Partie II
Au-delà des insuffisances de l'initiative PPTE
:
l'enjeu d'un veritable engagement mutuel a moyen
terme.
Si les initiatives PPTE et l'IADM étaient
revêtues d'une très bonne volonté, force est de constater
qu'elles ont malheureusement raté le coche du retour à la
soutenabilité de l'endettement extérieure en Afrique
subsaharienne et de la réduction de la pauvreté. Car en limitant
l'accès à l'initiative à des conditions trop rigoureuses,
et en définissant une dette insoutenable à travers des
indicateurs aussi restrictifs, de nombreux PPTE ne peuvent être
identifiés comme tels, tandis que les quarante qui le sont ne peuvent
bénéficier d'allègements satisfaisant la
réalisation des OMD pour 2015. En outre, pour ces derniers, non
seulement l'allègement est régulièrement retardé,
alors même qu'il était urgent, mais les projections
économiques sous-tendant les niveaux d'allègement sont en plus
trop optimistes. Les conditionnalités persistent, parallèlement,
comme au temps des PAS, dans leur abstraction du processus d'internalisation de
la croissance et de la pauvreté, à travers la participation des
populations à leur élaboration et leur exécution. Par
conséquent, pendant que la dette continue d'augmenter du fait des
retards dans l'application de tels programmes, le montant des remises de dettes
diminue au prorata de l'utopisme des pronostics économiques.
Il ne reste pourtant que huit ans avant le bilan des OMD,
définis il y a sept ans déjà. Le temps presse. Il est donc
urgent que les IFI et leurs membres refondent leurs stratégies de
croissance, en commençant par admettre leur culpabilité dans le
processus de surendettement. Cet aveu aurait pour principale conséquence
l'institutionnalisation d'un cadre de négociation des restructurations
de dettes souveraines plus équitable. Et ladite équité
passe d'abord par un engagement mutuel à
long terme, et additionnel aux aides traditionnelles, de la
part de tous les créanciers. Cet engagement doit alors se
concrétiser dans l'élaboration d'un Tribunal international de la
dett e, fonctionnant sur la base d'une législation internationale
relative à la dette souveraine.
En définitive, le désendettement soutenable de
l'Afrique subsaharienne doit impérativement débuter par
l'annulation immédiate et inconditionnelle des « dettes odieuses
», contractés hors de toute volonté des populations, qui en
sont pourtant les premières victimes, et au vu et au su de tous les
créanciers. Ensuite seulement, les conditionnalités doivent
être renversées pour enfin promouvoir le développement
humain à travers des politiques de relance dites keynésiennes.
Celles-ci peuvent effectivement avoir le mérite de promouvoir la
«bonne gouvernance sociale », fondée sur l'effectivité
d'une processus de décision démocratique.
|