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Caractéristiques des atteintes cardiaques au cours de l'immunodéficience liée au VIH en Afrique centrale : évolution naturelle

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par Benjamin LONGO-MBENZA
Université Libre de Bruxelles - Agrégé de l'enseignement supérieur 1996
  

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CONCLUSIONS GENERALES

Le SIDA est aujourd'hui un problème de santé publique pour le monde entier : 14 millions de sujets ont déjà été infectés par le virus VIH. Des 350.000 cas de SIDA que compteront les Etats-Unis en l'an 2000, 25.000 souffriront d'un dysfonctionnement cardiaque.

L'émergence du syndrome d'immunodéficience acquise (SIDA) a compliqué davantage l'étiopathogénie, la clinique, l'évolution et le traitement des cardiomyopathies et des péricardites souvent idiopathiques dans une Afrique tropicale confrontée à des maladies transmissibles et à la malnutrition.

Le but de ce travail a été d'identifier les complications cardiaques au cours de l'infection VIH, de rechercher les caractéristiques communes rencontrées chez les africains au sud du Sahara. Ce qui a permis d'orienter les investigations étiologiques pour suivre l'histoire naturelle de l'infection VIH.

La définition de l'infection VIH (SIDA) était clinique et sérologique (OMS, 1985 ; OMS, 1986 ; OMS, 1988 ; GENTILLINI et al., 1986 ; COLEBUNDERS R.L. et al., 1987). Nous avons mis en évidence des anticorps spécifiques du virus VIH par la technique immuno-enzymatique ELISA, une séropositivité VIH étant confirmée par un test d'immuno-transfert Western-blot.

La classification des stades de l'infection VIH repose sur les critères révisés du CDC (CDC, 1993).

L'évaluation de la validité de la définition clinique de l'infection VIH (stade SIDA) réalisée en 1987 à Kinshasa a montré une spécificité de 94%, une sensibilité de 62% et une valeur prédictive positive de 74% (COLEBUNDERS R.L., 1987). Et dans notre Centre de Cardiologie, la technique d'ELISA s'est avérée très efficiente avec des taux de 98,5% de sensibilité et de 99,6% de spécificité en comparaison avec le test de Western-blot et comme rapporté en Tanzanie ou ailleurs en Afrique noire (VERCAUTEREN G., 1987 ; URASSA W. et al., 1987).

La propagation de l'infection VIH épouse une allure exponentielle en Afrique. Les taux de séroprévalence VIH varient d'un pays africain à l'autre : de 1 à 25%. Si en Europe et en Amérique du Nord la transmission du VIH est dans 90% de cas homosexuelle ou bisexuelle, en Afrique elle est encore entièrement hétérosexuelle. Le rôle de la prostitution et des maladies sexuellement transmissibles a été souligné dans ce travail et par d'autres avant nous (PIOT P., CARAEL M., 1988 ; VAN DE PERRE P. et al., 1985 ; KREISS J.K. et al., 1986).

Les atteintes cardiaques au stade du SIDA sont aujourd'hui bien décrites aux Etats-Unis, aux Caraïbes et en Europe grâce aux observations cliniques, aux données échocardiographiques et aux lésions histopathologiques des biopsies endomyocardiques.

Le type de complications cardiaques associées à l'infection VIH varie considérablement suivant la région géographique. En Afrique noire, le SIDA se développe dans un contexte singulier sans infrastructures sanitaires adéquates. Chez les noirs d'Afrique souffrant d'infection VIH, la fréquence de morts attribuées à une cause cardiaque varie de 6 à 16%. La situation serra plus dramatique à l'avenir, puisque plus de 70% de tous les infectés par le VIH du monde sont africains au sud du Sahara.

La présente étude porte sur des patients noirs du Zaïre avec infection VIH et complications cardiaques. Ces lésions cardiaques se manifestent par des péricardites, des myocardites, des cardiomyopathies dilatées, des endocardites, de l'hypertension artérielle et des troubles de conduction. Elles sont souvent asymptomatiques. La diffusion du SIDA et la prolongation de la survie des patients viennent compliquer le tableau clinique de ces atteintes cardiaques. Une susceptibilité génétique a été recherchée dans cette association VIH-cardiopathies du noir africain.

