WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Caractéristiques des atteintes cardiaques au cours de l'immunodéficience liée au VIH en Afrique centrale : évolution naturelle

( Télécharger le fichier original )
par Benjamin LONGO-MBENZA
Université Libre de Bruxelles - Agrégé de l'enseignement supérieur 1996
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

4.2. DIAGNOSTIC DIRECT

- ELISA antigène

La technique fixe des anticorps anti-VIH au fond des puits. La liaison des antigènes du VIH présents dans le sérum aux anticorps est révélée par des anticorps anti-VIH conjugués à une enzyme. Cette réaction est colorimétrique.

- Isolement viral

Cette technique se fonde sur la culture des cellules mononuclées du sang périphérique après stimulation initiale des cellules par la phytohémagglutinine (PHA). Une fusion lymphocytaire réflète l'effet cytopathique de la multiplication du VIH. La détection de l'antigène dans le surnageant de culture signe la présence du virus VIH.

- Anticorps anti-VIH2

Le principe "sandwich" permet de détecter les anticorps anti-VIH2 à cause des réactions croisées entre VIH1 et VIH2.

- Agglutination passive

Les billes de polystyrène mises en présence d'anticorps anti-VIH produisent un réseau d'agglutination visible à l'oeil nu.

- Radio-immunoprécipitation (RIPA)

Un virus marqué par un isotope radio-actif comme la cystéine 35 donne un lysat viral avec des antigènes à l'état natif pendant qu'il est incubé avec le sérum à tester. Les billes de protéines A-Sépharose captent les complexes immuns ainsi formés. La révélation des anticorps dirigés contre les protéines d'enveloppe est réalisée par autoradiographie.

- Western-blot

Il s'agit d'un immuno-transfert qui révèle la présence des anticorps fixés en focntion de leur spécificité sur les protéines virales par addition d'une antiglobuline humaine marquée par une enzyme, puis d'un substrat chromogène.

- Détection de l'ADN et de l'ARN

Les techniques détectent les acides nucléiques viraux. Les méthodes d'hybridation moléculaire conventionnelle in situ basées sur la présence du VIH et son niveau d'expression par la quantification de ses ARN messagers étaient peu sensibles que l'isolement viral.

Aujourd'hui on utilise la technique "Polymerase Chain Reaction ou PCR" qui effectue l'amplification de séquence à partir de l'ADN : rechercher la présence de l'ADN proviral VIH intégré dans l'ADN cellulaire ou la présence des ARN génomiques ou messagers grâce à une étape préalable de transcription inverse qui transforme l'ARN en ADN. Le résultat de l'amplification est ensuite analysé par électrophorèse sous forme d'une bande colorée au bromure d'éthidium.

5. REPONSE SEROLOGIQUE A L'INFECTION VIH ET DEPLETION DES CELLULES T-CD4

La détection de l'antigène p24 dans le surnageant des cultures du VIH n'est pas encore reconnue comme une méthode de référence. L'antigénémie p24 assure le dépistage précoce de l'infection VIH (phase de primo-invasion de l'adulte ou du nouveau-né de mère séropositive) et aurait une valeur pronostique : l'antigène p24 disparaît du sérum après la primo-invasion chez 15% de séropositifs asymptomatiques (8 à 12 semaines) et ne réapparaît qu'au stade SIDA de l'infection VIH (60% des cas évoluent en quelques semaines vers la mort) ; les anticorps Ig M et Ig G (anti-antigènes p24, gp41, gp120) se développent 3 mois après la contamination (Figure 1).

L'apparition des anticorps anti-p24 coïncide avec une phase temporaire d'une baisse des antigènes p24 et une formation des immunocomplexes (GOODSMIT, 1986 ; ALLAIN J.P., 1986 ; SIMMONDS, 1988 ; COOPER, 1988 ; VON SYDOW, 1988).

