Chapitre2. Les facteurs d'influence sur la
personnalité du mineur:
Afin de mieux cerner le concept de jeunesse et d"adolescence
dans une société en général, il paraît utile
de définir les cadres et les milieux de croissance dans lesquels les
adolescent se socialisent et influencent leur personnalité.
I. Facteurs pédagogiques:
L'étude des facteurs pédagogiques est
incontournable pour bien comprendre la personnalité d'un mineur et
encore plus d'un mineur en conflit avec la loi.
A. La famille:
La famille est le creuset de l'éducation et de la
transmission des valeurs, à travers l'image complémentaire de
deux adultes qui sont les parents. Cette vision idyllique courres de moins en
moins à la réalité; les difficultés des couples,
l'augmentation des familles monoparentales ont largement affaibli ce
mécanisme d'identité.
1. Selon la qualité de sa composition:
L'environnement familiale: à une influence qui semble
universellement admise.
Les parents: "la cause de tout le mal", des parents qui
négligent leurs enfants, qui les privent de soins, qui leurs donnent de
mauvais exemples, parents ivrognes et/ou criminelles. Ainsi que des parents qui
doivent être excusés: des parents qui vivent dans de petites
logis, des parents qui sont au travail toute la journée... cette
sensibilité à la responsabilité de ce genre de parents
n'occupe pas une grande place dans l'esprit des sociétés
modernes.
71,26% 1,93%
2,19% 3,35%
18,04% 2,32%
0,90%
Famille normale (l'existance des 2 parents)
Famille normale polygamique
L'un des 2 parents est remarié Famille
éclatée temporairement Famille éclatée
définitivement Praisence d'un tuteur
Famille inexistante
Types de familles dont il a issu un jeun délinquant au
moins; 1998.
L'ignorance de la mère, sa déviance, l'absence
ou la démission du père sont aussi des facteurs
déterminants qui contribuent à grossir les rangs des jeunes
délinquants. Le risque augmente aussi quand les parents ne
contrôlent pas ce que font leurs enfants dans les lieux publics et
à l'école. Le jeune a besoin d'être rassuré. On doit
lui donner l'amour dont il a besoin et surtout lui faire confiance afin de lui
permettre d'évoluer, et aussi le pousser à participer à
des activités. Il se sentira très utile et fière
d'accomplir des tâches. Si le jeune refuse d'admettre ses fautes et
continu à faire fausse route, les sanctions ne doivent pas
forcément être très sévères.
Dans ce cadre, Mohamed Lididi, directeur des affaires civiles
au ministère de la justice, estime que "les mesures prises à
l'encontre des mineurs doivent être conçues comme étant des
mesures protectrices et pédagogiques".
Pourquoi pas des mesures répressives envers les parents
eux-mêmes. Là, le problème réside dans la
façon d'intervenir de façon contraignante auprès des
parents, alors même qu'il est contraire aux principes du droit
pénal d'atteindre quelqu'un d'autre que l'auteur de l'infraction,
c'est-à-dire le mineur.
2. Selon la quantité de ces membres:
92; 12%
381; 50%
27; 4%
41; 5%
217; 29
Fils unique (le jeune délinquant)
De 2 à 3 enfants
De 4 à 7 enfants
De 8 à 10 enfants
10 et plus
Nombre de frères dans une famille dont il a issu un jeun
délinquant au moins; 19981s.
Le manque de conscience et de responsabilité dans
l'organisation familiale chez certaines familles peut avoir des
conséquences directes sur la délinquance de leurs rejetons. Le
graphique au dessus affirme que dans les familles dont le nombre d'enfants
entre 4 et 7 (50%), les enfant sont beaucoup plus menacés par la
délinquance que dans les autres familles.
B. L'école:
Nul ne peut nier l'impacte de la scolarité sur la
personnalité de l'enfant, d'où l'importance de la prise en
considération de ce facteur dans le suivit du jeune
délinquant.
