INTRODUCTION
Depuis de nombreuses années les soins et la
prévention dans la lutte contre les taux élevés de
mortalité infantile occupent une place importante dans les pays les
moins avancés (1). Les enfants constituent plus de la moitié de
la population dans la majorité de ces pays (2) ; ceux de moins de 5
ans représentent environ 19% de la population en République
Démocratique du Congo (3, 4).
La surveillance de la croissance a été reconnue
comme une stratégie clé, non seulement parce qu'elle aide
à promouvoir un état nutritionnel satisfaisant des enfants, mais
aussi parce qu'elle fournit l'opportunité d'associer à bas prix
d'autres interventions sur la santé de l'enfant (5). Cette
activité est devenue un élément majeur de beaucoup de
programmes de santé de l'enfant dans les pays en voie de
développement pendant les deux décennies passées, mais peu
de recherches ont été effectuées sur son apport
réel à l'efficacité desdits programmes (6).
En RDC, la surveillance de la croissance des enfants fait
partie des premières actions entreprises dans le cadre de la
Santé Publique (7). Elle a d'abord fonctionné sous l'appellation
de Consultation des Nourrissons de 1912-1913 à 1984. C'est à
partir de cette dernière année qu'elle est pratiquée comme
une composante des soins de santé primaires dénommée
consultation préscolaire. Elle concerne les enfants de 0 à 59
mois d'âge et vise une bonne santé globale de ceux-ci (8). La
croissance et le développement sur le plan physique, intellectuel,
psychique et social constituent les principales caractéristiques de
l'enfance (2) et dépendent largement de la qualité des soins dont
bénéficient les enfants en âge préscolaire (2, 9,
10). Les parents et la communauté se doivent de garantir à cet
être la protection, l'alimentation, l'affection, l'instruction, et tout
ce qui lui est nécessaire pour qu'il croisse convenablement et devienne
indépendant vis-à-vis des adultes (2, 11).
Les maladies compromettent le développement de l'enfant
(9, 12). Leurs conséquences sur ce dernier sont fonction de l'âge
auquel elles surviennent (2). Une croissance normale est le meilleur indicateur
de bien-être de l'enfant (2; 12, 13) et permet par conséquent
d'évaluer les directives destinées à réduire la
mortalité et la morbidité infantiles (14). Evaluer
régulièrement la croissance constitue le moyen le plus direct de
déceler les perturbations de l'état sanitaire de cet être
fragile (8, 2, 9). Une étude effectuée dans un village pauvre de
Côte d'Ivoire sur des enfants d'âge scolaire et préscolaire
considérés par l'école et par les familles comme
étant en bonne santé, a conclu, après des examens clinique
et coproparasitologique, qu'une forte infestation, spécialement par les
vers ronds, peut avoir un effet négatif sur le développement des
enfants, leur état nutritionnel et leur développement à la
puberté (10).
Parmi les affections de l'enfance, la malnutrition, les
maladies infectieuses et parasitaires (diarrhées récurrentes,
rougeole, coqueluche, poliomyélite, tuberculose, malaria, helminthiases)
sont les principales causes de morbidité et de mortalité
infantiles dans les pays du tiers monde (2, 15, 16). Ces maladies sont plus
associées à la pauvreté qu'elles ne sont purement
tropicales. Leur profil ressemble fortement à celui des pathologies
rencontrées au 19e siècle en Europe (2, 15).
Les 20 dernières années ont été
marquées, sur le plan de la survie de l'enfant, par des
améliorations imputables à l'efficacité des interventions
de santé publique et au redressement des performances économiques
et sociales à travers le monde (16). La prévalence du retard de
croissance est passée dans les pays en développement de 47% en
1980 a` 33% en 2000 (une chute de 40 millions de cas), même si
l'évolution est inégale suivant les régions. Dans les pays
en développement, malgré une baisse globale du retard de
croissance, la malnutrition de l'enfant reste un problème de
santé publique majeur. Dans certains d'entre eux, la fréquence du
retard de croissance est en augmentation, tandis que dans beaucoup d'autres les
chiffres restent préoccupants. La croissance ne sert donc pas seulement
à évaluer l'état nutritionnel et l'état de
santé de l'enfant, mais elle est aussi une excellente mesure des
inégalités du développement humain auxquelles sont
confrontées les populations (12).