A la primo-infection, le nombre des CD4 diminue brusquement au moment de l'hypervirémie (phase aiguë de l'infection VIH, lymphadénopathie généralisée). Après 3 mois, la virémie devenue nulle coïncide à une remontée du taux des CD4 vers des valeurs limites inférieures de la normale (TINDALL B., 1991) ; ici commence une période de latence clinique qui peut durer 10 ans. Avec la progression de l'infection VIH, la dépletion des CD4 et l'hypervirémie VIH favorisent entre la huitième et la onzième année de la durée de l'infection VIH l'émergence des affections opportunistes et la survenue du décès des patients (Figure 2).

La surveillance du compte des CD4 reflète le mieux la progression de l'infection VIH puisque leur taux montre une très forte corrélation avec la sévérité de l'immunodépression (CDC, 1993). Un sujet même asymptomatique avec un nombre de CD4 inférieur à 200/mm3 est actuellement classé au stade SIDA depuis la révision 1993 du CDC.

6. COEUR ET SIDA

C'est plus tard que les atteintes cardiaques du SIDA retiendront l'attention des chercheurs américains avec l'invasion cardiaque par le sarcome de Kaposi (AUTRAN et al., 1983 ; SILVER M.A. et al., 1984 ; FRIEDMAN K. et al., 1982). Plusieurs travaux apportent la preuve de l'atteinte de toutes les tuniques cardiaques au cours du SIDA dans les pays développés et avec un intérêt particulier sur les cas de cardiomyopathies dilatées (COHEN I.S. et al., 1986 ; CALABRESE L.H. et al., 1987 ; CORBOY J.R. et al.,

Figure 1

Evolution des marqueurs sérologiques de l'infection au VIH.

Ag : antigènes. Ac : anticorps anti-

Figure 2

Déplétion des lymphocytes CD4 et virémie VIH au cours du temps.

00 : virémie VIH, dilution -> 1/512,
·---
· compte des CD4

A : primo-infection. B : latence clinique. C : apparition des affections opportunistes. D : décès

1987 ; HAKAS J.F. et al., 1991 ; JOSHI V.V. et al., 1988 ; KAMINSKY H.G. et al., 1988 ; LEIDIG G.A., 1991 ; REILLY G.M. et al., 1988). Cette riche documentation se fonde sur les descriptions nécropsiques (FINK L. et al., 1984 ; CAMMAROSANO C. et al., 1985 ; LEVY W.S. et al., 1989 : STEINHERZ L.J. et al., 1986). Aux Etats-Unis d'Amérique, 28 à 73% des patients au stade SIDA présentent un dysfonctionnement cardiaque (CAMMAROSANO et LEWIS, 1985 ; LEWIS W., 1989 ; VULLIEMIN P. et LEDUC D., 1993 ; MONSUEZ J. et al., 1988 ; MARTIN R.P. et al., 1980 ; FINK L. et al., 1984).

Le type d'affection qui vient endommager le coeur des patients souffrant d'infection VIH varie considérablement suivant la région géographique et la race.

Dans les pays développés d'Amérique et d'Europe, l'hypertrophie (dilatation) isolée du ventricule droit a été retrouvée chez 33% des patients sidéens et régresse chez 47% après 15 mois d'observation (BLANCHARD D.G. et al., 1991). Elle est la conséquence d'un coeur pulmonaire chronique (HIMELMAN R.B. et al., 1989 ; EWIG S. et al., 1994). Des cas d'hypertension artérielle pulmonaire primitive (HTAP) ont aussi été observés chez des patients atteints de SIDA (MARTOS A. et al., 1993 ; DUCHESNE N. et al., 1993 ; METTE S.A. et al., 1992 ; GOUELLO J.P. et al., 1992 ; COPLAN N.L. et al., 1990). Chez l'animal avec dépression immunitaire, l'HTAP est caractérisée par un dépôt de collagène autour des vaisseaux pulmonaires (GILLESPIE M.N. et al., 1994). Dans l'HTAP primitive associée au SIDA, l'atteinte plexogénique des artères pulmonaires entraîne un coeur pulmonaire et une myocardite de surcharge volumique (REISER P. et al., 1992).

