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La délinquance juvénile: comparaison et synthèse

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par Taoufik Bouyablane
Université Hassane II - Mohammadia - Maroc - Licence en droit privé 2006
  

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II. Réduction de l'ampleur du phénomène:

Puise que, selon Durkheim le crime est un phénomène normal et impossible à éliminer, il serait insensé d'essayer de l'éradiquer totalement, c'est pour cela que la totalité des actions visent à réduire son ampleur par l'adoption d'un arsenal législatif et de mesures préventives.

A. Réformes de la panoplie législative:

On verra dans cette partie les réformes législatives ou simplement les projets de loi des quelques pays européens, en partant du principe qu'ils sont l'exemple à suivre, ainsi que les points communs de ces réformes.

1. Exemples européens:

Notamment aux Pays-Bas, Allemagne et Belgique.

a. L'exemple anglais et néerlandais:

Le Parlement anglais a adopté en juillet 1998 la loi sur la prévention de la criminalité et des troubles à l'ordre public, qui comporte un très grand nombre de mesures de toute nature, toutes destinées à combattre la délinquance juvénile. Certaines de ces mesures sont appliquées depuis la fin de l'année 1998, tandis que d'autres ne le seront qu'en 2001 après avoir été testées dans plusieurs régions.

Aux Pays-Bas, c'est en 1994 que le gouvernement a décidé de s'attaquer au problème avec un plan comportant quelques dispositions législatives et mettant surtout l'accent sur la nécessaire collaboration de tous les acteurs de la société.

b. Les réformes envisagées en Allemagne et en Belgique:

Une loi est élaborée en Belgique, où les sanctions applicables aux jeunes délinquants sont définies actuellement par la loi de 1985 sur la protection de la jeunesse, qui vise avant tout à protéger et à réinsérer les mineurs délinquants, plutôt qu'à les sanctionner. Cette réforme, entre dans le cadre de celle de l'organisation judiciaire, qui avait lieu après les élections législatives de juin 1999.

En Allemagne, la dernière réforme législative remonte à l'année 1990, quand fut adoptée la première loi de modification du droit pénal des mineurs. Depuis lors, aucune des propositions tendant à durcir les sanctions n'a abouti, notamment à cause de l'opposition du parti libéral. Le processus de réforme, interrompu en 1990, devrait être repris au cours de l'actuelle législature. Parmi les partis représentés au Bundestag47, il existe un large consensus sur la nécessité de mener une politique de prévention et de développer les infrastructures sociales et pédagogiques.

47 Le parlement allemand.

2. Les points communs entre les réformes' adoptées ou envisagées:

- Développement de nouvelles sanctions:

Quelles soient mesures de réparation, prestations personnelles, travaux d'intérêt général ou travaux socio-éducatifs... Les nouvelles sanctions consistent souvent à imposer auxjeunes délinquants la réalisation d'un certain travail.

Ce nouveau type de sanctions se trouve appliqué le plus souvent aux Pays-Bas. Elles sont appliquées en effet à tous les stades de la procédure pénale:

· Un article du code pénal, adopté en 1994 et entré en vigueur en septembre 1995, permet aux primo-délinquants auteurs d'infractions mineures (surtout petits actes de vandalisme) de réparer leur faute avant même le début de la procédure pénale;

· Un autre permet au procureur de la Reine de poser comme condition à l'abstention des poursuites l'exécution d'un certain travail;

· Un troisième offre au juge la faculté de remplacer les peines de détention et d'amende par des peines de substitution limitativement énumérées (activité non salariée dans l'intérêt de la collectivité, réparation des dommages causés par l'infraction ou participation à un projet éducatif).

- Raccourcissement de la durée des procédures:

Constitue un objectif explicite des réformes anglaise et néerlandaise.

La première prévoit de réduire de moitié, d'une part, le délai s'écoulant entre l'arrestation et le début de la procédure et, d'autre part, celui qui sépare la mise en examen de la condamnation du mineur délinquant.

Aux Pays-Bas, le ministre de la Justice a demandé aux parquets de s'efforcer de réduire à moins de six mois le délai entre l'infraction et la réponse judiciaire qui y est apportée.

- La participation de toutes les institutions concernées à des programmes locaux:

Objectif affirmé des réformes anglaise et néerlandaise, elle est également très développée en Allemagne.

Dans ces trois pays, des programmes locaux de lutte contre la délinquance juvénile associent les services sociaux à ceux de la justice, de la police et des collectivités territoriales.

Aux Pays-Bas, le ministère de la Justice encourage ces programmes. Il a, depuis 1995, signé plusieurs dizaines de conventions avec des villes qui prennent des engagements chiffrés de réduction de la délinquance juvénile sur leur territoire en contrepartie de subventions leur permettant de développer infrastructures sportives et services sociaux par exemple. Par ailleurs, le ministère néerlandais de la Justice s'efforce depuis 1997 de développer la justice de proximité en installant les services juridiques compétents pour les mineurs dans plusieurs quartiers d'une même ville et en encourageant la polyvalence de ces services, qui peuvent ainsi réduire l'ampleur du phénomène de la délinquance juvénile sous tous ses aspects.

B. Des mesures de prévention:

En parton de la sommation "vos mieux prévenir que guérir", certaines de ces mesures sont permanentes tel que le contrôle de l'obligation scolaire, et d'autres occasionnelles ou drastique tel que le couvre-feu.

1. Le couvre-feu:

Une des principales mesures de prévention adoptées en Angleterre est la possibilité d'instaurer temporairement un couvre-feu dans certains quartiers.

Cette mesure est applicable depuis le 30 septembre 1998 et concerne les mineurs de moins de dix ans qui se trouvent dans un lieu public entre 21 heures et 6 heures, non accompagnés de leurs parents ou d'un adulte de plus de dix-huit ans. Le couvrefeu peut imposer des horaires différents en fonction de l'âge des mineurs.

Lorsqu'un enfant de moins de dix ans ne l'a pas respecté, les agents de police doivent le reconduire chez ses parents ou, en leur absence, au commissariat. Les autorités locales, par la suite, doivent être informées de cette infraction et ordonner une enquête, qui est effectuée par les services sociaux.

Cette mesure a fait ses preuves dans la crise de la banlieue parisienne dern ièrement.

2. Le contrôle de l'obligation scolaire:

C'est une autre mesure moins "radicale" dont les enfants âgés de cinq à seize ans ont l'obligation de fréquenter un établissement scolaire et ils ne peuvent s'absenter pendant les heures de cours que s'ils ont une autorisation.

Lorsqu'un agent de police rencontre un mineur dans un lieu public, un centre commercial ou une boutique, et qu'il a de bonnes raisons de croire qu'il fait l'école buissonnière, il peut le ramener soit à l'école, soit dans un endroit désigné par les responsables locaux de l'enseignement.

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