UNIVERSITE MONTESQUIEUX- BORDEAUX IV
INSTITUT REGIONAL DE GESTION ET D'ADMINISTRATION DES
ENTREPRISES
Mémoire en vue de l'obtention du
Diplôme des Etudes Approfondies en
Sciences de Gestion
Le rôle des investisseurs institutionnels dans la
gouvernance des sociétés cotées
Sous la direction de:
M. le professeur Gérard HIRIGOYEN
Présenté et soutenu par :
Koussay AMMAR
Année universitaire 2003 - 2004
DEDICACE
A mes yeux : mon père et ma mère
Aux coeurs chaleureux : mes frères et mes soeurs
A mes amis
REMERCIEMENTS
Je tiens à dire mes reconnaissances et mes
remerciements au Professeur :
M. Gérard HIRIGOYEN
qui m'a bien aidé à la réalisation de ce
mémoire et qui a le rôle majeur dans ma progression dans les
pratiques de la recherche, que ce soit par son soutien scientifique ou par son
esprit parental.
J'aimerais également remercier tous mes professeurs du
DEA de Sciences de Gestion pour leurs remarques et leurs orientations pendant
les cours universitaires.
Abréviation :
.
Ø FIE : Fonds d'investissement
étrangers
Ø OPCVM : Organisation de
Placement Collectif en Valeurs Molières
Ø zinzins : Les investisseurs
institutionnels
LE
PLAN
INTRODUCTION GENERALE
Première Partie: La mise en évidence
d'un modèle européen de la gouvernance d'entreprise
Chapitre1 : Une vision globale de la gouvernance
d'entreprise
Section 1 : La gouvernance d'entreprise : origines,
diversité
(1-1) les propositions de la théorie de l'agence en ce
qui concerne le conflit entre dirigeants et actionnaires
(1-1-1) : Les sources du conflit
dirigeants /actionnaires
(1-1-2) : Les mécanismes d'alignement du
comportement des dirigeants sur le critère de maximisation de la valeur
actionnariale
(1-2) La mise en cause des modalités classiques de
résolution du problème d'agence
Section 2 : L'évolution de deux modèles de
la gouvernance d'entreprise
(2-1): L'approche théorique de l'interaction entre les
systèmes financiers et légaux d'un pays et le modèle
adopté de la gouvernance d'entreprise
2-1-1: Les systèmes orientés-banques contre les
systèmes orientés-marchés : l'analyse fondée
sur les contrats incomplets
2-1-2: L'influence des facteurs juridiques nationaux sur le
mode adopté de la gouvernance d'entreprise
(2-2) Les modèles de gouvernance :
modèle anglo-saxon versus modèle européen
Chapitre 2 Une analyse approfondie des
spécificités de la gouvernance d'entreprise dans les pays
européens continentales
Section 1 Structures de la propriété et du
contrôle des sociétés cotées européennes
(1-1): Un actionnariat concentré marquant la
géographie du capital des entreprises cotées
européennes
1-1-1 : Une typologie des études concernant
l'actionnariat au sein des sociétés cotées
européennes
1) - J. Franks et C. Mayer (1995): `Ownership and
control `
2) - R. La Porta, F. Lopez-de-Silanes et A. Shleifer (1999):
`Corporate ownership around the world'
3) - M. Faccio et L.H.P. Lang (2002): `The separation of
ownership and control, An analysis of ultimate ownership in western European
corporations'
4)- M. Becht et C. Mayer, (2002), `Corporate control in
Europe'
1-1-2 : L'identification du détenteur de bloc dans
les entreprises européennes cotées
(1-2) La concentration de contrôle : les
mécanismes légaux contrariant le principe` one- share, one-
vote `
1-2-1 : Une typologie des mécanismes contrariant
le principe « une- action, une vote »
Section 2 : Une comparaison entre les modèles
européens différents de la gouvernance d'entreprises
(2-1) : Une dualité de structure du conseil
d'administration
(2-2) : La prise en considération des
intérêts de plusieurs parties prenantes : dans
l'intérêt de qui les entreprises européennes sont-elles
gérées ?
Deuxième partie : Une analyse approfondie
du rôle des investisseurs institutionnels anglo-saxons dans les
modèles européens de la gouvernance des sociétés
cotées
Chapitre 1 : Les investisseurs institutionnels
anglo-saxons : un nouvel acteur puissant sur le marché financier
international
Section 1 : Une clarification des caractéristiques
générales des investisseurs institutionnels anglo-saxons
(1-1) : L'arrivée des investisseurs
institutionnels
(1-2) : une typologie des investisseurs
institutionnels
Section 2 : La mise en évidence de la puissance
des investisseurs institutionnels au sein des entreprises : Les effets de
l'activisme
(2-1) L'activisme des investisseurs institutionnels
(2-1-1) Les facteurs explicatifs de l'activisme des
investisseurs institutionnels
(2-1-2) L'approche théorique de l'activisme des
investisseurs institutionnels
A- Définition de l'activisme
B- Types de l'activisme
(2-2) : Les effets de l'activisme des investisseurs
institutionnels
(2-2-1) :L'influence directe de la présence
d'investisseurs institutionnels dans le capital des
sociétés
(2-2-2) :L'influence de l'activisme sur la performance de
l'entreprise
(2-2-3) :L'influence sur la structure et les politiques
de l'entreprise
Chapitre 2 : La mise en évidence de l'impact des
investisseurs institutionnels anglo-saxons sur les modèles
européens de la gouvernance d'entreprise
Section 1 : La contribution des investisseurs
institutionnels anglo-saxons au processus d'hybridation des modèles
européens de la gouvernance d'entreprise
(1-1)- L'approche théorique concernant la convergence
des modèles différents de corporate governance
1. La théorie de la dépendance au chemin de la
gouvernance d'entreprise (Bebchuk et Roe, 1999)
2. Ronalds Gilson (2000), «Globalization Corporate
Governance: Convergence of Form or Function»
3. Wirtz (2000), « Gouvernement des entreprises et
politique de financement des entreprises en France et Allemagne »
4. L'approche d'hybridation : M. Boutillier, A. Labye, C.
Lagoutte, N. Lévy et V. Oheix (2002)
5. L'approche légale : R. La Porta, F.
Lopez-de-Silanes, A. Shleifer (1999)
(1-2)- L'adoption de nouveaux critères de la
gouvernance proposés par les investisseurs institutionnels anglo-saxons
au sein des entreprises européennes : la convergence
fonctionnelle
Section 2 : Les bénéfices
privés : une justification de la persistance du modèle
européen de la gouvernance d'entreprise
(2-1) - L'approche théorique des
bénéfices privés (Private benefits of
control) :
(2-1-1) Quelques définitions
(2-1-2) : Les facteurs explicatifs des
bénéfices privés
(2-1-3) : Les bénéfices privés
comme une justification de la persistance de la concentration de la
propriété dans plusieurs pays européens
Ø Bebchuk (1999), «A Rent-Protection theory of
corporate Governance and Control «
(2-2) : Les méthodes poursuivies par les
investisseurs institutionnels anglo-saxons pour freiner les
bénéfices privés
1- C. Girard (2001), «Une typologie de l'activisme
des actionnaires minoritaires en France »
2- Gehrke (2002), « Valeur actionnariale : le
rattrapage de l'Allemagne»
3- Ronalds Gilson (2000), «Globalization Corporate
Governance: Convergence of Form or Function»
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES DE RECHERCHE:
BIBLIOGRAPHIE
INTRODUCTION GENERALE
Les investisseurs institutionnels sont devenus des acteurs
prédominants dans l'économie mondiale. Ils jouent un rôle
moteur dans l'internationalisation des marchés financiers (Plihon,
1999) ; ils ont acquis la première place en tant qu'actionnaires
dans de nombreuses entreprises (Morin, 1998) ; ils sont en mesure
d'influencer la gestion de ces entreprises d'une manière parfois
décisive, même s'ils demeurent pour chacun d'entre eux des
actionnaires minoritaires (Jeffers et Plihon, 2002).
De plus, les investisseurs institutionnels sont les acteurs
qui détiennent aujourd'hui la fraction la plus élevée des
titres cotés sur le marché financier international. En 1998,
selon les statistiques de l'OCDE (organisation of co-operation and
development economic), les actifs financiers détenus par les
investisseurs institutionnels sont près de 30 000 milliards de
dollar, ce qui dépasse le PIB global des pays industriels (l'Europe de
quinze, le Japon et les Etats-Unis ) (Jeffers et Plihon, 2001).
D'après Ponssard (2001), même si les
investisseurs institutionnels détiennent individuellement une part
réduite dans le capital des sociétés, ils ont des
exigences communes auprès les firmes dont ils sont les actionnaires.
Agissant pour le compte de tiers, les zinzins
présentent un certain nombre de traits fondamentaux similaires qui se
traduisent par une exigence précise, celle de favoriser la valeur
actionnaire. Ainsi, les investisseurs institutionnels sont chargés
à contrôler les mécanismes de gouvernance d'entreprise qui
permettent d'aligner l'intérêt des dirigeants sur ceux des
actionnaires.
Selon la littérature académique, ces
investisseurs regroupent quatre types principaux d'institutions : les
banques, les fonds d'investissement (les organisations de placement collectif),
les compagnies d'assurances et les fonds de pension (Capy et Hirigoyen, 2001).
Le poids de ces différentes institutions financières est
très variable selon les pays. Les fonds de pension dominent aux
Etats-Unis, tandis que les assurances ont le plus gros portefeuille au
Japon ; en France la première place revient aux OPCVM1(*) (Jeffers et Plihon, 2002). .
Les gestionnaires des fonds de pension sont confrontés
à l'alternative suivante lorsqu'ils détiennent des actions
d'entreprises peu performantes : soit ils vendent ces actions
(exit), soit ils encouragent ces firmes à modifier leurs
stratégies par l'intermédiaire de l'exercice des droits de vote
que leur confèrent ces actions (voice) (Wahal, 1996) et
(Hervé, 2001).La manifestation de ce dernier comportement est
appelé à travers la littérature de
l'activisme2(*) des investisseurs institutionnels
La plupart des études concernant le rôle des
investisseurs institutionnels soulignent que depuis le milieu des années
80 ces investisseurs ont commencé à utiliser leur force. Le
rôle que jouent les institutionnels sur la gouvernance des entreprises
repose sur leur capacité à faire prévaloir leurs propres
critères de ce qui doit être une bonne gouvernance d'entreprise
(Dietsch, 2003).
La littérature concernant la gouvernance d'entreprise
indique qu'il y a cinq critères retenus par les investisseurs
institutionnels pour évaluer la gouvernance (Jeffers et Plihon,
2001) :
Ø la composition du conseil d'administration
(l'indépendance des administrateurs)
Ø la protection des droits des actionnaires : le
respect du principe une action- une vote
Ø la transparence et la qualité de l'information
transmise aux actionnaires.
Ø l'absence de mesure anti-OPA.
Ø la publication des rémunération des
dirigeants et la conformité des incitations financières des ces
derniers à l'objectif de maximisation de la valeur actionnariale.
Selon Jeffers et Plihon (2002), les programmes de
privatisation en Europe ont joué un rôle fondamental dans la
montée en puissance des investisseurs institutionnels anglo-saxons (et
surtout les américains) dans le capital de grandes entreprises
européennes, notamment françaises.
Donc c'est la montée en puissance des investisseurs
institutionnels anglo-saxons dans les circuits d'intermédiation et sur
toutes les places boursières européennes qui valorise la
liquidité des marchés et la protection des minoritaires
(Boutillier et al, 2002).
En effet, la vision de Berle et Means (1932) concernant la
dispersion de l'actionnariat a été supposée d'être
applicable universellement. Mais, plusieurs études et recherches (par
exemple, l'étude de M. Becht, C. Mayer, 2002) ont récemment
montré que cette vision est limitée aux pays anglo-saxons.
Ces études constatent que le degré de la
concentration de propriété est particulièrement
élevé en Europe continentale, où le principal
blockholder détient en moyenne presque la moitié du
capital. De plus, Becht et Mayer (2002) montrent que la concentration ne
s'explique pas seulement par la présence d'un grand actionnaire, mais
aussi par l'absence d'un autre actionnaire majoritaire. En revanche, aux
Etats-Unis et en Grande-Bretagne, le deuxième (et troisième)
actionnaire ne est pas différent du premier.
Les entreprises européennes présentent une autre
déviation majeure de la structure de propriété et de
contrôle proposée par Berle et Means (1932). Les structures de
contrôle de ces entreprises ne coïncident pas nécessairement
avec les structures de propriété.
Et ceci s'explique par le recours plus ou moins important
à une gamme étendue d'outils et mécanismes
juridico-financiers permettant de dissocier la propriété du
contrôle, tels que les actions sans droits de vote,
L'émission de plusieurs classes d'actions avec
droits de vote différenciés, la constructions
pyramidales....etc.
Ces outils, dont la finalité majeure concerne
précisément l'encadrement du pouvoir actionnariale,
protègent les dirigeants et les blockholders contre les OPA
hostiles et l'influence des actionnaires.
Avec la thèse de la séparation entre la
propriété et le contrôle (Berle et Means, 1932), les petits
actionnaires n'ont pas d'incitations suffisantes pour s'engager dans une
activité de monitoring des dirigeants .Ainsi, un peu de
concentration de propriété va peut-être résoudre le
problème d'agence managérial (Berle, 1958)3(*).
Mais, la concentration de propriété en Europe
déplace le problème d'agence managérial au sein du groupe
des actionnaires entre les détenteurs de blocs et les minoritaires. Le
modèle européen de gouvernance d'entreprise empire ce
problème d'agence à cause de l'utilisation des mécanismes
de séparation entre la propriété et le contrôle
En réalité, le groupe d'intérêt qui
exerce un contrôle sur la société possède le pouvoir
de disposer des flux de richesse créés dans son unique
intérêt, au détriment des autres actionnaires. Les moyens
disponibles sont relativement nombreux et c'est la raison pour laquelle la
littérature académique s'est penchée sur la question de
ces transferts, qualifiés de bénéfices
privés ` private benefits of control', notion
à opposer à celle des « bénéfices
publiques » dont profite l'ensemble des actionnaires (Le Maux, 2003,
p.64).
Selon Dyck et Zingales (2003), la littérature
concernant la protection des actionnaires minoritaires ne repose pas sur le
problème d'agence managérial mais plutôt sur la taille des
bénéfices privés que un grand actionnaire peut attirer.
Ainsi, lorsque les investisseurs institutionnels anglo-saxons
investissent dans une entreprise européenne, leur principal objectif
sera la protection des droits des actionnaires minoritaires. Donc, ils vont
essayer de freiner le phénomène des bénéfices
privés.
Or, c'est à ce niveau que notre problématique
prend véritablement corps, avec un certain nombre de questions
fondamentales dont les réponses restent à trouver. Parmi les
questions qui nous ont interpellées :
Ø Est-ce que l'existence d'un actionnariat
institutionnel peut empêcher les détenteurs de blocs d'attirer les
bénéfices privés ?
Ø Si oui, quelles sont les méthodes poursuivies
par les investisseurs institutionnels pour atteindre cet objective ?
Ø Quelles sont les implications des investisseurs
institutionnels anglo-saxons pour les pratiques du modèle
européen de la gouvernance ?
Ø Jusqu'à quel point le modèle
européen de la gouvernance résiste-t-il aux changements
proposés par des investisseurs institutionnels anglo-saxons ? En
d'autres termes, jusqu'à quel point peut-on considérer les
bénéfices privés comme un obstacle auquel les zinzins
doivent faire face ?
Ø Est-ce que les investisseurs institutionnels
anglo-saxons favorisent leur perspective de court terme (la rentabilité
boursière) ou la perspective de long terme de la gouvernance
européenne ?
Notre travail se subdivise en deux parties. La première
partie est consacrée à la mise en évidence d'un
modèle européen de la gouvernance d'entreprise. Donc, le premier
chapitre de cette partie va présenter une vision globale de
« corporate governance », et puis, le
deuxième chapitre sera consacré à une analyse approfondie
des spécificités de la gouvernance européenne.
La deuxième partie nous permet d'approfondir l'analyse
du rôle des investisseurs institutionnels anglo-saxons dans les
modèles européens de la gouvernance des sociétés
cotés. Nous développerons cette deuxième partie en deux
grands chapitres. Dans le premier, nous analyserons la montée en
puissance des investisseurs institutionnels anglo-saxons comme un nouvel acteur
actif sur le marché financier international (dont le marché
européen). Ensuite, dans le deuxième chapitre, nous
étudierons, premièrement, le rôle joué par les
investisseurs institutionnels anglo-saxons dans le processus de la convergence
du modèle européen de la gouvernance vers le modèle
anglo-saxon. Deuxièmement, nous allons voir comment les
bénéfices privés (private benefits of control)
peuvent être considérés comme un obstacle auquel les
zinzins doivent faire face par l'utilisation de plusieurs méthodes.
Première Partie : La mise en évidence
d'un modèle européen de la gouvernance d'entreprise
La question concernant « la
gouvernance d'entreprise » s'intéresse à la
situation de séparation entre la propriété et la gestion
des entreprises, où la propriété est fortement
dispersés et les dirigeants, face à une multitude de petits
actionnaire, sont en position de gérer l'entreprise suivant leurs
intérêts propres. Historiquement, cette situation a prévalu
dans les pays anglo-saxons (Boutillier et al, 2002).
La situation européenne est largement
différente, où la propriété est beaucoup moins
dispersée. De plus, les entreprises européennes reconnaissent
l'intérêt d'autres parties prenantes que les actionnaires (par
exemple, on peut voir le développement d'un actionnariat-salariés
en France et le système de cogestion en Allemagne)
Une autre caractéristique majeure de la structure de
contrôle des entreprises européennes réside dans la
capacité des détenteurs de bloc à se mettre à
l'abri de l'influence des actionnaires, et ceci grâce à des
mécanismes de séparation entre la propriété et le
contrôle, tels que les actions sans droits de vote et les constructions
pyramidales, comme nous le verrons ultérieurement.
La première partie de notre sujet sera consacrée
à la mise en évidence du modèle européen de la
gouvernance d'entreprise. Donc, un premier chapitre va présenter une
vision globale de corporate governance, et puis, le deuxième
chapitre sera consacré à une analyse approfondie des
spécificités de la gouvernance européenne.
Chapitre I : Une vision globale de la gouvernance
d'entreprise
Les chercheurs du courant managérial prétendent
que la séparation de la propriété et du contrôle
pousse les dirigeants à poursuivre leurs objectifs personnels au
détriment de l'objectif de l maximisation de la richesse des
actionnaires.
Ainsi, des conflits peuvent survenir entre les groupes
d'intérêts, la nature et l'étendue de ces conflits
dépendent de l'étendue de la séparation entre la
propriété et le contrôle et des objectifs et des
incitations de ces groupes.
Selon Jeffers et Magnier (2002), le débat a d'abord
émergé à partir des années soixante-dix, aux
Etats-Unis, où il a aboutit à la publication au début des
années quatre-vingt du rapport de l'American Law Institute
intitulé « Principales of Corporate
Governance ». Il a ensuite rebondi à l'échelle
internationale dans les années quatre-vingt-dix, d'abord au Royaume-Uni
avec la publication en 1992 par la commission Cadbury d'un Code of best
Practices, puis en France avec la publication du premier rapport
Viénot en 1995.
La gouvernance d'entreprise comporte beaucoup d'aspects
particuliers et il est, à bien des égards, spécifique
à chaque pays : les aspects culturels et politiques y jouent un
rôle important (Jeffers et Magnier, 2002).
Dans ce chapitre, nous présenterons le
développement du concept de la gouvernance d'entreprise : origines
et diversité (section 1). Ensuite, nous allons aborder les deux grandes
philosophies (le modèle européen et le modèle anglo-saxon)
concernant les pratiques de corporate governance (section 2).
Section 1 : La gouvernance d'entreprise :
origines, diversité
L'origine de la question de gouvernance d'entreprise revient
à Berle et Means (1932). La séparation entre les actionnaires et
les dirigeants, ces derniers disposent des véritables pouvoirs de
direction, alors que les actionnaires, qui sont les détenteurs
réels des droits de propriétés de la firme sont
dénués de ces pouvoirs.
Cette dissociation de la propriété et du
contrôle crée entre dirigeants et actionnaires une situation
d'information asymétrique qu'il convient de corriger. D'où le
développement de la théorie de l'agence et le champ d'analyse
concernant les mécanismes à mettre en place pour aligner
l'intérêt des dirigeants sur ceux des actionnaires.
Ainsi, cette section sera consacrée au
développement du concept « la gouvernance
d'entreprise ». Premièrement, nous allons proposer l'approche
théorique concernant le conflit dirigeants /actionnaires, ensuite, nous
proposerons les critiques théoriques s'adressant aux modalités
classiques de résolution du problème d'agence.
(1-1) : Les proposition de la théorie de
l'agence en ce qui concerne le conflit entre dirigeants et actionnaires
La théorie de l'agence est couramment utilisée
pour décrire la relation entre actionnaires et dirigeants ainsi que les
mécanismes de contrôle des premiers sur les seconds.
la théorie de l'agence, formalisée par Jensen et
Meckling (1976), énonce l'idée que, dans une entreprise où
les fonctions de propriété et de décision sont
séparées, les dirigeants et les actionnaires ont une relation
d'agence, les dirigeants étant les agents et les actionnaires, les
mandants.
Cette relation engendre des coûts d'agence qui
contribuent à réduire les bénéfices comptables,
donc la performance de l'entreprise.
La théorie de l'agence considère que les
dirigeants sont les agents des actionnaires au sein de l'entreprise et qu'ils
ont vocation à gérer l'entreprise dans le sens de
l'intérêt des actionnaires (Ross, 1973 et Jensen et Meckling,
1976). Or, les dirigeants et les actionnaires possèdent des fonctions
d'utilité différentes et agissent de façon à
maximiser leurs utilités respectives (Ross, 1973).4(*)
(1-1-1) : Les sources du conflit
dirigeants /actionnaires
Plus précisément, les divergence
d'intérêt entre dirigeants et actionnaires auraient trois
sources : Capy et Hirigoyen (2001) et Charreaux, 1994) :
Ø une perception des risques a priori
différente. Les actionnaires peuvent diversifier leurs risques en
modifiant leur portefeuille, alors que la valeur des dirigeants en termes de
capital humain est étroitement liée aux résultats de
l'entreprise. Comme les dirigeants ne sont pas diversifiés, ils
accordent de l'importance à un risque qui est diversifiable au niveau
de l'actionnaire et n'agissent donc pas dans l'intérêt strict des
actionnaires ;
Ø La position charnière des dirigeants :
ils sont représentants des actionnaires, chargés de
défendre leur intérêt, et au même temps, ils sont les
supérieurs des employés. Cet arbitrage pose les problèmes
de motivation. Même dans le cadre de la théorie
néoclassique de maximisation de la valeur, il est très probable
que, sauf incitations pécuniaires suffisantes, les dirigeants soient
uniquement tentés de privilégier les exigences des
salariés ;
Ø Des prélèvements de la part des
dirigeants contraires à l'intérêt de la
société (salaire, dépenses de parrainages). Les dirigeants
auraient tendance à adopter des stratégies d'enracinement, afin
de retirer une rente maximale de la fonction qu'ils occupent. Ils peuvent ainsi
chercher à rendre leur remplacement coûteux en investissant dans
des activités difficilement évaluables et contrôlables.
