Introduction
L'université de Ouagadougou, depuis sa refondation en
2000 a apporté des innovations majeures dans ses offres de formation.
Sont de ces innovations importantes la création des filières
professionnalisantes. Le projet Développement et Education des Adultes
(DEDA), logé à l'unité de formation et de recherche en
sciences humaines(UFR/SH) offre deux filières qui adhèrent
entièrement à cette philosophie. Il s'agit d'un programme de
licence en développement et éducation des adultes (DEDA) et un
autre de maîtrise en pédagogie du texte (PDT.)
Le programme de licence a reçu sa deuxième
cohorte d'étudiants pour une formation qui s'est étalée de
novembre 2003 en février 2005. Au cours de cette formation, les modules
afférents au développement, à l'éducation et la
formation ont été administrés par d'éminents
enseignants et des personnes ressources venant aussi bien des institutions
universitaires ou professionnelles du Nord que du Sud.
Le présent travail de fin d'études est produit
en guise de couronnement de mon parcours dans cette formation pour la
consolidation de mes acquis sociaux et professionnels. Il s'articule autour de
trois parties toutes complémentaires les unes aux autres. Il s'agit
de :
- la phase anté-DEDA qui décrit, à
partir de ma biographie, mon parcours familial, social, scolaire et
professionnel. Cette phase met en exergue les moments charnières de ma
vie qui ont stimulé ou suscité un besoin de formation.
- une phase intra-DEDA qui donne une présentation
synoptique des acquis que je me suis forgé au cour de la formation.
- la phase post-DEDA, enfin, qui peint la nouvelle
personnalité au sortir de la formation DEDA d'une part, et d'autre part,
elle dessine l'avenir ou le devenir du nouvel acteur de développement
que je suis.
Les motivations d'un tel travail de fin d'études sont
toutes simples : en apprentissage des adultes, le
bénéficiaire est au centre de sa transformation, les formateurs
ne font que l'accompagner. Il lui est donné alors de
s'auto-évaluer et de pouvoir dire en quoi et comment la formation a
été bénéfique. Le travail de fin d'études
s'inscrit dans cette logique.
PREMIERE PARTIE
phase ante - DEDA
Il n'est pas facile d'écrire sur soi ou de parler de
soi. Toutefois, l'histoire de vie en formation revêt trois
caractéristiques essentielles selon Pierre DOMINICE1(*). Ces caractéristiques
sont l'investissement personnel, le lien social et les enjeux existentiels.
Aussi, le besoin de se former s'identifie-t-il à partir de
l'évaluation de son expérience professionnelle et sociale. Le
récit biographique peut constituer un outil efficace dans cette
évaluation, compte tenu de son utilité avérée en
recherche formation. Mon parcours de formation que je vais présenter
ici, corrobore les trois éléments de l'histoire de vie, et met
ainsi en évidence le contexte social et familial, le parcours scolaire
et la configuration professionnelle dans laquelle j'évolue.
1.1. Parcours de formation
i. Contexte social et familial
Né le 08 septembre 1973 à Daloa en
République de Côte d'Ivoire où mes parents avaient
émigré, les conditions de ma naissance ne me posaient pas un
pronostic vital favorable. En effet, avec un faible poids de naissance, une
mère maladive, rares sont ceux qui auraient penser à mon
éventuelle survie. Mais, j'avais vu le jour dans un pays où la
configuration sanitaire était meilleure par rapport à celle de
mon pays d'origine. Aussi, se trouve - t-il que ma venue au monde était
un événement dans la famille : j'étais le premier
petit-fils de mon grand-père qui n'avait eu que trois(3) garçons
comme héritiers, dans un contexte où "les enfants sont un
capital, une caisse d'assurance vieillesse et un signe extérieur de
richesse sociale2(*)."
Il fallait donc que je survive, chose à laquelle ma grand-mère
s'est attelée, sa profession de matrone aidant.
Retournés au pays un an après ma naissance, pour
assister mes grands-parents vieillissants, mes parents prirent soin de moi
à tel point que ma petite enfance se passa sans incident notoire et sous
le regard bienveillant de mon grand-père.
A la faveur de l'adolescence passée auprès de
mes parents, je ne manquais pas d'avoir très souvent des échanges
avec ces derniers, en l'occurrence avec ma mère. Echanges souvent
subtils, parfois belliqueux, ce qui amenait ma mère à me relater
et / ou à me rappeler les conditions difficiles de ma naissance. C'est
d'elle d'ailleurs que je tire la substance de toutes les informations que je
relate ici. Elle ne se lassait de me rappeler ma chance d'être né
dans une grande ville comme Daloa avec des infrastructures sanitaires
sophistiquées et d'avoir eu une grand-mère matrone, celle chez
qui d'ailleurs vivaient mes parents. Pour ma mère, n'eut
été le courage et le dévouement de ma grand-mère,
ma chance de survie était très réduite.
Au fur et à mesure que ces scènes se
répétaient, j'imaginais le gré de la souffrance que ma
mère a pu endurée. Je me sentais inviter à réagir,
mais comment ? Aussi, je me rendais compte qu'au-delà de ma
mère, d'autres femmes souffraient également et voyaient leur
progéniture vivre les mêmes difficultés de naissance que
moi.
Ainsi, face ce désir de réagir pour aider les
femmes et les enfants en souffrance, je souhaitais poursuivre des
études dans le domaine de la santé. C'était à mon
sens une opportunité pour contribuer à la prise en charge de la
santé de la femme et de l'enfant.
ii. Contexte scolaire
En octobre 1980, je fis mes premiers pas dans le
système éducatif à l'école centre de Zorgho, mon
village d'origine. Comme l'objectif poursuivi par tout écolier à
ce stade, j'y faisais la fierté de mes parents car ils étaient
honorés à chaque fin d'année scolaire en raison des prix
d'excellence que je recevais.
Cette excellence avait même retenu l'attention de mes
enseignants. Ceux-ci m'encourageaient et m'ont présenté à
l'examen du certificat d'études primaires élémentaire
(CEPE) lorsque j'arrivai en classe de cours moyen 1ère
année(CM1), donc avant la classe requise, c'est à dire la
2ème année ou CM2; c'était en juin 1985,
faisant ainsi l'économie d'une année scolaire.
Mon succès à l'examen d'entrée en
sixième en juillet 1986, n'avait fait l'objet d'aucune surprise. Je
devais alors poursuivre mes études secondaires à Ouagadougou
puisqu'il n'existait pas en son temps, un établissement d'enseignement
secondaire dans la localité. Cependant, à la faveur de
l'avènement de la révolution d'août 1983 et de son
programme de développement du système éducatif, l'offre
éducative du secondaire fut fortement décentralisée et
Zorgho devait bénéficier d'un collège d'enseignement
général(CEG.) C'est alors que je fis partie de la
première promotion des élèves de cet établissement.
En quatre années d'études, le parcours se déroula sous de
bons auspices, sanctionné l'obtention du brevet de fin d'études
du premier cycle(BEPC) et du succès au concours d'entrée en
seconde en juin 1990.
L'admission au concours d'entrée en seconde m'ouvrait
les portes du second cycle de l'enseignement secondaire général.
Je fus orienté au lycée Nelson MANDELA, alors en processus de
mixage puisque cet établissement était jusque-là
destiné aux jeunes filles. Je devais alors quitter mes parents et mon
village pour vivre à Ouagadougou. Pour moi c'était une joie de
retrouver la ville, mais pour mes parents, avertis, c'était une source
d'inquiétudes.
En octobre 1990, j'entamai les cours de la classe de seconde
tout en étant hébergé chez mon oncle à une dizaine
de kilomètres de l'établissement. Mon père m'offrit alors
un vélo pour faciliter mes déplacements au lycée. Ce
vélo sera d'ailleurs dérobé à deux mois de l'examen
de baccalauréat. Ce qui a rendu difficiles mes conditions de
préparation de l'examen.
Toutefois, en juillet 1994, je réussis au
baccalauréat série D(mathématiques et sciences exactes).
Je fus par la suite orienté au département de géographie
à l'Université de Ouagadougou en lieu et place de celui de la
médecine comme je l'aurai souhaité. Les insuffisances de moyennes
dans les matières de biologie et de sciences physiques requises pour
faire la médecine ne m'ont pas favorisé. Ceci me conduisit
à rechercher d'autres issues pour réaliser mon objectif :
m'investir dans le domaine sanitaire. Je dus recourir au concours de
recrutement des agents de santé, paramédicaux, à former
à l'école nationale de santé publique (ENSP.) Cette
décision avait été aussi motivée par le contexte
socioéconomique d'alors. En raison des programmes d'ajustement
structurel préconisés par les institutions de Breton Woods,
l'emploi était devenu précaire dans les pays du sud comme le
mien. L'accès à la fonction publique était devenu le
leitmotiv de tout jeune sorti ou non du système éducatif peu
importe le niveau. C'est ainsi que je me suis présenté au
concours de recrutement des Sages Femmes / Maïeuticien d'Etat en janvier
1995.Concours que je réussis en cours d'année académique
(février 1995.) J'abandonnai les études universitaires pour
entamer la formation professionnelle à l'ENSP.
