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La délinquance juvénile: comparaison et synthèse

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par Taoufik Bouyablane
Université Hassane II - Mohammadia - Maroc - Licence en droit privé 2006
  

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Chapitre2. Les facteurs d'influence sur la personnalité du mineur:

Afin de mieux cerner le concept de jeunesse et d"adolescence dans une société en général, il paraît utile de définir les cadres et les milieux de croissance dans lesquels les adolescent se socialisent et influencent leur personnalité.

I. Facteurs pédagogiques:

L'étude des facteurs pédagogiques est incontournable pour bien comprendre la personnalité d'un mineur et encore plus d'un mineur en conflit avec la loi.

A. La famille:

La famille est le creuset de l'éducation et de la transmission des valeurs, à travers l'image complémentaire de deux adultes qui sont les parents. Cette vision idyllique courres de moins en moins à la réalité; les difficultés des couples, l'augmentation des familles monoparentales ont largement affaibli ce mécanisme d'identité.

1. Selon la qualité de sa composition:

L'environnement familiale: à une influence qui semble universellement admise.

Les parents: "la cause de tout le mal", des parents qui négligent leurs enfants, qui les privent de soins, qui leurs donnent de mauvais exemples, parents ivrognes et/ou criminelles. Ainsi que des parents qui doivent être excusés: des parents qui vivent dans de petites logis, des parents qui sont au travail toute la journée... cette sensibilité à la responsabilité de ce genre de parents n'occupe pas une grande place dans l'esprit des sociétés modernes.

71,26% 1,93%

2,19% 3,35%

18,04% 2,32%

0,90%

Famille normale (l'existance des 2 parents)

Famille normale polygamique

L'un des 2 parents est remarié Famille éclatée temporairement Famille éclatée définitivement Praisence d'un tuteur

Famille inexistante

Types de familles dont il a issu un jeun délinquant au moins; 1998.

L'ignorance de la mère, sa déviance, l'absence ou la démission du père sont aussi des facteurs déterminants qui contribuent à grossir les rangs des jeunes délinquants. Le risque augmente aussi quand les parents ne contrôlent pas ce que font leurs enfants dans les lieux publics et à l'école. Le jeune a besoin d'être rassuré. On doit lui donner l'amour dont il a besoin et surtout lui faire confiance afin de lui permettre d'évoluer, et aussi le pousser à participer à des activités. Il se sentira très utile et fière d'accomplir des tâches. Si le jeune refuse d'admettre ses fautes et continu à faire fausse route, les sanctions ne doivent pas forcément être très sévères.

Dans ce cadre, Mohamed Lididi, directeur des affaires civiles au ministère de la justice, estime que "les mesures prises à l'encontre des mineurs doivent être conçues comme étant des mesures protectrices et pédagogiques".

Pourquoi pas des mesures répressives envers les parents eux-mêmes. Là, le problème réside dans la façon d'intervenir de façon contraignante auprès des parents, alors même qu'il est contraire aux principes du droit pénal d'atteindre quelqu'un d'autre que l'auteur de l'infraction, c'est-à-dire le mineur.

2. Selon la quantité de ces membres:

92; 12%

381; 50%

27; 4%

41; 5%

217; 29

Fils unique (le jeune délinquant)

De 2 à 3 enfants

De 4 à 7 enfants

De 8 à 10 enfants

10 et plus

Nombre de frères dans une famille dont il a issu un jeun délinquant au moins; 19981s.

Le manque de conscience et de responsabilité dans l'organisation familiale chez certaines familles peut avoir des conséquences directes sur la délinquance de leurs rejetons. Le graphique au dessus affirme que dans les familles dont le nombre d'enfants entre 4 et 7 (50%), les enfant sont beaucoup plus menacés par la délinquance que dans les autres familles.

B. L'école:

Nul ne peut nier l'impacte de la scolarité sur la personnalité de l'enfant, d'où l'importance de la prise en considération de ce facteur dans le suivit du jeune délinquant.

