1.3. FACTEURS DE RISQUE DES MALADIES CARDIOVASCULAIRES ET
PREVENTION
1.3.1. Définition
On appelle risque la probabilité d'apparition d'un
événement défavorable à la santé et facteur
de risque tout élément qui favorise ce risque. Il s'agit d'une
caractéristique génétique ou environnementale qui permet
d'évaluer la probabilité qu'a un individu de développer
telle ou telle autre maladie.
Le dépistage est un ensemble de techniques et gestes
médicaux permettant de découvrir une maladie ou un terrain
à risque. Plus le dépistage est précoce, mieux on
empêchera l'apparition ou l'aggravation de la maladie et surtout de la
guérir en fonction des traitements existants.
Il existe des facteurs de risque non modifiables
(génétiques) et modifiables (environnementaux et liés au
mode de vie). Le dépistage serait un travail inutile si la
prévention n'était pas assurée.
En effet, la présence d'un facteur de risque induit le
risque de développer la maladie que l'on peut combattre par la
prévention. La prévention est l'ensemble des actions mises en
place pour éviter ou réduire le nombre et la gravité des
maladies (accidents cardiovasculaires).
La prévention concerne les facteurs de risque
modifiables. Nous distinguons la prévention primaire qui est l'ensemble
des mesures prises pour éviter une maladie chez un sujet qui n'a aucune
maladie cardiovasculaire apparente mais qui présente le risque de la
manifester à l'avenir.
Et la prévention secondaire est celle qui vise à
prévenir les récidives d'une maladie chez un sujet qui l'a
déjà manifesté et qui est conscient du risque vital qu'il
court.
L'étude épidémiologique de FRANMINGHAM
(29) a dénombré plus de 200 facteurs de risque de maladies
cardiovasculaires.
Quelque soit le nombre de facteurs de risque identifiés
chez un sujet, ceux-ci ne s'additionnent pas mais se potentialisent. Ils
exercent l'un sur l'autre une synergie aggravante en rapport avec leur nombre
et leur niveau.
La suppression ou la réduction d'un facteur de risque
(FR) entraînerait une diminution du risque cardiovasculaire chez un sujet
identifié (29).
1.3.2. Facteurs de risque cardiovasculaire
1.3.2.1. Facteurs non
modifiables
1.3.2.1.1. Age
L'âge est un élément déterminant et
aggravant dans le cumul du risque cardiovasculaire absolu.
1.3.2.1.2.
Sexe
Il est établi que le sexe masculin est nettement plus
exposé au risque de MCV (de l'ordre de 5 fois plus quel que soit le pays
considéré).
Les femmes possèdent une protection hormonale
jusqu'à la ménopause et sont moins atteintes que les hommes.
Après soixante ans, le risque s'égalise plus ou moins dans les
deux sexes.
1.3.2.1.3.
Ethnicité
Le risque est plus élevé chez les africains et
les espagnols (17).
1.3.2.1.4.
Hérédité
L'hérédité est relative aux facteurs de risque
suivants :
- antécédents familiaux de maladies coronaires
précoces :
- Infarctus du myocarde ou mort subite avant 55 ans chez le
père ou chez un parent de premier degré de sexe masculin.
- Infarctus du myocarde ou mort subite avant l'âge de 65
ans chez la mère ou chez un parent du premier degré de sexe
féminin ;
- hypertension artérielle familiale ;
- obésité familiale ;
- diabète sucré de type 2.
1.3.2.2. Facteurs de
risque modifiables
1.3.2.2.1.
Tabagisme
Actuel ou arrêté depuis moins de 3 ans, le
tabagisme est pratiquement le seul facteur de risque qu'on peut neutraliser
totalement et de façon définitive :
- l'enquête de FRANMINGHAM (1961) a montré une
corrélation étroite entre le tabac et l'insuffisance coronaire,
avec un risque général augmenté de 2,8 (29) ;
- l'enquête prospective parisienne a montré que
le risque d'infarctus du myocarde est multiplié par 4 chez les fumeurs
et celui de mort subite par 5, pour une consommation au-dessus de 10 cigarettes
par jour (29) ;
- l'étude MRFIT (Multiple Risk Factor Intervention)
parle du tabagisme passif et a montré que le conjoint d'un (e) fumeur
(euse) a un risque accru de coronaropathie (29) ;
- l'inhalation de la fumée d'une cigarette
élève la pression systolique de 5 à 10 mm Hg au bout de 15
à 30 min (29). La durée de cette élévation est
proportionnelle au nombre de cigarettes consommées. Le tabagisme
potentialise les autres facteurs de risque qui lui sont associés.
