FIE CHRISTOPHE
MEMOIRE DE RECHERCHE ACTION
DIRECTEUR DE MÉMOIRE : MONSIEUR LE PROFESSEUR
CLAUDE GÉNOT
L'IMPLICATION DANS LES TRAVAUX D'UN GROUPE PROJET,
ASSURE-T-ELLE UN ENGAGEMENT INDIVIDUEL DANS LA DIFFUSION DU PROJET AU SEIN DE
L'ORGANISATION ?
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UNIVERSITE D'EVRY-VAL- D'ESSONNE
D.E.S.S. - DYNAMIQUE HUMAINE ET DEVELOPPEMENT DE
L'ORGANISATION - 1993-1994
REMERCIEMENTS Je tiens à
remercier Monsieur le Professeur Claude Génot pour ses conseils et le
temps qu'il m'a consacré lors des phases successives de ce
travail.
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AVERTISSEMENT L'université
n'entend donner aucune approbation, ni improbation aux opinions et idées
émises dans ce mémoire. Elles doivent être
considérées comme propres à leur auteur.
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SOMMAIRE
PROBLEME A RESOUDRE 5
ETUDES 11
Etude 1 : 13
Etude 2 : 20
Etude 3 : 29
CONSTRUCTION DU CADRE THEORIQUE 41
I - LIENS ENTRE IMPLICATION ET ENGAGEMENT 43
A - Attitudes d'implication et d'engagement 43
B - Manifestation de l'implication et de l'engagement 48
C - La décision d'action : la stratégie de
l'acteur 53
II - INFLUENCE DU GROUPE 56
A - Influence sociale et conformisme 58
B - Attractions interpersonnelles et affinites 61
C - Cohesion et dynamisme 64
D - Effets de la participation 66
E - Déviance et évolution de la norme de groupe
68
III - INFLUENCE DU RESPONSABLE PROJET 71
A - Influence du leader et de son style de leadership 72
B - Effets de l'influence du leader 82
1 - Influence directe sur la tâche 82
2 - Effet des actions du leader sur le dynamisme et la
cohésion du groupe. 83
3 - Effet sur le climat du groupe 84
4 - Effets du mimétisme et des attentes du leader sur
les aspirations des membres du groupe 85
5 - Effet sur les représentations et les perceptions
85
6 - Effet persuasif de la communication 86
CONCEPTS 89
VARIABLES 99
HYPOTHESES 104
BIBLIOGRAPHIE 108
AVANT PROPOS
Ce mémoire de recherche-action fait suite à un
travail d'équipe réalisé au cours de l'année
universitaire 1993-1994. Il s'inscrit à la suite de la
réalisation d'un bilan d'expertise, d'une analyse de situation ainsi que
d'une problématique sur le thème suivant :
L'implication des salariés dans une opération de
changement garantit-elle sa réussite ?
Dans le cadre de notre travail d'équipe nous avons
constaté que le changement (qu'il soit de nature technique,
organisationnel, culturel,..) était un élément central
dans la problématique actuelle des Entreprises. Les groupes ou
équipes projet sont des formes d'organisation fréquemment
utilisées lorsqu'il s'agit de l'introduire dans les organisations.
L'étude des groupes de projet et la
compréhension des mécanismes de leur fonctionnement implique que
l'on intègre les spécificités qui leur sont propres, par
exemple :
double appartenance des membres du groupe, qui en plus de
leur mission dans le groupe occupent un poste opérationnel dans leur
service d'origine,
existence formelle du groupe de projet limitée par la
durée du projet et possibilité d'une dissolution de
l'équipe projet dans la phase de diffusion,
utilisation de cette forme d'organisation dans le cadre de
projets pouvant entraîner des remises en question (tant organisationnelle
qu'au plan personnel) au sein de l'organisation, etc.
Dans le cadre de ce problème à résoudre,
je souhaite m'attacher à :
La relation entre l'implication dans les travaux d'un
groupe de projet et l'engagement individuelle des membres du groupe dans la
diffusion du projet au sein de l'organisation.
|
Ce thème met en relation 2 phases du "cycle de vie" des
groupes projet qui se succèdent dans le temps. La première est la
phase de production du projet, son objectif est de définir les termes du
projet. La seconde place l'individu dans la phase de diffusion de ce projet
dans l'organisation, son objectif est de mettre en place et de faire adopter le
projet dans l'organisation.
Il est centré sur les attitudes et comportements de
l'individu dans le cadre de deux contextes différents, la participation
à un groupe de projet (contexte organisationnel particulier) et la
diffusion de ce projet dans l'organisation (contexte organisationnel
"régulier" ou "normal").
Enfin, il met en relation l'individu avec 3 sources
potentielles d'influence, le groupe, le responsable du groupe de projet et les
autres membres de l'organisation.
Ces remarques nous conduisent à nous poser les
questions suivantes :
Quel est l'influence du contexte sur le comportement
de l'individu vis-à-vis du projet ?
Quels sont les facteurs qui influencent cette
relation ?
A partir des observations que nous avons réalisé
dans notre travail d'équipe nous pouvons donner la représentation
suivante des mécanismes qui influencent l'implication dans les travaux
du groupe et l'engagement dans la diffusion du projet au sein de l'organisation
:
l'équation personnelle des membres du groupe
de projet.
L'équation personnelle est la résultante des
croyances, valeurs, attitudes, aspirations individuelles, motivations,
capacité d'action, expertise, expériences passées dans ce
type de situation, etc. de l'individu. C'est la "personnalité" de
l'individu appréhendée d'une façon globale à un
moment donné. Elle est la résultante de son histoire personnelle,
de ses caractères innés et de son acquis, mais aussi du contexte
et de la situation actuelle (le contexte où elle s'inscrit) et de la
perception qu'il a de l'avenir.
Le leadership du responsable du projet.
C'est-à-dire sa capacité à amener les
membres de l'équipe à accomplir leur tâche volontairement,
à les mobiliser, les motiver, leur faire faire des choses. C'est ici sa
capacité à les amener à s'impliquer dans les travaux du
groupe et à s'engager dans la diffusion du projet. Le leadership se
matérialise dans le cadre des relations et des interactions que le
responsable du projet a avec les membres de l'équipe. C'est un processus
d'influence, qui s'exerce par l'intermédiaire de son charisme personnel,
de sa personnalité, de sa capacité à rallier les membres
de l'équipe autour d'une vision du futur et à leur faire
partager, de son style de leadership, des tactiques, techniques et
stratégies d'influence qu'il utilise.
Le responsable projet influence les relations entre les
membres du groupe par l'intermédiaire du cadre qu'il donne aux relations
interpersonnelles. Cette influence sur le groupe va avoir des effets
indirectement sur l'engagement dans la diffusion par l'intermédiaire du
"vécu" au sein du groupe, la satisfaction qui en découle, les
liens interpersonnels qui se sont créés, le partage de la vision
du futur et le renforcement que peut exercer l'attitude des autres membres de
l'équipe vis à vis de la diffusion du projet.
les relations et interrelations entre les membres du
groupe.
L'influence du groupe sur l'implication individuelle et
l'engagement dans la diffusion du projet s'exerce, entre autres, par la
normalisation des comportements et le renforcement mutuel vis-à-vis des
objectifs du projet, les affinités et la cohésion entre les
membres du groupe. L'influence du groupe se traduit par la création
d'une norme vis-à-vis du comportement à avoir par rapport au
projet. Les relations et interrelations entre les membres du groupe donnent un
niveau de cohésion au groupe.
L'influence qu'exerce le responsable du projet sur les membres
du groupe se fait à partir de son leadership, de la vision qu'il
transmet et du "cadre de travail - ou climat" qu'il contribue à
créer, de sa relation au groupe et à l'individu.
Les relations au sein du groupe sont influencées par le
contexte organisationnel au sein duquel son action s'inscrit. Les relations et
interactions entre les membres du groupe et les autres membres de
l'organisation, la mission confiée, mais aussi la culture et l'histoire
de l'entreprise, ses mécanismes - règles et procédures, sa
situation économique etc. agissent sur les relations qui
s'établissent dans le groupe.
Limite de l'influence du groupe sur l'implication dans
la diffusion.
Les groupes de projet se caractérisent souvent par leur
brièveté. Les relations entre les membres du groupe, sa
cohésion, ses normes, son organisation etc., sont influencés par
la durée de son existence formelle. Dans le cas des groupes de projet,
le temps est limité et peut réduire, voire empêcher les
processus de structuration et d'évolution du groupe de se
réaliser. En effet, il peut permettre de réduire les divergences
entre les membres du groupe en ce qui concerne les buts à atteindre, la
cohésion et l'attraction réciproque, il peut favoriser
l'appropriation des objectifs du projet en permettant que s'exerce des
mécanismes de négociation et de régulation entre les
membres du groupe. De plus l'effet de la proximité qui peut favoriser
l'établissement de relations et la "construction" du groupe peut
être réduit dans la phase de diffusion.
A l'inverse le fait de participer à un projet qui peut
être présenté et ressenti comme valorisant et urgent
(enjeux, intérêt pour l'organisation et pour ceux qui y
participent, etc.) peut permettre d'accélérer les processus de
structuration du groupe et renforcer la cohésion et l'engagement.
l'attitude qu'adoptent les autres membres de
l'organisation (service, collègues, hiérarchies, leaders, etc.)
vis-à-vis du projet.
Cette attitude va exercer une pression sur les membres de
l'équipe projet par l'intermédiaire des manifestations de leurs
résistances, de leur passivité, de leur réceptivité
à la nouvelle solution. Cette pression lorsqu'elle se manifeste par des
résistances va entrer en opposition avec l'intérêt des
membres de l'équipe et l'action du responsable projet. Elle est
déterminée en fonction de la culture existante et de son rapport
avec le changement, par la personnalité des membres de l'organisation,
par les mécanismes de coordination et de différentiation, etc. La
pression exercée par l'organisation va influencer l'engagement des
membres de l'équipe, à l'inverse leur engagement va influencer
l'attitude des membres de l'organisation.
l'implication dans les travaux du groupe de
projet.
L'implication décrit l'importance que l'individu
accorde à son rôle dans le groupe, l'investissement et
l'énergie qu'il met en oeuvre dans le cadre de l'activité du
groupe de projet. L'implication est une attitude qui se traduit par des
comportements qui marquent un intérêt, un investissement, une
participation active dans les travaux du groupe, elle trouve son origine dans
la relation entre l'équation personnel de l'individu et la situation.
l'engagement dans la diffusion du projet au sein de
l'organisation.
C'est "l'output" de notre problème à
résoudre. C'est une attitude qui se manifeste par des comportements
visant à faire adopter les termes du projet par l'organisation. Elle
s'exerce dans le cadre des relations (formelles ou informelles) entre
l'individu membre du groupe de projet et le reste de l'organisation.
Le jeu subtil entre ces éléments conduit
à un certain niveau d'engagement ou de non- engagement, voire de
résistance, des membres de l'équipe dans la diffusion du
changement. Cet engagement va avoir une influence sur l'attitude qu'adoptent
les membres de l'organisation lors de la mise en oeuvre d'une action de
changement, de même que leur attitude vis-à-vis du projet
influence l'engagement des membres de l'équipe.
Ce qui nous amène à poser le problème
à résoudre suivant :
L'IMPLICATION DANS LES TRAVAUX D'UN GROUPE PROJET,
ASSURE-T-ELLE UN ENGAGEMENT INDIVIDUEL DANS LA DIFFUSION DU PROJET AU SEIN DE
L'ORGANISATION ?
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CADRE THEORIQUE
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ETUDES
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Notre problème à résoudre porte sur le
lien entre entre une attitude d'implication dans les travaux d'un groupe projet
et l'engagement dans la diffusion de se projet au sein de l'organisation.
Nous n'avons pas trouvé d'auteurs traitant directement
de cette question dans la littérature abordant ce théme. Nous
avons décidé de retenir 3 études qui vont nous permettre
d'apporter un éclairage à la question. Il s'agit des travaux de
:
- John W. Thibaut & Lloyd H. Strickland
"Psychological set and social conformity, Journal of Personality, 1956,
n°25, Page 115-129. Traduits par André Lévy sous le titre de
"Disposition psychologique et conformité sociale" in "Psychologie
sociale - textes fondamentaux" Tome 1 - Dunod - 1974.
- Ronald Lippitt & Ralph K. White "An analysis of group
reaction to 3 types of experimentally created social climates" in G. Swanson,
T. Newcomb, J. Hartley "Reading in social Psychology" Hollt, 1947, Pages 340
à 355.Traduit par André Lévy sous le titre "Une
étude expérimentale du commandement et de la vie de groupe" in
"Psychologie sociale - textes fondamentaux"Tome 1 - Dunod - 1974.
- J. M. Howell & C. A. Higgins "Champions of
technological innovation" Administrative Science Quartely - N°35 - 1990-
P. 317-341. Synthèse et traduction personnelles.
ETUDE 1 :
DISPOSITION PSYCHOLOGIQUE ET CONFORMITÉ
SOCIALE
JOHN W. THIBAUT & LLOYD H. STRICKLAND
PSYCHOLOGICAL SET AND SOCIAL CONFORMITY, JOURNAL OF
PERSONALITY, 1956, N°25, PAGE 115-129.
TRADUIT PAR ANDRÉ LÉVY IN "PSYCHOLOGIE
SOCIALE - TEXTES FONDAMENTAUX" TOME 1 - DUNOD - 1974.
Les travaux de Festinger1(*) L., Schachter S. & Back K. (1950) ont
établi que la force d'attraction vers un groupe détermine
partiellement le degré de conformisme aux normes du groupe. On a
observé parfois un autre phénomène, l'effet "boomerang",
lorsque la conséquence attendue d'une communication (par exemple la
soumission à une pression à la conformité) ne se produit
pas (Hovland2(*) C.I., Janis
I. L. & Kelley H. H.).
Nous distinguerons d'abord 2 dispositions psychologiques que
peut apporter une personne lorsqu'elle évalue les jugements, les
perceptions ou les attitudes qui lui sont communiquées par d'autres
individus. La disposition de la personne dépend de son orientation
envers les membres du groupe. Dans une disposition centrée sur le
groupe, la personne se préoccupe d'établir ou de maintenir la
même appartenance au groupe que celle des individus dont les attitudes
lui sont communiquées. Lorsque la personne est menacée de perdre
cette appartenance, lorsque le groupe l'informe qu'une conduite
d'intégration est nécessaire à l'efficacité ou la
survie du groupe, on peut s'attendre à ce qu'elle adopte une disposition
centrée sur le groupe.
Dans une disposition centrée sur la tâche, la
personne est disposée à considérer les autres individus du
groupe comme des "médiateurs de faits". La personne utilise ces autres
individus comme des instruments de perception ou de jugement ou comme des
substituts de ses propres instruments de perception. En répondant aux
perceptions et aux attitudes des autres, la personne se préoccupe non
pas d'établir ou de maintenir un rapport social, mais d'établir
une connaissance claire de son environnement.
Il s'ensuit que si la personne se trouve dans une disposition
centrée sur le groupe, et si les autres exercent sur elle une pression
croissante afin de changer son attitude, elle se conformera d'autant plus
vraisemblablement que son appartenance au groupe est suffisamment attirante. A
mesure que l'attraction du groupe s'accroît, la quantité de
pression nécessaire pour faire naître un comportement conformiste
diminue. Ce qu'il faut surtout souligner ici, c'est qu'une pression croissante
devrait mener à une conformité croissante lorsque le groupe se
trouve dans une disposition centrée sur le groupe.
Dans une disposition centrée sur la tâche, la
personne s'interroge sur "ce dont il s'agit". Par conséquent, dans la
mesure où elle ne s'engage à faire aucune hypothèse
initiale sur la façon dont les choses se présentent et dans la
mesure où elle n'a pas la possibilité de formuler des jugements
valides et n'a pas confiance dans la validité de ses jugements, la
personne aura tendance à dépendre des autres observateurs pour
définir ses attitudes et ses appréciations.
Ici cependant nous nous attachons surtout aux personnes qui,
dans une disposition centrée sur la tâche, se sont engagée
à formuler jusqu'à un certain point une hypothèse
initiale. Il est une source d'engagement manipulable, à savoir le fait
que la personne s'attende à devoir défendre plus tard son opinion
initiale. C'est à cette source d'engagement que nous nous attachons ici,
et la généralité de notre formulation repose sur
l'hypothèse qu'un engagement plus profond déterminé par
d'autres sources aurait le même effet.
Pression à la conformité : En
définissant ce terme nous voulons exclure les manifestation de la
pressions qui manipulent directement les incitations sociales à la
conformité, puisque c'est précisément la perception de la
pertinence de telles incitations qui est impliquée dans la distinction
établie entre disposition centrée sur la tâche et sur le
groupe. Donc si l'on met de côté l'induction de la pression en
faisant varier la puissance des incitations à la conformité,
trois autres manières de manipuler la pression apparaissent :
- Premièrement, la pression peut être
manipulée en fonction de l'importance de la divergence entre les
opinions de l'individu et du groupe (French4(*), 1956).
- Deuxièmement, la pression peut être
modifiée dans une certaine mesure (Asch5(*), 1952), en changeant la proportion de la
majorité.
- La troisième manipulation est celle qui est
proposée dans cette étude. La quantité de pression
exercée sur une personne pour l'amenée à changer de point
de vue est définie comme étant directement reliée au
niveau de confiance avec laquelle les autres individus formulent une opinion
contraire à la sienne.
Dès à présent nous pouvons affirmer que
dans une disposition centrée sur la tâche, pour toute
quantité de pression exercée en vue du changement du point de vue
initial, il existera une relation linéaire entre la pression
exercée sur la personne pour changer son opinion et la force de
résistance mobilisée. Cette affirmation se fonde sur
l'hypothèse de l'équilibre en vertu de laquelle la personne
essayera d'exercer, à partir de sa capacité potentielle de
résistance, une quantité de résistance "égale"
à la quantité de pression exercée sur elle.
D'après ce qui précède, il semblerait que
pour tout degré de pression au changement un pourcentage égal de
personnes céderait à cette pression. En d'autres termes, la
corrélation entre la pression au changement et le pourcentage
d'individus changeant effectivement serait une courbe de pente nulle, tout au
moins jusqu'à ce que cette pression atteigne son intensité
maximum.
La prédiction théorique énoncée
ci-dessus pourrait n'être valable que dans des conditions restrictives.
Cependant, elle ne tient pas compte des manifestations de résistance
spécifiques aux personnes en situation de groupe. L'une de ces
manifestation réside dans l'expression publique de la confiance
accordée aux jugements.
Cette pression publique de la confiance peut se faire par des
moyens extrêmement variés, par exemple par mimiques, par gestes,
par inflexion ou emphase vocales ou encore d'une façon moins
ambiguë par des déclarations de confiance franchement
formulée.
Quel que soit le moyen adopté, l'expression de
n'importe quel degré de confiance à l'égare d'une opinion
revient à manifester un niveau proportionnel de résistance
à changer cette opinion. Un effet secondaire important des
déclarations de confiance comme symptômes de résistance
dans la disposition centrée sur la tâche. Quand la personne
manifeste une confiance accrue envers une opinion donnée, elle ne met
pas simplement en jeu une résistance accrue, mais elle augmente sa
capacité de résistance en réduisant la convergence
possible entre sa propre opinion et l'opinion rivale soutenue par les autres
membres du groupe. En d'autres termes, en déclarant une confiance
accrue, tout changement vers l'opinion rivale lui devient de fait plus
difficile. Par suite, nous concluons que dans une disposition centrée
sur la tâche, une augmentation de la confiance déclarée
fait apparaître chez la personne non seulement une plus grande
résistance au changement mais également accroît en soi sa
résistance au changement. Nous pouvons affirmer maintenant que cet effet
secondaire aura pour conséquence un accroissement de résistance
disproportionné par rapport à l'accroissement de la pression au
changement. Par conséquent, dans une disposition centrée sur la
tâche, la probabilité de changer une opinion
déterminée sera en relation inverse avec la pression
exercée à cet effet. Nous avons démontré que, dans
une disposition centrée sur la tâche, la pression suscite la
résistance (jusqu'à l'engagement maximum) qui, à son tour,
agit sur le changement de l'opinion déclarée. Cependant, dans une
disposition centrée sur le groupe, il y a peu de raisons de penser que
la pression suscite une résistance marquée. Autrement dit, une
information portant sur "l'invalidité" d'une hypothèse ne
concernerait pratiquement pas la personne qui cherche exclusivement à
établir ou à maintenir son appartenance au groupe. Cette pression
est interprétée par la personne comme une demande instante du
groupe, l'incitant à la conformité, pour qu'elle puisse
être réellement confrontée avec des problèmes
d'ordre interne ou externe.
