4.2. IMPACT DE L'ENTRAINEMENT CARDIOVASCULAIRE SUR LE RISQUE
CARDIOVASCULAIRE
L'entraînement aérobie ou cardiovasculaire
fortifie les organes qui nous font vivre. Il permet une mise en condition des
poumons, du coeur et des vaisseaux sanguins. Certains pensaient que leur
passé sportif avait un bénéfice pour toute leur vie. Cette
opinion est fausse car dès qu'on arrête l'activité physique
ou sportive, on en perd le bénéfice 3 mois après (18) et
les mauvaises habitudes installent leur ruine très rapidement. Le coeur
et les poumons doivent être sollicités régulièrement
pour procurer un bon rendement.
Le step test avait permis aux sujets de se rendre compte de
leur inaptitude. C'est ainsi qu'ils avaient accepté de se soumettre aux
exigences de l'entraînement et de maintenir ensuite une activité
physique selon les modalités apprises. Sans leur libre consentement, le
programme ne leur aurait pas été profitable .Il a fallu les
conscientiser de leurs responsabilités dans la gestion de leur capital
santé.
Le fait d'avoir levé l'ignorance a contribué
largement à vaincre le doute et à les pousser à prendre la
décision de se battre pour une vie meilleure sans parler du refus
d'être soumis a une médication continuelle. Bref, à la fin
de chaque séance, nous prenions du temps pour donner quelques
leçons théoriques sur l'anatomie et la physiologie. Ce programme
était une thérapie pour améliorer l'état de
santé des sujets à risque sans prise de médicaments,
c'est-à-dire une thérapie curative en vue de prévenir les
maladies cardiovasculaires par la correction des facteurs de risque. Il a
été réalisé pendant les heures de travail.
L'entraînement amène une adaptation biologique
s'il tient compte du niveau initial d'entraînement de l'intensité
de l'exercice, de la durée de l'entraînement, de la
fréquence de l'entraînement (17-18). Lorsque l'amélioration
n'est pas parallèle à la gradation d'effort, le programme
d'exercices devient essentiellement un programme d'entretien aérobie
(34). C'est Laporte, un épidémiologiste de l'Université de
Pittsburgh qui a conclu le premier qu'une pratique physique
régulière même en intensité faible est
bénéfique pour la santé (17).
La programmation de cet entraînement destiné
à améliorer la santé contient plusieurs types d'exercices
regroupés en phases (des exercices d'échauffements, d'endurance,
de récupération, de souplesse, de force, d'étirement et
des exercices ludiques).
- Phase d'échauffement et
d'étirement : contenant des exercices dynamiques de faible
intensité et des exercices d'étirement. Le but de
l'échauffement est d'augmenter progressivement la fréquence
cardiaque et la ventilation pour préparer les principaux
systèmes sollicités par l'exercice (système
cardio-vasculaire, respiratoires et musculaires) à une activité
plus intense. Un bon échauffement permet de réduire les douleurs
articulaires et musculaires (crampes) ressenties éventuellement au cours
de l'entraînement et par conséquent, diminuer le risque de
blessure.
- Phase des exercices d'endurance :
destinées à améliorer la capacité et
l'efficacité de l'ensemble des systèmes cardiovasculaire,
respiratoire et métabolique (18) et qui utilisent les grands groupes
musculaires : la marche, la course à pied, le vélo, la
danse, aérobie, le step, la montée d'escalier, le saut à
la corde, des exercices gymniques dynamiques.
- Phase de récupération et
d'étirements : très important pour permettre
l'élimination de l'acide lactique et pour éviter les malaises
liés à un arrêt brutal d'activité à savoir
les vertiges dus à l'accumulation de sang dans les
extrémités périphériques (malaises vagaux de fin
d'effort) et pour diminuer le risque de lésions
ostéo-ligamentaires ou tendineuses.
- Phase d'assouplissement : Ces exercices sont
recommandés surtout pour les sujets dont les qualités souplesse
sont déficientes qui souffrent de douleurs musculaires, articulaires ou
rachidiennes.
Ils sont en général intégrés,
à la phase d'échauffement et de récupération.