1. Les péricardites

Comme aux Etats-Unis d'Amérique, les péricardites ont été les premières manifestations cardiaquées rapportées par nous en Afrique en association avec l'infection VIH.

Evaluée à 12,4% en 1988, leur prévalence hospitalière s'est stabilisée aujourd'hui à 8,8%, soit 4 à 6 fois plus élevée que la fréquence des admissions hospitalières pour péricardite avant l'épidémie du SIDA. Sensiblement plus fréquentes au stade précoce de l'infection VIH dans la partie rétrospective de cette étude, en prospective les péricardites liquidiennes sont apparues tant au stade précoce qu'au stade avancé de l'immunodéficience acquise. Au cours du temps l'incidence des péricardites associées à l'infection VIH épouse une allure épidémique alors que celle des péricardites du sujet séronégatif tend à décroître. L'incidence clinique annuelle des péricardites VIH+ est de 1,8%. En 3 ans d'observation, 50% de patients VIH+ avec péricardite ont progressé vers le stade SIDA, soit un taux de passage au SIDA annuel de 16,6%. La fréquence des péricardites au stade SIDA varie dans les séries cliniques de la littérature entre 10 et 38% (HIMMELMAN, 1989 ; BERTRAND Ed., 1992 ; EISENBERG, 1992).

Deux facteurs pronostiques biologiques ont été retrouvés avec une valeur péjorative de virage vers le stade SIDA : un chiffre absolu de CD4 inférieur à 500/mm3 et un compte d'éosinophiles inférieur à 500/mm3. Plusieurs facteurs pronostiques (non réalisables en Afrique) ont démontré leur intérêt chez les patients séropositifs des pays industrialisés : le nombre absolu et le pourcentage de lymphocytes CD4, la disparition ou la baisse des anticorps anti p24, le taus de â-2-microglobuline > 5 mg/L, la baisse du rapport CD4/CD8, l'élévation de la néoptérine sanguine et uniraire, l'élévation des immunoglobulines sériques et une sérologie CMV très positive font craindre une immunodéficience majeure à court terme (MOSS A.R. et al., 1988 ; WEBER J.N. et al., 1987). Par contre la présence d'anticorps neutralisants à haut titre renferme une bonne valeur pronostique (WENDLER L. et al., 1987). A San francisco, une étude sur 288 homosexuels a montré un taux de progression vers le SIDA de 22% en trois ans (MOSS A.R. et al., 1988). Mais l'une des meilleures études présentées en 1988 à Stockholm avec la connaissance de la date de séroconversion à 6 mois près à retrouver les taux de passage vers le SIDA suivants : 5% à 3 ans, 10% à 4 ans, 15% à 5 ans, 25% à 6 ans, 36% à 7 ans et 48% à 10 ans (HESSOL A. et al., 1988). Ces chiffres sont fondamentalement différents de celui observé dans les péricardites associées à l'infection VIH du noir africain.

Le tableau clinique des péricardites au cours de l'infection VIH varie de la forme asymptomatique au tableau souvent mortel de tamponnade cardiaque. Les principales manifestations cliniques sont les sudations nocturnes, les douleurs thoraciques atypiques et une dilatation du ventricule gauche (myopéricardite). Au stade SIDA, ont été retrouvés les signes généraux et les affections opportunistes suivants : amaigrissement, fièvre chronique, diarrhée chronique, penumopathie interstitielle à Pneumocystis carinii, candidose oro-oesophagienne, méningite à cryptocoque et sarcome de Kaposi.

Dans un certain nombre des cas, elles sont associées aux lésions de cardiomyopathie à VIH (KAUL S. et al., 1991 ; BOURAMOUE C. et al., 1992).

L'examen radiologique du thorax et l'électrocardiogramme perdent l'efficacité diagnostique (peu sensibles) dans les péricardites associées à l'infection VIH. L'échocardiographie demeure un outil très important dans la détection de ces péricardites asymptomatiques et d'épanchement péricardique de quantité minimes tel que rapportés par Gouello et al. (GOUELLO J.P. et al., 1993).

Les manifestations cliniques, électrocardiographiques, radiologiques et échocardiographiques des patients zaïrois ne diffèrent pas de celles des autres africains ou d'ailleurs comme déjà décrites dans la littérature (CEGIELSKI J.P. et al., 1990 ; TAELMAN H. et al., 1990 ; BOURAMOUE C. et al., 1992 ; NOBLE O., FOWLER, 1991 ; CLIFFORD C.D., 1990), sauf en ce qui concerne la diarrhée chronique. Une diarrhée chronique inexpliquée est notée dans 41,1% des cas après assèchement péricardique alors que sa fréquence est de 80% chez tous les africains au stade SIDA sans péricardite (JACOBS J.L. et al., 1985 ; OMS, 1985) et au début de la maladie (COULAUD J.P., 1985). La péricardite constrictive est rare dans cette forme associée au VIH. L'allure est plutôt aiguë dans l'évolution des péricardites d'étiologie VIH probable.

Les facteurs étiologiques des péricardites varient selon le temps et le degré du déficit immunitaire pour le VIH : aux stades pré-SIDA, le VIH est incriminé dans 65,7% de cas (d'autres virus, entérovirus fréquents, en Afrique, sont suspectés aussi) alors qu'au stade avancé chronique (SIDA) de la maladie la tuberculose est retenue comme cause déterminante de 90,5% de péricardites associées à l'infection VIH. Ceci confirme par ailleurs quelques études menées en Tanzanie, au Rwanda, au Congo et au Zaïre (CEGIELSKI J.P. et al., 1990 ; KAGAME A., 1991 ; TONDUANGU K. et al., 1995). Dans 9,5% de péricardites associées au VIH, le sarcome de Kaposi est survenu comme affection opportuniste. Dans les pays industrialisés du Nord, une variété d'agents étiologiques sont retenus comme cause des péricardites associées à l'infection VIH. Il s'agit de Cryptococcus neoformans, Mycobacterium tuberculosis, Mycobacterium avium-intracellulare, Herpes simplex, Actinomycostales (Nocardia astèroïdes), Staphylococcus aureus et cancers (KAUL S. et al., 1991 ; BERTRAND Ed., 1992 ; BOURAMOUE C. et al., 1992 ; DALLI E. et al., 1987). Dans un nombre important des cas, la cause n'a pas été précisée (KAUL s. et al., 1991 ; BERTRAND Ed., 1992). Le liquide d'épanchement péricardique est un exsudat stérile riche en lymphocytes.

Le couple tuberculose et infection VIH ne concerne pas seulement les atteintes pulmponaires mais également les péricardites, association souvent rapportée aux Etats-Unis d'Amérique et dans les pays en voie de développement (HANWERGER S. et al., 1987 ; BLASER M.J., 1986 ; QUINN T.C. et al., 1986). Avec l'augmentation considérable du nombre de cas infectés par le VIH dans le monde en général et en Afrique subsaharienne en particulier, il faudra également s'attendre à une incidence croissante des cas de péricardites tel que démontré ici.

Les péricardites peuvent enfin être comptées comme affections associées de façon significative à l'infection VIH.