Il nous faut encore indiquer comment se pose le rapport entre
la disposition et la composition du groupe. La disposition centrée sur
le groupe est induite plus facilement lorsque les indices d'affiliation sont
nombreux ; lorsqu'elle est induite, elle produit des effets de
conformité d'autant plus grands que la pression à cette
conformité viennent d'objets ayant les qualités d'affiliation
appropriées. Par conséquent des groupes d'amis intime, des
groupes ayant une grande cohésion font apparaître
fréquemment une disposition centrée sur le groupe et s'accordent
avec elle grâce à un comportement de conformité. La
disposition centrée sur la tâche, par contre, est induite plus
facilement lorsque les indices d'affiliation sont peu nombreux ; lorsqu'elle
est induite, elle amène des effets de conformité d'autant moins
grands que les pressions à la conformité viennent d'objets
n'ayant pas les qualités d'affiliation appropriées. Par
conséquent, les groupes composés d'étrangers donnent plus
facilement une disposition centrée sur la tâche et y
réagissent par un comportement de résistance.
I - HYPOTHÈSES
Nos prévisions concernent la situation dans laquelle la
pression est définie en tant qu'information croissante du jugement
initial du sujet qui en même temps peut faire connaître le niveau
de confiance qu'il attache à son jugement, et dans la disposition
centrée sur la tâche, quand l'engagement initial est fort. Nous
énoncerons d'abord l'hypothèse principale, puis les
hypothèses secondaires qui nous paraissent expliquer la
prédiction principale.
Hypothèse 1
Lorsque la quantité de pression à la
conformité augmente, la proportion des sujets conformistes augmentera
dans la disposition centrée sur le groupe et diminuera dans la
disposition centrée sur la tâche.
Hypothèses 1 a
Lorsque la disposition psychologique et la composition du
groupe concordent, la relation prédite dans la première
hypothèse devrait être maximale : la plus forte relation positive
entre pression et conformité devrait se produire dans les groupes de
"camarades" avec disposition centrée sur le groupe et la plus forte
relation négative dans les groupes d'étrangers avec disposition
centrée sur la tâche.
Hypothèse 2
A mesure que la quantité de pression à la
conformité augmente, les membres non conformistes auront une tendance
croissante à manifester une plus grande confiance publique en leur
jugements (non conformistes) et ceci dans la disposition centrée sur la
tâche et non dans la disposition centrée sur le groupe. En bref,
cette hypothèse prédit une corrélation positive entre
pression à la conformité et changement de confiance publique dans
la disposition centrée sur la tâche et non dans la disposition
centrée sur le groupe.
Hypothèse 3
Dans la disposition centrée sur la tâche, si la
confiance publique d'un membre du groupe tombe, il aura tendance à se
conformer à l'opinion de la majorité. Dans la disposition
centrée sur le groupe, le comportement de conformité devrait
être relativement indépendant des changements de confiance
publique.
Par conséquent, la confiance publique des membres de
groupe conformistes décroîtra antérieurement et
concurremment à l'acte de conformité, dans la disposition
centrée sur la tâche et non dans la disposition centrée sur
le groupe.
II - LA MÉTHODE EXPÉRIMENTALE
Un problème à résoudre à
été donnée à 234 étudiants en
première année de psychologie à l'Université de
Caroline du Nord. Il avaient été répartis par groupe de 6.
En privé, chaque étudiant a dû chercher une solution au
problème (jugement initial), puis il a informé de ce jugement et
de la confiance qu'il en avait (indiscutable, tout à fait certain, assez
certain, passablement certain, pas très certain, pas certain du tout),
chaque membre du groupe par l'intermédiaire d'un bulletin. A chaque
membre des groupes était assigné un box séparé.
Dans chaque box, il était fixé au mur une planche carrée
de 30 cm de côté divisée en 4 cadrants. Dans chaque
cadrants on avait disposé 24 punaises dont la répartition
différait de façon standardisée. Il était possible
d'ordonner les quadrants d'après les critères suivants :
l'homogénéité de la couleur des
punaises disposée sur les quadrants,
l'homogénéité de leur forme,
l'homogénéité de leur couleur et de
leur forme (c'est-à-dire l'utilisation conjointe des deux premiers
critères),
la densité spatiale (proximité) des punaises
sur chaque quadrant.
Une corrélation parfaite existait entre les 3 premiers
critères, pour chacun l'ordre des cadrants était le même.
Cependant, l'ordre de rang établi d'après le quatrième
critère donnait une corrélation nulle avec les 3 autres. Le sujet
avait la consigne d'imaginer que la répartition des punaises dans les
quadrants représentait 4 groupes de gens qui différaient quant au
degré d'amitié qui les unissait les uns aux autres. Lorsque
chaque sujet eut enregistré son jugement initial privé quant
à l'alternative qui lui semblait la plus appropriée, on
introduisait des consignes propres à induire un engagement
élevé vis-à-vis de son jugement initial.
L'expérimentateur annonçait à tous les sujets qu'à
la fin de l'expérience chacun aurait à annoncer oralement et
à défendre devant les autres membres du groupe son jugement
initial privé. Il y a eut ensuite une série de 10 essais avec
bulletins simulés. Les consignes données aux sujets
spécifiaient que, pour chaque essai, après échange des
bulletins, chaque sujet puisse toujours connaître le jugement des autres
sujets et leur confiance dans ce jugement.
On faisait intervenir un subterfuge dans la transmission des
bulletins. Les consignes données au sujet ainsi que la disposition des
planches étaient destinées à encourager le sujet à
ne faire porter son jugement initial que sur les 3 premières
possibilités. Dans l'attente de voir réagir de la sorte la
plupart des sujets, des bulletins avaient été
préparés et furent substitués pour chaque essai à
ceux cochés par les sujets, de sorte que chaque sujet percevait le
jugement des 5 autres de la manière suivante :
les 3 premiers essais, 3 membres du groupe estimaient la
quatrième alternative correcte, les 2 autres étaient
indécis.
du quatrième au sixième essai, l'un des
indécis adoptait la quatrième alternative, un seul sujet restait
indécis,
les quatre derniers essais les 5 autres sujets se
prononçaient à l'unanimité en faveur de la
quatrième alternative.
Si le sujet émettait un jugement initial favorable
à l'une des 3 premières possibilités, il se percevait en
opposition avec le reste de son groupe.
La variable "pression"
Durant l'expérience les sujets perçurent la
même répartition des jugements des autres membres. Cependant pour
créer différents niveaux de pression vers la conformité
à une majorité fictive, les bulletins différaient quant au
niveau de confiance coché par les membres.
La manipulation de la disposition
psychologique
La disposition centrée sur la tâche s'est faite
au moyen d'une consigne selon laquelle le but de l'expérience
était d'étudier comment les gens s'y prenaient pour travailler en
groupe pour résoudre un problème. On soulignait que
c'était une tâche de vote et que chaque sujet devait voter pour la
solution qu'il pensait être la meilleure. On assurait aux sujets que les
planches étaient identiques et qu'ils pouvaient changer d'avis à
tout moment. La disposition centrée sur le groupe comprenait 2 parties
:
Un travail préliminaire permettait de mesurer
l'appréciation que les membres portaient les uns envers les autres.
Cette procédure visait à susciter des motivations d'affiliation
entre les membres du groupe.
Un ensemble de consignes précisant que le groupe
était en compétition avec des groupes similaires et que "c'est
l'efficacité de votre collaboration qui donnera la mesure de la
qualité de votre groupe".
La composition des groupes
La moitié des groupes se composait d'étrangers
et l'autre moitié de "camarades de fraternité" (club), chaque
groupe était recruté dans une fraternité différente
sur le campus.
III - LES RÉSULTATS
Nous avons essayé de proposer une théorie pour
rendre compte de certains aspects de la conformité sociale et nous avons
émis l'idée que la disposition ou l'orientation d'un membre de
groupe est cruciale pour déterminer la mesure dans laquelle il s'y
soumettra. Lorsque la disposition d'un membre de groupe vise à maintenir
ou à établir son appartenance à ce groupe, il
réagira à des quantités croissantes de pression à
la conformité par des niveaux croissants de comportements conformistes.
Lorsque la disposition d'un membre d'un groupe est essentiellement cognitive ou
centrée sur la tâche, les perceptions et les attitudes dont font
état les autres membres du groupe confirment ou infirment ses propres
jugements. Etant donné que le membre du groupe est dans une certaine
mesure commis à un jugement initial, et qu'il rend publique le niveau de
confiance qu'il attache à ce jugement, on démontre qu'un
accroissement de l'infirmation de son jugement (pression à la
conformité) entraîne un comportement conformiste
décroissant.
Hypothèse 1
Lorsque la quantité de pression à la
conformité augmente, la proportion des membres du groupe qui changeront
leur jugement vers la conformité augmentera dans la disposition
centrée sur le groupe et diminuera dans la disposition centrée
sur la tâche. L'hypothèse est confirmée.
Hypothèse 1 a
Lorsque la disposition psychologique et la composition du
groupe concordent, la liaison définie dans la première
hypothèse devrait être maximale : la plus grande liaison positive
entre pression et conformité devrait se produire dans les groupes de
"camarades" avec la disposition centrée sur le groupe, et la plus grande
liaison négative dans les groupes d'étrangers avec la disposition
centrée sur le groupe. L'hypothèse est confirmée.
Hypothèse 2
Pour les membres des groupes non conformistes, il devrait y
avoir une corrélation positive entre pression à la
conformité et changements de confiance publique, quand ils sont dans une
disposition centrée sur la tâche et non dans une disposition
centrée sur le groupe. L'hypothèse a été
confirmée.
Hypothèse 3
Dans la disposition centrée sur la tâche et non
dans la disposition centrée sur le groupe, la confiance publique des
membres du groupe conformiste décroîtra antérieurement et
concurremment à l'acte de conformité. L'hypothèse est
confirmée.
COMMENTAIRE
De nombreuses études réalisées sur les
groupes restreints (Asch, Sherif, Milgram, etc. ) ont tendance à
considérer que les individus vont plus ou moins réagir en
normalisant leurs comportements face à une pression conformiste du
groupe. L'étude de Thibaut J. & Strickland L. a un
apport essentiel car elle montre que la disposition de l'individu
(centrée sur la tâche ou sur le groupe) est un déterminant
important de la réceptivité de l'individu à la pression.
Une disposition centrée sur le groupe
"prédispose" au conformisme en réponse à la pression alors
qu'une disposition centrée sur la tâche prédispose à
une résistance proportionnelle à la pression du groupe. La
tendance au conformisme des groupes va dépendre de ce que l'individu
"vient" chercher dans le groupe.
Les apports de cette étude dans le cadre de notre
problème à résoudre sont de 3 ordres :
- premièrement elle décrit les
mécanismes par lesquels la pression sociale influence l'individu
(affinités au sein du groupe, la cohésion du groupe) ainsi que
leurs manifestations (comportements verbaux et non verbaux) et leurs effets
(normalisation ou résistance),
- deuxièmement, elle place la disposition initiale de
l'individu vis-à-vis du groupe (centrée sur le groupe ou la
tâche) comme une variable essentielle. C'est ce que l'individu vient
chercher dans le groupe qui va déterminer son attitude vis-à-vis
de la pression exercée,
- troisièmement, lorsque l'individu a une disposition
centrée sur le groupe, la pression exercée sur lui par le groupe
et "invalidant" son hypothése initiale ne le "concerne" pratiquement
pas. En cherchant à maintenir son appartenance au groupe il laisse de
coté son hypothèse initiale et ne manifeste pas de comportement
de résistance à la pression exercée.
En ce qui concerne la méthodologie utilisée nous
pouvons remarquer que cette recherche s'applique à des groupes
isolés de façon artificielle de leur environnement pour des
raisons méthodologiques (contrôle des variables qui
interviennent). De plus les relations entre membres du groupe prennent le canal
de petits bouts de papier ce qui limite les interactions et le
développement de relations interindividuels. Il s'agit à mon avis
de la limite la plus importante car dans ce type d'expérience le groupe
est un système clos et non un système ouvert sur son
environnement. De plus, il s'agit d'une expérience "statique" qui ne
prend pas en compte l'évolution de la disposition pouvant
résulter du développement des interactions (les sujets sont
isolés), ni les processus de négociation et de leadership qui
caractérisent les petit groupes (ici 6 personnes).
ETUDE 2 :
UNE ETUDE EXPERIMENTALE DU COMMANDEMENT
ET DE LA VIE DE GROUPE
RONALD LIPPITT & RALPH K. WHITE
IN G. SWANSON, T. NEWCOMB, J. HARTLEY "READING IN
SOCIAL PSYCHOLOGY" HOLLT, 1947, PAGES 340 À 355.
TRADUCTION : ANDRÉ LÉVY "PSYCHOLOGIE
SOCIALE - TEXTES FONDAMENTAUX"
TOME 1 - DUNOD - 1974.
I - PRÉSENTATION DE L'ÉTUDE :
Il s'agit des résultats d'une recherche conduite en
1939-1940. L'étude porte sur des groupes d'enfants de 10 à 12 ans
fréquentant des clubs d'activités sous la conduite de moniteurs
adultes. Elle s'inscrit dans le cadre des recherches conduites par K. Lewin
partir de la fin des années 20, qui se sont attachées à
mettre en évidence les phénomènes de la dynamique des
groupes.
Les objectifs de l'étude :
1 - Etudier les effets, sur le comportement de groupe et le
comportement individuel, de 3 variations expérimentales de style de
leadership d'adultes, dans 4 clubs d'enfants de onze ans. On pourrait qualifier
ces 3 styles de démocratique, autoritaire et laisser-faire.
2 - Etudier les réactions du groupe et des individus
lors du passage d'un style de leadership à un autre au sein d'un
même groupe.
3 - Rechercher quelles relations il y a entre d'une part, la
nature et le contenu des appartenances à d'autres groupes et d'autre
part, les réactions aux climats sociaux expérimentaux.
4 - Explorer les problèmes méthodologiques
concernant la création de "situations de tests de groupe" comparatives,
perfectionner des techniques adéquates d'enregistrement des processus de
la vie de groupe et découvrir dans quelle mesure ont peut
contrôler et manipuler les conditions expérimentales.
II - L'HYPOTHÈSE DE BASE
Le comportement des enfants est influencé par
l'attitude qu'adopte le leader. Les différents styles de leadership
influencent l'atmosphère du groupe, sa productivité et le
comportement de ses membres.
III - LES CONTRÔLES EXPÉRIMENTAUX :
Traits de personnalité des membres du
groupe. Du fait qu'ils disposaient d'un grand nombre de
volontaires, il a été possible de choisir les membres de chaque
club. Il a été ainsi possible de les répartir de
manière à établir des comparaisons portant sur des
caractéristiques comme l'intelligence, les comportements sociaux
(obéissance, le degré de participation à la vie sociale,
la propension à commander, à se battre, le degré
d'énergie physique, etc.).
Le réseau des interactions au sein de
chaque club. Dans chaque groupe il a été
passé des tests sociométriques qui permirent de
sélectionner des groupes très appareillés quant à
la structure des rejets, des choix, des relations réciproques et des
positions de leadership.
Cadre et équipement
matériel. Les clubs ont tenu leurs réunions dans le
même cadre. Deux d'entre eux se réunissaient simultanément
dans des lieux contigus, pourvus d'un compartiment commun pour leur
équipement.
Intérêt pour les
activités. Dès le début les chercheurs
s'assurent que chacun des groupes manifeste un intérêt égal
vis-à-vis des activités qui allaient leur être
proposées.
Contenu de l'activité. Il est
évident que la forme et le contenu d'une activité exerce une
influence sur les réseaux d'interdépendance, de
coopération, de compétition, etc. dans la vie d'un groupe. En
conséquence, il était important que le contenu des
activités soit équivalent dans les 3 types de situation de
leadership. Pour ce faire, le club à leadership démocratique a
été le premier à se réunir pendant une semaine, les
activités choisies par ce club ont été automatiquement
imposées au club à leadership autoritaire. Dans la situation de
"laisser-faire" certaines des activités possibles étaient du
même type que celles choisies par le club démocratique.
IV - LES VARIATIONS EXPÉRIMENTALES
Elles ont été de 3 ordres :
Séquence des climats sociaux.
Une partie des hypothèses est centrée sur l'effet d'un type
particulier d'histoire de groupe et sur des réactions à une
structure de leadership donnée. Il y a changement de style de leadership
par période de 7 semaines, en tout 3 fois.
Rôle du leader et personnalité du
leader. Ils se sont demandé dans quelle mesure certaines
caractéristiques de la personnalité des leaders seraient
déterminantes pour la structure des comportements individuels et de
groupes. Ils ont choisi 4 leaders de "personnalité" différente
ayant reçu des instructions.
Chacun d'entre eux interpréta dans différents
groupes deux ou trois types différents de rôles de leader. Cela
permit de découvrir si certains leaders provoquaient certains types de
réactions pouvant être attribuées à leur
"personnalité" plutôt qu'à leur rôle de "leader".
Les trois rôles de leader. Le
tableau suivant résume les caractéristiques des différents
rôles de leader :
COMPORTEMENT
DU LEADER
|
AUTOCRATIQUE
|
DÉMOCRATIQUE
|
LAISSER-FAIRE
|
PRISE DE DÉCISION
|
Par le leader seul
|
En commun avec le leader (discussion).
|
Indéterminée : faible participation du leader
|
CHOIX DES ACTIVITÉS
ET DES TECHNIQUES
|
Par le leader. Elles sont communiquées de façon
autoritaire, au fur et à mesure de façon que les étapes
futures demeurent inconnues.
|
Objectifs généraux tracés par le leader en
indiquant les alternatives possibles et en les replaçant dans le cadre
des buts du groupe.
|
Aucune aide du leader qui fournit à la demande du
matériel et des informations
|
RÉPARTITION DE LA TÂCHE
|
Par le leader
|
Division laissée au soin du groupe
|
Aucune intervention du leader
|
COMPOSITION DES
SOUS-GROUPES DE TRAVAIL
|
Par le leader
|
Libre choix de chacun
|
Aucune intervention
|
APPRÉCIATION
|
S'abstient de faire part de ses critères.
|
De type objectif, il donne ses critères pour
l'appréciation individuelle et celle du groupe
|
Aucune : pas de commentaire ni évaluation
|
PARTICIPATION AUX ACTIVITÉS
|
Aucune participation, ne fait que des démonstrations du
travail à réaliser.
|
Il y prend part sans trop participer aux activités afin de
ne pas influencer la comparaison de la productivité des groupes
|
Aucune participation
|
V - RÉSULTATS
a - Les trois structures de comportement du
leader
La variété des observations faites sur le
comportement de chaque leader a permis de comparer dans quelle mesure ils
étaient différents et dans quelle mesure les structures de
comportement chez les adultes exécutant le même rôle
étaient comparables. Le graphique suivant présente les
principales différences entre les structures de comportement et les 3
rôles de leader.
On peut considérer que les 3 premières
catégories de comportement (ordres, ordres interrompant
l'activité en cours, critiques non constructives) ont pour effet de
limiter l'étendue des activités de l'enfant et sa
spontanéité. Environ 60 % des comportements des leaders
autoritaires appartenaient à ce groupe, alors qu'il n'y avait que 5 %
des comportements des leaders démocratiques et laisser-faire.