34,48% 2,38% 5,68%

8,72% 36,46%

0,79% 1,45% 1,19%

8,85%

0 année

Ecole coranique

Repture de scolarité depuis 1 année Repture depuis + d' 1 année

Repture depuis + de 2 ans

Poursuite de scolarité avec retard de 3 ans Poursuite de scolarité avec retard de 2 ans Poursuite de scolarité avec retard d' 1 année Scolarité normale

Niveau de scolarité avant de commettre l6acte criminel; 199814

13 Journal statistique des établissements de sauvegarde de l'enfance; Edition 1998.

14 Journal statistique des établissements de sauvegarde de l'enfance; Edition 1998.

Selon l'histogramme au dessus, l'analphabétisme et l'échec scolaire forment deux facteurs essentiels dans la déviance des mineurs du droit chemin de la loi dans les 70,94% des cas.

De plus, l'instituteur, longtemps détenteur du monopole du savoir, ne bénéficie plus de la même considération. En outre, les mentalités ont évolués et mettent d'avantage l'accent sur les droits de l'enfant que sur ses obligations. On peut même ajouter la mutation des méthodes pédagogiques globalement intéressantes, a parfois débouché sur des dérives conduisant à un affaiblissement, voir même à la disparition de l'autorité des enseignants.

L'éducation nationale constitue un pilier de la société. Mais, aujourd'hui, elle est confrontée à des difficultés sans précédent. Un État digne de ce nom ne peut tolérer que l'école devienne parfois un lieu d'affrontement, quand elle doit au contraire jouer son rôle d'acquisition de connaissance, de culture et de valeur. Les phénomènes récents de violence scolaires ou, plus exactement, la prise de conscience de leur ampleur, permet d'espérer un rééquilibrage des méthodes éducatives favorisant un fonctionnement plus harmonieux d'une institution dont le rôle demeure fondamental.

C. La rue:

Forme une véritable sous-culture15, une sous-culture qui se présente comme un ensemble de codes d'un langage reconnu et décodé par les membres du même group ou bande. C'est par cette sous-culture qu'on entend la constitution de groupement sociaux au sein de la culture globale; ces groupements adhérent à des normes et des valeurs propres et distinctes de celles de la culture globale et entrent fréquemment en conflit avec cette dernière ou entre eux. Les conditions dans lesquelles ces sous-cultures apparaissent sont multiples, liées essentiellement à la désintégration culturelle, de sorte que la sous-culture s'écarte de la culture globale et devienne incapable de satisfaire les aspirations de l'adolescent et crée dans certains domaines de l'existence de nouvelles valeurs culturelles et de nouveaux modèles de comportements.

Mais ça concerne (la rue) surtout les bandes, car c'est dans la rue qu'ils se forment est existent. Elles y fonctionnent selon leurs propres règles internes. Avec ses critères de séduction, de hiérarchie et de pouvoir, la bande reste l'anti-modèle de la famille par excellence: plus souvent, elle rejette l'ordre social -surtout le modèle familial qui y est contesté en premier lieu-.

L'initiation y est fondamentale, elle est souvent le moment nécessaire à l'intégration d'un nouveau membre, fréquemment par le "défi" que les uns et les autres y trouvent l'occasion de s'évaluer respectivement et afin d'obtenir un statut; bien sûr que c'est du côté de la loi que le défi sera lancé. Un défi par lequel le nouvel arrivant aura à prouver qu'il est capable de prendre le risque.

15 Sidi Ahmed LAMSOURI; "Drogue, adolescence et milieu scolaire". Edition 1995.

D. Les médias:

Les médias augmentent le risque de délinquance en rapportant des modèles de violence dont l'influence est catastrophique et néfaste. On se souvient encore à Casablanca de cette vague de rapts d'enfants avec demande de rançon qui a plongé la ville dans la consternation et le désarroi durant l'été 1978, et qui était inspirée d'un feuilleton diffusé par la chaîne de télévision nationale.