34,48% 2,38% 5,68%
8,72% 36,46%
0,79% 1,45% 1,19%
8,85%
0 année
Ecole coranique
Repture de scolarité depuis 1 année Repture depuis
+ d' 1 année
Repture depuis + de 2 ans
Poursuite de scolarité avec retard de 3 ans Poursuite de
scolarité avec retard de 2 ans Poursuite de scolarité avec retard
d' 1 année Scolarité normale
Niveau de scolarité avant de commettre l6acte
criminel; 199814
13 Journal statistique des établissements de sauvegarde de
l'enfance; Edition 1998.
14 Journal statistique des établissements de sauvegarde de
l'enfance; Edition 1998.
Selon l'histogramme au dessus, l'analphabétisme et
l'échec scolaire forment deux facteurs essentiels dans la
déviance des mineurs du droit chemin de la loi dans les 70,94% des
cas.
De plus, l'instituteur, longtemps détenteur du monopole
du savoir, ne bénéficie plus de la même
considération. En outre, les mentalités ont évolués
et mettent d'avantage l'accent sur les droits de l'enfant que sur ses
obligations. On peut même ajouter la mutation des méthodes
pédagogiques globalement intéressantes, a parfois
débouché sur des dérives conduisant à un
affaiblissement, voir même à la disparition de l'autorité
des enseignants.
L'éducation nationale constitue un pilier de la
société. Mais, aujourd'hui, elle est confrontée à
des difficultés sans précédent. Un État digne de ce
nom ne peut tolérer que l'école devienne parfois un lieu
d'affrontement, quand elle doit au contraire jouer son rôle d'acquisition
de connaissance, de culture et de valeur. Les phénomènes
récents de violence scolaires ou, plus exactement, la prise de
conscience de leur ampleur, permet d'espérer un
rééquilibrage des méthodes éducatives favorisant un
fonctionnement plus harmonieux d'une institution dont le rôle demeure
fondamental.
C. La rue:
Forme une véritable sous-culture15, une
sous-culture qui se présente comme un ensemble de codes d'un langage
reconnu et décodé par les membres du même group ou bande.
C'est par cette sous-culture qu'on entend la constitution de groupement sociaux
au sein de la culture globale; ces groupements adhérent à des
normes et des valeurs propres et distinctes de celles de la culture globale et
entrent fréquemment en conflit avec cette dernière ou entre eux.
Les conditions dans lesquelles ces sous-cultures apparaissent sont multiples,
liées essentiellement à la désintégration
culturelle, de sorte que la sous-culture s'écarte de la culture globale
et devienne incapable de satisfaire les aspirations de l'adolescent et
crée dans certains domaines de l'existence de nouvelles valeurs
culturelles et de nouveaux modèles de comportements.
Mais ça concerne (la rue) surtout les bandes, car c'est
dans la rue qu'ils se forment est existent. Elles y fonctionnent selon leurs
propres règles internes. Avec ses critères de séduction,
de hiérarchie et de pouvoir, la bande reste l'anti-modèle de la
famille par excellence: plus souvent, elle rejette l'ordre social -surtout le
modèle familial qui y est contesté en premier lieu-.
L'initiation y est fondamentale, elle est souvent le moment
nécessaire à l'intégration d'un nouveau membre,
fréquemment par le "défi" que les uns et les autres y trouvent
l'occasion de s'évaluer respectivement et afin d'obtenir un statut; bien
sûr que c'est du côté de la loi que le défi sera
lancé. Un défi par lequel le nouvel arrivant aura à
prouver qu'il est capable de prendre le risque.
15 Sidi Ahmed LAMSOURI; "Drogue, adolescence et milieu scolaire".
Edition 1995.
D. Les médias:
Les médias augmentent le risque de délinquance
en rapportant des modèles de violence dont l'influence est
catastrophique et néfaste. On se souvient encore à Casablanca de
cette vague de rapts d'enfants avec demande de rançon qui a
plongé la ville dans la consternation et le désarroi durant
l'été 1978, et qui était inspirée d'un feuilleton
diffusé par la chaîne de télévision nationale.
