les voeux des dieux et les transmettent aux hommes qui
viennent à eux à la recherche d'une solution à leurs
problèmes.
Kamsit en Egypte signifiait, la noire, la
négresse, et était le nom de la prêtresse d'Hathor.
Kamsi chez les Bamilékés est un voyant. Km wr,
«le Grand noir» était le titre d'Osiris.
Bien plus, les prêtres lecteurs Egyptien anciens,
considérés comme les magiciens populaires font penser aux
Wambo ou Wambé Bamiléké qui eux aussi,
sont réputés être des grands magiciens.
Aussi, les prêtres pastophores tout comme les
prêtres de famille chez les bamilékés, ont la
particularité d'avoir l'exclusivité de porter les objets
sacrés lors des divers événements cultuels.
De même, certains prêtres de famille chez les
bamiléké, du fait de leur fonction au niveau de la chefferie,
sont semblables aux prêtres sacrificateurs qui étaient
chargés d'égorger les bêtes consacrées à
l'offrande dans l'Egypte ancienne. Chez les bamiléké, le
même rôle est joué par un prêtre appelé
Gwanom, traduit par « le boucher ». Très
souvent, ce boucher est au service du chef. En même temps, il est aussi
prêtre de famille, héritier d'un lignage important. En outre, les
auxiliaires et les hôtes du corps sacerdotal dans l'Egypte ancienne ont
les mêmes fonctions que les prêtres bamiléké dit
Wala Sissi ; ceux-ci étaient essentiellement au
service du prêtre roi bamiléké encore appelé
FO ou FON.
Le Fo, prêtre roi Bamiléké au
même titre que le Pharaon, per âa, des Egyptiens anciens
est perçu comme étant le représentant terrestre du Dieu
suprême, lequel lui a confié son troupeau que sont les hommes.
Le première femme du chef Bamiléké tout
comme celle du pharaon continue à jouer un rôle politique
important auprès de son illustre époux. Elle trône sur
toutes les associations féminines, nous rappelant ainsi les rapports
ayant existé entre la reine elle-même ou une princesse et les
prêtresses musiciennes des temples égyptiens anciens.
Jusqu'ici, nous avons défendu la thèse de
l'existence d'un clergé traditionnel égypto-africain aux
dénominations et attributions communes. Au regard du contexte religieux
actuel dans lequel nous évoluons, il nous semble plausible de comparer
ce clergé égypto africain par rapport à celui de
l'occident chrétien ceci dans une perspective de primauté de l'un
par rapport à l'autre.
II - Quelques éléments de primauté
du clergé égyptien ancien et bamiléké par rapport
au clergé occidental chrétien
Le mot «primauté'' est dérivé du
latin primus et il exprime la prééminence, le premier
rang. Il s'agit pour nous ici d'analyser en quoi le clergé africain
notamment égypto nubien et bamiléké occupe le premier rang
vis-à-vis du clergé occidental chrétien. Notre approche
va essentiellement s'appuyer sur des arguments chronologiques notamment de
durée attestée dans le temps ceci pour poser l'ancienneté
et la continuité du clergé africain par rapport au clergé
occidental chrétien.
1. L'ancienneté du clergé
égyptien ancien et bamiléké.
L'ancienneté ici stipule l'avènement premier du
clergé africain, égyptien ancien par rapport au clergé
occidental chrétien. Les sources égyptiennes sont
évidentes à ce sujet notamment depuis 1883, date de la
publication des copies de papyrus de Nelseni, Qenna, Neb-qet et de
Sutines, les textes des sarcophages de Berlin, le papyrus de
Turin, le livre de l'ouverture de la bouche, le livre
des barrières et la première portion du livre de
Unas87(*). Dans
les années qui suivirent les éditions de beaucoup de papyrus
magiques religieux et liturgiques, apparurent et avant la fin du dernier
siècle, le matériel disponible pour une recherche dans le
caractère de la religion égyptienne était
abondant88(*).
Bien plus, les textes grecs anciens présentent aussi
l'Egypte comme étant le berceau de toute science et de toute sagesse et
les plus célèbres parmi les savants ou les philosophes
hellènes ont franchi la mer pour chercher auprès des
prêtres l'initiation à de nouvelles sciences. Ainsi, Orphée
prit part en Egypte, aux fêtes de mystères dionysiaques,
Thalés de Millet fit un voyage chez les prêtres et les astronomes
d'Egypte89(*), Platon
semble avoir cherché en Egypte à s'instruire sur la
géométrie et la théologie (vie anonyme), et sur la science
sacerdotale en général (olympiodore, vie de Platon)90(*).