Plus récente est l'affaire qui défraya la chronique en Angleterre l'automne dernier. Un jeune sujet britannique "comme il faut" tranquille et "sans problèmes" au point d'avoir obtenu l'autorisation de posséder une collection d'armes de guerre, s'est mis brusquement, un soir de septembre, à tirer au fusil d'assaut, sur tout ce qui bouge dans son village, provoquant une tuerie sans précédent dans la région. L'enquête devait dévoiler par la suite qu'il avait regardé le film Américain "RAMBO" et les psychiatres ont conclu qu'il s'était identifié à son héros déçu par la guerre du Vietnam !

Le culte de la violence et de la force physique, propagé par une certaine littérature et pour beaucoup de choses dans la criminalité. C'est ce que traduit l'attitude de certains délinquants qui se font appeler "JANGO", "RAMBO", "ZORRO" ou encore "le gaucher" etc.

La violence physique et sexuelle diffusée par le cinéma commercial ou une certaine presse à sensations ressuscite des instincts primitifs de l'homme que la civilisation a mis des millénaires à atténuer ou à faire disparaître.

II. Facteurs qui influencent la croissance:

Sont d'ordre social, psychique et environnemental, et ils forment avec les facteurs précédents la carte de la personnalité de future membre de société.

A. facteur social:

Les conditions sociales, n'apparaissent pas étrangères à la délinquance en général et à la délinquance juvénile en particulier.

Suite à l'urbanisation et à l'immigration qu'elles entraînent, les villes sont présentées comme des lieux qui, en raison de leur atmosphère morale moins pure que celle de la compagne, leurs quartiers mal famés sont décrits comme incitant aux habitudes vicieuses. Les publications immorales, sont accusées de contribuer à corrompre la jeunesse. La consommation d'alcool et de tabac trouve elle aussi une place de choix parmi les causes de la délinquance juvénile. Cela est pour ce qui concerne l'immigration à l'intérieur d'un même pays, mais qu'on est pour l'immigration trans-étatique?

C'est une source abondante en matière de conflit des cultures. En règle générale, jusqu'à l'âge adulte16, l'immigré est socialisé dans un milieu socioculturel différent de celui où il est transplanté plus tard. Les valeurs qui régissent sa communauté d'origine sont parfois très différents de celles de la communauté d'accueil. L'exemple frappant est celui d'un sicilien immigré aux USA qui avait tué le séducteur (14 ans) de sa fille et qui ne pouvait comprendre pourquoi on voulait l'arrêter à la suite de ce

16 En entend là par "adulte" la maturité intellectuel et non adulte au sens juridique du terme (18 ans).

meurtre destiné à défendre l'honneur de sa famille17. Dans le cas plus proche, celui des immigrés maghrébin, la déviance due au conflit de cultures intéresse moins la

1ère 2ème 3ème 1ère

que la et génération. En effet, la génération solidement marquée par sa culture d'origine réussit souvent à y trouver un refuge préservateur de la délinquance. En revanche, les dernières générations (nées dans le pays d'accueil) sont plus vulnérables, car elles se trouvent dès le départ profondément tiraillé entre deux systèmes de valeurs différents. Cette ambivalence douloureuse, amplifiée par

les mauvaises conditions d'intégration et par l'ostracisme peut engendrer des comportements anti-sociaux, et les actes de violence aperçue récemment dans les bons lieux parisiens en est le témoin.

B. facteur psychique:

L'aspect psychologique, au sens le plus large du terme, a fort longtemps s'est penché sur les aspects du phénomène criminel qui ressortissent de la pathologie mentale. Selon Pinatel18, la psychologie criminelle étudie l'intelligence, le caractère, les aptitudes sociales et les attitudes morales du délinquant.

