Conclusion
Le terme "glaucome" regroupe plusieurs affections oculaires
caractérisées par une dégénérescence et une
excavation progressive de la tête du nerf optique. Il s'agit d'une
maladie insidieuse, le plus souvent indolore, d'évolution chronique et
progressive pouvant entraîner une cécité.
Le glaucome primitif à angle ouvert (GPAO) constitue la
forme la plus fréquente de cette maladie. Cette affection est
généralement liée à une hypertension
intraoculaire.
Le glaucome constitue un problème de santé
publique à l'échelle mondiale. Sa progression est aujourd'hui en
rapport avec l'accroissement de la population mondiale mais surtout à
l'évolution favorable de l'espérance de vie. La fréquence
d'apparition du glaucome augmente avec l'age, elle serait de 5 % chez les
sujets de plus de 65 ans. Elle est plus fréquente chez les sujets
présentant des antécédents oculaires, de diabète ou
d'hypertension artérielle.
Le traitement médical du glaucome primitif à
angle ouvert vise à préserver la fonction visuelle, le plus
souvent en diminuant la pression intraoculaire qui est le facteur de risque
principal.
Notre étude a été réalisée
à la clinique ophtalmologique spécialisée de
Kénitra au Maroc, qui est un établissement non gouvernemental de
Croissant Rouge Marocain à but non lucratif.
Le but de notre travail a été
d'évaluer :
- La place du traitement médicamenteux dans la prise en
charge du GPAO.
- L'efficacité du traitement antiglaucomateux de chaque
classe thérapeutique.
- Les cas d'échecs thérapeutiques et/ou ayant
nécessité une intervention chirurgicale.
Les patients ont été suivis pendant 4
consultations, ceci nous a permis de recueillir les différents
schémas thérapeutiques qui ont été proposés.
L'efficacité des traitements a été évaluée
grâce à l'appréciation de la pression intraoculaire. Ce
travail a été complété par un interrogatoire sur
l'acceptabilité et l'observance du traitement.
Sur les 87 patients de notre étude, 58,62 % sont du
sexe masculin contre 41,38 % de sexe féminin, avec un sexe ratio
Homme/Femme de 1,42. Ces patients sont âgés en moyenne de 65,07
+/- 0,12 ans. La tranche d'âge la plus touchée est celle de 50
à 79 ans qui constitue 83,90 % de notre population. Dans 20,69 % des
cas, nos patients présentent des antécédents
d'hypertension artérielle et dans 13,79 %, de diabète. La
cataracte est présente chez 35,63 % des patients.
A la 1ère consultation, le schéma
thérapeutique prédominant est la monothérapie (47,13 %),
alors qu'à la troisième consultation, la bithérapie est de
50,88 % contre 38,35 % pour la monothérapie et 10,77 % pour la
trithérapie.
A la 1ère consultation, la PIO moyenne des
patients était de 30,86 +/- 0,12 mmHg. Sous l'effet du traitement, elle
s'est stabilisée en moyenne autour de 19,94 +/- 0,15 et 19,23 +/- 0,15
mmHg à la 3ème et 4ème consultation
respectivement.
En monothérapie, les prostaglandines présentent
une meilleure efficacité avec une baisse moyenne de la PIO de 43,35 +/-
3,06 %. Cet effet est encore plus important lorsque les prostaglandines sont
associées aux mydriatiques (57,14 %) ou aux myotiques (53,85 %). Dans
notre étude, une bithérapie associant les prostaglandines aux
bêtabloquants diminue l'effet hypotenseur oculaire des prostaglandines
(24,91 +/- 1,94 % vs 43,35 +/- 3,06 %).
En trithérapie, en association avec un
bêtabloquant + un IAC ou encore un bêtabloquant + un mydriatique,
les prostaglandines présentent un effet hypotenseur moins important que
lorsqu'elles sont utilisées en monothérapie.
Certaines classes thérapeutiques entraînent une
baisse de la PIO moins importante que celle obtenue avec les prostaglandines.
En effet, les bêtabloquants et les IAC diminuent la PIO de 8,68 +/- 1,12
% et de 12,38 +/- 6,30 % respectivement, lorsqu'ils sont utilisés en
monothérapie.
Les résultats de notre étude montrent
également que l'observance au traitement est excellente dans 54,59 % des
cas et satisfaisante dans 25 % des cas.
Des cas d'échecs thérapeutiques ont
été notés. En effet sur les 131 yeux traités, 24
d'entre eux, soit 18,32 %, ont fait l'objet d'interventions chirurgicales.
En résume, le GPAO, lorsqu'il est dépisté
précocement, peut être pris en charge par un traitement
médical qui assure en général une normalisation de la PIO.
Les bêtabloquants et les IAC seraient mieux indiqués dans les
hypertensions intraoculaires modérées et surtout en
monothérapie. Les médicaments de choix du traitement de
l'hypertension intraoculaire importante seraient les prostaglandines en
monothérapie ou en association avec les mydriatiques. Les
trithérapies, même associant les prostaglandines, ne seraient pas
les meilleurs schémas thérapeutiques, puisqu'elles
n'entraînent pas, en général, une meilleure baisse de la
PIO que les schémas de mono- et bithérapies.
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