Les trois catégories suivantes (aide et suggestion,
communication d'information, stimulation de l'initiative personnelle)
favorisent l'épanouissement de la liberté et des aptitudes tant
individuelles que du groupe. On remarque des différences entre les
leaders démocratique et laisser-faire. Lorsqu'il sentait la
nécessité d'apporter des suggestions, le leader
démocratique prenait plus fréquemment l'initiative que le leader
laissez-faire qui se contentait de donner l'information demandée.
La catégorie "compliments et approbations" montre
l'aspect du leader en tant que "dispenseur" de considération sociale. Le
leader autoritaire se montrait de façon significative plus actif et
adoptant plus souvent ce comportement que les 2 autres.
La catégorie "enjoué et assuré" indique
la mesure dans laquelle le leader débattait des affaires personnelles
extérieures à la situation de groupe et plaisantait avec les
membres du groupe. Il y avait entre le leader démocratique et le groupe
8 fois plus souvent d'interactions sociales de ce type qu'avec le leader
autoritaire.
La catégorie réaliste indique la mesure dans
laquelle les différents climats sociaux, du point de vue du leader,
étaient centrés sur des aspects objectifs et factuels
plutôt que sur les aspects personnels et affectifs.
Le fait qu'il n'y ait aucun chevauchement des comportements
des différents leaders indique qu'en interprétant un rôle
donné, les leaders adultes se comportèrent de façon
comparable en ce qui concerne les principaux aspects de ce rôle.
Ils en concluent que 3 types de leadership furent
créés, avec une marge de différences individuelles en ce
qui concerne les comportements de leadership, plus étroite au sein de
chaque type qu'entre les types eux-mêmes.
b - Les quatre styles de vie de groupe.
Le graphique indique les principales différences dans
les relations qui se sont formée entre les membres des groupes et les
leaders.
dans les groupes autocratiques on constate
:
Il apparaît qu'il y a 2 types de réactions
vis-à-vis du même type de leadership autoritaire. En effet 3
groupes abandonnent les responsabilités au leader, en faisant preuve
d'une tension de frustration relativement faible et d'une absence presque
totale d'initiative concernant l'activité du groupe, alors que le
quatrième groupe se caractérisait par une frustration
considérable et d'une certaine dose d'agressivité en direction du
leader autoritaire.
Un maximum de compétition et d'agressivité
entre les membres, un fort degré de frustration. Une irritabilité
et de l'agressivité à l'égard des autres membres du groupe
ainsi que des relations imprégnées d'une forte tension
interpersonnelle contre des boucs émissaires
Un minimum de conscience apportée dans
l'accomplissement de la tâche (la performance diminue en l'absence du
chef),
Un maximum de difficulté à suppléer le
chef en cas de départ de celui-ci et faible degré
d'indépendance. Dans les 2 types de climat autoritaire, les membres
montrent une dépendance plus marquée vis-à-vis du leader
que dans les situations démocratiques et laisser-faire. Cette
dépendance est plus prononcée dans les groupes les plus passifs.
Dans les deux types de situation autoritaire, les membres
réclamèrent plus souvent l'attention du leader. Il semblait
évident que le fait d'obtenir l'attention du leader représentait
un des rares moyens d'obtenir un statut social plus satisfaisant dans les
situations autoritaires, où toutes les "fonctions" centrales de la vie
du groupe étaient entre les mains du leader.
Lorsque le groupe était confronté à une
critique injuste de la part d'une personne extérieure au groupe, les
membres du groupe "apathique" avaient tendance à accepter
individuellement et à intérioriser la critique, alors que le
groupe "agressif" la frustration se trouvait canalisée de façon
typique en une agressivité à l'égare d'un groupe voisin ou
en direction de l'émetteur de la critique.
dans les groupes démocratiques on constate
:
Les membres participent beaucoup aux activités du
groupe, il y avait davantage de demandes réciproques d'attention et
d'approbation entre les membres du groupe.
Les membres des groupes démocratique et laisser-faire
avaient des approches plus personnelles et plus amicales avec le leader et des
échanges plus spontanés pouvant porter sur des aspects de la vie
personnelles hors du groupe. On ne constate pas de phénomènes de
boucs émissaires.
Les membres des groupes démocratiques se sentaient
plus libres que dans les autres situations pour émettre des suggestions
concernant l'organisation du groupe.
Dans le cas où le moniteur quitte la pièce le
groupe montre une capacité à être indépendant et
continuait à travailler. Son absence n'avait pratiquement pas
d'influence vis-à-vis de sa productivité.
Lorsque le groupe était confronté à une
critique injuste ou à l'agression d'un groupe voisin, les membres
avaient tendance à s'unir pour rejeter la source de frustration.
dans les groupes Laisser-faire :
Les membres des groupes laisser-faire émettent moins
de suggestions que les groupes démocratique, ce qui n'est pas due
à un sentiment de limitation de la liberté de le faire, mais
à un manque de relations de travail coopératives entre eux et
avec le leader.
L'irritabilité et d'agressivité à
l'égard des membres du groupe se manifestent plus fréquemment
dans la situation laisser-faire que démocratique.
Dans les situations de laisser-faire, le
mécontentement né d'une absence d'un réel progrès,
provoquait fréquemment l'expression d'idées telles que : "on
devrait faire quelque chose". Contrairement à ce qui se passait dans la
situation démocratique, ces suggestions étaient rarement
concrétisées en raison de l'absence des techniques sociales
nécessaires au groupe pour décider en commun d'un projet et de sa
réalisation.
VI - LEURS CONCLUSIONS
Le climat social du groupe, induit par le leader, de
même que l'histoire du groupe, donne naissance à une
hiérarchie de canaux utilisés pour l'expression des
réactions à la frustration. Tandis que les clubs à
"autocratie agressive" exprimaient plus volontiers leurs frustrations des
"guerres" de groupe à groupe, et que les groupes à "autocratie
apathique" étaient davantage enclins à intérioriser leur
agressivité. Les groupes démocratiques et laisser-faire avaient
tendance à réagir contre la source de frustration.
L'acceptation passive des frustrations induites objectivement
par le leadership autoritaire, correspondait tantôt à une
acceptation dépourvue de sentiment de frustration, d'une relation de
dépendance, et tantôt à un sentiment de frustration sans
espoir face à un pouvoir écrasant. L'orsqu'ils avaient l'occasion
d'être transplantés dans une atmosphère plus
libérale, ces derniers exprimaient leurs frustrations antérieures
par un comportement de "défoulement".
On découvrit que les limitations imposées par
l'adulte, soit par un rôle autoritaire bienveillant, soit en s'abstenant
de structurer l'environnement en situation de laisser-faire, inhibaient
fortement la "liberté psychologique" spontanée, par opposition
à la "liberté objective".
On découvrit que le rôle de leader était
un puissant déterminant des interactions et de l'expression affective du
groupe. Quatre types bien définis de climats sociaux
émergèrent, en dépit de grandes différences
d'expectations sociales et de réactions habituelles dues aux relations
antérieures avec d'autres leaders adultes (parents, professeurs).
Il est évident que l'histoire antérieure du
groupe (c'est-à-dire les climats sociaux précédents) avait
une influence importance sur la façon dont les membres du groupe
percevaient le comportement du leader et réagissaient à ce
comportement. Par exemple, un club qui avait subi passivement un leader
autoritaire au début de son histoire était davantage
frustré et opposaient davantage de résistances à un second
leader autoritaire après avoir expérimenté dans
l'intervalle un leader démocratique, qu'un club ayant une histoire
différente.
Cette recherche a permis de découvrir que les processus
de la vie d'un petit groupe peuvent être étudiés à
l'aide de manipulations expérimentales propres à satisfaire les
exigences scientifiques et se prêtent à des mesures permettant des
analyses quantitatives significatives. Il ressort de toutes ces données
des ensembles significatifs de corrélations entre l'histoire
individuelle des membres des groupes, la perception sociale qu'avaient ces
membres de la situation du groupe, les comportements individuels et collectifs,
et le comportement du leader.
COMMENTAIRE
L'hypothèse à tester était que le
comportement des enfants dépendait de l'attitude du moniteur. Dans cette
expérience le système d'autorité est défini au
préalable par les attitudes et les comportements du leader. En comparant
la vie de groupe résultant d'un "leadership démocratique"
à celle résultant d'un leadership "autoritaire" et
"laissez-faire" les auteurs de l'étude montrent que le style
démocratique permet d'avantage l'épanouissement, l'expression de
l'agressivité dans des directions constructives, de meilleures relations
entre les membres du groupe et une qualité supérieure du travail
réalisé.
Dans le cadre de notre problème à
résoudre cette étude nous permet d'identifier la nature de
l'influence exercé par le responsable du groupe sur :
- le climat du groupe et ses effets sur le conformisme, les
affinités, la cohésion, la satisfaction des membres, la dynamique
et la productivité du groupe,
- les comportements individuels, autonomie, rapport à
la tâche, créativité, l'agressivité, la frustration,
la productivité individuelle et le rapport entretenu avec les autres.
Elle valide l'hypothése de l'existence de plusieurs
styles de leadership ayant des caractéristiques et des effets
différents sur le groupe et l'individu.
En ce qui concerne la méthodologie, on considère
en général que dans un groupe expérimental, les sujet
ressentent leur situation comme celle de cobayes. Ils réagissent
à cette impression par des résistances, par une attitude non
naturel voire par des des falsifications qui altèrent
l'expérience. Le fait de se sentir observé modifie le
comportement. Les auteurs ont pris soin de ne pas informer les enfants de
l'existence de l'expérience afin de réduire les biais que cela
pouvait avoir sur leurs comportements.
Les recherches de Lippitt, White et Lewin ont parfois
été présentées comme ayant été
entreprises dans des buts idéologiques plus ou moins explicite, ici
montrer l'avantage de la démocratie sur l'autoritarisme et l'anarchie.
Cette étude a été réalisée à la fin
de la seconde Guerre Mondiale et au début de la guerre froide. Cette
remarque, si elle ne met pas en doute les résultats de l'étude,
donne une idée du contexte au sein duquel cette étude a
été réalisée.
ETUDE 3 :
CHAMPIONS OF TECHNOLOGICAL INNOVATION
JANE M. HOWELL & CHRISTOPHER A. HIGGINS
ADMINISTRATIVE SCIENCE QUARTELY - N°35 - 1990- P.
317-341.
(Synthèse et traduction personnelles)
Un nombre important de recherches se sont attachées aux
facteurs qui facilitaient ou freinaient l'adoption des innovations dans les
organisations. L'une des variables le plus souvent associée au
succès de ces changements est la présence de champions. C'est une
personne qui émerge de façon informelle dans la phase de
diffusion d'un changement dans l'organisation pour apporter une contribution
décisive en faisant une promotion active et enthousiaste du
progrès apporté - Schön (1963), Tushman & Nadler
(1986).
Il y a une trentaine d'années, dans un article sur les
grandes innovations dans le domaine militaire, Schön a mis en
évidence l'existence de ces champions. Il a constaté que
l'indifférence et les résistances que les changements majeurs
provoquent, nécessitaient la présence d'un "champion" pour
s'identifier à l'idée, la promouvoir activement dans
l'organisation au risque de perdre sa position et son prestige dans cette
affaire. Par la suite, de nombreuses études ont confirmé le
résultat des travaux de Schön (Roberts, 1968; Burgelman, 1983;
Achilladelis & robertson, 1971; etc.). Cependant on peut remarquer un
manque de rigueur et des insuffisances méthodologiques dans de
nombreuses études ayant porté sur ce thème, ce qui conduit
à douter de certaines de leurs conclusions et nous interpelle sur la
pertinence de nos connaissances sur les champions. Il s'agit principalement de
faiblesses concernant :
la mesure systématique des caractéristiques de
la "personnalité" et de leur style d'influence sur les autres membres de
l'organisation. Sur ces points la plupart des travaux sont anecdotiques et
reflètent davantage les impressions des chercheurs que le
résultat de mesures valides et sérieuses (Schön, 1963;
Delbecq & Mills, 1985; Dean, 1987; etc.),
il n'est pas fait de distinction entre les champions et les
managers en général,
les études souffrent de défauts
méthodologiques, par exemple, il est rarement indiqué comment les
champions ont été identifiés. D'autres chercheurs
identifient les champions à partie de l'idée qu'ils s'en font, en
désaccord avec les travaux précédents. Cette
méthode qui consiste à identifier les champions à partir
d'un jugement personnel peut conduire à des biais résultant de la
tendance à se projeter soi-même comme étant un champion,
qui il est vrai est un attribut social désirable.
enfin, l'identification d'une façon fiable des
champions manque dans ces recherches de précision en ce qui concerne la
variété des rôles joués par les individus dans le
processus d'innovation, là encore sans tenir compte des travaux
réalisés dans ce domaine. Des auteurs ont identifié
différents rôles dans le processus d'innovation (Katz &
Tushman, 1983; Maidique, 1980; Jervis & Robertson, 1971; etc.). A partir de
ces travaux on peut distinguer :
Gatekeeper, celui qui
fournit, recherche et distribue le savoir à ses collègues,
Project champion, celui qui est au
centre de notre étude et qui promeut le projet au sein de
l'organisation,
Business innovator, celui qui
fournit les moyens et l'accès aux ressources, protège contre les
interférences de l'organisation,
Technical innovator, celui qui
réalise et développe l'innovation.
Pour identifier les champions et étudier ce concept
dans son intégralité il est nécessaire de distinguer les
différents rôles liés au processus d'innovation.
Notre objectif est de conduire une recherche empirique
rigoureuse sur le concept de champions en nous attachant
particulièrement :
à leurs caractéristiques personnelles,
c'est-à-dire les "qualités" qui les prédisposent à
s'engager dans une activité de champion,
leur leadership et les tactiques d'influence qu'ils
utilisent. Cette dimension est importante car l'adoption par l'organisation du
projet est dans une mesure importante un processus d'influence tant en
direction des subordonnés (qui se traduit par le style de leadership)
qu'en direction des supérieurs (relève des tactiques
d'influence).
Cette étude nous conduit à développer et
à tester un modèle qui nous permet de comprendre comment des
individus émergent pour assurer le rôle de champion.
Nous avons utilisé la littérature sur
l'entreprenariat, le leadership et l'influence sociale pour poser nos
hypothèses. Le thème de l'entrepreunariat a été
utilisé pour identifier le poids de la dimension "Personnalité"
du champion. La théorie du leadership transformatif a été
examinée car les champions peuvent être considérés
comme des leaders informels qui influencent et inspirent leur entourage avec
leur vision du potentiel d'un projet. Les recherches sur l'influence ont
été analysées parce que les actions des champions
influencent les autres pour promouvoir leurs idées.
I - HYPOTHÈSES
a - Style de leadership
La littérature sur les champions met en avant leur
capacité à inspirer et enthousiasmer les autres avec leur vision
du potentiel du projet, à persister dans la promotion de leur vision en
dépit de l'opposition de l'organisation, montre leur confiance en
eux-mêmes et dans leur mission et à réussir à
impliquer les autres dans la diffusion de l'innovation.
Pour Schön (1963) "C'est une
caractéristique essentielle des champions.. Ils s'identifient à
l'idée, sa promotion à une cause, jusqu'à aller beaucoup
plus loin que ce qui leur est demandé dans leur travail...".
Ces comportements des champions sont similaires aux
qualités que l'on attribue au leader transformatif en ce qui concerne
leur capacité à conduire leurs collaborateurs à
dépasser leurs intérêts personnels pour réussir un
objectif collectif supérieur. A partir des travaux de Burns M. G. (1978)
sur le leadership en politique, Bass B. (1985) a développé une
théorie du leadership transformatif dans le champ organisationnel. Il
identifie 4 facteurs qui caractérisent les leaders transformatifs :
Le charisme qui s'attache à l'habileté du
leader à articuler une vision captivante, inspirer et encourager
l'effort, inspirer du respect et de la loyauté envers lui.
Il inspire ses collaborateurs en utilisant les rouages
émotionnels, une communication vivante, des images persuasives et des
exemples qui donnent confiance aux subordonnés et les impliquent dans la
poursuite d'un but de niveau supérieur.
La stimulation intellectuelle, qui représente sa
capacité à suggérer de nouvelles idées et de la
créativité, permet la conceptualisation, le discernement et la
compréhension de la nature du problème et des solutions.
La considération des autres, qui représente
l'orientation du leader vers ses subordonnés, l'aide qu'il leur apporte
dans le développement de leurs capacités. Il leur permet
d'augmenter leur confiance en eux même et dans leurs compétences,
leur capacité à inventer et mettre en oeuvre des solutions
innovantes aux problèmes courants qu'ils rencontrent dans
l'organisation.
A partir de la littérature sur les leaders
transformatifs on peut dire que comprendre comment les champions agissent pour
promouvoir l'innovation dans l'organisation, c'est s'attacher à la
manifestation des comportements du leadership transformatif.
Hypothèse 1 : Les champions
manifestent de façon plus importante des comportements similaires aux
leaders transformatifs (charisme, inspirateur, stimulation intellectuelle,
considération des autres) que les non-champions.
|
b - Caractéristiques de la
personnalité
La littérature sur les champions les décrit
comme des personnes qui prennent des risques, socialement indépendant et
persistant dans leurs engagements même confrontés à des
obstacles et des risques d'échec importants (Schön, 1963; Frohman,
1978; Burgelman, 1983; etc.). Parfois ces auteurs fournissent des points de
départ utiles pour comprendre la personnalité des champions, mais
n'arrivent pas à des conclusions opérationnelles, car ils tendent
à faire reposer leurs recherches davantage sur leurs impressions plus
que sur le résultat de tests de personnalités valides.
Plus encore ces observations sont faites sans groupe de
référence ce qui conduit à un manque de clarté en
ce qui concerne les caractéristiques propres aux champions que n'ont pas
les managers en général. Pour pallier ce manque, nous nous sommes
attachés aux études réalisées sur les
entrepreneurs.
Dans une étude sur la personnalité des
entrepreneurs, Mc Celland (1967) utilise le Thematic Apperception Tests
(T.A.T.) et met en évidence que le score obtenu par les entrepreneurs
est plus élevé que la norme en ce qui concerne le besoin de
s'accomplir, la recherche des responsabilités, l'intérêt
pour les résultats concrets des décisions et leur
désintérêt pour les travaux routiniers.
D'autres études mettent en évidence (Robert,
1968; Wainer & Rubin, 1969) que les entreprises les plus performantes sont
dirigées par des entrepreneurs ayant un fort besoin d'accomplissement et
un faible intérêt pour le pouvoir (mesurer par le test T.A.T.).
Hornaday & Aboud (1971) mettent en évidence leur indépendance
et leur besoin d'accomplissement.
Ces conclusions sont en accord avec la littérature
existant sur les champions lorsqu'elle indique qu'ils sont moins conformistes,
mettent en valeur la créativité, ont confiance dans leurs
capacités.
Hypothèse 2 : Les champions
manifestent plus que les non-champions des caractéristiques personnelles
de besoin d'accomplissement, de persistance, d'attrait pour l'innovation,
indépendance et de prise de risques.
|
On constate que les caractéristiques de la
personnalité des entrepreneurs sont identiques à celles des
leaders transformatifs (innovation, prise de risques, besoin d'accomplissement,
force de persuasion). Bass B. (1985) constate que les leaders transformatifs
sont plus audacieux que la norme sociale, plus créatifs, originaux et
déterminés. D'autres théoriciens avancent que les leaders
transformatifs sont des "avocats" passionnés du changement et de ce qui
n'est pas conventionnel.
Hypothèse 3 : Il y aura un lien plus
étroit entre la personnalité des champions et les comportements
des leaders transformatifs que chez les non-champions.
|
c - Tactiques d'influence
Selon Schön, les champions sont capables d'utiliser des
moyens d'influence informelle et de pression sur les autres pour
réussir. Les résultats de Burgelman (1983) sur les processus
internes de coalition montrent que la "ruse" et les astuces des champions
influencent de façon importante le Top Management en ce qui concerne
leur disposition vis-à-vis du projet. L'étude de Dean J. W.
(1987), sur le processus de décision qui conduit à l'adoption de
technologies d'avant garde dans l'industrie, montre que les champions utilisent
une large gamme de tactiques d'influences comme la justification rationnelle,
la répétition des comportements enthousiastes et confiant
vis-à-vis du projet, le partage d'informations confidentielles avec les
membres potentiels de la coalition.