Au cours d'un colloque international tenu à
Yaoundé en 2003, le père Hebga relevait l'importance de
l'Egyptologie dans l'attestation de l'ancienneté de l'Egypte
vis-à-vis de la Grèce. Pour lui donc, de nos jours dans la
foulée de Cheikh Anta Diop, l'éminent initiateur de l'Ecole
africaine d'Egyptologie, cette science plurielle, (histoire,
archéologie, grammaire, physique, mathématique, etc...), a fait
en quelques années des progrès impressionnants. L'intelligentsia
africaine, nonobstant le tir de barrage de ceux dont les théories
idéologiques s'effritent devant la vérité implacable des
faits, prend de l'assurance et parle avec compétence et fermeté.
L'Egypte pharaonique, mère et maîtresse de la Grèce et de
son miracle présente une parenté saisissante avec les peuples de
l'Afrique noire, comme l'attestent entre autres, l'analyse linguistique,
l'examen minutieux des migrations, l'observation des recoupements culturels.
Au cours du même colloque, l'Egyptologue camerounais
Pierre Oum Ndigi, en relevant l'importance de l'Egyptologie pour l'histoire de
la pensée évoquait aussi l'ancienneté de l'Egypte
vis-à-vis de l'occident chrétien. A cet effet, il citait un
britannique du XIXe siècle, M. Brown, 1827, : 2-3 qui
avait écrit ceci :
Les ruines de l'Egypte offrent à l'antiquaire et
à l'historien une source d'intérêt inéquitable.
Malgré les dénégations des sceptiques, le pays des
pharaons fut incontestablement le berceau des arts et des sciences, et le
flambeau du vieux monde. Le sol de la Grèce et de l'Italie était
encore couvert de ses forets primitives et peuplées de bêtes
sauvages ou d'hommes non moins barbares qu'elle, et déjà, la
vallée du Nil possédait des habitants qui avaient bâti des
temples en l'honneur de leurs dieux, et dressé des colonnes
destinées à transmettre les noms de leurs rois. Cette haute
antiquité n'est point établie sur des chronologies douteuses, ou
sur de doctes et vagues spéculations, elle repose sur des faits
qu'aucune controverse ne saurait détruire.
Dès l'époque même de moïse, l'Egypte,
florissante par ses lois, ses institutions, la variété de ses
connaissances, aussi bien que par sa force politique, paraît avoir
atteint cette période de perfectionnement dans lequel les nations en
général demeurent plus ou moins des temps stationnaires. Toutes
les inductions que fournit l'histoire sacrée nous montrent le peuple
égyptien comme jouissant à un haut degré des avantages
résultants des formes politiques et religieuses qui leur étaient
particulières.
Dans cet âge reculé, la science des Egyptiens
était passée en proverbe, et il est très vraisemblable que
le célèbre législateur de la sagesse que lui avait
enseignée la tradition ou son étude personnelle dans le pays de
sa naissance et de son éducation. (certains termes de l'ancien
français ont été conservés comme tels dans le texte
original).
De ce texte, il se dégage que l'Egyptologie pour
l'histoire de la pensée humaine est importante en ce sens qu'elle a
fait reculer l'histoire de la pensée humaine de plusieurs milliers
d'années transférant par là-même son berceau
prétendument grec en terre africaine91(*).
Cette ancienneté de la civilisation égyptienne
en terre africaine malgré les diverses invasions dont a
été victime l'Afrique n'a jamais totalement disparu, elle a
survécu à toutes les formes d'oppression religieuse, politique,
économique, culturelle étrangères. Et, cette survivance se
vérifie encore de nos jours dans le clergé de la religion
traditionnelle africaine qui se présente comme étant la
continuité du clergé de l'Egypte pharaonique.
2. La continuité du clergé
égyptien ancien et bamiléké
Le mot continuité vient du latin continuitas
et signifie, l'état de ce qui est d'une seule tenue. Il s'agit de
montrer comment le clergé égyptien ancien et
bamiléké a préservé ses éléments de
base depuis la haute antiquité égyptienne jusqu'à nos
jours, éléments perceptibles chez les peuplades noires
éparpillées actuellement dans le monde entier en particulier aux
Amériques et en Afrique.
En effet, en Egypte, grâce à l'excavation des
tombes des périodes prédynastiques archaïques et des
premières dynasties faites à Abydos, Nagadah, Ballas et d'autre
part de la Haute Egypte, il avait été prouvé que les
croyances religieuses de ceux qui avaient bâti ces tombes étaient
en substance la même dans toutes les trois périodes. Et, il
devenait clair que le caractère général de la religion des
Egyptiens dynastiques était identique avec celui de la religion des
Egyptiens primitifs92(*)
En Eté 1897, Wallis Budge se trouvait à Marawi,
dans la province de Dongola du Soudan égyptien, et il avait
constaté que les croyances de ces peuples du Soudan étaient
similaires à ceux consignés dans le Livre des morts des anciens
Egyptiens. La similitude était surtout plus frappante dans les districts
du Sud et l'Ouest Soudan ; région n'ayant pas encore subi
l'influence européenne.
