II.4. Evolution du passé du secteur
Généralement, il est admis que l'histoire de la
micro finance en République Démocratique du Congo remonte depuis
la colonisation avec le décret loi du roi souverain des belges du 24
mars 1956 sur la création et le fonctionnement des
sociétés coopératives indigènes et
même un peu plus tôt avec les paysannats.
De ce décret, on peut retenir la création des
premières coopératives dirigées par les indigènes
du Congo Belge. Ainsi, cette histoire du système des financements
décentralisés en RD Congo s'est forgée autour des quatre
vagues successifs ayant chacune ses caractéristiques propres.
> La première vague : de la colonisation au
décret du 24 mars 1956
Cette première phase de l'histoire de financement de
proximité regroupe les différents paysannats et
coopératives agricoles créés par la colonisation pour
accroître la production des matières premières
destinées à l'industrie de la métropole. Il s'agit
notamment des coopératives et paysannats autour de certains produits
notamment le coton, le palmier à huile, l'hévéa, etc.
Les coopératives de cette première vague
étaient financées par sept organismes financiers
agréés selon le décret loi du 24 mars 1956 pour accorder
des prêts aux coopératives indigènes.
Il s 'agit des institutions ci-après :
- Banque du Congo Belge,
- Société Congolaise de Banque,
- Banque Belge d'Afrique,
- Kredietbank Congo,
- Banque Nationale pour le Commerce et l'Industrie,
- Fédération Nationale des Coopératives
Chrétienne de Belgique,
- Caisse d'Epargne.
Pour éviter le désordre, chaque institution
agréée avait ses limites territoriales d'intervention dans la
distribution de prêt :
Tableaux N°2 Liste de Organes et province
d'intervention
ORGANISMES
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PROVINCES D'INTERVENTION
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Banque du Congo Belge
|
Léopoldville, Equateur, Kasaï, Katanga, Kivu et
Orientale
|
Société Congolaise de Banque
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Léopoldville, Katanga, Kivu, Orientale
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Banque Belge d'Afrique
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Léopoldville, Equateur, Katanga, Kivu, Orientale
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Kriedtbank Congo
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Léopoldville, Katanga, Kivu, Orientale
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Banque Nationale pour le Commerce et l'Industrie
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Léopoldville
|
Fédération des
Coopératives Chrétienne de Belgique
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Léopoldville
|
Caisse d'Epargne
|
Léopoldville, Equateur, Kasaï,
Katanga, Orientale
|
|
Cette répartition territoriale en faveur des
institutions financières a eu pour avantage de mieux repartir les
interventions et mieux distribuer les crédits. On notera qu'aucune
coopérative financière n'a été créée
pendant cette période par les indigènes congolais.
> La deuxième vague : de
l'indépendance (1960) à 1990
C'est au courant de cette deuxième vague que les
indigènes congolais ont pu constituer les premières
coopératives purement financières. Malgré l'absence des
connaissances et d'expériences en matière de gestion
coopérative, des grandes institutions financières de
proximité ont vue le jour. C'est le cas notamment de Caisse
Populaire de Crédit Luymas/CBCO, Coopérative d'Epargne et de
Crédit de la Communauté Evangélique en Afrique au Congo
(COOCEC CEAC), Coopérative d'Epargne et de Crédit de la
Communauté Evangélique au Congo (COOCEC CEC), Coopérative
d'Epargne et de Crédit de Basankusu, COOPEC Tujenge, COOPEC Nyawera,
etc.
Pendant cette deuxième période deux grands foyers
ont constitué la base du développement des coopératives en
RD Congo:
- le foyer de Kinshasa (qui comprend la ville de Kinshasa, les
Provinces de Bandundu, du Bas- Congo de l'Equateur),
- le deuxième foyer, celui du Kivu qui comprend le reste
de la République (Nord Kivu, Sud Kivu, Maniema, Katanga et la Province
Orientale).
Durant cette période, les coopératives ont
gérés plus de 7% des dépôts des banques commerciales
en activité dans le pays avec plus d'un million des clients. En
l'absence d'une loi spécifique aux institutions financières de
proximité, la Banque Centrale du Congo (B.C.C.) a publié
l'instruction n° 1 aux COOPEC du 30 septembre 1985 pour canaliser les
activités de ces institutions.
Cette instruction de la Banque Centrale a eu le
privilège de séparer les coopératives financières
de la tutelle du Ministère de l'Agriculture et du Développement
Rural.
> La troisième vague : de 1990 à nos
jours.
Avec la démocratisation du pays vers les années
1990, on a assisté à une libéralisation de
l'économie d'une part et du secteur financier de l'autre.
En outre, le sommet mondial de micro finance de 1997 à
New York a vue naître un type particulier de financement de
proximité, celui de micro finance.
Ainsi, à côté des coopératives
d'épargne et de crédit, ayant une histoire propre et ancien bien
fournit, se développe les institutions de micro finance, elles aussi
avec leurs propres particularités : la proximité de
l'activité, l'accès des pauvres au services financiers et la
libéralisation du taux d'intérêt (le taux directeur de la
Banque Centrale restant le taux de référence par excellence.
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