La littérature sur l'influence sociale constate que la
décision de s'engager dans un processus d'influence est fonction de
plusieurs facteurs comme :
caractéristiques personnelles (recherche du risque,
besoin d'accomplissement, persuasion),
caractéristiques de la cible de l'influence
(perception de son pouvoir),
facteurs situationnels (les raisons de l'exercice de
l'influence).
Modway (1979), Porter, Allen & Angle (1981) analysent les
caractéristiques personnelles des individus influants. Ils trouvent que
le besoin d'accomplissement et de pouvoir sont reliés positivement
à la propension à s'engager dans l'influence et dans les
méthodes d'influences utilisées dans la situation de
décision (persuasion des arguments et manipulation).
Hypothèse 4 : Il y aura une plus
grande corrélation entre les caractéristiques personnelles et les
tactiques d'influence utilisées chez les champions que chez les
non-champions.
|
Pour s'engager dans des jeux d'influence auprès du Top
Management, les leaders transformatifs se "donnent" une image de
compétence et de succès. En ce qui concerne leurs collaborateurs
et subordonnés, ils transmettent une image attractive des
résultats que l'on peut attendre du projet, décrivent la mission
en montrant sa valeur morale et insistent sur la construction de quelque chose
de grand (House, 1977; Bass B., 1985). Les travaux de Howell & Froste
(1985), Hater & Bass B. (1988), Avolio & al. (1988) montrent que cette
influence a un fort impact sur la performance des subordonnés.
Hypothèse 5 : Les comportements de
leadership sont davantage en relation avec les tactiques d'influence
utilisées chez les champions que chez les non-champions.
|
Les caractéristiques de la cible de l'influence,
particulièrement son pouvoir, jouent un rôle déterminant
dans la stratégie d'influence. Les tactiques vont différer
lorsqu'il s'agit d'un supérieur ou d'un subordonné. Les facteurs
liés à la situation et les objectifs de l'individu
déterminent les tactiques d'influence utilisées.
Hypothèse 6 : Les champions essayent
d'influencer les autres plus fréquemment en utilisant une palette de
tactiques d'influence plus large que les non-champions.
|
II - UN MODELE GENERAL D'IDENTIFICATION DES
CHAMPIONS.
Les arguments théoriques et les résultats
empiriques présentés précédemment ont
été regroupés dans un modèle unique
d'identification des champions. Selon ce modèle, ils peuvent être
identifiés en fonction des caractéristiques de leur
personnalité, leurs comportements de leadership transformatif et de la
fréquence et la diversité de leurs tactiques d'influence.
Les caractéristiques de la personnalité
prédisposent l'individu à s'engager dans des comportements
caractéristiques du leader transformatif et des tactiques d'influence
orientées vers la mise en oeuvre et l'implantation du projet dans
l'organisation. Seule les caractéristiques de la personnalité
liées au besoin d'accomplissement, l'attrait pour ce qui est innovant,
la persistance, l'indépendance et la prise de risques ont
été associées à la propension individuelle à
s'engager dans des comportements de leader transformatif et à
l'engagement dans des tactiques d'influence fréquentes et
variées. Comme l'indique la littérature sur l'entreprenariat, les
caractéristiques de la personnalité peuvent aussi
caractériser l'émergence de champions sans que l'on constate
l'existence de comportements de leader transformatif.
Le leadership transformatif se caractérise par la
fréquence et la variété des tactiques d'influence
utilisées. Pour Bass B. (1985) l'une des caractéristiques
fondamentales du leader transformatif réside dans sa capacité et
son habileté à influencer les besoins et les attentes des autres.
Les comportements liés au leadership transformatif peuvent manifester
une grande variété de tactiques d'influence, cependant la
réciprocité (tactiques d'influence - leadership transformatif)
n'est pas certaine. Il est concevable qu'un individu qui exerce un maximum
d'influence sur les autres puisse être considéré comme un
leader, cependant l'exercice de l'influence n'est pas systématiquement
le résultat d'un leadership transformatif. Il peut s'agir par exemple
d'un contrôle important des ressources de l'organisation. Cette remarque
nous conduit à une incertitude en ce qui concerne la relation entre
l'utilisation fréquente de tactiques d'influence et le leadership
transformatif. Nous n'avons par conséquent pas intégré
cette relation dans le modèle.
Le modèle a été testé par une
étude réalisée au Canada sur un échantillon de 25
entreprises ayant mis en place un changement. Le changement est une innovation
pour l'entreprise, c'est-à-dire l'adoption d'un nouveau produit ou
processus dans le domaine des technologies de l'information. Un
échantillon de champions et de non-champions a été
interviewé et a rempli un questionnaire mesurant les
caractéristiques de leur personnalité et de leurs comportements
de leadership.
III - METHODE
a - Sélection des entreprises
L'innovation devait être utilisée tant par des
informaticiens que des managers, elle devait avoir été mise en
place dans les 18 mois qui précédaient l'étude et
représenter un investissement significatif pour l'entreprise (ce
critère assure que l'innovation soit visible et est un impact potentiel
important sur le travail des managers). Le choix des technologies de
l'information a été fait car l'utilisation par les managers de
ces outils dans le cadre de leurs fonctions relève plus d'un choix que
d'une obligation, par conséquent la promotion de l'innovation (et donc
la présence de champions) revêt une importance
considérable.
Nous avons identifié 88 entreprises répondant au
critère de la mise en place d'un changement dans leurs technologies
d'information à partir d'une étude réalisée par un
journal (Financial Post 500). Après avoir interviewé des cadres
de ces entreprises, nous en avons retenu 28 répondant à
l'ensemble des critères.
b - Identification de l'existence ou la non-existence
de champions
Elle a été réalisée en 2 temps
:
- interviews. Un cadre de l'entreprise ayant
participé au projet a identifié la personne qui avait eu à
ses yeux un rôle majeur dans l'implantation du changement. Cette personne
a à son tour été interviewée et nous a donné
le nom de celui qui avait eu un rôle majeur, etc. Pour chaque entreprise
une moyenne de 5 personnes a été interviewée (au total 153
interviews de 1,5 H). L'interview portait sur l'identification des champions
à partir de questions sur les personnes clefs de l'innovation, la
réceptivité et l'implication initiale de la cible
vis-à-vis de l'innovation, les méthodes et tactiques d'influence
utilisées par la personne pour diffuser l'innovation, les
résistances rencontrées et les méthodes pour les
réduire, les motivations et raisons qui l'avait amenées à
participer à l'innovation, ce qu'il en a retiré, les risques
personnels et organisationnels de l'innovation, sa perception de son
efficacité dans le processus, les facteurs qui ont contribué au
succès ou à l'échec de la mise en place de l'innovation,
l'historique de sa carrière.
- Questionnaires. Après l'interview,
ils ont complété un questionnaire qui nous a été
retourné par 88 % des interviewés. Il comprenait des questions
fermées où il fallait indiquer la personne clef associée
à l'innovation et décrire le rôle et les activités
des personnes associées au projet, ainsi qu'une partie sur leurs
caractéristiques personnelles.
Pour éviter les biais lors des interviews nous
informions les personnes que l'objectif de l'étude était
l'analyse des facteurs qui influençaient l'introduction des innovations
techniques. La description des rôles liés à l'innovation
n'était pas présentée de façon valorisante, mais en
décrivant les activités qui leur étaient associées
sans leur donner de valeur particulière. Les personnes ne savaient pas
comment elles avaient été classées par les autres
personnes interviewées.
A partir des données collectées il a
été construit 2 groupes de références (champions et
non-champions) en fonction de 4 critères (les champions et les
non-champions devaient avoir été impliqués dans la
même innovation, ils devaient avoir joués un rôle actif, les
non-champions ne devaient pas avoir été identifiés comme
ayant eu un rôle spécifique dans l'innovation dans la partie du
questionnaire où l'on devait associer une personne à un
rôle, ils devaient s'être engagés volontairement dans le
projet, c'est-à-dire que sa diffusion ne relevait pas de leur travail,
par exemple chef de projet).
L'échantillon final a été
constitué de 25 paires de champions et de non-champions. Les 50
participants sont des hommes, cadres (supérieur 52 %,
intermédiaires 42 %), la moyenne d'age est de 45 ans et ils proviennent
de différentes fonctions (marketing, finance, ingénieurs,
informatique, administration, comptabilité).
IV - MESURES
a - Caractéristiques de la personnalité
Cinq items ont été retenus dans le
questionnaire. Trois à partir de l'inventaire de la personnalité
de Jackson (1976) - prise de risques, attrait pour l'innovation,
indépendance - et 2 du Personality Research Form E (besoin
d'accomplissement et persévérance).
b - Comportements de leadership
Ils ont été mesurés suivant 2 approches.
Le Multifactor Leadership Questionnaire de Bass (1985). Ce test met en
évidence 4 items concernant le leadership (charisme, stimulation
intellectuelle, estime de soi, considération de ses collaborateurs).
Dans un deuxième temps chaque interview a été codé
en fonction de la présence ou non de certains critères qui
caractérisent les leaders transformatifs (confiance en soi, fortes
convictions, expression d'un haut niveau d'attente vis-à-vis de ses
collaborateurs, confiance dans leurs capacités à accomplir leur
mission, comportements innovatif et créatif pouvant être en
opposition avec la norme.
c - Tactiques d'influence
La fréquence et la variété des tactiques
d'influence a été évaluée de la même
façon que précédemment. La codification a
été réalisée à partir de la description de
Kipnis & Schmidt (1982) qui identifie 8 tactiques d'influence (construction
d'une coalition, faire appel à une autorité supérieure,
marchander, agir clandestinement, présenter des arguments rationnels,
sanctions, liens amicaux, avoir un comportement affirmatif et assuré).
V - RÉSULTATS
Le tableau suivant synthétise les résultats des
différents tests réalisés :
CRITÈRES
|
DISCRIMINANT
|
PERSONNALITÉ
|
|
PRISE DE RISQUE
|
***
|
BESOIN D'ACCOMPLISSEMENT
|
**
|
ATTRAIT POUR L'INNOVATION
|
**
|
INDEPENDANCE
|
|
PERSÉVÉRANCE
|
|
LEADERSHIP TRANSFORMATIF
|
|
INSPIRATION
|
***
|
STIMULATION INTELLECTUELLE
|
**
|
CHARISME
|
*
|
CONSIDÉRATION
|
|
TACTIQUES D'INFLUENCE
|
|
FRÉQUENCE
|
***
|
VARIÉTÉ
|
***
|
Discriminant entre champions et non-champions : ***
très fort, ** fort, * significatif, non-significatif.
Hypothèse 1 : elle
postule que les champions ont un score plus important que les
non-champions aux items caractéristiques du leadership transformatif. Le
résultat des différents tests confirme cette hypothèse en
ce qui concerne l'inspiration, la stimulation intellectuelle et le charisme.
Hypothèse 2 : les champions aspirent
d'avantage que les non-champions à s'accomplir, prendre des risques, ils
sont plus persévérant, manifestent un fort attrait pour ce qui
est innovant et indépendant. Le tableau de résultats indique
qu'il existe une différence significative entre champions et
non-champions en ce qui concerne la prise de risques, le besoin
d'accomplissement et l'attrait pour l'innovation.
Hypothèse 6 : les champions utilisent
plus fréquemment et avec une plus grande variété des
tactiques d'influence que les non-champions. Cette hypothèse est
vérifiée.
Hypothèses 3, 4, 5 : Il y a une plus
forte relation pour les champions entre les caractéristiques de leur
personnalité et leurs comportements de leadership, entre leur
personnalité et les tactiques d'influence utilisées, entre les
comportements de leadership transformatif et les tactiques d'influence
utilisées que pour les non-champions. Les résultats suivants
confirment nos hypothèses :
RELATIONS
|
RÉSULTATS
|
PERSONNALITÉ LEADERSHIP
|
***
|
PERSONNALITÉ TACTIQUES D'INFLUENCE
|
**
|
LEADERSHIP TACTIQUES D'INFLUENCE
|
**
|
Relation : *** très forte, **
forte.
VI - DISCUSSION ET CONCLUSIONS
Une contribution majeure de cette étude réside
dans le test rigoureux d'un modèle permettant d'identifier les champions
et leurs caractéristiques. Nos résultats indiquent que :
les champions se différentient des autres managers
par la plus grande importance au niveau de leur personnalité de la prise
de risques et de l'attrait pour l'innovation. Ce constat suggère
indirectement qu'il y a des traits de personnalité qui
prédisposent certaines personnes à s'engager volontairement et de
façon informelle (sans que cela relève de leur fonction) dans la
diffusion d'une innovation en en faisant une promotion active au sein de
l'organisation. Ce résultat va à l'encontre des travaux de
Davis-Black et Pfeffer (1989) qui indiquent que les traits de la
personnalité sont moins important que la situation en ce qui concerne
l'attitude des personnes vis-à-vis de ce type de comportements
d'engagement. On peut dire qu'en ignorant les différences entre les
individus on néglige une variable fondamentale de l'étude de ces
comportements.
le leadership transformatif peut être relié
à la promotion d'une innovation dans l'organisation. Ce lien n'avait pas
encore été mis en évidence. On peut dire à partir
de nos résultats que la capacité des champions à faire
adopter le projet par les membres de l'organisation repose, comme pour les
leaders transformatifs, sur l'articulation d'une vision qui met en avant le
potentiel du projet pour l'organisation et pour les cibles de son influence,
sur la confiance qu'il inspire aux autres et qui les pousse à s'engager
et à participer de façon effective.
en ce qui concerne les tactiques d'influence qu'ils
utilisent, on constate une fréquence est une variété plus
grande chez les champions. Comme pour le leader transformatif, le champion
utilise les ressort émotionnels, des images et une vision du futur qui
donne à chacun une place valorisante. L'objectif de l'influence qu'ils
exercent et d'impliquer les autres dans le projet.
cette étude est la première à montrer
que les champions (project champions) sont des leaders transformatifs informel
(cette activité ne relève pas de leur fonction).
COMMENTAIRE
Cette étude fait la synthèse des travaux
réalisés sur le concept de champion et valide un modèle
qui permet d'identifier les champions à partir de "traits" de leur
personnalité et de comportements (leadership transformatif et tactiques
d'influence). Les auteurs notent des insuffisances dans les études
portant sur les champions du point de vue méthodologique. A partir de
l'étude de la littérature sur des concepts proches
(entrepreneurs, leadership transformatif, influence sociale, etc.) et de la
comparaison avec les travaux sur les champions, ils présentent un
modèle permettant d'identifier à partir de leurs comportements
les champions.
Les méthodes utilisées pour collecter
l'information et les précautions prisent pour éviter les biais et
les projections manifestent une rigueur certaine de la part des auteurs.
Vis-à-vis de la méthodologie utilisée nous pouvons
cependant faire 2 remarques :
- l'information est collectée à partir de
l'analyse faite a-posteriori par la cible de l'étude, ce qui
peut conduire à la "perte" d'informations et à des
phénomènes de rationalisation a-posteriori des
comportements adoptés lors de la diffusion du projet,
- la taille de l'échantillon peut apparaître
limité (25 paires de champions et non-champions).
En ce qui concerne l'approche qui est faite des comportements
des champions, on peut remarquer que leurs objectifs personnels,
c'est-à-dire les raisons pour lesquelles ils s'engagent dans ce type de
comportement ne sont pas analysées. Les champions sont parfois
présentés comme des individus émergeant
spontanément pour venir assurer le succès d'un projet en ne
recherchant finalement (d'après l'étude) que leur accomplissement
personnel, les sensations liées à la prise de risques et la
satisfaction de leur penchant pour ce qui est nouveau et innovant.
Malgré ces remarques, l'étude de J. M. Howell
& C. A. Higgins a des apports importants pour la construction de notre
cadre théorique :
- elle permet d'identifier des comportements d'engagement
dans la diffusion du projet (les tactiques d'influence, les comportements
liés au leadership transformatif),
- elle pointe la dimension "personnalité" comme une
variable importante dans la prédisposition à s'engager. On
retrouve des caractéristiques propres aux champions mais aussi au
leaders transformatifs (charisme, inspiration des autres, etc.),
- présente les champions comme pouvant émerger
de façon informelle, c'est-à-dire que ces comportements ne sont
pas nécessairement liés à ce que l'on peut attendre d'eux
dans le cadre de leur fonction,
- les moyens qu'ils utilisent sont ceux du leadership
transformatif (transmettre une vision, communication persuasive, orientation
sur l'autre, etc.) et se manifestent dans le cadre de tactiques d'influences
nombreuses et variées,
Limite. La formulation de notre
problème à résoudre ne se limite pas à
l'étude des champions. Cependant les résultats de cette
étude peuvent être réintégrés à 2
niveaux :
- l'identification des manifestations caractéristiques
de l'engagement dans la diffusion d'un projet,
- l'influence du responsable du projet sur l'individu par
l'intermédiaire des caractéristiques du leadership
transformatif.
VII - BIBLIOGRAPHIE
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|
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Tushman M. & Nadler D. "Organizaing for
innovation" California Management Review, 28, 74-92, 1986.
|
CONSTRUCTION DU CADRE THEORIQUE
|
Les conclusions des études présentées ne
nous permettent pas de répondre à notre problème dans son
intégralité. Cependant elles contribuent par leurs
résultats à guider notre recherche pour la construction d'un
cadre théorique répondant à la question.
Notre problème à résoudre s'articule
autour de 3 groupes de mots :
implication dans les travaux du groupe,
engagement dans la diffusion,
groupe projet.
Nous nous sommes demandé si l'implication dans les
travaux du groupe projet assurait un engagement individuel dans la diffusion de
ce projet au sein de l'organisation. Il s'agit de répondre à une
question qui met en relation 2 attitudes de l'individu (l'implication et
l'engagement) qui se traduiront par des comportements et des actes au sein de
deux contextes particuliers, le groupe de projet en ce qui concerne
l'implication et l'organisation dans son ensemble pour la diffusion.
La construction de notre cadre théorique s'articulera
en trois parties. Une première partie où nous étudierons
la relation entre implication et engagement, une seconde partie qui s'attachera
à l'influence du groupe sur l'individu, et une troisième partie
sur l'influence du responsable projet.
I - LIENS ENTRE IMPLICATION ET ENGAGEMENT
A - Attitudes d'implication et d'engagement
L'engagement et l'implication sont des attitudes de l'individu
qui se manifestent par des comportements. Dans un premier temps, nous allons
clarifier ces concepts et voir comment ils peuvent s'articuler.
Engagement : "C'est à la
fois un commencement et une persévérance dans une action, une
relation de couple ou de groupe, une option, une prise de parti ouverte en
assumant les risques de cette attitude.6(*)"
L'engagement est donc une attitude de l'individu qui se
traduit par un commencement ou la persévérance dans un acte en
assumant les risques de cette attitude. Joule et
Beauvois7(*)
précisent que l'engagement de l'individu dans ses actes se
caractérise par :
le caractère public de l'acte,
l'individu ne peut pas le nier, il est associé
à son acte,
l'individu peut s'y reconnaître personnellement,
il se sent personnellement responsable.
L'engagement met donc en relation l'individu avec ses actes.
C'est la "reconnaissance de l'acte", le degré d'assimilation de l'acte
par l'individu. L'engagement dans la diffusion du projet signifie donc agir en
assumant ses actes, la finalité étant l'adoption du projet par
l'organisation.
L'implication : pour Michel
S.8(*) :
"C'est l'importance que prend le travail par rapport aux
autres sphères de la vie et la force avec laquelle l'individu,
s'identifient à sa tâche, a l'intention d'y être actif et
considère ses activités professionnelles comme centrales pour
lui.... C'est une prédisposition à agir, c'est-à-dire une
attitude favorable envers le travail et l'entreprise".
Cette définition met en relation l'individu avec son
travail. L'implication est une attitude favorable envers ce travail et
manifeste la force avec laquelle l'individu s'engage dans sa
réalisation. Après avoir donné une première
définition des concepts d'engagement et d'implication il nous faut
tenter de les relier.