Plus récente est l'affaire qui défraya la
chronique en Angleterre l'automne dernier. Un jeune sujet britannique "comme il
faut" tranquille et "sans problèmes" au point d'avoir obtenu
l'autorisation de posséder une collection d'armes de guerre, s'est mis
brusquement, un soir de septembre, à tirer au fusil d'assaut, sur tout
ce qui bouge dans son village, provoquant une tuerie sans
précédent dans la région. L'enquête devait
dévoiler par la suite qu'il avait regardé le film
Américain "RAMBO" et les psychiatres ont conclu qu'il s'était
identifié à son héros déçu par la guerre du
Vietnam !
Le culte de la violence et de la force physique,
propagé par une certaine littérature et pour beaucoup de choses
dans la criminalité. C'est ce que traduit l'attitude de certains
délinquants qui se font appeler "JANGO", "RAMBO", "ZORRO" ou encore "le
gaucher" etc.
La violence physique et sexuelle diffusée par le
cinéma commercial ou une certaine presse à sensations ressuscite
des instincts primitifs de l'homme que la civilisation a mis des
millénaires à atténuer ou à faire
disparaître.
II. Facteurs qui influencent la croissance:
Sont d'ordre social, psychique et environnemental, et ils
forment avec les facteurs précédents la carte de la
personnalité de future membre de société.
A. facteur social:
Les conditions sociales, n'apparaissent pas
étrangères à la délinquance en
général et à la délinquance juvénile en
particulier.
Suite à l'urbanisation et à l'immigration
qu'elles entraînent, les villes sont présentées comme des
lieux qui, en raison de leur atmosphère morale moins pure que celle de
la compagne, leurs quartiers mal famés sont décrits comme
incitant aux habitudes vicieuses. Les publications immorales, sont
accusées de contribuer à corrompre la jeunesse. La consommation
d'alcool et de tabac trouve elle aussi une place de choix parmi les causes de
la délinquance juvénile. Cela est pour ce qui concerne
l'immigration à l'intérieur d'un même pays, mais qu'on est
pour l'immigration trans-étatique?
C'est une source abondante en matière de conflit des
cultures. En règle générale, jusqu'à l'âge
adulte16, l'immigré est socialisé dans un milieu
socioculturel différent de celui où il est transplanté
plus tard. Les valeurs qui régissent sa communauté d'origine sont
parfois très différents de celles de la communauté
d'accueil. L'exemple frappant est celui d'un sicilien immigré aux USA
qui avait tué le séducteur (14 ans) de sa fille et qui ne pouvait
comprendre pourquoi on voulait l'arrêter à la suite de ce
16 En entend là par "adulte" la maturité
intellectuel et non adulte au sens juridique du terme (18 ans).
meurtre destiné à défendre l'honneur de sa
famille17. Dans le cas plus proche, celui des immigrés
maghrébin, la déviance due au conflit de cultures
intéresse moins la
1ère 2ème
3ème 1ère
que la et génération. En effet, la
génération solidement marquée par sa culture d'origine
réussit souvent à y trouver un refuge préservateur de la
délinquance. En revanche, les dernières générations
(nées dans le pays d'accueil) sont plus vulnérables, car elles se
trouvent dès le départ profondément tiraillé entre
deux systèmes de valeurs différents. Cette ambivalence
douloureuse, amplifiée par
les mauvaises conditions d'intégration et par
l'ostracisme peut engendrer des comportements anti-sociaux, et les actes de
violence aperçue récemment dans les bons lieux parisiens en est
le témoin.
B. facteur psychique:
L'aspect psychologique, au sens le plus large du terme, a fort
longtemps s'est penché sur les aspects du phénomène
criminel qui ressortissent de la pathologie mentale. Selon
Pinatel18, la psychologie criminelle étudie l'intelligence,
le caractère, les aptitudes sociales et les attitudes morales du
délinquant.