1.3.2.2.2. Pression
artérielle haute ou Hypertension Artérielle (HTA)
La pression artérielle (PA) est mesurée en
millimètres (mm) de mercure (Hg) et est représentée par
deux chiffres : le chiffre le plus élevé indique la pression
artérielle systolique (la pression dans les vaisseaux sanguins lorsque
le coeur se contracte) et le chiffre le moins élevé indique la
pression artérielle diastolique (la pression dans les vaisseaux sanguins
lorsque le coeur est au repos entre deux battements). Le tableau 1
présente le degré de sévérité de
l'élévation (30).
Tableau 1. Délimitation de la pression
artérielle
PA
|
Systolique
|
Diastolique
|
Elevée
|
140 ou plus
|
90 ou plus
|
Normale élevée
|
130 à 139
|
85 à 89
|
Idéale
|
129 ou moins
|
84 ou moins
|
L' HTA est une maladie des pays industrialisés. Dans la
plupart des cas, elle n'a pas d'origine identifiée : on parle alors
d'HTA essentielle (95% des cas). Certains facteurs liés au mode de vie
occidental la favorisent ou la majorent. Il s'agit des facteurs
suivants :
- La sédentarité (inactivité
physique) ;
- L'excès de poids (surcharge
pondérale) ;
.- La consommation excessive d'alcool (l'ingestion d'alcool
entraîne une élévation de la PAS de 5 à 10mm Hg)
(29) ;
- La surconsommation de sel de cuisine ;
- Les antécédents familiaux et l'âge sont
aussi des facteurs qui favorisent la survenue d'une HTA ;
- Certains médicaments ;
- L'état neuropsychique ;
- La résistance à l'insuline.
La pression artérielle anormalement
élevée augmente le travail du coeur par le fait que le ventricule
gauche doit se contracter davantage pour vaincre la résistance induite
par cette hypertension. Le coeur se fatigue et si l'on n'intervient pas, une
insuffisance cardiaque s'installe à la longue. Elle est également
une contrainte en plus pour l'ensemble de la circulation artérielle
systémique.
A long terme, elle entraîne une augmentation des
dimensions cardiaques et une modification des parois artérielles qui
deviennent rigides. Ce qui affecte la circulation du sang dans de nombreux
organes vitaux. Les principaux organes lésés par une HTA non ou
mal contrôlée sont :
- le coeur : angine de poitrine, infarctus du
myocarde ;
- le cerveau : accident vasculaire cérébral
(AVC) ischémique ou hémorragique ;
- les jambes : artérite qui provoque des douleurs
et limite la marche ;
- les reins : insuffisance rénale ;
- les démences vasculaires du sujet âgé
(réduction du débit cérébral) sont beaucoup plus
fréquentes chez les hypertendus que chez les normotendus.
Il a été démontré que l'HTA
multiplie par 5 à 6 le risque d'accident cardiaque et par 10 à 12
celui d'accident vasculaire cérébral (29).
L'hypertension artérielle est dite « tueur
silencieux » pour la plupart de temps car elle ne présente ni
symptôme, ni signe visible, seule une mesure régulière de
la PA peut la détecter.
1.3.2.2.3. Diabète
sucré
Le diabète sucré est une maladie
métabolique qui affecte la capacité de l'organisme à
fabriquer ou à utiliser l'insuline. Selon les experts de l'ADA (American
Diabetes Association), le diabète sucré est défini par une
glycémie (coefficient de conversion : gr × 5.56= mmol /
l ; mmol/ l × 0.18=gr) à jeun 1,26 g / l soit 7 mmol / l
(29). La fourchette entre une glycémie normale (<1,10gr) et le
diabète sucré ( 1,26 gr/ l) définit l'intolérance
au glucose appelée maintenant « hyperglycémie
modérée à jeun » (HMJ) (31).
La glycémie post prandiale, deuxième
élément de la définition du diabète sucré
est 2g /l à un moment donné (30 min, 1 heure, 1 h 30 min ou
2 heures) après un repas normal ou une surcharge glucosée orale
de 75 gr (Hyperglycémie provoquée orale) (32).
Chez le diabétique de type 2 à haut risque, le
risque d'accident cardiaque est aussi important que chez une personne non
diabétique qui a eu un infarctus. Par rapport à quelqu'un qui n'a
pas de diabète sucré, le risque de faire :
- un accident cardiaque est multiplié par 2 à
4
- un AVC est multiplié par 1,5 à 2
- une artérite de jambes par 5 à 10.