On peut remarquer qu'il s'agit d'attitudes de l'individu
vis-à-vis d'un objet particulier, l'acte pour l'engagement et le travail
pour l'implication. Nous allons dans un premier temps répondre à
la question :
Qu'est-ce qu'une attitude?
Dans un premier temps on peut définir l'attitude comme
une :
9(*)"Disposition déterminée par
l'expérience qui a une influence directrice sur la conduite. L'attitude
met en jeu la totalité de l'être humain, en relation avec l'objet.
Cette relation se ramène à 2 mouvements primitifs : approche ou
retrait (attitude favorable ou défavorable)."
Les notions d'influence directrice sur la conduite, de
préparation à l'action, de relation vis-à-vis de l'objet
sont le point commun entre les différentes approches de ce concept.
Ainsi pour :
G. Allport10(*) :
"C'est un état mental de préparation à l'action,
organisée à travers l'expérience, exerçant une
influence directive et dynamique sur le comportement."
J. Maisonneuve11(*) :
"L'attitude consiste en une position d'un agent envers un objet (personne,
groupe, situation, valeurs, etc.). Elle s'exprime plus ou moins ouvertement
à travers divers symptômes ou indicateurs (paroles, ton, gestes,
actes, choix, etc.) et exerce une fonction à la fois cognitive,
énergétique et régulatrice sur les conduites qu'elle
sous-tend"
12(*)Scott et Mitchell : "Une
prédisposition à répondre de façon favorable ou
défavorable à des objets (personnes, groupes, choses, concepts,
etc.)."
En général, il est considéré que
les attitudes se caractérisent par :
le fait qu'elles sont acquises et non pas innées,
elles sont plus ou moins durables et susceptibles de
changements sous l'effet d'influences extérieures. Elles exercent une
fois constituées une action régulatrice sur les conduites,
le propre de l'attitude est une relation
privilégiée du sujet à tels et tels objets,
cette relation s'effectue selon une polarité
affective c'est-à-dire entre le "pour et le contre", avec des nuances
variables et même l'éventualité d'ambivalences.
Si à l'origine, l'attitude était
considérée comme un concept unidimensionnel, c'est-à-dire
comme une disposition favorable ou défavorable vis-à-vis d'un
objet, ou comme l'attribution d'une valeur positive ou négative à
l'objet, la psychologie donne de nos jours une définition plus large en
attribuant à l'attitude un ensemble de trois composantes. Une
composante affective, définie comme la prédisposition de
l'individu à évaluer un objet donné (bon, mauvais,
favorable défavorable).
Une composante cognitive, qui renvoie à la nature des
croyances ou connaissances que la personne a de l'objet.
Une composante conative, qui constitue la
prédisposition à l'action, c'est la composante comportementale de
l'attitude, elle tend vers des comportements de l'individu envers l'objet.
Remarques : Ces trois composantes sont
reliées mais distinctes. Le concept d'attitude reste global et est
lié à la coexistence dynamique de ces 3 composantes.
L'attitude se réfère à la nature des
prédictions que nous faisons sur le comportement de l'individu. Par
exemple, lorsque nous disons de quelqu'un qu'il a une attitude favorable
à l'égard de tel ou tel objet, généralement ce que
nous voulons dire c'est que nous sommes en possession d'une certaine
information qui nous conduit à prédire que la personne agira de
façon à se comporter favorablement ou défavorablement
à l'égard d'un objet. Cependant l'expression
"prédisposition à agir" implique de façon
implicite que ces prédispositions existent même lorsque nous ne
pensons pas à l'objet ou que nous n'y sommes pas confronté. Ce
qui implique que ce concept "tombe dans la catégorie des
construits hypothétiques, c'est à dire un processus ou une
entité dont on présume l'existence même s'il n'est pas
directement observable.13(*)"
En ce qui concerne la formation des attitudes on distingue
deux origines :
une origine intrinsèque ou psychologique
(génétique, la famille, la personnalité de base, etc.)
une origine extrinsèque ou culturelle (groupes
d'appartenance, cadre social de l'apprentissage, etc.).
En ce qui concerne l'origine des attitudes la psychanalyse
avec les travaux de Freud et de M. Klein a mis en avant le rôle de la
relation à la mère lors de l'enfance et l'association de ce qu'il
ressent aux circonstances et à la situation. Après un certain
temps, des modèles complexes de comportements seront associés
avec la satisfaction des besoins. La façon dont se dégageront des
attitudes spécifiques sera déterminée par l'histoire
personnelle de l'individu. L'idée principale que sous-tend le processus
de formation des attitudes est qu'elles sont acquises par
l'intermédiaire de l'expérience individuelle de son propre
environnement. La formation des attitudes est donc influencée par les
"contextes" que rencontre l'individu - famille, culture, etc.-.
S'agissant d'un processus d'apprentissage qui se
réalise à partir des situations et de l'environnement de
l'individu nous devons prendre en compte l'influence du contexte
organisationnel. La force exercée par l'organisation ne sera
analysée dans ce mémoire que de façon succincte bien
qu'elle ait des conséquences certaines. Le coeur de notre
problème résidant dans le contexte d'une participation à
un type particulier d'organisation - les groupes de projet.
Van de Ven14(*) constate que l'organisation fonctionne à
partir de processus et de règles qui conduisent à une certaine
"routinisation" des comportements humains et à une entropie des
mécanismes d'apprentissage et de perception vis-à-vis de ce qui
sort de cette routine.
"Il est essentiel de s'attacher à la limitation
psychologique des perceptions de l'être humain induit par les routines
et l'inertie de l'organisation... Les structures et le système
organisationnel conduisent à une réduction de l'attention.
L'effort de focalisation dans des domaines qui sont imposés, aveuglent
l'individu envers les autres solutions en influençant leurs perceptions,
croyances et valeurs."
Argyris et Schön15(*) indiquent :
"les organisations fonctionnent comme des
systèmes d'apprentissage en boucle simple... Elles n'intègrent
pas dans leur fonctionnement de mécanismes qui leur permettent
d'évaluer les données qui sortent de leurs "routines".. Ce qui
peut les conduire à l'inertie et à l'impossibilité
d'apprendre."
Routinisation et sclérose, entropie des
mécanismes d'apprentissage, voilà un tableau sombre de
l'influence du contexte organisationnel sur la formation et l'évolution
des attitudes.
Nous retiendrons de ce rapide constat concernant les attitudes
que :
L'attitude est donc un élément acquis et
stabilisé de la structure personnelle d'un individu, elle peut subir des
variations en fonction des sollicitations de l'entourage. C'est à
travers ses propres expériences que l'individu acquière ses
attitudes, les maintient et les renforce.
Le contexte organisationnel influence la formation des
attitudes de l'individu. En ce qui concerne l'implication et l'engagement de
l'individu, la "norme de l'organisation", qu'elle soit associée à
la culture ou aux mécanismes de régulation, va influencer
directement les attitudes, mais aussi comme l'indique Van de
Ven, son système de croyances et de valeurs. Suite à
cette remarque il nous faut répondre aux questions :
- Que sont les croyances et valeurs ?
- Quelle est leur relation avec les attitudes
?
D'après le dictionnaire Larouse une croyance est une
conviction en la vérité d'un chose, une valeur est une conviction
profonde et relativement stable quant à la supériorité
d'un mode de conduite ou d'un objectif de vie. Par mode de vie on entend des
façons habituelles de se comporter vis-à-vis des choses et des
gens. Les objectifs de vie sont des situations ou des états de fait que
l'on recherche à atteindre. Croyances et valeurs sont des idéaux
abstraits qui influencent notre vie mais sans s'attacher à un objet
spécifique ou à une situation particulière.
Pour comprendre la relation entre croyances, valeurs et
attitudes Bergeron J. L.16(*) utilise une analogie.
"Les valeurs et les croyances sont les branches
principales d'un arbre qui donnent naissance à des centaines de branches
secondaires, nos attitudes. Les attitudes sont plus spécifiques aux
objets et aux situations et ont une influence plus évidente et plus
immédiate sur les comportements. Par exemple une valeur telle que "le
respect de l'ordre et de l'autorité" peut donner naissances à
toute une série d'attitudes (favorable à l'armée,
défavorable aux idées anarchiques ou aux syndicaliste,
etc.)".
Nos valeurs et croyance influencent nos comportements par
l'intermédiaire de nos attitudes, une même valeur ou croyance
pouvant être la source de nombreuses attitudes et se rapprocher d'une
multitude de comportements.
L'attitude est donc un concept tri-dimentionnel dont
les composantes sont reliées entre elles. Elles trouvent leur "source"
au niveau des croyances et des valeurs de l'individu, elles se façonnent
avec les expériences.
N'étant pas directement observable, l'utilisation du
concept d'attitude dans notre problème à résoudre implique
que nous nous attachions aux "manifestations" de ces attitudes, c'est à
dire les comportements pour tenter de les articuler.
Le schéma de Rosenberg et
Hovland17(*) nous
donne une "grille" de lecture intéressante de la corrélation
existante entre les composantes des attitudes et leurs "effets", c'est à
dire les variables dépendantes permettant de les "appréhender".
VARIABLES INDEPENDANTES
|
VARIABLES
|
INTERMEDIAIRES
|
VARIABLES DEPENDANTES
|
|
|
AFFECTIF
(les sentiments)
|
Réponse physiologique (pulsations, sudation)
Verbalisation de l'affect (sentiments..)
|
|
|
|
|
L'OBJET OU STIMULI
|
ATTITUDES
|
COGNITIF
(les pensées)
|
Réponses perceptives
Verbalisation des savoirs, croyances, opinions
|
|
|
|
|
|
|
CONATIF
(la disposition à agir)
|
Comportements manifestes
Verbalisation des comportements
|
- Schéma adapté de Rosenberg et Hovland
par Ghiglione R. & Bromberg
M. in "Cours de psychologie" tome 1, Dunod, 1992,
p-213 -
En fonction des définitions précédentes
de l'attitude nous pouvons dire qu'un objet (individu, groupe, situation,
chose, etc.) déclenche une attitude qui va entraîner une
"réponse" favorable ou défavorable qui se matérialisera
par un comportement observable (ou une absence de comportement). L'implication
et l'engagement sont des attitudes (par définition non observables),
pour savoir s'il existe une relation entre elles, nous nous attacherons aux
comportements (ensemble d'activités observables et potentiellement
mesurables) qui les manifestent et tenteront de répondre aux questions
suivantes :
Quels sont les comportements qui manifestent
l'implication et l'engagement?
Des personnes particulièrement
impliquées ou engagées ont-elles des points communs?
Les comportements qui manifestent l'implication dans
les travaux du groupe sont-ils liées aux comportements qui manifestent
l'engagement dans la diffusion d'un projet?
B - Manifestation des prédispositions d'implication
et d'engagement : les comportements
Manifestation de l'engagement :
Pour Rogers C.18(*) :
"L'engagement consiste en une orientation organiciste
totale de la personne, impliquant non seulement son esprit conscient mais
encore tout son organisme."
L'attitude d'engagement décrite par Rogers ne nous
permet pas d'identifier les comportements d'une personne engagée, elle
nous renseigne pourtant sur la "puissance" de sa mobilisation.
Pour identifier les comportements d'engagement dans la diffusion d'un
projet et déterminer s'il existe des variables explicatives de ces
comportements nous nous appuierons sur les recherches concernant le concept
anglo-saxon de "champions".
Le concept de champion a été
développé au début des années 60 par Schön
D.19(*) dans une
étude concernant des projets militaires aux Etats-Unis. Il a mis en
évidence que "les changements techniques majeurs nécessitent
la présence d'un champion pour s'identifier à l'idée, pour
la promouvoir activement au sein de leur réseau, et assurer le
succès du projet en n'hésitant pas à risquer leur position
et leur prestige pour assurer le succès du projet".
Champion20(*) : "c'est une
personne qui apporte une contribution décisive dans la diffusion d'un
projet en faisant une promotion active et enthousiaste de ce qu'il apport
à l'organisation, en s'engageant par ses actions et en amenant les
autres membres de l'organisation à l'adopter."
Ces champions vont par leurs comportements et leur travail
permettre de changer les habitudes et impliquer les autres dans le processus de
diffusion. Les travaux de J. M. Howell et C. A.
Higgins21(*) ont
permis de préciser les caractéristiques de ces champions. Ils ont
identifié leurs caractéristiques personnelles et les moyens
qu'ils emploient pour faire adopter le projet par l'organisation.
Leurs caractéristiques personnelles :
leur personnalité est marquée par la présence de 5
caractéristiques (scores plus importants sur ces 5 point que les
non-champions) :
une prédisposition marquée pour la prise de
risques,
un attrait important pour ce qui est nouveau,
un fort besoin de s'accomplir,
une confiance marquée dans leurs capacités
personnelles,
un charisme personnel important.
Les moyens qu'ils utilisent pour faire adopter le
projet :
une promotion de l'innovation auprès de leurs
réseaux,
ils transmettent une vision du potentiel du projet et
insistent sur ce qu'il représente pour l'ensemble de l'entreprise et
l'importance de la contribution de chacun dans sa mise en oeuvre,
ils attirent l'attention des autres et les impliquent en
ayant recours à l'imaginaire et aux valeurs, donnent des
représentations de ce qu'apporte le projet.
L'étude réalisée par Kanter R.
M. qu'elle présente dans son article "Votre
productivité dépend de l'attitude des cadres"22(*) permet d'approfondir en terme
de comportements l'identification des champions. Ils se caractérisent
par :
le fait d'être à l'aise dans le changement. Ils
sont convaincus que les incertitudes se dissiperont et sont perspicaces,
la netteté des choix. Ils sélectionnent les
projets avec rigueur et leur vue sur l'avenir leur permet de ne voir dans les
contretemps que des obstacles secondaires.
le sens de la perfection. Ils préparent soigneusement
les réunions et se montrent experts dans leurs exposés. Ils font
preuve de perspicacité et reconnaissent quel appui peut les aider selon
les circonstances.
la force de persuasion, de persévérance et de
détermination. Comprenant qu'il leur est impossible d'atteindre leur
objectif en 24 heures, ils persévèrent, avec tact, jusqu'au
résultat recherché.
Le champion est donc une personne particulièrement
engagée dans la diffusion d'un projet. Des comportements observables
peuvent être rattachés à cette attitude d'engagement. Pour
donner une réponse à notre problème à
résoudre il nous faut nous attacher aux comportements qui manifestent
l'implication.
Manifestation de l'implication
La définition de l'implication que nous avons
donné page 42, met en relation l'individu avec son travail et
précise que l'implication est une attitude favorable envers ce travail.
Elle manifeste la force avec laquelle l'individu s'engage dans sa
réalisation. En ce qui concerne les comportements Michel
S.23(*) indique
que :
"L'implication permet d'améliorer la
qualité du travail... Un salarié peu impliqué se contente
de suivre les prescriptions qui ont été données par
l'organisation, alors qu'un salarié impliqué cherchera à
faire mieux."
L'implication manifeste "l'engagement" favorable envers
l'objet (entreprise, travail, projet, etc.), elle se mesure au travers de
questions du type "Pensez-vous encore à votre travail lorsque vous
rentrez chez vous?" ou "Si vous rencontrez un ami d'enfance et qu'il
vous demande ce que vous devenez, répondez-vous d'abord en citant votre
activité professionnelle ?"
L'implication dans les travaux du groupe projet se
traduit par une volonté d'y être actif et dans l'importance que
prend ce travail ou cette appartenance au groupe vis-à-vis des autres
sphères de la vie.
Après avoir défini ce qu'étaient les
attitudes nous nous sommes attachés aux comportements que des recherches
empiriques leur associaient. A partir des comportements caractérisant
l'implication et l'engagement nous serions tenté de dire que
s'inscrivant les uns comme les autres dans le cadre d'une dynamique d'action
positive envers le projet, il est probable que l'implication dans les travaux
du groupe de projet assure plus ou moins l'engagement dans la diffusion du
projet au sein de l'organisation. Cependant au regard de ce qui a
été dit précédemment, c'est-à-dire que les
comportements sont la manifestation d'attitudes ayant une relative
stabilité dans le temps nous pouvons nous demander si la relation
inverse est vraie. Dans ce cas ce qui vient d'être dit sur la relation
entre implication et engagement répondrait à notre
problème à résoudre.
L'observation de comportements manifestant une
implication et un engagement sont-ils la preuve que la personne est
impliquée et engagée?
En d'autres termes après avoir
étudié la relation entre attitudes comportements et en avoir
tiré un certain nombre de conclusions, pouvons-nous les valider en nous
attachant à la relation entre comportements attitudes?
Pour la théorie psychologique de la Dissonance
Cognitive, l'être humain cherche un équilibre entre ses diverses
attitudes et entre ses attitudes et ses comportements. La dissonance est un
état inconfortable résultant du fait qu'un individu maintient
dans son esprit 2 éléments de connaissance (attitude, croyance,
les opinions, idées, savoirs concernants l'individu lui même ou
son propre comportement, les autres, le monde et les situations, etc. ) dont
l'un devrait normalement produire le contraire de l'autre. Comme il y a une
recherche d'équilibre de la part de l'individu, tout écart par
rapport à ces états suscite un travail cognitif orienté
vers leur réduction. Nous supportons mal le fait d'avoir des cognitions
dissonantes. Nous sommes motivés pour réduire ses dissonances, en
les relativisant ou en les supprimant.
L'étude de Brem J. W. et Cohen A.
R.24(*) illustre
ce phénomène. Après une émeute sur le campus de
l'université de Yale où l'intervention de la police fut
condamnée par les étudiants, ils ont demandé aux
étudiants d'écrire un mémoire très favorable
à l'intervention de la police. A certains de ces étudiants, ils
offrirent 10 $ à d'autres 5 $ ou 1 $. Ils constatent que :
le fait d'écrire un mémoire favorable à
la police créait chez les étudiants une dissonance importante,
car ce comportement (écrire le mémoire) entrait en opposition
avec leur attitude défavorable à la police,
ceux qui ont reçu une forte somme d'argent pour
écrire le mémoire ne ressentent pas cette contradiction. La
récompense permet de justifier l'écart entre leur attitude
vis-à-vis de la police et leurs comportements,
ceux qui reçoivent peu d'argent ressentent pleinement
la contradiction entre leur comportement et leur attitude vis-à-vis de
la police. Une enquête a par la suite montré que leurs opinions
vis-à-vis de la police avaient changés et que leur jugement sur
l'intervention était plus nuancé.
La théorie de la Dissonance Cognitive permet de
retrouver une certaine cohérence entre attitudes et comportements
a-posteriori. Cette relation n'est cependant pas aussi
systématique que les conclusions précédentes l'indiquent.
Par exemple l'étude réalisée par Lapierre
R.25(*) entre
1930 et 1932 met en évidence que le lien entre l'attitude
exprimée en réponse à la question "serviriez-vous un
couple de Chinois ?" et les comportements de ces personnes peuvent
être en opposition. Ainsi 95 % des 251 établissements
sondés ont répondu non, alors qu'un seul de ces
établissements a réellement refusé de les servir.
En 1972, Bickman L.26(*) a interviewé plus de
500 personnes sur leur attitude concernant le ramassage des papiers qui
jonchent le sol dans les grandes villes. Prés de 94 % ont affirmé
se sentir concernés par ce problème. Cependant moins de 2 %
d'entre eux prirent la peine, après l'interview, de ramasser un papier
placé bien en évidence sur leur chemin par
l'expérimentateur.
D'autres travaux27(*) précisent les limites de cette approche. Ainsi
la relation entre attitudes et comportements peut être influencée
:
par l'espace temps qui sépare la mesure des attitudes
et le comportement, les attitudes sont élastiques et sujettes à
de brusques modifications en fonction du contexte (Davidson &
Jaccard), ce changement ne perdure pas toujours (Cook &
Flay),
la relation entre attitudes et comportements va être
influencée par d'autres facteurs (Wicker), ainsi une
attitude favorable en faveur d'un mouvement ne se traduit pas
nécessairement par un engagement (temps disponible de l'individu, ses
obligations, possibilités de participer, etc.).