Mon choix s'était opéré quand j'avais eu
connaissance de l'existence du corps "des hommes sages femmes." C'était
un tremplin pour réaliser mon voeu d'enfance: contribuer à
amenuiser le risque de morbidité et ou de mortalité de la
mère et de l'enfant.
Le stage pratique dans les maternités de la ville de
Ouagadougou allait constituer la première occasion de découverte
de cette profession d'accoucheur. Un homme qui accouche des femmes !
J'avoue que ce n'était pas évident au départ. D'abord pour
être accepté par les femmes, ensuite pour résister aux
moqueries et autres curiosités de l'entourage. Toute personne qui
apprenait ce que je faisais comme profession m'assaillait de questions aussi
bien curieuses que perverses, du genre: « N'as-tu pas perdu
l'instinct sexuel ?» Heureusement, des modules nous étaient
dispensés afin de nous prémunir de l'effet que pouvaient avoir
les comportements de notre entourage sur nous; c'était entre
autres : la psychosociologie, la communication, la déontologie, la
méthodologie de travail, etc. C'est à la suite de cette formation
professionnelle sanctionnée par un diplôme d'Etat que je fus
affecté au district sanitaire de Toma pour l'exercice de ma
profession.
2. Contexte professionnel
i. Cadre de travail : le District
Sanitaire de Toma
a) Le système de santé
au Burkina Faso
Le système national de santé au Burkina,
à l'instar de bien d'autres pays en Afrique au sud du Sahara, a
été construit en réponse à la stratégie de
renforcement des soins de santé primaires (SSP). Cette stratégie
est née au sortir de la conférence de Alma Ata en 1978,
organisée conjointement par l'OMS et l'UNICEF. Cette conférence
s'était fixée comme vision « la santé pour tous
en l'an 20003(*) .» Le système est d'un type
pyramidal basé sur le district sanitaire. Cette pyramide sanitaire est
à trois niveaux. On distingue de la base vers le sommet
conformément au tableau n°1 :
- Un niveau
périphérique : le district sanitaire.
Le district sanitaire est une entité
géographique correspondant ou pas à une collectivité
territoriale. Sa population de couverture requise va de 150 000 à 200
000 habitants. Il est dirigé par un médecin-chef de district,
nommé par arrêté ministériel. Le Burkina Faso compte
55 districts sanitaires dont Toma, mon cadre de travail.
Au plan des soins, le district est structuré en deux
échelons ; un premier constitué par un réseau de
centre de santé et de promotion sociale (CSPS.) Le CSPS a un "paquet
minimum d'activités (PMA)" dévolu à ses capacités
opérationnelles. Le deuxième échelon est constitué
par le centre médical avec antenne chirurgicale. Il sert de centre de
référence aux CSPS. Le CMA est une structure sanitaire
dotée d'un paquet d'activités complémentaire à
celui du premier échelon. L'existence d'un bloc opératoire est sa
caractéristique principale. Celui-ci est annexé par d'autres
spécialités médico-chirurgicales : ophtalmologie,
odontostomatologie, gynéco-obstétrique, radiologie, laboratoire
d'analyses médicales... Le bloc opératoire du CMA de Toma n'est
pas encore fonctionnel, ce qui limite son "paquet complémentaire
d'activités (PCA.)"
- le niveau intermédiaire : la
région sanitaire.
Il correspond au découpage territorial en
régions du pays. Les districts sanitaires sont regroupés en 13
régions sanitaires qui couvrent le territoire national. Toma est dans la
région de la boucle du Mouhoun qui compte cinq (5) autres
districts : Dédougou, Boromo, Nouna, Solenzo et Tougan. La
région sanitaire a pour mission d'appuyer les districts sanitaires dans
la mise en oeuvre de la politique sanitaire nationale (PSN). Elle est
dirigée par un directeur régional de santé nommé en
conseil des ministres.
Au niveau régional, la structure de soins
correspondante est le centre hospitalier régional (CHR.) Il est
constitué de services de spécialités
complémentaires aux activités des CMA. Il existe neuf (9) CHR
à travers le pays. Dans la région de la boucle du Mouhoun, le CHR
est implanté dans la ville de Dédougou, chef lieu de la
région. Il est le centre de référence des CMA de la
Région.
- le niveau central: il est composé du
cabinet du ministre et des directions centrales. C'est le troisième et
le dernier niveau de la pyramide sanitaire nationale. Au plan des soins la
structure sanitaire y afférente est le centre hospitalier national. Au
Burkina Faso, le niveau central est régi par trois (3) centres
hospitaliers nationaux tous universitaires : il s'agit des hôpitaux
"Yalgado OUEDRAOGO" et "Charles DE GAULE" à Ouagadougou, et de
l'hôpital "Sourou SANOU" à Bobo Dioulasso.
Tableau I : structuration du système
national de santé du Burkina Faso
Structures de participation ou de coordination
intersectorielle
Structures de soins
Structures administratives
Cabinet du ministre CHN CNS, CA
S.G et Directions centrales Central
Comité de suivi du
PNDS
Directions régionales Niveau CHR
CTRS, CA
de santé Intermédiaire
Districts sanitaires Niveau
périphérique CMA CSD
CM/CSPS COGES
b) Présentation du district sanitaire de Toma.
Le district sanitaire de Toma est situé au nord-ouest
du Burkina Faso entre 2°30 - 3°30 de longitude ouest et 12°30 -
13°30 de latitude nord (voir figure n°2.) Il épouse les
limites de la province du Nayala, l'une des quinze dernières provinces
créées par la loi n° 09-96/ADP du 24 avril 19964(*). Il mesure une superficie
de 3 200 km² avec une population estimée à 161 302
habitants en 2002, répartie dans six(6) départements et 111
villages. Le district est distant de 190 km de Ouagadougou. Il est
limité :
- au nord et à l'ouest par les districts de Tougan et
Yako
- au sud par le district de Dédougou
- à l'est par les districts de Yako et Réo
N
LEGENDE
Limite de région
Limite de district
Toma: nom de district
E
W
S
Réalisation5(*): KABORE Alain, mai 2005
Figure n°1: représentation
cartographique des districts sanitaires du Burkina Faso avec en évidence
le D.S de Toma
La population du district sanitaire de Toma se
caractérise par sa forte proportion féminine à l'instar de
celle du pays, soit de 52%. Aussi la jeunesse est-elle importante de par sa
taille, environ 45%. Les groupe-cibles importants en santé de la
reproduction sont : les femmes en âge de reproduction(FAR) de 15
à 49 ans estimées à 35 486 et les enfants de 0 à 5
ans estimés à 33 873. Les principaux groupes ethniques sont les
suivants par ordre de représentativité numérique: les samo
(40%), les marka (20%), les mossi (20%), les gourounsi et les peulh (20%.)
Les données socioculturelles des populations du
district montrent un fort attachement aux valeurs traditionnelles malgré
la forte présence du christianisme et de l'islam. On y rencontre des
pratiques à risque telles que : l'excision, la pratique abusive de
la médecine traditionnelle, la consommation abusive d'alcool...
Sur le plan éducatif le district comptait 85
établissements d'enseignement primaire et 6 lycées et
collèges en 2002.
Les problèmes de santé les plus
importants6(*) du district
sont :
v L'insuffisance des capacités organisationnelles et
gestionnaires de l'équipe cadre du district(ECD.)
v La prédominance des maladies
endémo-épidémiques et carentielles.
v La faiblesse des interventions autour des maladies et
programmes d'intérêt spécial en santé publique
v La mobilisation et la participation insuffisantes des
communautés aux actions de santé.
La vision du district dans les cinq (5) années selon
son plan de développement sanitaire était de mettre à la
disposition des populations, des services de santé de qualité,
utilisés de façon optimale. La réalisation d'une telle
vision requiert un certain nombre d'interventions dont je suis garant de la
mise en oeuvre de celles relatives à la santé de la reproduction.
c. Mes pratiques professionnelles
ü Rôle du Maïeuticien au Burkina Faso
Le Maïeuticien comme la Sage Femme peut se définir
comme "un agent technique de santé qui, recruté à
partir du niveau de la classe de terminale de l'enseignement secondaire
général ou technique, a suivi avec succès, un programme de
formation, de trois(3) années, dans le domaine de la gynécologie
et de l'obstétrique7(*)."
Les aptitudes à l'issue de la formation
confèrent trois(3) domaines d'intervention à la SF/ME :
- la clinique(prise en charge des cas) :
la SF/ME est apte à prendre en charge les problèmes de
santé des femmes en période de grossesse et ou à
l'accouchement. Ce sont les infections et affections
gynéco-obstétricales.
- la prévention et la promotion de la
santé. La définition de la santé selon
l'OMS8(*) intègre
outre l'aspect clinique (Physique) de la maladie, des notions aux plans social
et psychologique à prendre en compte. C'est ainsi que la SF/ME participe
à la conception et à l'exécution des programmes de
prévention et de promotion de la santé, en l'occurrence de la
santé de la reproduction.