Wallis Budge percevait l'africanité de l'Egypte en
lisant aussi les écrits des voyageurs tels que Ibn Batûtah et Mr.
Wad's qui avait écrit Voice from Congo. A la
fin Wallis Budge avait constaté que les croyances des Soudanais modernes
étaient identiques à celles de l'Egypte ancienne, parce que les
Egyptiens étaient des Africains au même titre que les Soudanais
modernes.
Après avoir arrangé ses notes et extraits issus
des travaux des voyageurs, il devenait apparent que la religion
égyptienne était centrée sur Osiris et son culte. Le culte
Osirien d'après lui était l'illustration parfaite du
monothéisme ontologique et du polythéisme liturgique de la
religion africaine. En effet, l'Etre suprême Osiris trônait sur les
divinités secondaires au même titre que le Dieu suprême chez
les bantu. Le Dieu suprême Si chez les Bamiléké de
l'Ouest du Cameroun trône aussi sur de nombreuses divinités
secondaires.
Aussi, pendant plus de trois millénaires, le peuple
égyptien est resté attaché à ses croyances
religieuses qui, elles, étaient entretenues par des prêtres dont
le rôle n'a pas beaucoup changé depuis tout ce temps.
Aussi, de tout temps, le pharaon égyptien tout comme le
roi africain travaille à maintenir l'ordre universel en assurant le
culte divin et en dictant les lois aux hommes ; telle sera toujours la
double fonction essentielle du roi d'Egypte, du premier des pharaons au dernier
des empereurs romains païens, pendant près de 3500 ans93(*).
En outre les prêtres de famille existaient
déjà en Egypte et cette fonction était
héréditaire. Au Nouvel Empire, il arrive qu'un homme puisse
réclamer une charge sacerdotale dans un temple en disant simplement
qu'il est fils d'un prêtre de ce culte. Mieux encore, les stèles
de Basse Epoque nous exposent parfois la généalogie de ceux qui
les ont dédiées, et certains d'entre eux se réclament de
dix sept générations d'ancêtres, prêtres du
même dieu : on peut vraiment parler de dynasties sacerdotales.
D'autres stèles notamment celle du grand prêtre
de Ptah, Pcherenptah, montrent que douze cent ans plus tard, les rois
procédaient de la même manière pour désigner le
pontife suprême. En effet, le roi installait le premier prophète
dans ses fonctions en disant :
«Te voici désormais grand prêtre
d'Amon : ses trésors et ses greniers sont sous ton sceau. Tu es le
chef de son temple, tous ses serviteurs sont sous ton autorité. Quant au
temple d'Hathor, dame de Dendéra, il passera sous l'autorité de
ton fils ainsi que les fonctions de tes pères et le siège que tu
occupais94(*) »
Par ailleurs, même avec la fin de l'Egypte des pharaons,
les prêtres africains fondent la civilisation en Afrique noire, depuis la
haute antiquité africaine, depuis l'Egypte des pharaons... En ce sens
le nganga a créé une tradition culturelle et
scientifique en Afrique noire d'une richesse inouïe. Il a
été des millénaires durant témoin de la lutte des
hommes pour être et vivre devant la lumière du soleil95(*).
Même avec la colonisation, le clergé traditionnel
africain n'a pas disparu devant le clergé occidental chrétien. En
ce sens Pierre Erny affirme que l'éducation scolaire, le progrès
technique et l'acheminement vers une mentalité
« moderne »ne vont pas nécessairement de pair avec
un affaiblissement de ces croyances96(*)
Et cela tient de l'éthique africaine que diffère
totalement de celle qui prévaut en occident, Meinrad P. Hebga
relève que la différence essentielle fondamentale entre notre
éthique et celle qui tend à prévaloir en occident est que
nous continuons à appeler aujourd'hui contre-nature les
déviations sexuelles que nos ancêtres appelaient de ces noms,
tandis qu'en occident l'on proclame que les moeurs ont changé, les
mâles peuvent s'unir entre eux, et les femmes entre elles...97(*).
Aussi, chez les bamiléké de l'Ouest du Cameroun,
Enock Kwayeb a relevé la continuité du rôle du
clergé traditionnel au niveau du pouvoir politique, de la justice, des
coutumes, des associations coutumières, au niveau même de la
santé.
