INTRODUCTION
Si hier l'hypertension artérielle (HTA) était
une affection rare en Afrique noire (1), elle constitue aujourd'hui un
réel problème de santé publique (2,3).
L'hypertension artérielle constitue 29 à 44 %
des hospitalisations cardio-vasculaires et un sur cinq malades vus en
consultation cardiologique à Yaoundé (4). La place de l'HTA et
de ses complications a déjà été soulignée
dans la morbi-mortalité aux Cliniques Universitaires de Kinshasa (5) .
Les principales complications de l'HTA sont les accidents vasculaires
cérébraux (AVC), l'insuffisance cardiaque, l'insuffisance
coronaire, l'insuffisance rénale chronique et l'artérite des
membres inférieures.
L'hypertrophie ventriculaire gauche (HVG)
considérée par certains comme une adaptation morpho-fonctionnelle
de réponse à l'HTA (6), est pour la majorité des
chercheurs, une complication fréquente et une conséquence de
l'HTA (7).
Sa prévalence chez l'hypertendu varie avec la
méthode utilisée, depuis la plus ancienne tel que
l'électrocardiogramme (ECG) jusqu'aux plus récentes et
sophistiquées comme la Tomodensitométrie computarisée (CT
Scanner) et l'Imagerie par Résonance magnétique (IRM) en passant
par la radiographie de face et par l'échocardiographie.
En dépit de nombreuses publications relatives à
l'HVG et au risque cardio-vasculaire dans les pays développés
et en Afrique noire (8,9), aucune étude congolaise n'est encore
consacrée à la valeur du pronostic et à la
validité de méthodes diagnostiques de l'HVG chez l'hypertendu.
Cette lacune est liée à l'insuffisance des ressources
financières pour équiper la plupart des centres de santé
d'au moins un électrocardiographe, d'un équipement de radiologie
et d'un échocardiographe.
Il ne faut pas non plus négliger les difficultés
de l'analyse et de comparaison des données fournies par ces trois
méthodes diagnostiques de l'HVG.
En ce qui concerne l'ECG, le diagnostic évocateur d'HVG
porte sur des signes d'hypervoltage des complexes QRS ou la somme des
amplitudes des ondes R+S (10). Si sa spécificité est en
général très bonne (85% à 98 %), sa
sensibilité est en revanche médiocre (20% à 50 %)
(11-18).
Chez l'enfant (19), l'index cardio-thoracique (ICT) n'est pas
correllé aux données échocardiographiques.
Chez les patients Allemands, la sensibilité et la
spécificité de l'ICT dans l'évaluation de l'HVG sont
respectivement de 48,8 % et de 93,6 %, l'échocardiographie étant
le test de référence (20).
Contrairement à l'ECG qui montre une faible
prévalence (moins de 5 %) d'HVG dans une population d'hypertendus
modérés (11), l'échocardiographie bidimensionnelle (2D) et
temps-mouvement (TM) évaluent cette prévalence à des taux
de 30 à 60 % (21-23).
En effet, l'échocardiographie dans des mains expertes
atteint une grande sensibilité (93%) et une grande
spécificité (95%) ( 24).
La géométrie ventriculaire gauche distingue le
ventricule gauche normal, le remodelage ventriculaire concentrique, des
hypertrophies ventriculaires concentrique ou excentrique selon l'indice de
masse ventriculaire gauche (IMVG) et de l'épaisseur pariétale
relative (24).
La faisabilité de ce trois méthodes
diagnostiques diminuent avec l'âge et l'obésité (24).
L'obésité elle-même, ensemble avec la race, le sexe et le
sport, est aussi considérée comme étiologie de l'HVG. (6).
Le médecin spécialiste en Imagerie
médicale doit être capable de faire le tri des informations de
façon aussi rationnelle et pragmatique que possible afin de pouvoir
juger, entre autre, la rigueur de la méthodologie et, donc, la
crédibilité des résultats présentés.
L'évaluation des méthodes diagnostiques
utilisées en imagerie médicale devra tenir compte des
critères suivants :
- disposer d'une bonne qualité technique ;
- obtenir une interprétation reproductible ;
- apporter une information valide ;
- être utile à la prise de décision
médicale ;
- être efficace pour le malade et la population.
Pour répondre à toutes ces
préoccupations, la présente étude est donc
initiée.
L'objet essentiel à long terme de la présente
étude est d'envisager la pertinence du choix de la méthode
diagnostique et du seuil décisionnel dans la définition de l'HVG
chez l'hypertendu congolais et pour atteindre ce but, les objectifs
spécifiques suivants ont été
précisés :
- évaluer l'ECG et la radiographie du thorax comme
méthodes diagnostiques de l'HVG selon des critères
objectifs ;l'échocardiographie étant la méthode de
référence ;
- dégager les principales qualités susceptibles
d'être mesurées dans ces méthodes diagnostiques ;
- estimer la prévalence de l'HVG selon
l'échocardiographie ;
- enfin, proposer des seuils optimaux de l'ECG et de la
radiographie du thorax dans la définition de l' HVG.
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