- la fonction d'encadrement : en tant
que cadre moyen, le Maïeuticien a le devoir de participer à
l'encadrement des agents de santé placés sous sa
responsabilité. Ce sont généralement des infirmiers
brevetés (IB), des agents itinérants de santé (AIS), des
accoucheuses auxiliaires (AA) et des techniciens de surface( Garçons et
filles de salle.)
ü Ma
pratique professionnelle
La formation de SF/ME faisant de moi un agent technique de
santé, spécialisé dans le domaine de la gynécologie
et de l'obstétrique. Curieux peut-être de voir un homme dans cette
profession autrefois dévolue aux femmes. La décision prise en
19849(*) par les
autorités politiques et sanitaires du Burkina Faso de former
des hommes à la profession de Sage Femme était
justifié par le manque de personnel qualifié en matière de
santé maternelle et infantile dans les zones rurales. Cette situation
serait due au refus des Sages Femmes d'aller servir en milieu rural au
détriment de leur unité conjugale, attendu que leurs époux
étaient restés en ville. D'ailleurs, cette approche permettait de
renforcer la stratégie des SSP en mettant à la disposition des
populations les plus éloignées des zones urbaines, du personnel
qualifié afin d'assurer une maternité à moindre risque.
Cela s'avère une nécessité quand on sait que le Burkina
Faso est un pays ayant des taux de mortalité maternelle et infantile qui
sont des plus élevées au monde, soit de 566 décès
maternels pour 100 mille naissances vivantes et une mortalité infantile
de 126 pour mille10(*).
Le 25 mai 1998 ma carrière professionnelle
débutait avec ma prise officielle de service. J'ai été
aussitôt nommé responsable du service de la maternité du
CMA de Toma. Ce service se composait alors de plusieurs postes parmis
lesquels :
- une salle d'accouchement et de suites de couches,
- une unité de consultation prénatale(CPN) et de
planification familiale(PF),
- un poste de surveillance nutritionnelle des nourrissons et
de vaccination,
- Le centre d'éducation et de
récupération nutritionnelle( CREN.)
Outre cette responsabilité, on m'a attribué
également un poste au sein de l'ECD. J'y étais chargé, au
regard de ma qualification, de la protection des groupes spécifiques, en
l'occurrence les groupes-cibles des programmes de la santé de la
reproduction (femmes, enfants, jeunes et adolescents, personnes
âgées, hommes11(*).) La figure n°1 présente la structuration
de l'ECD de Toma. Comme tous les autres membres, chacun dans son domaine, mes
tâches consistaient à la supervision, à la planification,
à la formation, au suivi-évaluation, à la recherche
opérationnelle et à la promotion de la qualité des soins
surtout en ce qui concerne la santé sexuelle et reproductive (SSR.)
ORGANIGRAMME DE L'EQUIPE CADRE DU DISTRICT SANITAIRE
DE TOMA
Médecin-Chef de District
Responsable à la formation et à la supervision
Responsable de l'information sanitaire et de la surveillance
épidémiologique
Responsable à la gestion des ressources du district
Responsable à l'approvionnement en médicaments
vaccins et consommables
Responsable à la protection des groupes
spécifiques/SR
Responsable des programmes verticaux
Figure n°2 : organigramme des membres
de l'ECD de Toma
.
Ainsi, j'ai été responsabilisé
cumulativement, aux deux (2) postes parce que j'étais le seul
indiqué, au point de vue qualification. En effet je devais remplacer une
Sage Femme qui venait d'être mutée. J'ai été ainsi
mis face aux deux tendances en matière de santé : la
santé publique qui intervient surtout dans la prévention et la
promotion, et la santé clinique qui s'intéresse aux actions de
soins, de prise en charge curative. Dans la réalisation pratique des
activités, une tendance devait primer sur l'autre. Pendant que la
clinique nécessite une stabilité, une immobilité afin de
prendre en charge les clients qui se présentent dans les formations
sanitaires, la santé publique requiert beaucoup de mobilité, de
sorties de terrain. Je me suis intéressé aux activités de
santé publique sur recommandations de mon supérieur
hiérarchique, car pour lui deux raisons soutendent cette position :
premièrement, plus on fait la prévention moins on a des cas de
maladies à prendre en charge, deuxième, les activités de
santé publique portaient sur toute l'étendue du district alors
que c'était les clientes de la commune de Toma seulement qui
bénéficiaient surtout de mes prestations. Je participais par
conséquent à la conception, à la mise en oeuvre, au suivi
et à l'évaluation des programmes relatifs à la
santé de la reproduction. Ces programmes étaient relatifs
à :
- La promotion de l'éducation sexuelle dans les
établissements scolaires et au sein des mouvements et groupements
associatifs.
- La promotion de la planification familiale
- La prise en charge intégrée de la maladie de
l'enfant(PCIME.)
- La promotion de la lutte contre les infections sexuellement
transmissibles et le VIH/SIDA.
ii. Quelles contributions ai-je pu faire en tant
qu'acteur du système?
Malgré le peu d'expérience dans les tâches
de santé publique, j'ai donné satisfaction à mes
supérieurs et collaborateurs. Quelques acquis en sont
illustratifs : suite à mes initiatives, le taux d'emploi des
contraceptifs (TEC12(*))
du district est passé de 1% à 4,8% de 1998 à 2002, un
niveau que le district n'avait atteint auparavant. L'une de ces initiatives la
plus importante est l'utilisation de certains canaux de communication
communautaires pour l'IEC/PF: séances de lutte traditionnelle13(*), cabarets de dolo14(*), fêtes de femmes dans
les villages, crieurs publiques, griots... Comme autre initiative, j'ai
instauré la stratégie avancée en planification familiale
en ce qui concerne notamment l'offre de méthodes autrefois `'citadines''
telles que le Norplant®15(*) et le stérilet.
Le dévouement et l'esprit d'initiative dans le travail
qui m'étaient adressés comme compliments avaient fini par
conquérir la confiance du directeur régional à mon
égard. Ceci s'est illustré par ma désignation comme
intérimaire du MCD lorsque ce dernier partait pour un stage de
spécialisation. Toutefois je n'étais pas le seul agent
indiqué et qui plus est, il y en avait de plus ancien et ou
qualifié. Cet intérim a été assuré de
novembre 2000 en avril 2001.
L'année 2002 couronnait ma cinquième
année d'expérience professionnelle. Ceci me conférait le
droit de me présenter au concours professionnel de spécialisation
en Attaché de Santé16(*). Je me présentai au concours notamment avec
l'épidémiologie comme option. Ce choix trouve sa justification
dans mon parcours à Toma. J'ai surtout évolué dans le
secteur de la santé publique au détriment de la clinique. C'est
tout simplement pour consolider mes acquis et me perfectionner davantage. En
octobre 2002, je retournais donc à l'ENSP pour la formation en
Attaché de Santé spécialiste en Epidémiologie. Et
c'est à l'issue de la première année de cette formation
que je me suis présenté au test d'admission à la formation
DEDA.
La fin de la formation DEDA coïncidait avec celle de ma
formation d'épidémiologiste. Je fus alors affecté au
Centre Hospitalier Universitaire `'Charles de GAULLE'' (CHUP-CDG.) Dans cette
institution hospitalière je fus nommé chef du service de
l'information médicale (SIM.) C'est un service rattaché au
cabinet du directeur général de l'établissement. J'ai la
charge de gérer la base de données de l'hôpital. Ce qui
corrobore ma formation d'épidémiologiste. Je participe
également à la surveillance épidémiologique,
étant donné que l'hôpital est un élément du
système national de surveillance des maladies à potentiel
épidémique. Ainsi l'analyse des données que je gère
constitue le background en planification et contribue au
suivi-évaluation des activités. Je suis ainsi chargé de
la planification et du suivi évaluation des activités en plus da
ma fonction de gestionnaire de données.
iii. Que retenir de ce parcours
Un tel parcours comme le mien, de l'enfance à l'acteur
de développement que je suis aujourd'hui, est entaché aussi bien
de succès que d'échecs.