Gruère J. P.28(*) indique que les forces de la
situation peuvent altérer de façon sensible la teneur initiale de
l'attitude, au point que les opinions et les comportements peuvent se
révéler contraires aux valeurs et croyances à la base de
l'attitude. Il présente le modèle suivant :
D'une façon générale la plupart des
auteurs considèrent l'attitude comme un précurseur du
comportement. Mais les termes de prédisposition et d'état de
préparation n'impliquent pas nécessairement que les attitudes
doivent se manifester dans le comportement. Postuler un lien direct entre
attitudes et comportements revient à ignorer l'existence d'autres
facteurs importants dans la détermination (situation d'interaction, la
norme existante, l'enjeu de la situation, le conflit entre différents
objets, etc.).
Pour Ghiglione R. & Bromberg M :
"Dire qu'une attitude est un état de
préparation exerçant une influence directive sur les
réponses de l'individu ne sont sous-entend pas que c'est la seule
influence, qu'il n'en existe pas d'autres... Ainsi on peut dire que le
comportement est conjointement déterminé, d'une part par les
attitudes individuelles et d'autres part la situation29(*)".
En ce qui concerne notre problème à
résoudre ce modèle peut nous permettre de définir
l'engagement et l'implication comme étant des attitudes
spécifiques résultant des croyances et des valeurs de l'individu.
Elles sont liées par l'objet vers lequel elles se portent (le projet, le
groupe ou l'entreprise dans son ensemble) et se traduisent par des
comportements particuliers.
La relation entre attitude et comportements n'est pas
linéaire et doit tenir compte du contexte et de la situation. Ces
résultats suggèrent que les attitudes peuvent ne pas toujours
prédire le comportement, mais il serait inexact de prétendre
qu'elles ne le font jamais ou tout du moins qu'elles ne l'influencent pas. A
chaque situation est associée un ensemble de facteurs (normes,
règles, habitudes etc.) qui s'imposent à nous et atténuent
l'influence des prédispositions favorables ou défavorables que
nous avons pu acquérir.
Après avoir tenté de clarifier la
relation existant entre les attitudes de l'individu, il nous faut nous attacher
à l'acte fondateur des comportements qui manifestent l'implication ou
l'engagement, c'est-à-dire la décision de l'individu de faire ou
ne pas faire.
C - La décision d'action : la stratégie de
l'acteur
Pour Crozier M. & Friedberg E. la
décision de s'engager de l'acteur est à mettre en relation avec
l'affirmation de son existence sociale et les processus de négociation
qui ont lieu sein de l'organisation.
"L'élément décisif du comportement,
c'est le jeu de pouvoir et d'influence auquel l'individu participe et à
travers lequel il affirme son existence sociale malgré les
contraintes30(*)".
"Son comportement pourra et devra s'analyser comme
l'expression d'une stratégie rationnelle visant à
utiliser son pouvoir au mieux pour accroître ses "gains", à
travers sa participation à l'organisation. En d'autres termes,
il tentera à tout instant de mettre à profit sa marge de
liberté pour négocier sa "participation", en s'efforçant
de "manipuler" ses partenaires et l'organisation dans son ensemble de telle
sorte que cette participation soit payante pour lui. La mise en oeuvre de
telles stratégies comportera toujours deux aspects contradictoires et
complémentaires. En effet, chaque acteur s'efforcera
simultanément de contraindre les autres membres de l'organisation pour
satisfaire ses propres exigences (stratégie offensive) et
d'échapper à leur contrainte par la protection
systématique de sa propre marge de liberté et de manoeuvre
(stratégie défensive)31(*)".
L'individu s'engagera s'il perçoit des enjeux
suffisants dans la situation que propose le projet.
"Dans la mesure même où l'organisation ne
constitue jamais pour ses membres qu'un champ d'investissement
stratégique parmi d'autres, il n'y a à l'engagement de
ceux-ci aucune automaticité... Ils n'accepteront de mobiliser
leurs ressources et d'affronter les risques inhérents à toute
relation de pouvoir, qu'à condition de trouver dans
l'organisation des enjeux suffisamment importants au regard de leurs atouts et
de leurs objectifs, et suffisamment important pour justifier une mobilisation
de leur part (en d'autres termes, leur participation à
l'organisation variera en fonction des enjeux qu'ils
perçoivent)."32(*)
C'est la liberté de décision de l'acteur qui est
l'élément déterminant de son engagement. Cette
liberté de s'engager ou de ne pas s'engager est une source de pouvoir
qui va lui permettre d'engager des négociations avec les autres
participants de l'organisation.
"Une situation organisationnelle donnée ne
contraint jamais totalement un acteur. Celle-ci garde
toujours une marge de liberté et de négociation. Grâce
à cette marge de liberté (qui signifie source d'incertitude pour
ses partenaires comme pour l'organisation dans son ensemble), chaque acteur
dispose ainsi de pouvoir sur les autres acteurs, pouvoir qui sera d'autant plus
grand que la source d'incertitude qu'il contrôle sera pertinente pour
ceux-ci, c'est-à-dire les affectera de façon plus substantielle
dans leurs capacités propres de jouer et de poursuivre leurs
stratégies".33(*)
Cette liberté est cependant limitée par un
certain nombre de facteurs. En ce qui concerne la liberté de l'individu
dans sa décision de s'engager et le contexte organisationnel nous
pouvons faire les remarques suivantes :
la rationalité de l'individu en ce qui concerne ses
choix est limitée par les informations dont-il dispose,
l'influence du contexte organisationnel, et plus
particulièrement ce que nous avons présenté comme la
sclérose des processus d'apprentissage induit par la routinisation, peut
conduire dans le cadre d'une décision complexe à une
évaluation faussée des opportunités. March
J.34(*) indique
que "les décisions complexes dans ce cadre organisationnel tendent
à être de plus en plus "fausses".... L'esprit de la
décision devenant plus important que ses fins, et la rationalisation
remplaçant la rationalité",
La cohérence avec les choix passés peut
limiter d'un point de vue cognitif le traitement de l'information existante et
limiter la liberté de l'individu dans la définition de sa
stratégie et de ses objectifs,
dans des situations de décision, les
stéréotypes et les habitudes (réponse systématique
à un stimulus) de l'individu vis-à-vis de l'action peuvent
"fausser" son processus de décision.
La décision de l'individu, bien
qu'influencée par son système cognitif et la situation, est
altérée par le contexte organisationnel au sein duquel elle
s'inscrit. L'analyse des comportements organisationnels doit tenir compte de la
stratégie et des objectifs des acteurs (groupe ou individu) et des
processus de négociation qui entrent en jeu.
Dans une seconde et une troisième partie nous
allons intégrer la dimension contextuelle de notre problème
à résoudre, c'est-à-dire la participation à un
groupe projet afin de mettre en évidence son influence sur l'implication
et l'engagement. L'appartenance à un groupe projet induit pour nous 2
types d'influences :
l'influence du groupe en tant qu'organisation
composée d'individus ayant en charge un projet (deuxième
partie),
l'influence du responsable projet en tant que
manager de ce groupe (troisième partie).
II - INFLUENCE DU GROUPE
Groupe de projet :
"Forme d'organisation de l'action collective qui se
caractérise par une existence liée à la réalisation
d'un but particulier fortement irréversible, non
répétitif, réalisées sous contrainte de temps, et
des structures, techniques et méthodes qui peuvent se
différentier de celles habituellement utilisées dans
l'organisation au sein de la laquelle son action s'inscrit35(*)."
En ce qui concerne l'influence du groupe sur l'engagement et
l'implication de l'individu je me suis inspiré des travaux ayant
été réalisés sur les groupes restreints.
La définition du sujet même des études "le
groupe" est un problème pour les chercheurs. Ainsi pour Daval
& al.36(*)
:
"Même si on décide de limiter à 20 le
nombre des individus constituant un petit groupe, on ne limitera pas pour
autant la variété des phénomènes dont le groupe est
le siège : toutes choses égales par ailleurs, la dynamique d'une
réunion de 5 personnes obéira sans doute à d'autres lois
que celle d'un groupe de 15 participants."
Pour Ghiglione R. et Bromberg
M37(*)
:
"C'est d'avantage le volume d'informations qu'un chercheur
peut traiter que des considérations théoriques qui conduisent
à déterminer ce qu'il convient d'entendre par groupe restreint ou
petit groupe... En fait il y a groupe parce qu'il y a un but commun à
atteindre, ou une suite de buts communs."
Dans le cadre de notre problème à
résoudre, nous considérerons que le groupe projet est
composé de 5 à 15 personnes, ce qui correspond à ce que
nous avons observé lors de l'analyse de situation que nous avons
réalisée en équipe.
A partir de la remarque de Ghiglione et Bromberg concernant la
notion de but(s) commun(s) à atteindre il est possible de faire une
distinction entre les groupes secondaires et primaires.
Le groupe primaire ou groupe restreint.
Pour Cooley38(*) :
"Par groupe primaire, j'entends ceux
caractérisés par une association et une coopération
intimes et face à face ... Le résultat de cette association
intime est, du point de vue psychologique, une certaine fusion des
individualités en un tout commun, de sorte que la vie commune et le but
du groupe deviennent la vie de chacun.."
Pour Anzieu D. et Martin J. Y.39(*) ces groupes se
caractérisent par :
un nombre restreint de membres, tel que chacun puisse avoir
une perception individualisée de chacun des autres, être
perçu réciproquement par lui et que de nombreux échanges
interindividuels puissent avoir lieu,
poursuite en commun et de façon active des
mêmes buts, dotés d'une certaine permanence, assumés comme
buts du groupe et répondant à divers intérêts des
membres,
relations affectives pouvant devenir intense entre les
membres (sympathies, antipathie, etc.) et constituer des sous groupes
d'affinités,
forte interdépendance des membres et sentiments de
solidarité, union morale des membres du groupe en dehors des
réunions et des actions en commun,
constitution de normes, de croyances, de signaux et de rites
propres au groupe,
Toutes ces caractéristiques ne sont pas
nécessairement présentes à la fois dans le même
groupe, par contre il se développe systématiquement des conduites
d'entretien qui visent la conservation du groupe comme réalité
physique et des conduites de progression qui amène la transformation
:
des relations entre les membres,
de l'organisation interne du groupe,
de la réalité physique ou sociale dans laquel
le groupe a choisi ses buts.
Le groupe secondaire.
Pour Anzieu D. et Martin J. Y. :
"C'est un groupe qui fonctionne selon des institutions
(juridique, économiques, politiques, etc.) à l'intérieur
d'un segment particulier de la réalité sociale (marché,
sport, recherche scientifique, organisation, etc.)."
Le groupe secondaire se distingue du groupe primaire par des
relations impersonnelles, une distance entre les membres, moins de relations
affectives, etc. La notion de buts communs bien qu'elle soit présente
est moins importante, et n'est pas nécessairement la raison de
l'appartenance au groupe (exemple les entreprises).
Après avoir fait cette distinction, il nous faut
apporter une réponse aux questions :
Les groupes projet sont-il des groupes primaires ou
secondaires?
Cette distinction entre la nature des groupes
permet-elle d'apporter une réponse en ce qui concerne l'influence du
groupe sur les attitudes d'engagement et d'implication?
A la première question, la réponse est
évidente. En effet c'est le fonctionnement, les interactions,
affinités, le partage des buts, la cohésion, etc. qui vont
permettre de définir si un groupe de projet est un groupe primaire ou
secondaire. On ne peut pas au regard de la définition de ces groupes
"décréter" qu'un groupe projet est primaire ou secondaire. Le
groupe projet s'inscrit dans un cadre organisationnel (groupe secondaire par
nature) mais peut avoir des caractéristiques dans certains cas qui le
rapproche des groupes primaires (buts, affinités, etc.). La
réponse à la seconde question peut apporter une réponse
partielle à notre problème. En effet, l'implication dans les
travaux du groupe et l'engagement dans la diffusion peuvent être
rapprochés de la notion de buts à atteindre pour le groupe. Ici
il nous faut cependant faire une distinction entre l'attitude de l'individu
vis-à-vis des buts à atteindre et celle du groupe
vis-à-vis de ces mêmes buts.
K. Lewin avec ses travaux sur la dynamique
des groupes a mis en évidence que le groupe devait être
considéré comme une totalité dynamique qui influence le
comportement des individus qui en sont membres. Le groupe est un champ de
forces au sein duquel se produisent des phénomènes d'influence,
de cohésion, de norme, de tension, d'attraction. Tous ces
phénomènes sont différents de ceux de la psychologie
individuelle. On peut dire qu'il y a groupe de projet parce qu'il y a un but
à atteindre, ce qui ne veut pas dire que les individus au sein du groupe
partagent ce but, s'implique et s'engagent.
L'étude de Thibaut et
Strickland40(*)
nous indique qu'il existe une tendance au conformisme et à la
normalisation des comportements dans les groupes. Nous partirons de
l'étude de cette tendance au conformisme pour comprendre comment le
contexte (groupe projet) peut influencer l'individu dans sa décision de
s'impliquer et de s'engager.
A - Influence sociale et conformisme
Norme de groupe41(*) : croyances
partagées par les membres au sujet des comportements appropriés
ou non-appropriés dans des situations spécifiques.
Les expériences de Elton Mayo42(*) à l'usine Hawthorne ont
mis en évidence l'existence de l'influence du groupe sur l'individu.
Elles ont révélé l'importance de la vie de groupe et son
influence sur les comportements de chacun de ses membres.
Dans un premier temps il mit en évidence l'existence
d'une norme informelle de production qui contraignait chaque ouvrière
à produire autant que les autres. Elles produisaient individuellement un
nombre de pièces identique aux autres en dépit des modifications
apportées lors des expériences ou en cas d'incident sur la ligne
de production. Dans un second temps il remarque que chaque incident ou chaque
tension entre des personnes provoquait un malaise qui retentissait sur le
niveau de production de l'ensemble du groupe.
Il existait une vie de groupe qui se
caractérisait par un "moral" de groupe influencé par les
tensions, clivages et oppositions entre les personnes.
L'existence de cette "vie" de groupe et de l'existence de
normes propres au groupe a été confirmée par les travaux
de M. Sherif43(*). Dans l'obscurité totale, des individus
devaient estimer l'amplitude du mouvement d'un point lumineux (en
réalité il ne bouge pas - mouvement autocinétique). Cette
estimation était réalisée en situation individuelle et en
situation de groupe. Le sujet individuel avait 100 mesures à
réaliser. Les résultats montrent que chaque sujet se constitue
une norme individuelle (un point de référence) et un écart
de variation dans les mesures qui lui est propre et qu'il tend à le
reproduire les jours suivants si on répète l'expérience
avec lui. Les groupes comprenaient 2 ou 3 sujets, chacun annonçant
à haute voix son résultat.
Si par la suite le sujet continue à travailler seul, il
conserve l'écart de variation et la norme de son groupe. S'il change de
groupe, ses estimations continuent pendant un certain temps à
dépendre des normes du premier groupe.
44(*)"Après les expériences, nous
concluons que, lorsqu'un individu perçoit un mouvement
autocinétique dépourvu de point de référence
objectif et lorsqu'on lui demande au cours d'une stimulation
répétée de rendre compte de l'amplitude du mouvement, il
établit subjectivement un écart de variation d'amplitude et une
norme à l'intérieur de cet écart, qui lui sont propres et
qui sont différents de l'écart et de la norme d'autres individus.
Lorsque des individus affrontent ensemble pour la première fois la
même situation en tant que membres d'un groupe... il est établi
une norme et un écart propre au groupe. Lorsqu'un membre du groupe
affronte seul la même la même situation ultérieurement,
après que l'écart et la norme de son groupe soient
établis, il perçoit la situation d'après l'écart et
la norme qu'il transfère de la situation de groupe.."
Les travaux de Asch45(*) montrent que cette norme de
groupe exerce une pression sur le jugement personnel.
Il utilise un ensemble de cartes présentant chacune une
ligne dont la longueur servira d'étalon de comparaison et un ensemble de
carte présentant chacune 3 lignes dont l'une est de même longueur
que celle de la ligne étalon et dont les deux autres sont aisées
à différentier par rapport à cette longueur. Les sujets
isolés n'ont aucune difficulté à donner une estimation
correcte de la longueur de 3 lignes inégales par rapport à celle
de la ligne étalon. Mais lorsqu'ils doivent exprimer
publiquement leur jugement en présence d'autres personnes donnant
délibérément des estimations erronées, des conflits
surgissent pour environ un tiers des sujets qui cèdent à la
pression et donnent des réponses objectivement inexactes.
On remarque que la situation de groupe va avoir
tendance à conduire à une convergence rapide des points de
référence (normes) et des écarts de variation propres
à chaque individu. Les normes individuelles sont remplacées par
une norme unique et commune.
Peut-on en déduire que l'implication et
l'engagement de l'individu sont corrélés à la norme du
groupe dans ce domaine? Quelles sont les caractéristiques propres au
groupe qui peuvent favoriser ces phénomènes ?
Des travaux postérieurs ont mis en évidence que
l'influence du groupe sur l'individu va dépendre des
caractéristiques intrinsèques du groupe. W. G. Scott et
Mitchell T. R.46(*) font une synthèse des travaux
réalisés dans ce domaine, ce qui leur permet de regrouper en 4
catégories les caractéristiques intrinsèques du groupe
ayant une influence directe sur la tendance à la normalisation des
comportements et au conformisme.
l'exigence de la tâche. Le
degré d'ambiguïté de la réponse à apporter et
le fait de savoir s'il y a une réponse. Dans une situation ambiguë
ou la réponse à apporter n'apparaît pas de façon
claire au groupe, le conformisme est plus important. Plus l'individu
éprouve un sentiment d'insécurité en ce qui concerne la
bonne façon d'exécuter une tâche, plus il sera susceptible
de faire usage de l'information qui lui sera donnée par les
autres.
les caractéristiques du fonctionnement du
groupe. L'unanimité du groupe est en rapport étroit avec
le nombre de fois ou l'individu se sera conformé au groupe.
C'est-à-dire que l'individu aura d'autant moins tendance au conformisme
lorsqu'il n'y aura pas unanimité au sein du groupe. Le nombre de membres
du groupe est également un facteur de conformisme.
Caractéristiques de la personnalité
des membres du groupe. R. S. Crutchfield47(*) a établi un rapport
entre une gamme de tests de personnalité et le degré de
conformisme atteint dans un groupe. Il obtient des résultats
négatifs en ce qui concerne le conformisme d'une part et l'intelligence,
la tolérance, et la force de la personnalité d'autre part. Les
individus tolérants, intelligents et dotés d'une forte
personnalité (par rapport à la moyenne des tests
réalisés auprès de la population étudiée)
auront moins tendance à se conformer que ceux ayant des résultats
inférieurs à la moyenne des résultats des tests. Il
obtient un rapport positif vis-à-vis du conformisme avec une certaine
mesure de l'autoritarisme et de la rigidité. Des résultats
supérieurs à la moyenne des résultats sur ces 2 dimensions
sont étroitement corrélés à une tendance au
conformisme vis-à-vis du groupe.
Combinaison entre la tâche, le groupe et les
individus. Il semble y avoir un rapport étroit entre le fait de
travailler avec d'autres individus dans un climat de sympathie mutuelle et le
degré d'influence que chacun des membres du groupe aura sur l'autre.
A partir de ces travaux nous pouvons identifier 4 facteurs qui
influencent le conformisme vis-à-vis du groupe et peuvent donc
influencer l'engagement et l'implication individuelles : l'incertitude
liée à la tâche, l'unanimité et la taille, la
personnalité des membres du groupe, les affinités et
interrelations entre membres du groupe.
En ce qui concerne l'incertitude liée à la
tâche, elle a tendance à conduire à une normalisation des
comportements. La normalisation réduisant l'insécurité.
Nous pouvons considérer que ce point est validé et identifier une
première variable influençant le conformisme et ayant donc une
influence sur les comportements de l'individu. En ce qui concerne les
caractéristiques de la personnalité des membres du groupe,
l'unanimité et la taille, les interactions entre les membres du groupe,
nous devons étudier par quels mécanismes ils influencent
l'individu. Les études présentées ci-dessus
intègrent des variables qui peuvent influencer la relation de l'individu
au groupe et donc avoir un effet sur ses attitudes. Nous étudierons
successivement :
les affinités et attractions entre les membres du
groupe,
la cohésion et le dynamisme du groupe,
la participation aux travaux du groupe.