En ce qui concerne le pouvoir politique du chef qui est en
même temps prêtre du village, il cite Félix Eboué
qui, en 1941, relevait la pré-existence du chef même s'il
était déposé par le pouvoir colonial. Et Kwayep remarquait
à cet effet que sous l'administration française, la source du
pouvoir traditionnel n'a pas changé ; le chef étant toujours
désigné par la coutume98(*)
Au niveau de la justice, les villageois continuent à
porter devant le chef même les affaires pénales les plus graves et
que ce dernier continue à juger d'après la coutume99(*).
Au niveau des coutumes malgré la colonisation, les
« évolués» tout en ridiculisant les
traditions ne continuent pas moins à leur donner une certaine valeur
notamment en achetant les titres de noblesses auprès des chefs100(*).
Bien plus, bien que la colonisation ait
précipité la régression des sociétés ou
associations coutumières, elles n'ont pas disparu, tel est le cas des
sociétés très anciennes en particulier le
kamve qui est l'organe intronisateur du chef et en même
temps organe consultatif101(*).
Enfin, même au niveau de la santé, l'influence
des ancêtres et des sorciers demeure très grande, le
bamiléké resté dans son village continue à croire
que si ses ancêtres sont contents, il ne sera pas malade et la mort est
toujours due à une cause surnaturelle.
En résumé, il s'est agi pour nous tout au long
de ce chapitre de présenter à la fois l'ancienneté et la
continuité d'un clergé égyptien ancien et
bamiléké. Une telle entreprise a nécessité au
préalable une présentation de l'état des sources sur
l'existence ou non d'un clergé traditionnel égyptien ancien et
bamiléké. Nous en sommes arrivés à la conclusion
que la négation d'un clergé égypto africain était
plutôt le résultat des travaux d'individus beaucoup plus
guidés par une idéologie à caractère eurocentriste
que par les faits de science pure. C'est ainsi que basant nos propos sur des
sources anciennes et diverses, nous avons pu démontrer depuis l'Egypte
Pharaonique jusqu'aux peuples négro-africains actuels, notamment les
Bamiléké de l'Ouest du Cameroun, l'existence d'un clergé
traditionnel propre à la sphère égypto africaine aux
dénominations et attributions communes.
Pour terminer, influencé par le contexte actuel de
guerre interposée entre les religions dites universalistes que sont
l'islam, le judaïsme et le christianisme, nous avons jugé
nécessaire, de comparer la religion traditionnelle africaine à
celle de l'occident chrétien notamment du fait que nous partageons
depuis quelques siècles une histoire commune. L'ancienneté et la
continuité du clergé de la religion égypto africaine par
rapport à celle de l'occident chrétien telles que posées
par nous est une contribution heuristique à l'entreprise d'exhumation de
l'identité religieuse égypto-africaine dont la modernité
n'est pas le moindre des traits saillants. .
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traditionnelles de l'Ouest du Cameroun : le cas de la chefferie Bamendjoun
Essai d'Histoire sociale», Mémoire de Maîtrise en Histoire,
Université de Yaoundé I, 1997.
Tcheho Isaac Celestin, «Characters and community in some
folktakes and proverbs from yogam village in Bamiléké land»
Mémoire D.E.S Letters, University of Yaounde, 1975.
Tchoupa Joseph, «Le culte du crâne en pays
bamiléké et son évolution», Mémoire
diplôme ESIJY, Université de Yaoundé, 1977.
Tchoupa Paul, «Education traditionnelle chez les
Bamiléké de Bamendou à partir de quelques contes»,
Mémoire de D.E.S. en Sociologie, Université de Yaoundé,
1971.
4. Thèses
Chendjou Kouatcho Jean Joseph, «Les
Bamiléké de l'Ouest Cameroun : Pouvoirs économie et
société 1850-1916 : La situation avant et après
l'accentuation des influences européennes», Thèse
3ème cycle en Histoire, Université de Paris I
panthéon Sorbonne, 1986, 2 vol.
Fotso Justin, «Polygamie et religion chrétienne
chez les Bamiléké de l'Ouest Cameroun», Thèse
3ème cycle en Théologie, Université des
Sciences Humaines de Strasbourg, 1978.
Fouomena (J.), «Anthropo-logique existentielle et
Dia-logique Symbiotique de l'Oblation», Thèse de Doctorat
3eme cycle en Anthropologie, Université de Lyon, 1985.
Ghomsi (E), «Les Bamiléké du Cameroun,
Essai d'Etudes historiques des origines à 1920», Paris,
Université de Paris, Thèse de Doctorat 3eme cycle en
Histoire, 1972
Ombolo Jean Pierre, «La genèse du fait religieux
en Afrique Noire, sens et puissance du monothéisme des Bantou. (Avec un
tableau alphabétique de localisation des ethnies d'Afrique) : Une
contribution à l'ethnologie religieuse de l'Afrique, Yaoundé,
[S.N], 1980.
Pradelles de Latour, «Charles Henry : Le champ du
Langage dans une chefferie Bamiléké», Paris, thèse de
Doctorat es Lettres et Sciences Humaines, 1986.
4- Dictionnaires et encyclopédies
Anderson Stephen C, Dictionnaire Ngyemboon
Français, Edition Prépublication, SIL, Yaoundé, 1987.
Anderson Stephen C, Lexique Français
Ngyemboon, Edition prépublication, SIL, Yaoundé, 1987.
Dictionnaire de français, Larousse-Bordas
1997.
Harrap's shorter Dictionary, English French / French English,
7 Hope town
crescent, Edingburgh, EH74AY, UK, chambers Harrap Publishers,
Ltd, 1996.
L'Arabe Philipe, Fiedman, Encyclopaedia
Universalis Thesaurus Index, Encyclopedia Universalis, Editeur à
Paris. E.U. France S.A, 1985.
Mpondo Epo, Le Cameroun et ses hommes,
Yaoundé, Sherpa, 2000.
Posener Georges, Dictionnaire de la civilisation
égyptienne, Paris VI, F. Hazan, 1959.
Simon & Schuster, Encyclopedia of African South of
Sahara vol 1, New York, Macmilan Larousse, 1997.
5. Sources orales
Megny Hortense, 60 ans environ, prêtresse
traditionnelle bamiléké, Yaoundé le 2 Août 2005.
Megny Florence, 42 ans environ, prêtresse
traditionnelle bamiléké, Yaoundé le 27
Décembre2005.
Simeu Suzanne, 46 ans environ, commerçante,
Yaoundé le 12 septembre 2005.
Tetchuang Madeleine, Ménagère, 45 ans environ,
Ménagère, Yaoundé le 10 octobre 2005.
Mewakam Jacqueline, commerçante, 42 ans environ,
commerçante Yaoundé le 18 octobre 2005.
Kenmoé Israël, enseignant, 50 ans environ,
Yaoundé le 6 Décembre 2005
Kadjie Samuel, enseignant, 65 ans, Bafoussam le 11 juillet
2005.
Glossaire Ghomala du chapitre rédigé
Bemmo : dieu créateur de l'homme
Bemmou : dieu créateur de l'enfant
Djuikam : prêtresse deuxième femme
du prêtre roi
Dzodie :prêtre de famille
Fon'te ou fan'tio : prêtre roi jadis
soumis mais devenu indépendant
Fo ou fon : grand prêtre roi
bamiléké
Kamsi : prêtre notable du Dieu
suprême bamiléké Si
Kang : savoir détenu par les
ngankang
Kang we ho : le kang arrive
Kuipou ou kwete : vice prêtre roi
et frère du prêtre roi
Mafo : prêtresse mère ou soeurs
utérines ou grand mère ou tante Mbha : fruit
réservé pour les chef et notables
Mekam ou mekep : prêtre roi
soumis et vassal à un autre prêtre roi plus puissant que lui
Ndedip :fruit symbolisant tout acte de donation
Ngankang : prêtre professionnel
médecin et devin
Nganga :synonyme de ngankang est aussi
prêtre professionnel médecin et devin ... chez les bantu
Nkem : prêtre investi par le prêtre
roi
Nkon ou ngup ou ngop :
prêtresse première femme du prêtre roi
Sandio ou sagon ou sa :
prêtre soldat
Sop : prêtre bamiléké de
sang royal
Si : Dieu suprême
Sigoun : Dieu créateur du monde
Tafo : prêtre père du prêtre
roi. Titre porté aussi par un grand serviteur du prêtre roi
Wala : prêtre serviteur du prêtre
roi
Wala ka : sorte de premier ministre du
prêtre roi
Wala sissi : prêtre chargé du culte
des ancêtres du prêtre roi
Wambo ou wambe : prêtre investi
par le prêtre roi Bamiléké
Wantuo, wentuo : prêtre soldat
Zhiè :totem, doublure d'un prêtre
Bamiléké
ANNEXES
* 1 C.A. Diop, Nations
Nègres et culture. De l'antiquité nègre égyptienne
aux problèmes culturels de l'Afrique noire d'aujourd'hui 3eme
ed.t1., Paris, Présence Africaine, 1979.
* 2 Senghor et le mouvement de
la négritude.
* 3 Telle que celui
développé par Hegel.