Sur le plan des succès, les acquis sont à mettre
au niveau de ma personne en tant qu'agent social, qui a été
forgé par l'éducation reçue de mon microcosme social et
familial. En effet, l'intégration sociale aussi bien à
Ouagadougou qu'à Toma, a été facilitée par
l'assimilation de l'habitus que j'ai reçu aussi bien de ma famille, de
mon parcours scolaire que de ma formation professionnelle. L'habitus est
défini comme « l'ensemble des habitudes et des
dispositions, propres à une culture ou à un milieu social,
inculqué à l'individu au cours de la socialisation17(*). » En tant
qu'aînée de la famille mes parents m'ont préparé
à mieux appréhender les situations difficiles et partant,
à faire face aux éventuelles difficultés qui se
présenteraient en moi. Ils aimaient illustrer leurs dires par cet adage
africain : « l'aîné est un
dépotoir. » Je me rappelle encore des conseils d'un sage
de mon village qui me guidaient dans mes attitudes lorsque j'avais rejoint mon
poste de travail à Toma : « ne jamais
réclamer son droit est une preuve de maturité.» Et il
renchérissait que "ce qui revenait au crapaud ne pourrait
être sur un arbre18(*). "
Au plan des difficultés rencontrées dans ma
carrière professionnelle, je note un premier choc que j'ai reçu
une fois au contact du terrain : l'écart entre l'enseignement
théorique reçu et les réalités du terrain. Comme le
reconnaît WHITE : `' l'un des plus importants obstacles à
l'implémentation des SSP fut l'échec de la plupart des
institutions d'enseignement post-secondaire médical à adapter
leurs missions et activités au défi posé par l'initiative
« santé pour tous », leitmotiv des SSP.'' En
somme, j'ai eu l'impression une fois sur le terrain, que tout se contrastait
avec ce qui nous avions appris pendant la formation. Cela pourrait s'expliquer
par la divergence des programmes de santé mis en oeuvre dans une
région sanitaire à une autre au Burkina Faso. En effet, au
gré des partenaires au développement (bailleurs de fonds), le
territoire burkinabé a été
« balkanisé » et
« colonisé » au plan sanitaire. On trouve par
exemple, la coopération hollandaise qui intervient dans les
régions sanitaires du plateau central et du centre Nord via l'ONG `'Save
the Children'' Pays Bas (SCPB.) La coopération française agit
dans les régions des Hauts Bassins et de la Comoé à
travers le projet HCK(Houet, Comoé et Kénédougou.) Il y a
aussi la coopération allemande qui s'exprime dans les régions
sanitaires du sud-ouest et de la boucle du Mouhoun en mettant en oeuvre le
programme santé sexuelle, VIH/SIDA, droits humains et lutte contre les
pires formes de travail et le trafic des enfants(PSV-DHTE.) Aussi les
régions du Sahel, de l'Est et du Centre-Est sont parrainées par
les institutions onusiennes (UNFPA, UNICEF.)
Ces partenaires appuient techniquement et
financièrement la mise en oeuvre de la politique sanitaire nationale
(PSN.) Ne disposant pas de nos moyens propres pour cela nous nous trouvons par
conséquent obligés de mettre en oeuvre des stratégies
proposées à la limite imposées par ces partenaires. Ces
stratégies mises en oeuvre ne sont pas toujours adaptées, parce
que n'étant pas conçues en fonction de nos réalités
socioculturelles et même psychologiques. Comme exemple on peut citer
l'inadaptation des modes de recouvrement des coûts,
préconisé dans la stratégie de renforcement des SSP comme
alternative de participation des communautés au financement de la
santé. En effet, dans la plus part des sociétés
traditionnelles, les soins et les médicaments ne sont pas payés
en espèces, mais en nature, le plus souvent symbolique : poulet,
mouton, cola, cauris...
A cette difficulté d'inadaptation de mes
apprentissages acquis pendant la formation professionnelle aux aspirations
réelles des populations, s'ajoutent les péripéties issues
des relations interpersonnelles aussi bien en milieu professionnel que celui
communautaire. Nonobstant ma jeune expérience professionnelle, je me
suis retrouvé responsable d'un service où huit (8) autres agents
plus âgés et plus anciens professionnellement travaillaient
déjà. Il se posait ainsi un besoin de savoir-être et de
savoir-faire dans les relations interpersonnelles. En outre, dans mes
tâches de chargé de programmes destinés aux
communautés de base, il me fallait des outils et des techniques
d'approche appropriés pour réussir les interventions. Cependant
la formation professionnelle que j'avais reçue ne me conférait
pas ces aptitudes. Dans le souci de combler ces insuffisances j'ai
effectué de stages de perfectionnement et pris par à de
sessions de formation continue dont les thèmes étaient relatifs :
- au management et communication dans les services de
santé, organisé par la GTZ d'août en juillet en 1999
- à la recherche action en santé de la
reproduction au centre international de formation et de recherche action
(CIFRA) à Ouagadougou, du 02 novembre 1999 au 14 mars 2000;
- à la communication avec les jeunes en santé
sexuelle et reproductive au centre d'études sur la famille africaine
(CEFA) à Lomé au Togo, du 22 avril au 15 mai 2002
- à la réalisation d'enquête quantitative
en santé de la reproduction, organisé par la GTZ et l'institut
national de la statistique et de la démographie (INSD) en juin 2002
- à la formation de formateur en santé de la
reproduction du 21 février au 15 mars 2000, organisé par la GTZ
et la DRS de la Boucle du Mouhoun;
- à la formation en gestion de district organisé
par la cellule d'appui à la décentralisation du système de
santé (CADSS) et la DRS de la Boucle du Mouhoun du 5 au 25 juin 2000 et
bien d'autres séminaires et ateliers non moins importants.
Toutes ces différentes formations reçues m'ont
certes doté et ou actualisé mes compétences pour la
réalisation pratique de mes activités. En revanche, elles ne
m'ont fourni des bases théoriques de réflexion. En d'autres
termes, je me sentais capable de pratiquer mais à la limite de ce qui
était vu lors des sessions de formation. La conséquence
systématique est la difficulté d'adaptation et d'actualisation
lorsque le contexte ou les conditions de mise en oeuvre changeaient. Michel
FEUTRE19(*) illustre cette
vision quand il déclare que : `'dans certaines
activités, le champ de connaissances est tel que l'on peut penser que
l'actualisation n'est plus suffisante mais qu'il faut mettre en place des temps
d'acquisition formalisés plus ou moins long selon le domaine et le
niveau d'expertise requise permettant à l'individu d'acquérir de
nouvelles références de nouveaux schémas de pensée
conformes aux nouvelles exigences de son activité.`' Une formation
universitaire s'avérait impérative. C'est ainsi que j'ai
postulé à une bourse d'études en sciences sociales et
sanitaires à l'Université Henri POINCARRE de Nancy I, bourse que
je n'ai jamais obtenue. Aussi ai-je constaté que mes pouvaient
être comblées sur place lorsque j'ai pris connaissance du contenu
du programme de formation en développement et éducation des
adultes (DEDA.)
DEUXIÈME PARTIE
phase intra - DEDA
A la lumière de ce que j'ai évoqué en ce
qui concerne ma formation et ma pratique professionnelles, nul doute que je me
sentais incomplet comme acteur de développement. En effet, ma formation
professionnelle de Maïeuticien ne m'a pas doté de bagages en ce qui
concerne les interventions communautaires. En outre dans le domaine de la
formation, ce stage ne m'avait appris uniquement qu'à encadrer dans le
domaine de la clinique. Il faut noter que plusieurs de mes enseignants m'ont
fait comprendre en son temps qu'après l'armée, la santé
était le corps professionnel le plus discipliné20(*). Ils aimaient à
répéter que les autres ont déjà trouvé,
qu'il nous restait à appliquer seulement, `'nous n'avons plus rien
à chercher.'' Ce principe, moi aussi je l'ai répliqué
quand j'étais en situation de formateur sur le terrain, demandant aux
apprenants d'engranger et d'appliquer `'systématiquement'' tout ce qui
est dit, sans avoir besoin de réfléchir. Tout cela résume
autant d'insuffisances dans mes pratiques de formateur. Ces insuffisances ne
pouvaient être comblées que par un renforcement de
compétences. A ces insuffisances relatives aux activités de
formations s'ajoutent les difficultés d'approches communautaires. En
effet comme plusieurs des acteurs de développement je m'étais
retrouvé dans un milieu aux réalités socioculturelles
différentes. La connaissance voire la maîtrise des
représentations et aspirations des populations étaient
impératives pour la réussite de mes actions. Ainsi les
séminaires et autres ateliers auxquels j'avais pris part ne m'avaient
pas donné satisfaction car les apprentissages développés
dans ces cadres étaient limités et circonscrits à des cas
précis. Lorsque j'ai pris connaissance de certains modules offerts par
la formation DEDA, j'ai compris alors que c'était une opportunité
qui m'était offerte pour réaliser le désir de combler mes
insuffisances.
"Pour une université transnationale et
transdisciplinaire", telle est la devise du projet DEDA. Ce qui
confère à la formation DEDA, une certaine
spécificité: la recherche de la complémentarité
entre le monde professionnel et celui universitaire. Ces deux mondes loin de
s'opposer, se doivent d'être complémentaires pour le succès
des interventions en matière de développement. Et ce d'autant
plus que chacun dispose d'atouts et de faiblesses. Le monde universitaire
renfermé, théorique a besoin des professionnels pour mesurer la
portée de leurs trouvailles de laboratoire, car ce sont ces derniers qui
sont les utilisateurs et applicateurs des théories et concepts qui y
naissent. Aussi les professionnels de terrain doivent-ils faire recours
à des réflexions conceptuelles et théoriques pour relever
certaines failles de leurs actions. C'est dire donc que la
nécessité de la complémentarité s'impose. C'est
là que DEDA puise son originalité et sa
spécificité.
