De Laurent Désiré Kabila à Joseph Kabila. La désillusion d'un régime révolutionnaire en République Démocratique du Congo( Télécharger le fichier original )par Eder Kitapandi Luzau Université de Kinshasa, RDC - Licence en Sociologie 2006 |
Section 3. Les captations de souverainetéLes captations de souveraineté se font dans les trois secteurs essentiels d'accomplissement de la souveraineté : diplomatique, économique et politique. Les lignes qui suivent permettront de faire voir comment la République Démocratique du Congo a une souveraineté de façade que le nouvel ordre institutionnel tente de rendre effective. 1. Sur le plan diplomatiqueElle remonte à la période de signature des traités inégaux et aux capitulations qui visaient d'empêcher l'Etat dominé d'exprimer sa souveraineté sur la scène internationale.
Le traité de 1960 entre la Belgique et la République Démocratique du Congo est le cas le plus flagrant. L'ouvrage de Pierre Joye et Rosine Lewin sur les trusts au Congo, présente une image très nette des événements qui ont précédé et suivi l'indépendance. D'après les auteurs de cet ouvrage, l'Etat Indépendant du Congo, sous Léopold II possédait une part importante des sociétés initiales, ainsi que des « compagnies à charte » créées à cette époque et des entreprises privées. Après l'indépendance 1960, les trusts ont accéléré leurs manoeuvres pour empêcher les congolais de prendre possession de leur patrimoine.20(*)
Actuellement, la captation de cette fonction ne se fait plus par la signature des traités inégaux ou par les capitulations. Elle s'opère au travers des mécanismes plus informels qui ménagent à l'Etat dominé une souveraineté de façade. Pour donner l'impression de ne pas s'ingérer dans les affaires intérieures des Etats dominés, les Etats dominants passent dorénavant par leurs Etats gendarmes et par leurs valets nationaux. La captation de la fonction diplomatique a pour conséquence de faire primer le conformisme que la remise en cause. Ce qui permet de perpétuer un ordre international décrié, mais qu'aucun Etat ne peut individuellement dénoncer sans que cela ne lui coûte cher. 2. Sur le plan économiqueElle surmonte et contourne les indépendances formelles des Etats dominés. Ces derniers sont invités par les Etats dominants à aménager leur environnement socio - économique conformément aux règles de l'économie de marché et celles du néo - libéralisme, malgré les faits que ces deux modèles économiques ont une histoire et un fondement culturel particulier et que la plupart des sociétés extra - occidentales sont caractérisées par un réseau complexe d'économie informelle et communautaire difficilement réductibles à la logique du marché. La tutelle économique des Etats dominés est ainsi confiée à la Banque mondiale et au Fonds Monétaire International qui ont imposé des programmes d'ajustement structurel comme conditionnalité économique. L'octroi de ce qui est faussement appelé aide est conditionné par l'obligation faite à l'Etat dominé de faire preuve d'un conformisme économico-financier au lieu de toute innovation qui pourrait asphyxier le capitalisme mondial. Ainsi le bilatéralisme et le multilatéralisme (ce dernier offre l'alibi de l'anonymat), accroissent les possibilités de captation de la fonction économique des Etats dominés. Les politiques de restructuration et celles d'ajustement structurel ont pour effet : - de maintenir la dépendance économique des pays du sud en les soumettant à des conditions inégales de traitement de la crise internationale ; - d'organiser un certain type de régulation du système économique international ; - de favoriser l'économie de marché comme le modèle unique de conception de l'économie. C'est dans ce cadre que Joseph Kabila, nouveau Président de la R.D.Congo, était appelé à promulguer un nouveau code minier et un nouveau code des investissements en remplacement de ceux laissés par LD Kabila. * 20 P. Joye et R. Lewin, Op-cit, p.29 |
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