2. Les endocardites

En dépit du nombre élevé d'infections opportunistes qui représentent la complication essentielle de l'infection VIH ; leur localisation cardiaque reste rare en Afrique noire. Au cous de l'infection VIH, 1,2% des patients zaïrois ont présenté une endocardite infectieuse à Salmonella enteritidis. La littérature rapporte également la rareté des endocardites infectieuses au stade SIDA tant en Afrique que dans les pays industrialisés : 2,96% en Côte d'Ivoire (BERTRAND Ed., 1992), 3,9% au Congo Brazzaville (BOURAMOUE C. et al., 1992), 5% aux Etats-Unis d'Amérique (KAUL S. et al., 1991). Les toxicomanes européens et américains séronégatifs présentent une prévalence très élevée d'endocardites infectieuses de l'ordre de 31% ou de 87% (D'IVERNOIS C. et al., 1991 ; VULLIEMIN P., 1993 ; MINARDI G. et al., 1991 ; KAUL S. et al., 1991). L'immunité cellulaire n'intervient pas dans la genèse des endocardites sur un terrain immunodéprimé par le VIH (D'IVERNOIS C. et al., 1991).

A l'autopsie, l'endocardite thrombotique abactérienne (marastique) est souvent observée chez 5 à 7% d'américains immunodéprimés par le VIH (LEWIS W., 1989 ; CAMMAROSOANO C., 1985).

3. Les cardiomyopathies

L'excès d'atteintes cardiaques attribuées à l'infection VIH ressort de ce travail. Le rôle du VIH est de plus en plus cité comme facteur étiologique des myocardites et des cardiomyopathies dilatées en Afrique et ailleurs (BERTRAND Ed., 1992, BOURAMOUE C. et al., 1992 ; CALABRESES L.H. et al., 1987 ; GRODY W.W. et al., 1990).

La fréquence d'atteintes cardiaques au cours de l'infection VIH est difficile à apprécier, elle varie d'un auteur à l'autre en fonction de la définition donnée et de la nature des séries qui sont autopsiques ou échocardiographiques (BERTRAND Ed., 1992 ; FRANCIS C.K., 1990). La présente série repose sur les aspects cliniques, électrocardiographiques, radiologiques et échocardiographiques.

Ces atteintes cardiaques se manifestent sous différents tableuax : 45,8% de patients asymptomatiques et 54,2% de patients symptomatiques, une suspicion de myocardites aiguës avec ou sans insuffisance cardiaque, une cardiomyopathie dilatée et quelques rares cas de cardiomyopathie hypertrophique.

Tous les cas de myocardite et de myo-péricardite ont évolué vers le stade de cardiomyopathie dilatée. La tachycardie et l'insuffisance cardiaque globale dominent le tableau clinique de ce nouveau syndrome cardiovasculaire du SIDA.

Au plan clinique, l'insuffisance cardiaque congestive est survenue chez 13,3% des malades, fréquence proche de 10% constatée par Anderson (ANDERSON D.W. et al., 1988).

Dans ce travail, la dilatation et l'altération de la fonction systolique sont patentes. Elles sont rapportées à une cardiomyopathie dilatée dont le diagnostic est fondé sur la cardiomégalie au cliché radiologique du thorax, l'augmentation des cavités cardiaques gauches et la baisse du pourcentage de raccourcissement à l'échocardiographie.

La prévalence des cardiomyopathies dilatées varie avec le stade évolutif de l'infection VIH. De 18,1% des cas au stade asymptomatique et symptomatique de l'infection VIH (pré-SIDA), elle est plus importante au stade SIDA avec 52% des cas ; mais la fréquence de cette entité est plus élevée (61%) à Brazzaville (BOURAMOUE C. et al., 1992).

La fonction systolique du ventricule gauche est effondrée dans 100% des cas.

L'anomalie de la relaxation est le signe précoce du dysfonctionnement diastolique du ventricule gauche caractérisé par une diminution des indices du remplissage ventriculaire gauche, un allongement du temps de décélération et une augmentation de la contribution auriculaire. Cette dysfonction diastolique survient aux stades précoces du SIDA et chez des patients sans cardiomyopathie dialtée. C'est plus près de 70% des cas d'hypertrophie concentrique qui accompagnent le trouble de remplissage diastolique du noir séropositif. Les cardiomyopathies hypertrophiques sont rares.

4. La survie

De façon générale, le pronostic de l'atteinte cardiaque est sévère.

Certains signes cliniques, biologiques et échocardiographiques ont été reconnus comme marqueurs de mauvais pronostic accélérant la progression des sujets séropositifs vers le stade SIDA (SAAH A.J. et al., 1994)

Après le diagnostic du stade SIDA, les zaïrois avec cardiopathies associées à l'infection VIH présentent une survie médiane de 3 ans (36 mois), espérance de vie plus longue que celle d'un an décrite chez le noir africain sans atteintes cardiaques (RYDER R.W., 1988). L'âge avancé écourte la survie de ces patients comme déjà noté en Europe (SAAH A.J. et al., 1994).

Le sexe et la dysfonction diastolique n'exercent aucun effet sur le cours de l'infection VIH passée au stade SIDA.

La péricardite-VIH est entachée d'une surmortalité sur 7 ans d'observation (93%) en comparaison avec la cardiomyopathie dilatée (83%). Au stade SIDA, la survie médiane des patients zaïrois avec cardiomyopathie dilatée (3 ans, 2-4) est 10 fois plus longue que celle rapportée aux Etats-Unis d'Amérique (CURRIE P.F. et al., 1994).

En analyse multivariée, le nombre absolu des CD4 est resté le meilleur facteur de pronostic de survie des patients zaïrois avec SIDA. Le risque relatif de décès au stade SIDA est 3,4 fois plus élevé avec CD4 < 400/mm3 qu'avec CD4 > 400/mm3.

Comparée à la cardiomyopathie dilatée, la péricardite présente un risque relatif de décès égal à 2.

5. Les facteurs génétiques

Malgré les progrès réalisés dans tous les domaines de la recherche sur le virus VIH, le SIDA reste encore mal connu. Des inconnues importantes subsistent sur plusieurs points : facteurs expliquant la sensibilité individuelle inégale à l'égard du virus VIH ; facteurs ralentissant ou accélérant l'évolution du SIDA.

La présente étude a recherché une cause immunopathologique possible liée au complexe majeur d'histocompatibilité (HLA) chez le noir du Zaïre souffrant de cardiomyopathie dilatée concomitante à une infection VIH. Cette étude ne montre pas des variations significatives au niveau des fréquences alléliques puisque DRB1*1106 (DRB1*1101 ou 1104) est retrouvé simultanément chez 5 patients sidéens avec cardiomyopathie dilatée et chez 9 témoins. L'absence d'une association significative de l'antigène DRB1 avec la cardiomyopathie dilatée associée au SIDA chez le noir du Zaïre suggère la notion d'une affection multifactorielle avec une interaction immunitaire non encore élucidée.

Un environnement particulier du Zaïre et la présence du SIDA pourraient expliquer la discordance existant entre nos résultats et ceux publiés ailleurs avant l'épidémie du SIDA.

6. L'hypertension artérielle

La grande majorité de patients sont normotendus au début et à la fin de leur dépression immunitaire pour le VIH en dépit d'une insuffisance rénale terminale (BOURGOIGNIE J.J. et al., 1989).

En Afrique noire, aucun cas d'hypertension artérielle n'a été publié jusqu'à ce jour au cours de l'infection VIH, mais c'est l'hypotension artérielle qui a été décrite au cours du SIDA compliqué de diarrhée chronique et de déshydratation (PIOT P. et al., 1993). En- fin, à la limite des anomalies cardiaques, Harle et Craddock ont rapporté des cas d'hypotension artérielle orthostatique dysautonomique (syncopes) au cours du SIDA (HARLE J.R. et al., 1988 ; CRADDOCK C. et al., 1987).

L'élévation de la tension artérielle diastolique entraîne une mortalité très marquée chez le patient infecté par le VIH avec méningite à cryptocoque (PATY F.H. et al., 1992). Nous avons évalué l'action de l'infection VIH sur la tension artérielle du noir zaïrois en deux étapes.

L'étude préliminaire menée auprès d'un petit échantillon (14 patients) montre une corrélation positive entre la tension artérielle et la vitesse de sédimentation.