- Phase de tonification musculaire ou
entraînement de force : Il est admis que l'intégration des
exercices de forces dans la programmation de l'entraînement est
bénéfique non seulement pour développer l'aptitude
physique mais aussi pour entretenir le capital santé. L'American College
of Sports Medicine a ainsi donné des recommandations spécifiques
concernant l'entraînement de force intégré ou programme de
préparation physique (18).Ce type d'entraînement constitue un
entraînement progressif fait avec des charges faibles. La charge choisie
pour débuter le programme doit être telle qu'elle puisse
être soulevée 10 fois. Si elle peut être soulevée
plus de 10 fois, elle est trop légère, moins de 10 fois, elle est
trop lourde. Ces séances doivent comporter 2 à 3 séries
par jour et doivent être répétées 2 à 3 fois
par semaine. Au fur et à mesure qu'on progresse le nombre de
répétition à réaliser augmente. Dès qu'on
atteint 15 répétitions on peut alors augmenter la charge. Au
cours de l'entraînement la charge était le poids du membre
soulevé par le sujet lui-même. Au début la
répétition était de 3 à 5 fois et a
progressé jusqu'à 15 à 20 fois.
- Activités ludiques : le but
recherché est le plaisir ou la relaxation qu'elles apportent et qui
contribuent à améliorer la condition physique. Le tennis de
table, le badminton, le basket, le tennis sur cour exerce les mêmes
effets que l'entraînement d'endurance s'ils sont pratiqués de
manière intense. Par contre le golf et le bowling sont insuffisamment
intenses pour développer l'endurance cardio-respiratoire mais
malgré tout bénéfique pour la santé.
- Phase de revalidation cardiorespiratoire : une
désadaptation respiratoire joue un rôle important dans la
désadaptation cardiaque. Si les poumons n'assurent pas une bonne
ventilation, le coeur aura des problèmes pour assurer convenablement son
rôle de pompe et l'organisme tout entier en pâtira. Il convient
donc de réadapter la respiration pour permettre une bonne
réadaptation musculaire et cardiaque. Les sujets étudiés
exécutaient les exercices respiratoires avant l'entraînement et
ils coordonnaient la respiration avec l'exécution des différents
exercices. La vitesse d'exécution était tributaire du rythme
respiratoire qui devait demeurer normale sans précipitation.
Pour l'efficacité du programme, aucune forme d'exercice
ne doit être négligé.
Les exercices physiques auxquels étaient soumis les
sujets imposaient à leur corps une certaine surcharge créant une
certaine fatigue. Après une période de repos, les sujets
récupéraient de cette fatigue et atteignaient un niveau
supérieur de forme à celui qu'ils avaient avant l'exercice.
Refaire les exercices à un niveau plus élevé que
d'habitude, avait permis certaines adaptations biologiques et les sujets
pouvaient travailler plus efficacement. Cette alternance de périodes
d'exercices suffisamment intenses et de périodes de repos qui induit une
augmentation du potentiel physique de base s'appelle
phénomène de surcompensation (18).
En théorie, des nombreuses adaptations physiologiques
induites par l'entraînement en endurance doivent affecter le niveau de la
pression artérielle au repos ou d'exercice (4, 17, 18,27, 77). L'une de
ses principales adaptations est l'augmentation du volume plasmatique. Toute
augmentation du volume plasmatique doit en principe augmenter la pression
artérielle. Rappelons qu'un des modes essentiels du traitement de l'HTA
est la prescription de diurétiques dont l'objectif est
précisément de diminuer le volume liquidien et en particulier le
volume plasmatique. Mais il est établi que le muscle
entraîné est le siège de modifications structurales, en
particulier, une augmentation de sa capillarisation (17, 18,27). En outre, chez
un sujet entraîné, la capacité du système veineux
est augmentée (17,18). Ces deux dernières adaptations expliquent
que l'augmentation du volume plasmatique chez un sujet entraîné ne
s'accompagne pas d'une augmentation simultanée de la pression
artérielle.
Les mécanismes exacts responsables de la diminution de
la pression artérielle de repos après entraînement ne sont
pas encore clairement identifiés ; il est probable que la
diminution du débit cardiaque de repos y contribue, les besoins en
oxygène étant satisfaits grâce à l'augmentation de
la différence artério - veineuse en oxygène. En admettant
que le débit cardiaque de repos ne change pas, il faut alors envisager
une diminution des résistances vasculaires périphériques
dont l'origine pourrait être une baisse générale du niveau
d'activités du système nerveux sympathique.
Les études épidémiologiques montrent que
l'inactivité physique double le risque de maladies coronariennes
(39,40). Les premiers travaux illustrant ce résultat ont
été menés par l'équipe anglaise de Morris vers 1950
(17). Les sujets comparés étaient des chauffeurs du bus ou des
agents de la poste séparés dans chaque profession en deux groupes
selon leur niveau d'activité. Le taux de mortalité par maladie
coronarienne était environ deux fois plus élevé chez les
sédentaires. La plupart des études ultérieures ont tout
à fait confirmé ces données (17,18).