Le fondateur de l'école anthropologique Cesare
LOMBROSO, a classé les anomalies psychiques parmi les tares
congénitales qui conduisent fatalement au crime en considérant
que les actes honnêtes, sociaux ou antisociaux de l'Homme sont toujours
le produit de son organisme psychologique et psychique.
Selon la thèse de LOMBROSO, un enfant naît et
demeure idiot, incapable de comprendre et de respecter les limitations
imposées à la liberté individuelle par la vie en commun,
commettra tôt ou tard et volontiers des délits monstrueux.
A vrai dire, il serait injuste de ne pas reconnaître que
cet aspect a été clairement aperçu par les criminologues
constitutionnalistes, qui se sont efforcés de ne pas séparer le
corps de l'âme. Mais leurs explications de meurent mécanistes et
objectives. Etienne De Greeff leur a justement reproché de supposer
"qu'un homme est le lieu où se passent certaines choses biologiques,
sociales et psychologiques et que ses actions sont le résultat des
choses qui se sont passées en lui", en sorte que son crime ne
s'apparente pas tout à fait à une oeuvre humaine19.
Or, selon De Greeff, "le criminel est avant tout un être humain qui
ressemble bien plus aux autres humains qu'il n'en diffère. Comme les
autres il construit sa vie, la dirige, se trompe, rectifie, s'exalte et
souffre"20. Il ne devient criminel "qu'après une
période de précriminalité au cours de laquelle le
processus qui l'amènera à l'acte se fait dans sa pensée".
Donc, selon De Greeff, sa pensée qu'il faut étudier.
Il s'agit d'abord d'étudier des délinquants
vrais, c'est-à-dire des délinquants qui se rapprochent le plus du
type humain normal, et qui sont par conséquent dépourvus de
maladies mentales ou de tares biologiques fortement criminogènes. Car
l'aliéné qui commet un crime n'est pas véritablement un
délinquant, pas plus qu'un tigre ou un lion. Le délinquant est un
homme comme les autres, et le dérèglement que
manifeste son comportement n'est pas un dérèglement
pathologique. C'est
17 Thorsten Sellin; "Conflit culturels et
société".
18 Bouzat et Pinatel; "Traité de droit pénal et de
criminologie", tome 3, N° 9.
19 De Greeff, "Ames criminelles".
20 De Greeff, "Introduction à la criminologie".
dérèglement profondément humain, car
"dans chaque homme couvent des penchants au crime"21.
Il s'agit donc de reconstituer le "monde intérieur" du
délinquant afin de mettre à jour les composantes psychiques de
leur mentalité "dissociale". Pour cela, il est incontournable
d'étudier les perturbations psychiques du processus de socialisation et
mettre en évidence le déséquilibre des fonctions
vitales.
1. Les perturbations psychiques dus au processus de
socialisation:
Une psychanalyse qui permet l'explication des traumatismes de
l'inconscient. Elle notamment facilité l'étude du processus de
formation de la personnalité, processus qui est conçu par les
psychologues comme une "socialisation" progressive de l'individu, comme un
"ajustement à l'entourage".
L'une des théories les plus éclairantes dans la
voie d'une tentative de synthèse est celle du psychologue
français Daniel Lagache, qui distingue deux phases essentielles dans
cette élaboration de l'"antisocialité" ou de la
"dissocialité": la phase initiale de "retrait" et la phase dit de
"restitution"22.
a. Le retrait ou le refus de l'identification au groupe:
Freud, distingue dans l'appareil psychique plusieurs
paries:
· Le "Ça": C'est une fonction de notre
psychisme à laquelle nous faisons sans le savoir allusion lorsque nous
disons "ça m'a pris tout d'un coup". C'est la plus ancienne de ces
provinces ou instincts psychiques, elle comprend tout ce que l'être
apporte en naissance, tout ce qui a été constitutionnellement
déterminé.
· Le "Moi": Une organisation spéciale qui
s'établit à partir de la couche corticale originelle et qui sert
d'intermédiaire entre le "Ça" et l'extérieur. Le "Moi",
est une partie du "Ça" ayant subit des modifications sous l'influence
directe du monde extérieur. Il tend vers le plaisir et cherche à
éviter le déplaisir.