Ne pouvant tirer de conclusions valables sur une éventuelle association entre le VIH et l'hypertension artérielle transitoire observée dans ce petit échantillon, une grande cohorte de 170 patients au stade SIDA a servi de matériel d'étude complémentaire.

L'atteinte rénale typique de l'infection VIH (HIVAN) a été retrouvée chez 83 zaïrois au stade SIDA. Cette atteinte rénale du noir africain avec SIDA confirme la prédisposition du noir à cette complication comme rapporté chez le noir américain (PARDO V. et al., 1987). Ce groupe a été comparé à un deuxième constitué de 87 patients zaïrois au stade SIDA avec atteintes cardiaques.

Il a été noté une fréquence de 59,7% de cas d'hypertension artérielle transitoire dans le groupe avec complications cardiaques contre 26,5% dans le groupe avec HIVAN.

La survie médiane est plus longue en cas d'atteintes cardiaques associées au SIDA (36 mois) puisque tous les patients avec HIVAN sont décédés dans les 12 mois qui ont suivi le diagnostic du SIDA.

Le nombre absolu des CD4 est plus élevé dans le groupe SIDA avec cardiopathies (médiane : 400/mm3) que dans le groupe SIDA avec HIVAN (médiane : 250/mm3). La tension artérielle systolique post-diagnostic du SIDA est très élevée par rapport à celle prise en pré-SIDA ; après correction de Bonferonni, la variation de la tension artérielle systolique du groupe SIDA avec cardiopathies est plus grande que celle du groupe SIDA avec HIVAN, la différence statistique étant hautement significative. Les variations de la tension artérielle diastolique et de la tension artérielle différentielle inter- et intra-groupes n'ont pas montré de différence significative.

L'influence de l'immunodéficience sur la tension artérielle (systolique et diastolique) a été retrouvée uniquement dans le groupe SIDA avec cardiopathies : le nombre absolu des CD4 est positivement correlé à la tension artérielle de ces patients. Le sexe n'a pas montré d'influence sur la tension artérielle. L'hypertension artérielle transitoire est une forme d'hyper-réactivité cardiovasculaire déclenchée en post-aggression immunologique. Le conflit immunologique lié à la progression vers le SIDA a été un grand stress pour ces patients.

La tension artérielle (systolique, diastolique, différentielle) prise avant le virage vers le stade SIDA n'a pas exercé une influence prédictive sur la survie à l'analyse univariée de Kaplan Meier, alors qu'aux Etats-Unis d'Amérique, la race noire (96 à 100% des patients), la drogue (42% des patients) et l'hypertension artérielle systolo-diastolique ou diastolique seule constituent pour la méningite à cryptocoque et l'HIVAN des facteurs péjoratifs du pronostic (PATTY, 1992 ; CARBONE, 1989).

L'hypertension artérielle permanente aurait dû apparaître devant la gravité des lésions rénales du noir africain. Aux Etats-Unis d'Amérique, outre la race noire, la toxicomanie et l'homosexualité ont été incriminées comme facteurs de risque d'HIVAN, et l'hypertension artérielle a été notée chez 39 % des patients avec SIDA de New-York à majorité noire (96% des patients) (CARBONE L. et al., 1989).

La diarrhée chronique avec hypovolémie et l'insuffisance surrénalienne chronique (tuberculose généralisée) fréquentes chez le noir africain pourraient expliquer l'absence d'hypertension artérielle systémique. Aux Etats-Unis d'Amérique où l'infection VIH est associée à une grande prévalence de la tuberculose, Bourgoignie a attribué l'absence d'hypertension artérielle dans l'HIVAN à la diarrhée chronique et à la nécrose surrénalienne retrouvée à l'autopsie (BOURGOIGNIE J.J., 1990).

La cyclosporine, médicament utilisé dans le traitement du SIDA aux Etats-Unis d'Amérique, entraîne entre autres effets secondaires l'hypertension artérielle (ANDRIEU J.M. et al., 1988).

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