Ces premières études se sont
intéressées aux relations entre l'activité physique et la
profession. Ce n'est que vers les années 1970 qu'on s'est mis à
considérer l'activité physique d'ordre récréatif ou
de loisir. Morris et ses collègues furent encore les premiers à
montrer que le risque de maladies coronariennes est de 2 à 3 fois
supérieur chez les sujets peu actifs (17). Ces résultats furent
confirmés par d'autres épidémiologistes comme Pattenbager
et Blair (17).
Vers le milieu des années 1980, Powell et ses
collaborateurs, à Atlanta, ont compilé scrupuleusement et avec
beaucoup de rigueur l'ensemble des données
épidémiologiques sur ce sujet. Ils ont conclu que le risque
relatif de maladies coronariennes lié à l'inactivité
physique se situe entre 1,5 et 2,4 avec une moyenne de 1,9. Ce taux
représente à lui seul le risque combiné de deux à
trois fois autres facteurs essentiels de cette affection. Dans une étude
de 1987, Pearsen démontre que dans les populations occidentales, le
nombre de sujets inactifs excèdent de très loin le nombre de
sujets qui cumulent trois autres facteurs de risque à savoir le
tabagisme, l'hypertension artérielle ou
l'hypercholestérolémie (18 ).
Ces données épidémiologiques ont conduit
l'American Heart Association à déclarer en 1992 que
l'inactivité physique constitue le facteur de risque le plus important
de la maladie coronarienne.
L'étude de Nkoy (13) réalisée sur la
population SNEL en 2002 a fait ressortir un taux très
élevé d'inactivité physique estimé à 61,9%
et la présente étude à 90,5%. Une autre étude
réalisée en 2004, toujours sur la population SNEL, par ONYUMBE
(44) a relevé un taux de mortalité très
élevé estimé à 35,3% sur l'ensemble des
départs durant la période de 1990 à 2003.
Généralement, nous nous considérons
malades dès l`instant où nous ressentons un malaise quelconque.
En l'absence de cela, nous sommes en bonne santé. Et pourtant de
nombreuses études épidémiologiques montrent que dans
beaucoup de maladies chroniques dégénératives, les
processus pathologiques progressent silencieusement et le sujet apparemment non
malade ne s'en aperçoit qu'au stade de complications graves ou
fatales.
En dépit du haut risque cardiovasculaire encouru par la
population étudiée et non encore soumise à un traitement
pharmacologique respectivement pour l'HTA, le diabète sucré et
l'hypercholestérolémie, le programme d'activité physique
régulière imposé a entraîné une
amélioration significative de certains paramètres évaluant
les risques cardiovasculaires. Son effet était indifférent sur
d'autres paramètres.
On ne le dira jamais assez, un dépistage précoce
et un traitement adapté de ces pathologies chroniques sont essentiels
pour en réduire la gravité et en éviter l'issue fatale.
Pour les maladies cardiovasculaires, la réduction des facteurs de risque
permettra de prévenir ou de retarder leur apparition (12,18, 78).
Pour cela, il convient de :
- mener une vie active (pratiquer d'avantage d'activités
physiques et sportives) ;
- modifier ses habitudes quotidiennes (son mode de vie) ;
- arrêter la prise de tabac ;
- diminuer fortement ou mieux arrêter la consommation
d'alcool ;
- prendre du repos ;
- apprendre à gérer les stress ;
- changer ou améliorer ses habitudes
alimentaires ;
- etc.
Ces recommandations sont connues et familières à
tout un chacun. Et pourtant ce qui est constaté est que la pratique de
l'activité physique reste encore fortement négligée pour
diverses raisons (le manque de temps, le manque d'argent, la culture,
l'ignorance du risque cardiovasculaire,......) et ce malgré la diffusion
assez abondante des brochures et des écrits vantant les mérites
de la pratique de l'activité physique. Son rôle préventif
et curatif dans la survenue et dans le traitement des maladies
cardiovasculaires est pourtant fondamental (71). La présente
étude le démontre largement.