En Afrique noire, le SIDA transmis par voie hétérosexuelle, présente trois caractéristiques épidémiologiques (PIOT P. et al., 1993) : sa fréquence sensiblement égale chez les deux sexes, alors que le rapport de près de 19 hommes pour 1 femme est observé aux Etats-Unis, son incidence maximale dans la tranche d'âge de 20 à 39 ans et un pic de séropositivité dans la même tranche d'âge. L'infection VIH y est un paradigme épidémiologique puisque le nombre de sujets contaminés se compte déjà par millions. Dans un grand hôpital de Kinshasa, plus de 35% des sujets hospitalisés (enfants et adultes) sont infectés par le VIH (NGALY B. et al., 1988). Chez les noirs d'Afrique souffrant de SIDA, la fréquence de morts attribuées à une cause cardiaque varie de 6 à 10% (BERTRAND Ed., 1992). Malgré la progression inquiétante du SIDA dans cette partie du continent africain, il n'existe que quelques données fragmentaires sur les atteintes cardiaques. Il est fait état des péricardites liquidiennes, des cardiomyopathies dilatées et rarement des endocardites associées au SIDA (BOGUI F. et al., 1992 ; BOURAMOUE C., ASOBOA, 1989 ; BOURAMOUE C. et al., 1992 ; KAGAME A. et al., 1991). Le SIDA est de plus en plus reconnu comme facteur étiologique des cardiomyopathies dilatées (BERTRAND Ed., 1992 ; BOURAMOUE C. et al., 1992). Dans la plupart des cas, il s'agit d'atteintes cardiaques chroniques dont les manifestations cliniques apparaissent avant les symptômes liés au SIDA.

Dans la région des Caraïbes, il s'agit plus souvent des populations toxicomanes (84,4%) et d'ethnie hispanique (ALTIERI P.I. et al., 1994) : l'atteinte cardiaque associée au SIDA est souvent asymptomatique malgré la fréquence élevée des myocardites (32%) d'origine infectieuse comme Histoplasma capsulatum, Toxoplasma gondii, Mycobacterium tuberculosis, Cytomegalovirus, Cryptococcus neoformans et des mycobactéries atypiques.

L'Europe et les Etats-Unis présentent des patients dont le SIDA se complique de tuberculose et de cryptococcose. Des 350.000 cas de SIDA que compteront les Etats-Unis en l'an 2000, 25.000 souffriront d'un dysfonctionnement ventriculaire gauche : une étude conduite à l'hôpital Johns Hopkins montre une prévalence de 14,5% et une incidence de 18% de ce dysfonctionnement ventriculaire gauche au cours du SIDA (HERSKOWITZ A.H. et al., 1993). En France, la prévalence de l'altération de la fonction ventriculaire gauche est inférieure (9,5%) à celle de l'Amérique (LASSAIGNE D. et al., 1991).

Notre modeste contribution, fruit du travail clinique d'une décennie dans un milieu africain différent des régions nord-américaine, européenne et des Caraïbes, vise un dépistage systématique des atteintes cardiaques chez des patients infectés par le VIH pour mieux :

1. déterminer leurs différents aspects cliniques, biologiques, électrocardio-graphiques, radiologiques et échocardiographiques.

2. évaluer leur évolution naturelle par la compréhension des relations existant entre le VIH et les différentes variables anthropométriques, biologiques et échocardiographiques. Ces variables sont liées au pronostic et à la survie.

3. rechercher une cause immunopathologique possible liée au complexe d'histocompatibilité (HLA) et tester l'hypothèse de l'existence d'une base génétique dans ces atteintes cardiaques associées à l'infection VIH.

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Là où il n'y a pas d'espoir, nous devons l'inventer"   Albert Camus