Le fondateur de l'école anthropologique Cesare LOMBROSO, a classé les anomalies psychiques parmi les tares congénitales qui conduisent fatalement au crime en considérant que les actes honnêtes, sociaux ou antisociaux de l'Homme sont toujours le produit de son organisme psychologique et psychique.

Selon la thèse de LOMBROSO, un enfant naît et demeure idiot, incapable de comprendre et de respecter les limitations imposées à la liberté individuelle par la vie en commun, commettra tôt ou tard et volontiers des délits monstrueux.

A vrai dire, il serait injuste de ne pas reconnaître que cet aspect a été clairement aperçu par les criminologues constitutionnalistes, qui se sont efforcés de ne pas séparer le corps de l'âme. Mais leurs explications de meurent mécanistes et objectives. Etienne De Greeff leur a justement reproché de supposer "qu'un homme est le lieu où se passent certaines choses biologiques, sociales et psychologiques et que ses actions sont le résultat des choses qui se sont passées en lui", en sorte que son crime ne s'apparente pas tout à fait à une oeuvre humaine19. Or, selon De Greeff, "le criminel est avant tout un être humain qui ressemble bien plus aux autres humains qu'il n'en diffère. Comme les autres il construit sa vie, la dirige, se trompe, rectifie, s'exalte et souffre"20. Il ne devient criminel "qu'après une période de précriminalité au cours de laquelle le processus qui l'amènera à l'acte se fait dans sa pensée". Donc, selon De Greeff, sa pensée qu'il faut étudier.

Il s'agit d'abord d'étudier des délinquants vrais, c'est-à-dire des délinquants qui se rapprochent le plus du type humain normal, et qui sont par conséquent dépourvus de maladies mentales ou de tares biologiques fortement criminogènes. Car l'aliéné qui commet un crime n'est pas véritablement un délinquant, pas plus qu'un tigre ou un lion. Le délinquant est un homme comme les autres, et le dérèglement que

manifeste son comportement n'est pas un dérèglement pathologique. C'est

17 Thorsten Sellin; "Conflit culturels et société".

18 Bouzat et Pinatel; "Traité de droit pénal et de criminologie", tome 3, N° 9.

19 De Greeff, "Ames criminelles".

20 De Greeff, "Introduction à la criminologie".

dérèglement profondément humain, car "dans chaque homme couvent des penchants au crime"21.

Il s'agit donc de reconstituer le "monde intérieur" du délinquant afin de mettre à jour les composantes psychiques de leur mentalité "dissociale". Pour cela, il est incontournable d'étudier les perturbations psychiques du processus de socialisation et mettre en évidence le déséquilibre des fonctions vitales.

1. Les perturbations psychiques dus au processus de socialisation:

Une psychanalyse qui permet l'explication des traumatismes de l'inconscient. Elle notamment facilité l'étude du processus de formation de la personnalité, processus qui est conçu par les psychologues comme une "socialisation" progressive de l'individu, comme un "ajustement à l'entourage".

L'une des théories les plus éclairantes dans la voie d'une tentative de synthèse est celle du psychologue français Daniel Lagache, qui distingue deux phases essentielles dans cette élaboration de l'"antisocialité" ou de la "dissocialité": la phase initiale de "retrait" et la phase dit de "restitution"22.

a. Le retrait ou le refus de l'identification au groupe:

Freud, distingue dans l'appareil psychique plusieurs paries:

· Le "Ça": C'est une fonction de notre psychisme à laquelle nous faisons sans le savoir allusion lorsque nous disons "ça m'a pris tout d'un coup". C'est la plus ancienne de ces provinces ou instincts psychiques, elle comprend tout ce que l'être apporte en naissance, tout ce qui a été constitutionnellement déterminé.