· Le "Surmoi": Tandis que le "Ça"
représente le psychisme transmis congénitalement, le "Surmoi"
représente celui qui a été emprunté à
autrui. C'est l'organe de la censure par le fait que c'est dans lui où
s'accumulent au cours de la période de l'enfance les exigences, les
interdictions, les jugements moraux que l'individu a acquis par son
éducation.
Le "Moi" est donc au centre du conflit psychique et s'efforce
de concilier les diverses exigences venant du "Ça" et du "Surmoi".
Les criminologues psychanalystes ont découvert dans les
anomalies de ce mécanisme des pistes conduisant à l'explication
de la délinquance. Partant de l'hypothèse très naturelle
selon laquelle l'homme normal est celui dont le "Surmoi" empêche les
tendances agressives, certains ont posé en principe que le criminel est
dépourvu de "Surmoi", ou est affublé d'un "Surmoi"
régressif, trop complaisant.
En définitive, le résultat de ces anomalies dans
le processus de socialisation sera un échec des indentifications
moralisatrices et du développement normatif des attitudes envers autrui.
A l'issue de cette phase de "retrait", le sujet se révélera
21 Pompe; "L'homme criminel", édition Cujas, 1959.
22 2ème
Daniel Lagache; "Psychocriminogenèses", Rapport
général au congrès international de criminologie,
1950.
égocentriste et immature. Son égocentrisme se
manifestera par son incapacité de juger d'un problème moral en se
plaçant à un autre point de vue que personnel, par son absence de
considération pour les autres. Son immaturité sera
illustrée par son inaptitude à renoncer à une satisfaction
immédiate en dépit de la menace d'une punition, et par
l'insuffisance du contrôle émotionnel.
b. La restitution ou la tentative d'ajustement:
En se détachant d'un groupe, le délinquant en
cherche un autre qui répond davantage à ses besoins
d'identification et dans lequel sa conduite n'est plus ressentie comme une
faute. De Greeff, en quelques pages saisissantes23 sur le "milieu
choisi", a bien analysé cette démarche dont l'exemple le plus
typique, selon lui, est l'évasion un milieu spécial tel que la
légion étrangère ou la recherche des milieux d'allure
criminelle.
Daniel Lagache lui, en creusant plus profondément dans
cette direction, a dégagé les aspects "interpersonnels" et
"intrapersonnels" des conduites criminelles:
? L'aspect interpersonnel: c'est la relation entre le
délinquant et les groupes auxquels il participe, relation qui se
résume dans l'attitude de l'individu vis-à-vis des "valeurs". Par
l'acte criminel, le délinquant rejette ou détruit certaines
valeurs communes au groupe dont il fait partie, mais en même temps il
pose d'autres valeurs, celles d'un autre groupe auquel il s'intègre
virtuellement ou en fait, en sorte que la conduite criminelle s'analyse
toujours en une agression contre les valeurs d'un g rou pe.
? L'aspect intrapersonnel: c'est la relation entre la
personne du délinquant et son acte, dont l'étude permet de
comprendre la signification dynamique de la conduite criminelle. Car les
comportements criminels sont pour la personnalité une "manière de
se réaliser et de résoudre ses tensions": le sujet se
défend contre un conflit inconscient en agissant au dehors son conflit.
Le crime apparaît donc comme une fuite vers la réalité.
L'idée générale que l'on peut extraire
est la suivante: le criminel se retire de la relation interhumaine et se
désolidarise de ses buts habituels d'existence et d'activité dans
la mesure où il se laisse envahir par la rancune contre celui ou ceux
qu'il sent comme des êtres lui dérobant son droit au bonheur,
à l'autonomie et à la liberté. Il se construit un monde de
valeurs morales irréelles, en même temps qu'il se forge une vision
également de sa victime. Ainsi, le crime apparaît comme une
"catastrophe" issue d'une confrontation entre ces deux aspects.