Les chercheurs de la théorie de l'agence proposent une
typologie des mécanismes qui permettent de régler les conflits
d'intérêt au sein de l'entreprise
(1-1-2) : Les mécanismes d'alignement du
comportement des dirigeants sur le critère de maximisation de la valeur
actionnariale
1- Les incitations financières:
« Il y a de nombreux mécanismes par lesquels
la politique de la rémunération des dirigeants peut procurer des
incitations à la création de valeur pour les actionnaires, tel
que des bonus et des révisions de salaire indexées sur la
performance et des stock-options » (Jensen et Murphy, 1990).
Morck et al (1988) montrent qu'il y a une relation entre la
fraction de capital détenue par les gestionnaires et la valeur de
l'entreprise. Il semblerait qu'au fur et à mesure que cette fraction
augmente, les dirigeants alignent leurs objectifs sur ceux des actionnaires,
ce qui permet de maximiser la valeur de l'entreprise. Ainsi, entre 0 % et 5 %
de détention par les dirigeants, la performance de l'entreprise
s'accroît avec l'augmentation du pourcentage de détention ;
de 5% à 25% de détention, la performance de l'entreprise
diminue ; au-delà de 25% la performance recommence à
augmenter, mais plus lentement.
L'importance accordée aujourd'hui aux incitations
financières est telle qu'il devient difficile de trouver un dirigeant
d'entreprise (surtout aux Etats-Unis) qui ne soit rémunéré
sous forme de stock-options (Capy et Hirigoyen, 2001, p.56).
2- Conseil d'administration
Le principe général consiste à restaurer
la fonction de surveillance du conseil d'administration, en tant que
représentant de l'intérêt des actionnaires,
vis-à-vis des dirigeants de l'entreprise.
Fama (1980) et Fama et Jensen (1983) attribuent deux fonctions
principales au conseil d'administration, d'une part, évaluer et ratifier
les décisions d'investissement à long terme, et d'autre part,
contrôler la performance des dirigeants exécutifs (internes).
La réalisation de cette objectif peut être
obtenue par :
Ø la nomination d'administrateurs indépendants
(externes) ;
Ø la séparation des fonctions de
président du conseil d'administrateurs et de directeur
général ;
Ø la mise en place de comités spécifiques
au sein du conseil (comités d'audit, de nomination, de
rémunération).
Fama (1980) et Fama et Jensen (1983) indiquent que la
présence d'administrateurs externes en tant qu'arbitres améliore
la viabilité du conseil d'administration et évite les
expropriations potentielles de richesse par les dirigeants et les
Blockholder.
Les administrateurs indépendants pourraient augmenter
la performance de l'entreprise en influençant certaines décisions
importantes, telles que la nomination d'un président-directeur
général. Ils pourraient décourager la diversification de
l'entreprise, surtout pour ce qui est des acquisitions qui ne sont pas
liées au secteur d'activité de l'entreprise, et intervenir sur le
plan de la fixation des salaires pour empêcher les cadres
managériaux de se verser un salaire trop élevé.
3- Le marché de prise de contrôle
Les mécanismes du marché de contrôle sont
la fusion-acquisition et l'OPA (offre publique d'achat). Celles-ci, par la
menace qu'elles représentent, sont un instrument employé pour
inciter les dirigeants à gérer les entreprises
conformément à l'intérêt des actionnaires.
Le marché financier intervient comme un
mécanisme de contrôle dans la mesure où les actionnaires
mécontents peuvent se défaire de leurs titres en entraînant
ainsi une baisse. Celle-ci induit une diminution de la
rémunération des managers s'il existe une indexation et rend plus
difficile l'appel au marché pour se financer (Capy et Hirigoyen, 2001).
(1-2) : La mise en cause des modalités
classiques de résolution du problème d'agence
Si le thème de la gouvernance d'entreprise revient si
souvent dans la littérature, c'est que les mécanismes classiques
de résolution du problème d'agence entre actionnaires et
dirigeants semblent ne plus fonctionner de manière satisfaisante.
D'après Dietsch (2003), les mécanismes
traditionnels révèlent cependant rapidement leurs limites, qu'il
s'agisse de l'exercice du droit de vote par les actionnaires (en raison du
problème de passager clandestin) ou bien du contrôle exercé
par les membres des conseils non dirigeants (en raison d'un problème de
capture des administrateurs par les dirigeants).
Dans ce paragraphe, nous allons discuter les
dysfonctionnements concernant les pratiques de fusion et d'acquisition, le
conseil d'administration et les incitations financière (la
rémunération des dirigeant).
1- Les pratiques de fusion et d'acquisition :
Ces pratiques apparaissent limitées par les
coûts intrinsèques de l'opération, dont la
rentabilité ne peut être assurée que dans des cas
extrêmes de mauvaise gestion. Par ailleurs, les tentatives de prise de
contrôle n'aboutissent pas toutes.
Aussi, il y a les mécanismes anti-OPA contribuant
à en renchérir le coût. Ils permettent aux dirigeants
d'asseoir leur pouvoir alors que leur contribution aux fonds propres ne leur en
donne a priori pas les moyens (Desbrières, 1994).
On peut citer les pilules empoisonnées, comme
mécanisme anti-OPA. Ce sont des actions détenues par les
actionnaires actuels, qui leur donnent le droit d'acheter des actions de la
firme à un prix réduit si un raider dépasse un certain
seuil de contrôle, le but de la manoeuvre étant de diluer la
participation du raider. Il n'est pas nécessaire d'obtenir l'accord des
actionnaires pour constituer les pilules empoisonnées, ce qui permet aux
dirigeant d'accroître unilatéralement leur pouvoir (Davis et
Thompson, 1994).
Il est clair que ces stratégies d'enracinement (mesures
anti-OPA) visent à affranchir de la discipline exercée par les
marché financiers, à tel point que de nombreux chercheurs
s'accordent à dire, sur la base d'études empiriques, que les OPA
ne seraient pas rentables pour les sociétés `acquéreurs'.
Seuls les actionnaires de la cible en seraient les bénéficiaires
indiscutables (Prowse, 1994).
2- Les limites du conseil d'administration :
Lorsch et Maclver (1989) qui étudient empiriquement le
fonction du conseil d'administration aux Etats-Unis confirment l'existence de
dysfonctionnements et mettent en évidence que :
· Les administrateurs externes sont rarement unis. Ils se
rencontrent de temps en temps, lors des conseils d'administration, puisqu'il
n'est généralement pas acceptable de prendre rendez-vous en
dehors de ces brèves réunions très structurées.
· Le PDG contrôle de manière absolue la
réunion du conseil. Il établit l'ordre du jour, décide des
informations que les administrateurs recevront à l'avance et dirige les
discussions.
· On attend des administrateurs qu'ils traitent le
président avec respect et qu'ils évitent de lui poser des
questions embarrassantes. La seule manière acceptable de formuler une
critique consiste à poser une question pointue : 80 % des
administrateurs interrogés trouvent que les discussions dans les
conseils d'administration sont franches ou très franches, bien que
certains sujets puissent être tabous, comme la rémunération
des dirigeants.
Une enquête menée en France en 1994 auprès
de 2500 dirigeants aboutit à des conclusions analogues (Caussain et
Richard, 1995) :
· 70 % des personnes interrogées pensent que un
administrateur individuel n'a pas les moyens de s'opposer à un
président qui prendrait des décisions dangereuses pour
l'entreprise ;
· 53 % estiment que le conseil d'administration n'a pas
les moyens d'obtenir les informations nécessaires à sa mission de
contrôle ;
· A la question ` comment un administrateur peut-il
manifester son désaccord ?', 41 % répondent en
démissionnant et 54 % en exigeant l'enregistrement au
procès-verbal de ses remarques.
En générale, l'efficacité du conseil
d'administration est entravée par :
Ø l'asymétrie d'information entre dirigeants et
administrateurs. La question de l'accès à l'information ne se
pose pas en termes de droits mais de moyens : qualité,
exhaustivité de l'information, temps d'assimilation et d'analyse.
D'où les observations cruelles de Mace (1971) cité par Mintzberg
(1983)5(*) :« De nombreux membres ont fait
part de leur absence de compréhension des problèmes et des
implications liées à des questions présentées aux
membres du conseil par le président, et pour éviter de passer
pour des idiots, ils s'abstiennent de poser des questions ou de faire des
commentaires...Dans bon nombre d'entreprises, l'on pourrait rédiger le
compte rendu de la réunion du conseil d'administration, avant même
qu'elle soit tenue ». « En vérité,
quand quelque chose va mal, il n'est pas rare que les membres du conseil soient
les derniers à le savoir ».
Ø L'ambiguïté du rôle des
administrateurs : doivent-ils défendre les intérêts de
l'entreprise ou ceux des actionnaires ? D'où la conclusion de
Mintzberg (1983) : « les membres du conseil
d'administration peuvent défendre les intérêts de qui ils
veulent (une organisation ou des personnes extérieurs) en fonction de
leurs besoins et des pressions auxquelles ils sont soumis ».
Ø La compétence et l'indépendance des
administrateurs : selon Capy et Hirigoyen (2001), les administrateurs
externes sont désigne par le PDG dans la pratique et, en
conséquence, inféodés à lui (J. Pfeffer, 1972), les
participations croisées de PDG dans leurs conseils d'administration
respectifs réduisent l'indépendance de leur jugement.
Bhagat et Black (2000) concluent qu'il n'existe aucune
relation entre la performance de l'entreprise et le nombre ou le degré
de participation des administrateurs externe.
3- La rémunération :
Les rémunérations considérables dont
bénéficient les dirigeants incitent à remettre en cause la
portée de ce mécanisme de convergence des buts entre dirigeants
et actionnaires. Bien que de nombreux travaux montrent l'existence d'un lien
positif entre rémunération et performance de l'entreprise (Capy
et Hirigoyen, 2001), Jensen et Murphy (1990) considèrent que cette
liaison est très faible pour avoir un pouvoir incitatif.
Selon la thèse de l'enracinement, les dirigeants qui
possèdent la majorité des actions ne peuvent être
contrôlés et peuvent gérer l'entreprise dans une optique
contraire à la maximisation de sa valeur. Dans ce cadre, les entreprises
seraient d'autant moins performantes que le pourcentage des actions
détenues par le dirigeant est important.
En effet, l'accumulation avec le temps d'actions d'une
entreprise peut conduire à une aversion au risque des dirigeants et
à un non-alignement des incitations à la prise de risque [Y.
Amihud et B. Lev, (1981) ; D.O. May, (1995)]6(*).
Comme on a vu, les mécanismes traditionnels
proposés par la théorie de l'agence montrent pratiquement leurs
limites. Cette situation a conduit à développer de modèles
alternatifs de la gouvernance :
1- Le modèle anglo-saxon de la gouvernance
d'entreprise
2- Le modèle européen de la gouvernance
d'entreprise.
Section 2 : L'évolution de deux modèles
de la gouvernance d'entreprise
Les entreprises ont été fréquemment
décrites comme une sorte de noeud de contrats entre les parties
prenantes (actionnaires, créditeurs, gestionnaires, salariés,
clients, fournisseurs, etc. Bien que ces différents groupes aient
intérêt à coopérer pour améliorer leurs
richesses, ils sont souvent tentés d'exploiter les ressources de
l'entreprise pour leur propre intérêt, éventuellement au
détriment des autres.
Les diverses formes et systèmes de gouvernance qui ont
été développés à travers le monde ont
tenté d'atténuer ces dangers d'exploitation quasi universels de
l'opportunisme économique.
Commençons par la présentation de l'approche
théorique concernant l'interaction entre les systèmes financiers
et légaux d'un pays et son modèle adopté de la gouvernance
(2-1). Nous allons, ensuite, aborder l'émergence et le
développement de deux modèles différenciés de
corporate governance (2-2).
(2-1): L'approche théorique de l'interaction entre
les systèmes financiers et légaux d'un pays et le modèle
adopté de la gouvernance d'entreprise
La question des systèmes de gouvernance d'entreprise
s'inscrit dans le cadre théorique de la question de la
propriété et du contrôle, elle-même est
dépendante, d'une part des structures de financement, et d'autre part
des systèmes nationaux de réglementation.
(2-1-1) : Les systèmes orientés- banques
contre les systèmes orientés- marchés : l'analyse
fondée sur les contrats incomplets
Derrière le choix d'un mode de gouvernance
d'entreprise, il y a le choix du rôle respectif de
l'intermédiation de marché et de l'intermédiation des
institutions bancaires et financières dans le financement des
entreprises.
Les développements récents sur la typologie des
systèmes financiers établissent une distinction entre deux types
de systèmes :
D'une part, les systèmes orientés-
marchés, ces systèmes se caractérisent par la
place centrale de marchés financiers dans les circuits de financement et
par la qualité de l'information publique (on associe
généralement à ce type les Etats-Unis et le
Royaume-Uni).
Et d'autre part, les systèmes orientés-
banques, ces systèmes se caractérisent par la position
dominante des circuits de financement intermédié et par
l'importance de l'information privée (on observe ces systèmes
dans les pays d'Europe continentale).
Pour analyser l'influence des systèmes financiers sur
le choix de la gouvernance d'entreprise, Berglöf (1990)7(*) utilise la théorie des
contrats incomplets. Cette théorie part de l'hypothèse
d'incomplétude des contrats pour étudier l'allocation des droits
de décision résiduels. Les contrats financiers sont
définis relativement aux modalités d'allocation des droits de
décision résiduels et non pas comme dans l'approche
financière traditionnel, selon leurs caractéristiques de
rentabilité et de risque.
Selon l'auteur, dans les systèmes orientés-
marchés, en raison des coûts de décision collective
liés à une forte diffusion du capital, les droits
décisionnels seraient alors détenues par les dirigeants, ce qui
explique que dans ce schéma, l'attention soit portée à la
séparation des fonctions de décision et d'assomption du risque.
Le rôle des investisseurs est réduit ; ils
ne participent pas à la gestion. Mais, dans les systèmes
orientés-marchés, c'est le marché de prise de
contrôle est censé discipliner les dirigeants.
En revanche, dans les systèmes orientés-banques,
les créanciers supportent une part plus importante du risque et
détiennent les droits de décision résiduels. Cela va
conduire à supposer que les banques doivent imposer une certaine
influence sur les managers.
Pour Boutillier et al (2002), l'opposition entre ces deux
systèmes financiers doit être quelque peu nuancé. D'une
part, les structures financières ne sont pas figées comme elles
l'ont montré dans les deux dernières décennies. D'autre
part, la frontière de plus en plus floue entre financement bancaire et
financement de marché relativise la classification des
systèmes.
Ainsi, les contrôles exercés par les
intermédiaires et par le marché des capitaux peuvent se
compléter pour bien discipliner les dirigeants.
(2-1-2): L'influence des facteurs juridiques nationaux sur
le mode adopté de la gouvernance des entreprises
Un autre déterminant des mécanismes de
gouvernance d'entreprise c'est, les systèmes réglementaires.
Depuis quelques années, beaucoup d'attention a été
portée sur l'impact des réglementations sur la question de la
propriété et du contrôle des entreprises.
La littérature nous informe de l'existence de deux
approches principales :
Ø la sur- réglementation
Ø la sous réglementation
1- La sur-réglementation : elle
se traduit par la protection forte des actionnaires minoritaires, cela va
conduire à la séparation entre la propriété et le
contrôle et à l'actionnariat dispersé au sein des
entreprise soumises à cette réglementation.
Roe (1994) indique que les systèmes légaux
peuvent empêcher les actionnaires d'obtenir des blocs d'actions. Il
considère aussi que la dispersion de l'actionnariat aux Etats-Unis ne
s'explique pas uniquement par des considérations techniques ou
financières (la possibilité d'augmenter la taille de l'entreprise
pour bénéficier d'économies d'échelles impliquant
l'ouverture du capital de l'entreprise à de nombreux investisseurs et le
transfert du pouvoir décisionnel des actionnaires vers les manageurs)
mais aussi par des considérations politiques.
Pour Black (1999), les réglementations rendent la
détention d'une grande propriété d'une
société difficile et coûteuse, et cela est à
l'origine de la passivité d'actionnaires aux Etats-Unis.
2- La sous-réglementation : Elle
se traduit par une protection faibles des actionnaires minoritaires. Selon La
Porta et al (1997), la concentration de propriété et de
contrôle (situation observée en générale dans les
entreprises européennes continentales) est le résultat de
l'absence des lois protégeant les actionnaires.
Confrontés à une exploitation potentielle de la
part des dirigeants, les investisseurs cherchent les mécanismes
puissants pour exercer le contrôle. Cette réaction des
investisseurs peut expliquer le phénomène de détenteurs de
bloc répandu dans les entreprises soumises à la
sous-réglementation (Bebchuk et Roe, 1999).
Pour La Porta et Lopez-De-Silanes (1998), si
l'intérêt des minoritaires est peu ou moins bien
protégé, il devient particulièrement important d'exercer
un contrôle effectif de l'entreprise et ainsi la forte concentration de
l'actionnariat serait une conséquence de la faible protection
légale assurée aux actionnaires minoritaires.
L'existence des détenteurs de block produit un autre
problème, celui de « bénéfices
privés», considéré le centre du débat sur le
mode européen de la gouvernance d'entreprise.
Après avoir présenté les
caractéristiques principales de ces deux approches légales et
puisqu'elles présentent quelques inconvénients (l'actionnariat
passif pour la sur- réglementation ; le problème de
bénéfices privés de contrôle pour la sous-
réglementation), on peut s'interroger sur leur résistance aux
changements.
Bebchuk et Roe (1999) présentent la théorie de
la dépendance au chemin du développement de la gouvernance
d'entreprise que nous allons étudier ultérieurement.
La Porta et al (2000) indiquent que les groupes
d'intérêt et les détenteurs de blocs ont la capacité
d'influencer les autorités publiques et d'empêcher les reformes et
les lois contraignant leur pouvoir dans l'entreprise.
Après avoir analysé les deux facteurs principaux
conduisant à l'émergence de systèmes
différenciés de la gouvernance, nous allons aborder dans le
paragraphe suivant les deux grandes philosophies concernant les pratiques de
la gouvernance d'entreprise.
(2-2) : Les modèle de gouvernance :
modèle anglo-saxon versus modèle européen
La gouvernance d'entreprise, traduction de corporate
governance, est constituée du réseaux de relations liant
plusieurs parties dans le cadre de la détermination de la
stratégie et de la performance de l'entreprise. Les parties sont, d'une
part, les actionnaires, les dirigeants et le conseil d'administration, et
d'autre part, les clients, les fournisseurs, les banques et la
communauté (Monks et Minow, 1995)
Selon Lannoo (1994), « Le gouvernement d'entreprise
est le système par lequel les sociétés sont
dirigées et contrôlées. Il peut se réduire à
une structure élémentaire de droits de contrôle
exercés par les propriétaires, pour contrôler et
récompenser les responsables afin qu'ils servent les
intérêts des actionnaires le mieux possible ».
Le débat concernant la gouvernance d'entreprise trouve
son origine dans le modèle de la firme managériale décrit
par Berle et Means (1932).
Selon ce modèle, la dissociation de la
propriété et du contrôle crée entre les dirigeants
et les actionnaires une situation d'information asymétrique. Les
conflits d'agence qui peuvent naître de cette situation favorisent les
comportements opportunistes des dirigeantes et engendre des coûts
d'agence.
Les actionnaires sont donc vulnérables dans la mesure
où leur rémunération est dépendante du pouvoir
discrétionnaire des mangers. Le coût du financement devenant
excessif si des solutions à ces problèmes ne sont pas
trouvées, cela produit la nécessité de mettre en oeuvre
des mécanismes de contrôle.
Comme on a vu, les mécanismes traditionnels
proposés par la théorie de l'agence montrent pratiquement leurs
limites. Cette situation a conduit à développer deux
modèles alternatifs de la gouvernance :
1- Le modèle anglo-saxon de la gouvernance
d'entreprise
2- Le modèle européen de la gouvernance
d'entreprise
1- Le modèle anglo-saxon de la gouvernance
d'entreprise 8(*) :
Ce modèle, qui est également appelé le
modèle externe (Jeffers et Magnier, 2002) ou encore ouvert (Franks et
Mayer, 1992)9(*) , est
fondé sur le principe de `shareholder', privilégiant la
maximisation de la valeur actionnariale (Plihon et al, 2002).
Dans le modèle anglo-saxon, les besoins du capital des
entreprises sont satisfaits par une forte atomisation des actionnaires et
l'existence d'un marché financier très
développé.
Le modèle anglo-saxon apporte sans conteste des
avantages en matière de diffusion de l'information et de contrôle
des dirigeants, son efficacité dépend aussi des institutions
légales et réglementaires, notamment en matière de droits
et obligations des actionnaires, qui ne sont généralement pas
celles que l'on rencontre dans les pays européens (Dietsch, 2003).
Théoriquement, le mode de la gouvernance anglo-saxon
s'appuie sur trois types de mécanismes de contrôle. Ils sont la
surveillance par les administrateurs externes ; les mécanismes
incitatifs pour les dirigeant et principalement, le marché de prise de
contrôle.
Le dernier mécanisme est considéré le
plus important. Lorsque la performance économique d'une entreprise n'est
pas satisfaisante. Les actionnaires peuvent réagir en vendant leurs
actions (vote avec les pieds). Cette réaction va conduire à une
baisse des cours, ce qui fragilisera l'entreprise et la rendra une cible d'OPA
inamicale.
Selon Plihon et al (2002), le contrôle de l'action des
dirigeants n'est pas exercé par le truchement des institutions
juridiques de gouvernance des entreprises (assemblée
générale et conseil d'administration). Les actionnaires
individuels ont peu de poids lors des assemblées
générales, et les membres extérieurs du conseil sont
nommés sur propositions des dirigeants. Les conditions sont donc
réunies pour voir se développer des entreprises de type
managériale.
Le modèle européen de la gouvernance
d'entreprise :
Il est aussi connu comme le modèle interne (Jeffers et
Magnier, 2002) ou encore fermé (Franks et Mayer, 1992)10(*) ; ce modèle
correspond au principe de `stakeholder' dans la mesure où il
prend en compte les intérêts spécifiques de plusieurs
parties prenantes (Plihon et al, 2002). La principale caractéristique de
ce mode de gouvernance est la relation de long terme banque-entreprise.
Les besoins de l'entreprise en capital sont satisfaits par les
participations de gros actionnaires (actionnaires de référence).
Ces actionnaires sont, par exemple, des banques en Allemagne, des institutions
financières et entreprises industrielles en France.
Donc, le contrôle est exercé par
différentes parties prenantes, à travers les
responsabilités des membres du conseil de surveillance à
l'égard des actionnaires qu'ils présentent, notamment des
banques, d'autres entreprises ( participation croisée) et des
représentants des salariés et des pouvoirs publiques.
Les avantages de ce contrôle sont d'autant plus
importants que les marchés sont peu liquides, que la diffusion de
l'information est peu répandue, les entreprises préfèrent
le secret, et que les droits des minorités ne sont pas bien
respectés (Dietsch, 2003, P. 145).