· Le "Moi": Une organisation spéciale qui s'établit à partir de la couche corticale originelle et qui sert d'intermédiaire entre le "Ça" et l'extérieur. Le "Moi", est une partie du "Ça" ayant subit des modifications sous l'influence directe du monde extérieur. Il tend vers le plaisir et cherche à éviter le déplaisir.

· Le "Surmoi": Tandis que le "Ça" représente le psychisme transmis congénitalement, le "Surmoi" représente celui qui a été emprunté à autrui. C'est l'organe de la censure par le fait que c'est dans lui où s'accumulent au cours de la période de l'enfance les exigences, les interdictions, les jugements moraux que l'individu a acquis par son éducation.

Le "Moi" est donc au centre du conflit psychique et s'efforce de concilier les diverses exigences venant du "Ça" et du "Surmoi".

Les criminologues psychanalystes ont découvert dans les anomalies de ce mécanisme des pistes conduisant à l'explication de la délinquance. Partant de l'hypothèse très naturelle selon laquelle l'homme normal est celui dont le "Surmoi" empêche les tendances agressives, certains ont posé en principe que le criminel est dépourvu de "Surmoi", ou est affublé d'un "Surmoi" régressif, trop complaisant.

En définitive, le résultat de ces anomalies dans le processus de socialisation sera un échec des indentifications moralisatrices et du développement normatif des attitudes envers autrui. A l'issue de cette phase de "retrait", le sujet se révélera

21 Pompe; "L'homme criminel", édition Cujas, 1959.

22 2ème

Daniel Lagache; "Psychocriminogenèses", Rapport général au congrès international de
criminologie, 1950.

égocentriste et immature. Son égocentrisme se manifestera par son incapacité de juger d'un problème moral en se plaçant à un autre point de vue que personnel, par son absence de considération pour les autres. Son immaturité sera illustrée par son inaptitude à renoncer à une satisfaction immédiate en dépit de la menace d'une punition, et par l'insuffisance du contrôle émotionnel.

b. La restitution ou la tentative d'ajustement:

En se détachant d'un groupe, le délinquant en cherche un autre qui répond davantage à ses besoins d'identification et dans lequel sa conduite n'est plus ressentie comme une faute. De Greeff, en quelques pages saisissantes23 sur le "milieu choisi", a bien analysé cette démarche dont l'exemple le plus typique, selon lui, est l'évasion un milieu spécial tel que la légion étrangère ou la recherche des milieux d'allure criminelle.

Daniel Lagache lui, en creusant plus profondément dans cette direction, a dégagé les aspects "interpersonnels" et "intrapersonnels" des conduites criminelles:

? L'aspect interpersonnel: c'est la relation entre le délinquant et les groupes auxquels il participe, relation qui se résume dans l'attitude de l'individu vis-à-vis des "valeurs". Par l'acte criminel, le délinquant rejette ou détruit certaines valeurs communes au groupe dont il fait partie, mais en même temps il pose d'autres valeurs, celles d'un autre groupe auquel il s'intègre virtuellement ou en fait, en sorte que la conduite criminelle s'analyse toujours en une agression contre les valeurs d'un g rou pe.

? L'aspect intrapersonnel: c'est la relation entre la personne du délinquant et son acte, dont l'étude permet de comprendre la signification dynamique de la conduite criminelle. Car les comportements criminels sont pour la personnalité une "manière de se réaliser et de résoudre ses tensions": le sujet se défend contre un conflit inconscient en agissant au dehors son conflit. Le crime apparaît donc comme une fuite vers la réalité.

L'idée générale que l'on peut extraire est la suivante: le criminel se retire de la relation interhumaine et se désolidarise de ses buts habituels d'existence et d'activité dans la mesure où il se laisse envahir par la rancune contre celui ou ceux qu'il sent comme des êtres lui dérobant son droit au bonheur, à l'autonomie et à la liberté. Il se construit un monde de valeurs morales irréelles, en même temps qu'il se forge une vision également de sa victime. Ainsi, le crime apparaît comme une "catastrophe" issue d'une confrontation entre ces deux aspects.