Voici les effets théoriques de l'activité
physique qui lui valent le mérite d'être un des meilleurs moyens
de prévention des maladies cardiovasculaires :
- améliore les propriétés
mécaniques ou contractiles du myocarde ;
- l'activité physique s'accompagne d'une hypertrophie
du ventricule gauche (18) ;
- améliore la circulation coronarienne et le
métabolisme du myocarde : le débit sanguin coronarien est
plus élevé après l'entraînement cardiovasculaire
(17-18,27) ;
- améliore les caractéristiques de la
coagulation et normalise le profil des lipides sanguins (75,76) ;
- modifie de façon bénéfique le rythme et la
pression cardiaque (17-18,34) :l'entraînement cardio-vasculaire
diminue le débit cardiaque au repos et réduit la pression
artérielle systolique et diastolique au repos ;
- permet une meilleure position corporelle (diminution du poids)
(17, 18) ;
- améliore le développement d'une circulation
collatérale dans le myocarde (17) ;
- établit un meilleur équilibre neuro-hormonal qui
préserve l'oxygène du myocarde (17) ;
- permet de se débarrasser du stress des tensions
psychologiques (l'activité physique est un complément
thérapeutique de la dépression) (81,82) ;
- l'entraînement augmente la capacité de travail
et augmente l'endurance (26, 33,34)
- l'exercice physique induit une diminution du tonus
vasoconstricteur des vaisseaux et donc leur ouverture (18) ;
- L'exercice physique contribue à prévenir
l'hypertension artérielle en diminuant les facteurs de risque de cette
affection et diminue le taux de glucose sanguin (17, 18,29) :
? permet de réduire le risque d'insulino-
résistance (83) ;
? améliore le profil lipidique : diminue la masse
grasse et augmente la masse maigre (17, 18, 33,34) ;
? diminue le stress par son effet psychologique
positif ;
? l'activité physique active la mobilisation des
lipides (18,27) ;
? L'activité de stockage vers les muscles
(18) ;
? l'activité physique réduit l'appétit
(17).
Ces différents éléments montrent
l'intérêt d'une intervention tant préventive que curative
comme celle réalisée par la présente étude qui a
démontré à juste titre les effets bénéfiques
d'un programme d'entraînement en milieu de travail.
4.2.1. Paramètres anthropométriques
La durée plus ou moins courte de l'entraînement
orientée particulièrement sur l'endurance cardiovasculaire,
durant trois mois pourrait expliquer son rôle indifférent sur le
poids. En effet, les exercices aérobiques d'intensité
modérée n'entraînent pas nécessairement une
utilisation des graisses car la dépense énergétique totale
est beaucoup plus faible que lors des exercices aérobies à haute
intensité (17). La tendance à la baisse du taux de
l'obésité commune sous l'effet de l'entraînement
cardiovasculaire n'a malheureusement pas atteint le seuil de signification
statistique. Qu'à cela ne tienne, l'IMC n'est plus le paramètre
anthropométrique (84) le plus significatif du risque de complication
cardiovasculaire. Il s'agit plutôt de la répartition du tissus
graisseux et de l'obésité abdominale qui fournissent un meilleur
reflet de risque de complication cardiovasculaire que le poids corporel (12,78,
83-88). Les données récentes ont révélé que
l'obésité abdominale était plus à même
à prédire l'infarctus du myocarde que le poids corporel ou l'IMC
(89). On peut évaluer l'obésité abdominale en mesurant
simplement le périmètre abdominal (89), indicateur de
l'adiposité abdominale, à savoir, les graisses situées
profondément dans l'abdomen (90).
Aux Etats-Unis d'Amérique, 46% des personnes
d'âge adulte ont le périmètre abdominal qui dépasse
le seuil de risque (102 cm pour les hommes et 88 cm pour les femmes) (91).
L'obésité abdominale a triplé au cours
des 40 dernières années (92). C'est la graisse intra abdominale
qui représente l'un des éléments majeurs contribuant
à la survenue des risques cardiovasculaire
comme l'insulino-résistance et le syndrome métabolique et
pouvant induire l'apparition d'une diabète ou d'une maladie
cardiovasculaire ( infarctus du myocarde ou accident vasculaire
cérébral) (90) ;
C'est cette obésité abdominale qui est
significativement diminuée dans la population étudiée en
partant du taux de 66,7% avant l'entraînement cardiovasculaire à
un taux de 28,6% après entraînement cardiovasculaire. Le faisant,
l'entraînement cardiovasculaire combat le syndrome métabolique.
La réduction pondérale permettrait à elle
seule de contrôler l'hypertension artérielle, le diabète
sucré et l'hypercholestérolémie (12, 17, 27, 78, 84, 90).
Cependant, il n'est pas facile de convaincre les africains au sud du Sahara en
général et les congolais en particulier, sur la
nécessité de perdre du poids progressivement en cas de maladies
cardiovasculaires, de diabète sucré pour des raisons
culturelles.
En effet, il faut souligner la limitation des programmes
d'éducation sanitaire, d'entraînement cardiovasculaire et de prise
en charge thérapeutique des sujets africains obèses et
hypertendus (93). A l'échelle individuelle de l'africain en
général et la femme africaine en particulier,
l'obésité et/ou ses déterminants peuvent être le
symbole de la force, de la puissance ou de la situation florissante du mari
(93-94). La pandémie VIH/SIDA semble avoir influencé l'exaltation
de l'embonpoint par peur de systématisation. incessante à
l'infection VIH/SIDA.
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