* 4 Le philosophe R. Guenon,
auquel on doit le renouveau des études traditionnelles à
l'époque contemporaine, n'a cessé de rappeler cette
vérité fondamentale : « toutes les
déformations de la notion de tradition ont pour caractère commun
de faire descendre l'idée de tradition à un niveau purement
humain, alors que tout au contraire, il n'y a et ne peut y avoir de
véritablement traditionnel que ce qui implique un élément
d'ordre supra humain. C'est là en effet, le point essentiel, celui qui
constitue en quelque sorte la définition même de la tradition et
de tout ce qui s'y attache.
* 5 T. Obenga, La
philosophie africaine de la période pharaonique 2780-330 avant notre
ère, Paris, l'Harmattan, 1990, pp.29-45.
* 6 Cérémonie
traditionnelle de socialisation de l'adulte au plus haut niveau lui donnant le
droit de s'asseoir sans crainte sur une chaise n'importe où.
* 7 L'image qui nous a
inspiré est la fig.31 de la Civilisation égyptienne
d'Adolph Erman et Herman Ranke aux pages 111 et 159. Elle présente des
paysannes porteuses d'offrandes à l'Ancien Empire. Nous en avons
recensé des images similaires dans Atlas de l'Egypte ancienne
réalisé par John Baines et Jaromir Malek aux pages
196 et 292 ; dans le Dictionnaire de la civilisation
égyptienne de Gorges Posener, Serges Sauneron et Jean Yoyotte aux
pages 118 et 227.
* 8 L.V. Thomas et R. Luneau.
Les religions d'Afrique noire : textes et traditions
sacrés ; Paris, Fayard Denoel,1969, pp.8-9.
* 9 Ibid. pp. 155-156.
* 10 Ibid. p.6.
* 11 Ibid.p.8.
* 12 T. Obenga, Les Bantu
.Langues, peuples et civilisation, Paris , Présence africaine,
1985,pp.208-209.
* 13 Ibid. p. 209.
* 14 P.Harter, Arts anciens
du Cameroun, Arnouville, Arts d'Afrique noire, 1986, pp.269-270
* 15 D. Valbelle, Histoire
de l'Etat pharaonique, Paris, P.U.F, 1998, p.147.
* 16 Ibid.
* 17 E. Adolf, R. E, La
civilisation égyptienne, Paris, Payot, 1980, p.122.
* 18 Ibid , p.349.
* 19 Ibid , pp.354-364.
* 20 E. Hornung, La grande
histoire de l'Egyptologie, Paris, Rocher,1998,pp.85-86.
* 21 D. Valbelle, Histoire
de, 1998, pp. 298-301.
* 22 C.Traunecker, Les
Dieux de l'Egypte, Paris, P.U.F., 1992, p.106.
* 23 S. Sauneron, Les
prêtres de l'ancienne Egypte, Paris, Seuil, 1962, pp.1-5.
* 24 Ibid.p.149.
* 25 Ibid.p.25.
* 26 Emmanuel Ghomsi ,
«Les Bamiléké du Cameroun, Essai d'Etudes historiques des
origines à 1920», Paris, thèse de Doctorat 3eme
cycle en Histoire, 1972, p.199.
* 27 Ibid.,pp.33-34.
* 28 M. P. Hebga,
« Eloge de l' « ethnophilosophie »
», Revue française africaine, n°123, 3eme
trimestre 1982, p.34.
* 29 Ibid.p.36.
* 30 M. P. Hebga, «
Plaidoyer pour les logiques d'Afrique noire», Revue
française Recherche et débats, Paris, Fayard, 1958,
p.108.
* 31 La période
pré-coloniale en Egypte s'étend de 3200 avant J.C.
jusqu'à l'époque perse en 332 B.C. Pour l'Afrique au Sud du
Sahara, elle s'étend des origines à la conférence de
Berlin de 1884.
* 32 Selon le Pr. Thierno
Bah, ... le développement de l'historiographie africaine à
l'intérieur même du continent est lié à des
mutations d'ordre politique, économique et structurel. La lutte
anticolonialiste a retourné les arguments qui légitiment la
succession c'est-à-dire les arguments de l'histoire colonialiste qui
apparaît dans les thèses de Hegel par exemple. A la
négation du passé de l'Afrique a répondu son exaltation.
Les leaders nationalistes ont fait une sorte de pèlerinage vers les
sources à la recherche des bases et de repères à
l'édification d'une conscience nationale... A cet égard, il est
intéressant de se pencher sur la conception de l'histoire d'un
nationalisme de prou, c'est dans son ouvrage intitulé le
Consciencisme, que Nkrumah avec un engagement manifeste précise sa
pensée concernant la nouvelle conception de l'Histoire en
Afrique... cette vision de Nkrumah a eu une influence considérable
sur une vision de l'historiographie africaine et a inspiré dans une
large mesure la naissance en 1972 à Dakar de l'Association des
historiens africains.