3- une comparaison entre les deux modèle de la
gouvernance
Une analyse comparée de ces deux modes de la
gouvernance a pour objectif de montrer leurs portées et limites
respectives :
1- Alors que le modèle anglo-saxon se
caractérise par un actionnariat dispersé, le modèle
européen a un actionnariat concentré. Cela donne deux types
différents de conflit d'intérêt. Pour le premier, il y a le
conflit traditionnel entre actionnaires et dirigeants. En revanche, la
concentration de l'actionnariat, dans le second modèle, produit un autre
conflit, entre les actionnaires de référence et les
minoritaires.
2- La relation entre la concentration du capital et
l'efficacité du contrôle : selon Shleifer et Vishny (1997),
l'existence et l'efficacité de contrôle varient selon le
degré de concentration du capital détenue par les actionnaires.
En définitive, les actionnaires exercent plus fréquemment un
contrôle efficace de l'équipe managériale lorsqu'ils seront
peu nombreux. A l'inverse, plus les actionnaires seront nombreux, moins leurs
contrôle sera efficace
3- Le mode de gouvernance anglo-saxon fondé sur le
marché des actions organisent un transfert du risque
intergénérationnel, qui accorde plus d'importance aux
résultats courants et le financement sur le court terme, alors que les
de gouvernance fondés sur la dette organisent un transfert de risque
intertemporel, qui assure aux entreprises une plus grande disponibilité
du crédit dans le temps, et il est naturellement plus favorable aux
financement à long terme (Dietsch, 2003, P. 144).
Chapitre 2 : Une analyse approfondie des
spécificités de la gouvernance d'entreprise dans les pays
européens continentales
Avec une analyse comparée des systèmes de
gouvernance dans cinq pays européen, Boutiller et al (2002)
démontrent la spécificité de chacun des ces pays en
matière de corporate governance.
La convergence qu'on peut constater entre les pays
européens, en ce qui concerne les structure de financement et les
structures de contrôle, ne signifie pas l'existence d'un seule
modèle de gouvernance dans tous les pas européens. En effet,
chaque pays subit le poids de ses pratiques culturelles et
réglementaires, relatives aux mécanismes permettant de dissocier
la propriété du contrôle.
Ce chapitre sera divisé en deux sections. La
première présente un panorama des structures de
propriété et de contrôle des sociétés
cotées européennes, avant que la deuxième section
s'intéresse à une analyse comparée de la gouvernance
d'entreprise en quatre pays européen (France, Allemagne, Italie et
Pays-Bas).
Section 1 : Structures de la
propriété et du contrôle des sociétés
cotées européennes
Dans cette section, nous allons voir, dans un premier temps,
comment la thèse de Berle et Means (1932), concernant la dispersion de
l'actionnariat, n'est pas applicable en Europe continentale, où
l'actionnariat concentré domine (1-1). Ensuite, nous allons voir comment
les structures de contrôle des entreprises européennes
cotées ne coïncident pas nécessairement avec les structures
de propriété, notamment en termes de concentration, et ceci
grâce à des mécanismes de séparation que nous allons
décrire (1-2).
(1-1): Un actionnariat concentré marquant la
géographie du capital des entreprises cotées
européennes
En effet, la vision de Berle et Means (1932) concernant la
dispersion de l'actionnariat a été supposée d'être
applicable universellement. Mais, plusieurs études et recherches ont
récemment montré que cette vision ne recoupe pas les observations
faites (M. Becht, C. Mayer, 2002).
Ces études constatent que le degré de la
concentration de propriété est particulièrement
élevé en Europe continentale, où le principale
blockholder détient en moyenne presque la moitié du
capital. De plus, Becht et Mayer (2002) montrent que la concentration ne
s'explique pas seulement par la présence d'un grand actionnaire, mais
aussi par l'absence d'autre grand actionnaire. En revanche, aux Etats-Unis et
en Grande-Bretagne, le deuxième (et troisième) actionnaire ne est
pas différent du premier.
Avant de déterminer le détenteur ultime dans
l'entreprise européenne, on va procéder d'une présentation
de quatre études principales concernant la situation
européenne.
1-1-1 : Une typologie des études concernant
l'actionnariat au sein des sociétés cotées
européennes :
· J. Franks et C. Mayer (1995) : ` Ownership and
control `
· R. La Porta, F. Lopez-de-Silanes, A. Shleifer
(1999) : ` Corporate ownership around the world'
· M. Faccio et L.H.P. Lang (2002): `The separation of
ownership and control, An analysis of ultimate ownership in western European
corporations'
· M. Becht et C. Mayer, (2002), `Corporate control in
Europe'
1) - J. Franks et C. Mayer (1995): `Ownership and control
`
Premièrement, pour Franks et Mayer, il y a un autre
type de la structure de propriété et de contrôle que celui
décrit par Berle et Means. Ce type, répandu en Europe, se
caractérise par un niveau élevé significativement de la
concentration de propriété.
Les auteurs trouvent que plus de (80 %) des (170) grandes
entreprises cotées en France et Allemagne ont un grand actionnaire ayant
plus de (25 %) de leur capital, et la moitié de ces entreprises se
caractérisent par l'existence d`un seul actionnaire majoritaire. Par
contre, pour un échantillon de (170) sociétés
cotées britanniques, (16 %) des sociétés ont un
actionnaire détenant (25 %), et seulement (6 %) ont un seul actionnaire
majoritaire.
Pour identifier le blockholder, Franks et Mayer
montrent que la propriété des entreprises européennes sont
principalement concentrée dans les mains de deux groupes : de
familles et d'autres firmes (les participations croisées et les
constructions pyramidales11(*) sont des phénomènes connus dans les
sociétés cotées européennes, comme on le voir dans
la paragraphe suivant.
Leur résultat étonnant est que les banques ne
possèdent pas de grande participation, malgré l'attention qui a
été portée sur le rôle des banques
européennes dans la construction de la relation banque-industrie dans la
gouvernance d'entreprise.
2) - R. La Porta, F. Lopez-de-Silanes et A. Shleifer
(1999): `Corporate ownership around the world'
L'échantillon de La Porta et al (1999) porte sur les
vingt plus grandes sociétés cotées [les grandes] et les
dix sociétés les plus petites [les moyennes] (dont la
capitalisation boursière représente au moins 500 millions de
dollars) dans chacun des (27) pays étudiés à travers le
monde, entre 1995 et 1997. Et ils retracent les actionnaires détenant
(10 %) ou plus des droits de vote.
Le travail de ces auteurs complète et élargie
celui de Franks et Mayer. Ils ont trouvé que les observations de ces
deux auteurs, concernant la structure de propriété dans les
entreprises européennes, sont applicables dans le monde entier (sauf
dans les pays anglo-saxons).
Par exemple, si les vingt plus grandes entreprises
cotées aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne sont effectivement
caractérisées très majoritairement par un actionnariat
dispersé, tel n'est pas la situation rencontrée dans tous les
pays, où le contrôle de l'Etat et le contrôle familial
jouent le rôle déterminant.
Pour les dix entreprises dans chaque pays que les auteurs
qualifient de moyennes de taille, les résultats sont sensiblement
différents et rejettent plus nettement l'hypothèse d'un
actionnariat dispersé.
3) - M. Faccio et L.H.P. Lang (2002): `The separation of
ownership and control, An analysis of ultimate ownership in western European
corporations'
Cet étude est considérée la plus
importante parce que Faccio et Lang reconstituent la géographie de
(5232) entreprises dans (13) pays européens : Autriche, Belgique,
Finlande, France, Allemagne, Irlande, Italie, Norvège, Portugal,
Espagne, Suède, Suisse et Grande-Bretagne.
Ils ont trouvé que (44,29 %) des entreprises sont
à contrôle familiale, et (36,93 %) des entreprises dont le
contrôle est dispersé. Ces dernières sont importantes
seulement en Grande-Bretagne et Irlande, alors que les entreprises à
contrôle familial sont répandues dans les pays d'Europe
continentale
Par ailleurs, la proportion d'entreprises à
contrôle familial est plus importante pour les entreprises de petite
taille.
Le tableau suivant montre les résultats principaux de
Faccio et Lang
Tableau 1 : Actionnariat en dernier ressort des
entreprises européennes
Pays
|
Nombre
d'entreprise
|
Au seuil 20 % : contrôle de type
|
Dispersé
|
Familial
|
Etatique
|
Autriche
|
99
|
11,11
|
52,86
|
15,32
|
Belgique
|
130
|
20,00
|
51,54
|
2,31
|
Finlande
|
129
|
28,68
|
48,84
|
15,76
|
France
|
607
|
14,00
|
64,82
|
5,11
|
Allemagne
|
704
|
10,37
|
64,62
|
6,3
|
Irlande
|
69
|
62,32
|
24,63
|
1,45
|
Italie
|
208
|
12,98
|
59,61
|
10,34
|
Norvège
|
155
|
36,77
|
38,55
|
13,09
|
Portugal
|
87
|
21,84
|
60,34
|
5,75
|
Espagne
|
632
|
26,42
|
55,79
|
4,11
|
Suède
|
245
|
39,18
|
46,94
|
4,9
|
Suisse
|
214
|
27,57
|
48,13
|
7,32
|
Grande-Bretagne
|
1953
|
63,08
|
23,68
|
0,08
|
Source : Faccio et Lang (2002), extrait du
tableau 3
D'après les constatations précédentes, on
peut remarquer que, pour les sociétés cotées
françaises, allemandes et italiennes, le contrôle familial est le
règle et l'actionnariat dispersé une exception.
Les auteurs procèdent d'une analyse plus fine pour
montrer qu'en France (33,8 %) de la capitalisation des entreprises de
l'échantillon (607) est détenue par les 15 premières
familles, (25,1 %) pour Allemagne, (21,92 %) pour Italie et seulement (6,55 %)
en Grande-Bretagne. Si on prend la propriété des 10
premières familles, les chiffres sont (22,04 %), (15,66 %), (16,83 %) et
(4,11 %) pour France, Allemagne, Italie et Grande-Bretagne respectivement.
4)- M. Becht et C. Mayer, (2002), `Corporate control in
Europe'
Becht et Mayer étudie les systèmes de
gouvernance dans une dizaine de pays européens, ils parviennent aux
résultats suivants :
1- une forte concentration de contrôle en Europe
continentale par rapport à la situation dominante aux Etats-Unis et en
Grande-Bretagne.
2- Au sein des entreprises européennes, la
propriété des blocs de vote est concentrée dans les mains
de familles et d'autres entreprises.
3- Une caractéristique majeure de la structure de
contrôle dans de nombreux pays européens réside dans la
capacité de coalition à se mettre à l'abri de l'influence
des actionnaires. certaines sociétés n'ont pas de
propriétaires identifiables ou bien les propriétaires sont
privés de droits de vote à travers des institutions
intermédiaires ou des dispositifs de blocage. En Autriche, de nombreuses
sociétés n'ont pas de propriétaire identifié. En
Espagne et en France, les restrictions au droit de vote constituent une
protection remarquable contre l'influence des actionnaires. Un mécanisme
de protection utilisé par les firmes néerlandaises consiste
à mette des actions privilégiées en faveur d'investisseurs
amicaux.
1-1-2 : L'identification du détenteur de bloc
dans les entreprises européennes cotées :
Nous allons proposer quelques éléments
concernant l'identité des détenteurs ultimes dans quatre pays
européens (Allemagne, Pays-Bas, Italie et la France), selon le
travail de Becht et Mayer (2002) ; Boutillier et al (2002) ; Nowak
(2001) et Wôjick (2001).
La prédominance de la propriété familiale
et étatique, dans certains pays européens, n'exclue pas
l'existence d'autres acteurs comme les investisseurs institutionnels, les
sociétés non financières et les non- résidents.
- Le poids des investisseurs
institutionnels : il existe d'importantes disparités entre
les pays, notamment selon la catégorie de ces investisseurs. C'est en
France que le poids des banques est le plus élevé, surtout dans
les sociétés cotées (12 %) contre (10 %) en Allemagne et
en Italie, et (7 %) aux Pays-Bas. Pour les compagnies d'assurances est de
l'ordre de (10 %) en Allemagne et aux Pays-Bas, et (3 %) pour l'Italie et la
France. Les fonds de pension ont un poids faible dans les pays d'Europe
continentale (Boutillier et al, 2002).
- La prédominance des sociétés
non financières : en ce qui concerne la participation
croisées, c'est en Allemagne, où l'importance des holdings est la
plus élevée, avec (76 %) pour les sociétés à
responsabilité limitée sur la période 1993- 1997. La
France occupe le deuxième rang avec (27 %) pour les entreprises
cotées.
- Les participations de
non-résidents : ils sont surtout les investisseurs
institutionnels anglo-saxons (Jeffers et Plihon, 2001). Leur poids est
très important aux Pays-Bas où ils présentent (44 %) du
capital de toutes les sociétés cotées en 1999. Alors que,
en Allemagne, la fraction des actions cotées détenues par les
non-résidents est de l'ordre de (16 %) dans la même
année.
(1-2) - La concentration de contrôle : les
mécanismes légaux contrariant le principe ` one- share, one-
vote `
Les entreprises européennes présentent une autre
déviation majeure de la structure de propriété et de
contrôle décrite par Berle et Means (1932). Les structures de
contrôle des entreprises ne coïncident pas nécessairement
avec les structures de propriété qui viennent d'être
décrites dans le paragraphe précédant.
Si on prend le tableau suivant montrant le degré de
concentration du contrôle de quelques pays européens
Tableau 2
Concentration de la propriété et du
contrôle des entreprises cotées en 1997
Pays
|
Nombre d'entreprises
|
Droits de propriété
|
Droits de contrôle
|
Droits de propriété /
droits de contrôle
|
Allemagne
France
Italie
Pays-Bas
Royaume-Uni
|
690
604
204
137
1421
|
48,54
46,68
38,33
42,78
20,83
|
54,50
48,32
48,26
42,78
20,83
|
1,12
1,03
1,26
1,58
1,12
|
Source : M. Boutillier et al (2002), p. 517
On observe que aux Pays-Bas, par exemple, la structure du
contrôle des sociétés cotées apparaît (1,6)
fois plus concentrée que celle de la propriété.
Ces données s'expliquent par le recours plus ou moins
important à une gamme étendue d'outils et mécanismes
juridico-financiers permettant de dissocier la propriété du
contrôle. Ces outils, dont la finalité majeure concerne
précisément l'encadrement du pouvoir actionnariale,
protègent les dirigeants et les blockholders contre les OPA
hostiles.
Dans un premier temps, nous allons voir une typologie des
dispositifs contrariant le principe « une- action, une
vote », et ensuite, leurs applications dans les entreprises
européennes cotées.
1-2-1 : Une typologie des mécanismes
contrariant le principe « une- action, une
vote » :
A- Emission d'actions sans droit de
vote : C'est ce qu'on appelle les action à dividendes
prioritaires sans droits de vote, cette pratique appliquée dans tous les
législation. En générale, la proportion de ce type de
titres dans les capitaux propres des entreprises est contrainte et le revenu
versé aux porteurs de titres sans droits de vote peut être
supérieur à celui des actionnaires ordinaires pour une mise de
fonds identique.
B- Emission de plusieurs classes d'actions avec droits
de vote différenciés : Par exemple, une classe A
associe un droit de vote à chaque action, une classe B en associera 2 ou
plus. Bien sûr les titres sont différents, s'ils sont cotés
en bourse, ils le sont sur des lignes de cotation différentes et
s'échangent ainsi avec des valeurs différentes.
C- Les certificats d'investissement :
Dans cette pratique, chaque action se manifeste avec un certificat
d'investissement et un certificat de vote. Les certificats de vote sont
distribués aux anciens actionnaires au prorata des droits de vote
détenus. Les porteurs de certificats d'investissement ont tous les
droits des actionnaires ordinaires sauf le droit de vote.
D- Les constructions pyramidales : On
dit que la firme (Y) est contrôlée par les constructions
pyramidales lorsqu'il y a un actionnaire contrôle cette firme
indirectement à travers une autre firme, et que cette dernière
n'est pas contrôlée totalement par cet actionnaire (Faccio et
Lang, 2002).
Bebchuk (1999) suggère que les structures
d'actionnariat verticales ou pyramidales sont défavorables aux
actionnaires minoritaires car les actionnaires de contrôle ont une moins
forte incitation à maximiser la valeur actionnariale, lorsque le risque
subi, lié à la participation dans le capital, est faible.
Attig et al (2002) montrent que les structures pyramidales
sont contrôlées par des actionnaires ultimes lointains qui
cherchent à accumuler le contrôle et qui ont un comportement
opportuniste. Les résultats empiriques obtenus prouvent que les
sociétés affiliées (avec structure pyramidale) disposent
d'un Q de Tobin plus faible que les sociétés
indépendantes, et que leurs titres sont moins liquides.
La montée en puissance des investisseurs
institutionnels et (surtout les anglo-saxons) dans les circuits de financement
et sur toutes les bourses européennes, valorise la liquidité des
marchés et la protection des minoritaires. Dons, ils vont inciter pour
des changements dans les structures européennes de la
propriété et du contrôle privilégiant
l'intérêt des actionnaires majoritaires. La question qui se pose
est de savoir, jusqu'à quel point le modèle européen va
résister à ces changements.
Section 2 : Une comparaison entre les
modèles européens différents de la gouvernance
d'entreprises
La convergence qu'on a vu entre les pays européens,
à travers les sections précédentes, en ce qui concerne les
structure de financement et les structures de contrôle, ne signifie pas
l'existence d'un seule modèle de gouvernance dans tous les pas
européens.
Partant de ce constat, on se propose d'effectuer dans cette
section, une comparaison des structures de gouvernance d'entreprise de quatre
pays européens en prenant comme point de départ les
différences quant à la structure et au nombre de conseils au sein
des entreprises (2-1). Ensuite on va essayer de répondre à la
question suivante : dans l'intérêt de qui les entreprises
cotées européennes sont-elles gérées ?
(2-2).
(2-1) : Une dualité de structure du conseil
d'administration :
Selon Boutillier et al (2002), dans les pays européens,
les gouvernances d'entreprise se caractérisent par l'existence de deux
types du conseil d'administration : la structure mono-partite (ou
unitaire) et la structure bi-partite (ou duale)
La structure unitaire se caractérise par l'existence
d'un conseil unique, le conseil d'administration, qui se compose
d'administrateurs exécutifs et non exécutifs élus par
l'assemblée générale des actionnaires. En revanche, la
structure duale comprend à la fois un directoire (composé
d'administrateurs exécutifs seulement) et un conseil de surveillance.
C'est alors le conseil de surveillance qui le pouvoir de
nommer et de renvoyer les membres du directoire (Boutillier et al, 2002).
L'une des question importantes des structures mono-partites
est celle de la séparation des fonctions de directeur
général et de présidant du conseil d'administration. Le
cumul de ces deux postes conduit à la figure du PDG.
Dans la structure unitaire, ce sont les administrateurs
externes qui sont supposés exercer un certain contrôle sur les
décisions des administrateurs exécutifs (internes). La question
est alors de connaître l'importance des administrateurs externes au sein
du conseil, et quel est leur degré d'indépendance et s'ils
exercent leur rôle de monitoring. En revanche, l'existence du conseil de
surveillance est supposée garantir le contrôle du directoire au
sein des structures duales.
Or, une comparaison entre trois pays européens (France,
Italie, Allemagne) semble nécessaire pour éclairer cette
dualité (cette comparaison se fait extraire de [Allen et Gale, 1999,
P.79-125] ; [Becht et Mayer, 2002] ; [Bianchi et Enrique, 2001;
[Boutillier et al ,2002] ; [Franks et Mayer, 2000] et [Nowak,
2001] :
]
A- La France : en
générale, les entreprises françaises sont marquées
par le structure mono-partite. Mais, il apparaît, en effet, qu'un nombre
croissant de grandes entreprises choisissent de se doter d'un conseil de
structure bi-partite. La situation française trouve son origine dans
l'idée suivante : contrairement aux pays européens, lorsque
une société française choisit sa structure de gouvernance.
Cette dernière est susceptible d'être facilement révisable
(Boutillier et al, 2002). C'est ainsi que 25 % des sociétés du
CAC 40 avaient une structure duale en 2000, contre 12,5% en 1995.
Pour la question concernant le cumul des fonction de directeur
général et de président du conseil, le
phénomène de PDG est considéré comme un des
attribues des entreprises françaises cotées.
Bien que le rapport Viénot (1995), (1999) ait
insisté sur la nécessité de directeurs
indépendants, la France présente néanmoins une situation
mauvaise en ce qui concerne ce point. En effet, sur les 15 membres que compte
en moyenne le conseil d'administration d'une société du CAC 40,
seuls environ 20 % sont qualifiés d'indépendants. En 2000, 30
personnalités (qualifiés de 30 parrains du capitalisme
français) totalisent 170 mandats au sein des sociétés
cotées et que, pour les seules entreprises du CAC 40, 12 administrateurs
ont au moins 5 mandats chacun (Boutillier et al, 2002, p.529).
Le fonctionnement du marché de prise de contrôle
(le contre-pouvoir) est assuré par les investisseurs institutionnels et
notamment les anglo-saxons (Ponssard, 2001).
B- L'Allemagne : les entreprises
allemandes doivent adopter la structure bi-partite, même si elles ne sont
pas soumises aux règles de la cogestion12(*).
« Dès lors que le système de la
cogestion s'applique, la spécificité du modèle allemand
réside dans le fait que les membres du conseil de surveillance sont
nommés par l'assemblée générale des actionnaires et
par les salariés. Les représentants des actionnaires peuvent
aussi être nommés par des « actionnaires
désignés », ou par les détenteurs de
catégorie spéciale d'actions. Cette règle peut
être utilisée pour assurer la représentation des
actionnaires minoritaires mais pas plus d'un tiers des membres du conseil de
surveillance peuvent être nommés de la sorte. Selon cette
situation, les membres du conseil de surveillance ne peuvent pas être
considérés indépendants des actionnaires majoritaires et
des salariés » (Boutillier et al, 2002, p.527)
Théoriquement, la structure bi-partite de la
gouvernance d'entreprise est supposée permettre d'atteindre un
degré d'indépendance supérieur à celui de la
structure mono-partite. Mais dans le contexte allemand, l'indépendance
du conseil peut cependant être entravée par la présence
d'anciens membres du directoire et par le fait que les réunions du
conseil de surveillance et du directoire se déroulent fréquemment
simultanément et de manière commune.
D'après Ponssard (2001), la situation de contre-pouvoir
au sein des sociétés cotées allemandes se manifeste, entre
autre, par le fait que l'Allemagne n'ait pas hésité, en juillet
2001, à bloquer au Parlement européen une directive visant
à faciliter les OPA hostiles. Le marché allemand du
contrôle est longtemps démuré peu actif et les fusions,
lorsqu'elles existent, sont en général amicales.
Une étude récente de Nowak (2001) signale une
augmentation récente des OPA hostiles dans le marché financier
allemand.
C- L'Italie : les entreprises
cotées italiennes disposent d'une structure mono-partite qui peut se
réduire à un directeur unique. Mais à cela s'ajoute
l'existence d'une commission d'audit interne qui, contrairement à ce qui
se pratique dans les structures mono-partites, est extérieure au conseil
d'administration.
Le rôle de cette commission est très proche de
celui des administrateurs externes, puisqu'il consiste à contrôler
les administrateurs exécutifs.
Depuis la réforme Draghi (1998) la commission d'audit
doit être composée au minimum de trois membres, dont au moins un
représentant de la minorité des actionnaires (au moins deux si le
conseil est composé de plus de trois membres). Cette réforme a
également accrue le pouvoir et les compétences de la commission
d'audit (Boutillier et al, 2002).
On peut citer que la plupart des sociétés
cotées italiennes réduisent les membres de la commission d'audit
à trois afin d'éviter la présence plus d'un
représentant des actionnaires minoritaires. De plus, la plupart des
administrateurs exécutifs représentent en effet les
détenteurs de blocs d'actions.
En ce qui concerne la question du cumul des postes de
directeur générale et présidant du conseil, il est
observé qu'en Italie ces deux postes sont occupées par des
personnes différentes. Cependant, le management en Italie peut
être difficilement considéré indépendant car la
division des rôles entre ces deux fonctions n'est absolument pas
clairement établie (Abravanel, 1997)13(*). Et les actionnaires majoritaires nomment à la
fois le conseil d'administration et la commission d'audit dans la moitié
des cas.
Selon (Melis, 1998), pour la question concernant l'importance
des administrateurs externes et leur rôle, la plupart des conseils des
sociétés italiennes sont de plus de 6 personnes, dont seulement
un maximum de trois sont des administrateurs exécutifs.
Monlteni (1997)14(*) note que les administrateurs externes ont des
difficultés à vérifier les informations fournies par les
directeurs internes, de plus les administrateurs externes ne sont en pratique
jamais impliqués dans les choix des internes.
Finalement, le contre- pouvoir exercé sous la forme
d'OPA est peu développé, voire quasiment inexistant dans le
marché financier italien.
En guise de conclusion, on va citer que, contrairement
à ce que l'on pourrait croire à première vue, c'est donc
la structure duale qui devient majoritaire dans les pays européens.
Il paraît en effet qu'un nombre croissant d'entreprises
françaises choisissent de se doter d'un conseil de surveillance et que
la structure de gouvernance italienne, a priori mono-partite, est manifestement
une hybridation des modèle britannique et germano-néerlandais
(Melis, 1998).
(2-2) : La prise en considération des
intérêts de plusieurs parties prenantes : dans
l'intérêt de qui les entreprises européennes sont-elles
gérées ?
La plupart des auteurs et chercheurs de la question de la
gouvernance d'entreprise ont mis l'accent sur la caractéristique
principale des modèles européens de la gouvernance, celle de la
prise en considération de l'intérêt de l'ensemble des
parties prenantes (non seulement l'intérêt des actionnaires).
Mais, la diversité que présentent les pays
européens, tant en ce qui concerne les structures de
propriété (l'identité de détenteur de bloc) et
qu'en ce qui concerne le modèle de conseil (mono ou bi-partite), nous
laisse de poser la question suivante : dans l'intérêt de
qui les entreprises européennes sont-elles
gérées ?
En général, dans les pays à structure
mono-partite, les entreprises sont souvent gérées principalement
dans l'intérêt des actionnaires, surtout les détenteurs de
bloc de contrôle, tandis que les systèmes de gouvernance à
structure bi-partite se caractérisent par une approche holiste de
l'entreprise consistant à prendre en considération les
intérêts de l'ensemble des stakeholders.
A- La France : Le rapport Viénot
(1995), (1999) recommande la recherche d'un équilibre dans la
composition du conseil d'administration. La situation française montre
une progression de l'actionnariat salarial. A l'opposé des pays
à cogestion (l'Allemagne), la présence d'administrateurs
salariés n'est pas inscrite par la loi française pour les
sociétés qui n'ont pas été nationalisées, et
l'attention se porte plutôt sur l'actionnariat salarié peu
important mais en pleine croissance (Boutillier et al, 2002).
En 1998, pratiquement toutes les entreprises du CAC 40
disposaient d'un actionnariat salarié, à hauteur de 2 % en
moyenne. En effet, cet actionnariat est souvent organisé dans des
structures du type « fonds communs de placement en entreprise
(FCPE).
B- L'Allemagne : Le modèle
allemand est considéré comme le modèle type de la
gouvernance européenne, où les intérêts des
stakeholders sont privilégiés de manière à
la fois adéquate et équitable. L'intérêt des
actionnaires est perçu dans le contexte allemand comme un
élément de l'intérêt global de l'entreprise.
Cette conception holiste des intérêts de
l'entreprise allemande va généralement de pair avec le principe
de cogestion.
En conséquence, dans les entreprises allemandes les
syndicats et les représentants d'actionnaires constituent les groupes
les plus importants dans le conseil de surveillance.
C- L'Italie : dans les entreprises
cotées italiennes, la primauté est clairement accordée aux
intérêts des actionnaires, ceux des autres stakeholder
n'étant pas pris en considération par les dirigeants des
entreprises. Même si le comité d'audit a énormément
évolué du fait de la réforme Draghi (1998), il n'admet
toujours pas la présence de représentants des salariés et
se compose de représentants des actionnaires majoritaires et
minoritaires.
Mais, cela ne signifie pas que les droits des minoritaires
sont respectés dans les sociétés italiennes. Par exemple,
jusqu'en octobre 2000, seules cinq sociétés cotés avaient
réduit le seuil du capital pour la convocation de l'assemblée de
la part des actionnaires, et seulement sept ont introduit le vote par
correspondance (Boutillier et al, 2002).
Ainsi, on peut dire que, en total, c'est
l'intérêt des actionnaires majoritaires est prioritaire dans les
entreprises italiennes cotées.
En conclusion, on peut citer les deux points
suivants :
- Ce qui continue de différencier fortement les
modèles de la gouvernance au niveau européen est la prise en
compte des intérêts des seules actionnaires, de surcroît des
seules majoritaires en France et en Italie, et à l'inverse de l'ensemble
des stakeholders en Allemagne et aux Pays-Bas.
- En effet, quelque soit le modèle de gouvernance dans
les pays européens étudiés, les doits des minoritaires
s'avèrent extrêmement limités en pratique.
Le dernier point sera le centre d'un rôle potentiel des
investisseurs institutionnels anglo-saxons dans la gouvernance des
sociétés cotées européennes, et c'est ce que nous
allons essayer de montrer dans la deuxième partie.
Deuxième partie : Une analyse approfondie
du rôle des investisseurs institutionnels anglo-saxons dans les
modèles européens de la gouvernance des sociétés
cotées
Le développement rapide des investisseurs
institutionnels constitue l'un des faits marquants de la période
récente. Ces acteurs, qui gèrent une grande partie de
l'épargne mondiale (près de 30000 milliards de dollar en 1998),
occupent une place désormais importante sur les marchés
financiers internationaux.
En Europe, les investisseurs institutionnels sont devenus, par
l'importance de leur participation dans le capital des entreprises, les acteurs
prédominant sur le marché financier européen.
Individuellement, les fonds institutionnels étrangers
présents en France ne prennent que des parties très minoritaires
dans les entreprises ; mais, par leurs exigences communes en
matière de gouvernance d'entreprise, ils contribuent au renforcement du
pouvoir financier sur le contrôle des entreprises (Ponssard, 2001).
Lorsque les investisseurs institutionnels anglo-saxons
investissent en Europe, ils se trouveraient dans une situation
différente de celle de leur pays d'origines. Donc cela va les conduire
à changer leur comportement à l'égard des entreprises.
Selon Gérard (2001)15(*), contrairement au modèle américain, en
France, l'activisme des actionnaires minoritaires (dont les investisseurs
institutionnels) est composé d'un ensemble d'activités
associationnelles et juridiques souvent médiatisées,
accompagnées ou non de batailles de procurations.
Selon Boutillier et al, 2002), c'est la montée en
puissance des investisseurs institutionnels anglo-saxons dans les circuits
d'intermédiation et sur toutes les place boursières
européennes qui valorise la liquidité des marchés et la
protection des minoritaires.
Nous développerons cette deuxième partie en deux
grands chapitres. Dans le premier chapitre, nous analyserons la montée
en puissance des investisseurs institutionnels anglo-saxons comme un nouvel
acteur actif sur le marché financier international. Le deuxième
chapitre sera consacré à une analyse approfondie de l'impact des
zinzins anglo-saxons sur les modèles européens de la gouvernance
d'entreprise.
Chapitre 1 : Les investisseurs institutionnels
anglo-saxons : un nouvel acteur puissant sur le marché financier
international
Selon Karpoff et al (1996), l'amplification des actions
activistes des actionnaires commence en 1982 lorsque le cours suprême des
Etats- Unis modifie profondément la loi sur les prises de contrôle
qui prévalait jusqu'à là, et libéralise les OPA.
Les dirigeants des entreprises, face à cette situation,
devaient chercher à se défendre et à mieux
sécuriser leur contrôle, ils ont inventé des instruments de
défense tels que les mesure anti-OPA et les pilules empoisonnées.
Ces mesures défensives ont très forte
handicapé les prises de contrôle et empêché un mode
de surveillance des dirigeants. Par conséquence, beaucoup
d'investisseurs qui souhaitent influencer les politiques des entreprises se
sont alors transformés en activistes en soumettant aux assemblées
générales des propositions portant principalement sur
l'élimination de ces mesure anti- OPA ( Gordon et Pound, 1993).
Il faut savoir que les propositions de résolutions sont
autorisées aux Etats-Unis par le SEC (Securities and Exchanges
Commission) depuis 1934. Utilisées pour la première fois en
1942. Ces propositions consistent en un texte bref soumis par les actionnaires
demandant une action spécifique des dirigeants. Jusqu'à la fin
des années 80, la plupart émanaient d'investisseurs individuels
ou de groupes sociaux activistes et n'obtenaient plus de 10 % des votes.
Aujourd'hui, ces résolutions sont très formulées par des
investisseurs institutionnels et obtiennent de vote beaucoup plus
élevés, voire la majorité (Capy, 2002).
Avec l'arrivé des investisseurs institutionnels, de
nouvelles formes d'intervention ont émergé. Selon Wahal (1996),
c'est le passage de l'activisme pour éliminer les amendements anti-OPA
à l'activisme des zinzins pour la question générale de
corporate governance.
Nous étudierons ce chapitre en deux section : dans
la première, nous analyserons la montée en puissance des
investisseurs institutionnels comme un nouveau joueur sur le marché
financier international, et dans la seconde section, nous essaierons, à
travers les différentes recherches effectuées, de
déterminer les effets de l'activisme des zinzins sur la gouvernance
d'entreprises.
Section 1 : Une clarification des
caractéristiques générales des investisseurs
institutionnels anglo-saxons
Le développement rapide des investisseurs
institutionnels constitue l'un des faits marquants de la période
récente. Ces acteurs, qui gèrent une grande partie de
l'épargne mondiale (près de 30000 milliards de dollar en 1998),
occupent une place désormais importante sur les marchés
financiers internationaux.
Les investisseurs institutionnels se caractérisent par
leur diversité, tant du point de vue de leurs statuts juridiques que de
leurs stratégies.
D'abord, nous allons voir les facteurs qui sont à
l'origine de la montée en puissance des investisseurs institutionnels
dans les principaux pays industriels (1-1), puis, une présentation des
cinq catégories principales d'investisseurs institutionnels (fonds de
pension, banques, compagnies d'assurance, sociétés de placement
collectif et fonds spéculatifs) (1-2).
(1-1) : L'arrivée des investisseurs
institutionnels
Les investisseurs institutionnels sont les acteurs qui
détiennent aujourd'hui la fraction la plus élevée des
titres cotés sur le marché financier international. En 1998,
selon les statistiques de l'OCDE (organisation of co-operation and
development economic ), les actifs financiers détenus par les
investisseurs institutionnels sont près de 30 000 milliards de
dollar, ce qui dépasse le PIB global des pays industriels (l'Europe de
quinze, le Japon et les Etats-Unis ) (Jeffers et Plihon, 2001).
Initiée en 1979 avec la décision du G5 de
confier aux mécanismes du marché la régulation de
l'économie mondiale, l'extension des marchés financiers est
progressivement accélérée durant les années 1980
(Baudru et al, 2001). Quels que soient les auteurs, tous considèrent que
le nouveau mode de régulation est fondé sur un principe
d'allocation patrimoniale, dont le pivot est le rôle joué par les
investisseurs institutionnels (Baudru et Lavigne, 2000)
Aujourd'hui, la montée de l'incertitude quant à
l'avenir, à propos notamment du financement des retraites, a conduit les
salariés à accroître leurs épargnes
financières de précaution. C'est-à-dire, la recherche
d'une rentabilité maximale associée à niveau de risque en
fonction de l'esprit d'aventure de chaque personne.
Les renseignements de la théorie financière
issue des travaux sur la gestion de portefeuille soulignent la
nécessité de diversifier ses avoirs pour optimiser le couple
rentabilité- risque. Ainsi, à chaque niveau de risque doit
correspondre un portefeuille optimal en termes de rentabilité. La
constitution de ce portefeuille peut relever de l'investisseur individuel.
Cependant cette gestion nécessite une culture
économique minimale, du temps pour assurer un contrôle
régulier et une surface financière pour permettre la
diversification ; trois conditions que ne maîtrisent pas ou ne
souhaitent pas remplir la majorité des petits investisseurs (Capy,
2002).
Cette situation va conduire à l'émergence
de géants professionnels assurant la gestion collective des placements
d'un grand nombre de petits investisseurs. L'objectif de ces gestionnaires pour
compte de tiers est d'assurer le rendement maximal pour un niveau de risque
prédéfini.
L'ensemble de ces gestionnaires constituent ce qu'on appelle
les investisseurs institutionnels.
(1-2) : une typologie des investisseurs
institutionnels :
Selon les classifications habituelles, les investisseurs
institutionnels regroupent trois types principaux d'institutions : les
banques, les organisations de placement collectif (OPC), les compagnies
d'assurances et les fonds de pension (Capy et Hirigoyen, 2001). Le poids de ces
différentes institutions financières est très variable
selon les pays. Les fonds de pension dominent aux Etats-Unis tandis que les
assurances ont le plus gros portefeuille au Japon et c'est les OPCVM qui
prend la première place en France (Jeffers et Plihon, 2002).
Monks et Minow (1995) comptent parmi les investisseurs
institutionnels les compagnies d'assurance, les banques, les fonds
d'investissement, les fonds de pension et les fondations.
Brickley et al (1988) examinent le lien éventuel entre
l'actionnariat institutionnel et le vote de diverses dispositions limitant ou
contrariant les offres publiques. Les résultats permettent aux auteurs
de définir deux catégories d'investisseurs institutionnels :
les banques et les compagnies d'assurances d'une part, et d'autre part, les
mutuel funds, fondations et fonds de pension. Ceux appartenant
à la deuxième catégorie s'opposent plus fréquemment
aux dirigeants en place.
Kochar et David (1996) identifient deux groupes
différents des investisseurs institutionnels. D'une part, les zinzins
sensibles à la pression (Banquiers et assureurs), et cela à cause
de leurs relations commerciales avec les firmes dont ils sont actionnaires, et
d'autre part, les zinzins résistants à la pression.
Gorton et Kahn (1999) regroupent sous le terme d'investisseurs
institutionnels les intermédiaires financières, fonds de pension,
l'Etat et les familles.
Selon Beldona et al (1998), les investisseurs institutionnels
sont hétérogènes ayant des comportements, des contraintes,
des desseins et objectifs différents.
Nous allons présenter une typologie des investisseurs
institutionnels fondée sur deux dimensions. D'une part, le cadre
juridique et d'autre part, les interactions entre les institutions
financière et les entreprises.
1- Les fonds de pension :
Un fond de pension est une institution financière
chargée de collecter, de détenir et d'investir des actifs en vue
d'assurer le paiement de prestations futures à ses adhérents.
(Jeffers et Plihon, 2002).
Les fonds de pension se sont surtout développés
dans les pays qui pratiquent les systèmes de retraite par
capitalisation, en particulier aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. En revanche,
dans les pays d'Europe continentale, où prédominent les
systèmes de retraite par répartition, les fonds de pension ont un
poids encore faible.
Les dirigeants du fonds de pension sont responsables des
décisions de gestion qu'ils prennent au nom des adhérents au
fonds. Il peut décider de gérer l'argent avec l'aide d'une
équipe interne (in house management) ou de
déléguer la responsabilité de gestion de portefeuille
à un gestionnaire externe (money manager).
Monks et Minow (1995) considèrent que suite aux
changements des prestations et du fait qu'ils deviennent des actionnaires
presque permanents, les fonds de pension sont des investisseurs de long terme
idéal.
Useem (1993)16(*) indique que dans la majorité des exemples
concernant l'activisme des zinzins, les fonds de pension sont à
l'origine de diverses attaques contre le management des entreprises. Ces
attaques se manifestent par des pressions sur le dirigeant pour l'adoption de
certaines réformes dont ceux qui touchent aux principes de corporate
governance et les rémunérations des dirigeants (Monks et
Minow, 1995).
En effet, contrairement à leurs homologues assureurs ou
banquiers, la plupart des fonds de pension n'entretiennent pas d'autres
relations avec les entreprises que celle d'actionnaire. Comme le souligne Black
(1990), « les gestionnaires de fonds de pension ne font pas
d'affaires avec les dirigeants d'entreprise. Si bien qu'ils ne sont pas
directement concernés par le fait que ceux-ci apprécient ou non
leurs votes lors des assemblées générales ».
Selon l'étude de Beldona et al (1998), les fonds de
pension, en tant qu'actionnaires, ont des relations positives avec les
dépenses en investissement et en R&D, et une relation non
significative avec le budget publicitaire. Le résultat le plus important
de cette étude est de montrer que les fonds de pension investissent dans
des firmes ayant de perspectives stratégiques en R&D.
En effet, il existe deux types de fonds de pension : les
fonds à prestation définies DB (defined benefit) et les
fonds contribution définies DC (defined contribution).
A. Les fonds à prestations définies
(DB) :
Ils sont financés en général par
l'employeur, et ils s'engagent à verser aux adhérents lors de
leur départ en retraite une pension égale à une fraction
de leur salaire, sur la base de nombre d'années d'ancienneté. Le
risque financier est donc entièrement assumé par le fonds
(Jeffers et Plihon, 2002).
Selon Baudru et Kechidi (1998), ce risque doit couvrir une
obligation de résultat. Il en découle des mécanismes de
financement qui donnent le primat, sur le long terme, à des politiques
de placement prudentielles (visant à minimiser, au travers des
techniques de gestion de portefeuille, le risque spécifique à
chaque titre ou à chaque marché sur lequel le fonds intervient).
Ainsi, le placement de ce type de fonds est par nature assez
marquée par sa composante obligataire.
Il est logique que ces acteurs, dont le fonds CalPERS est l'un
des représentant les plus typiques, aient développé des
principes de corporate governance applicables à l'ensemble des
sociétés cotées (Baudru et Kechidi, 1998).
B. Les fonds à contributions définies
(DC) :
Dans ce type de fonds le risque est envoyé aux
salariés et le trust (l'employeur) n'assure qu'une fonction de
sélection des gestionnaires pour tiers. Ce sont ces derniers qui
proposent leurs services aux salariés pour leurs placements sur des
plans individualisés.
Comme ces régimes sont en outre à cotisations
définies, il n'existe aucune obligation de résultat, mais plus
simplement une obligation de moyen pour le trust, celle de sélectionner
les meilleurs gestionnaires.
Cette sélection sera donc effectuée en fonction
des performances réalisées par ces gestionnaires pour tiers. Cela
va conduire à une situation de concurrence féroce entre les
gestionnaires. Elle se traduit par la recherche de rendements financiers les
plus élevés
Cette donnée structurelle du fonctionnement du
marché de la délégation de gestion des fonds DC est une
marque essentielle de leurs comportements. Elle les conduit à mettre en
oeuvre des politiques caractérisées par l'obtention de couples
rentabilité- risque plus élevés (Baudru et Kechidi, 1998).
2- Les organisations de placement collectif (les
fonds mutuels) :
Les organisations de placement collectif (OPC) correspondent
aux sociétés d'investissement qui gèrent les mutual
funds américains et aux OPCVM français. Les OPC sont devenus
le principal instrument de placement en titre négociable pour les
particuliers. Le bas niveau de l'apport minimal et leur cadre juridique bien
défini augmentent leur attrait auprès les petits investisseurs
(Jeffers et Plihon, 2002).
Les fonds mutuels sont obligés à évaluer
leurs placements quotidiennement et être prêts à rembourser
un actionnaire désireux de quitter le fonds.
Donc, les managers des compagnies d'investissement cherchent,
avant tout, la liquidité. Selon Chaganti et al (1993)17(*), le turnover des managers des
ces fonds est très élevé et leur performance est souvent
évaluée trimestriellement.
Chevalier et Ellison (1998) étudient quant aux le
marché de travail des managers de fonds mutuels, leur résultat
montre que les managers, au début de leur carrière,
préfèrent éviter les risques contrairement à ceux
qui sont en fin de carrière.
Beldona et al (1998) trouvent que les mutual funds,
en tant que actionnaire, ont un impact négatif sur les dépenses
publicitaires et sur les dépenses en R&D. Ces résultats sont
compatibles avec le cadre théorique qui considèrent que les fonds
mutuels ne sont intéressés que par la performance et les
résultats à court terme.
3- les banques :
Selon Monks et Minow (1995), les banques constituent une
grande catégorie d'investisseurs institutionnels,
considérées comme le trustee18(*) qui serve à gérer les investissements
pour le compte de ses clients. Ces investissements peuvent varier de plans de
retraite jusqu'à la propriété privée.
Aussi, les deux auteurs indiquent que les banquent se doivent
servir leurs clients moyennant des commissions qui ne sont pas fonctions de la
performance des investissements. Cette forte protection des clients
vis-à-vis des banques peut expliquer les niveaux bas de performances des
banques sur leurs investissements.
Comme le montrent Brickley et al (1988), les banques peuvent
avoir ou ont des relations d'affaires avec les entreprises dont il sont
actionnaires. Ces relations peuvent engendrer des conflits
d'intérêt dus à leur obligation fiduciaire.
Selon la classification faite par Kochar et David (1996), les
banques sont d'acteurs sensibles aux pressions des firmes. Ils vont donc voter
en faveur des dirigeants.
Beldona et al (1998) trouvent que les banques, en tant
qu'actionnaires, ont une influence positive sur les dépenses
publicitaires et pas d'impact significatif sur les dépenses en
investissements et en R&D.
4- Les compagnies d'assurances :
Les compagnies d'assurances se distinguent difficilement des
autres investisseurs institutionnels, en particulier les fonds de pension, si
on prend en considération les services qu'elles offrent. Outre les
activités d'assurances, ce type de zinzins repose sur des instruments
tels que des rentes ou des contrats de placement garanti, qui sont
adaptés aux besoins des plans de retraites individuels et collectif
(Jeffers et Plihon, 2002)
Aux Etats-Unis, les compagnies d'assurances sont soumises aux
lois d'Etats. Ces dernières leur ont laissé un choix total
d'investissement pour un pourcentage variant de 5 à 20 % de leurs actifs
et elles ne sont pas autorisées à investir plus de 2 % de leur
immobilisation dans une seule firme.
Selon Kochar et David (1996), les dirigeants de compagnie
d'assurances portent un grand intérêt dans les relations qu'ils
entretiennent avec les firmes dont ils sont les actionnaires.
Ainsi, les compagnies d'assurances détiennent en
général des obligations et essayent de développer et
d'approfondir des relations commerciales, pour faire valoriser leurs services
(polices d'assurance ou plans de pension).
Pour Monks et Minow (1995), il n'est pas surprenant que les
compagnies d'assurance, en raison des relations établies ou potentielles
avec les firmes, votent en général pour l'équipe
managériale en place.
Les résultats de Beldona et al (1998) montrent que les
compagnies d'assurances, en tant qu'actionnaires, n'affectent pas de
façon significative les dépenses publicitaires ou ceux en R&D
et affectent de façon négative les dépenses en capital.
5- les fonds spéculatifs ( hedge funds) :
A la différence des OPC, les fonds spéculatifs
s'adressent à une clientèle composée de personnes
physiques ou morales disposant d'un patrimoine élevé et
présentant une plus grande tolérance à l'égard du
risque.
Les gestionnaires des fonds spéculatifs
reçoivent une rémunération directement liée aux
performances de leurs fonds, dont ils détiennent des parts.
Selon Jeffers et Plihon, (2002), Il existe plusieurs types de
fonds spéculatifs : les plus nombreux, les « macro
funds », prennent des positions spéculatives
initiées par des modifications de l'environnement économique
global. Les véhicules d'investissement privilégiés
sont les monnaies et les taux d'intérêt. Les
« global funds » investissent dans une
région particulière du monde, notamment sur les marchés
étrangers, où le couple risque- rendement est plus
élevé.
Section 2 : La mise en évidence de la puissance
des investisseurs institutionnels au sein des entreprises : Les effets de
l'activisme.
Les investisseurs institutionnels ont des exigences communes
auprès les firmes dont ils sont les actionnaires. Agissant pour le
compte de tiers, les zinzins présentent un certain nombre de traits
fondamentaux similaires qui se traduisent par une exigence précise,
celle de favoriser la valeur actionnariale.
Ainsi les investisseurs institutionnels sont chargés
à contrôler les mécanismes de la gouvernance d'entreprise
qui permettent d'aligner l'intérêt des dirigeants sur ceux des
actionnaires.
Dans un premier temps, une approche théorique de
l'activisme va être présenté pour éclairer le
concept de l'activisme des investisseurs institutionnels : quelques
définitions et les facteurs explicatifs de l'activisme (2-1). Ensuite,
nous allons étudier l'efficacité de l'activisme en fonction de
trois niveaux (2-2). Nous verrons tout d'abord, l'influence directe de la
présence d'investisseurs institutionnels dans le capital des
sociétés, puis l'influence de l'activisme sur la performance de
l'entreprise, et enfin, des changements introduits dans les structures et dans
les politique des entreprises par l'activisme (les changements
organisationnels).
(2-1) L'activisme des investisseurs
institutionnels :
Selon Ponssard (2001), même si les investisseurs
institutionnels détiennent individuellement une part réduite dans
le capital des entreprises, ils ont des exigences communes auprès les
firmes dont ils sont les actionnaires. Agissant pour le compte de tiers, les
zinzins présentent un certain nombre de traits fondamentaux similaires
qui se traduisent par une exigence précise, celle de favoriser la valeur
actionnariale. Ainsi les investisseurs institutionnels sont chargés
à contrôler les mécanismes de la gouvernance
d'entreprise.
Les gestionnaires des fonds de pension sont confrontés
à l'alternative suivante lorsqu'ils détiennent des actions d'une
entreprise peu performante : soit ils vendent ces actions (exit),
soit ils encouragent ces firmes à modifier leurs stratégies par
l'intermédiaire de l'exercice des droits de vote que leur
confèrent ces actions (voice) (Hervé, 2001).La
manifestation de ce dernier comportement est appelé à travers la
littérature l'activisme des investisseurs
institutionnels
La plupart des études concernant le rôle des
investisseurs institutionnels soulignent que depuis le milieu des années
80 ces investisseurs ont commencé à utiliser leur force
(2-1-1) Les facteurs explicatifs de l'activisme des
investisseurs institutionnels :
Récemment, il y a plusieurs facteurs qui ont
incité les investisseurs institutionnels à devenir plus actives
dans la corporate governance:
1- la taille de propriété des investisseurs
institutionnels a de plusieurs implications pour leur activisme (Carleton et
al, 1998). Comme on a vu les institutions financières sont devenues
assez grandes19(*) de
telle sorte qu'ils ne peuvent pas facilement vendre leurs actions. En effet, si
les investisseurs institutionnels veulent vendre, ils seraient, soit
obligés à supporter une grande baisse de prix, soit
obligés à étaler leurs ventes sur une longue
période de temps (Coffee, 1991).
Ce manque de liquidité rend les zinzins plus sensibles
à la performance et plus actives en ce qui concerne la gouvernance
d'entreprise
2- Les investisseurs institutionnels ont des
responsabilités fiduciaires envers leurs clients (.les retraités
par rapport aux fonds de pension), ce qui leur oblige non seulement à
effectuer les placements appropriés, mais aussi une obligation de
surveillance à l'égard des sociétés où ils
investissent.
3- La déclination de marché de la prise de
contrôle : les mécanismes du marché de contrôle
sont la fusion- acquisition et l'OPA (offre publique d'achat). Celles-ci par la
menace qu'elles représentent sont un instrument employé pour
inciter les dirigeants à gérer les entreprises
conformément à l'intérêt des actionnaires.
Gordon et Pound (1993) ; Gillan et Starks, (2000) ;
Jensen, (1993) ; Karpoff et al, (1996) et Smith (1996)
indiquent que ce marché était active dans les années 70-80
et il a servi de manière efficace à discipliner les dirigeants.
Au début des années 90, l'accroissement de la
propriété des investisseurs institutionnels et la
déclination du marché de prise de contrôle ont mis l'accent
sur le rôle et l'importance des zinzins comme moniteurs de la gouvernance
d'entreprise.
4- Les nouvelles méthodes des gestion des
portefeuilles : la plupart des fonds de
pension ont désormais une large partie de leurs actifs
qui est indexée20(*), c'est-à-dire des proportions importantes de
leurs actifs sont investis de façon à répliquer
(partiellement ou non) la composition d'un indice de marché. Ils ne
peuvent donc pas modifier la structure de portefeuilles pour suivre la
« Wall Street Rule », sinon ils risqueraient
d'obtenir une diversification inadéquate de leur portefeuille (Monks et
Minow, 1995).
5- Pour Pound (1992) ; Black (1992), c'est le passage
d'un modèle de la gouvernance fondé sur le marché (les
vagues d'OPA) à un modèle de nature plus politique avec
l'intervention des investisseurs institutionnels. Pound (1992) montre la
supériorité du deuxième modèle (le modèle
politique) sur le premier. Cette supériorité a trois sources,
premièrement la flexibilité du modèle politique
d'adresser des problèmes de gouvernance d'entreprise. Deuxièmes,
le modèle d'OPA peut conduire à la vengeance politique sous forme
de législations anti- OPA (Roe, 1994). Et finalement, les pratiques de
l'activisme sont effectivement plus économiques qu'une OPA.
(2-1-2) L'approche théorique de l'activisme des
investisseurs institutionnels :
Dans un premier temps, une approche théorique de
l'activisme va être présenté pour éclairer le
concept de l'activisme des investisseurs institutionnels : quelques
définitions, et ensuite, nous allons aborder les deux types principaux
de l'activisme.
A- Définition de l'activisme :
La définition de l'activisme varie selon les moyens
d'expression d'opinion utilisés, les sujets abordés et le type
d'investisseur concerné.
Ø Pour certains auteurs, il y a activisme
dès que un actionnaire exprime son opinion vis-à-vis du
comportement de l'entreprise :
Pour Crête et Rousseau (1997), « Le terme
activisme est souvent [....] utilisé pour qualifier les activités
les plus visibles de certains actionnaires qui remettent en question le
comportement des entreprises. »
Pour Hervé (2001) « l'activisme au sens
large peut se définir comme la manifestation de la part d'un
investisseur de son mécontentement quant à la stratégie ou
à la performance d'une firme dont il est actionnaire. Ainsi, ce n'est
pas tant le mode de communication avec la firme qui fait qu'un actionnaire est
activiste, mais plutôt le signal qu'il émet à l'encontre de
cette firme ».
Ø Pour d'autres auteurs, l'activisme correspond
à une manifestation de l'opinion de l'actionnaire, à travers son
droit à pouvoir proposer et voter des résolutions.
Ainsi, pour Capy (2002), « les relations des
investisseurs institutionnels avec les entreprises peuvent prendre deux formes
principales : négociée ou conflictuelle. La forme
négociée passe par des négociations informelles
destinées à faire évoluer la gouvernance des entreprises
concernées. La forme conflictuelle, à propos de laquelle on parle
d'activisme, consiste à proposer des résolutions aux
assemblées générales d'actionnaires,
généralement lorsque les négociations ont auparavant
échoué. »
Smith (1996) décrit l'activisme des actionnaires
comme « le contrôle effectué, par les investisseurs
institutionnels traditionnellement passifs, pour amener des changements dans la
structure de contrôle organisationnel des firmes perçues comme ne
poursuivant pas l'objectif de maximisation de la valeur actionnariale».
Cela signifie que les zinzins deviennent les seuls actionnaires activistes.
B- Types de l'activisme :
Wahal (1996), dans son étude de l'activisme des fonds
de pension, indique que cet activisme peut prendre plusieurs formes :
poursuite en justice de firmes s'engageant dans des activités
préjudiciables aux actionnaires ; vote contre la nomination de
membres de la direction au sein de conseil d'administration (Just Vote
No) et ciblage formel de firmes.
Quant à la dernière forme, le ciblage, peut
être :
- le ciblage par proxy
- le ciblage pour performance
Le ciblage par proxy :
Le ciblage par proxy se décline en plusieurs
étapes (Wahal, 1996) et (Carleton et al, 1998) :
1- la sélection des firmes ciblées :
l'investisseur institutionnel (un fond de pension) commence son processus
d'activisme en sélectionnant les entreprises à cibler dans son
portefeuille. En effet, les critères de ciblage différent selon
les fonds. Certains ciblent en prenant en compte uniquement des notions de
corporate governance ou des mesures liées aux lois anti-OPA,
d'autres ne s'intéressent que à la performance de la firme
concernée. Finalement, on peut ajouter la propriété
institutionnelle dans la firme cible, dans la mesurer que l'existence d'autres
actionnaires institutionnels peut augmenter la possibilité de
succès du processus du ciblage.
2- Dans la deuxième étape, le fond cherche
à entrer en contact avec la firme ciblée
(téléphone, lettre). Pour expliquer les raisons pour lesquelles
la firme a été ciblée. Cette communication peut être
confidentielle ou non. Par exemple, CalPERS21(*) fait la publicité, alors que TIAA-
CREF22(*) laisse ses
négociations confidentielles. La publicité permet de faire
régir les entreprises ayant des caractéristiques similaires
à la cible, mais n'ayant pas été ciblées (Del
Guercio et Hawkins, 1999).
3- Ensuite, le fond va proposer une résolution à
la firme ciblée, afin de l'inclure dans le rapport envoyé aux
actionnaires (proxy statement). Ces résolutions sont
formulées en utilisant la règle 14a-8 de la SEC (Secrities
and Exchanges Commission) qui impose que celles-ci ne fassent pas plus de
500 mots
4- La négociation : un processus de
négociation va dérouler entre la firme ciblée et le fond
de pension dans le but final de trouver un accord. Selon les résultats
de la négociation, le fond soumet ou non la proposition à
l'assemblée générale.
Il faut savoir que, ces propositions n'ont aucun
caractère obligataire, si elles concernent la stratégie de
l'entreprise. C'est- à- dire, même si lorsque la proposition gagne
une majorité de votes, les dirigeants ne sont pas obligés
à l'appliquer. En revanche, ces résolutions deviennent
contraignantes, lorsqu'elles concernent certains problèmes, comme le
vote confidentiel.
Le ciblage pour performance :
Selon Wahal (1996) et Hervé (2001), le ciblage pour
performance est un type d'activisme qui touche les entreprises sous
performantes. Il faut noter que ce type de ciblage ne fait pas l'objet du
processus dont nous avons parlé précédemment ; il ne
peut y avoir de vote sur ce point au cours d'une assemblée
générale.
Il semble que le ciblage pour performance soit le plus
pratiqué depuis le début des années 1990. Ainsi, Wahal
(1996), qui étudie l'activisme pratiqué par les plus gros fonds
de pension américains entre 1987 et 1993, nous apprend que sur 356 cas
de ciblage, 50 sont liés à la performance et 48 sur 185
surviennent entre 1991 et 1993.
Par exemple, CalPERS a pratiqué cet activisme par le
biais de ses lemon lists, l'USA (United Shareholders
Association) aussi en publiant ses targets 50 lists. L'activisme
mené par le CII (Council of Institutional Investors) est aussi
de ce type, notamment à partir de la seconde moitié des
années 90 (Hervé, 2001).
(2-2) : Les effets de
l'activisme des investisseurs institutionnels :
Nous allons étudier l'efficacité de l'activisme
en fonction de trois niveaux. Nous verrons tout d'abord, l'influence directe de
la présence d'investisseurs institutionnels dans le capital des
sociétés, puis l'influence de l'activisme sur la performance de
l'entreprise, et enfin, des changements introduits dans les structures et dans
les politique des entreprises par l'activisme (les changements
organisationnels).
(2-2-1) :L'influence directe de la présence
d'investisseurs institutionnels dans le capital des
sociétés :
McConnell et Servaes (1990) observent une relation positive
mais non linéaire entre la propriété institutionnelle et
la performance mesurée par le Q de Tobin (Tobin's q).
Chaganti et Damanpour (1991) dénotent également
une relation positive entre la présence de zinzins et le ROE (Return
on Equity) mais aucune relation avec les autres mesures de la
performance.
Short et Keasey (1997)23(*) ont utilisé un échantillon de 225
sociétés cotées à la Bourse de Londres entre 1988
et 1992 et concluent que la présence d'investisseurs institutionnels a
un impact sur la performance mesurée par divers indicateurs comptables
et boursiers. Toutefois, cet effet n'est perceptible que lorsqu'il n'existe
aucun autre actionnaire important.
Wright et al (1996) ont noté que la prise de risque de
l'entreprise est plus élevée en présence d'investisseurs
institutionnels.
En Europe, Thomsen et Pedersen (2000) ont montré
l'influence de l'identité du principal actionnaire sur la politique et
la performance de l'entreprise. Ainsi, chaque type d'actionnaire principal a
des objectifs différents : les investisseurs institutionnels ont
une forte préférence pour la maximisation de la valeur
boursière, l'actionnariat familial est intéressé par la
longue vie de l'entreprise, alors que l'Etat a des considérations
sociales.
(2-2-2) L'influence de l'activisme sur la performance
de l'entreprise
La revue de littérature de Karpoff (1998)24(*) relève, sur 15
études relatives aux propositions d'actionnaires, 1 seule étude
comportant des résultats significatifs à court terme ; sur 5
études concernant les négociations privées, 2 relevant un
impact significatif à court terme et enfin, sur 7 études traitant
indifféremment des ciblage par proxy ou pour performance, 2
fournissent des résultats significatifs et positifs.
Cela nous indique que les recherches empiriques
consacrées à l'influence des investisseurs institutionnels sur la
performance des entreprises produisent des résultats ambigus.
Par exemple, Opler et Sokobin (1995) étudient les
entreprises sous performantes listées par le CII (concil of
institutionnal investors) et l'effet de nomination sur leur cours
boursiers. Ils observent que leur valeur boursière augmente suite
à la parution de la liste. Ainsi, cette étude est parmi les
études mettant en avant l'influence positive des zinzins.
Smith (1996) trouve quant à lui un impact positif sur
la valeur boursière si les mesures demandées par CalPERS sont
adoptées par les dirigeants. Si au contraire ces derniers
résistent aux demandes du fond de pension, l'impact devient
négatif.
Carleton et al (1998) étudient l'activisme de TIAA-CREF
et ils trouvent que les résultats de l'activisme dépendent du
sujet. Ainsi, les négociations sur la composition du conseil
d'administration ont un impact négatif sur le cours boursier, les
négociations portant sur la votation confidentielle pour les
actionnaires n'ont aucun effet sur la valeur boursière, alors que les
propositions cherchant à éliminer les mesures anti-OPA ont un
impact positif.
Wahal (1996) étudie l'activisme des 9 fonds de pension
les plus actifs aux Etats-Unis. Il montre que les firmes ciblées par
CalPERS sont les seules à voir leur cours boursiers augmenter suite aux
propositions. L'auteur ne trouve aucun rendement anormal pour les actions
visant les mesures anti-OPA ou touchent la gouvernance d'entreprise, même
quand ces propositions ont été mises en place par les dirigeants.
Par contre, les non-proxy propositions (ciblage pour performance)
produisent des rendements anormaux positifs.
Alors que Karpoff et al (1998) montrent que l'activisme
n'augment pas la valeur boursière des firmes.
Gillan et Starks (2000) différencient les effets de
l'activisme selon l'identité de celui qui fait les propositions. Par
exemples, les propositions faites par les investisseurs individuels ou les
organisations religieuses ne suscitent que peu de soutien aux assemblées
générales, par contre elles ont un impact positif sur la valeur
boursière. Au contraire, Les investisseurs institutionnels et les
groupes coordonnés bénéficient d'un large soutien, mais
son influence est négative sur les cours.
Les auteurs soulignent aussi que les propositions pour
éliminer les pilules empoisonnées obtiennent plus de soutien que
celles concernant la rémunérations des dirigeants.
(2-2-3) L'influence sur la structure et les
politiques de l'entreprise :
Les études empiriques montrent que l'activisme des
zinzins puisse inciter les managers à introduire des changements
organisationnels.
Del Guercio et Hawkins (1999) ; Karpoff et al (1996) et
Smith (1996) montrent que l'activisme des zinzins n'a aucune influence sur le
turnover du dirigeant ou sur l'OPA.
Smith (1996) montre que l'activisme permet des changements de
structure de gouvernance et que dans les dernières années de son
étude, 72% des firmes ciblées entreprennent les changements
demandés.
De même, TIAA-CREF arrive dans 98% des cas à un
accord (Carleton et al, 1998). Pour Del Guercio et Hawkins (1999), les
propositions des fonds sont suivies de changements (restructurations, vente
d'actifs).
Wahal et McConnell (1997) ont tenté d'établir un
lien entre le niveau de dépense en R&D et en capital et la
présence d'investisseurs institutionnels. Selon ces auteurs,
l'entreprise qui engage ce type de dépense démontre la
volonté de favoriser la croissance à long terme au
détriment, parfois, de son rendement à court terme. Leur
résultat montre que les investisseurs institutionnels agissent à
titre d'intermédiaire entre les investisseurs individuels impatients et
les entreprises. Comme ils disposent d'informations privilégiées
sur les firmes, ils peuvent être plus patients envers elles et donc
permettre un plus haut niveau de ces dépenses.
L'étude de Hartzell et Starks (2002), sur 1914 firmes
américaine entre 1992 et 1997, donne les deux résultats
suivants : d'une part, il existe une relation positive forte entre la
concentration de la propriété institutionnelle d'une firme et sa
politique de la rémunération indexée, et d'autre part, une
relation négative entre la présence d'investisseurs
institutionnels et le niveau de la rémunération
managériale.
Holmstrom et Tirole (1993), Burkart et al (1997), indiquent
que la monitoring des zinzins et la politique de rémunération
d'une firme augmentent simultanément et de manière
endogène.
Le modèle développé par Almazan et al
(2004) distingue entre deux catégorie des investisseurs
institutionnels : les moniteurs forts qui n'ont aucunes relations
actuelles ou potentilles avec les entreprises dont ils sont actionnaires
(compagnies d'investissement), et les moniteurs faibles qui sont susceptibles
d'être liés à la firme par des relations commerciales
(banques et sociétés d'assurances).
Ce modèle montre que, l'influence des investisseurs
institutionnels sur la politique de rémunération sera
réduite si les zinzins sont de moniteurs faibles, et cela n'est pas le
cas avec les moniteurs forts.
* *
*
Chapitre 2 : La mise en évidence de
l'impact des investisseurs institutionnels anglo-saxons sur les
modèles européens de la gouvernance d'entreprise
Le concept de bénéfices privés
(private benefits of control) est associé à la
concentration du pouvoir par un ou des actionnaires dominants. L'appropriation
privilégiée d'une partie du cash-flow économique par
ceux-ci est la manifestation d'un conflit avec des actionnaires
extérieurs qui souffrent d'une expropriation.
.
Comme on a déjà vu, le modèle
européen de la gouvernance d'entreprise empire ce problème
d'agence, à cause de l'utilisation des mécanismes de
séparation entre la propriété et le contrôle qui
permettent aux blockholder d'obtenir des droits de votes beaucoup plus
élevés par rapport à leurs droits de cash-flow. Donc, les
parties qui détiennent le contrôle peuvent prendre des
décisions contrariant l'intérêt des autres parties.
Ainsi, lorsque des investisseurs institutionnels anglo-saxons
investissent dans une entreprise européenne, leur objectif principal est
la protection des droits des actionnaires minoritaires. Donc, ils vont essayer
de freiner le phénomène des bénéfices
privés.
Dans ce chapitre, nous allons étudier dans la
première section le rôle joué par les investisseurs
institutionnels anglo-saxons dans le processus de la convergence du
modèle européen de gouvernance vers le modèle anglo-saxon.
Et dans la deuxième section, on va voir comment les
bénéfices privés peuvent être
considérés comme un obstacle auquel les zinzins anglo-saxons
doits faire face par l'utilisation de plusieurs méthodes.
Section 1 : La contribution des investisseurs
institutionnels anglo-saxons au processus d'hybridation des modèles
européens de la gouvernance d'entreprise
La convergence des systèmes de gouvernance suppose
l'existence d'un modèle supérieur aux autres, autrement dit plus
efficace économiquement. En ce qui concerne la question de gouvernance,
il faut savoir si les investisseurs institutionnels anglo-américains
vont conduire à un certain alignement de l'ensemble des systèmes
européens sur l'exemple anglo-saxon.
Premièrement, nous allons présenter le cadre
théorique concernant la question de la convergence de gouvernance
d'entreprise (1-1). Et ensuite, nous allons voir comment les entreprises
européennes adoptent de nouveaux critères de corporate
governance proposés par les investisseurs institutionnels
anglo-saxons (1-2).
(1-1)- L'approche théorique concernant la
convergence des modèles différents de corporate governance
La littérature académique nous informe de
l'existence de plusieurs théories hétérogènes.
Chacune traite la question de convergence de manière différente
en utilisant une approche spécifique (légale, historique,
politique.....), comme nous le verrons.
1- La théorie de la dépendance au chemin de
la gouvernance d'entreprise (Bebchuk et Roe, 1999)25(*) :
Bebchuk et Roe (1999) présentent la théorie de
path dependance in corporate governace comme justification de
l'impossibilité d'une convergence potentielle des systèmes de
gouvernance.
Les auteurs soulignent que les facteurs économiques et
politiques historiques peuvent ralentir ou infirmer cette convergence. La
structure de gouvernance d'un pays dépend de celles qu'il a eues dans le
passé en dépit de pressions pour converger, la trajectoire
passée, notamment en termes de géographie de capital et de droits
des sociétés, contraint les évolutions futures.
En d'autres termes, l'analyse proposée par Bebchuk et
Roe concentre sur les raisons pour lesquelles les pays ayant les mêmes
caractéristiques et aspects économiques continuent à se
différer dans leur corporate structure.
D'après nos auteurs, malgré l'existence des
forces poussant vers la convergence, les modèles nationaux de la
gouvernance restent assez différents.
Selon Bebchuk et Roe, il y a deux sortes de pressions qui
poussent les pays à adopter les structures similaires de gouvernance.
D'une part, les ressemblances que présentent aujourd'hui les pays
industrialisés (l'Europe d'Ouest, les Etats-Unis et le Japon) en termes
de l'économie, du monde d'affaires et du niveau de vie.
Et d'autre part, le mouvement de mondialisation qui renforce
la concurrence entre les entreprises pour l'obtention de fonds
nécessaires. Cette concurrence va conduire à une convergence
parce qu'elle favorise les entreprises les plus transparentes et plus
soucieuses des intérêts des actionnaires.
Selon cette théorie, il y a plusieurs sources de la
dépendance au sentier :
1. Les coûts
irrécupérables : ils sont les
coûts liés à la construction et au développement
d'un système de gouvernance et que le pays ne peut pas les
récupérer si il veut changer son système.
2. Les supports supplémentaires
(complementarities) : c'est l'ensemble d'institutions,
de pratiques et de savoir-faire qu'un pays doit développer pour
renforcer l'environnement de son structure de corporate governance.
Par exemple, une structure de l'actionnariat diffusé (les Etats-Unis),
qui fonctionne dans un marché actif de prise de contrôle et avec
une grande transparence des normes comptables, exige de grandes investissements
de la part des entreprises pour s'adapter aux mécanismes de ce
marché de contrôle
Ces grands investissements vont, comme les coûts
irrécupérables, rendent difficile le changement de la structure
qui a été déjà adaptée
.
3. La recherche de bénéfices
(Rent-seeking) : selon l'analyse de
rent-seeking (Bebchuk, 1999), les parties qui contrôle la
firme ont les incitation et les pouvoirs suffisants pour empêcher un
changement structurelle qui est susceptible de réduire les
bénéfices privés que ces parties exproprient.
Par exemple, dans une entreprise, dont l'actionnariat est
concentré, le détenteur de bloc va chercher à maintenir
ses bénéfices privés en contrariant chaque proposition de
la part d'autres actionnaires, pour disperser l'actionnariat.
4. Selon Bebchuk et Roe, les
blockholders ont la capacité d'empêcher les
législateurs et les autorités publiques à prendre des
décisions qui freinent leur pouvoir au sein des entreprises.
Ronalds Gilson (2000), «Globalization Corporate
Governance: Convergence of Form or Function»
Gilson distingue trios types de la convergence:
1- La convergence fonctionnelle : elle
se fait si les institutions existantes de la gouvernance sont flexibles et
permettent de faire un changement fonctionnelle. Gilson parle de la
possibilité d'introduire, dans les modèles européens de la
gouvernance, de certaines pratiques fonctionnelles, comme par exemple le
licenciement des dirigeants incompétents.
2- La convergence formelle : elle se
fait lorsque les changements des circonstances demandent une action
législative radicale pour modifier les bases et les structure des
systèmes actuelles de la gouvernance.
3- La convergence contractuelle : dans
cette situation la convergence prend une forme de contrat, parce que les
changements structurels (convergence formelle) induisent des coûts
importants et se heurtent à la résistance de groupes
d'intérêt exerçant le contrôle et qui rendent
difficile ce type d'évolution.
Le dernier type de la convergence est la plus important pour
notre sujet parce qu'il concerne les investisseurs institutionnels
anglo-américains lorsqu'ils investissent en Europe.
Selon Gilson la confrontation inévitable entre les
blockholders dans les entreprises européennes et les zinzins
anglo-saxons conduit ces derniers aux investissements par contrat. Ces
investissement se réalisent par l'utilisation des véhicules du
partenariat limité (limited partnership) comme : les
sociétés de capital venture et leveraged
buyout funds.
2- Wirtz (2000), « Gouvernement des
entreprises et politique de financement des entreprises en France et
Allemagne »
D'abord, Wirtz (2000) insiste sur la nécessité
de concevoir les systèmes de gouvernance dans un cadre dynamique et non
statique.
L'auteur, dans son thèse de doctorat, indique qu'on ne
peut affirmer la supériorité d'un système de la
gouvernance d'entreprise, notamment en termes d'efficacité
économique, par rapport aux autres de façon définitive, et
si aujourd'hui le modèle américain semble exemplaire, il convient
de rappeler, il y a quelques années, la supériorité du
modèle japonais.
Malgré l'existence actuelle, dans les entreprises
françaises et allemandes, des mesures anglo-saxons fondées sur la
valeur actionnariale, Wirtz indique qu'on ne peut en déduire que les
systèmes de gouvernance en France et Allemagne vont s'aligner
parfaitement et durablement sur le capitalisme américain.
4- L'approche d'hybridation : M. Boutillier, A.
Labye, C. Lagoutte, N. Lévy et V. Oheix (2002)26(*)
Certaines observations peuvent en effet laisser croire
à un certain rapprochement des systèmes de financement nationaux.
Par exemple, le financement de marché a beaucoup progressé en
France, que l'on classe normalement un pays où prédomine
l'intermédiation. De même que l'insistance nouvelle en Allemagne
ou en Italie sur les principes de transparence, la réforme des conseils
d'administration ou la remise en cause de certaines procédures de
contrôle (pyramides, participations croisées.....) sont autant de
pas en direction d'un système « orienté par le
marché ».
Le processus de convergence semble cependant plutôt
s'effectuer par des emprunts mutules entre les modèles, autrement dit
par un processus d'hybridation. Ainsi, il paraît d'une part que certaines
normes du modèle anglo-saxon, tel que la transparence, sont largement
reprises par le modèle européen. D'autre part, le modèle
anglo-saxon emprunte certaines fonctions au précédent. On
pourrait en effet considérer que le rôle joué par les
investisseurs institutionnels se rapproche dans certaine mesure de celui
d'actionnaires de référence joué par les banques dans le
modèle européen (Boutillier et al, 2002, p.539)
5- L'approche légale : R. La Porta, F.
Lopez-de-Silanes, A. Shleifer (1999)27(*)
Après avoir étudié les structures de
propriétés des grandes entreprises en 27 pays, les auteurs
montrent qu'il est possible d'introduire une certaine évolution vers le
modèle anglo-américain de la gouvernance par des réformes
légales destinées à protéger les actionnaires
minoritaires.
Aussi, La Porta et al indiquent que la concurrence pour
l'obtention de fonds devrait conduire de toute façon à une
convergence. En effet, cette concurrence favorise les entreprises les plus
transparentes et les plus soucieuses des intérêts des actionnaires
minoritaires
(1-2)- L'adoption de nouveaux critères de la
gouvernance proposés par les investisseurs institutionnels anglo-saxons
au sein des entreprises européennes : la convergence
fonctionnelle
En France, le rapport Morin28(*) (1998) conclut que la gestion des grandes entreprises
françaises connaît actuellement une transformation radicale,
impulsée de l'extérieur, par l'entremise des grands gestionnaires
de fonds de pension américains.
Pour Magnier (2002), l'entrée massive des fonds
d'investissement étrangers dans le capital des entreprises industrielles
françaises a conduit à imposer de nouveaux comportements aux
dirigeants des sociétés. C'est le signe que certaines attentes de
ces nouveaux actionnaires en matière de gouvernance d'entreprise ont
été prises en compte en France.
Pour l'Allemagne, Gehrke (2002) indique qu'il existe un
relation de cause à effet entre, d'une part, la montée en
puissance des investisseurs institutionnels et étrangers dans les
entreprises allemandes et, d'autre part, l'orientation croissante du
contrôle de gestion dans le sens de la création de valeur (un
nouveau critère cruciale pour le modèle allemand de gouvernance.
Dans ce paragraphe, nous allons étudier l'impact des
investisseurs institutionnels sur le pilotage et la structure organisationnelle
de la firme européenne cotée en matière de cinq points
29(*) :
1- Une communication financière plus
transparente et plus maîtrisée :
Le renforcement de la transparence entre l'entreprise et le
marché financier constitue un trait caractéristique de l'impact
des investisseurs institutionnels.
La plupart des entreprises cotées disposent depuis
longtemps de services destinés à communiquer les informations
financières de l'entreprise à ses actionnaires.
Mais, c'est avec la pression des investisseurs
institutionnels, au milieu des années 90, que ces services connaissent
un renforcement considérable, communément appelés
maintenant services Relations investisseurs (Investors relations).
Le rôle de ces services n'est plus seulement la simple
transmission d'informations financières. Ils sont chargés de
remplir plusieurs demandes de la part des actionnaires (surtout les
zinzins).
En premier lieu, on peut voir les réunions et les
contacts réguliers conduits entre les entreprises et les analystes
« buy side et sell side »30(*)délégués
par les différents fonds et autres investisseurs institutionnels.
L'étude de Thomas (1995) montre que la présence
d'investisseurs institutionnels dans une entreprise, augmente la
probabilité que cette entreprise engage un conseiller M&A
(Merger and Acquisition) en fusion et acquisition. Ainsi les
résultats de cette étude vont montrer que les dirigeants
utilisent ce conseiller pour justifier aux actionnaires qu'ils sont prêts
à respecter l'objectif de la maximisation de la valeur actionnariale.
Deuxièmement, il y a les communications one to
one, dans ce cas il s'agit de véritables réunions de
travail, où les gestionnaires des fonds visitent les entreprises et
rencontrent personnellement les dirigeants.
En titre d'exemple, Fidelity, premier gestionnaire pour tiers
au plan mondiale, annonce qu'il a réalisé (24500) visites
d'entreprise aux Etats-Unis et (6500) en Europe (Baudru et Kechidi, 1998)
Ø L'adoption des normes comptables
internationales
En générale, les investisseurs souhaitent
pouvoir comparer les entreprises de différentes nationalités sur
la base d'une information homogène, rigoureuse et normalisée.
Cette recherche de comparabilité rejoint le souhait des entreprises de
pouvoir lever des capitaux aux Etats-Unis à un coût moindre
(Ponssard, 2001). Pour cette raison, les normes comptables internationales se
répandent de plus en plus avec l'utilisation des
référentiels comptables américains US GAAP (US
Generally Accepted Accounting Principales) et des normes de l'IASC
(International Accounting Standards Committee).
Par exemple, dès 1999, 63 % des entreprises allemandes
figurant dans l'indice DAX 30 utilisent un référentiel
international, contre 13 % seulement un an plus tôt. A titre de
comparaison, 33 % des entreprises du CAC 40 font référence
à des normes internationales en 1999 (et 25 % en 1998). (Ponssard,
2001).
2- La rémunération des
dirigeants :
Dans les années Quatre-vingt, la politique de
rémunération des cadres dirigeants avait fait l'objet de fortes
critiques parce qu'elle était fondée sur des méthodes
comptables.
Par ces méthodes les rémunérations
apparaissent en fait comme largement influencées par la taille de
l'entreprise plutôt que par ses résultats financiers. Cette
situation finit par susciter une véritable indignation de la part des
actionnaires (Mottis et Ponssard, 2002), et surtout les institutionnels.
L'activisme et la pression des investisseurs institutionnels,
dans les années 90, ont conduit à deux réactions
importantes en matière de la rémunération. D'une part, en
1992, le SEC (Securities and Exchange Commission) a élargit le
sphère des sujets admissibles (qui peuvent être l'objet d'une
résolution soumise à l'assemblée générale)
pour comprendre la question de la rémunération (Johnson et
Shackell, 1997). Et d'autre part, depuis 1er janvier 1994 aux
Etats-Unis, une rémunération supérieure à 1
millions de dollars par an n'est pas déductible en tant que charge si
elle ne repose pas sur des mesures objectives de la performance (Capy et
Hirigoyen, 2001).
Pour renforcer ce lien entre rémunération et
performance, plusieurs mécanismes se sont développés aux
Etats-Unis et tendent maintenant à diffuser dans les entreprises
européennes.
Selon Jensen et Murphy (1990), Il y a de nombreux
mécanismes par lesquels la politique de rémunération des
dirigeants peut procurer des incitations à la création de valeur
pour les actionnaires, tel que des bonus et des révisions de salaire
indexées sur la performance et des stock-options.
L'importance accordée aujourd'hui aux incitations
financières est de telle qu'il devient difficile de trouver un dirigeant
d'entreprises (surtout aux Etats-Unis) qui ne soit
rémunéré sous forme de stock-options (Capy et Hirigoyen,
2001).
Smith (1996), Gillan et Starks (2000), trouvent que les fonds
de pension cherchent à lier la politique de rémunération
managériale à la performance d'entreprise.
L'études de Hartzell et Starks (2002), sur 1914 firmes
américaine entre 1992 et 1997, montre les deux résultats
suivants : d'une part, il existe une relation positive forte entre la
concentration de la propriété institutionnelle d'une firme et sa
politique de la rémunération indexée, et d'autre part, une
relation négative entre la présence d'investisseurs
institutionnels et le niveau de la rémunération
managériale.
Holmstrom et Tirole (1993), Burkart et al (1997), indiquent
que la monitoring des zinzins et la politique de rémunération
d'une firme augmentent simultanément et de manière
endogène.
Le modèle développé par Almazan et al
(2004) distingue entre deux catégories des investisseurs
institutionnels : les moniteurs forts qui n'ont aucunes relations
actuelles ou potentilles avec les entreprises dont ils sont actionnaires
(compagnies d'investissement), et les moniteurs faibles qui sont susceptibles
d'être liés à la firme par des relations commerciales
(banques et sociétés d'assurances).
Ce modèle montre que, l'influence des investisseurs
institutionnels sur la politique de rémunération sera
réduite si les zinzins sont de moniteurs faibles, et cela n'est pas le
cas avec les acteurs actifs.
3- La composition du conseil
d'administration :
Le principe général consiste à restaurer
la fonction de surveillance du conseil d'administration, en tant que
représentant de l'intérêt des actionnaires,
vis-à-vis des dirigeants de l'entreprise.
Fama (1980) et Fama et Jensen (1983) attribuent deux fonctions
principales au conseil d'administration, d'une part, évaluer et ratifier
les décisions d'investissement à long terme, et d'autre part,
contrôler la performance des dirigeants exécutifs.
La réalisation de ces objectifs peut être obtenue
par :
- la nomination d'administrateurs indépendants
(externes) ;
- la séparation des fonctions de président du
conseil d'administrateurs et de directeur général ;
- la mise en place de comités spécifiques au
sein du conseil (comités d'audit, de nomination, de
rémunération.
Ø Administrateurs externes
Fama (1980) et Fama et Jensen (1983) indiquent que la
présence d'administrateurs externes en tant qu'arbitres améliore
la viabilité du conseil d'administration et évite les
expropriations potentielles de richesse par les dirigeants et les
blockholder
Comme on a déjà vu, dans le modèle
européen de la gouvernance, il existe deus structures du conseil :
la structure mono-partite (ou unitaire) et la structure bi- partite (ou
duale).
L'existence de structures bi-partites va résoudre le
problème lié à l'implication des administrateurs externes,
parce que cette structure comprend à la fois un directoire
(composé d'administrateurs exécutifs) et un conseil de
surveillance, c'est alors le conseil de surveillance qui a le pouvoir de
nommer et de renvoyer les membres du directoire.
En France, la structure mono-partite domine dans les
entreprises de CAC 40 (seulement 25 % des sociétés du CAC 40
avaient une structure duale en 2000)31(*) .
Bien que le rapport Viénot 32(*)(1995), (1999) ait
insisté sur la nécessité de directeurs
indépendants, la France présente néanmoins une situation
mauvaise en ce qui concerne ce point. En effet, sur les 15 membres que compte
en moyenne le conseil d'administration d'une société du CAC 40,
seuls environ 20 % sont qualifiés d'indépendants (Boutillier et
al, 2002).
La question du cumul des fonctions de directeur
général et de président ne se pose donc que dans les
systèmes unitaires.
En Europe continentale, la dissociation est de droit en
Allemagne et aux Pays-Bas et se traduit par l'adoption d'une structure
juridique à conseil de surveillance et directoire. Elle est toujours
assurée en Italie, souvent en Belgique et en Suède, moins souvent
en Espagne (Capy et Hirigoyen, 2001, p.71)
4- Les droits de vote des
actionnaires :
En matière des droits de vote prônant par les
investisseurs institutionnels américains, on trouve le modèle de
La Porta, Lopez-de-Silanes, Shleifer et Vishny (1998) qui donne une bonne
démonstration :
La Porta et al (1998) proposent un indicateur
synthétique, caractérisant un pays donné et obtenu en
répondant aux questions suivantes :
- le vote par procuration est-il possible ou
interdit ?;
- y- a- il obligation de dépôt des titres avant
le vote ? ;
- le pourcentage de capital nécessaire à
l'obtention de l'organisation d'une assemblée générale
extraordinaire est-il supérieur à 10 % ?;
- le « vote cumulé » est-il
autorisé dans l'élection des membres du conseil
d'administration ?;
- est-on obligé de consulter les actionnaires avant de
supprimer leur droit de souscription préférentiel ?;
- y- a- il obligation de représentation de
minorités au conseil d'administration ?;
- y- a il possibilité d'obliger à racheter la
part des minoritaires à leur demande ?
L'indicateur développé a par définition
une valeur comprise entre 0 et 6. La valeur est de 3 pour la France, contre 5
pour les Etats-Unis ou la Grande-Bretagne et 1 pour Allemagne et Italie.
Section 2 : Les bénéfices
privés : une justification de la persistance du modèle
européen de la gouvernance d'entreprise
Avec la thèse de la séparation entre la
propriété et le contrôle (Berle et Means, 1932), les petits
actionnaires n'ont pas d'incitations suffisantes pour s'engager dans une
activité de monitoring des dirigeants .Ainsi, un peu de
concentration de propriété va peut-être résoudre le
problème d'agence managérial (Berle, 1958)33(*).
Mais, la concentration de propriété en Europe
déplace le problème d'agence managériale au sein du groupe
des actionnaires entre les détenteurs de blocs et les minoritaires. Le
modèle européen de la gouvernance d'entreprise empire ce
problème d'agence à cause de l'utilisation des mécanismes
de séparation entre la propriété et le contrôle
En réalité, le groupe d'intérêt qui
exerce un contrôle sur la société possède le pouvoir
de disposer des flux de richesse créés dans son unique
intérêt, au détriment des autres actionnaires. Les moyens
disponibles sont relativement nombreux et c'est la raison pour laquelle la
littérature académique s'est penchée sur la question de
ces transferts, qualifiés de bénéfices
privés ` private benefits of control', notion
à opposer à celle des « bénéfices
publiques » dont profite l'ensemble des actionnaires (Le Maux, 2003,
p.64).
En raison de leur poids économique, les fonds
institutionnels anglo-saxons manifestent des exigences communes pour la
gouvernance d'entreprise.
Ces exigences sont publiées sous la forme de chartes et
accompagnées de campagnes publiques dans les médias, d'activisme
dans les assemblées, et d'interventions auprès des dirigeants
(Ponssard, 2001).
selon Gérard (2001), contrairement au modèle
américain, en France, l'activisme des actionnaires minoritaires (dont
les investisseurs institutionnels) est composé d'un ensemble
d'activités associationnelles et juridiques souvent
médiatisées, accompagnées ou non de batailles de
procurations.
Cette section se divise en deux sous sections. La
première sera consacrée à une présentation du
concept «bénéfices privés », avant que la
deuxième sous section développe les méthodes poursuivies
par les zinzins pour éliminer les bénéfices
privés.
(2-1) - L'approche théorique des
bénéfices privés (Private benefits of
control) :
Avec la thèse de la séparation entre la
propriété et le contrôle (Berle et Means, 1932), les petits
actionnaires n'ont pas d'incitations suffisantes pour s'engager dans une
activité de monitoring des dirigeants .Ainsi, un peu de
concentration de propriété va peut-être résoudre le
problème d'agence (Berle, 1958)34(*).
Jensen et Meckling (1976) distingue entre deux
catégories d'actionnaires :
- les « inside shareholders » ou
actionnaires de contrôle, qui participent activement à la
gestion de l'entreprise ;
- les « outside shareholders » ou
actionnaires extérieurs, qui sont les actionnaires passifs et qui
n'interviennent pas dans la politique de la firme.
La logique de contrôle conduit à mettre au second
plan le conflit d'agence managérial qui a été
historiquement privilégié dans toute la littérature de la
théorie de l'agence. En revanche cette logique de contrôle met
l'accent sur le conflit entre les insiders et les minoritaires
Les dirigeants et les actionnaires de contrôle partagent
des fonctions de comportement analogues, la même jouissance d'une
information économique vraie et privée, la prise des
décisions stratégiques dans l'entreprise et détourent
à leur profit une partie des bénéfices économiques
bruts.
En réalité, le groupe d'individus qui exerce un
contrôle sur la société possède le pouvoir de
disposer des flux de richesse crées dans son unique
intérêt, au détriment des autres actionnaires. Les moyens
disponibles sont relativement nombreux et c'est la raison pour laquelle la
littérature académique s'est penchée sur la question de
ces transferts, qualifié de « bénéfices
privés », notion à opposer à celle des
« bénéfices publiques » dont profite
l'ensemble des actionnaires (Le Maux, 2003)
(2-1-1) Quelques définitions :
La notion de bénéfices privés est issue
des travaux de Grossman et Hart (1988) et Harris et Raviv (1988, b), qui
montrent qu'une partie des actionnaires peut obtenir une part plus importante
des cash-flows générés que celle devrait être
distribuée entre l'ensemble des actionnaires selon leurs participations
au capital.
Pour Bebchuk et Kahan (1999), les bénéfices
privés sont toute valeur capturée par les agents contrôlant
la firme après le conflit et non partagée avec l'ensemble des
actionnaires.
Coffee (2001) définit les bénéfices
privés comme les voies par lesquelles les actionnaires de contrôle
peuvent siphonner des profits dans leur intérêt sans les partager
avec les autres actionnaires.
Selon Johnson et al (2000), ces bénéfices sont
les ressources transférées en dehors de la firme au
bénéfice de ceux qui la contrôlent. Ils proviennent des
transactions avec soi-même (rémunération excessive) ou des
transferts d'actifs.
Ehrhardt et Nowak (2003) proposent une typologie de quatre
sortes des bénéfices privés :
1- Self-Dealing transactions ou les transactions avec
soi-même (vol, abus de biens sociaux).
2- Dilution activities qui augmentent les
bénéfices des actionnaires de contrôle sans altérer
les bénéfices des minoritaires.
3- Amenties ou les agréments, qui sont des
bénéfices privés non pécuniaires
matérialisés par la recherche d'une utilité dans la
possession d'un bien.
4- Reputation, comme par exemple le prestige
social.
(2-1-2) : Les facteurs explicatifs des
bénéfices privés :
Nous allons présenter les principales variables
explicatives étudiées au cours des études empiriques sur
l'évaluation des bénéfices privés :
1- Les facteurs légaux :
Selon La Porta et al (2000), « La loi peut
être considérée comme un des remèdes du
problème d'agence ».
La littérature concernant les bénéfices
privés de contrôle met l'accent sur la loi comme le
mécanisme principal pour réduire ces bénéfices par
la protection des droits des actionnaires minoritaires.
L'approche l égale développée par La
Porta et al (1997) se situe à se niveau. Ces auteurs soutiennent que
l'appropriation de bénéfices privés est fonction du cadre
légal et contractuel de protection des investisseurs. Dans les pays
où la protection juridique est faible et où les marchés de
capitaux sont peu développés (les pays non anglo-saxons),
l'extraction des bénéfices privés par les actionnaires de
contrôle est forte. Dans les pays où les marchés financiers
sont peu développés, les firmes sont sous-évaluées.
En revanche, lorsque la protection légale des actionnaires est efficace
et leur droit au cash-flow bien protégé, les émissions
d'actions se feront à des prix suffisants qui ne conduiront pas les
actionnaires contrôlants à perdre une partie de leur richesse
s'ils cèdent leurs actions.
2- La concurrence externe du
marché :
Shleifer et vishny (1997) reconnaissent le potentiel de la
concurrence sur le marché en tant que facteur limitant les
bénéfices privés, en réduisant les
cash-flows pouvant être détournés.
3- Les groupes
d'intérêt :
Les groupes d'intérêt, comme les employés,
peuvent limiter les bénéfices privés en raison de leur
situation au coeur de l'entreprise et des mécanismes d'opposition aux
groupes de contrôle dont ils disposent (droits de grève....). Pour
Pagano et Volpin (2000)35(*), les employés peuvent, parfois,
coopérer avec les groupes de contrôle contre les actionnaires
minoritaires.
4- Les normes sociales :
Selon Coffee (2001), grâce à leurs normes
sociales fortes, les pays scandinaves peuvent réduire les
bénéfices privés au sein de leurs entreprises,
malgré que la protection légale des actionnaires y soit
relativement faible.
5- L'impact de la presse et le système
fiscal :
L'étude empirique de Dyck et Zingales (2001) montre que
les bénéfices privés seront faibles soit, si la presse est
largement diffusée dans le pays considéré, soit, si ce
dernier dispose d'un système fiscale efficace.
Les autorités fiscales et les actionnaires minoritaires
ont en effet un objectif commun : connaître le résultat
réel d'une entreprise. Ainsi, en développant un outil de
contrôle de la richesse créée par la firme, les
autorités fiscales tendent à réduire les
bénéfices privés en identifiant et interdisant un certain
nombre de pratiques, telle que la vente en dissous du prix de production.
(2-1-3) Les bénéfices privés comme une
justification de la persistance de la concentration de la
propriété dans plusieurs pays européens.
Ø Bebchuk (1999), «A Rent-Protection
theory of corporate Governance and Control «
Selon cette théorie la taille des
bénéfices privés influence le choix de la structure de
propriété et de contrôle.
Tout d'abord, Bebchuk propose deux structures de
propriété :
1- d'une part, controlling shareholder (CS)
ou la structure avec actionnaire contrôlant (actionnariat
concentré), dans laquelle le contrôle est incontestable,
2- et d'autre part, non-controlling shareholder (NCS)
ou la structure sans actionnaire de contrôle (actionnariat
dispersé), dans laquelle le contrôle est contestable.
Ensuite, Bebchuk considère que la structure sans
actionnaire de contrôle (NCS) n'est pas un modèle
d'équilibre. Dans cette structure, lorsque la prise de contrôle
est probable, les niveaux de bénéfices privés potentiels
et/ou réels ont un rôle important : un niveau
élevé incite les acteurs économiques à tenter de
prendre le contrôle afin de bénéficier du transfert de
richesse. Dans ces conditions, le groupe de contrôle devra limiter
l'extraction afin de ne pas perdre son statut. C'est-à-dire, si les
bénéfices privés sont grands, la structure avec
actionnaire contrôlant (CS) va régner.
Et cela nous permet d'expliquer la persistance de la
concentration de propriété dans certains pays
européens.
(2-2) : Les méthodes poursuivies par les
investisseurs institutionnels anglo-saxons pour freiner les
bénéfices privés
Comme on a déjà vu, le modèle
européen de la gouvernance d'entreprise empire le problème des
bénéfices privés à cause de l'utilisation des
mécanismes de séparation entre la propriété et le
contrôle qui permettent aux blockholders d'obtenir des droits
de votes beaucoup plus élevés par rapport à leurs droits
de cash-flow.
En raison de leurs objectifs de rentabilité
élevée, les investisseurs anglo-saxons se font les avocats
persuasifs et efficaces de l'introduction d'une gouvernance d'entreprise
anglo-saxonne en Europe.
Pour lutter contre les bénéfices privés,
les investisseurs institutionnels anglo-saxons utilisent les méthodes
suivantes en fonction de trois approches théoriques :
1- C. Girard (2001), «Une typologie de l'activisme
des actionnaires minoritaires en France »
2- Gehrke (2002), « Valeur actionnariale : le
rattrapage de l'Allemagne»
3- R. Gilson (2000), «Globalization Corporate
Governance: Convergence of Form or Function»
1- C. Girard (2001), «Une typologie de
l'activisme des actionnaires minoritaires en France »
Selon l'auteur l'activisme des actionnaires minoritaires (dont
les investisseurs institutionnels anglo-américains) est un processus
complexe et varié. Il prend plusieurs formes : actions collectives
ou individuelles, actions juridiques et batailles de procuration.
L'activisme des zinzins anglo-saxons peut prendre les formes
suivantes :
A- Les activités de lobbying :
B- Les activités de sollicitation de votes :
C- Les activités juridiques :
A- Les activités de
lobbying :
Les actionnaires minoritaires dissidents exercent une
activité d'influence sur le contenu des articles de presse et sur
l'opinion générale afin de gagner en notoriété et
de nuire à la réputation de la coalition de contrôle par un
presque mouvement boursier.
A partir d'un échantillon de dix
sociétés, de 1987 à 1988, Smith (1996) montre que deux
jours après l'annonce publique d'un activisme par le fonds CalPERS, les
rentabilités anormales sont devenues significativement
négatives.
Il faut savoir que, la voie médiatique n'est pas
utilisée de manière systématique par tous les
investisseurs institutionnels. Les fonds de pension : TIAA-CREF et SWIB,
refusent le recours à ce processus. Une phase de négociation
préalable à une contestation publique sera
privilégiée (Del Guercio et Hawkins, 1999).
Les investisseurs institutionnels anglo-saxon peuvent mener
leurs activités de lobbying plus loin en s'adressant aux
autorités de marché et à l'Etat afin que des
réformes législatives et réglementaires soient
entreprises.
Dans les années quatre-vingt-dix, plusieurs
réformes légales ont été introduites dans les pays
européens comme par exemple :
Ø La France : La loi de (2001)
sur les Nouvelles Régulations Economiques (NRE) comporte un volet
important sur la gouvernance d'entreprise et constitue une étape dans la
mise en place du capitalisme actionnariale en France. A titre d'exemple, elle
institue une baisse de nombre maximal d'administrateurs (de 24 à
18) ; elle réduit de 10% à 5%, le seuil du capital que
doit détenir un actionnaire (ou groupe d'actionnaires) pour poser une
résolution en assemblée générale ; elle limite
à 5 le nombre de mandats d'administrateurs et elle oblige les dirigeants
à divulguer des informations, concernant notamment leurs
rémunérations. (Jeffers et Plihon ,2001) et (Magnier
,2002).
Ø L'Allemagne (Gehrke ,2002) et
(Boutillier et al ,2002) : La loi Kon TraG (1998) a été
introduite pour renforcer la transparence et le contrôle des
sociétés cotées. Ainsi, elle a interdit l'émission
d'actions à multiples droits de vote. Aussi, la suppression au
1er janvier 2002 des impôts sur les plus-values devrait
encourager les banques, les compagnies d'assurances et les entreprises non
financières à diminuer et à diversifier leurs
participations, affaiblissant de ce fait le système de participation
croisées.
Ø L'Italie : la
réforme Draghi (1998) cherche à renforcer les droits
d'actionnaires minoritaires à travers les points suivants (Boutillier et
al, 2002) :
- limite à 2% le pourcentage de participations
croisées au sein des groupes, cela va rend le maintien des participation
croisées plus coûteux pour les actionnaires détenteurs de
bloc.
- la commission d'audit doit être composée au
minimum de trois membres, dont au moins un représentant des actionnaires
minoritaires (au moins deux si le conseil est composé de plus de trois
membres).
B- Les activités de sollicitation de
votes :
Selon Girard (2001), les activités de sollicitation des
votes sont le deuxième support de l'activisme
L'efficacité de ce dispositif de contrôle
réside dans l'impact qu'il peut exercer sur le vote des actionnaires. En
d'autres termes, il tend à se heurter à la passivité
traditionnelle des actionnaires.
Battacharya (1997)36(*) montre que ces activités, composées
d'actions en communication assimilées à des actions de
lobbying (appels téléphoniques, campagnes
médiatiques) , ont pour fonction de solliciter les vote d'une
coalition minoritaire passive, mais aussi « d'un actionnaire
pivot ». Cet actionnaire, détenteur de bloc non
contrôlant ou investisseur institutionnel, a pour rôle de
résoudre le problème de passager clandestin.
C- Les activités juridiques :
Selon D. Schmidt (1970)37(*), les actionnaires minoritaires ne peuvent agir qu'en
recourant aux tribunaux. Ces activités juridiques ont pour
finalité :
- d'annuler les décisions adoptées ;
- de réclamer la réparation du ou des
préjudices subis ;
- de demander la responsabilité pénale et civile
de la coalition de contrôle ;
- de demander une expertise de gestion ;
- de nommer un mandataire de justice en tant que conciliateur
et médiateur.
2- Gehrke (2002), « Valeur
actionnariale : le rattrapage de l'Allemagne»
Selon l'auteur, pour influencer la gouvernance des entreprises
allemandes, les investisseurs institutionnels ont renoncé aux moyens
directs (en exerçant leurs droits de vote) et préfèrent
entrer directement en contact avec les dirigeants de l'entreprise
Engelhard et al (1998)38(*) montrent que la présence des fonds
d'investissement étrangers aux assemblées générales
est très faible. Selon les auteurs, cette faible présence est
liée à l'obligation de remettre les actions en dépôt
dix jours avant l'assemblée générale, ce qui limite la
liquidité des investisseurs institutionnels. Pour cette raison,
l'influence semble s'exercer davantage par le biais des interrogations directes
des dirigeants (lors des conférences Investors relations, des
discussion one to one, etc.).
3- Gilson (2000), «Globalization Corporate
Governance: Convergence of Form or Function»
Selon Gilson la confrontation inévitable entre les
détenteurs de bloc dans les entreprises européennes et les
zinzins anglo-saxons conduit ces derniers aux investissements par contrat.
L'investissement par contrat se réalise par
l'utilisation des véhicules de la partenariat limité (limited
partnership) comme : les sociétés de capital
venture et leveraged buyout funds.
CONCLUSION GENERALE ET PERSPECTIVES DE RECHERCHE:
La question sur le rôle des investisseurs
institutionnels dans la gouvernance des sociétés cotées
s'inscrit dans le cadre théorique qui concerne le processus de
convergence entre les systèmes différents de gouvernance
d'entreprise (surtout entre le système anglo-saxon et le système
européen).
Comme on a vu, la plupart des études et recherches qui
concentrent sur la gouvernance des sociétés européennes et
sur sa convergence potentielle vers le modèle anglo-saxon
considèrent la montée en puissance des investisseurs
institutionnels anglo-saxons comme un des facteurs qui incitent les entreprises
européennes à adopte des méthodes de gestion
anglo-saxonnes.
Pour Magnier (2002), l'entrée massive des fonds
d'investissement étrangers dans le capitale des entreprises
industrielles françaises a conduit à imposer de nouveaux
comportements aux dirigeants des sociétés. C'est le signe que
certaines attentes de ces nouveaux actionnaires en matière de
gouvernance d'entreprise ont été prises en compte en France.
Pour l'Allemagne, Gehrke (2002) indique qu'il existe un
relation de cause à effet entre, d'une part, la montée en
puissance des investisseurs institutionnels et étrangers dans les
entreprises allemandes et, d'autre part, l'orientation croissante du
contrôle de gestion dans le sens de la création de valeur (un
nouveau critère cruciale pour le modèle allemand de gouvernance.
Comme on a vu, les investisseurs institutionnels poursuivent
plusieurs méthodes pour éliminer le phénomène de
bénéfices privés :
Ø contrairement au modèle américain, en
France, l'activisme des actionnaires minoritaires (dont les investisseurs
institutionnels) est composé d'un ensemble d'activités juridiques
souvent médiatisées, accompagnées ou non de batailles de
procurations.
Ø la confrontation inévitable entre les
détenteurs de bloc dans les entreprises européennes et les
zinzins anglo-saxons conduit ces derniers aux investissements par contrat. Ces
derniers se réalisent par l'utilisation des véhicules de la
partenariat limité (limited partnership) comme : les
sociétés de capital venture et leveraged buyout
funds.
Ø pour influencer la gouvernance des entreprises
allemandes, les investisseurs institutionnels ont renoncé aux moyens
directs (en exerçant leurs droits de vote) et préfèrent
entrer directement en contact avec les dirigeants de l'entreprise.
Cela nous permet de s'interroger sur l'efficacité de
ces méthodes en matière de gouvernance d'entreprise.
Jusqu'à quel point ces méthodes introduisent-elles
de changements dans les mécanismes de la gouvernance
européenne ?
Les études empiriques antérieures mettent
l'accent sur plusieurs variables explicatives des bénéfices
privés. Parmi, ces variables, on trouve les facteurs légaux
considérés par la littérature académique comme le
mécanisme principal pour réduire ces bénéfices par
la protection des droits des actionnaires minoritaires.
Cela va conduire à poser la question sur
l'influence que les investisseurs institutionnels peuvent
exercer sur l'environnement légal de la gouvernance
européenne.
La démarche
méthodologique
|
Pour étudier le rôle des investisseurs
institutionnels dans la gouvernance des sociétés cotées,
nous allons, premièrement, faire appel à la démarche
déductive. Cette démarche nous permet de clarifier et
d'établir quelques hypothèses à partir des théories
concernant la question sur la convergence potentielle des systèmes
différents de gouvernance, telles que :
Ø La théorie de la dépendance au chemin
de la gouvernance d'entreprise (Bebchuk et Roe, 1999).
Ø R. Gilson (2000): «Globalization
Corporate Governance: Convergence of Form or Function»
Ø L'approche d'hybridation (M. Boutillier, A.
Labye, C. Lagoutte, N. Lévy et V. Oheix ,2002).
Ø L'approche légale (R. La Porta, F.
Lopez-de-Silanes, A. Shleifer, 1999)
Par exemple, Gilson (2000) montre la possibilité d'une
convergence fonctionnelle si les institutions existantes de la gouvernance sont
flexibles et permettent de faire un changement fonctionnel. En d'autres termes,
Gilson parle de la possibilité d'introduire, dans les modèles
européens de gouvernance, de certaines pratiques fonctionnelles, comme
par exemple le licenciement des dirigeants incompétents.
S'appuyons sur cette théorie, nous pouvons formuler
l'hypothèse suivante : l'activisme des investisseurs
institutionnels anglo-saxons poussent vers une convergences fonctionnelle.
Deuxièmement, pour cerner l'effet de l'activisme des
investisseurs institutionnels, nous effectuerons une étude
d'événement. Ce type d'étude nous permet de
vérifier les impact de l'activisme des zinzins après une bataille
de procuration; une action judicaire ou après la médiatisation du
conflit.
.
BIBLIOGRAPHIE
ALLEN F. et GALE D., (1999), Comparing financial
systems, MIT Press, Cambridge, MA.
ALMAZAN A., HARTZELL J.C. et STARKS L.T., (2004), «Active
Institutional Shareholders and Managerial Compensation», Source
électronique: http://papers.ssrn.com
AOKI M., GUSTAFSON B. et WILLIAMSON E.O., (1990), The Firm
as Nexus of Treaties, Sage Publication.
ATANASOV Vladimir, (2001), «Valuation of Large Blocks of
Shares and Private Benefits of control», Source électronique:
http://papers.ssrn.com
ATTIG N., FISCHER K. et GADHOUM Y., (2003), «On the
determinants, costs and benefits of pyramidal ownership: Evidence on
expropriation of minority interests», Source électronique:
http://papers.ssrn.com
BAUDRU D. et LAVIGNE S., (2001), « Investisseurs
institutionnels et gouvernance sur le marché financier
français », Revue d'Economie Financière, Vol.63,
p.91-105.
BAUDRU D., LAVIGNE S. et MORIN F., (2001), « Les
investisseurs institutionnels internationaux : Une analyse de comportement
des investisseurs américains », Revue d'Economie
Financière, Vol. 61.
BAUDRU D. et KECHIDI M., (1998), « les investisseurs
institutionnels étrangers : vers la fin du capitalisme à la
française ? », Revue d'Economie Financière,
n° 48, Juillet, p.93-106.
BEBCHUK L.A., (1999), «A Rent-Protection Theory of
Corporate Ownership and Control», Source électronique:
http://papers.ssrn.com
BEBCHUK L.A. et KAHAN M., (1999), The Lemons Effect in
Corporate Freeze-OUT«, Source électronique:
http://papers.ssrn.com
BEBCHUK L.A. et ROE M.J. (1999), « A Theory of Path
Dependence in Corporate Governance and Ownership », Source
électronique: http://papers.ssrn.com
BECHT Marco et MAYER Colin, (2002), « Corporate Control
in Europe», Revue d'Economie Politique, 112 (4), juillet- août,
p.471-498.
BECHT Marco et BOEHMER Elkhart, (1999),
« Transparency of Ownership and Control in Germany», Source
électronique: http://papers.ssrn.com
BECK M., MCKINNON R. et WEBB R., (2003), « Problems
and limitations of institutional investors participation in corporate
governance », Corporate Governance, Vol. 11, n° 1, p.65-37.
BEFFA J.L., (2002), «Gouvernance d'entreprise ou
régime de gestion? Les grandes entreprises de l'Europe continentale au
fondement de la citoyenneté industrielle », Revue d'Economie
Politique, 112 (4), juillet- août, p.463-470.
BELDONA S., JOSHI M.P., SHERMAN H., (1998),
«Institutional investors heterogeneity: implications for strategic
decisions», Corporate Governance, Vol. 6, n° 3, July, p.166-173.
BERLE A.A. et MEANS G.C.; (1932), The modern corporations
and private propriety, New-York, Mac Millan.
BHAGAT S. et BLACK B., (2000), «Board independence and
long term firm performance», Document de travail, University of
Colorado.
BIANCHI Marcello et ENRIQUES Luca, (2001), «Corporate
governance in Italy after the 1998 Reform: What role for institutional
investors », Source électronique: http://papers.ssrn.com
BLACK B. (1990), « Shareholder passivity
reexamined », Source électronique: http://papers.ssrn.com
BLACK B. et GILSON R. (1997), «Venture capital and the
structure of capital markets: Banks versus stock markets», Source
électronique: http://papers.ssrn.com
BLACK B. (1997),»Shareholder Activism and Corporate
Governance in the United States», Source électronique:
http://papers.ssrn.com
BLACK B., (1992), «Agents watching agents: The promise of
institutional investors voice», Source électronique:
http://papers.ssrn.com
BOUTILLIER M., LABYE A., LAGOUTTE C., LEVY N. et OHEIX V.,
(2002), « Financement et gouvernement des entreprise : Exception
et convergences européennes », Revue d'Economie Politique, 112
(4), juillet- août, p.499-544.
BRIKLEY J.A., LEASE C.W. et SMITH J.R., (1988),
« Ownership structure and voting on antitakeover amendments»,
Journal of Financial Economics, Vol. 20, n°1-2, p.267-291.
BURKART M., GROMB D. et PANUNZI F., (1997), «Large
shareholders, monitoring, and the value of the firm», Quarterly Journal of
Economics, Vol. 112, p.693-728.
CAPY Jérôme, (2002), « Investisseurs
institutionnels et gouvernance d'entreprise», La Revue du Financier,
n° 133, p.26-40.
CAPY Jérôme. , HIRIGOYEN Gérard. (2001),
La création de valeur de l'entreprise, Paris, Economica,
2ème édition
CARLETON J., NELOSN J., WEISBACH M. (1998), «The
Influence of Institutions on Corporate Governance through private negotiation:
Evidence from TIAA-CREF», Journal of Finance, Vol. 53, August, P.
1335-1362.
CAUSSAIN J.J. et RICHARD B., (1995), « Les
conditions juridiques d'une approche française », L'Expansion
Management Review, juin, p.62-67.
CHAGANTI R. et DAMANPOUR F., (1991), « institutional
ownership, capital structure and firm performance », Strategic
Management Journal, Vol.12, p.479-491.
CHARREAUX G., (1997), Le gouvernement des
entreprises, Economica, Paris.
CHARREAUX G., (1997), « Vers une théorie du
gouvernement des entreprises », in Le gouvernement d'entreprise, G.
Charreaux (ed), Economica, 1997, p.421-469.
CHARREAUX G., (1997), « Le statut du dirigeant dans
la recherche sur le gouvernement des entreprises » in Le gouvernement
d'entreprise, G. Charreaux (ed), Economica, 1997, p.471-493.
CHARREAUX G., (1997), « Structure de
propriété, relation d'agence et performance
financière », in Le gouvernement d'entreprise, G. Charreaux
(ed), Economica, 1997, p.55-84.
CHARREAUX G., (1994), «Conseil d'administration et
pouvoirs dans l'entreprise», Revue d'Economie Financière, n°
31, Hiver, p.49-79.
CHEVALIER J. et ELLISON G., (1998), « Career
concerns of mutual fund managers », Source électronique:
http://papers.ssrn.com
COFFEE J.C., (2001), «Do norms matter?: A cross-country
examination of the private benefits of control», Source
électronique: http://papers.ssrn.com
COFFEE J.C., (1993), «Liquidity versus control: The
institutional investors as corporate monitors», Source
électronique: http://papers.ssrn.com
CRÊTE R. et ROUSSEAU S., (1997), «De la
passivité à l'activisme des investisseurs institutionnels au sein
des corporations: le reflet de la diversité des facteurs
d'influence», Mc Gill Law Journal, Vol. 42, p.864-340.
