3.1.1 SITUATION GÉOGRAPHIQUE ET
DÉMOGRAPHIQUE
La République de Guinée est un pays côtier
qui est situé dans la partie occidentale du continent africain, couvrant
une superficie de 245 857 km2, elle est limitée à
l'Ouest par la Guinée Bissau et l'Océan Atlantique, au Nord par
le Sénégal et le Mali, à l'Est par la Côte d'Ivoire
et au Sud par la Sierra Leone et le Liberia. Du point de vue
géographique, la Guinée est subdivisée en quatre
régions naturelles (la Basse Guinée, la Moyenne Guinée, la
Haute Guinée et la Guinée Forestière) qui sont assez
distinctes et très riches en ressources naturelles.
Le dernier recensement de 1996 réalisé en
Guinée évalue la population guinéenne à 7 156 406
habitants. Les données de ce recensement indiquent que 15 % de cette
population vivent à Conakry, 20 % vivent en Basse Guinée, 23 % en
Moyenne Guinée, 20 % en Haute Guinée et 22 % en Guinée
Forestière. (DNS, 1999).
La population guinéenne vit essentiellement en milieu
rural (70 %) et plus de la moitié de la population urbaine (51 %)
réside dans la capitale. Le poids des personnes âgées de
moins de 15 ans (46 %) traduit l'extrême jeunesse de celle-ci. C'est la
conséquence d'une fécondité élevée (l'ISF
est de 5,5), caractérisée par sa précocité et sa
stabilité, en dépit de tous les efforts de sensibilisation
menés par les programmes de planification familiale. Le taux brut de
natalité est estimé à 39,7 %. Quant à la
mortalité, son niveau reste encore élevé (taux brut de
mortalité estimé à 14,2 %). L'espérance de vie
à la naissance est de 54 ans pour les deux sexes (55,4 ans pour les
femmes et 52,7 % pour les hommes) (DNS, 2000 : 6).
3.1.2 SITUATION ÉCONOMIQUE
Depuis avril 1984, la République de Guinée, pays
ouest africain a connu un changement politico-économique majeur; le
passage d'un régime socialiste à celui d'un régime
à économie de marché. Ce changement a eu d'énormes
conséquences dans tous les domaines. Par exemple l'emploi par
l'État des diplômés des institutions de formation a
cessé d'être automatique. La recherche de l'emploi est
désormais du ressort des diplômés. D'après les
indications de l'Office National de l'Emploi et de la Main d'oeuvre (ONEMO,
1994), il y avait en 1990 près de 40 000 demandeurs d'emplois inscrits
dont plus de 2 000 diplômés de l'enseignement supérieur.
Ces chiffres ne sont, à notre avis, que le sommet de l'iceberg du
chômage des diplômés. Le chômage des
diplômés de l'enseignement supérieur en Guinée
semble être donc une tendance majeure.
En effet, au niveau de la fonction publique par exemple, des
mesures ont été prises : une réforme administrative suivie
d'une forte réduction des effectifs de la fonction publique conduisant
à un blocage systématique de recrutement.
Selon la Direction Nationale de la Statistique (2000 : 5),
l'essentiel, des objectifs macroéconomiques de court et moyen termes ont
été atteints au cours de la première phase (1986-1988) et
de la deuxième phase (1989-1991) du programme de réforme
économiques et financières. La dévaluation de la monnaie
en 1986 a permis une relance de l'agriculture et, en particulier, des
exportations agricoles (café notamment). L'inflation a été
contenue, car son taux est successivement passé de 72 % en 1986 à
27 % en 1990 et de 5 % en 1994 pour atteindre 1,9 % en 1997, grâce
à une plus grande rigueur dans la gestion des finances publiques. Le
déficit budgétaire a été sensiblement
réduit, passant de 10,7 % du PIB en 1986 à 7,5 % en 1993.
L'économie guinéenne a connu un taux de croissance annuel moyen
de l'ordre de 4% au cours de la période de 1990-1994. Parmi les autres
résultats obtenus, il y a le taux brut de scolarisation qui est
passé de 28,6% en 1990 à 50,4 % en 1996/1997, puis de 53,5 % en
1999 à 56,7 % en 2000. La proportion de la population ayant accès
à l'eau potable est de 55 % en 1995 contre 28 % en 1989. Tandis que le
taux d'accès aux soins de santé primaire est de 40 % en 1996
contre 10 % en 1986.
Nonobstant, de nombreux handicaps et
déséquilibres économiques subsistent. Le rapport sur le
profil de pauvreté en Guinée indique qu'environ 40,3 % de la
population se trouvent dans une situation de pauvreté absolue
c'est-à-dire vivent avec un niveau de revenu en dessous du seuil de
pauvreté de 293 714 FG par personne et par an (soit 239 dollars
canadiens). L'extrême pauvreté concerne près de 13 % de la
population. Le rapport précise que la pauvreté est surtout un
phénomène rural : 52,2 % de la population vivant dans ce milieu
est pauvre contre 6,7 % à Conakry et 24,3 % au niveau des autres centres
urbains (Diallo et al, 1994-1995 :2).
En ce qui concerne le chômage, selon l'enquête
intégrale budget et consommation (EIBC), près de 55 % des
chômeurs sont en quête du premier emploi. Il faut aussi noter que
le sous-emploi de la population occupée est manifeste. Le taux de
sous-emploi visible est de 16,6 %. La situation de l'emploi en 1995
d'après les indicateurs fournis par l'EIBC est préoccupante et
nécessite des politiques de promotion ou de relance de l'emploi plus
appropriées et efficaces. Ce d'autant plus que depuis décembre
1985, le gouvernement guinéen a adopté et appliqué le
Programme de réforme économique et financier (PREF).
L'application de ce programme d'ajustement a contribué à
déséquilibrer le marché du travail :
- par le licenciement massif dans la Fonction Publique et le
gel de tout recrutement de nouveaux agents;
- par une désaffection de la main d'oeuvre des emplois
ruraux;
- par l'afflux incessant de migration de la main d'oeuvre des
campagnes vers les centres urbains et surtout vers la capitale;
- par la fermeture de nombreuses usines suite à
l'application des mesures de restructuration et une économie qui
connaît des difficultés énormes de reprise.
Ainsi, suite à la mise en oeuvre du PREF en
décembre 1985, la situation de l'emploi a connu une crise qui est, de
nos jours, préoccupante. Elle est caractérisée par un
sousemploi et un chômage massif, affectant particulièrement les
jeunes diplômés des universités.
Le secteur privé sur lequel le gouvernement a
fondé son espoir dans la mise en oeuvre du programme n'a jusqu'à
présent pas répondu à cette attente. L'offre d'emploi est
insignifiante par rapport à la demande toujours croissante parce que les
entreprises privées qui ont été créées sont
généralement de petite taille et souvent confrontées
à la concurrence du secteur informel. Cette crise au niveau de l'emploi
moderne a non seulement amplifié le taux de chômage mais elle a
modifié la structure globale de l'emploi en faveur du secteur
informel.
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