* 33 E. Ghomsi, «
Les bamiléké du Cameroun, Essai d'Etudes
historiques des origines à 1920», Paris, Thèse de
Doctorat. 3eme cycle en Histoire, Paris, Sorbonne, 1972.
* 34 M. Grawitz,
Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 1986, p.
361.
* 35 L. Delbayle,
Introduction aux méthodes en sciences sociales, Toulouse,
Privat, 1978, p. 21.
* 36 En 1822, champpollin
reçoit les documents d'Egypte parmi lesquels figurent le nom de Ramses
II relevé dans son temple nubien d'Abou Simbel. Il s'agit de la forme
la plus simple de nom royal. Grâce aux cartouches de
Ptolémée figurant sur la Pierre de Rosette, il sait que les deux
derniers signes correspondent à deux «s» en
hiéroglyphes. Le premier signe qui représente le soleil se dit
«ra» en copte, langue que Champollion avait
étudié.
Cela le conduit à penser qu'il s'agit de
«Ramsès» nom connu par les sources grecques ; sa
lecture est juste à ceci près qu'il attribue à chaque
signe la valeur d'une consonne. lui donne la valeur
«m » ceci a tort. D'autre part s'appuyant sur le verbe copte
«mice » qui signifie « mettre au monde» il
lit « Râ l'a mis au monde» . C'est ainsi que
l'écriture égyptienne qui associe les signes idées et les
signes sons sort de l'oubli. Champollion lit ensuite un deuxième nom
royal celui de Thoutmosis . Dans ce nom l'ibis est
complété par les signes « mes » et
« es » puis grâce à des copies, il traduit la
pierre de Rosette dont il ne verra jamais l'original.
* 37 Ensemble des doctrines
concernant le sort de l'homme après sa mort et la fin du monde.
* 38 J. Jahn, Muntu
(l'homme africain et la culture néoafricaine), Paris, Seuil, 1961,
pp. 32-33.
* 39 Ibid.
* 40 Ibid. p. 53.
* 41 Ibid. p. 54.
* 42Ibid.
* 43 H. P. Meinrad, Afrique
de la Raison, Afrique de la foi, Paris, Karthala, 1995, p. 96.
* 44 Ibid. pp. 104 -105.
* 45 Ibid. p. 111.
* 46 Ibid. p.113. cf. H.
Laborit ,Les aventures de la raison dans la pensée et les sciences
contemporaines, in, Le monde d'aujourd'hui, p. xiii, 29--30 juillet 1984.
* 47 H.Deschamps, Les
religions de l'Afrique noire. Que sais-je n°632, Paris, P.U.F., 1962,
p.111.
* 48 Ibid. p. 111.
* 14 H.P. Meinrad, Afrique
de la raison, 1995, pp. 115- 116.
* 15 Ibid.
* 16 Ibid. p. 116.
* 17 Du latin fide,
foi, c'est un système qui place la connaissance des premières
vérités dans la foi et donne prééminence de la foi
sur la raison.
* 18 H. Maurier,
Philosophie de l'Afrique noire, Anthropos- Institut.e.v. st .
Augustin , 1985, p.82.
* 19 Religieux de l'ordre de st
François d'Assise.
* 20 H.P. , Meinrad,
Afrique de, 1995, pp. 118-119.
* 21 H.P., Meinrad,
« Eloge de l'«« ethnophilosophie »
» , Revue Présence Africaine, n° 123-3e
Trimestre 1982, p.27.
* 22Ibid. p.28.
* 23 Ibid.
* 24 Ibid. p. 24.
* 25 Ibid., p.33.
* 26 H. Meinrad,
« Egypte pharaonique et peuples Africains : trois points de
rapprochement », Relecture critique des origines
de la philosophie et ses enjeux pour l'Afrique, Actes du colloque
international de Yaoundé du 01 au 05 Dec. 2003, pp. 259-280.
* 27 F. Hegel, Leçon
sur la philosophie de l'histoire, trad. Française, Vrin, 1979, pp.
156-265.
* 28 P. Oum Ndigi,
« Egyptologie, langues et philosophie africaines »,
Relecture critique des origines de la philosophie et ses enjeux pour
l'Afrique, Actes du colloque international de Yaoundé du 01 au 05
Dec 2003, pp.39-52.
* 29F. Hegel, leçon
sur la,1979, pp. 156-265.
* 30 P. Oum Ndigi,
« Egyptologie, langues et », 2003, pp. 39-52.
* 49 J. Christian, Les
grands monuments de l'Egypte ancienne
* 50 S. Sauneron, Les
prêtres de l'ancienne Egypte, Paris, Seuil, 1961, pp.32-33.
* 51 A. Erman/H. Ranke, La
civilisation égyptienne, Paris, Payot, 1980, pp.348-349.
* 52 Un prophète est une
personne qui annonce les desseins divins et leurs manifestations futures.
* 53 S. Sauneron, Les
prêtres de l'ancienne, 1961, pp.59-60.
* 54 L. Gahlin, L'Egypte,
Dieux, mythes et religion, Paris, EDDL, 2001, p.113.
* 55 S. Sauneron, Les
prêtres de, 1961, p.61.
* 56 S. Sauneron, Les
prêtres, 1961, pp.65-67.
* 57 Ibid., p.70.
* 58 Ibid.
* 59 Ibid.
* 60 Ibid., p.61.
* 61 Ibid.
* 62 Ibid., p.64.
* 63 Ibid.
* 64 A. Erman/H. Ranke, La
civilisation égyptienne, Paris, Payot, 1980, p.376.
* 65 S. Sauneron, Les
prêtres, 1961, pp.65-67.
* 66 Un bedeau est un
employé laïque préposé au service matériel et
au bon ordre dans une église.
* 67 S. Sauneron, Les
prêtres, 1961, p.71.
* 68 Ibid., p.98.
* 69 E.Ghomsi, ``Les
Bamiléké du Cameroun, Essai d'Etude historique des origines
à 1920'', Thèse de Doctorat 3ème cycle en
Histoire, Sorbonne, 1972, pp.201-203.
* 70 J. Fouomena,
«Anthropo-logique existentielle et Dia-logique symbiotique de
l'oblation», Thèse de Doctorat 3ème cycle en
Anthropologie, Université de Lyon, 1985, p.196.
* 71 S.C. Anderson,
« Skulls, Gods and revenge in a Bamileke text.'' , Notes on
anthropology and intercultural community work,
Yaoundé, SIL, 1987, p.7.
* 72 J. Fouomena,
« Anthropo-logique'', 1985, p.196.
* 73 Est
considérée comme agression extérieure tout acte
d'injustice, de sorcellerie, de vol dont est victime, le prêtre de la
famille ou tout membre de sa famille.
* 74 E. Ghomsi, «Les
Bamiléké du Cameroun» , 1972, p.129.
* 75 Ibid.
* 76 S.C. Anderson,
« Skulls, Gods and », 1987, p.6.
* 77 Entretien avec Meny une
prêtresse à Obili, Yaoundé le 27 décembre 2005.
* 78 C.H. Pradelles De Latour,
« Le champ du langage dans une chefferie
bamiléké» , Thèse de Doctorat ès lettres
et sciences humaines, Paris, 1986, pp.234-326.
* 79 T. Obenga, Les Bantu.
Langues, peuples et civilisation, Paris, Présence Africaine, 1985,
p.83.
* 80 C.H. Pradelles De Latour,
« Le champ du langage », 1986, pp.339-340.
* 81 Ibid. p.54.
* 82 J.P. Notué,
« Contribution à la connaissance des arts Bandjoun
(Ouest-Cameroun) », Diplôme d'Etudes supérieures en
Histoire de l'art, Université de Yaoundé, 1978, p.42.
* 83 D'après M.
Kadjié Samuel à Bafoussam, en Novembre 2005.
* 84 E. Apisay A., «La
mort et les pratiques funéraires en Egypte ancienne et au Cameroun: le
cas des conceptions égyptiennes anciennes et des Nguemba d'Awing»,
Mémoire de Maîtrise en Histoire, Université de
Yaoundé I, 2004, p.82.
* 85 K.K., Enock,
« Les institutions de droit », 1960, p.63.
* 86 Ibid.
* 87 E. A. Wallis Budge,
Osiris and the Egyptian resurection, New York, Dover publication,
1911, p. XIII.
* 88Ibid.
* 89 S. Sauneron, Les
prêtres de l'ancienne Egypte, Paris, Editions du Seuil, Paris, 1962,
pp.111-114.
* 90 ibid.
* 91 P. Oum Ndigi,
« Egyptologie, langues et philosophies» , 2003, p.43.
* 92 E.A. Wallis Budge,
Osiris and the Egyptian, 1911, p.XIV.
* 93 S. Sauneron, les
prêtre de, 1962, p.31.
* 94 Ibid., p.45.
* 95 T. Obenga, Les
Bantu., Langues, 1985, p.290
* 96 P. Erny, L'homme
divers et un. Positions en Anthropologie, Paris, l'Harmattan, 2001,
p.266.
* 97 H.P. Meinrad,
«Egypte pharaonique et peuples africains», 2003, pp.275-276.
* 98 K.K. Enock, Les
institutions de droit, 1960, p.96.
* 99 Ibid., p.108.
* 100 Ibid.,p.112
* 101 Ibid., pp.130-131.
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