Les autres complications du diabète sucré sont
aiguës (infection, graves complications métaboliques) et chroniques
(macro angiopathie et micro angiopathie).
1.3.2.2.4.
Obésité
L'obésité constitue un fléau majeur en
terme de santé publique et un facteur de risque essentiel dans la
survenue des maladies cardiovasculaires, cause principale de mortalité
à travers le monde (28).
Elle peut se définir comme un excès de masse
grasse (tissus adipeux), capable d'entraîner un retentissement
néfaste sur la santé somatique et psychologique. Elle augmente
également le risque de lésions lombaires et représente un
coût significatif pour les sociétés.
La distribution des graisses cache une notion
physiopathologique qui est l'insulino-résistance (hyper-
insulinémie dans le corps, hyper- insulinémie dans les
périphéries). L'insulino-résistance clinique se
définit par la valeur du périmètre abdominal ou tour de
taille :
- chez les hommes : tour de taille 102 cm ;
- chez les femmes : tour de taille 88 cm.
L'obésité abdominale ou
centrale (obésité pomme) est caractérisée par
la graisse localisée dans la partie supérieure du corps. C'est
l'obésité la plus pathogène qui augmente le
risque :
- de maladie coronarienne ;
- d'HTA ;
- d'AVC ;
- d'hyperlipémie ;
- de diabète sucré.
L'obésité périphérique est
définie par la graisse localisée dans la partie basse (fesse,
hanche).
L'obésité globale comprend les 2 sortes
d'obésité chez un même sujet.
Il est à noter que les obèses sont
déjà handicapés mécaniquement par leurs poids et
par une tolérance à l'effort limité.
1.3.2.2.5.
L'Hypercholestérolémie
Le cholestérol est une substance grasse
nécessaire au bon fonctionnement du corps. Cependant en quantité
trop élevée, il devient dangereux parce qu'il adhère aux
parois des artères et les rétrécit. Le sang ne peut plus y
circuler librement. L'hypercholestérolémie est induite par un
excès de consommation de graisses saturées de cholestérol,
des calories par un caractère héréditaire ou par des
dysfonctionnements notamment hormonaux ou hépatiques.
L'étude de FRANMIGHAM (29) a montré que la
moyenne des taux de cholestérol des sujets qui développaient une
insuffisance coronaire était de 2,2 gr/ l chez les sujets indemnes
.Cette étude de FRANMIGHAM (29)a également montré que le
risque coronaire quasi inexistant pour un cholestérol (coefficient de
conversion :mmol/l ×0.327=gr/l ; gr × 2.58= mmol/l )
<1,7g/l devient réel au dessus de 2 g par litres.
1.3.2.2.6.
Fréquence cardiaque
Une fréquence cardiaque au repos supérieure
à 85 bpm semble être un facteur du risque cardiovasculaire
étroitement corrélé à l'élévation de
la pression artérielle (29).
1.3.2.2.7.
Inactivité physique
C'est le fait de vivre sans être actif. Le confort de la
vie moderne a tendance à condamner les gens à la
sédentarité. Passer des heures assis au bureau concourent
à réduire le capital santé. Dans les milieux de travail,
il faut relever le danger du manque de repos, de dîners d'affaires avec
leurs indéniables séries d'apéritifs, de Whisky, de
digestifs et les agents qui compensent leurs repas (déjeuner et
dîner) en grignotant à longueur de journée. Tous les
glucides avalés sont directement stockés par les tissus adipeux.
Les sujets obèses s'adaptent bien à ce climat et à un
manque de forme .Ils s'adonnent souvent aux professions les moins actives.
La graduation de l'activité physique se fait soit par
la durée de la marche, par le tapis roulant, par le moyen de transport
au travail et par le temps de loisir.
Il est établi que l'inactivité physique
constitue le facteur de risque le plus important du maladie coronaire (17, 18,
29) et qu'elle augmente considérablement le risque de survenue de deux
affections métabolique et endocrinienne : l'obésité
et le diabète sucré (17). Si aucune des deux affections n'est
à elle seule une cause importante de décès, elles sont
souvent associées à d'autres pathologies à haut risque de
mortalité comme l'hypertension artérielle, la maladie
coronarienne et le cancer (17).
1.3.2.2.8.
Stress
Il est établi que le stress peut être
considéré comme un facteur de risque capable de favoriser les
maladies cardiovasculaires (29,33).
1.3.2.2.9.
Alcool
L'abus d'alcool est un important facteur de risque
hypertenseur et un facteur de risque cardiovasculaire (29).
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