II.2. ANALYSE DES CHOCS ET
PERSPECTIVE D'ENDETTEMENT.
Dans cette partie de notre analyse, nous allons
évaluer les conséquences de modifications de politique
d'endettement et d'investissement au Cameroun sur la viabilité fiscale.
Dans un premier temps nous allons analyser l'effet d'une politique
d'endettement constituée de prêts non concessionnels. Nous verrons
ensuite les effets d'une bonne adéquation entre concessionnalité
des nouveaux emprunts et rentabilité des nouveaux projets de
développement
II.2.1. POLITIQUE D'ENDETTEMENT
NON CONCESSIONNEL.
L'initiative PPTE qui a permit à un grand nombre de
pays de bénéficier d'allègements considérables du
stock de leur dette et d'assainir leur finance publique a vu naître un
certain nombre de bailleurs de fond dit « créanciers
opportunistes ». Il s'agit en fait de certains pays ou bailleurs de
fond qui n'ont pas consenti aux allégements de dette dans le cadre de
l'initiative, mais qui veulent profiter de la nouvelle santé de la
financière pour faire des prêts aux pays à faible revenu,
et parfois à des conditions très sévères. Vu la
pression de ces pays sur le Cameroun, il est nécessité
d'évaluer la conséquence de tels emprunts sur la viabilité
fiscale au Cameroun. Nous allons considérer ici que le Cameroun
décide de s'endetter à des conditions non concessionnelles,
notamment en souscrivant aux prêts dont l'élément don est
inférieur à 25%, les taux variables et supérieurs à
7%, les maturités de moins de 10 ans avec des délais de
grâce d'un an. Nous allons appeler un tel scénario le
"scénario A". La conséquence directe
d'un tel endettement est qu'en moins de cinq ans, le stock de la dette va
s'élever très rapidement. La Figure 2.04 montre que dans
ces conditions le ratio dette publique sur PIB va très rapidement se
détériorer traversant le niveau de 100% à partir de
2012.
La détérioration très rapide du ratio
VAN de la dette publique sur le PIB matérialise la fragilité des
finances publiques face à un comportement irresponsable du gouvernement.
La Figure 2.05 montre qu'en moins de deux ans seulement, le ratio VAN
de la dette publique sur les recettes publiques va aller au delà du
niveau seuil de 250% pour exploser avant l'horizon 2012. Il faut toutefois
noter que dans cette évaluation nous avons ignoré les effets
possibles des nouveaux emprunts sur la croissance réelle de
l'économie et les recettes publiques. Il serait intéressant de
refaire cette analyse en prenant en considération la rentabilité
des investissements que vont financer des nouveaux emprunts.
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