PREFACE
C'est avec tout le respect dont nous sommes capable que nous
venons nous incliner devant Monsieur le Recteur, le Professeur Jean-Louis
Vanherweghem, Monsieur le Doyen de la Faculté de Médecine, le
Professeur Jean-Paul Degaute, les Membres du Jury, pour présenter cette
dissertation à la prestigieuse Université Libre de Bruxelles.
Nous exprimons toute notre gratitude au Professeur Serge
Degré qui a accepté de diriger ce travail en nous encourageant
à surmonter la frustration d'un pays en dérive. Son
amitié est rayonnante dans notre famille.
Nous tenons à exprimer nos plus vifs remerciements au
Professeur Henri Denolin, le médecin, qui a stimulé notre
goût pour la cardiologie en nous accueillant au Laboratoire des
recherches cardiologiques Prince Alexandre de Bruxelles.
Le goût de l'excellence nous a été
enseigné par tous les maîtres de l'Université Libre de
Bruxelles et particulièrement Marc Englert, Bernard, Polis, Vandermoten,
Kornitzer, Messin, Jean-Luc Vandenbossche, Stoupel, Berkemboom, Jean-Paul Van
Vooren et Philippe Unger. Leurs critiques ont été
déterminantes pour la finalisation de ce travail. Je ne saurai jamais
assez les remercier.
Nous sommes reconnaissant envers le Professeur Jean-Jacques
Cassiman de la K.U.L., Leuven, qui nous a aidé dans l'étude
génétique des cardiomyopathies.
Nous devons signaler que nous avons été sensible
à la générosité du Docteur Victor Seghers qui nous
a offert un échocardiographe.
Nous sommes redevable à la délicate
bienveillance de Madame Lejeune du Service de la coopération de
l'Université Libre de Bruxelles.
Nous avons apprécié à sa juste valeur la
contribution en biostatistique de Madame Dramaix Michèle de l'Ecole de
Santé Publique de l'Université Libre de Bruxelles.
INTRODUCTION
Avant toute chose, nous sollicitons l'indulgence de nos juges
pour avoir utilisé des techniques peut-être surannées pour
un pays développé comme la Belgique, mais fondamentales pour
l'Afrique. En 1985, les professeurs Marcel Kornitzer et Serge Degré
avaient planifié avec rigueur et systémisation l'approche de
l'étude sur les cardiomyopathies du noir zaïrois avec
possibilité des biopsies endomyocardiques. Les perturbations
socio-politiques du Zaïre et la suspension de l'aide au
développement nous ont obligé à changer de sujet et
à nous occuper des complications cardiaques du syndrome
d'immunodéficience acquise (SIDA) du noir africain.
Il nous a été suggéré
d'étudier, sur le terrain à la manière d'un
épidémiologiste non interventionniste, l'évolution
naturelle des cardiopathies associées à l'infection VIH. Il a
été difficile de constituer parfois un groupe témoin dans
certaines observations : toutes les études africaines sur le Sida
manquent de sujets contrôles.
L'acronyme SIDA est la conséquence d'une
dépression immunitaire sévère due à une
déplétion des lymphocytes T helper. La suppression progressive
et irréversible de l'immunité cellulaire prédispose les
patients aux affections opportunistes et à certains cancers (FAUCI A.S.
et al., 1985 ; CHAISSON et al., 1990).
Le virus d'immunodéficience humaine (VIH),
rétrovirus à acide ribonucléique (ARN), détruit
progressivement les lymphocytes CD4. Depuis la révélation du
SIDA (GOTTLIEB M.S. et al., 1981), plusieurs auteurs ont rapporté les
aspects cliniques, diagnostiques et thérapeutiques de ce syndrome
(CLUMECK et al., 1984 ; COULAUD et al., 1985 ; ODIO et al., 1985).
L'expression clinique des affections opportunistes décrites se rapporte
à plusieurs appareils : les poumons, le système nerveux central,
le tube digestif, les reins et la peau (BORIES C. et al., 1985 ; BRUNET P. et
al., 1988 ; BUDKA H. et al., 1987 ; CLUMECK M. et al., 1988 ; DENIS B.J.
et al., 1992 ; COLEBUNDERS R. et al., 1986 ; DORMONT D. et al., 1988 ;
FLOMENBAUM M. et al., 1989 ; GENTILINI M. et DUFLO B., 1988 ; GOEDERT J.J. et
BLATTNER W., 1989 ; HENIN D., HAUW J.J., 1988 ; KAPITA B. et al., 1990 ;
KAWE L.W. et al., 1990 ; LOHOUE P. et al., 1991 ; MAYAUD C. et al., 1986 ;
NEMEL D.B. et al., 1991 ; PIOT P. et al., 1984 ; REITANO J. et al., 1984).
1. PROJECTIONS ET IMPACT DE L'INFECTION VIH SUR LE
MONDE
Le profil épidémiologique de l'infection par le
VIH a profondément changé de contours quinze ans après la
description du SIDA par les Etats-Unis d'Amérique. Si au début
la nouvelle maladie était confinée en Amérique du Nord, en
Europe occidentale et en Afrique noire, force est de constater aujourd'hui
l'expansion du virus VIH à travers tous les continents.
Les données épidémiologiques
rapportées entre 1981 et 1983 ont très rapidement insisté
sur les liens existant entre le SIDA et l'homosexualité. En 1996, la
transmission hétérosexuelle est exclusivement le mode de
propagation du VIH dans les pays en voie de développement en
général et en Afrique centrale en particulier. Le niveau
socio-économique bas de ce Tiers-Monde rend les populations plus
vulnérables vis-à-vis du VIH.
STATISTIQUES
Au 31 décembre 1993, 851.628 cas de SIDA et 14 millions
de séropositifs ont été déclarés à
l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) par 159 pays à travers
le monde. La prévalence cumulative des adultes infectés par le
VIH en Afrique sub-saharienne a été estimée au milieu de
la même année 1993 à plus de 8 millions de sujets, soit 70%
de la prévalence globale de porteurs du VIH dans le monde.
D'ici à l'an 2000, les projections estiment un total
cumulé de 40 millions de sujets infectés par le VIH et 10
millions de cas de SIDA disséminés dans tous les cinq continents
du monde. Et plus de 90% de porteurs du VIH habiteront en ce moment-là
dans les pays en voie de développement (WHO, AIDS, 1993 ; WHO, The
HIV/AIDS, 1993 ; MANN J.M., 1992). Bien évidemment, ces chiffres
minorisent la réalité car de nombreux patients atteints de SIDA
ne font pas l'objet d'une déclaration officielle dans des pays africains
à l'infrastructure médicale défavorisée.
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