De même, les taux de couverture vaccinale mondiaux font
apparaître le fossé qui existe entre les pays les plus pauvres et
les pays les plus riches. Seuls 50% environ des enfants sont vaccinés
dans l'année suivant leur naissance en Afrique subsaharienne (17).
Des inégalités se manifestent également
au sein d'un même pays entre les populations les plus pauvres et les plus
riches (2, 17). Au Niger, par exemple, la forte mortalité des enfants de
moins de 5 ans (259 pour 1.000) varie considérablement entre milieux
urbain et rural (18), 20% d'enfants les plus riches ont dix fois plus de chance
d'être vaccinés, les taux d'abandon sont plus élevés
parmi les plus pauvres (17).
Environ 10,6 millions d'enfants continuent de mourir chaque
année, dont 4,6 millions en Afrique, le plus souvent par suite de causes
évitables (16,19, 20).
La situation de la plupart des enfants africains demeure
critique et est exaspérée par la grande pauvreté qui
règne sur le continent (16). Cependant, des mesures
intégrées en faveur du développement social et de
l'amélioration du système sanitaire permettent d'obtenir des
résultats encourageants. L'Egypte a fait de grands progrès au
cours de la dernière décade; en 1999, le taux de mortalité
infantile et le taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans
avaient été réduits de moitié. Le taux de
vaccination y est actuellement de 95% (21).
En RDC, le taux de mortalité infantile a
été estimé à plus de 200/1000 naissances vivantes
selon le rapport de l'IRC en l'an 2000 (3). Deux facteurs principaux rendent
l'enfant de cette région particulièrement
vulnérable : le contexte socio-économique et l'organisation
des soins de santé (2), auxquels il faudrait adjoindre en ce qui
concerne notre pays, la situation de guerre qui y a sévi (3). La
consultation préscolaire se réalise principalement au niveau des
centres de santé. Malgré les efforts, les activités de CPS
ne semblent pas avoir produit les résultats attendus. A Kinshasa, les
taux de prévalence de la malnutrition sont toujours très
élevés alors que ceux de la couverture des activités de
CPS sont bas (8). En 1985, 1987 et 1988, les taux de couverture des CPS pour
les nourrissons de 12 à 23 mois qui étaient complètement
vaccinés aux CPS étaient respectivement de 40%, 47% et 24,7% des
cas (22). Depuis 1990, le PEV n'a pas atteint des couvertures vaccinales
satisfaisantes. Cependant, une amélioration a été
observée à partir de 1999 grâce notamment aux apports des
Journées Nationales de Vaccination. En ce qui concerne la vaccination
contre la tuberculose et la rougeole, le taux d'abandon a atteint 35.2 % en
1999 (3, 4).
Le Bureau Central de la Zone de Santé Rurale de Kisantu
présente les données suivantes pour l'année 2004 :
- taux d'inscription à la CPS : 89 % ;
- taux de couverture vaccinale pour le VAR :
36,1% ;
- participation à la CPS des enfants de 0 à 59
mois : 17 %.
Ces résultats montrent après simulation que 83 %
d'enfants d'âge préscolaire ne sont pas couverts par le service de
surveillance de croissance.
Fort de ce qui précède, il sied d'évaluer
l'utilisation par la population en milieu rural de la CPS et d'analyser les
causes d'abandon.
OBJECTIFS
Général
La présente étude vise à évaluer
l'utilisation des services de CPS par la population de la Zone de Santé
Rurale de Kisantu et à analyser les causes d'abandon.
Spécifiques
Pour atteindre cet objectif général, les
objectifs suivants ont été fixés :
1. décrire le déroulement de la CPS dans la Zone
de Santé de Kisantu ;
2. déterminer le profil des parents d'enfants qui
fréquentent la CPS ;
3. déterminer les facteurs d'abandon de la
CPS ;
4. déterminer le rôle joué par les relais
communautaires dans la couverture de la CPS dans la Zone de Santé de
Kisantu.
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