2. Les fonctions incorruptibles:

Selon De Greeff, nous sommes tous des délinquants biologiques virtuels et inconscients, car notre système neuropsychologique nous transmet des incitations constantes à l'agressivité. La plus part des gens déjouent ces incitations et n'y succombent pas parce qu'ils on réussi à structurer une armature morale capable de les protéger contre ces impulsions automatiques. Les délinquants, eux, n'y sont pas parvenus. En termes plus scientifiques, il existe chez tout homme une "vie psychique de base" extrêmement dangereuse contre laquelle lutte.

23 Dans son ouvrage "Introduction à la criminologie".

La vie psychique de base est réglée par des fonctions instinctives et par des fonctions "incorruptibles" qui échappent complètement à la volonté. Ainsi, on peut les comparer à certaines fonctions physiologiques tel que les battements du coeur. Ces fonctions incorruptibles ne distinguent pas le "bien" et le "mal". Dans certaines conditions déterminées elles jouent sous l'impulsion de l'instinct de défense (théorie des instincts de De Greeff) et qui "ne jouent que lorsque l'être est en jeu"24.

C. facteur environnemental:

L'environnement récréatif et culturel joue un rôle non négligeable dans l'amplification des risques de déviance chez les mineurs.

Robert Park25 se fit ainsi le promoteur de l'analyse écologique qui, s'inspirant de l'écologie naturelle, visait à cerner les relations établies par les citadins avec le milieu matériel et humain dans lequel ils évoluent. Selon lui, la ville prend l'aspect d'une mosaïque de groupes sociaux qui se distribuent sur un territoire, ce qui contribue à en faire un espace de tensions puisqu'elle tend à recomposer et à transformer durablement les identités sociales préexistantes; c'est le "conflit de cultures"...

La notion de conflit de cultures implique l'existence de plusieurs cultures plus ou moins différentes dans un même espace social. Elle repose sur les concepts de culture, de norme et de conflit entre les cultures et les normes:

· La culture:

C'est la culture dans son sens large, le "sens ethnographique le plus étendu, désigne ce tout complexe comprenant à la fois les sciences, les croyances, les arts, la morale, les lois, les coutumes et les autres facultés et habitudes acquises par l'Homme en tant que membre de la société"26. En terme plus précis, l'ensemble des valeurs et des pratiques en vigueur dans une société donnée. Dans ce sens donc, "le peuple le plus primitif, le plus arriéré, le plus illettré et le moins éclairé possède une culture"27. Chaque société dotée d'une culture propre, présente sa façon à elle de s'adapter à son environnement. Mais, au sein de chaque même société, il peut exister plusieurs cultures différentes (les sous-cultures) qui désignent les cultures minoritaires moins dominantes par rapport à la culture majoritaire. Le conflit de culture naît de la cohabitation malaisée dans une même société, des normes opposées régissent les mêmes comportements.

· La norme:

C'est la règle qui détermine en terme de bien ou de mal comment il convient de se conduire dans une situation donnée. La ou les sources de la norme peuvent être divers, elle peut avoir un caractère éthique, religieux, coutumier ou légal, voir plusieurs à la fois, et également associée à une sanction qui peut aller d'une simple désapprobation sociale jusqu'au châtiment le plus cruel.

24 De Greeff dans deux de ses ouvrages: "Ames criminelles" et "Les fonctions incorruptibles dans l'oeuvre de Maeterlinck".

25 Park, Robert (1864-1944), sociologue américain.

26 Définition de Edward B. Taylor; "Primitive Culture".

27Thorsten Sellin; "Conflit culturels et société".


· Le conflit:

Il se déclanche lorsque des normes contradictoires commandent des situations identiques28, ceci engendre des heurts entre les systèmes de valeurs.

28 Thorsten Sellin; "Conflit culturels et société".

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams