République du Bénin
@@@
Institut National de la Jeunesse,
de l'Education Physique et du Sport
(INJEPS)
@@@@@
Université d'Abomey-Calavi
(UAC)
@@@@@
Secteur : JEUNESSE & ANIMATION
Option : ANDRAGOGIE
MÉMOIRE DE FIN DE
4ÈME ANNÉE UNIVERSITAIRE
PROBLÉMATIQUE DE LA CONTRIBUTION DE
L'ALPHABÉTISATION DES FEMMES À L'AMÉLIORATION DE LA SANTE
COMMUNAUTAIRE EN MILIEU URBAIN : CAS DE COTONOU EN RÉPUBLIQUE DU
BÉNIN
Réalisé et soutenu publiquement
par :
Marcellin Todè KOBA
Sous la direction de :
Dr Edgard-Marius OUENDO MD, PhD
Dr Adam S. NAKOU
Médecin spécialiste de Santé Publique
Professeur assistant
Biostatisticien et Epidémiologiste Enseignant à
l'INJEPS
Enseignant à l'IRSP
Avec la mention TRES - BIEN
Porto-Novo, Novembre 2005
« Dans un monde alphabétisé, [...] non
seulement les gens savent lire et écrire, mais leurs potentiel et
liberté sont mis au service du progrès. »
Frédérico MAYOR
(ex-Directeur Général
de l'UNESCO)
DEDICACE
...................................................................................................
-4-
REMERCIEMENTS
.......................................................................................
-5-
SIGLES ET ACRONYMES
..........................................................................
-6-
INTRODUCTION
- 2 -- 7 -- 7 -
JUSTIFICATION DU CHOIX DU THEME
- 2 -- 8 -- 9
-
Premier chapitre : Problématisation de la recherche
................10
1.1 - CADRE DE L'ETUDE
- 2 -- 11 -- 12
-
1.1.1- LE BÉNIN
- 12 -
1.1.2- LA VILLE DE COTONOU
- 12 -
1.2- ENONCE DU PROBLEME
- 2 -- 15 -- 16
-
1.2.1- HYPOTHÈSE DE LA RECHERCHE
- 20 -
1.2.2- OBJECTIF GÉNÉRAL
- 20 -
1.2.2- OBJECTIFS SPÉCIFIQUES
- 20 -
1.3- REVUE DE LITTERATURE
- 2 -- 20 -- 21
-
1.3.1- RELATION ENTRE ÉDUCATION,
ALPHABÉTISATION ET SANTÉ
- 29 -
1.3.2- LES EFFETS DE L'ALPHABÉTISATION
- 29 -
1.4- CLARIFICATION DES CONCEPTS
- 2 -- 30 -- 31
-
Deuxième chapitre : Démarche
méthodologique ..................... 36
1.4.1- EDUCATION
- 31 -
1.4.2- EDUCATION DES ADULTES
- 32 -
1.4.3- ALPHABÉTISATION
- 32 -
1.4.4- SANTÉ
- 35 -
2.1- TYPE D'ETUDE
- 2 -- 37 -- 38
-
2.2- POPULATION D'ETUDE
- 2 -- 37 -- 38
-
2.3- ECHANTILLONNAGE
- 2 -- 37 -- 38
-
2.3.1- TECHNIQUE D'ÉCHANTILLONNAGE
- 38 -
2.3.2- TAILLE DE L'ÉCHANTILLON
- 39 -
2.4- TECHNIQUES DE COLLECTE DES DONNEES
- 2 -- 39 -- 40
-
Troisième chapitre : Présentation, analyse et
commentaire des résultats
............................................................................................
42
2.4.1- L'ENQUÊTE EXPLORATOIRE
- 40 -
2.4.2- L'ANALYSE DOCUMENTAIRE
- 40 -
2.4.3- L'INTERVIEW
- 41 -
3.1- PRESENTATION DES RESULTATS
- 2 -- 43 -- 44
-
3.1.1- ANALYSE DES OBJECTIFS DES PROGRAMMES
- 44 -
3.1.2- ANALYSE DU CONTENU
- 47 -
3.1.3- LES MÉTHODES UTILISÉES EN
ALPHABÉTISATION
- 49 -
3.1.4- LES POINTS DE FAIBLESSE DES PROGRAMMES PAR
RAPPORT AUX BESOINS DES FEMMES EN MATIÈRE DE SANTÉ
- 51 -
3.1.5- LES SUGGESTIONS POUR L'AMÉLIORATION DES
MÉTHODES ET DU CONTENU
- 52-
3.2- ANALYSE ET COMMENTAIRE DES RESULTATS
- 2 -- 52 -- 53 -
3.3- CONCLUSION
- 2 -- 60 -- 61
-
3.4- SUGGESTIONS
- 2 -- 61 -- 62
-
DÉDICACE
4
REMERCIEMENTS
5
SIGLES ET ACRONYMES
7
INTRODUCTION
8
JUSTIFICATION DU CHOIX DU THEME
9
1.1 - CADRE DE L'ETUDE
12
1.2- ENONCE DU PROBLEME
15
1.2.1- HYPOTHÈSE DE LA RECHERCHE
19
1.2.2- OBJECTIF GÉNÉRAL
19
1.2.2- OBJECTIFS SPÉCIFIQUES
20
1.3- REVUE DE LITTERATURE
20
1.4- CLARIFICATION DES CONCEPTS
30
2.1- TYPE D'ETUDE
37
2.2- POPULATION D'ETUDE
37
2.3- ECHANTILLONNAGE
37
2.4- TECHNIQUES DE COLLECTE DES DONNEES
39
3.1- PRESENTATION DES RESULTATS
42
3.2- ANALYSE ET COMMENTAIRE DES RESULTATS
51
3.3- CONCLUSION
58
3.4- SUGGESTIONS
59
· A mon feu père Benoît I. KOBA,
· A ma feue mère Bibiane
KOUTCHORO
· A mon feu oncle Alexis A. O. KOBA
Je dédie ce
Mémoire.
Mes remerciements vont à
l'endroit :
- des Docteurs Edgard - Marius OUENDO et Adam S. NAKOU qui ont
accepté conduire ces travaux de recherche avec abnégation,
malgré leurs multiples occupations ;
- du Docteur SALAMI N. Deen pour son soutien durant ma
formation et ses multiples conseils ;
- du Docteur Cyriaque AHODEKON pour ses contributions aux
travaux ;
- de tout le corps professoral de l'INJEPS qui a oeuvré
pour que je reçoive une formation digne du nom ;
- de l'administration et tout le personnel de
l'INJEPS ;
- de feu papa Alexis KOBA qui a su imprimer très
tôt en moi les schèmes du dur labeur, de la
persévérance et du sens de dévotion ;
- de maman Angèle AHOMADON, pour son sens
élevé d'abnégation et d'aptitude maternelle ;
- de mes frères et soeurs Bamidélé,
Isiba, Tchègun, Céline, François, pour leur soutien de
tous ordres ;
- de tous les membres de ma famille élargie qui ne
cessent d'apporter leur pierre pour façonner l'édifice que je
deviens ;
- de tous mes camarades de promotion en l'occurrence, Kalid
BIGA, Eric MEHOU, Constant GUEDENON, Steve ABALOT pour la convivialité
et l'ambiance fraternelle dans laquelle nous avons vécu à
l'INJEPS ;
- des frères et soeurs de la Communion
Chrétienne pour le Succès des Etudiants (COSE) et du Groupe
Biblique Universitaire (GBU) de l'INJEPS pour leur sens de fraternité en
Christ et leur soutien spirituel ;
- de tous les responsables et membres de l'Eglise Biblique de
la Vie Profonde pour l'assistance spirituelle.
A toutes et à tous, mes profonds sentiments de
gratitude !
AFAC : Association des Femmes Alphabétiseures de
Cotonou
DA : Direction de l'Alphabétisation
DEPOLINA : Déclaration de la Politique Nationale
de l'Alphabétisation et de l'Education des Adultes
DNAEA : Direction Nationale de l'Alphabétisation
et de l'Education des Adultes
IEC : Information Education Communication
INJEPS : Institut National de la Jeunesse, de l'Education
Physique et du Sport
INSAE : Institut National de la Statistique et de
l'Analyse Economique
IRC : International Water et Sanitation Center
IRSP : Institut Régional de Santé Publique
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
RACINES : Recherche Actions Initiatives pour un Nouvel
Espoir
RGPH : Recensement Général de la Population
et de l'Habitat
UAC : Université d'Abomey-Calavi
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour l'Education,
la Science et la Culture
UNFPA: Fonds des Nations Unies pour la Population
UNICEF: Fonds des Nations Unies pour l'Enfance
INTRODUCTION
Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, la
communauté internationale à travers les institutions telles que
l'Organisation des Nations Unies (ONU), s'est préoccupée des
questions de pauvreté. Plusieurs plans et programmes ont
été conçus et mis en oeuvre dans le but de centrer
désormais le développement sur l'homme, d'où le concept de
développement humain. S'il est vrai que des progrès ont
été fait en la matière, il n'en demeure pas moins vrai que
des millions d'êtres humains, notamment dans les pays en voie de
développement, croupissent encore sous le joug de la pauvreté.
Au Bénin, le phénomène par son ampleur et
sa répartition spatiale constitue l'un des défis majeurs des
politiques de développement. Les programmes reposant sur une vision
à long terme appelé Bénin 2025- scénario Alafia,
élaborés sur la base d'un processus participatif à travers
les Etudes Nationales de Perspectives à Long Terme (NLTPS) et le
Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP)
montrent bien la vision de développement global pour sortir le pays de
l'ornière. Selon le rapport mondial sur le développement humain
en 2002, avec un Indicateur de Développement Humain (IDH) égal
à 0,420 le Bénin occupe le 158ème rang sur les
173 pays couverts par l'étude [1].
Il est évident que la persistance d'un taux
élevé d'analphabétisme complexifie le
phénomène de la pauvreté et constitue un obstacle
sérieux à sa réduction. Ainsi, le renforcement du
potentiel des couches défavorisées nécessite non seulement
un accroissement du produit intérieur brut (PIB) par habitant et des
investissements sociaux mais aussi le renforcement de la lutte contre
l'analphabétisme.
Le taux d'analphabétisme des adultes au Bénin
selon le recensement de 1992 est de 71,4%. Jusqu'en 1999, malgré une
légère amélioration, ce taux reste toujours
élevé : 67,62% [2]. L'analphabétisme en
général et celui des femmes en particulier, est sans nul doute
une discrimination pour cette couche et un contre poids pour le processus de
développement.
La question de la santé communautaire des femmes qui
pourrait être un levier à leur contribution au
développement reste encore mal appréhendée dans les
programmes développés au cours des campagnes. Aussi,
l'alphabétisation en milieu urbain passe-t-elle au second plan des
préoccupations des autorités en charge de ce secteur. De ce fait,
on ne saurait imaginer leur participation sans leur assurer un minimum de
savoir, savoir faire et savoir être en matière de santé.
L'alphabétisation et l'éducation des adultes devront être
plus fonctionnelles pour contribuer à l'amélioration de la
santé communautaire des femmes qui y prennent part.
A travers la présente étude, nous tentons de
mettre l'accent sur la nécessité d'utiliser le canal de
l'alphabétisation pour combler le déficit de connaissances des
femmes en matière de santé, tout en maintenant en vue leurs
autres préoccupations.
Pour ce faire, trois axes majeurs de réflexion ont
été retenus dans notre travail. Dans un premier temps, nous
allons aborder la problématisation de la recherche pour poser la toile
de fonds de cette étude à travers un cadre théorique, la
clarification des concepts et le contexte de l'étude. Ensuite, viendra
la démarche méthodologique suivie pour conduire l'étude.
Pour terminer et avant de formuler des suggestions dans le but
d'améliorer ce qui est proposé jusqu'à lors, nous
présenterons les résultats avec à l'appui, une analyse et
un commentaire.
JUSTIFICATION DU CHOIX DU THEME
Trois raisons majeures ont motivé le choix de ce
thème ; à savoir:
- la question de l'éducation des adultes est assez
complexe et seul l'aspect de l'alphabétisation est beaucoup plus mis en
relief de nos jours. Nous avons le souci de mettre l'accent sur des domaines
très peu explorés tels que l'éducation à la
santé des femmes;
- les programmes développés actuellement en
matière d'alphabétisation et d'éducation des adultes
devraient prendre en compte de façon très explicite la question
de la santé communautaire des femmes. Ceci pourrait faciliter leur
participation aux autres aspects de la réduction de la pauvreté
dans notre pays ;
- le désir d'attirer l'attention des autorités
et autres acteurs de ce domaine sur le fait que le milieu urbain qui semble
avoir moins besoin de résoudre ce problème, demeure un centre
névralgique qui pourrait inhiber les efforts déployés dans
les milieux ruraux contre l'analphabétisme des populations.
1.1 - CADRE DE L'ETUDE
Cette étude a été réalisée
dans certains arrondissements de la ville de Cotonou en République du
Bénin.
1.1.1-
Le Bénin
D'une superficie de 114.763 km2, la
République du Bénin est située sur la côte Ouest
africaine du golfe de Guinée. Elle a pour limites, au Nord le Niger, au
Nord-Ouest le Burkina-Faso, à l'Est le Nigéria, à l'Ouest
le Togo et est bordé au Sud par l'Océan Atlantique.
De l'Océan Atlantique aux rives du fleuve Niger, le
pays s'étend sur 750 km, alors que sa largeur varie entre 120 km sur la
côte et 325 km dans le Nord à la latitude de Tanguiéta.
Sa population est de 6.769.914 habitants en 2002 dont 51,4% de
femmes avec 18% en milieu urbain [3]. Avec un taux annuel d'accroissement
intercensitaire de 3,25%, la population en 2005 est estimée à
7.451.666.
1.1.2-
La ville de Cotonou
L'étude s'est déroulée dans les
arrondissements de la municipalité de Cotonou.
1.1.2.1- Données géographiques
Avec une superficie de 79 km2, la ville de Cotonou
ou le département du Littoral est la plus grande ville et la capitale
économique du Bénin.
Elle est limitée au Nord par le lac Nokoué, au
Sud par l'Océan Atlantique, à l'Est par le village d'Agblangandan
(commune de Sèmè-Podji, Département de
l'Ouémé), à l'Ouest et au Nord-Ouest par le village de
Godomey (commune d'Abomey-Calavi, Département de l'Atlantique). Elle a
un climat de type subtropical avec deux saisons pluvieuses (mars à
juillet et septembre à novembre) et deux saisons sèches
(août à septembre et décembre à mars). La ville est
divisée en deux parties par le débouché du lac
Nokoué sur l'Océan Atlantique.
Elle est administrativement divisée en 13
arrondissements et 143 quartiers [4].
1.1.2.2- Données démographiques
La population de la ville de Cotonou en 2005 est
estimée à 732.078 habitants, dont 376.366 femmes. Sa population
active féminine (10 ans et plus) est de 142.452 et les femmes en
âge de procréer (15-49 ans) sont au nombre de 196.027. La
proportion de femmes chefs de ménage est de 25,01% soit 38.595 femmes
[3].
1.1.2.3- Données socio-culturelles
Les principaux groupes ethniques de la ville de Cotonou
sont :
· les Fon et apparentés 62% (dont 37,9% de Fon et
15,7% de Goun);
· les Adja et apparentés 19% (dont 6,9% de mina et
4,6% d'Adja) ;
· les Yoruba et apparentés 11% (dont 5,2% de Nago
et 4,8% de Yoruba).
· Autres ethnies 8%.
Au plan religieux, nous avons au premier rang la religion
catholique (63,8%) suivie de l'Islam (10,7%).
Le taux d'alphabétisation est de 49,9% dans les
départements du Littoral et de l'Atlantique ; 30,9% de la
population sont de niveau primaire, 13,7% de niveau secondaire et 2% de niveau
supérieur [5].
1.1.2.4- Données socio-économiques
Les activités économiques de la ville de Cotonou
sont plus développées que dans les autres localités du
pays à cause des infrastructures disponibles. Les institutions bancaires
les plus importantes, les grandes industries, le port, l'aéroport
international sont implantés à Cotonou. Les principales
activités économiques embrassent le secteur tertiaire où
le commerce des produits industriels et autres transactions avec les pays
limitrophes sont florissants. Le marché Dantokpa, le plus grand du pays
et parmi les plus grands de la sous-région est un centre
d'activités commerciales très développé.
1.1.2.5- Environnement institutionnel
La ville de Cotonou regorge d'ONG et d'organisations de la
société civile qui oeuvrent pour le bien-être des
populations. Ainsi, les questions de développement qui touchent
l'environnement, la santé, l'économie, l'éducation,
l'emploi, la microfinance, sont prises en charge par ces institutions qui
relaient et soutiennent l'Etat dans son rôle. Nous pouvons citer à
titre d'exemples quelques ONG qui sont en activité à
Cotonou : DCAM-Bethesda, RACINES, PADME, PAGER, AFAC.
Nous avons effectué nos recherches auprès des
ONG Association des Femmes Alphabétiseures de Cotonou (AFAC) et
Recherches Actions Initiatives pour un Nouvel Espoir (RACINES) qui sont deux
ONG béninoises qui développent respectivement des programmes
d'alphabétisation et de santé communautaire à l'endroit
des femmes de certains arrondissements de Cotonou. Elles ont été
choisies pour la pertinence de leurs programmes à l'égard des
femmes pour l'amélioration de leurs conditions de vie
socio-économiques.
AFAC fut créée en 1994 et reconnue
officiellement en 1997 avec ses activités d'alphabétisation des
femmes suite aux besoins exprimés par les bénéficiaires de
certains programmes de crédit. Elle s'est donnée pour mission de
contribuer au développement de la femme à travers
l'alphabétisation, en réduisant le taux d'analphabétisme
chez les femmes et les jeunes filles de l'Atlantique et du Littoral, par 750
femmes alphabétisées chaque campagne. Elle développe
à cet effet, un programme d'alphabétisation en trois volets
à savoir : l'alphabétisation initiale, la post
alphabétisation et l'apprentissage du français fondamental. A ce
jour, elle compte plus de 3.351 personnes alphabétisées dont 95%
de femmes. Pour la campagne de 2004-2005, elle a alphabétisé 1000
femmes.
Quant à RACINES,
c'est une ONG créée en 1999. Elle a pour mission de promouvoir le
développement à la base à travers une auto-promotion des
populations concernées, des actions concertées avec les autres
acteurs de la société civile et l'Etat. Elle a pour cibles les
enfants et les femmes. Elle gère aujourd'hui trois grands programmes
dont « l'accompagnement familial et la santé
communautaire » (AF/Santé). Ce dernier vise à
sensibiliser et éduquer les femmes des quartiers pauvres de Cotonou pour
leur bien-être socio-économique ; soit une population
estimée à 55.000 habitants dans les 3ème,
4ème et 5ème arrondissements de Cotonou.
1.2-
ENONCE DU PROBLEME
Le processus de développement en cours, en
République du Bénin, intègre plusieurs dimensions dont la
notion de participation des communautés et l'approche genre. Selon le
Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté au
Bénin (DSRP), l'Etat entend mettre un accent sur le développement
du capital humain pour une contribution plus judicieuse à l'effort
d'éradication de la pauvreté [6]. A cet effet, l'éducation
des populations en général et celle des femmes en particulier,
une solution pour lutter contre l'analphabétisme, tient une place de
choix.
Depuis 1990, les femmes analphabètes faisaient 60,4% de
la population de l'Afrique subsaharienne et 84,4% de la population du
Bénin selon l'UNESCO-AFRIQUE [7]. D'après le Recensement
Général de la Population et de l'Habitat de 2002, 51,4% de la
population béninoise est constituée de femmes dont 82% vivent en
milieu rural [3]. L'enquête démographique et de santé
réalisée en 2001, révèle que 63,1% des femmes
âgées de 15-49 ans sont incapables de lire [8] ; ce qui
implique qu'il y a un difficile accès à l'information de tous
ordres, pour une amélioration de la productivité, de la
santé, etc.
Conscient de l'enjeu, l'Etat béninois a engagé,
à travers une politique d'alphabétisation et d'éducation
des adultes, une guerre contre l'analphabétisme pour améliorer le
niveau de vie des populations, notamment celui des femmes. Selon le rapport du
PNUD sur le Développement Humain au Bénin en 2001, seules 23,6%
des femmes âgées de 15 ans et plus ont été
alphabétisées [5]. La nécessité
d'alphabétiser/éduquer les femmes aussi bien en milieu rural
qu'en milieu urbain, pour les aider à mieux participer au processus de
développement et à améliorer leurs conditions de vie dans
tous les domaines, surtout au plan sanitaire, est impérieuse. Le contenu
des programmes d'alphabétisation et d'éducation des adultes au
Bénin, permet essentiellement l'apprentissage de la lecture, de
l'écriture, du calcul, etc. dans une langue nationale. Les femmes ayant
suivi ces programmes peuvent désormais lire, écrire et calculer
dans leur langue; ce qui leur donne des capacités pour mieux
contrôler entre autres, la gestion de leurs activités
génératrices de revenus et la production agricole. Ces programmes
avaient commencé sous forme de campagnes de masse, mais aujourd'hui ont
pris l'allure d'interventions qui correspondent à des
nécessités spécifiques.
La volonté de résoudre les problèmes
liés au secteur d'alphabétisation et d'éducation des
adultes, a induit la mise en oeuvre d'une politique dont les orientations
tiennent compte des difficultés et obstacles soulevés afin que
l'éducation des adultes devienne un facteur de développement du
pays. C'est pourquoi, il est prévu de prendre en compte les
spécificités en fonction des réalités de certains
milieux dans la nouvelle redéfinition des objectifs. Selon la revue
Développement & Coopération [9], en 1985, la
différence entre les taux d'analphabétisme des hommes et des
femmes en Afrique est de 21,2%. Pourtant, les programmes n'ont pas un aspect
spécifique par rapport à leur situation.
De nos jours, en terme de réalisations dans ce domaine,
nous remarquons l'existence du cadre institutionnel et de gestion des questions
d'alphabétisation et d'éducation des adultes par la Direction
Nationale de l'Alphabétisation et de l'Education des Adultes (DNAEA) au
niveau du Ministère de la Culture, de l'Artisanat et du Tourisme (MCAT).
Dans chaque département, on retrouve le Centre Départemental
d'Alphabétisation et d'Education des Adultes (CDAEA) avec des
ramifications dans les communes, enfin le Conseil National
d'Alphabétisation et d'Education des Adultes (CNAEA), qui regroupe
toutes les institutions et les acteurs du domaine. Chacun de ces organes a des
attributions et exécute ses activités selon les
prévisions. Les résultats obtenus de 1978 à 2003 montrent
un total de 587.662 inscrits pour être alphabétisés, avec
370.091 effectivement alphabétisés soit un taux de 62,97%; taux
faible par rapport à la population analphabète. L'UNESCO a
jugé pertinente l'approche du Bénin qui est devenue un
modèle pour certains pays africains tels que le Burkina-Faso, le
Burundi, le Congo, la Guinée, le Niger [10].
Malgré ces efforts, il y a encore des contraintes
d'ordre social. Si le milieu dans lequel évolue le
néo-alphabète est hostile à son insertion, le processus
d'intégration serait bloqué. Ainsi, par exemple quand l'adulte
alphabétisé dans une langue nationale évolue dans le
milieu urbain qui utilise essentiellement une langue étrangère
(le cas du français à Cotonou) comme moyen principal de
communication, le préalable qu'est la motivation de
l'alphabétisation est remis en cause. En effet, que peut valoir une
alphabétisation en langue nationale quand la langue officielle qu'est le
français est utilisée dans les moyens de communication, le
transport, le commerce, les formalités postales et bancaires,
l'administration, etc. et que l'acquisition de cet outil est le seul
critère valable pour une promotion sociale. Par ailleurs, il n'existe
pas encore une approche sexospécifique dans la politique nationale
d'alphabétisation et d'éducation des adultes au Bénin.
Pourtant, dans le domaine de la santé, la maîtrise des questions
de santé maternelle et infantile reste un défi majeur pour les
femmes. Bien qu'alphabétisées, elles n'arrivent pas à bien
respecter la médication, les rendez-vous de vaccination,
l'hygiène alimentaire et hydrique et l'assainissement du cadre de vie.
Elles ne sont pas en mesure de vérifier les posologies en cas d'oubli et
n'arrivent à dialoguer correctement avec les agents de santé, si
ces derniers ne parlent pas leur langue, pour trouver un remède
adéquat à leur problème, ou appliquent mal les consignes
données. Ceci pose alors le problème des objectifs et du contenu
des programmes d'éducation des adultes. En outre, il faudrait aussi
penser aux méthodes et techniques utilisées dans le cadre de
cette transmission de savoir afin de voir leur adéquation avec les
besoins des populations.
La forte urbanisation constatée au
Bénin depuis 1992 (36% de la population vit en milieu urbain),
n'est que la résultante de la recrudescence du phénomène
d'exode rural et a pour conséquence l'augmentation des besoins en
matière de santé, d'instruction, d'emploi, de logement
décent, d'hygiène et d'assainissement [8]. Ainsi,
l'analphabétisme de la population en général et celui des
femmes plus spécifiquement, se déplace du milieu rural vers les
centres urbains. Selon l'UNFPA, les chefs de ménage de sexe
féminin représente 21% de l'ensemble de la population (24% en
milieu urbain contre 19% en milieu rural) [8]. Elles sont en majorité
analphabètes car le même rapport montre qu'en 1992, 71,3% n'ont
jamais été à l'école. Ce qui a certainement des
répercussions sur l'éducation, la nutrition, et la santé
de leurs enfants. Le milieu urbain caractérisé par la
disponibilité et l'accessibilité aux infrastructures
socio-sanitaires, l'accès aux moyens de communication (Radio,
Télévision, etc.), la possibilité d'entreprendre des
activités génératrices de revenus pour subvenir aux
besoins, offrent aux femmes alphabétisées ou analphabètes
qui y vivent des privilèges par rapport à celles qui sont en
milieu rural.
Toutefois, devant les préoccupations d'ordre sanitaire,
on ne fait plus de différence entre femmes alphabétisées
et femmes analphabètes ; même dans le milieu urbain. La
fonctionnalité de l'alphabétisation doit-elle se limiter au
calcul, à la lecture ou à l'écriture dans sa langue ou
bien aller plus loin à savoir, adopter les bons gestes socio-sanitaires
et économiques pour améliorer les conditions de vie et participer
activement au développement ?
Ainsi la question principale qui se dégage est de
savoir si les programmes d'alphabétisation et d'éducation des
adultes prennent en compte tous les besoins sociaux et sanitaires des
populations. Permettent-ils d'aller au-delà des connaissances et
d'induire des gestes et comportements favorables à la santé ?
1.2.1-
Hypothèse de la recherche
Nous postulons que les objectifs, les contenus et
méthodes des programmes d'alphabétisation et d'éducation
des adultes sont insuffisants pour l'acquisition des connaissances, aptitudes
et pratiques nécessaires à l'amélioration de la
santé communautaire.
1.2.2-
Objectif général
Notre travail a pour objectif général
d'étudier les programmes d'alphabétisation et d'éducation
des femmes notamment au plan sanitaire face aux spécificités du
milieu urbain.
1.2.2-
Objectifs spécifiques
De façon spécifique, l'étude
envisage :
- Analyser les objectifs, le contenu et les méthodes
des programmes d'alphabétisation/éducation des adultes au
Bénin;
- identifier les points de faiblesses sur la base des besoins
sanitaires des femmes;
- formuler des suggestions en vue de répondre aux
besoins réels et actuels des femmes dans le domaine de la santé
communautaire en milieu urbain.
1.3-
REVUE DE LITTERATURE
La revue des écrits de cette étude est
constituée d'ouvrages et d'études relatifs à
l'alphabétisation, l'éducation des adultes et à la
santé communautaire, aussi bien dans le monde en général
qu'en République du Bénin en particulier. Certains des auteurs
que nous avons cités ont abordé dans un aspect la question de
l'alphabétisation au service du développement et d'autres
études se sont intéressées à l'amélioration
des conditions des femmes en général. La question
spécifique de la relation entre l'alphabétisation des femmes et
l'amélioration de la santé n'a pas été clairement
abordée dans les documents que nous avons consultés et quand elle
l'est, ce n'est que de façon parcellaire.
* Conceptions et objectifs des programmes
d'alphabétisation
BERNARDO B. I. A. [11] affirmait que l'objectif des
programmes d'alphabétisation devrait être l'intégration
progressive de la pratique de la lecture et de l'écriture dans le plus
grand nombre d'activités communautaires possibles. Ceci devra induire
des changements dans les habitudes des membres de la communauté
alphabètes ou non. Par ailleurs, l'évolution d'une
communauté par l'intégration d'un plus grand nombre de pratiques
fondées sur l'écrit transforme la façon dont les membres
conçoivent leur vie par l'intermédiaire de ces pratiques. Enfin
pour concrétiser les effets de l'alphabétisation en ce qui
concerne la façon dont les individus considèrent leur vie, il ne
suffit plus d'alphabétiser les individus, il faut alphabétiser
les communautés.
C'est pourquoi, HAMADACHE A. et MARTIN D. [12], en analysant
les contenus des programmes en la matière, dénonçaient que
les contenus des activités de post-alphabétisation,
dernière étape du processus d'alphabétisation, sont
souvent envisagés presque exclusivement sous la forme de matériel
imprimé, bien connu sous le nom de « matériels de
lecture pour adultes néo-alphabètes». Cependant, il y a
d'autres activités telles que les groupes d'étude, les cercles
culturels, les émissions radio, etc. qui interviennent pour permettre
à l'adulte de demeurer dans sa nouvelle situation d'alphabète. Au
regard des stratégies mises en oeuvre qui visent entre autres la
nécessité d'une participation des intéressés
à la définition et à la mise oeuvre des
éléments de la stratégie, l'importance des motivations des
publics concernés à s'engager dans ce processus
d'auto-éducation, la nécessité d'une diversification des
activités et des institutions de post-alphabétisation
adaptées aux besoins des publics spécifiques ; l'adulte doit
trouver les moyens de répondre à ces problèmes sociaux.
Soucieux de répondre à cette aspiration au
Bénin, le plan de vulgarisation de la Déclaration de la Politique
Nationale d'Alphabétisation et d'Education des Adultes (DEPOLINA),
proposé par la DNAEA [13] montre que l'objectif général de
la politique est l'élimination progressive et durable et de
l'analphabétisme. Ainsi, les objectifs spécifiques y
afférents sont entre autres, réduire de 68% à 50% au moins
le taux d'analphabétisme à l'horizon 2010, favoriser
l'émergence d'un environnement lettré, réduire de 50%
l'analphabétisme des femmes, intensifier la recherche linguistique
appliquée sur les langues nationales en rapport avec les exigences de la
nouvelle Politique Nationale d'Alphabétisation et d'Education des
Adultes. La DEPOLINA prévoit au nombre de ces stratégies,
l'adéquation entre offres différenciées et demandes
diversifiées. Elle concerne la diversité et la
multiplicité des demandes/besoins de formation dans le domaine de
l'alphabétisation et de l'éducation des adultes qui
reflètent très souvent les réalités
socio-économique et culturelle spécifiques. Dans ce cas, l'Etat
et les autres acteurs en tenant compte des spécificités
élaborent des offres qui permettent aux populations de faire de
l'alphabétisation un outil d'accompagnement et de renforcement dont les
acquis sont réinvestis dans leurs activités sociales,
culturelles, économiques et politiques. Par ailleurs, les programmes
doivent répondre aux besoins spécifiques des groupes qui
demandent l'alphabétisation et l'éducation pour leur
épanouissement. A chaque situation spécifique, on
élaborera un programme spécifique.
Ceci répond aux voeux de la Direction de
l'Alphabétisation [14] qui souhaitait que les objectifs des programmes
nationaux d'alphabétisation s'insèrent dans le cadre d'objectifs
politiques culturels et socio-économiques larges. L'apprentissage de la
lecture, de l'écriture et du calcul est surtout perçu comme
élément de base qui, associé à d'autres composantes
éducatives, permet l'acquisition de mécanismes de communication.
Dans plusieurs cas, l'action éducative se propose en premier lieu,
d'offrir à une population sélectionnée la
possibilité d'acquérir les attitudes et comportements
jugés nécessaires pour contribuer à l'édification
d'une nouvelle société. Au plan socio-éducatif, les
objectifs prennent en compte le changement de comportement en vue des
transformations sociales envisagées, la lutte contre les discriminations
en matière d'éducation, notamment à l'égard des
femmes, la meilleure organisation de la vie communautaire et la participation
de la population à son propre développement, l'acquisition des
connaissances pratiques dans le domaine de la santé, de la vie sociale
et du travail en vue de l'amélioration des conditions de vie.
Dans le rapport de la 5ème
Conférence Internationale sur l'Education des Adultes
(5ème CONFINTEA) tenue en 1997 à Hambourg en Allemagne
[15], l'UNESCO précise que dans les débats sur les programmes
d'alphabétisation pour adultes, il est nécessaire de clarifier si
l'objet est de transférer des compétences techniques,
c'est-à-dire la capacité de coder et de décoder la
relation entre signe et son, ou d'aborder des notions plus profondes sur la
personnalité, l'identité et la nature du savoir.
L'éducation des adultes à l'adresse des femmes, à savoir
les programmes d'alphabétisation, stage de compétence pratique ou
projets de participation communautaire, peut jouer un rôle important pour
rendre les femmes conscientes des nombreuses formes de préjudices
qu'elles subissent, en les informant de leurs droits et en les encourageant
à prendre leur vie en main. L'éducation des adultes ne poursuit
pas le seul objectif de transmettre des compétences, mais aussi de
permettre aux femmes d'utiliser leurs compétences pour négocier
et traiter plus efficacement avec les structures du pouvoir. Lors de la
conception des programmes éducatifs, il est nécessaire de mettre
l'accent sur la méthodologie active et sur l'environnement offert. Ce
dernier est-il un espace favorable et stimulant pour les femmes ? Il doit
aussi réserver une place à l'apprentissage informel, car une part
importante et précieuse de la communication a lieu à
l'extérieur des lieux de formation. La participation des apprenantes
à la conception du programme éducatif permettra de
répondre à leurs préoccupations et contexte de vie.
* La mise en oeuvre des programmes
Pour ce qui est de la mise en oeuvre de ces programmes, AFRIK
T. [16], montrait que de nouvelles idées sur l'alphabétisation
ont été avancées dans les années 70 par Paulo
Freire qui affirmait que l'alphabétisation « fait partie du
processus grâce auquel les personnes alphabétisées prennent
conscience de leur situation personnelle (conscientisation) et s'instruisent
afin de l'améliorer ». Selon Freire, l'apprentissage de la
lecture, de l'écriture et du calcul sont une étape vers la
réalisation des droits politiques, économiques et culturels de
l'homme. Il doit permettre aux néo-alphabètes de jouer un
rôle dans les efforts visant à transformer leur univers en un
endroit où il fera bon vivre. A cet effet, l'alphabétisation
moderne se réfère à l'utilisation pratique, dans la vie de
tous les jours, de l'aptitude à lire, écrire et compter.
Même si les analphabètes peuvent apprendre l'hygiène ou le
commerce par des explications orales et des démonstrations, il n'en
demeure pas moins que les connaissances à enregistrer sont trop
nombreuses pour que leur esprit les retienne. En d'autres termes, un important
capital de connaissance se perd du fait des oublis. En conséquence, il
convient de recueillir ces informations dans des manuels auxquels il sera
possible de se référer en cas de nécessité.
L'alphabétisation permet à l'individu ou à une
société de passer d'une culture d'oralité à une
culture d'écriture. Et les aspects qualitatifs des programmes
d'alphabétisation et de post-alphabétisation destinés aux
femmes et aux jeunes filles, l'utilité, la qualité, la
durabilité et l'efficacité (interne et externe) ne donnent pas
encore satisfaction. AFRIK démontre que l'analphabétisme renforce
aussi la pauvreté. Car l'analphabétisme ne s'applique pas
uniquement à l'incapacité de lire, d'écrire et de
calculer. Il s'agit aussi d'une sorte de discrimination et de handicap (les
analphabètes étant abusés ou se considérant comme
des aveugles). L'analphabétisme est «une culture de la
pauvreté» et, de plus, la pauvreté représente plus
qu'une simple pénurie de biens et services, de nourriture, de
vêtements et de logement, elle est également associée
à une «pénurie de compétences».
Dans la même perspective, MEYER B. [17], entrevoyait
que la signification accordée à l'alphabétisation dans la
rhétorique officielle n'est qu'apparente car la négligence du
secteur saute aux yeux. Ceci est également valable pour le secteur de la
formation des adultes en général. Pour la lutte contre
l'analphabétisme, spécialement des femmes, il ne peut seulement
s'agir d'apprendre une technique de lecture et d'écriture, il faut
apprendre en même temps une nouvelle mentalité qui se pose des
questions sur les structures hiérarchiques. Dans l'esprit de Paulo
FREIRE, il s'agit d'apprendre une lecture critique du monde. Pour les femmes
cela signifie la rupture avec une culture monologue dans laquelle s'exprime un
ordre de société défini par les hommes.
Aussi, ABALOT E. J. [18], dans sa tentative
d'établir la dialectique entre alphabétisation et
développement montre-t-il qu'au-delà des objectifs traditionnels
de l'alphabétisation que sont la lecture, l'écriture et le
calcul, elle se doit d'être perçue comme faisant partie
intégrante d'une éducation globale au développement.
Ainsi, lorsque l'alphabétisation devient fonctionnelle, elle
représente le mécanisme de base, le levier fondamental pour la
maîtrise des innovations technologiques, l'utilisation optimale des
ressources financières et pour enfin une gestion optimale du capital
humain, de la faune et de la flore. A cet effet, l'alphabétisation qui
se trouve à la fois en amont et en aval de toutes actions
éducatives et du développement doit évoluer de pair et
être en interaction constante avec les changements sociaux
opérés dans notre monde contemporain. En effet, un investissement
dans l'éducation des adultes en général et plus
particulièrement dans celle des femmes est directement rentable sur les
plans de soins de santé primaire, d'habitat, de nutrition et
réduction de la pauvreté humaine et monétaire.
* Difficultés de l'exécution des
programmes
Dans ce volet, l'UNESCO [19] déclare que
l'alphabétisation des adultes rencontre des difficultés en
Afrique. Ses défis se posent en termes d'accessibilité des
services d'éducation de base, de participation des filles et des femmes,
ainsi que l'engagement des communautés, de pertinence des programmes et
des méthodes, de rétention des apprentissages et leur
applicabilité dans la vie quotidienne. On note également la
persistance des barrières de genre, une contrainte à la
participation des filles et des femmes aux activités éducatives,
la déficience en nombre et en compétence des formateurs qui
demeurent trop souvent bénévoles. La contribution potentielle de
l'éducation des adultes à l'émergence des citoyens
informés et tolérants au développement
socio-économique, aux progrès de l'alphabétisation,
à l'atténuation de la pauvreté et à la
préservation de l'environnement est énorme ; il faut donc
l'exploiter. Enfin, l'éducation tout au long de la vie peut jouer un
rôle considérable dans la promotion de la santé et la
prévention des maladies. L'éducation des adultes offre
d'importantes possibilités de donner équitablement et durablement
accès à des connaissances utiles en la matière.
* Actions pour l'amélioration de la
santé avec les femmes
Pour MBOW P., dans son article Analphabétisme,
pauvreté des femmes : cas du Sénégal [20],
l'alphabétisation trouve sa raison d'être dans
l'amélioration du niveau de vie : le taux de mortalité
d'enfants de 0 à 5 ans baisse à mesure que le taux
d'alphabétisation augmente. Egalement, la longévité et le
revenu national brut augmentent en fonction du nombre d'habitants
alphabétisés et inscrits aux enseignements. L'accès aux
informations et aux systèmes de communication prennent de l'ampleur dans
un contexte alphabétisé : une mère incapable de lire
la notice d'un médicament pour la réhydratation par voie orale
(RVO) perd plus facilement son enfant. L'échec du planning familial au
Sénégal est à chercher du côté de
l'analphabétisme des femmes. Rapportant une enquête menée
auprès des grandes commerçantes de Dakar, MBOW affirme que les
femmes, bien qu'elles se rendent dans les contrées lointaines (France,
Turquie, Inde, etc.) et gèrent des millions, elles rencontrent
d'énormes difficultés pour tenir leur compte. Cette situation
réduit leur autonomie et les expose à certaines
déconvenues.
L'accès au crédit, parfois même
l'ouverture d'un compte bancaire leur pose problème en raison de leur
manque d'informations. Les femmes aimeraient être autonomes : lire
et écrire leur courrier, toucher leurs mandats, gérer leur
revenu.
Par ailleurs, une étude de l'UNICEF [21] rapporte que
plusieurs problèmes sont identifiés dans les conditions de vie
des femmes à savoir, la fréquence des maladies liées
à l'eau, à l'assainissement due à la consommation
élevée de l'eau non potable, le manque général
d'hygiène, l'assainissement inadéquat et insuffisant. Par
ailleurs, la vie matérielle est difficile à cause des revenus
faibles, la surcharge de travail, l'accès difficile à une
alimentation adéquate/équilibrée. Les femmes ont des
difficultés à prendre soins des enfants et assurer leur
bien-être car leurs responsabilités familiales se sont accrues et
elles manquent d'informations appropriées. Parmi les groupes les plus
vulnérables en milieu urbain, figurent les femmes urbaines sans beaucoup
de ressources, les femmes chefs de ménage de facto (y compris les jeunes
filles mères), les femmes petites commerçantes, les productrices
et vendeuses d'aliments. Le Rapport souligne qu'en milieu urbain, il est
également difficile d'accéder aux capitaux nécessaires
pour l'auto-emploi. Le petit commerce est l'activité principale pour 70%
des femmes. Le 1/3 de la population des quatre grandes villes (Cotonou,
Porto-Novo, Parakou, Abomey-Bohicon) n'ont pas recours aux soins de
santé modernes, principalement à cause du coût trop
élevé, par exemple Cotonou et Porto-Novo. On constate que 79% des
femmes résident à moins de 5 km d'un centre de santé, 88%
ont recours aux soins prénataux, 79% sont assistées au cours de
l'accouchement et l'action d'éducation de base pour adultes, telles que
l'alphabétisation a un impact actuel très faible car environ 55%
des inscrits ont été alphabétisés entre 1993 et
1994. En outre, la connaissance d'une innovation ou d'une amélioration
potentielle de la vie quotidienne grâce à un nouveau comportement
n'induit pas nécessairement le changement. Par exemple, l'existence des
visites prénatales est connue, mais souvent c'est au
6ème mois ou plus tard que les femmes effectuent leur
première consultation (25% des naissances) ou même n'en font pas
du tout (19%) ; l'accouchement dans les maternités est connu, du
moins par 80% des femmes qui font une visite prénatale, mais n'est
pratiqué que par 64% d'entre elles.
L'Organisation Mondiale pour la Santé (OMS) [22]
révèle, en outre, que l'éducation en général
et celle des filles en particulier joue un rôle primordial dans la
recherche de solutions à des problèmes comme la réduction
de la pauvreté qui mettent en péril leur existence. En effet, les
problèmes courants chez les jeunes filles au Bénin sont
essentiellement : l'analphabétisme, la maltraitance, l'exploitation
sexuelle, les formes de discrimination et de violence. Il faut y ajouter les
questions cruciales de santé liées à la malnutrition, aux
IST, aux maladies parasitaires et d'origine hydrique, aux traumatismes et
autres invalidités relatives à certains risques.
L'International Water and Sanitation Center (IRC) [23] dans
son étude sur les services de santé environnementale dans les
villes africaines, justifie la forte urbanisation estimée à plus
de 5% par l'accroissement naturel et l'exode rural. Ce faisant, elle pousse les
populations les plus pauvres à occuper anarchiquement l'espace urbain et
sa périphérie. C'est ce qui explique la prolifération des
habitats précaires qui ne sont pas desservis par les services d'eau
potable et d'assainissement. Ainsi les couches sociales
défavorisées subissent un double péril sanitaire.
Premièrement, elles souffrent beaucoup plus des fléaux de la vie
moderne et de l'exclusion économique qui entraîne l'hypertension,
la violence, les accidents de circulation. Deuxièmement, elles sont
exposées aux risques sanitaires liés à l'environnement qui
causent le paludisme, les maladies diarrhéiques et les infections
parasitaires.
1.3.1-
Relation entre éducation, alphabétisation et
santé
L'état d'analphabétisme donne lieu à des
comportements qui ne sont pas de nature à favoriser une bonne
santé. C'est parmi les analphabètes qu'on enregistre les plus
forts taux de mortalité infantile, les grossesses précoces, les
mauvaises conditions d'hygiène et d'habitat, etc. Par exemple,
l'existence des visites prénatales est connue, mais souvent c'est au
6ème mois ou plus tard que les femmes effectuent leur
première consultation (25% des naissances) ou même n'en font pas
du tout (19%) ; l'accouchement dans les maternités est connu, du
moins par 80% des femmes qui font une visite prénatale, mais n'est
pratiqué que par 64% d'entre elles [21]. L'éducation quant
à elle, est un processus qui doit induire un changement au sein de la
communauté. Elle permet dans sa pratique de donner à chaque
membre du groupe social, les schèmes de comportement nécessaires
dans les divers domaines de la vie. Ainsi, les connaissances liées
à la santé peuvent être acquises à travers ce
processus.
1.3.2-
Les effets de l'alphabétisation
L'alphabétisation ne sert pas simplement à
véhiculer des informations relatives au développement. Elle
constitue un puissant allié au développement surtout en ce qui
concerne la santé des populations. Notre préoccupation ici est de
chercher à savoir dans quelle mesure l'alphabétisation permet de
favoriser certains effets positifs pour améliorer la santé des
femmes.
Le ``savoir est pouvoir'', la capacité de lire et
d'écrire est la condition première de la participation à
la vie sociale et la prise de conscience de ses droits.
L'alphabétisation est non seulement la capacité de lire le mot
mais aussi celle de lire le monde [2]. Les effets dont il s'agit sont ceux
constatés et ceux qui sont censés se produire lorsque les femmes
sont alphabétisées.
1.3.2.1- Du point de vue de la perception et du comportement
Les modes de perception et de réflexion du
néo-alphabète changent. Goddy parlera d'une «nouvelle
technologie de l'intellect». L'alphabète acquiert et organise la
connaissance de la réalité ambiante autrement [2].
L'instruction contribue à ``resocialiser'' l'individu
et à le faire accéder à la modernité de sorte qu'il
tiendra à s'informer de ce qui se passe dans le monde et à jouer
un rôle actif de citoyen, attacher du prix à l'éducation et
à la compétence technique, s'efforcer d'améliorer sa
situation économique, accorder de l'importance à la
responsabilité individuelle et reconnaître la valeur de la
planification de la famille, approuver le changement social [2].
1.3.2.2- Sur le plan socio-culturel
L'alphabétisation confère une plus grande
autonomie et des droits plus importants aux catégories
défavorisées sur le plan de la condition sociale et du pouvoir,
notamment les groupes minoritaires et les femmes [2]. L'alphabétisation
permet une ouverture sur des horizons culturels nouveaux. Elle sert à
travers l'imprimé d'accéder aux formes et aux créations
culturelles des peuples éloignés et de ne pas être
limité à une culture exclusivement orale et locale.
1.4- CLARIFICATION DES
CONCEPTS
Il s'agit de donner une définition
opérationnelle des concepts clés que nous avons utilisés
dans notre développement. Nous entendons ainsi faciliter la
compréhension de notre thématique et permettre d'avoir une vision
plus précise de la nature de notre recherche et la démarche qui
la sous-tend.
1.4.1-
Education
Selon le temps et le contexte, ce thème a revêtu
plusieurs sens.
Durkheim [2] la définit comme «l'action
exercée par les générations adultes sur celles qui ne sont
pas encore mûres pour la vie sociale. Elle a pour objet de susciter et de
développer chez l'enfant un certain nombre d'états physique,
intellectuel et moral que réclame de lui la société
politique dans son ensemble, et le milieu social auquel il est
particulièrement destiné».
Cette approche est assez restrictive dans la mesure où
l'éducation ne s'arrête pas qu'à l'enfant ; les
concepts d'éducation permanente et d'andragogie qui prennent en compte
l'encadrement des adultes, sont de plus en plus évoqués.
Pour Lê Than Koï [2] «l'éducation est
l'ensemble des processus qui forment les hommes et les préparent
à leur rôle dans la société».
Cette définition de Koï semble plus
méliorative car elle prend en compte aussi bien l'enfant que l'adulte.
Selon Joseph Leif, «l'éducation est la mise en
oeuvre des moyens propres à former, à développer
physiquement, affectivement, intellectuellement, socialement, moralement un
enfant, un adolescent par l'exploitation, l'orientation, la valorisation des
ressources de son être» [2].
De ces trois clarifications conceptuelles, on peut
déduire qu'éduquer quelqu'un, c'est le façonner sur le
plan à la fois physique, intellectuel et comportemental afin de lui
permettre de mener une vie sociale conforme aux normes de sa
société.
Le mot éducation est de plus en plus employé
dans un sens beaucoup plus étendu pour désigner l'ensemble des
influences que la nature ou les autres hommes peuvent exercer soit sur
l'intelligence, soit sur la volonté d'un individu. Ainsi
appréhendé, le terme est assimilé à un ensemble
plus vaste : l'éducation permanente qui recouvre plusieurs formes
qui sont entre autres l'alphabétisation, l'éducation des
adultes.
1.4.2-
Education des adultes
Elle est « l'ensemble des processus organisés
par lesquels toute personne considérée comme adulte dans la
société ou la culture à laquelle elle appartient,
développe ses aptitudes, enrichit ses connaissances, améliore sa
qualification technique ou professionnelle, la réoriente et suscite des
changements dans ses attitudes et ses comportements, dans la double perspective
d'un développement social, économique et culturel
équilibré et indépendant» [10].
1.4.3-
Alphabétisation
De manière élémentaire, c'est l'action
d'enseigner la lecture, l'écriture et le calcul dans une langue
donnée. Le concept a donné lieu à de nombreuses
définitions mais pour l'essentiel, toutes se résument à la
capacité pour un individu de comprendre un texte imprimé et de
communiquer par l'imprimé. Elle est le processus par lequel on
amène une personne analphabète à apprendre à lire,
à écrire et à calculer en vue de l'utilisation des
connaissances acquises pour une meilleure participation à la vie
communautaire.
Ainsi, selon l'UNESCO, un alphabète est une personne
capable de lire, écrire en le comprenant un exposé simple et bref
de fait en rapport avec sa vie quotidienne.
L'alphabétisation débouche en principe sur la
post-alphabétisation, phase de l'activité intellectuelle du
néo-alphabète qui peut s'adonner à la lecture et à
la recherche. A cette étape, le néo-alphabète fait
l'exercice des connaissances et compétences acquises qu'il renforce.
Selon, le Conseil des Activités Educatives du Bénin (CAEB) [10],
«la post-alphabétisation doit donc permettre au
néo-alphabète de perfectionner ses connaissances, de les
réinvestir dans des situations de vie courante, mais aussi de
créer, avec sa participation active et consciente un environnement
social, culturel et économique favorable à l'exercice par lui des
compétences et des responsabilités acquises grâce à
l'alphabétisation». Nous distinguons trois grands types
d'alphabétisation.
1.4.3.1- L'alphabétisation traditionnelle ou
classique
Cette alphabétisation a pour objectif l'enseignement de
la lecture, de l'écriture et du calcul afin de permettre au
néo-alphabète d'accéder à la communication
écrite ou imprimée dans une langue. Pour Ahodékon [10],
cette alphabétisation s'adresse souvent à des masses et des
groupes compacts.
Dans ce contexte, l'apprenant est considéré
comme n'ayant pas de préoccupation personnelle importante. On lui
apprend essentiellement à savoir lire, écrire et compter/calculer
en se basant sur les réalités les plus banales de la vie, sans
alors tenir compte de ses besoins et de ses activités.
L'alphabétisation traditionnelle a un caractère
ponctuel. Elle est mise en oeuvre sans aucune étude de milieu
préalable des besoins, et se base sur des thèmes
généraux qui pourront servir les initiateurs (politique,
religion). Elle ne permet pas une continuité ou une consolidation des
acquis de sorte qu'à la fin les personnes alphabétisées
retombent dans l'illettrisme après quelques temps. Elle ne
considère pas les données telles que l'âge, l'effectif, le
sexe, les niveaux, la motivation et le cadre de déroulement. Cet
état de chose entraîne des contraintes et réduit
considérablement le bénéfice que chacun devrait tirer
individuellement de cette formation. Etant un processus de formation à
sens unique dans lequel seul le formateur détient le savoir, on note une
passivité quasi-totale imposée aux participants. Le programme des
séances est donc imposé et par ricochet l'apprenant ne participe
pas à l'élaboration. Cette forme d'alphabétisation ignore
la promotion technique durable des populations locales.
1.4.3.2- Alphabétisation conscientisante
Conçue par le Brésilien Paulo FREIRE en 1961,
l'alphabétisation conscientisante avait pour objectifs, entre autres, de
faire prendre conscience aux populations opprimées de leurs conditions
de masses exploitées. La méthode de FREIRE s'appuie d'abord sur
une analyse politique du système socio-économique du milieu dans
lequel elle doit s'appliquer ; contrairement à la méthode
traditionnelle qui s'appuie sur un monologue incitant à la
mémorisation. Les membres du groupe opprimé (et apprenants)
assistés d'un animateur, se livrent à un examen critique d'une
situation qui les préoccupent et sont amenés ensuite dans un
renversement idéologique, les poussant à être «sujets
créateurs» au lieu d'être seulement «objets». La
méthode utilisée est le dialogue, le médium étant
la langue maternelle des apprenants.
1.4.3.3- L'alphabétisation fonctionnelle
Elle vise la communication à l'apprenant d'une
connaissance qui lui suggère un comportement afin qu'il puisse agir en
faveur du milieu dans lequel il vit et, sur lui-même. Ce concept a
été lancé et défini en 1965 à
Téhéran, lors du Congrès des Ministres de l'Education des
pays du Tiers Monde. Ce type d'alphabétisation cherche à
accroître la production et la productivité des analphabètes
à travers l'apprentissage de la lecture, l'écriture et le calcul.
Il faut qu'elle soit le fruit d'un projet de développement ; et
parte dans un premier temps d'une étude du milieu pour recenser les
besoins des populations et tous les aspects des problèmes. Le programme,
les stratégies et les moyens d'action de cette forme
d'alphabétisation sont définis de manière concertée
avec la population sur la base des problèmes rencontrés dans la
vie socioprofessionnelle. Elle suppose un dépassement de l'apprentissage
rudimentaire de la lecture et de l'écriture. L'analphabète qui
suit cet enseignement, peut s'intégrer socialement et
économiquement dans un monde nouveau où les progrès
techniques et scientifiques exigent de plus en plus de connaissance et de
spécialisation. C'est une contribution à la libération de
l'homme et à son plein épanouissement ; tout en
créant les conditions indispensables à une prise de conscience
critique des contradictions et des objectifs de la société dans
laquelle l'homme vit.
L'alphabétisation fonctionnelle se distingue de celle
traditionnelle dans la mesure où elle permet de considérer
l'analphabète apprenant comme un individu en situation de groupe, en
fonction d'un milieu donné dans une perspective de développement.
Au cours de l'action d'alphabétisation, l'individu apprend à
défendre ses droits au moment même où le groupe tout entier
comprend la nécessité de formuler ses besoins et de prendre ses
responsabilités face aux problèmes sociaux, économiques et
culturels. Ici, la formation n'est pas à sens unique comme c'est le cas
en alphabétisation traditionnelle. Le bénéficiaire est
actif et participe bien aux séances parce que les enseignements
répondent à ses besoins. Elle prône les compétences
techniques, professionnelles et culturelles des populations.
1.4.4-
Santé
Selon l'Organisation Mondiale pour la Santé (OMS),
«la santé est un état de complet bien-être physique,
mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou
d'infirmités» [13].
1.4.4.1- Santé communautaire
En référence à cette définition de
l'OMS, la santé communautaire est un état de bien-être
physique, mental et social d'un groupe. Elle regroupe les bonnes pratiques
liées à l'hygiène alimentaire, domestique, la vaccination,
les soins pré et post natals, la médication.
2.1-
TYPE D'ETUDE
Cette étude est de type transversal et analytique. Elle
vise à étudier la mise en oeuvre des programmes
d'alphabétisation notamment leur efficacité face aux questions de
santé des populations en général, et celle des femmes en
particulier.
2.2-
POPULATION D'ETUDE
Les sujets qui constituent la population d'étude sont
les femmes alphabétisées en milieu urbain, formées par
l'ONG Association des Femmes Alphabétiseures de Cotonou (AFAC), et
celles encadrées par l'ONG Recherches, Actions Communautaires,
Initiatives pour un Nouvel Espoir (RACINES), les alphabétiseur(e)s et
les autorités chargées de l'alphabétisation ou
responsables de programme de ces structures.
2.3-
ECHANTILLONNAGE
2.3.1-
Technique d'échantillonnage
Ø Echantillonnage des sites
Nous avons utilisé ici la méthode probabiliste.
Cette démarche se justifie par le fait que les sites ne sont que les
zones d'intervention des ONG avec lesquelles nous avons fait le travail. Elles
disposent des centres d'alphabétisation et d'animation dans certains
quartiers des arrondissements de Cotonou. Nous avons pris au hasard certains
quartiers où se trouvent les centres d'alphabétisation. Ainsi,
nous avons un centre à Xwlacodji dans la zone portuaire
5ème arrondissement, un à Avotrou dans le
1er arrondissement, un à Vèdoko,
9ème arrondissement et un à Sègbèya dans
le 3ème arrondissement.
Ø Echantillonnage des responsables de programmes
Nous les avons désignés grâce à la
méthode non probabiliste avec la technique de choix raisonné. Il
faut simplement être responsable de programme d'alphabétisation et
d'éducation des adultes dans les ONG AFAC ou RACINES pour être
dans cette cible.
Ø Les alphabétiseurs et animateurs
C'est la méthode non probabiliste qui nous a permis de
les identifier. Ensuite par la technique de choix par commodité nous
avons pu retenir ceux qui étaient présents pendant la
période d'enquête et qui pouvaient nous aider dans le travail.
Ceci se justifie par le fait que les structures étaient en fin de
campagne annuelle au moment de nos enquêtes et seuls ceux qui
étaient disponibles ont pu participer.
Ø Les femmes
Ce sont les femmes alphabétisées ou suivant
encore les programmes développés par les ONG. Elles ont
été choisies par commodité avec la méthode non
probabiliste. Elles ont été organisées en des groupes de
six (06) à dix (10) pour le focus group discussion.
2.3.2-
Taille de l'échantillon
Les femmes alphabétisées sont celles de ces deux
ONG. Nous avons pris dans les centres où se déroulent les
séances. Nous avons ensuite quelques maîtres ou maîtresses
alphabétiseurs et les animateurs qui encadrent les activités au
niveau de ces centres. Les autorités ou responsables de programmes
d'alphabétisation sont en nombre plus réduit. C'est pourquoi la
taille de l'échantillon varie d'un groupe cible à un autre comme
l'indique le tableau ci-après :
Tableau n°1 : Taille de l'échantillon
Population d'étude
|
Population totale
|
Echantillon
|
Les femmes
|
77
|
77
|
Les alphabétiseur(e)s
|
08
|
04
|
Les autorités
|
04
|
02
|
TOTAL
|
89
|
83
|
2.4-
TECHNIQUES DE COLLECTE DES DONNEES
Pour collecter les données, les techniques
d'investigation utilisées sont l'analyse documentaire, l'enquête
exploratoire et l'entretien avec les sujets sélectionnés. Pour
chacune de ces techniques, nous avons utilisé comme outils
respectivement, l'observation directe, la fiche de dépouillement, le
guide d'entretien.
2.4.1-
L'enquête exploratoire
Elle nous a amené dans certains arrondissement de
Cotonou où nous avons pu toucher du doigt la réalité de la
nécessité d'utiliser l'alphabétisation et
l'éducation pour amener les femmes à améliorer leurs
comportements en matière de santé communautaire.
2.4.2-
L'analyse documentaire
Ici nous avons dépouillé les documents de base
pour la conception, les objectifs, le contenu et les méthodes,
l'essentiel de la documentation existante sur les programmes en
alphabétisation et en éducation des femmes à Cotonou par
les ONG AFAC et RACINES.
2.4.3-
L'interview
Elle nous a permis notamment de collecter des informations
tant auprès des femmes alphabétisées qu'auprès des
responsables des programmes. Elle a été faite par focus group discussion avec les
femmes.
2.4.4-
Le déroulement de l'enquête
L'enquête s'est déroulée dans la ville de
Cotonou. Elle a durée du mardi 02 au jeudi 18 août 2005. Les
informations ont été recueillies sur du support audio et du
support papier préalablement préparé.
2.4.5-
Le traitement des données
Pour le traitement des informations recueillies, nous avons eu
à :
- dépouiller les propos recueillis,
- procéder par catégorie à la
transcription intégrale et au regroupement de toutes les données
recueillies qui semblent représenter le point de vue de l'ensemble des
personnes interviewées.
- analyser le contenu et faire ressortir les grands centres
d'intérêts des résultats obtenus.
2.4.6 - Difficultés rencontrées
Tout au long de nos recherches, nous avons constaté la
promptitude, la disponibilité, le bon accueil et le soutien aussi bien
des autorités et animateurs des ONG que des femmes.
Cependant, certaines difficultés majeures ont
atténué notre volonté de mener des investigations plus
approfondies. Il s'agit essentiellement de quelques facteurs de contre
performance liés au temps et à la mobilisation des femmes. AFAC
était déjà en fin de campagne pour l'année en
cours, d'où toutes les peines de revoir facilement les
maîtres/maîtresses alphabétiseur(e)s et certains
responsables. En outre, la plupart des ouvrages spécifiques
nécessaires à notre étude n'étaient pas facile
d'accès. En conséquence, toutes les consultations devraient se
faire sur place au regard du caractère dit confidentiel de certaines
publications ; cette situation nous a contraint à effectuer
plusieurs déplacements au siège des ONG à Cotonou,
à passer de longues heures dans leurs centres de documentations.
Pour nos entretiens, ils ont été
réalisés avec beaucoup de peine en raison de
l'indisponibilité parfois prolongée de certains responsables et
agents concernés par l'étude. De même nous avons dû
faire fasse au refus de certaines personnes de se faire enregistrer au cours de
l'entretien, malgré les tentatives de conviction et d'assurance que nous
avons données pour la confidentialité des informations qu'ils
nous livrent.
En dépit de toutes ces difficultés
susmentionnées, nous sommes tout de même parvenus à obtenir
des résultats exploitables.
3.1- PRESENTATION DES RESULTATS
Selon notre démarche méthodologique, nous avons
réalisé une recherche documentaire complétée par
trois guides d'entretien qui ont été administrés aux
différentes composantes de la population d'étude. Nous avons
à cet effet :
- un premier et un second guide d'entretien qui ont
été adressés respectivement à deux autorités
ou responsables de programme et cinq animateurs ou
maîtres/maîtresses alphabétiseurs des ONG AFAC et RACINES.
- ensuite un troisième guide d'entretien
adressé à 28 femmes suivant les cours d'alphabétisation et
participant aux activités de ces mêmes ONG.
Après avoir dépouillé les données,
nous avons présenté les résultats par objectif
spécifique. Ainsi, la synthèse se présente comme suit.
3.1.1-
Analyse des objectifs des programmes
· Au niveau de l'ONG AFAC
Nous avons consulté les documents de formation qui sont
les trois livrets (tome 1, tome 2 et tome 3) utilisés en
alphabétisation initiale, ``lire, écrire et parler le fon'', le
manuel de formation AFAC. Nous avons constaté que certains d'entre eux
contiennent les objectifs liés à la formation.
Dans le document élaboré pour les cours de la
post-alphabétisation, les objectifs ne sont pas non plus clairement
spécifiés. En outre, dans les documents consultés, nous
n'avons observé aucune particularisation des objectifs par rapport aux
femmes. Bien plus, les préoccupations de santé communautaire de
cette même couche de la population ne sont pas exprimées.
Les entretiens que nous avons eu avec le responsable du
programme de cette même structure nous a permis d'avoir d'autres
objectifs tels l'épanouissement de la femme, son autonomisation, son
indépendance pour la participation aux affaires publiques. Ces objectifs
ne figurent pas dans les documents précités qui pour la plupart
(les livrets de l'alphabétisation initiale) sont édités
par la DNAEA.
En ce qui concerne les animateurs des centres
d'alphabétisation, ils ont confirmé les objectifs
déjà énumérés par le responsable du
programme. Ces animateurs ont confié que c'est au cours de la formation
des formateurs qu'on leur apprend à exploiter les documents. Ils ont mis
un accent sur l'importance de l'alphabétisation des femmes comme
étant des actrices clé du processus de développement. Pour
ce qui concerne les préoccupations sanitaires des femmes, aucun
animateur ne l'a exprimé en terme d'objectifs dans les programmes
développés.
· Au niveau de l'ONG RACINES
Dans cette structure, nous avons eu accès à un
seul document intitulé ``Manuel de formation de santé des femmes
leaders''. Dans ce document, les objectifs sont clairement formulés et
orientés vers la question de la santé communautaire des femmes
vivant en milieu urbain (Cotonou).
Les résultats issus de l'entretien avec le responsable
de programme sont les mêmes que ce qui est consigné dans le manuel
en mettant un accent sur le choix des femmes comme cibles de ce programme.
Quant aux animateurs du programme, ils sont allés
au-delà en ajoutant que la formation permet d'accroître la
connaissance des femmes sur les priorités de santé de l'OMS et
les outiller pour les questions de santé communautaire. Enfin, le milieu
de vie des bénéficiaires qui est la ville (Cotonou), n'a aucune
place dans la formulation des objectifs.
Nous illustrons dans les tableaux qui suivent l'existence et
la connaissance des objectifs par les responsables et les animateurs.
Tableau N°2 : L'existence des objectifs dans les
cinq (05) documents consultés
Existence des objectifs dans les documents
|
Nombre de documents
|
OUI
|
01
|
NON
|
04
|
Nous remarquons qu'il n'y a qu'un seul document qui contient
les objectifs clairement définis.
Tableau N°3 : Connaissance des objectifs par les
deux responsables et les cinq animateurs
Objectifs connus
|
Nombre des animateurs
|
OUI
|
04
|
NON
|
00
|
Le constat est que tous les animateurs connaissent bien les
objectifs et l'expriment dans la mise en oeuvre du programme.
Tableau N°4 : Synthèse sur l'existence des
objectifs dans les documents ou sa connaissance par les responsables et
animateurs
Sources
|
Nombre
|
Documents (n= 5)
|
01
|
Responsables (n= 2)
|
02
|
Animateurs (n= 4)
|
04
|
Total (n= 11)
|
07
|
3.1.2-
Analyse du contenu
Le contenu à proposer aux bénéficiaires
de ce programme doit prendre en compte les objectifs à atteindre, qui
regroupent les objectifs institutionnels et opérationnels. Dans ce
cadre, nous avons en alphabétisation deux phases qui sont
l'alphabétisation initiale et la post-alphabétisation.
L'alphabétisation initiale a pour objectif
l'enseignement de la lecture, de l'écriture et du calcul afin de
permettre au néo-alphabète d'accéder à la
communication écrite ou imprimée dans une langue. Dans les
documents utilisés par l'ONG AFAC, les programmes
développés en alphabétisation initiale contiennent des
notions sur:
- l'alphabet en langue nationale,
- la lecture,
- l'écriture,
- le calcul.
- l'initiation au français oral
La post-alphabétisation est la seconde phase de
l'activité intellectuelle du néo-alphabète qui peut
s'adonner à la lecture et à la recherche. A cette étape,
le néo-alphabète fait l'exercice des connaissances et
compétences acquises qu'il renforce. Ainsi, le contenu du programme
prend en compte :
- l'utilisation de la calculatrice,
- la traduction des textes d'actualité
- la lecture suivie de débats
- le comptage et la conversion des monnaies
Les domaines de connaissance abordés ne sont pas
explicites dans les documents. Ainsi, on ne remarque pas distinctement quelle
connaissance est transmise à travers un cours. Nous n'avons pas eu
accès au détail de ces contenus par chapitre de cours.
Au niveau de RACINES, le contenu des séances
est :
- en nutrition, il y a l'alimentation
équilibrée, la ration alimentaire, l'allaitement maternel, la
malnutrition, le sevrage, les aliments altérés.
- la protection maternelle et infantile, comprend la
vaccination, les consultations pré et post natales, la physiologie de la
femme, le planning familial, l'évolution de la grossesse,
l'hygiène de vie de la femme enceinte et de la nourrice, la surveillance
de la croissance de l'enfant, les soins au nouveau-né, l'interruption
volontaire de la grossesse.
- enfin pour l'hygiène nous avons l'hygiène
corporelle et vestimentaire, l'hygiène de milieu, l'hygiène
alimentaire et de l'eau, la diarrhée, la déshydratation, le
choléra, le paludisme.
Le document « Manuel de formation de santé
des femmes », décrit les différentes démarches
à suivre par les animateurs au cours des séances tout en
proposant les matériels didactiques à utiliser pour transmettre
le message.
Par ailleurs, les femmes interrogées au niveau des deux
structures, ont abordé vaguement les notions apprises. Nous avons
constaté qu'elles ont du mal à identifier et différencier
les domaines de connaissance. Elles étaient 67 femmes, sur les 77,
capables de donner des détails sur les leçons, notamment au cours
de l'alphabétisation initiale.
Mais pour les animateurs, les notions abordées couvrent
beaucoup de domaines. Elles portent sur la santé, la
décentralisation, l'éducation, les activités
génératrices de revenus, l'instruction des enfants surtout des
filles, l'environnement, l'hygiène, la nutrition. Leurs réponses
ne diffèrent pas de celles des responsables de programmes. Toutefois,
elles n'ont pas été très explicites sur ce que recouvrent
même ces notions.
Nous parvenons à la conclusion que les programmes n'ont
pas clairement défini les champs de connaissances à couvrir au
cours des campagnes d'alphabétisation. Mais par rapport à chaque
leçon, l'animateur a été formé pour attirer
l'attention des participants sur les éléments à
connaître dans cette leçon. Dans le détail, les contenus
des programmes ne se retrouvent pas dans les documents et n'ont pas
été abordés au cours des interviews.
En outre, les besoins des femmes en général et
ceux relatifs à la santé ne figurent pas explicitement dans les
documents. Il s'en suit donc que le contenu des programmes
d'alphabétisation n'aborde pas directement les besoins sanitaires des
femmes et de surcroît n'apporte pas de précision sur les exigences
de la vie en milieu urbain. Ils répondent pour le moment mieux à
l'objectif institutionnel qui est l'éradication de
l'analphabétisme. Le tableau ci-après met en relief les sources
qui nous ont permis d'avoir un contenu plus précis.
Tableau N°5 : Appréciation de l'existence du
contenu des programmes en fonction des différentes sources
Sources
|
Existence de contenu
|
Documents (n=5)
|
01
|
Responsables (n=2)
|
02
|
Animateurs (n=4)
|
04
|
Femmes (n=77)
|
67
|
Total (n=88)
|
74
|
Sur les cinq documents consultés, un seul contient de
façon détaillée le contenu des programmes proposés
aux participants ; en outre toutes les femmes ne connaissent pas
explicitement les notions apprises dans les centres.
3.1.3-
Les méthodes utilisées en alphabétisation
En ce qui concerne les méthodes utilisées, les
différents animateurs interrogés au sein des deux ONG, nous ont
confiés unanimement que c'est la méthode participative avec les
principes andragogiques nécessaires qui est appliquée. Elle
consiste à laisser les apprenants décrire les images
présentées à elles ; après quoi viennent des
interrogations pour ouvrir un débat. Les animateurs utilisent parfois
des stratégies pour amener celles qui ne participent pas trop à
donner leur point de vue tout en évitant de frustrer celles qui
interviennent plus fréquemment. Rappelons que les séances sont
faites selon la stratégie de communication soutenue par des images.
Cette méthode éveille les femmes et leur permet d'apprendre la
prise de parole en public et leur capacité d'imagination et de
réflexion s'améliore.
Pour l'apprentissage de la lecture et de l'écriture,
les documents ont proposé la méthode syllabique qui consiste
à apprendre les mots par syllabe et la méthode globale qui vise
à faire connaître un mot dont les lettres sont connues au sein
d'un texte. La combinaison de ces deux méthodes est appelée
méthode mixte. Elle facilite la compréhension des notions et
permet à l'apprenant de retenir ce qui est appris à partir des
exemples liés à sa vie quotidienne.
Cette déclaration a été confirmée
par toutes les femmes (100%) qui ne trouvaient aucune objection à la
méthode utilisée par les maîtresses alphabétiseures
et les animateurs. Pour elles, ils font de leur mieux pour faciliter
l'apprentissage et la connaissance des notions aux adultes qu'elles sont.
Tableau N°6 : La méthode utilisée par
les animateurs au cours des séances d'animation
Méthode participative
|
Nombre
|
Oui
|
04
|
Non
|
00
|
La méthode participative est celle utilisée par
toutes les structures dans lesquelles nous avons mené notre
étude.
Tableau N° 7 : Appréciation des femmes sur
les méthodes utilisées
Satisfaction par rapport aux méthodes
utilisées
|
Nombre
|
Oui
|
77
|
Non
|
00
|
Toutes les femmes ont affirmé être satisfaites de
la méthode utilisée par les animateurs.
3.1.4-
Les points de faiblesse des programmes par rapport aux besoins des femmes en
matière de santé
Si les besoins en matière de santé sont plus
exprimés dans les documents de RACINES, tels que décrits plus
haut, il reste que toutes les femmes des autres ONG n'ont pas accès
à ces connaissances.
Les alphabétiseurs de l'ONG AFAC nous ont confié
que ce sont les thèmes des livrets conçus par la DNAEA qui sont
développés. Mais en post-alphabétisation, l'ONG AFAC
dispose d'un programme propre à elle qui prend en compte en partie les
besoins socio-sanitaires des femmes. Il n'y a pas eu assez d'explications sur
ces thèmes car ils nous ont cité simplement, la santé,
l'environnement, l'éducation, la décentralisation, les
activités génératrices de revenus. Dans les deux
structures, les animateurs et responsables ont estimé largement
suffisant le contenu proposé aux participants en général
et aux femmes en particulier.
Par contre, les femmes elles-mêmes au cours des
entretiens n'ont pas su clairement exprimer ces besoins. Pour elles, les
notions de santé sont abordés et leur sont utiles dans leur vie
quotidienne. Elles n'ont pas exprimé un manque de connaissance par
rapport aux notions qui leur sont enseignés.
Dans les programmes d'alphabétisation, il n'existe pas
des rubriques consacrées à ces thèmes. Toutefois, on y
fait recours par moment ou selon que le cours aborde un aspect ou un autre
relatif à ces thèmes. Autrement dit, si par exemple, la
leçon du jour présente l'image d'un bébé,
l'animateur profite pour aborder quelques principes liés aux bonnes
conditions de vie du bébé avant et après sa naissance.
Il se dégage ainsi, que les points de faiblesse de ces
programmes par rapport aux besoins identifiés en santé pour les
femmes sont entre autres la question de prise en charge de la santé
maternelle et infantile, la médication. Ces préoccupations ne se
retrouvent pas assez développées pour leur permettre
d'acquérir les connaissances nécessaires à
l'amélioration de leur santé.
3.1.5-
Les suggestions pour l'amélioration des méthodes et du contenu
Certains animateurs ont proposé sur la base des
expériences, que l'ONG AFAC mette un accent particulier sur
l'alphabétisation fonctionnelle pour mieux couvrir les domaines
d'activités génératrices de revenus des femmes et trouver
d'autres thèmes précis qui répondent encore mieux aux
besoins des femmes sur les plans social, économique et sanitaire. Ceci
pourrait contribuer à faire reculer la réalité de la
pauvreté qui empêche beaucoup de femmes de bien suivre les cours
d'alphabétisation.
Pour les femmes, la plupart ont souhaité qu'un accent
particulier soit mis sur l'aspect de la santé communautaire car tout le
reste en dépend. D'autres, tout en soutenant cette suggestion ont voulu
que l'apprentissage du français fondamental soit ajouté et que
cela devienne systématique dès le début des
séances. Il est à noter que les points de vue sont assez
divergents par rapport aux besoins ; comme présenté par le
tableau suivant.
Tableau N°8: Répartition des femmes en
fonction des domaines de besoins exprimés pour améliorer les
programmes
Besoins des femmes pour améliorer les programmes
(n=77)
|
Nombre
|
Santé
|
25
|
Français
|
16
|
Economie et gestion
|
20
|
Autres
|
12
|
RAS
|
04
|
La prépondérance des besoins se retrouve en
français (16/77). Toutefois les besoins en gestion et celles qui se
sentent satisfaites déjà par les programmes (20/77) ne sont pas
à négliger.
3.2-
ANALYSE ET COMMENTAIRE DES RESULTATS
Notre recherche a pour but d'étudier les objectifs des
programmes d'alphabétisation et d'éducation des adultes femmes
notamment au plan sanitaire face aux exigences du milieu urbain. Pour se faire,
nous l'avons subdivisée en des objectifs spécifiques dont la
réalisation nous a conduit vers les acteurs concernés.
Un objectif est un état futur désiré par
rapport à une situation jugée insatisfaisante auquel doit
conduire une/des actions. Selon, R. F. Mager, c'est une intention
communiquée par une déclaration qui décrit la modification
que l'on désire provoquer chez l'apprenant, déclaration
précisant en quoi l'apprenant aura été transformé,
une fois qu'il aura suivi tel ou tel enseignement [25]. L'objectif est
identifié à partir des besoins dont la satisfaction
transformerait l'apprenant. Pour formuler un objectif, il faut partir des
besoins identifiés chez les bénéficiaires et prendre en
compte leurs aspirations, analyser les moyens disponibles et les
méthodes à utiliser pour atteindre les objectifs formulés.
La concrétisation de l'objectif doit prendre par un programme de
formation.
Un programme de formation ne saurait être le
résultat d'une accumulation non sélective des connaissances au
cours des siècles, mais il devrait être façonné de
manière sélective en fonction du but pédagogique à
atteindre. Dans ce cadre, c'est en vue de corriger les comportements qui sont
en mesure de retarder le processus de développement et d'amener les
populations, quelque soit leur niveau de vie, à participer au
changement ; en commençant par elles-mêmes [25]. Un programme
est l'aboutissement de la définition des tâches et doit
découler de l'identification et de l'étude des besoins, en tenant
compte des ressources disponibles et en indiquant de manière claire et
précise le type de changement attendu des participants aux programmes.
Ainsi, la dynamique à suivre pour concevoir les
programmes à proposer en alphabétisation aux adultes n'est pas
observée, au vu des résultats obtenus. Il s'en dégage
alors que le processus ne pourra pas atteindre les objectifs escomptés.
Pour BERNARDO B. I. A. [11] l'objectif des programmes d'alphabétisation
devrait induire des changements dans les habitudes des membres de la
communauté alphabètes ou non. Par ailleurs, l'évolution
d'une communauté par l'intégration d'un plus grand nombre de
pratiques fondées sur l'écrit transforme la façon dont les
membres conçoivent leur vie par l'intermédiaire de ces pratiques.
La définition de ces objectifs doit obéir
à la logique des besoins identifiés au sein des populations et
auxquels on veut tenter de trouver des solutions. Nous avons constaté
que les objectifs des programmes d'alphabétisation et d'éducation
des adultes sont bien formulés. Mais ils s'inscrivent dans le cadre des
objectifs institutionnels qui sont entre autres l'éradication de
l'analphabétisme de la population. Ces objectifs prennent le pas sur
l'activité et ne permet pas de prendre directement en compte les besoins
des participants. La preuve est que plusieurs femmes sont encore insatisfaites
malgré leur engagement à savoir lire et écrire dans leur
langue. Aussi, les réalités liées à la santé
ne sont-elles pas clairement abordées en général bien que
les programmes soient parfois orientés vers certains besoins des femmes.
Il faudrait définir également les objectifs intermédiaires
en fonction des cibles et en tenant compte de leurs besoins spécifiques.
Les objectifs ne devraient pas rester figés dans le temps mais une
évaluation périodique des effets de ces actions doit conduire
à une réorientation et une actualisation des connaissances
à transmettre aux éducants.
En outre, bien que la DEPOLINA [13] ait prévu que ce
soit plus par nécessité que les campagnes soient lancées,
la spécificité du milieu urbain ne fait l'objet d'aucune
préoccupation particulière. La question de
l'analphabétisme dans les grands centres urbains comme Cotonou reste
moins perceptible par les autorités qui en ont la responsabilité.
Aussi, l'analphabétisme est-il beaucoup plus perçu comme
étant l'apanage des milieux ruraux alors que le phénomène
de l'exode rural a fait envahir les grandes villes de cette même
population analphabète à la quête du mieux être.
En effet, à Cotonou, malgré la
disponibilité et l'accessibilité relatives des infrastructures
nécessaires à une "atmosphère lettrée", les
populations issues de l'exode rural en général et les femmes en
particulier (15 ans et plus), n'ont pas les moyens d'intégrer le
système formel d'éducation. Il n'existe cependant pas une
structure prête à les accueillir et à leur assurer de
façon systématique, une éducation adaptée à
leur mode de vie et leurs activités socio-économiques. Elles
commencent très trop une vie conjugale sans aucune préparation
préalable aux exigences de ce nouveau monde. Elles s'exposent et, par
ricochet, exposent toute la famille aux risques des mauvaises pratiques
liées à l'ignorance des principes sanitaires par exemple.
Dès que les objectifs sont bien formulés et
adaptés aux besoins identifiés, le contenu des programmes
pourrait refléter le type de connaissance à transférer en
fonction des changements attendus des bénéficiaires. En outre,
les questions telles que la lecture des notices de médicaments, le
respect des rendez-vous consignés dans les carnets de santé des
femmes, la posologie des médicaments quand il y en a plusieurs ne sont
pas encore réglées, malgré ce qui est proposé.
Rappelons que déjà des efforts sont faits dans ce domaine par
l'invention de quelques signes conventionnels par les agents de santé
pour aider les femmes. Enfin, les conditions de vie des femmes en milieu urbain
qui exigent beaucoup d'elles pour leur survie et leur épanouissement, ne
figurent pas dans les objectifs et par conséquent, le contenu n'en tient
pas compte.
Les contenus tels que développés dans les
documents officiels ne sont que la résultante des objectifs
formulés en amont. Nous remarquons ici l'adéquation entre
objectif et contenu sur des problèmes à régler. Mais les
contenus ne donnent pas clairement de précision sur les notions d'ordre
sanitaire à développer dans le déroulement du programme.
Ces contenus devraient intégrer de nos jours les dimensions liées
au quotidien de la femme ; car elle occupe un rôle central dans
notre société. Le bien-être de la famille,
l'éducation familiale des enfants, les activités domestiques et
surtout la prise en charge et la gestion des problèmes de santé
de tous les membres d'une famille etc. relèvent des compétences
et du savoir-faire de la femme. Mais sans une connaissance adéquate,
elle ne saurait bien remplir ses devoirs sans risques de compromettre la
santé de la famille. Pour Mbow P. [20], l'alphabétisation trouve
sa raison d'être dans l'amélioration du niveau de vie des femmes.
L'accès aux informations et aux systèmes de communication
prennent de l'ampleur dans un contexte alphabétisé : une
mère incapable de lire la notice d'un médicament pour la
réhydratation par voie orale (RVO) perd plus facilement son enfant.
L'échec du planning familial au Sénégal est à
chercher du côté de l'analphabétisme des femmes.
L'alphabétisation et l'éducation des adultes
restent le seul créneau où elles peuvent acquérir des
connaissances utiles. Les questions de santé maternelle et infantile, la
santé de la reproduction, le contrôle de la grossesse, les visites
pré et post natales, la médication, constituent des domaines
assez sensibles où une formation adéquate est nécessaire
pour y faire face.
Mais au cours de nos enquêtes, nous avons
remarqué qu'il faut profiter souvent de l'occasion d'une autre
connaissance à donner pour aborder ces questions de santé. Il se
pose la question de l'aptitude de chaque animateur à bien aborder
l'élément en question.
En outre, les femmes participant à ces programmes ne
sont pas toutes satisfaites des savoirs donnés car elles estiment qu'il
y a encore des choses à leur faire connaître. Les études
ayant conduit à l'identification des besoins sur lesquels les objectifs
ont été formulés et les contenus proposés, ne sont
plus les mêmes de nos jours. Il se pose alors le problème de
l'actualisation des programmes sur la base des nouveaux besoins ou des
exigences du milieu où est exécuté le programme. Le
contenu des programmes ne s'adapte plus aux besoins présents des
bénéficiaires. Les savoirs transmis sont aussi fonction de
l'état d'avancement dans le programme en cours. Ainsi, il y a des
besoins sanitaires à des moments donnés qui ne sont pas
suffisamment comblés. On note que chacune de ces ONG, compte tenu de son
programme d'activités périodiques à exécuter dans
le temps peut parfois avancer sans que les notions n'aient induit le changement
attendu.
L'éducation des adultes requiert des principes que
doivent connaître et savoir pratiquer les intervenants dans le domaine.
Un adulte a déjà des expériences et toute connaissance
à lui transmettre doit se faire dans une situation d'échange, de
partage et de dialogue. L'animateur n'est pas le détenteur de tout
savoir pour se faire maître de la séance. Les théories de
l'animation des adultes proposent plusieurs variantes en fonction des cibles et
du savoir à acquérir. La communication soutendue par image, le
théâtre de développement, le système d'apprentissage
opérationnel (SAO), la communication pour un changement de comportement
(CCC) sont très adaptés aux situations que vivent les femmes en
milieu urbain. Par exemple, dans le cadre d'une recette pour l'alimentation
équilibrée des enfants, on demande aux femmes, après avoir
identifié les composantes d'un repas équilibré, de le
faire sur place pour rendre plus concret ce qui est enseigné. Il est
nécessaire de les informer de tous les substituts de certains
ingrédients en fonction des coûts et de la disponibilité.
Les résultats de notre enquête nous montrent que
les méthodes utilisées par les acteurs permettent aux
participantes de pouvoir retenir plus avec un peu d'effort les savoirs transmis
et de les appliquer dans leur vie quotidienne. Nous estimons que la
méthode est bien adaptée à cette cible ; car la
communication par image dans une approche participative facilite la
rétention des notions apprises et de leur mise en application. La
méthode utilisée par les structures chargées de
l'alphabétisation convient bien à l'atteinte d'objectifs. Les
femmes seraient capables d'acquérir et de mettre facilement en pratique
les connaissances reçues au cours de ces séances.
Mais, la notion de participation des
bénéficiaires n'est pas bien perçue dans la conception de
ces programmes, car ces femmes ne sont qu'à une phase du processus
à savoir l'identification des besoins. Leur adhésion est
sollicitée au cours de la phase d'exécution des activités.
C'est ce qui justifie que ce soit 71,42% des femmes interrogées qui
soient capables de citer les éléments abordés au cours des
séances ; alors que ce contenu est connu à 100% des
responsables et des animateurs. La flexibilité de l'animateur à
adapter sa séance l'aspiration des adultes est aussi
caractéristique des principes de l'andragogie.
Il est important de mettre en place un système
d'évaluation des acquis suivant une docimologie adaptée aux
adultes. Les insuffisances des programmes développés de nos jours
dans le cadre de l'alphabétisation dénotent d'une mauvaise
identification des besoins et une non adaptation à l'évolution
des besoins sociaux et actuels des cibles.
Ces résultats obtenus nous permettent d'affirmer que
l'objectif général de notre recherche est atteint. Le cadre
d'étude choisi qui est la ville de Cotonou est une
référence pour l'analyse des grands phénomènes
sociaux tels que la question de l'alphabétisation des femmes en milieu
urbain. Notre population d'étude qui prend en compte les femmes qui
suivent ces programmes et les responsables de programmes et animateurs des ONG
ayant l'éducation des adultes notamment l'alphabétisation comme
activités, nous a permis de recueillir des données pertinentes
qui reflètent la réalité du milieu.
Fort de cette situation, il est assez dubitable de
considérer que des questions de santé communautaire soient
intégrées sans ambages dans ces programmes qui sont
élaborés. Nous reconnaissons l'effort déployé par
les ONG telles que AFAC et RACINES, qui essaient de suppléer à
cette défaillance de l'autorité gouvernementale. Toutefois, leurs
moyens tant financiers que matériels étant limités, elles
n'arrivent pas à bien répondre à toute la sollicitation de
la cible. C'est pourquoi, il reste encore des points de faiblesse dans les
programmes développés surtout dans le domaine sanitaire.
L'autonomie des femmes dans ce domaine dépend de la formation qu'elles
ont reçue en participant à ces programmes. Il manque en partie
l'aspect du suivi des effets induits par les séances au cours des
campagnes pour l'amélioration des conditions de vie des femmes. La
maîtrise des thèmes prioritaires de l'OMS en matière de
santé qui sont la nutrition, l'hygiène et la protection
maternelle et infantile, ne saurait être l'apanage d'une ONG dans le
souci d'aider une grande couche de la population urbaine. Il urge alors que les
séances d'IEC développées par l'ONG RACINES soient
extensibles aux femmes suivant les programmes de AFAC dans le cadre d'un
partenariat entre les deux structures.
Pour répondre au mieux aux exigences d'une telle
recherche, nous avons consulté les travaux déjà
réalisés dans le domaine. Ici, le constat a été
qu'aucun auteur ne s'est préoccupé explicitement de la
contribution de l'alphabétisation à l'amélioration de la
santé communautaire des femmes. Toutefois, en répondant aux
besoins dans d'autres domaines, certains auteurs ont balisé le chemin
pour émettre et développer une pareille réflexion.
Notre travail peut, au vu des difficultés que nous
avons rencontrées sur le terrain au cours de l'enquête proprement
dite, contenir des biais. Les différents acteurs interrogés ne
nous ont peut-être pas toujours donné les informations telles
qu'elles se présentent dans la mesure où on constate un
écart entre leurs pratiques et les notions qu'elles sont
supposées maîtriser. Par ailleurs, les responsables de ces
programmes probablement par soucis d'arranger l'image de leur structure, nous
ont empêché d'avoir accès à des informations qui
seraient d'une utilité certaine dans notre travail. Des animateurs ont
opposé un refus à l'enregistrement sur support audio de
l'entretien que nous avons eu avec eux en avançant quelques alibis
d'ordre professionnel. Les ONG craignaient de laisser à la portée
d'une personne étrangère à leur structure des documents
dits confidentiels tels que les fiches de contrôle ou cahier de
l'animateur.
Malgré ces imperfections, les résultats auxquels
nous sommes parvenus dépeignent la réalité de
l'exécution des programmes d'alphabétisation et
d'éducation des adultes.
3.3-
CONCLUSION
Faire une analyse des objectifs, du contenu et des
méthodes des programmes d'alphabétisation et d'éducation
des adultes tels que exécutés au Bénin de nos jours,
paraît un travail assez ambitieux. Cependant, nous avons pu, à
partir des écrits qui ont traité en partie de la question,
ébaucher un tremplin vers une analyse transversale de ces programmes par
rapport à la nécessité de leur contribution à la
santé communautaire des femmes.
Les multiples dimensions du processus de développement
ne sauraient être proprement abordées sans la question
récurrente de la santé. Il reste de nos jours que
l'éducation des adultes en général et
l'alphabétisation en particulier constitue un canal pour
véhiculer les connaissances nécessaires à la population
dans ce domaine. Ainsi, ceux qui n'ont pas suivi le processus formel
d'éducation et qui représentent la grande frange de notre
population pourront acquérir les schèmes de comportements
nécessaires à l'amélioration de leur santé. Il urge
de ce fait que ces réalités soient assez explicites dans les
programmes proposés aux apprenantes au cours des campagnes
d'alphabétisation. Les structures gouvernementales et non qui se sont
assignées cette tâche doivent mieux tenir compte de la
nécessité d'oeuvrer en synergie non seulement pour atteindre un
plus grand nombre de femmes en milieu urbain, mais aussi suivre les effets de
leurs actions dans les changements attendus de la population. Ceci doit
transparaître clairement dans la formulation des objectifs, la conception
du contenu des programmes. L'hypothèse de notre recherche qui est
l'insuffisance du contenu des programmes pour permettre aux femmes
d'acquérir toutes les connaissances devant améliorer leur
santé se trouve ainsi vérifiée. De la même
manière, les méthodes à utiliser pour la transmission de
ces savoirs doivent répondre aux normes et exigences de l'andragogie.
3.4-
SUGGESTIONS
Au terme de cette analyse et face à la place qu'occupe
la santé dans le processus de développement, nous
suggérons pour améliorer les programmes d'alphabétisation
disponibles actuellement.
- Au gouvernement
· accentuer et rendre systématique
l'alphabétisation bilingue français fondamental/langue nationale
pour une efficience dans la lutte contre l'analphabétisme ; ceci
permettra aux populations de mieux contribuer à l'effort de
développement tout en réglant leurs propres besoins surtout
socio-sanitaires ;
· faciliter la réorientation des programmes vers
les autres besoins des femmes; pour qu'elles participent plus activement tout
en s'épanouissant dans tous les domaines sociaux pour rendre
l'alphabétisation plus fonctionnelle ;
· faire de l'éducation à la santé un
tremplin pour corriger les mauvaises habitudes existantes dans les processus de
transmissions de savoirs au cours des campagnes ;
Aux ONG
· développer des partenariats avec d'autres ONG
pour se compléter dans certaines activités ;
· faire suivre régulièrement aux formateurs
des stages sur de nouvelles approches de communication pour mieux
réussir leur mission ;
· adapter les programmes aux besoins des populations de
façon périodique pour plus d'efficacité et de
fonctionnalité des activités;
· planifier le suivi des alphabétisés pour
observer l'effet des programmes dans leur vie.
(NB : Notre bibliographie est présentée
selon l'ordre numérique d'apparition des documents dans le texte)
1- PNUD
Rapport sur le Développement Humain au Bénin.
Cotonou ; 2002.
2- Bocco R.
Problématique de l'alphabétisation et de la
réduction de la pauvreté au Bénin.
Mémoire pour l'obtention du Diplôme de CPJA.
INJEPS/UAC ; 2002.
3- INSAE, RGPH.
Cotonou ; 2002.
4- Ministère de l'Intérieur de la
Sécurité et de la Décentralisation
Mission de Décentralisation
Présentation des communes.
Cotonou ; juillet 2003.
5- PNUD
Rapport sur le Développement Humain au Bénin.
Cotonou ; 2001.
6- Ministère Chargé de la Coordination de
l'Action Gouvernementale de la Prospective et du Développement
Commission Nationale De Lutte contre la Pauvreté
Document de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté au Bénin (2002-2004), vol.1.
Cotonou ; 2002.
7- UNESCO-AFRIQUE
N°6, Mars 1993,
Dakar.
8- UNFPA
Rapport National sur l'état et le devenir de la
population du Bénin (REP 2002), la santé de la
reproduction : défis et perspectives.
Cotonou ; Août 2003.
9- Développement + Coopération.
N°1/1990.
10- Ahodékon S.C.
La communication et l'éducation des adultes dans les
programmes de développement communautaire,
Thèse de doctorat unique.
Université d'Abomey-Calavi ; 2005.
11- Bernardo A. B. I.,
L'alphabétisation et la pensée.
Paris : l'harmattan, 1999.
12-Hamadache A. & Martin D.
Théorie et pratique de l'alphabétisation.
Ottawa : UNESCO, 1988.
13- Ministère de la Culture de l'Artisanat et du
Tourisme,
DNAEA, DEPOLINA.
Cotonou ; 2002.
14- Ministère de la Culture et de la Communication
Direction de l'Alphabétisation,
Rapport final du Séminaire National sur la
redéfinition des objectifs et stratégies d'alphabétisation
et d'éducation des adultes.
Cotonou, 1992.
15- UNESCO
Rapport général de la 5ème
Conférence Internationale sur l'Education des Adultes (CONFINTEA).
Education des adultes et Développement, N°49.
Hambourg ; 1997.
16- Afrik T.
Femmes analphabètes et pauvreté extrême.
UNESCO-AFRIQUE, N°6, Mars 1993, Dakar.
17- Meyer B.
L'analphabétisme de la femme et les valeurs sociales en
Algérie,
Développement + Coopération ; 1990
N°1 ; pp 11-14.
18- Abalot E.J. & Gomez H.A.
Alphabétisation fonctionnelle et développement
humain au Bénin : une contribution sexo-spécifique.
Revue Scientifique, Université de Lomé ;
2002.
19- UNESCO
Fascicules des ateliers de la 5ème
Conférence Internationale sur l'Education des Adultes (CONFINTEA),
Hambourg ; 1997.
20- Mbow P.
Analphabétisme, pauvreté des femmes : cas
du Sénégal, UNESCO-AFRIQUE, Mars 1993, N°6 ; Dakar.
21- UNICEF
Enfants et femmes, avenir du Bénin.
Cotonou ; 1998.
22- OMS
Santé et scolarisation des filles in Trait d'union,
N°3 janvier - juin 2002,
23- IRC
Services de santé environnementale dans les villes
africaines,
Delft ; 1998.
24- OUENDO E. M.
Cours d'éducation à la santé.
INJEPS/JA ; 2004-2005.
25- OMS
Guide pédagogique pour les personnels de santé,
Genève, 1981.
26- INSAE, RGPH,
Cotonou ; 1992.
Autres documents
Ø Dictionnaire de Développement durable,
1ère éd.
OIF, 2004.
Ø Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et
l'Agriculture (FAO)
Les jeunes contre la faim.
Rome, 1999.
Ø Houansou T.
Etude des déterminants de la prévention des
grossesses non désirées par les méthodes contraceptives
modernes chez les adolescents et les jeunes célibataires à
Cotonou.
Mémoire de Maîtrise en santé publique.
IRSP/UNB ; 2000.
Ø « Langues et Projets de
développement, Culture du développement ».
Séminaire CODESRIA, Dakar, juin 1989.
Ø Ministère Chargé de la Planification de
la Prospective et du Développement /Système des Nations Unies,
1er Rapport sur les Objectifs du Millénaire
pour le Développement.
Cotonou ; 2003.
Ø PNUD
Education des filles et développement durable.
Trait d'union, N°3 janvier - juin 2002, pp 12-14.
Ø Sossou J.
Exploitation des ressources naturelles et problématique
du développement humain durable : cas de l'exploitation du gravier
à Houéyogbé (Mono).
Mémoire de fin de 4ème année
universitaire.
INJEPS/UAC ; 2003.
Sites web:
www.iiz-dw.de
www.nlhp.cpha.ca
www.recherche.alphaplus.ca
www.thp.org
www.ixquick.com
Université d'Abomey-Calavi
Institut National de la Jeunesse,
(UAC) de
l'Education Physique et du Sport
(INJEPS)
Secteur :
Jeunesse et Animation
Option : Andragogie
Guide d'entretien
Cibles :
Ce guide d'entretien s'adresse aux autorités ou
Responsables de programmes d'alphabétisation et d'éducation des
adultes
Questions :
1. Quels sont les objectifs que visent les cours ?
2. Quel est le contenu des programmes ?
3. Comment se fait le cours ?
Université d'Abomey-Calavi
Institut National de la Jeunesse,
(UAC) de
l'Education Physique et du Sport
(INJEPS)
Secteur :
Jeunesse et Animation
Option : Andragogie
Guide d'entretien
Cibles :
Ce guide d'entretien s'adresse aux animateurs des
programmes d'alphabétisation et/ou d'éducation des adultes
(animateurs, maîtres/maîtresses alphabétiseur(e)s
1. Quels sont les objectifs que visent les cours ?
2. Comment se fait le cours ?
3. Quelles sont vos appréciations des méthodes
utilisées ?
4. Quels sont les domaines de connaissance abordés par
les cours ?
5. Que faut-il ajouter selon vous au cours
d'alphabétisation ?
6. Avez-vous des propositions en complément aux
programmes actuels?
Université d'Abomey-Calavi
Institut National de la Jeunesse,
(UAC) de
l'Education Physique et du Sport
(INJEPS)
Secteur :
Jeunesse et Animation
Option : Andragogie
Guide d'entretien
Cibles :
Ce guide d'entretien s'adresse aux femmes qui ont fini ou qui
suivent les programmes d'alphabétisation et/ou d'éducation des
adultes.
Questions :
Ø Qu'apprenez-vous dans les centres
d'alphabétisation ?
Ø Quelle est, pour vous, l'utilité de ces
cours ?
Ø Quelles sont vos appréciations des
méthodes utilisées ?
Ø Quels sont les domaines de connaissance
abordés par les cours ?
Ø Quelles sont selon vous, les notions qui ne sont pas
abordées ?
Ø Quels sont vos besoins actuels qui ne sont pas
tellement abordés ?
Ø Etes-vous satisfaites des notions reçues en
santé ?
Ø Que voulez-vous connaître d'autres sur votre
santé ?
Ø Quel est l'effet des notions de santé que vous
recevez ?
Ø Comment appliquez-vous ces notions dans votre vie
quotidienne ?
Ø Que faut-il ajouter selon vous au cours
d'alphabétisation ?
Ø Avez-vous des propositions en complément aux
programmes actuels?
DEDICACE
...................................................................................................
-4-
REMERCIEMENTS
.......................................................................................
-5-
SIGLES ET ACRONYMES
..........................................................................
-6-
Sommaire
3
Dédicace
4
Remerciements
5
Sigles et Acronymes
7
INTRODUCTION
8
JUSTIFICATION DU CHOIX DU THEME
9
1.1 - CADRE DE L'ETUDE
12
1.1.1- Le Bénin
12
1.1.2- La ville de Cotonou
12
1.1.2.1- Données géographiques
12
1.1.2.2- Données démographiques
13
1.1.2.3- Données socio-culturelles
13
1.1.2.4- Données
socio-économiques
13
1.1.2.5- Environnement institutionnel
14
1.2- ENONCE DU PROBLEME
15
1.2.1- Hypothèse de la recherche
19
1.2.2- Objectif général
19
1.2.2- Objectifs spécifiques
20
1.3- REVUE DE LITTERATURE
20
1.3.1- Relation entre éducation,
alphabétisation et santé
28
1.3.2- Les effets de l'alphabétisation
29
1.3.2.1- Du point de vue de la perception et du
comportement
29
1.3.2.2- Sur le plan socio-culturel
30
1.4- CLARIFICATION DES CONCEPTS
30
1.4.1- Education
30
1.4.2- Education des adultes
31
1.4.3- Alphabétisation
32
1.4.3.1- L'alphabétisation traditionnelle ou
classique
32
1.4.3.2- Alphabétisation conscientisante
33
1.4.3.3- L'alphabétisation fonctionnelle
34
1.4.4- Santé
35
1.4.4.1- Santé communautaire
35
2.1- TYPE D'ETUDE
37
2.2- POPULATION D'ETUDE
37
2.3- ECHANTILLONNAGE
37
2.3.1- Technique d'échantillonnage
37
2.3.2- Taille de l'échantillon
38
2.4- TECHNIQUES DE COLLECTE DES DONNEES
39
2.4.1- L'enquête exploratoire
39
2.4.2- L'analyse documentaire
39
2.4.3- L'interview
39
2.4.4- Le déroulement de l'enquête
40
2.4.5- Le traitement des données
40
2.4.6 - Difficultés rencontrées
40
3.1- PRESENTATION DES RESULTATS
42
3.1.1- Analyse des objectifs des programmes
42
3.1.2- Analyse du contenu
44
3.1.3- Les méthodes utilisées en
alphabétisation
47
3.1.4- Les points de faiblesse des programmes par
rapport aux besoins des femmes en matière de santé
49
3.1.5- Les suggestions pour l'amélioration
des méthodes et du contenu
50
3.2- ANALYSE ET COMMENTAIRE DES RESULTATS
51
3.3- CONCLUSION
58
3.4- SUGGESTIONS
59
INTRODUCTION
- 2 -- 7 -- 7 -
JUSTIFICATION DU CHOIX DU THEME
- 2 -- 8 -- 9 -
1.1 - CADRE DE L'ETUDE
- 2 -- 11 -- 12 -
1.1.1- Le Bénin
- 2 -- 11 -- 12 -
1.1.2- La ville de Cotonou
- 2 -- 11 -- 12 -
1.1.2.1- Données géographiques
- 2 -- 11 -- 12 -
1.1.2.2- Données démographiques
- 2 -- 12 -- 13 -
1.1.2.3- Données socio-culturelles
- 2 -- 12 -- 13 -
1.1.2.4- Données
socio-économiques
- 2 -- 13 -- 14 -
1.1.2.5- Environnement institutionnel
- 2 -- 13 -- 14 -
1.2- ENONCE DU PROBLEME
- 2 -- 15 -- 16 -
1.2.1- Hypothèse de la recherche
- 2 -- 19 -- 20 -
1.2.2- Objectif général
- 2 -- 19 -- 20 -
1.2.2- Objectifs spécifiques
- 2 -- 19 -- 20 -
1.3- REVUE DE LITTERATURE
- 2 -- 20 -- 21 -
1.3.1- Relation entre éducation,
alphabétisation et santé
- 2 -- 28 -- 29 -
1.3.2- Les effets de l'alphabétisation
- 2 -- 28 -- 29 -
1.3.2.1- Du point de vue de la perception et du
comportement
- 2 -- 29 -- 30 -
1.3.2.2- Sur le plan socio-culturel
- 2 -- 29 -- 30 -
1.4- CLARIFICATION DES CONCEPTS
- 2 -- 30 -- 31 -
1.4.1- Education
- 2 -- 30 -- 31 -
1.4.2- Education des adultes
- 2 -- 31 -- 32 -
1.4.3- Alphabétisation
- 2 -- 31 -- 32 -
1.4.3.1- L'alphabétisation traditionnelle ou
classique
- 2 -- 32 -- 33 -
1.4.3.2- Alphabétisation conscientisante
- 2 -- 33 -- 34 -
1.4.3.3- L'alphabétisation fonctionnelle
- 2 -- 33 -- 34 -
1.4.4- Santé
- 2 -- 34 -- 35 -
1.4.4.1- Santé communautaire
- 2 -- 35 -- 36 -
2.1- TYPE D'ETUDE
- 2 -- 37 -- 38 -
2.2- POPULATION D'ETUDE
- 2 -- 37 -- 38 -
2.3- ECHANTILLONNAGE
- 2 -- 37 -- 38 -
2.3.1- Technique d'échantillonnage
- 2 -- 37 -- 38 -
2.3.2- Taille de l'échantillon
- 2 -- 38 -- 39 -
2.4- TECHNIQUES DE COLLECTE DES DONNEES
- 2 -- 39 -- 40 -
2.4.1- L'enquête exploratoire
- 2 -- 39 -- 40 -
2.4.2- L'analyse documentaire
- 2 -- 39 -- 40 -
2.4.3- L'interview
- 2 -- 40 -- 41 -
2.4.4- Le déroulement de l'enquête
- 2 -- 40 -- 41 -
2.4.5- Le traitement des données
- 2 -- 40 -- 41 -
2.4.6 - Difficultés rencontrées
- 2 -- 40 -- 41 -
3.1- PRESENTATION DES RESULTATS
- 2 -- 43 -- 44 -
3.1.1- Analyse des objectifs des programmes
- 2 -- 43 -- 44 -
3.1.2- Analyse du contenu
- 2 -- 46 -- 47 -
3.1.3- Les méthodes utilisées en
alphabétisation
- 2 -- 48 -- 49 -
3.1.4- Les points de faiblesse des programmes par
rapport aux besoins des femmes en matière de santé
- 2 -- 50 -- 51 -
3.1.5- Les suggestions pour l'amélioration
des méthodes et du contenu
- 2 -- 51 -- 52 -
3.2- ANALYSE ET COMMENTAIRE DES RESULTATS
- 2 -- 52 -- 53 -
3.3- CONCLUSION
- 2 -- 60 -- 61 -
3.4- SUGGESTIONS
- 2 -- 61 -- 62 -
- 69 --
ANNEXES
_________________________________________________......................................................................................65