Un deuxième facteur qui rend spécifique la
formation DEDA est sa méthodologie d'enseignement. Basé sur
l'approche « éducation des adultes », la formation
DEDA diffère de l'enseignement classique connu à
l'université par le fait que les apprentissages sont construits autour
de l'approche expérientielle. De plus la formation en alternance permet
aux apprenants de conceptualiser leurs acquis empiriques et de s'en approprier
pleinement. En outre les périodes d'alternance constituent des
opportunités pour l'utilisation immédiate des concepts, ce qui
limite les déperditions éventuelles de savoirs. Ce qui ne serait
pas évident les cours étaient enchaîné durant tout
le cycle de formation. Ainsi à l'issus des six (6) blocs de cours
intercalés par les périodes d'alternance, j'ai pu m'inculquer
quelques acquis.
1. Les acquis conceptuels
A l'issue des ateliers de mise à niveau, des ateliers
thématiques et des ateliers d'intégration, bon nombre de concepts
m'ont intéressé et je m'en suis approprié. Aussi les
arbres à palabres qui ont été animés par
d'éminentes personnalités m'ont permis de consolider ces acquis.
Il s'agit des concepts de développement, d'interculturalité et de
mondialisation.
i. Développement
Avant la formation DEDA je voyais le développement
comme un changement radical qui naît d'apport exogène. A mon sens,
être développé, c'est disposer d'un potentiel en
infrastructures, en finances, en richesses minières, etc. Tout ce qui
avait trait à l'économie capitaliste. A présent la
formation DEDA a changé ma façon de voir et de percevoir le
développement. Pour définir le développement, je partage
la vision de Jean-Pierre OLIVIER DE SARDAN. Pour lui le développement
peut être défini " comme l'ensemble des processus sociaux
induits par des opérations volontaristes de transformation d'un milieu
social, entreprises par le biais d'institutions ou d'acteurs extérieurs
à ce milieu mais cherchant à mobiliser ce milieu et reposant sur
une tentative de greffe de ressources et/ou techniques et/ou
savoirs21(*)
La nouvelle vision du développement que j'ai
s'apparente à cette définition. Pour moi le développement
est inhérent à l'épanouissement de l'être humain
comme le dit JPO en parlant de milieu social, c'est à dire la
satisfaction des besoins minimums et la jouissance des droits humains les plus
fondamentaux dans l'éducation, la santé, l'accès à
l'eau, au logement... L'alternative qui se présage en matière de
développement est de faire en sorte que les sociétés
puissent jouir du minimum de ces droits fondamentaux dans la dignité.
ii. Interculturalité.
La façon de voir l'autre, c'est à dire la
représentation que l'on a de l'autre, la compréhension qu'on a de
lui, renvoie à une confrontation de cultures d'où le concept de
l'interculturalité.
La notion d'interculturel est toute nouvelle pour moi bien que
dans mes pratiques professionnelles j'eusse à, affronter des questions
à fondement interculturel tout en les ignorant. En effet, il m'est
revenu à quelques moments de participer à la résolution
des conflits qui pouvaient impliquer les agents de santé entre eux ou
entre ces derniers et la communauté. Ces genres de conflits sont
récurrents dans les structures de santé et dans biens d'autres
services.
Le concept d'interculturalité, comme discipline, est
très récent, n'offrant pas beaucoup de champs exploratoires. Ce
n'est qu'à partir de 1980 que ce champ, en terme de recherches et
d'enseignements universitaires, s'est fortement développé en
Europe et dans le monde occidental au sein des disciplines multiples dont il
est issu22(*).
Que ce soit aux niveaux individuel, communautaire ou national,
les questions identitaires sont en ces dernières années à
l'origine de plusieurs conflits. Ces mêmes situations de composition
négative de l'interculturalité se déportent dans les
services où les professionnels, le plus souvent issus de milieux
socioculturels différents, entretiennent des rapports conflictuels.
L'ampleur de ces conflits peut même engendrer un blocage du service.
Toutefois l'usage de l'interculturalité dans les
relations humaines peut conceder des effets positifs : au Burkina Faso, si
l'usage de la parenté à plaisanterie était bien fait elle
pourrait consolider la cohésion sociale qui constitue de nos jours une
richesse inestimable à tout amorce de développement.
Il est évident qu'à la fin de la formation DEDA,
ma façon de voir dans les rapports entre les hommes aussi bien en milieu
social que professionnel. Ainsi on peut en tenir compte dans la composition des
équipes de travail par exemple.
iii. Mondialisation
Le terme mondialisation est devenu d'usage courant ces
dernières années. Que ce soit les politiciens, les sociologues,
les économistes, etc, ce concept revient dans tous les discours et
écrits. Mais que cache ce terme ? Avant la formation DEDA, je me
serai résolu à dire que la mondialisation est une tentative de
fusion des pays de la planète pour en faire un seul. Ainsi j'utilisai
l'expérience physique la loi de la pression osmotique pour faire
comprendre la mondialisation : les nations riches déverseraient un
peu de leurs avoirs à celles qui n'en disposent pas. Ma vision
antérieure semblait corroborer celle de D.DOLLAR23(*) quand il cite que :
« par mondialisation j'entends l'intégration accrue
d'économies et de sociétés différentes qui
résulte de l'intensification des courants de biens, de capitaux, de
personnes et d'idées. » Dans cette définition,
l'approche est holistique, intégrant aussi bien des questions sociales
que d'ordre économique. Malheureusement, il y a un grand hiatus entre
cette théorie et la réalité constatée sur le
terrain. La mondialisation a une représentation plus inhumaine que l'on
n'aurait imaginé, promouvant le néolibéralisme
économique sans partage entraînant ainsi l'engrenage cupide des
capitaux par les mieux nantis aux détriments des valeurs sociales. Cette
situation bafoue ainsi le bénéfice du droit à la
santé des pauvres, n'exemptant pas le droit à la santé,
« l'industrie pharmaceutique n'est pas une ONG, elle doit
satisfaire les intérêts des actionnaires24(*) .»
Au sortir de cette formation, je me sens inviter à
appréhender, dorénavant tous les problèmes qui seront
posés en tenant compte des différents aspects liés
à la mondialisation ; étant entendu d'une part qu'un pays
comme le Burkina Faso ne peut mieux s'insérer dans la mondialisation que
par le commerce des services. L'institution dans laquelle je travaille à
une vocation internationale dans l'offre. Elle peut bien être un
créneau pour cette insertion.
2. Les acquis méthodologiques
Je me suis forgé quelques méthodes pour mieux
appréhender les problèmes liés à la santé en
général et à ma structure en particulier. Etant
chargé de la planification et du suivi évaluation, je me retrouve
au carrefour de toutes les prises de décision. Ainsi les acquis
méthodologiques ci-dessous me seront d'une utilité
incommensurable.
i. L'analyse historico-politique
La vision de spécialiste « pointu »
amène souvent les techniciens de santé à faire des
analyses incomplètes, des problèmes de santé et des
services de santé. Par conséquent la résolution de ces
problèmes ne peut être définitive puisque la vision est
étriquée. La formation à DEDA m'offre l'opportunité
de me forger un outil assez pertinent appréhender dans
l'évolution du temps les situations de développement.
L'atelier sur l'analyse historico-politique du
développement, en plus des informations que j'ai reçues sur
l'histoire de l'Afrique en générale, se présente comme un
véritable instrument d'appréhension des problèmes de
développement. Grâce à ce cours j'ai compris (à
l'image du Pr KI-ZERBO pour évoquer les causes du
sous-développement africain) que les fondements de la pauvreté,
de la misère en Afrique sont encrés dans l'histoire. Ainsi de la
traite des noirs, à la mondialisation en passant par la colonisation,
tout prédispose l'Afrique à une dystocie de démarrage en
matière de développement.
C'est ainsi que, dans l'élaboration de la politique
nationale de développement de la petite enfance(PNDIPE) notamment
à sont volet analyse de la situation sanitaire de la petite enfance, je
n'ai pas hésité à m'inspirer de l'analyse
historico-politique pour apprécier les différents schémas
directeurs, politiques et programmes développés jusque-là
dans le domaine de la petite enfance. Il est ressorti que les problèmes
de santé inhérents à la petite enfance, en l'occurrence,
l'insuffisance de l'organisation et de l'offre des services de soins ne sont
pas incidents. Ce sont des suites logiques de systèmes de santé
inadaptés qui ont été développé
jusqu'à présent.
Aussi, je pourrai user de cette méthode dans l'analyse
des problèmes pour l'élaboration des projets
d'établissements, des plans de développement sanitaire ainsi que
des plans d'action de l'institution.
ii. L'analyse sociologique des institutions et des
organisations.
Elle constitue pour moi, à l'issu de la formation DEDA
une méthode de management que je me suis servi en situation pratique
à la direction régionale de la santé de la Boucle du
Mouhoun. Alors que j'étais en stage d'administration dans ce service
déconcentré du ministère de la santé, il m'a
été demandé conformément aux objectifs du stage, de
procéder à un diagnostic des facteurs éventuels de
dysfonctionnement de l'institution. Me servant des différents
mécanismes de coordination du travail et des configurations selon
MINITZBERG, j'ai énuméré les différentes sources
potentielles de conflits, après avoir fait une description
détaillée des différents acteurs et des relations qui les
lient. Ces observations ont été présentées au
directeur régional de la santé qui y a trouvé des motifs
de satisfaction tout en promettant d'exploiter judicieusement le rapport qui
lui était présenté.
Le centre hospitalier universitaire pédiatrique Charles
De GAULLE est une institution à configuration complexe. On y trouve une
configuration entrepreunariale, vu son statut juridique d'établissement
public de santé, une configuration bureaucratique au point de vu
organisation administrative et une configuration professionnelle relativement
à la qualité du personnel technique.
L'analyse sociologique qui me permet de faire cette lecture me
confère également des aptitudes à comprendre certains
dysfonctionnement. Ainsi je pourrai participer à des prises de
décisions idoines. Et cela en ce sens que je fais partie des
différentes instances de gestion et de prise de décision :
staff, conseil de direction et d'autres comités spécifiques.
iii. L'ingénierie du projet de
développement.
L'une de mes principales attributions est la planification des
activités. La planification peut consister en l'élaboration d'un
plan stratégique, d'un plan d'action ou d'un projet ou micro-projet. En
ce sens l'ingénierie de projet de développement constitue un
outils qui me permet d'approfondir mes pratiques en ce qui concerne surtout les
études de faisabilité et les analyses de situations. En effet
j'occultais certaines dimensions quand je planifiais et exécutais une
étude de faisabilité. Au sortir de la formation DEDA je retiens
que les aspects suivants doivent être appréhender pour avoir une
vision holistique de tout projet naissant. Ce sont les analyses de l'offre, de
la demande, de la rentabilité financière, sociale et
économique25(*).
Ainsi j'ai pu utiliser certains des apprentissages en ingénierie de
projet dans le cadre de la mise en place de la mutuelle de santé des
producteurs de coton de Kouka dans la province des Banwa(Solenzo.) Ainsi
après avoir conçu un cadre d'analyse en fonction des
enseignements reçus lors de la formation DEDA, j'ai analysé le
processus et les résultats de l'étude de faisabilité qui
était déjà réalisée. Les résultats de
mon analyse ont fait l'objet d'échanges entre au sein de l'équipe
de la direction régionale de la santé de la Boucle du Mouhoun.
Beaucoup de mes observations ont été prises en compte.
L'ingénierie du projet de développement, sera un
principal outil dans l'élaboration des plans d'action, des projets
d'établissement, des projets et micro-projets du CHUP-CDG, étant
donné que je suis l'acteur principal dans la conception de ces
différents supports de gestion et de développement de
l'institution.
3. Les acquis transversaux
Renforcement de la culture générale,
développement du goût pour la lecture, argumentation solide dans
les idées, sont entre autres des acquis transversaux à mettre
à l'actif de la formation DEDA :
i. Renforcement de ma culture générale
Développement, éducation de base, commerce
mondial, mondialisation, relations internationales, conflits identitaires en
Afrique, systèmes de santé, politiques de développement du
tiers monde, sont autant des thèmes que je peux évoquer avec un
argumentaire aussi consistant que possible. Ceci grâce à la
formation DEDA à travers les ateliers, les arbres à palabre, les
échanges avec les étudiants des autres pays et ou des autres
secteurs d'activité que la santé.
Suite à la multiplicité et à la
variabilité, et du fait de la transversalité de la formation
DEDA, les informations engrangées me serviront dans l'analyse et ou
l'élaboration de tous les documents et autres supports astreints au
fonctionnement de l'institution : planification, gestion, formation et
information, communication...
ii. Développement du goût à la
lecture
La lecture n'était pas une pratique courante à
mon niveau avant la formation DEDA. A l'issue de mon parcours scolaire et
universitaire, les seules périodes où la lecture faisait partie
de mes habitudes restent les deux cycles de formation à l'ENSP. Une fois
sur le terrain la lecture était reléguée à un autre
plan. Pendant la formation DEDA, l'exploitation des supports de cours, la
lecture des textes distribués lors des travaux de groupe, la recherche
documentaire personnelle pour les différentes évaluations ont
fini par me donner le goût de la lecture. Ceci s'est illustré par
une fréquentation plus assidue des bibliothèques aussi bien du
ministère de la santé que celles d'autres institutions. L'adage
de l'habitude devient une seconde nature s'est vérifié
à mon niveau de telle sorte que dorénavant, j'arrive à
insérer des périodes de lecture dans mes emplois de temps
professionnel.
TROISIÈME PARTIE
phase post - DEDA
La fin des cours de DEDA coïncide avec mon affectation
dans une nouvelle institution: le centre hospitalier universitaire
pédiatrique Charles de GAULE. J'ai à priori la charge de
gérer le service de l'information médicale (SIM) de cette
institution. En d'autres termes je suis chargé de la gestion de la base
de données de l'hôpital conformément à ma
spécialisation d'épidémiologiste. Cependant le directeur
général a décidé de me confier également la
planification et le suivi évaluation des activités, la
communication interne et externe de l'institution. Ces deux dernières
attributions constituent un tremplin pour le réinvestissement de mes
acquis nés de la déstructuration / restructuration que j'ai subie
avec la formation DEDA. Je présente dans cette partie la configuration
de ma nouvelle structure d'accueil, les difficultés que je pourrais
rencontrer dans une telle structure et les stratégies d'action
susceptibles d'être engagées en conséquence, et enfin mes
perspectives d'avenir.
1. Configuration de la
nouvelle institution qui m'accueille après DEDA :
Le Centre Hospitalier Universitaire Pédiatrique Charles
de GAULE (CHUP-CDG)
i. Présentation générale26(*) de la structure
Le CHUP-CDG a été créé par
décret n° 99-252/PRES/PM/MS du 20/07/99. Il est situé au
979, Avenue des Tensoba27(*), au secteur 28 de la commune de Ouagadougou,
précisément à l'intersection de l'avenue sus-citée
et l'avenue Charles DE GAULE. C'est un établissement hospitalier
universitaire de 120 lits dont l'ouverture officielle est intervenue le 30
janvier 2001. Il a pour mission d'offrir des soins de qualité aux
enfants de 0 à 14 ans sans discrimination (prestations de consultation,
d'hospitalisation et de prise en charge des urgences médicales et
chirurgicales).
Etablissement Publique de Santé
(EPS), il est administré par un Conseil
d'Administration dont l'installation et la première réunion ont
eu lieu le 19 mars 2001.
Conformément au décret n°
2004-191/PRES/PM/MFB portant statut général des
établissements publics de santé, les structures composant la
direction générale sont :
- La direction de l'administration financière,
- La direction des ressources humaines,
- La direction de l'hospitalisation et de l'organisation des
soins,
- La direction des services généraux
- L'agence comptable.
Ces directions sont structurées en services ou
unités (services administratifs, unités de soins médicaux,
chirurgicaux et unités médico-techniques.)
Par ailleurs, l'hôpital entretient un partenariat avec
le projet Ensemble pour la Solidarité Thérapeutique
Hospitalière En Réseau (ESTHER), le Centre Hospitalier
Universitaire (CHU) de Rouen et le Conseil National de Lutte contre le SIDA et
les Infections Sexuellement Transmissibles(CNLS/IST.)
ii. Présentation de la direction
générale du CHUP-CDG
L'organisation de la direction générale de
l'hôpital présente quatre directions et cinq services
rattachés comme le montre la figure n°4. En ce qui concerne les
directions, il s'agit de :
- Du cabinet du directeur général
- La direction de l'administration des finances (DAF),
- La direction des ressources humaines (DRH),
- La direction de l'hospitalisation et de l'organisation des
soins (DHOS),
- La direction des services généraux (DSG.)
- De l'agence comptable (AC)
Toutes les directions sont subdivisées, chacune, en
services ou unités qui exécutent les activités
opérationnelles. Pour ce qui est des services rattachés au
cabinet du directeur général, il s'agit :
o Du secrétariat
o Du service d'information médicale(SIM)
o Et du service social (SS)
SS
SIM
Direction Générale
Sécretariat
DHOS
DSG
DAF
DRH
AC
Figure n°3 : Organigramme de
la direction générale du CHUP-CDG
L'analyse sociologique de cette organisation
révèle à une configuration bureaucratique28(*) qui donne une typologie des
acteurs se répartissant en 4 catégories comme
illustré dans la figure n°5:
o Les analystes (acteurs externes): les membres du
conseil d'administration, le contrôleur financier.
o Le sommet stratégique : le directeur
général
o La ligne hiérarchique : directeurs et chefs de
service rattachés au cabinet
o Les opérateurs constitués des agents menant
les tâches dans les services et les unités de soins ou
techniques.
Membres du conseil d'administration
Directeur Général
Contrôleur financier
Directeurs et chefs de service
rattachés
Agents de la DSG
Agents du Secrétariat
Agents de l'AC
Agents du SIM
Agents de la DRH
Agents du SS
Agents de la DHOS
Agents de la DAF
Figure n°4 : coordination du travail
à la direction générale du CHUP-CDG.
La coordination du travail29(*) au niveau de ces acteurs est marquée
principalement par deux mécanismes: la standardisation des
qualifications et celle des résultats. En ce qui concerne la
standardisation des qualifications, le CHUP-CDG qui est une structure
hospitalière hautement spécialisée, requiert des acteurs
avec un certain niveau de qualification et de spécialisation assez
élevé. Pour ce qui est de la standardisation des
résultats, il faut signaler que compte tenu du degré de
qualification des acteurs, ils jouissent d'une certaine liberté dans
l'exécution de leurs tâches. Cependant les résultats, en
terme d'objectifs à atteindre, leurs sont demandés, quelque soit
la manière dont ils les obtiennent.
2. Les difficultés
éventuelles et les stratégies d'action
Bien que la structure bénéficie à l'heure
actuelle d'une certaine crédibilité dans le dispositif sanitaire
urbain et même national, certaines difficultés sont susceptibles
de se présenter et miner son fonctionnement. Il peut s'agir d'un certain
nombre de problèmes transversaux qui peuvent être entre
autres liés :
- au personnel,
- au système de tarification et de recouvrement,
- aux infrastructures, à l'organisation,
- à l'appui logistique,
- à l'accueil et à la communication
Si le personnel, les infrastructures, la logistique sont des
intrants dont l'acquisition ne dépend pas uniquement de l'équipe
managériale de l'établissement, l'accueil et la communication
demeure par contre sa préoccupation quotidienne. Des plaintes seraient
légions en l'encontre de l'hôpital parce que certains l'assimilent
à une structure privée à but lucratif, délié
de son caractère social. En effet, doté d'une infrastructure et
des équipements performants, le CHUP-CDG présente une
organisation plus moderne dans l'offre des services. C'est une structure
où le travail est hautement informatisé, dès
l'entrée du malade jusqu'à sa sortie. Cette situation, en plus du
confort que l'institution présente, fait que le coût des
prestations est relativement élevé par rapport aux autres
structures hospitalières publiques. Toutefois, cela constitue un
malentendu que la direction ne doit ménager aucun effort pour
éclaircir. Cette situation constitue par conséquent un tremplin
afin d'utiliser mes apprentissages en communication interpersonnelle et
communication interculturelle, voire en communication pour le
développement. C'est une perspective parmis tant d'autres qui s'offre en
moi pour le réinvestissement de mon nouveau capital socioprofessionnel
à travers les stratégies d'action suivantes, susceptibles
d'apporter des solutions aux éventuels problèmes, ce sont :
- la formation : le CHUP-CDG dispose
d'un plan de formation intégré dans son plan d'action annuel.
Ainsi des sessions sont planifiées pour renforcer les compétences
des acteurs dans le domaine de la communication et de l'accueil des malades, la
planification des activités, la gestion et l'administration
financière et matérielle. Dans toutes ces formations je pourrai
apporter ma contribution en puisant dans mes acquis issus des modules tels que
l'ingénierie des projets de développement, l'analyse sociologique
des organisations et institutions, la communication interculturelle, le
processus d'apprentissage des adultes... Aussi pourrais-je apporter des
informations acquises à l'issue des échanges avec les
collègues lors des ateliers d'intégration et des travaux de
groupes.
- du management : avec le cours sur
l'analyse sociologique des organisations et institutions, c'est tout le
fondement du management qui y est développé. L'organisation des
hôpitaux ainsi que leur positionnement institutionnel présente un
caractère hybride en terme de configuration30(*). Il y cohabite
généralement une configuration professionnelle, composée
d'un collège médical assez qualifié et une configuration
bureaucratique composé d'un pool administratif. La cohabitation n'est
pas toujours évidente, vu que les deux configurations ne partagent pas
souvent la même façon de voir les choses. Cela entraîne de
temps à autre des conflits qui peuvent porter préjudice aux
malades. C'est pourquoi il s'avère nécessaire que les dirigeants
soient rompus aux règles élémentaires de management. C'est
en ce sens que l'analyse sociologique des organisations et institutions
revêt un grand intérêt.
- de la communication : la direction
générale consacre des ressources assez importantes pour le volet
communication. Il reste à élaborer une stratégie
pertinente, efficace et efficiente pour atteindre les objectifs qui sont de
faire connaître l'hôpital et d'atteindre une utilisation optimale
des services qui y sont offerts. C'est un tremplin pour moi de pouvoir
m'exprimer dans le domaine de la communication. Cela est d'autant
intéressant que le service de communication interne et externe de la
structure m'est été confié. Je compte ainsi proposer un
plan intégré de communication en relations avec les objectifs
sus-cités.
- 3- Mes perspectives
après DEDA.
i. Au niveau de ma carrière professionnelle
Le début de mes activités au CHUP-CDG constitue
les prémices d'une autre partie de mon histoire de vie. Une phase
d'observation est très utile pour moi qui viens d'entamer une
carrière dans le système hospitalier autrefois méconnu. En
effet depuis la fin de ma formation professionnelle de M.E, je n'ai
évolué que dans le système de district et de plus en
milieu rural. Il y a donc beaucoup de choses prendre en considération.
La primauté consiste à découvrir les déterminants
du système hospitalier afin de mettre mes potentiels en évidence.
Je pense avoir des opportunités, vu ma place dans le dispositif de
l'institution hôte, pour mettre en évidence mes acquis de la
formation DEDA. Dans cette quête, je suis en contact avec un cabinet
d'études qui intervient dans le domaine de la santé. J'y suis un
consultant dans le domaine des études, de la formation, de
l'élaboration des projets et de la planification. Aussi j'interviens
dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive des jeunes pour le
compte du PSV-DSTE/GTZ, dans le domaine des études et des
évaluations. Cela me permettra de réaliser ce qui ne me sera pas
possible de faire au CHUP-CDG dans l'optique de la consolidation de mes acquis
de la formation DEDA et le réinvestissement de ces acquis.
ii. En matière de renforcement de mes
capacités.
Pour le renforcement de mes capacités, je poursuis deux
objectifs en relation avec ma formation professionnelle dans les domaines de
l'épidémiologie, de développement en général
et de la formation. Pour le premier, étant fonctionnaire de l'Etat
burkinabè, il me faut servir pendant trois (3) années avant de
prétendre à une éventuelle promotion. Une fois cette
condition remplie j'envisage faire des études de 3eme cycle
en épidémiologie. Mes prises de contact m'ont déjà
orienté vers deux(2) institutions universitaires où je peux avoir
accès à cette formation. Ce sont l'Institut de Santé
Publique et d'Epidémiologie (ISPED) de l'université de Bordeaux
en France et l'Institut de Santé Publique à l'université
de Laval au Canada. En attendant, je souhaite suivre des formations continues
dans le domaine afin de renforcer et d'actualiser mes capacités.
Mes perspectives dans le domaine du développement et de
la formation restent à priori de faire une maîtrise à DEDA
avec une éventuelle option sur le développement des services de
santé. Ainsi je serai une personne ressource, vu que
l'épidémiologie rime avec développement sanitaire. Je
pense alors pouvoir contribuer au développement du système de
santé de mon pays, une fois ces aptitudes acquises. L'issue de la
maîtrise en développement déterminera la suite de mes
prétentions en matière de formation académique dans ce
sens. Ainsi un troisième cycle pourra être envisagé.
Vivement que ce troisième cycle voit le jour sous la direction du projet
DEDA avec la même méthodologie d'enseignement en alternance.
Conclusion
Comment identifier un besoin de formation? "Bien de
formateurs se sont lancés dans des enquêtes pour analyser les
besoins de formation et ils ont été
déçus."(NOYE Didier et PIVETEAU Jacques, 200031(*)) Les attentes des personnes ne
correspondent souvent pas nécessairement à une demande de
formation. Il faut donc clarifier la demande. La première ressource
mobilisable pour une formation est l'acteur concerné. C'est pourquoi
l'apprenant doit être le véritable artisan de sa formation. De
plus, l'approche interdisciplinaire et transnationale ne fait qu'émuler
davantage l'usage de l'approche expérientielle en matière
d'auto-formation.
Mon histoire de vie décrite dans ce travail montre des
moments charnières qui m'ont prédisposé aux
différentes formations professionnelles de base : les conditions de
ma naissance qui m'ont orienté vers la santé, l'écart
entre la formation professionnelle à l'ENSP et les
réalités qui m'a poussé à m'orienter dans la
santé publique, la recherche de meilleures aptitudes et performances
dans mes interventions qui ont motivé à postuler pour la
formation à DEDA.
Les acquis de DEDA qui ont engendré une
déstructuration et une restructuration de ma personne et partant une
reconstruction de mon identité ont été d'un
intérêt justifié puisqu'ils ont répondu à mes
attentes. Cependant le changement de cadre professionnel intervenu à la
fin de ma formation ne me permet pas réellement de porter un jugement
objectif sur les changements intervenus dans mes pratiques. Et ce d'autant plus
que ma nouvelle configuration professionnelle (système hospitalier) dans
son organisation, son fonctionnement et son cadre institutionnel,
diffère avec la précédente qui était un
district.
Toutefois, cette configuration m'offre des opportunités
et des cadres d'expression à même de permettre le
réinvestissement de mes acquis de la formation DEDA. En effet le
CHUP-CDG où je suis actuellement, présente des difficultés
dont le solutionnement nécessite des interventions pour lesquelles je
peux faire usage mes acquis conceptuels et méthodologiques de la
formation. DEDA. Une réflexion future sur la mise en oeuvre de ces
acquis susciterait un besoin de formation. C'est pourquoi il serait souhaitable
que le projet DEDA accorde une attention particulière à
l'ouverture d'autres programmes de formation si possible de niveau
supérieur à celui de la licence. En attendant des perspectives
sont à mettre en oeuvre aussi bien pour ma carrière
professionnelle que pour le renforcement de mes capacités, car mon
histoire de vie me révèlera toujours des besoins de formation que
je chercherai toujours à combler.
Bibliographie
Les ouvrages
1. AKOUN André et ANSART Pierre (sous la dir.), (1999),
Dictionnaire de sociologie, , collection dictionnaires le Robert, Editions
Seuil, 587 p.
2. BOURGEOIS, Etienne, (1996), l'adulte en formation,
regards pluriels, collection perspective en éducation, De Boeck
Université de Paris, Bruxelles,165 p.
3. KI-ZERBO, Joseph.(2003) A quand l'Afrique ? Entretien
avec René HOLEINSTEIN, Editions de l'Aube, d'En Bas, Eburnie,
Ganndal, Jamana, Presses universitaires d'Afrique, Ruisseaux d'Afrique, Sankola
et Gurli,197 p
4. KI-ZERBO, Joseph, (1999), le développement
clés en tête, in la natte des autres, pour un développement
endogène en Afrique, Editions CODESRIA/CRDE, Dakar, 491 p.
5. NIZET Jean et PICHAULT François,(1995) comprendre
les organisations Mintzberg à l'épreuve des faits, GAETAN MORIN
éditeur, EUROPE, 312 p
6. NOYE Didier et PIVETEAU Jacques, (2000), Guide pratique du
formateur, concevoir, animer et évaluer une formation, INSEP CONSULTING,
Editions, 202 p.
7. OLIVIER DE SARDAN Jean-Pierre, (2001) anthropologie et
développement, essai en anthropologie du changement social, Edition
Karthala, Paris, 221 p.
Les revues
1. BARBIER, Jean-Marie & al, Formation et dynamiques
identitaires, Education permanente n° 128, 221 p
2. DEMORGON J & al, (2003) interculturalités, in
questions de communication n°4 année 2003
3. DOLLAR, David, de la politique à l'action, la
mondialisation est - elle bonne pour votre santé, in revue
internationale de santé publique, recueil d'article n°6
Bulletin de l'OMS
4. F. HOUTART, (2004), les obstacles à la santé
en l'an 2000.Centre tricontinental, Genève
5. M. FEUTRE, la validation des acquis personnels et
professionnels et l'université, in Education permanente
n°18-19 p 55
6. Médecins du Monde, (janvier 2003) mondialisation et
santé,
7. OUEDRAOGO, Boureima, (1996) les secrets de la
médecine traditionnelle, in Tradition et Modernité,
n°003, mai-juin 1996.
Les notes de cours
1. BALIMA Serge Théophile, (février 2005),
communication pour le développement, UFR/SH/DEDA, Ouagadougou.
2. COMPAORE N.D.Félix, (novembre 2003) sciences de
l'éducation et développement, UFR/SH/DEDA, Ouagadougou.
3. DOMINICE Pierre, (mars 2004) notes du cours sur le
processus d'apprentissage chez l'adulte dans un contexte de
développement, UFR/SH/DEDA, Ouagadougou.
4. FAUGUET Jean Louis, (février 2004), critères
de qualité d'un bon système éducatif, UFR/SH/DEDA,
Ouagadougou.
5. GOITA Mamadou, (mars 2004), notes du cours sur
l'ingénierie du projet de développement,
UFR/SH/DEDA,.Ouagadougou.
6. NIZET Jean, (mars 2004), notes du cours sur l'analyse
sociologique des organisations, institutions, UFR/SH/DEDA, Ouagadougou.
7. SOULAMA Souleymane, (juin 2004) notes du cours sur
l'analyse socioéconomique de l'Afrique, UFR/SH/DEDA, Ouagadougou.
Autres documents consultés.
1. Centre Hospitalier Universitaire Pédiatrique Charles
De Gaule, (janvier 2005), Plan d'action 2005, Ouagadougou.
2. District sanitaire de Toma, (décembre 2001) plan
d'action 2002, Toma.
3. District sanitaire de Toma, (mai 2000), Plan de
développement sanitaire 2000-2004, Toma.
4. Ministère de l'économie et du
développement (janvier 2004), Cadre Stratégique de Lutte contre
la Pauvreté, Ouagadougou.
5. Ministère de la santé, 2001, plan national de
développement sanitaire 2001-2009, Ouagadougou.
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* 1 Cité par BOURGEOIS,
Etienne, (1996), l'adulte en formation, regards pluriels, collection
perspective en éducation, De Boeck Université de Paris,
Bruxelles.
* 2 KI-ZERBO Joseph, (1992),le
développement clés en tête, in la natte des autres, pour
un développement endogène en Afrique, Editions CODESRIA/CRDE,
Dakar, P10
* 3 F. HOUTART, (2004), les
obstacles à la santé en l'an 2000.Centre tricontinental, ,
Genève.
* 4 District sanitaire de Toma,
(2001) plan d'action 2002, Toma.
* 5 Carte réalisée
à l'aide du logiciel HEALTH MAPPER 4.0
* 6 District sanitaire de Toma,
(2000), Plan de développement sanitaire 2000-2004, , Toma
* 7 module sur la
déontologie de la SFME
* 8 l'OMS définit la
santé comme un état de complet bien être physique, mental
et social et ne consiste pas en l'absence de maladie ou d'infirmité.
* 9YAMWEOGO,(1994), Notes de
cours de Déontologie de la profession infirmière, ENSP/TC,
Promotion 94 -97
* 10 Ministère de la
santé,( 2001), plan national de développement sanitaire
2001-2009, Ouagadougou.
* 11 Ministère de la
santé, (1996), Protocoles, Normes et politiques en santé de la
reproduction au Burkina Faso, Ouagadougou.
* 12 Indicateur de mesure de
l'utilisation du service de planification familiale.
* 13 Principale activité
culturelle de la région
* 14 bière locale faite
à base de sorgho.
* 15 Méthode
contraceptive hormonale administrée chirurgicalement sous forme
d'implants sous-cutanés au niveau de la face interne du bras.
* 16 Corps de promotion
après le diplôme d'Etat d'infirmier ou de SFME.
* 17 AKOUN André et
ANSART Pierre (sous la dir.), (1999), Dictionnaire de sociologie, , collection
dictionnaires le Robert, Editions Seuil, P251.
* 18 Proverbes en pays
mossi.
* 19 FEUTRE, Michel, la
validation des acquis personnels et professionnels et l'université, in
Education n°18-19 p 55
* 20 La discipline ici se
résume à l'exécution stricte des ordres et au respect de
la hiérarchie supérieure.
* KI-ZERBO, Joseph, (2003), à quand
l'Afrique ?Entretien avec René HOLENSTEIN, Editions de l'Aube,
2003.
21 OLIVIER DE SARDAN Jean-Pierre (2001), anthropologie
et développement, essai en socio-anthropologie du changement social.
Editions Karthala,.
* 22 DEMORGON J & al,
(2003), interculturalités, in questions de communication n°4
année 2003
* 23 DOLLAR, David, de la
politique à l'action, la mondialisation est - elle bonne pour votre
santé, in revue internationale de santé publique, recueil
d'article n°6 Bulletin de l'OMS
* 24 Déclaration d'un
porte-parole des entreprises pharmaceutiques américaines, in alternative
Sud, mars 2004 p15.
* 25 GOITA Mamadou, (2004),
notes du cours sur l'ingénierie du projet de développement
UFR/SH/DEDA, Ouagadougou.
* 26 CHUP-CDG (2004) Plan
d'action 2005, Ouagadougou.
* 27 ex Boulevard circulaire de
la jeunesse
* 28 NIZET Jean et PICHAULT
François, (1995), comprendre les organisations, Mintzberg à
l'épreuve, Editions Europe
* 29 NIZET Jean et PICHAULT
François ; (1995). Id.
* 30 NIZET Jean et PICHAULT
François, (1995), id.
* 31 NOYE Didier et PIVETEAU
Jacques, (2000), Guide pratique du formateur, concevoir, animer et
évaluer une formation, INSEP CONSULTING Editions.
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