DAVIS E. Philip, (2001),»Institutional investors and
corporate governance», Source électronique:
http://papers.ssrn.com
DAVIS E. Philip, (2002), «Pension Fund Management and
International Investment: A Global Perspective», Source
électronique: http://papers.ssrn.com
DAVIS G. et THOMPSON T.A., (1994), « A social
movement perspective on corporate control », Administration Science
Quaterly, Mars, 39, p.141-173.
DEMARIGNY F., (), « Les investisseurs
institutionnels : des actionnaires neutres ? », Revue
d'Economie Financière, Hiver, numéro spécial,
p.109-118.
DEL GUERCIO D. et HAWKINS J., (1999), « The
motivation and impact of Pension Funds », Journal of Financial
Economics, Vol. 52, p.293-340.
DESBRIERES P., (1994), « Nouvelles formes de fonds
propres et gouvernement d'entreprises », Revue d'Economie
financière, n° 31, Hiver, p.81-108.
DICK W. et ZARLOWSKI P., (2002), « La diffusion de
normes comptables internationales », in La montée en puissance
des fonds d'investissement, quels enjeux pour les entreprises ?, D. Plihon
et J.P. Ponssard, Documentation française, n° 5146, p. 93-100.
DIETSCH M., (2003), « Mondialisation et
recomposition du capital des entreprises européennes »,
Rapport intermédiaire pour le compte du commissariat du Plan,
Décembre
DITTMANN Ingolf, (2003), «Measuring private benefits of
control from the returns of voting and non-voting shares», Source
électronique: http://papers.ssrn.com
DYCK Alexander et ZINGALES Luigi, (2001), «Private
Benefits of Control: An International Comparison», Source
électronique: http://papers.ssrn.com
EHRHARDT Olaf et NOWAK Eric., (2003), «Private benefits
and Minority shareholder Expropriation: Empirical Evidence from IPOs of German
Family-owned firms», Source électronique: http://papers.ssrn.com
FACCIO Mara et LANG Larry H.P., (2002), «The Ultimate
Ownership of Western European Corporations», Journal of Financial
Economics, Vol.65. n°3,
FAMA E.F., «Agency problems and theory of the
firm », Journal of Political Economy, Vol.88, n°2; p.288-307.
FAMA E. et JENSEN M., (1983, a), «Separation of ownership
and control», Journal of Law and Economics, Vol. 26, p.301-326.
FAMA E.F. et JENSEN M.C (1983, b)., «Agency problems and
residual claims», Journal of Law and Economics, Vol.26, p.327-349.
FRANK S J. et MAYER C., (2000), «Ownership and control of
German Corporations», Source électronique: http://papers.ssrn.com
FRANK S J. et MAYER C., (1995), `Ownership and
control `, in Trends in business organisation: Do participations and
cooperation increase competitiveness? edited by Siebert H., Tubingen: Mohr
(Siebeck).
GEHRKE Ingmar, (2002), « Valeur actionnariale:le
rattrapage de l'Allemagne », in La montée en puissance des
fonds d'investissement, quels enjeux pour les entreprises ?, D. Plihon et
J.P. Ponssard, Documentation française, n° 5146, p.147-161.
GILLAN S.L., KEINSIGER J.W. et MARTIN J.D. (2000),» Value
creation and corporate diversification: the case of Sears, Roebuck &
Co», Journal of Financial Economics, Vol. 55, p.103-137.
GILLAN S.L. et STARKS L. (2000), « Corporate
Governance Proposals and Shareholder activism: the Role of Institutional
Investors », Journal of Financial Economics, Vol. 57, p.275-305.
GILSON R.J., (2000), «Globalizing corporate Governance:
Convergence of Form or Function», Source électronique:
http://papers.ssrn.com
GIRARD C., (2001), «Une typologie de l'activisme des
actionnaires minoritaires en France», Finance, Contrôle,
Stratégie, Vol.4, n° 3, septembre, p.123-146.
GOERGEN Marc et RENNELBOOG Luc, (1999), «Strong managers
and passive institutional investors in the UK: Stylized facts», Source
électronique: http://papers.ssrn.com
GORDON L. et POUND J., (1993), «Information, Ownership
structure, and shareholder voting: Evidence from shareholder- sponsored
corporate governance proposals», Journal of Finance, Vol. 47,
p.697-718.
GORTON G. et KAHN M., (1999), « Blockholder identity
equity ownership structures, and hostile takeovers », Source
électronique: http://papers.ssrn.com
GROSSMAN S.J. et HART O.D., (1988), «One share - one vote
and the market for corporate control», Journal of Financial Economics,
vol.20, p.175-202.
HAFSI T. et NADEAU B., (1998), « Les investisseurs
institutionnels : le nouveau gouvernement pour l'entreprise »,
Gestion, Revue Internationale de Gestion, Vol .23, p.143-155.
HAMON J., (2001), « La répartition des droits
de vote, leur exercice et l'efficacité économique »,
Revue d'Economie Financière, Vol.63, p 175-209.
HARRIS M. et RAVIV A., (1988, a), « Corporate
control contests and capital structure », Journal of Financial
Economics, Vol.20, p.55-86.
HARRIS M. et RAVIV A., (1988, b), « Corporate
governance: voting rights and majority rules », Journal of Financial
Economics, Vol.20, p.203-236.
HARTZELL J.C. et STARKS L.T., (2002), «Institutional
investors and executive compensation», Source électronique:
http://papers.ssrn.com
HERVE F., (2001), « Faut-il acheter les actions des
entreprises apparaissant sur les listes noires du conseil des investisseurs
institutionnels ? », Revue d'Economie Financière, Vol.63,
p.125-135.
HIRIGOYEN Gérard, (2000), « Droit et
Finance », in Gestion et droit, B ; Amann (ed), Dalloz,
p.55-74.
HIRIGOYEN Gérard, (1997),
«Salariés-actionnaires: Le capital sans le pouvoir?», in
pouvoir et Gestion, Coll, Histoire, Gestion et Organisation, n° 5, Presses
de l'Université des sciences sociales de Toulouse, Toulouse.
HIRIGOYEN Gérard, (1997), «Stratégie et
Finance: approche pour la création de valeur», Encyclopédie
de Gestion, Paris, Economica, 2ème édition.
HIRIGOYEN G. et PICHARH-STAMFORD J-P., (1998), « La
confiance, un outil de la finance organisationnelle : une synthèse
de la littérature récente », Economie et
Société, Série Sciences de Gestion, n° 8-9 ;
p.219-234.
HOLMSTROM B. et TIROLE J., (1993), « Market
liquidity and performance monitoring », Journal of Political Economy,
Vol. 101, p.678-709.
JEFFERS E. et MAGNIER V., (2002), « Le gouvernement
d'entreprise et les FIE au niveau international», in La montée en
puissance des fonds d'investissement, quels enjeux pour les entreprises ?,
D. Plihon et J.P. Ponssard, Documentation française, n° 5146,
p.55-62.
JEFFERS E. et PLIHON D., (2002), « Importance et
diversité des investisseurs institutionnels », in La
montée en puissance des fonds d'investissement, quels enjeux pour les
entreprises ?, D. Plihon et J.P. Ponssard, Documentation française,
n° 5146, p.17-26.
JEFFERS E. et PLIHON D., (2001), « Investisseurs
institutionnels et gouvernance d'entreprise », Revue d'Economie
Financière, Vol. 63, p.137-152.
JENSEN M.C., (1993), «The modern industrial revolution,
exit, and the failure of internal control systems», Journal of Finance,
Vol. 48, p.831-880.
JENSEN M.C., (1989), «Eclipse of Public
Corporation», Source électronique: http://papers.ssrn.com
JENSEN M.C. et MURPHY K.J., (1990), «Performance pay and
top-management incentives», Journal of Political Economy, Vol. 98, n°
2, p.225-264.
JENSEN M.C. et MECKLING W.H., (1976), «Theory of the
firm: managerial behaviour, agency costs and ownership structure», Journal
of Financial Economics, vol. 3, p.305-360.
JOHNSON S., La PORTA R. LOPEZ-DE-SILANES f. et SHLEIFER A.,
(2000), « Tunneling », Source électronique:
http://papers.ssrn.com
JOHNSON M.F. et SHACKELL M.B., (1997), « Shareholder
proposals on executive compensation », Source électronique:
http://papers.ssrn.com
KARPOFF J., (1998), «The impact of shareholder activism
on target companies: A survey of empirical findings», Source
électronique: http://papers.ssrn.com
KARPOFF J., MALATESTA P. et WALKLING R., (1996),»
Corporate Governance and shareholder Initiatives: Empirical evidence»,
Journal of Financial Economics, Vol. 42, November, p. 365-395.
KOCHAR G. et DAVID P., (1996), « institutional
investors and firm innovation: a test of competing hypothesis »,
Strategic Management Journal, Vol.17, p.73-84.
KÖKE j. et RENNEBOOG L., (2003), « Dose good
corporate governance lead to stronger productivity growth? Evidence from
Market-Oriented and Blockholder-based governance regimes», Working Papers,
European Corporate Governance Institute.
LANNOO K., (1994), «Le gouvernement d'entreprise en
Europe», Revue d'Economie Financière, n°31, Hiver,
p.159-182.
LAPOINTE P., (2000), «Structure de
propriété, investisseurs institutionnels et performance de
l'entreprise: le point sur la connaissance», Gestion, Revue Internationale
de Gestion, Vol. 25, n° 3, p.58-69.
LA PORTA R., LOPEZ-DE-SILANES F., (1998), « capital
market and legal institutions », Source électronique:
http://papers.ssrn.com
LA PORTA R., LOPEZ-DE-SILANES F., SHLEIFER A., (1999),
« Corporate ownership around the world », Journal of
Finance, Vol.54, n°.2, p.471-517.
LA PORTA R., LOPEZ-DE-SILANES F., SHLEIFER A., VISHNY R.W.,
(2000), « Investors
Protection and Corporate Governance », Journal of Financial
Economics, Vol.58, p.3-27.
LA PORTA R., LOPEZ-DE-SILANES F., SHLEIFER A., VISHNY R.W.,
(1999, a), « Investors Protection : Origins, Consequences,
Reform », Source électronique: http://papers.ssrn.com
LA PORTA R., LOPEZ-DE-SILANES F., SHLEIFER A., VISHNY R.W.,
(1999, b), « Investors protection and corporate
valuation », Source électronique: http://papers.ssrn.com
LA PORTA R., LOPEZ-DE-SILANES F., SHLEIFER A., VISHNY
R.W., (1998), « Law and Finance », Journal of
Political Economy, Vol.106. p. 1113-1150.
LA PORTA R., LOPEZ-DE-SILANES F., SHLEIFER A., VISHNY
R.W., (1997), « Legal determinants of external
finance », Journal of Finance, Vol.52, n°.2, p.1131-1150.
LE MAUX J., (2003), «Les bénéfices
privés: une rupture de l'égalité entre actionnaires»,
Finance, Contrôle, Stratégie, p.63-92.
LORSCH J.W. et MACLVER E., (1989), Pawns et Potentates:
The Reality of America's Corporate Boards, Harvard Business school Press,
Boston, Mass.
MAGNIER Véronique, (2002),
« L'évolution du gouvernement d'entreprise en
France », in La montée en puissance des fonds
d'investissement, quels enjeux pour les entreprises ?, D. Plihon et J.P.
Ponssard, Documentation française, n° 5146, p.67-74.
Manne, H. G., 1965, Some theoretical aspects of share voting,
Columbia Law Review 64, 534-554.
MAUG E., (1998), «Large shareholder as monitors is there
a trade-off between liquidity and control?», Journal of Finance, Vol. 53,
p.65-98.
MAYER Colin, (1999), « Firm Control »,
Source électronique: http://papers.ssrn.com
MCCONNELL J. et SERVAES H., (1990), « Additional
evidence on equity ownership and corporate value », Journal of
Financial Economics, Vol.27, p.595-612.
MELIS A., (1998), «Corporate governance in Europe: An
empirical analysis of the Italian case among non financial listed
companies», Document de travail, Université de Cagliari,
octobre.
MINTZBERG H., (1983), « Power in and around
organisations », Prentice-Hall Inc., Englewood Cliffs, New Jersey:
version française (1986) Le pouvoir dans les organisations, Les
Editions d'Organisation, Paris.
MONKS R.A.G. et MINOW N., (1995), Corporate
Governance, Blackwell Business.
MORCK R., SHLEIFER A. et VISHNY W., (1988),
« Management ownership et market valuation », Journal of
Financial Economics, Vol. 20, p.293-315.
MORIN F., (1998), «La rupture du modèle
français de détention et de gestion des capitaux», Revue
d'Economie Financière, Vol.50, p.111-132.
MOTTIS N. et PONSSARD J-P., (2002), « L'impact des FIE
sur le pilotage de l'entreprise », in La montée en puissance
des fonds d'investissement, quels enjeux pour les entreprises ? D. Plihon
et J.P. Ponssard, Documentation française, n° 5146, p.125-142.
MOTTIS N. et PONSSARD J-P.,
(2000), « Création de valeur et
rémunération des dirigeants : enjeux et
pratiques », Annales des Mines, Gérer et Comprendre,
juin.
MTANIOS R. et PAQUEROT M., (1999), « structure de
propriété et sous- performance des firmes : une
étude sur le marché au comptant, le règlement mensuel et
le seconde marché », Finance, Contrôle,
stratégie, Vol. 2, n. 4, p. 157-179.
NOWAK E., (2001), « Recent Developments in German
Capital Markets and Corporate Governance», Source électronique:
http://papers.ssrn.com
OPLER T. et SOKOBIN J., (1998), «Does coordinated
Institutional Activism work? An Analysis of The Council of institutional
Investors», Source électronique: http://papers.ssrn.com
PAQUEROT M., (1997), « Stratégies
d'enracinement des dirigeants de la firme et structure de
contrôle », in le Gouvernement de l'entreprise, ed
Charreaux.
PICHARD-STAMFORD J-P, (1998), « La
légitimation du dirigeant par le réseau des
administrateurs », in XVI journées des IAE,
Nantes.
PLIHON D., (1999), « Les investisseurs
institutionnels, nouveaux acteurs de la finance internationale »,
in `Crise mondiale et marchés financiers', Documentation
française, n°289, janvier- février.
PLIHON D., PONSSARD J.P., ZARLOWSKI P., (2002),
« Quel scénario pour le gouvernement d'entreprise ? Une
hypothèse de double convergence », in La montée en
puissance des fonds d'investissement, quels enjeux pour les entreprises ?
D. Plihon et J.P. Ponssard, Documentation française, n° 5146,
p.163-172.
PNSSARD J-P., (2001), « La montée des fonds
d'investissement étrangers : une nouvelle donne pour le
gouvernement d'entreprise », Les 4 Pages des Statistiques
Industrielles- SESSI, n°147.
PORTER M.E., (1992), « Capital Disadvantage:
America's failing capital investment system », Harvard Business
Review, September- October, p.65-82.
POUND J. (1992), «The rise of political model of
corporate governance and corporate control», working paper, Harvard
University.
ROE M., (2002),» Rôle de l'actionnaire et
système politique», Revue Française de Gestion, n°141,
p.305-345.
ROE M., (1994), Strong Managers, Weak Owners, The
political Roots of American corporate finance, Princeton, NJ: Princeton
University.
ROSS S.A., (1973),»The economic theory of agency: The
principal's problem», American Economic Review, Vol.63, n°2,
p.134-139.
PROWSE S., (1994), « Corporate governance:
comparaison internationale- une étude des mécanismes de
contrôles d'entreprise aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, au Japon et en
Allemagne », Revue d'Economie Financière, n° 31, Hiver,
p.119-158.
SAULPIC Olivier et TANGUY Hervé, (2002),
« Les enseignements de la théorie financière pour
évaluer le rôle des FIE » in La montée en
puissance des fonds d'investissement, quels enjeux pour les entreprises ?,
D. Plihon et J-P Ponssard, Documentation française, n° 5146,
p.107-120.
SHLEIFER A. et VISHNY R., (1997), « a survey of
corporate governance », Journal of Finance, Vol.52, n° 2,
p.737-783.
SHLEIFER A. et VISHNY R., (1986), «Large
shareholders and corporate control «, Journal of Political Economy.
Vol. 94, n°.31, p.461-488.
SMITH M., (1996), «Shareholder Activism and Institutional
Investors: evidence from CalPERS», Journal of Finance, Vol. 51, March, p.
227-262.
STRICKLAND D., WILES K., ZENNER M., (1996), «A requiem
for the USA: is small shareholder monitoring effective? «, Journal of
Financial Economics, Vol. 40, p; 319-338.
THOMAS A., (1995), «Effects of firm ownership structure
on hiring of M&A advisors', Journal of Financial Services Research,
p.159-175.
THOMSEN S. et PEDERSEN T., (2000), «Ownership structure
and economic performance in the large European companies», Strategic
Management Journal, Vol. 21, p.689-705.
WAHAL S., (1996), «Pension Fund Activism and Firm
Performance» journal of Quantitative and Financial analysis, Vol.31,
March, p. 1-23.
WAHAL S. et MCCONNELL J., (1997), « Do
institutional investors exacerbate managerial myopia ? », Source
électronique: http://papers.ssrn.com
WEIL, GOTSCHAL et MANGES LLP, on behalf of the European
commission, Internal Market Directoraye General «Comparative study of
corporate governance codes relevant to the European Union and its member
states» Final report, 2002.
WIRTZ P., (2000), Gouvernement des entreprises et politiques
de financement des entreprises en France et Allemagne, Thèse pour le
doctorat ès Sciences de Gestion, Université de Bourgogne
WÖJCIK D., (2001), «Change in the German model of
corporate governance: Evidence from blockholdings, 1997-2001», Source
électronique: http://papers.ssrn.com
WRIGHT P., FERRIS S.P., SARIN A. et AWASHTI V., (1996),
«Impact of Corporate Insiders, Blockholder, and Institutional Equity
ownership on firm risk taking», Academy of Management Journal, Vol.39, n)
2, p.441-4-463.
ZAJAC E. et WESTPHAL J., (1998), « The symbolic
management of stockholders: corporate governance reforms and shareholder
reactions », Administrative Science Quarterly, Vol. 43, p.127-153.
ZAJAC E. et WESTPHAL J., (1996), « Director
Reputation, CEO-Board power, and the dynamics of board interlocks »,
Administrative Science Quarterly, Vol. 41, p.507-529.
ZAJAC E. et WESTPHAL J., (1995), « Who shall
govern?, CEO/Board power, demographic similarity and direction selection»,
Administrative Science Quarterly, Vol. 40, p.60-83.
* 1 OPCVM : Organisation de
Placement Collectif en Valeurs Molières.
* 2 Notons d'abord que l'on
ne peut parler d'activisme que pour certaines catégories d'investisseurs
institutionnels, les fonds de pension en particulier. L'activisme est
plutôt rare chez les banques et les fonds d'investissement ou les
assurances (Dietsch, 2003).
* 3 Cité par Becht et
Mayer (2002).
* 4 Cité par Capy et
Hirigoyen, 2001.
* 5 MINTZBERG H., (1983),
« Power in and around organisations », Prentice-Hall Inc.,
Englewood Cliffs, New Jersey: version française (1986) Le pouvoir
dans les organisations, Les Editions d'Organisation, Paris.
* 6 Cité par Capy et
HIrigoyen, 2001.
* 7 Cité par Charreaux
(1997)
* 8Jeffers et Magnier,
(2002), « Le gouvernement d'entreprise et les FIE au niveau
international»
Plihon D ., Ponssard J.P., Zarlowski P., (2002),
« Quel scénario pour le gouvernement d'entreprise ? Une
hypothèse de double convergence ».
Dietsch (2003), « Mondialisation et recomposition du
capital des entreprises européennes »
* 9 Cité par Lannoo
(1994)
* 10 Cité par Lannoo
(1994)
* 11 On dit que la firme (Y)
est contrôlée par les constructions pyramidales lorsqu'il y a un
actionnaire contrôle cette firme indirectement à travers à
une autre firme, et que cette dernière n'est pas contrôlée
totalement par cet actionnaire (M. Faccio et L.H. P. Lang, 2002)
* 12 La cogestion est un
système qui oblige les entreprises à nommer des
représentants des salariés au conseil de surveillance
* 13 Cité par Boutillier
et al (2002), p. 527
* 14 Cité par Boutillier
et al, (2002), p.529
* 15 Girard
(2001), «Une typologie de l'activisme des actionnaires minoritaires
en France»
* 16 Cité par Beldona et
al (1998)
* 17 Cité par Beldona et
al (1998)
* 18 Le trustee exerce les
droits et obligations du propriétaire des titres vis-à-vis de la
société émettrice et peut donc être inscrit en
compte d'actionnaire. Il peut, de même, céder ses titres et voter
aux assemblées générales. A charge pour lui de remplir ses
obligations fiduciaires à l'égard des bénéficiaires
(fiduciary duties).
* 19 TIAA- CREF un fonds de
pension privé américain, détient 1 % du marché
américain d'actions en 1998 (Carleton et al, 1998). Les fonds de
privés et publiques représentent 22 % du marché
américain en 1999 (Hervé, 2001).
* 20 TIAA- CREF est un leader
dans cette stratégie, il indexe environ 80 % de son portefeuille
(Carleton et al, 1998).
* 21 CalPERS :
California Public Employee Retirement System
* 22 TIAA- CREF :
Teachers insurance and Annuity Association : College Retirement
Equities Fund
* 23 Cité par
Lapointe (2000)
* 24 KARPOFF J.., (1998),
«The impact of shareholder activism on target companies: A survey of
empirical findings»
* 25 BEBCHUK L.A. et ROE
M.J. (1999), « A Theory of Path Dependence in Corporate Governance
and Ownership »
* 26 Financement et
gouvernement des entreprises : Exceptions et convergences
européennes
* 27 Corporate ownership
around the world
* 28 Cité par Jeffers
et Plihon, (2001)
* 29Indiquons que le cadre
théorique de ce paragraphe fait référence aux articles
suivants :
Ø Baudru et Kechidi (1998), « Les
investisseurs institutionnels étrangers : vers la fin du
capitalisme à la française »
Ø Jeffers et Plihon (2001), « Investisseurs
institutionnels et gouvernance des entreprise »
Ø Ponssard (2001), « La montée des
fonds d'investissement étrangers : Une nouvelle donne pour le
gouvernement d'entreprise »
Ø Mottis et Ponssard (2002), « L'impact
des FIE sur le pilotage de l'entreprise »
* 30 Sell side :
analystes liés à des grandes banques d'affaires et publiant
régulièrement des rapports destinés à la
clièntele de ces banques, y compris aux entreprises. Buy side :
analystes liés à des fonds d'investissement ne faisant aucune
publication autre que celle qui est destinée exclusivement aux
gérants des fonds dont ils dépendent.
* 31 Boutillier et al (2002)
* 32 Le rapport
préconise une proportion minimale d'administrateurs indépendants
d'un tiers.
* 33 Cité par Becht
et Mayer (2002).
* 34 Cité par Becht et
Mayer (2002).
* 35 Cite par Dyck et Zingales
(2001)
* 36 Cité par Girard
(2001)
* 37 Cité par Girard
(2001)
* 38 Cité par Gehrke
(2002)
|