2. Les fonctions incorruptibles:
Selon De Greeff, nous sommes tous des délinquants
biologiques virtuels et inconscients, car notre système
neuropsychologique nous transmet des incitations constantes à
l'agressivité. La plus part des gens déjouent ces incitations et
n'y succombent pas parce qu'ils on réussi à structurer une
armature morale capable de les protéger contre ces impulsions
automatiques. Les délinquants, eux, n'y sont pas parvenus. En termes
plus scientifiques, il existe chez tout homme une "vie psychique de base"
extrêmement dangereuse contre laquelle lutte.
23 Dans son ouvrage "Introduction à la criminologie".
La vie psychique de base est réglée par des
fonctions instinctives et par des fonctions "incorruptibles" qui
échappent complètement à la volonté. Ainsi, on peut
les comparer à certaines fonctions physiologiques tel que les battements
du coeur. Ces fonctions incorruptibles ne distinguent pas le "bien" et le
"mal". Dans certaines conditions déterminées elles jouent sous
l'impulsion de l'instinct de défense (théorie des instincts de De
Greeff) et qui "ne jouent que lorsque l'être est en jeu"24.
C. facteur environnemental:
L'environnement récréatif et culturel joue un
rôle non négligeable dans l'amplification des risques de
déviance chez les mineurs.
Robert Park25 se fit ainsi le promoteur de
l'analyse écologique qui, s'inspirant de l'écologie naturelle,
visait à cerner les relations établies par les citadins avec le
milieu matériel et humain dans lequel ils évoluent. Selon lui, la
ville prend l'aspect d'une mosaïque de groupes sociaux qui se distribuent
sur un territoire, ce qui contribue à en faire un espace de tensions
puisqu'elle tend à recomposer et à transformer durablement les
identités sociales préexistantes; c'est le "conflit de
cultures"...
La notion de conflit de cultures implique l'existence de
plusieurs cultures plus ou moins différentes dans un même espace
social. Elle repose sur les concepts de culture, de norme et de conflit entre
les cultures et les normes:
· La culture:
C'est la culture dans son sens large, le "sens ethnographique
le plus étendu, désigne ce tout complexe comprenant à la
fois les sciences, les croyances, les arts, la morale, les lois, les coutumes
et les autres facultés et habitudes acquises par l'Homme en tant que
membre de la société"26. En terme plus précis,
l'ensemble des valeurs et des pratiques en vigueur dans une
société donnée. Dans ce sens donc, "le peuple le plus
primitif, le plus arriéré, le plus illettré et le moins
éclairé possède une culture"27. Chaque
société dotée d'une culture propre, présente sa
façon à elle de s'adapter à son environnement. Mais, au
sein de chaque même société, il peut exister plusieurs
cultures différentes (les sous-cultures) qui désignent les
cultures minoritaires moins dominantes par rapport à la culture
majoritaire. Le conflit de culture naît de la cohabitation
malaisée dans une même société, des normes
opposées régissent les mêmes comportements.
· La norme:
C'est la règle qui détermine en terme de bien ou
de mal comment il convient de se conduire dans une situation donnée. La
ou les sources de la norme peuvent être divers, elle peut avoir un
caractère éthique, religieux, coutumier ou légal, voir
plusieurs à la fois, et également associée à une
sanction qui peut aller d'une simple désapprobation sociale jusqu'au
châtiment le plus cruel.
24 De Greeff dans deux de ses ouvrages: "Ames criminelles" et
"Les fonctions incorruptibles dans l'oeuvre de Maeterlinck".
25 Park, Robert (1864-1944), sociologue américain.
26 Définition de Edward B. Taylor; "Primitive Culture".
27Thorsten Sellin; "Conflit culturels et
société".
· Le conflit:
Il se déclanche lorsque des normes contradictoires
commandent des situations identiques28, ceci engendre des heurts
entre les systèmes de valeurs.
28 Thorsten Sellin; "Conflit culturels et
société".
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