B - Attractions interpersonnelles et affinites
Par attractions interpersonnelles et affinités on
s'attache à l'attraction mutuelle entre les membres d'un groupe.
L'affinité désignait initialement des relations de voisinage ou
de parenté par alliance. Par la suite ce terme a pris le sens de
"convenance", d'attrait privilégié entre certaines personnes.
Jean Maisonneuve48(*) définit une affinité comme :
"Toute relation dilective, c'est-à-dire impliquant
un choix réciproque lié à une satisfaction affective des
partenaires."
Cette définition donne un caractère
psychologique à la notion d'affinité. Celle-ci repose sur des
motivations individuelles (besoins de communication, d'affection,
désirs, etc.) et conduit à un sentiment de satisfaction quand
elles existent.
Jean Maisonneuve indique au sujet des groupes
:
"Si homogènes et solidaires que puissent être
les membres d'un groupe, il existe entre eux des liens électifs
contrastant avec d'autres rapports de tolérance, d'indifférence
ou même d'hostilité. En outre, les choix individuels ne sont pas
réciproques ni d'égale intensité, mais souvent
unilatéraux ou instables."
Les affinités s'inscrivent dans le cadre d'un rapport
interindividuel. Si l'on s'attache à l'interprétation de ce
processus deux thèses s'opposent :
le rôle des similitudes, qui favorisent le
"rapprochement. Ces similitudes au niveau des attitudes et des valeurs
exercent un effet de sécurisation sur les 2 partenaires en facilitant
leur communication et une certaine identification (voir par exemple Scott et
Mitchell49(*) ).
le rôle des
complémentarités. Cette thèse est d'inspiration
freudienne et s'articule surtout autour de la dimension
domination/dépendance entre 2 personnes.
Dans les groupes restreints, l'apparition d'attractions
interpersonnelles et d'affinités est rapide. Plusieurs facteurs
influencent leur développement.
Proximité. Des enquêtes ont
montré que plus les personnes étaient proches physiquement les
unes des autres, plus elles ont la possibilité de développer et
de nouer des rapports amicaux. Des individus qui vivent et travaillent
côte-à-côte sont plus à même de communiquer les
uns avec les autres et sont plus susceptibles de nouer des liens
d'amitié et des affinités que si cette proximité
n'existait pas.
Succès . Les groupes qui ont
exécuté une tâche avec succès dans le passé
ont un plus haut degré d'attirance interpersonnelle que ceux qui ont
subi des échecs.
Leur stabilité dans le temps est plus
importante d'après Blake et Mouton50(*) lorsque les membres se connaissent depuis longtemps.
Pour Thibaut J. W. et Strickland L. H.51(*) les relations d'amitié
entre les membres du groupe ont tendance à orienter le groupe sur une
disposition centré sur le groupe plutôt que sur la tâche.
Importance du groupe et interaction : Une
étude réalisée par Bales et
Borgotta52(*)
examine les interactions dans des groupes allant de 2 à 10 membres. Ils
font travailler en laboratoire des sujets sur un problème et observent
"qui dit quoi à qui". Ils observent que de très petits groupes (2
à 5 personnes) produisent une tension plus élevée, un
accord plus grand et un échange d'opinions plus important. Les groupes
de plus grande taille produisent une détente plus prononcée, des
suggestions plus nombreuses et d'avantage d'apports en information. Ils en
concluent que dans les petits groupes il est plus important pour les membres de
s'accorder, et que les gens disposant de plus de temps individuellement pour le
faire, s'attachent à élaborer leurs idées et leurs
positions en commun. Dans les groupes plus importants, l'individu doit
être plus direct à cause du nombre plus important de participants
et la réduction du temps de parole de chacun.
L'étude de M.
Sherif53(*) sur l'évolution des affinités et les
changements de situation met en évidence l'influence de facteurs
extérieurs sur la structuration des groupes. Un groupe de garçon
de 11 à 12 ans est observé pendant un séjour en colonie de
vacances. Durant la première partie du séjour les enfants ont
été hébergés et occupés tous ensemble de
manière à pouvoir constituer un groupe cohérent. A la fin
de cette première partie, on administre un test sociométrique
pour déterminer la nature des relations qu'ils entretiennent les uns
envers les autres.
La seconde partie de l'expérience est fondée sur
la rupture de ces relations. La colonie est divisée en 2 camps où
l'on séparait systématiquement ceux qui entretenaient de bonnes
relations. Chacun des sous-groupes se structura alors en fonction des
ressources de chacun des participants et des situations auxquelles les
sous-groupes se trouvèrent confrontés. On réalisa un
nouveau test qui fit apparaître un renversement presque total des choix
initiaux, les préférences étant presque toutes
orientés vers l'intérieur du sous-groupe, et pratiquement plus en
fonction du groupe initiale.
Plus tard, les 2 sous-groupes étant placés en
situation de compétition et de rivalité, on vit se manifester des
sentiments hostiles dirigés de l'intérieur d'un sous-groupe vers
tout ou partie des membres de l'autre.
Dans cette expérience, le changement de
situation de proximité, puis l'institution d'un climat de
compétition et de conflit, ont entraîné une modification
radicale des affinités.
Quels sont les effets de l'attirance et des
affinités qui se nouent au sein du groupe sur son fonctionnement
?
Les groupes restreints favorisent le développement des
affinités. Elles sont renforcées par la proximité, le
succès du groupe, le temps, la taille du groupe. Le changement de
situation (contexte) les modifie. Elles ont pour effets de renforcer les
communications et interactions entre les membres du groupe et la
cohésion.
Quels sont les effets de ces phénomènes
sur le conformisme et la normalisation des comportements?
La tendance au conformisme de l'individu au sein d'un groupe
à été précisée par les travaux de
Thibaut J. W. et Strickland L. H.54(*). Ils
établissent que c'est le degré d'attraction vers un groupe qui
détermine le degré de conformisme aux normes du groupe.
La soumission ou la non-soumission à la pression du groupe sont fonction
de 2 dispositions psychologiques qui vont influencer l'évaluation des
jugements, perceptions ou attitudes qui lui sont communiquées par le
groupe.
une disposition centrée sur le groupe.
La personne s'attache à établir ou maintenir son
appartenance au groupe.
une disposition centrée sur la
tâche. Les autres membres sont des médiateurs de fait, le
rapport au groupe a pour but de maintenir ou établir la connaissance de
son environnement au sein duquel son action s'inscrit.
Ils arrivent aux conclusions suivantes :
la disposition ou l'orientation d'un membre du groupe est
cruciale dans la détermination de son degré de soumission,
lorsque la quantité de pression à la
conformité augmente, le nombre des membres du groupe qui changeront leur
jugement et se conformeront est plus important chez les membres orientés
sur le groupe. A l'inverse plus la pression à la conformité est
forte moins les membres à orientation tâche se conformeront et
changeront leur jugement,
lorsque les membres d'un groupe ont la même
orientation (tâche ou groupe) l'augmentation de la pression à la
conformité les phénomènes précédants sont
encore plus marqués. La similitude des orientations au sein du groupe
renforce les attitudes des membres en ce qui concerne leur degré de
conformisme et le changement de jugement initial,
lorsque la pression à la conformité augmente,
les membres orientés sur la tâche ont tendance à manifester
une plus grande confiance publique (par des gestes, mimiques,
déclarations, etc.) en leur jugement. Cette expression publique renforce
la résistance à la pression du groupe en réduisant la
convergence possible entre ses opinions et ceux du groupe. Ce
phénomène n'est pas constaté chez les membres
orientés sur le groupe,
dans les groupes orientés sur la tâche, si la
confiance publique d'un membre tombe, il aura tendance à se conformer
à l'opinion de la majorité. Dans les groupes orientés sur
le groupe, les comportements de conformité sont indépendants des
changements de confiance publique.
Des travaux sur le conformisme et la pression des groupes
confirment les résultats de Thibaut et Strickland. Ainsi pour S.
Milgram55(*),
dans le cas où le sujet doit exprimer publiquement son opinion le
degré de conformisme est plus grand. Il remarque que ce conformisme se
manifeste par le comportement, ce qui ne signifie pas un changement
d'attitude. Dans beaucoup de cas l'individu peut faire ce qui est exigé
de lui sans y croire réellement.
C - Cohesion et dynamisme
Pour Stogdill R. M.56(*), la cohésion se
définit par le niveau d'attachement des membres au groupe et à
ses objectifs. Elle se manifeste par la loyauté des membres,
leur implication et engagement vis-à-vis du groupe, l'enthousiasme,
l'intensité avec laquelle les membres s'investissent et s'engagent au
nom du groupe. Par dynamisme, on entend l'énergie du groupe, son
activité.
Les affinités et interactions entre les membres, comme
nous l'avons indiqué précédemment, renforcent la
cohésion en ayant tendance à orienter l'individu sur une
disposition centrée sur le groupe.
L'expérience de M. Sherif57(*) montre que la cohésion
d'un groupe ne repose pas que sur des facteurs relationnels et les
affinités et que les facteurs situationnels ont une très forte
influence. Plusieurs études ont mis en évidence les facteurs
influençants la cohésion du groupe. D.
Cartwright58(*)
en fait une synthèse :
La taille. Si un groupe est trop petit (2
à 3 personnes) il est possible que toutes les activités
instrumentales et socio-émotives ne puissent pas être accomplies
par manque de ressources, ce qui nous renvoie à un rapport entre les
ressources du groupe/ressources nécessaires à la mission. A
l'inverse un groupe important conduit à une complexification des
communications et à la formation de sous-groupes (+ de 10 personnes pour
Anzieu). L'étude de Bales & Borgotta59(*) indique que les
affinités sont plus fortes dans les groupes de petite taille, ce qui
renforce leur cohésion.
L'homogénéité,
c'est-à-dire la similarité au niveau des valeurs, des
intérêts, de la compétence, etc. Un manque
d'homogénéité entre les membres du groupe a tendance
à entraîner la constitution de sous-groupes.
Le statut du groupe. Plus le statut du
groupe au sein de l'organisation où son action s'inscrit est
élevé, plus les membres du groupe auront tendance à faire
preuve de loyauté envers le groupe.
La pression extérieure. Elle
favorise la solidarité entre les membres du groupe.
Le succès.
Zander60(*) montre qu'il y a un lien entre la satisfaction
d'appartenir à un groupe qui réussit, et l'envie que cela
continue. Plus le succès rencontré par le groupe est reconnu en
externe, plus la cohésion du groupe se renforce.
L'isolement. L'éloignement physique
des autres groupes a tendance à augmenter la cohésion du
groupe.
La cohésion du groupe est fonction des
affinités, interactions, de sa taille, etc.. C'est une variable qui
renforce le conformisme envers la norme groupale. Nous pouvons nous demander
: Quels sont les effets de la cohésion du groupe sur la
"dynamique" de ses membres et leur engagement?
Les recherches de Lott A.61(*) établissent que les
groupes ayant un niveau de cohésion élevé
(vis-à-vis des autres groupes de l'étude) avaient à la
fois plus de communications et plus d'influence intergroupe que ceux qui
étaient plus divisés.
A partir de l'analyse et de la synthèse de 60
études, Stogdill R. M.62(*) conclue que le dynamisme du groupe conditionne la
relation entre la productivité et la cohésion du groupe :
dans une situation dominée par la routine du travail
et un faible niveau de dynamisme, la productivité et la cohésion
sont corrélées de façon négative,
dans le cas d'un dynamisme important elles sont
corrélées de façon positive,
lorsque le dynamisme du groupe est important,
l'énergie des membres a tendance à s'orienter vers les objectifs
du groupe,
si la cohésion du groupe est importante, les membres
travaillent et s'engagent sur ses objectifs, à l'inverse, si le
dynamisme du groupe est faible, l'énergie individuelle a tendance
à s'orienter sur autre chose que les objectifs du groupe,
si le groupe se caractérise par une forte
cohésion et un faible dynamisme envers ses objectifs, les membres du
groupe renforceront une tendance allant vers l'ignorance des buts du groupe et
rechercheront des satisfactions dans des activités connexes à
l'intérêt du groupe.
La cohésion a donc une influence sur
:
le dynamisme de l'action du groupe et la réalisation
de ses objectifs,
le conformisme, les affinités et interactions,
la satisfaction des membres,
renforcement de l'orientation sur le groupe.
Après avoir étudié l'influence de la
cohésion, des interactions et des affinités et du conformisme sur
l'individu, nous pouvons nous demander si le fait même de participer aux
travaux du groupe de projet aura une influence sur les attitudes d'engagement
et d'implication de l'individu? En d'autres termes :
La participation à un groupe de projet est-elle
engageante en elle même?
D - Effets de la participation
Suivant le courant psychologique de la Dissonance Cognitive
que nous avons présenté dans la première partie, il existe
des états privilégiés des systèmes cognitifs qui
tendent à la stabilité. Tout écart par rapport à
ces états suscite un travail cognitif orienté vers la
réduction de ces écarts. Ces écarts peuvent porter sur les
opinions, idées, savoirs concernants l'individu lui même ou son
propre comportement, les autres, le monde et les situations, etc. Ce fait
entraîne un état psychologique inconfortable qu'ils appellent
"dissonance". Nous sommes motivés pour réduire ses dissonances,
en les relativisant ou en les supprimant.
Au regard de cette théorie il apparaît que les
comportements d'un individu sont influencés par ses comportements
passés. La théorie de l'engagement de
Kiesler63(*) s'inscrit dans ce courant. Elle
s'intéresse aux conditions d'émission d'un acte qui vont faire de
cet acte un acte générateur de comportements. Elle tente de
donner une réponse à la question :
Comment l'émission de certains actes
problématiques (allant à l'encontre des attitudes ou des
motivations de l'individu) est susceptible, par la réduction des
dissonances que cet acte génère, de modifier les croyances et les
évaluations de l'individu?
Pour Kiesler si un sujet accepte de dire ou
de faire le contraire de ce qu'il pense, il éprouve un état de
dissonance dont la réduction passe par la modification de ses
convictions initiales. Nous nous plaçons dans l'hypothèse
où l'individu ne souhaite pas s'engager (l'engagement est contraire aux
intentions de l'individu). Le fait d'être récompensé pour
faire quelque chose, lui permettra d'éprouver moins de dissonance et par
là même de moins modifier ses convictions initiales (voir
étude de Brem et Cohen64(*) page 50). Plus le sujet est récompensé
pour faire ou dire le contraire de ce qu'il ferait ou dirait
spontanément, moins il doit modifier ses attitudes initiales.
Pour qu'il y ait une modification des convictions initiales,
l'émission de l'acte problématique doit être
associée aux facteurs suivants :
il faut que le sujet soit engagé dans son acte,
il faut qu'il ait eu le sentiment de choisir de faire ce
qu'on lui demande de faire,
il vaut mieux que cet acte ne soit pas gratuit et qu'il ait
des conséquences pour lui,
que l'acte ne soit pas anonyme.
Dans ces conditions on observe un effet de réduction de
la dissonance ou de rationalisation, dans des conditions contraires, lorsque
l'acte est imposé au sujet, l'effet n'est pas obtenu. L'acte
générateur entraînera un travail cognitif susceptible de se
traduire par une modification des croyances et une évolution
également susceptible de produire de nouveaux comportements.
Freedman et Fraser65(*) introduisent la notion de
soumission sans pression. On peut obtenir de quelqu'un qu'il ait un
comportement coûteux pour lui sans exercer de pression en utilisant un
moyen détourné qui consiste à obtenir préalablement
un comportement peu coûteux qui a peu de chance d'être
refusé.
Dans une étude ils montrent que le fait pour une
ménagère d'accepter de mettre à sa fenêtre un
autocollant en faveur d'une cause sympathique la prédispose à
accepter ultérieurement la pause d'un inesthétique panneau dans
son jardin. De tels actes ont des effets de stabilisation systématique
(les sujets auxquels on donne l'occasion de signer une pétition pour une
cause seront par la suite plus réticents à une contre propagande
que ceux auxquels cette occasion n'aura pas été donnée) et
de stabilisation comportementale, reproduction du comportement et
émission de nouveaux comportements allant dans le sens (les sujets ayant
signé la pétition étaient par la suite plus souvent que
les autres volontaires pour d'autres actes militants = tenue d'une permanence,
diffusion de tracts, etc.).
Un sujet qui se soumet à un acte
problématique ou non va sous certaines conditions réduire une
tension interne induite par cet acte et aura tendance à s'engager dans
d'autres actes allant dans le même sens. Nous pouvons en conclure que le
fait de participer aux travaux du groupe projet et de devoir réaliser
certaines missions et tâches a un effet sur les prédispositions
initiales de l'individu. La participation aux travaux du groupe projet a donc
un effet sur les attitudes et les dispositions de l'individu vis-à-vis
de ce projet.
Après avoir étudié l'influence du groupe
sur l'individu nous pouvons à l'inverse nous demander :
L'individu peut-il s'engager ou à l'inverse ne
pas s'engager en entrant en "opposition" à la norme du
groupe?
Dans quelle mesure le groupe accepte-t-il une
déviance vis-à-vis de la norme?
E - Déviance et évolution de la norme de
groupe
Pour Schachter66(*), les attitudes (acceptation ou
rejet) des membres du groupe les uns à l'égard des autres
dépendent notamment de la position adoptée par chacun
vis-à-vis des normes du groupe.
les personnes conformistes sont moins
rejetées (si elles le sont) que les personnes déviantes
vis-à-vis de la norme du groupe,
si les travaux du groupe sont jugés pertinents par
les membres du groupe, le rejet sera plus important que s'ils ne les jugent pas
pertinents,
à pertinence constante, le rejet est plus fort dans
les groupes à forte cohésion que dans ceux à faible
cohésion.
Schachter établit que les attitudes
(d'acceptation ou de rejet) des membres du groupe les uns envers les autres
dépendent notamment de la position adoptée par chacun par rapport
aux normes du groupe. Les "déviants", c'est-à-dire ceux dont
l'opinion est perçue par les autres membres comme divergente de
l'opinion commune à laquelle le groupe est arrivé après
discussion, sont toujours rejetés. D'autre part, en faisant varier "la
cohésion" du groupe, la "pertinence" de la tâche
(c'est-à-dire son importance aux yeux du groupe ou de ses membres), et
en classant les membres selon leur degré de "conformité" aux
normes, et en mesurant d'autre part le nombre de messages émis et
reçus par chacun, il met en évidence l'une des fonctions des
communications dans un groupe : maintenir sa cohésion. Vue comme un
moyen d'exercer de l'influence, les communications transmettent des pressions
afin d'assurer la conformité aux normes du groupe, et sont donc
adressées surtout aux déviants.
Le degré de déviation vis-à-vis de la
norme du groupe est corrélé au rendement dans le
passé. Hollander E. P.67(*) montre que les individus qui ont
témoigné de compétences dans le passé et se sont
conformés à la norme de groupe, peuvent dévier de ces
normes. Cette attitude ayant pour effet d'influencer le groupe dans le sens
qu'ils ont choisi. Il pense que les individus dont la compétence et le
conformisme au groupe sont reconnus, développent un certain
crédit vis-à-vis des autres membres du groupe. Les membres du
groupe à mesure qu'ils sont amenés à se fier à ses
opinions et à croire qu'il prend à coeur l'intérêt
du groupe vont avoir tendance à accepter qu'il fasse évoluer la
norme.
Le point de vue d'une minorité peut
prévaloir lorsqu'au sein d'un groupe, son statut est
élevé, suivant qu'elle possède le pouvoir, qu'elle est
constituée d'éléments "populaires", ou qu'elle
possède des experts dont la compétence est
considérée comme indiscutable.
Le processus d'influence minoritaire a été entre
autre étudié par S. Moscovici68(*). Il postule que chaque membre
d'un groupe, indépendamment de son rang est source et récepteur
potentiel d'influence. Dans le cadre d'une expérience où il
présente des diapositives bleues à un groupe de personnes, 2 de
ces personnes indiquent que la couleur des diapositives est verte. La
proportion des réponses vertes s'élève en moyenne de 10 %
si ses 2 personnes sont intransigeantes et persévèrent dans leur
affirmation lorsque l'on représente les diapositives. Il remarque que
l'influence minoritaire s'exerce au niveau des opinions (jugements de valeur)
plus aisément qu'au niveau des perceptions.
On constate donc que les possibilités de
déviance vis-à-vis des normes du groupe sans être exclues
et la possibilité d'inférer sur ces normes sont liées
à la reconnaissance par le groupe et au statut au sein du groupe.
Au regard de ces travaux et de leurs conclusions nous
pouvons valider 2 points :
L'attitude adoptée par le groupe vis-à-vis des
objectifs du projet va avoir tendance à entraîner une
normalisation des comportements individuels et un conformisme. Cette influence
vers une uniformisation des comportements va dépendre :
- des caractéristiques intrinsèques du groupe
(taille, cohésion, des affinités et des interactions qui lient
ses membres, marge accordée en ce qui concerne les possibilités
de déviance vis-à-vis de la norme, caractéristiques des
individus qui le compose) et de la nature de la mission (pertinence pour les
membres, temps disponible, pression externe et contexte organisationnel, etc.
),
- des attitudes (prédispositions à agir) de
l'individu et de sa disposition envers le groupe et la tâche à
accomplir,
- de la participation au groupe projet et des
phénomènes liés au caractère "engageant" de cette
participation,
La "soumission" à la pression du groupe conduit
à l'adoption des comportements du groupe, mais aussi à ces
croyances et valeurs. Nous pouvons en déduire que l'influence
exercée par le groupe peut agir sur les attitudes de l'individu et les
modifier. En ce qui concerne notre question nous pouvons valider les points
suivants :
- si la norme du groupe est une implication dans les travaux
du groupe, l'individu sera influencé dans le sens de l'adoption de
comportements et d'une attitude d'implication.
- l'influence du groupe s'exerce sur l'individu par une
pression dont l'objectif est l'adoption de la norme du groupe en ce qui
concerne les attitudes (implication et engagement) vis-à-vis du projet.
Ce point nous conduit à réviser le schéma de J. P.
Gruère69(*):
- en ce qui concerne l'engagement dans la diffusion du projet
nous pouvons faire le même constat (influence de la norme du groupe) en
remarquant cependant que dans la phase de diffusion la pression exercée
par le groupe peut être réduit dans le cas où il y a une
dissolution du groupe ou une fréquence moins importante en ce qui
concerne les situations d'interactions interindividuelles. La "soumission"
à cette pression et son "acceptation" peuvent éviter le rejet de
l'individu dans le cas ou il a une disposition contraire à celle du
groupe. Dans la phase de diffusion si la pression est réduite, il pourra
plus facilement adopter une attitude et des comportements divergents de ceux
des autres membres du groupe. L'adoption d'une attitude et de comportements
divergents est cependant limitée par la réduction des dissonances
que cette attitude peut entraîner chez l'individu (cohérence entre
les actes passés et présents) mais peut aussi conduire à
une réduction de la dissonance par la rationalisation des comportements
passés si leurs conditions d'émission n'ont pas permis un travail
cognitif susceptible de se traduire par une modification des croyances et une
évolution également susceptible de produire de nouveaux
comportements.
III - INFLUENCE DU RESPONSABLE PROJET
Dans cette partie nous nous attacherons à l'influence
que peut avoir le responsable projet sur l'engagement et l'implication des
membres du groupe. L'influence du responsable projet est étudiée
en deux parties :
dans un premier temps nous nous attacherons aux
mécanismes de l'influence qu'il exerce par l'intermédiaire de sa
personne, de son comportement et de son style de leadership,
dans un second temps aux effets de cette influence sur
l'individu.
Le vecteur privilégié de l'influence du
responsable projet est son leadership (Howell & Higgins, Lippitt &
White, etc.).
Qu'est ce que le leadership?
Pour Bass B. et Stogdill R. M.70(*) :
C'est un processus d'interaction entre un individu et les membres d'un groupe
qui inclue la structuration ou la restructuration, de la situation, de la
perception et des attentes des membres du groupe.
Pour Bergeron71(*) :
"L'ensemble des activités et des communications interpersonnelles par
lesquelles un supérieur hiérarchique influence le comportement de
ses subordonnés dans le sens d'une réalisation volontaire plus
efficace des objectifs de l'organisation et du groupe."
Pour Koontz et Donnell72(*) :
"le leadership est un processus consistant à influencer les personnes de
façon à ce qu'elles consacrent volontairement tous leurs efforts
à la réalisation des buts collectifs, avec zèle et
confiance".
Pour Fiedler F. E.73(*) :
"C'est un rapport dans lequel une personne en influence une autre
pour l'exécution d'une tâche commune."
A partir de ces définitions ont peut dire que le
leadership est :
un processus d'influence, d'interaction et de
communication,
de structuration de la réalité,
d'un individu sur un groupe,
pour l'exécution d'une tâche (commune).
REMARQUE : L'étude des
phénomènes de leaders et de leadership doit tenir compte du
contexte et de l'époque au sein desquels les conclusions ont
été faites. Ainsi Hitt W. D.74(*) remarque que l'étude du
leadership a toujours été étroitement liée au
contexte dominant de la société et des paradigmes de
l'époque. Ainsi le leader idéal est pour :
PLATON
|
Celui qui est un maître de la philosophie
|
MACHIAVEL
|
Celui qui utilise au mieux la manipulation, la ruse et le
détournement pour arriver à ses fins
|
WEBER
|
Celui qui a du charisme, c'est-à-dire un pouvoir
transcendantal qui repose sur des capacités individuelles capables
d'influencer les autres
|
TAYLOR
|
Celui qui considère le management comme une science
exacte et rationnelle
|
DRUCKER
|
Celui qui exécute les fonctions du manager : Planifier,
organiser, diriger et Evaluer
|
MC GREGOR
|
Celui qui comprend la dimension humaine des entreprises
|
LIKERT
|
Celui qui met en place un système efficace de
management
|
BLACKE ET MOUTON
|
Celui qui choisit un style de management qui reflète
une forte préoccupation pour les personnes et pour la tâche
|
IACOCCA
|
Celui qui s'attache, dans l'ordre aux 3 P : Personnes,
Produits et Profits
|
BRADFORD ET COHEN
|
Celui qui favorise le développement des membres de son
équipe
|
BENNIS ET NANUS
|
Celui qui a une vision et est capable de la transposer dans
l'action
|
DEMING
|
Celui qui aide les autres à augmenter la qualité
de leur travail
|
KANTER
|
Celui qui est maître dans la conduite du changement
|
(D'après W. D. Hitt -The model leader a fully
functioning person)
Après avoir donné une définition du
leadership et avoir fait la remarque précédente, il faut nous
attacher à "comment cette influence s'exerce-t-elle"?
A - Influence du leader et de son style de leadership
Les caractéristiques du leader
De nombreux courants qui ont abordé les thèmes
du leadership ont pour point commun de vouloir déterminer quelles sont
les caractéristiques individuelles qui font que certaines personnes
influencent davantage les autres, qu'elles ne le sont elles-mêmes.
Historiquement l'approche par la méthode des traits est
la première, tant du point de vue des études psychologiques ou
historiques, à avoir été utilisée pour
étudier ce phénomène. On pensait qu'un homme pouvait
marquer une époque et que les grandes victoires militaires ou dans
n'importe quel autre domaine pouvaient être attribuées aux
caractéristiques personnelles de l'individu. Les questions que l'on se
posait étaient : Qu'est-ce qui distingue le chef de ceux qui le
suivent et quelles sont les qualités qui font que certains chefs sont
meilleurs que d'autres?
Des centaines d'études ont été
menées sur ce sujet sans qu'il n'y ait un consensus réel sur les
caractéristiques spécifiques du chef. L'inefficacité des
recherches sur les traits de personnalité et de cette approche a
été mise en évidence à la fin des années 50
par les travaux de Stogdill R. M.75(*).
Les caractéristiques physiques. La
tradition fait volontiers croire qu'un chef efficace doit être grand,
fort et doté d'un physique dominateur (les variables mises en
évidence pouvaient tout aussi bien être : l'âge, la taille,
la santé, l'énergie, la beauté, etc.). L'histoire a
donné de nombreux contres exemples, cependant Stogdill et Mann dans
leurs recherches mettent en évidence qu'il peut parfois y avoir un lien
entre les caractéristiques physiques d'un individu et sa position de
chef. Ils sont en général très prudent et apportent de
nombreuses restrictions à leurs résultats (lieu
géographique de l'étude, population, etc.).
Les facteurs intellectuels. Ces facteurs
sont ceux qui ont le plus de véracité en ce qui concerne la
contribution au statut et à l'efficacité du leadership. Leurs
recherches mettent en évidence un rapport positif assez constant entre
l'intelligence et le leadership. Cependant le rapport moyen de ces recherches,
entre l'intelligence du chef et de ses subordonnés se situent autour de
20 %. Une interprétation possible de ces résultats serait de dire
que le chef est en général un petit peu plus intelligent que les
autres membres du groupe, ou bien qu'ils réussissent un petit peu mieux
les tests d'intelligence.
Les traits de personnalité. La liste
des traits pouvant caractériser la personnalité dans son rapport
avec le statut et l'efficacité du leadership est longue.
Bass B. & Stogdill R. M.76(*) remarquent qu'en
général les résultats de ces recherches sont plutôt
en faveur d'un profil de leadership comme étant responsable, social et
assez dominateur. Mais, dans ce cas les résultats obtenus dans des
situations différentes ne sont pas cohérents, et lorqu'ils
obtiennent des résultats positifs, ils sont en général
relativement faibles.
L'étude des traits distinctifs de la
personnalité du leader n'a pas donné de résultats probants
sur l'explication du phénomène du leadership et a conduit
à une impasse. En parallèle à ces travaux des auteurs se
sont attachés à montrer que le leadership efficace était
en réalité la réponse d'une personne aux besoins d'une
situation.
Ces théories se sont attachées à mettre
en évidence que l'émergence d'un leader était liée
de façon étroite avec les caractéristiques
particulières d'une situation. Par exemple, pour Hegel,
"Le grand homme est une expression des besoins et des attentes de son
temps". La thèse du chef "produit de la situation" a
été reprise par K. Marx pour qui "Les
nécessités économiques font l'histoire".
Pour Munford77(*) (1909) l'émergence dans une
situation d'un leader dépend des capacités et des
compétences requises pour résoudre les problèmes que pose
cette situation. Ces capacités relèvent davantage de
l'innée que de l'acquis.
Person78(*) (1928) avance 2 hypothèses justifiant cette
approche :
une situation particulière nécessite que les
qualités du leader et son leadership soient adaptés à la
situation,
les qualités et capacités d'un leader dans une
situation où il est l'homme adéquat sont le produit d'une
succession de situations où il a été le leader et qui lui
ont permis d'acquérir le profil adéquat à cette
situation.
Pour Gibb79(*) :
"Le fait que les grands hommes de l'histoire aient
été responsables de changements du milieu social dont ils
faisaient partie, ne prouvent pas que ces mêmes changements n'auraient
pas eu lieu de toute façon et même en l'absence de ces grands
hommes." Par ailleurs "Le leadership est toujours relatif à la situation
et ceci de deux points de vue : le leadership fleurit seulement dans une
situation problématique et la nature du rôle du leader est
déterminée par le besoin du groupe et ses buts."
W. Bennis80(*) critique cette approche en indiquant
:
"qu'elle explique quels sont les leaders qui
émergent et réussissent en fonction des situations, à
partir d'un modèle d'organisation qui se caractérise par : son
organisation bureaucratique impersonnelle, des relations interpersonnelles de
nature formelle, un paternalisme autocratique qui structure les relations dans
un modèle supérieur-subordonné, l'intégration des
buts individuels et de l'organisation".
La critique de Bennis W. est centrée
sur le caractère approximatif de cette approche qui finalement en
tentant d'expliquer pourquoi certaines personnes réussissent mieux que
d'autres dans le rôle de leader, fait en réalité une
description d'un modèle particulier de leadership
déterminé par les caractéristiques du contexte au sein
duquel il s'inscrit.
Comme l'approche par l'intermédiaire des traits
du leader, l'approche liée aux caractéristiques de la situation
conduit à une impasse.
Les approches visant à identifier les
caractéristiques personnelles ou de la situation pouvant expliquer
comment certaines personnes réussissaient à en influencer
d'autres n'ont pas donné de conclusions indiscutables.
Parallèlement à ces travaux, une approche centrée sur
l'orientation de l'individu s'est développée. Elle met en
relation un manager avec ses subordonnés et se place dans le cadre de
leurs relations et des techniques de management utilisées.
Approche par le style de leadership
Selon Mac Gregor le manager fait des
hypothèses au sujet de ses employés et des attitudes qu'il
convient d'adopter à leur égard. Pour lui les théories de
Taylord, Weber ou Fayol, mais aussi les théories implicites
utilisées par la majorité des managers (assomptions,
généralisations et hypothèses) sont bâties sur les
principes classiques de l'organisation du travail. Ces principes tournent
autour du concept central de l'autorité, vue comme un moyen
indispensable de contrôle et d'influence pour la direction des hommes.
Les assomptions ou présupposés de la théorie classique
sont présentés dans la théorie X.
Pour Mac Gregor la manifestation de la
théorie implicite du dirigeant s'observe dans l'usage qu'ils font de
leur autorité. Les adeptes de la théorie X vont avoir tendance
à utiliser d'avantage leur pouvoir formel, être plus directif dans
l'attribution et dans le contrôle du travail, utilisent la
récompense et la "punition" pour manager leur équipe. A l'inverse
les adeptes de la théorie Y vont s'efforcer d'intégrer les
attentes de leurs collaborateurs avec les objectifs de l'organisation, les
faire participer aux décisions les concernant, à créer un
climat de confiance mutuelle et à encourager l'initiative et la
créativité.
En apparence les théories X et Y s'excluent
mutuellement. Elles ont souvent été présentées
comme un choix largement déterminé par la "philosophie" du
manager. Pour Mac Gregor, il n'en est rien, elles s'appliquent en fonction des
circonstances :
"Les hypothèses de la théorie Y ne mettent
pas en cause le principe même de l'autorité mais, par contre,
elles nient que l'autorité soit appropriée à toutes les
fins et à toutes les circonstances81(*)".
Contrairement aux intentions qui lui sont prêtées
MC Gregor ne dit pas qu'il existe un style de management meilleur que l'autre,
cela va dépendre des circonstances et de ce que le management recherche.
Cependant à partir de ses travaux et ceux de Mayo, Lewin & Lippitt
& White ou likert, les présupposés de la théorie Y et
l'orientation sur un style de leadership démocratique orienté sur
l'individu ont été présentés comme les
meilleurs.
Le style de leadership centré sur la relation
et à caractère démocratique est-il le plus à
même d'assurer un effet positif sur l'engagement dans la diffusion et
l'implication dans les travaux du groupe?
La supériorité du style démocratique en
ce qui concerne le rendement et la satisfaction a été
nuancée par les travaux de Fiedler F. E.82(*). Après avoir
étudié le fonctionnement de groupes très différents
les uns des autres (Officiers de marine, joueurs de basket, orchestre,
employés d'usine, conseils d'administration, etc.), il conclue que le
leadership démocratique peut être considéré comme
étant le plus performant si et seulement si :
Les rapports interpersonnels entre le leader et les membres
du groupe sont bons,
Les tâches à réaliser par le groupe sont
faiblement structurées (peu organisées),
Le pouvoir formel donné par l'organisation au leader
est faible.
Dans le cas où les tâches sont structurées
et le pouvoir formel important, le leader a intérêt à
être autoritaire. Le style directif (orienté sur la tâche
à réaliser) fonctionne bien lorsque la situation est très
défavorable (mauvaises relations entre les personnes et entre le leader
et le groupe, urgence, pouvoir faible..). A l'inverse lorsque la situation est
très favorable (bonnes relations, forte position du leader et
tâche structurée) le style directif peut permettre une
productivité et une efficacité supérieure au style
démocratique (les subordonnés étant acquis aux objectifs
et aux moyens de les atteindre, une pression joue un rôle de stimulation
supplémentaire). Il n'y a donc pas réellement de style de
leadership qui soit meilleur que les autres, mais une "palette" de styles
adaptés à des situations différentes.
La grille réalisée de Blake et
Mouton83(*)
cherche à conceptualiser les différents styles de leadership.
Elle les présente à l'intérieur d'une matrice avec en
ordonnée l'orientation vers la personne (intérêt pour
l'élément humain), et en abscisse l'orientation vers la
tâche (intérêt pour les impératifs de la production),
le tout étalonné en 9 positions. Cette grille est construite
à partir des réponses de managers Américains à un
questionnaire concernant leur attitude vis-à-vis de leurs
subordonnés.
A partir de cette grille, il est possible de distinguer deux
types extrêmes de leadership (types1-9 - type social) et (9-1 - type
autocrate) selon que la tâche ou l'homme sont la préoccupation
dominante, et des types intermédiaires (1-1 - type laisser-faire), (5-5
- type compromis) et (9-9 - type intégrateur) qui fait le compromis
entre tâche et homme. Les individus entièrement tournés
vers la personne, cherchent avant tout à faire plaisir, écouter
etc., avec le risque que cela comporte de perdre le contact avec la
réalité et l'efficacité (type 9-1). Les individus
complètement tournés vers la tâche (type 1-9) recherchent
l'efficacité avant tout, l'être humain est un paramètre de
leur équation. Le type 9-9 est censé représenter le
leadership idéal, c'est à dire une orientation maximale tant sur
l'homme que sur la tâche. Ce style permet l'intégration entre un
souci élevé pour la production et une préoccupation
marquée pour le facteur humain. Le management est fondé sur le
travail d'équipe et les résultats sont obtenus par des
salariés se sentant engagés. Ce style est le seul qui harmonise
performance sociale et performance économique.
" Une intégration efficace est rendue possible
(tâche et hommes) en intégrant les gens et leurs idées
à travers la possibilité qui leur est donnée
d'établir leur stratégie de travail et d'exécution de
celui-ci. Le degré optimal d'intégration ne peut être
obtenu que par l'intermédiaire d'un leadership qui va à la
rencontre du besoin adulte des individus de s'engager dans les objectifs de
l'organisation par une contribution qui sorte de l'ordinaire Le but d'une
orientation 9-9 est donc de promouvoir participation, engagement et implication
au travail d'équipe".
Comme ils l'indiquent, ce type de leadership recherche le
développement des capacités des subordonnés, à les
impliquer dans leur travail en les responsabilisant et en leur donnant
suffisamment d'autonomie, avec cependant des exigences importantes en ce qui
concerne les résultats.
"On peut s'attendre à un haut niveau de
créativité et de synergie résultant d'un travail
d'équipe efficace. Le haut degré d'initiative contribuera
à produire de multiples propositions pour résoudre les
problèmes84(*)".
Les travaux de Blake et Mouton ont permis de relativiser les
approches qui prônaient une orientation exclusive sur l'une ou l'autre
des dimensions. La principale critique formulée sur cette grille et
l'absence de la donnée situationnelle. Des travaux insistent sur
l'importance de la situation et du contexte à l'intérieur
desquels l'action du leader va s'inscrire. Il lui est nécessaire de
composer avec une situation. Cette approche situationnelle du leadership en
contingence avec le groupe se retrouve entre autre dans les travaux de P.
Hersey.
Pour Hersey P.85(*) la distinction entre
tâche et individu pour déterminer le style de leadership à
utiliser dans une situation doit essentiellement reposer sur le degré de
maturité des subalternes. Ils distinguent la maturité
professionnelle qui caractérise la compétence, la motivation et
le désir d'assumer des responsabilités, et la maturité
psychologique qui correspond à l'amour propre, à la confiance et
au respect de soi.
Le style de leadership à employer dans une
situation est fonction de l'attitude et du comportement des membres de
l'équipe. A chaque situation et niveau de maturité correspond un
style de leadership. Le style de leadership va évoluer en fonction de
l'évolution de la maturité des membres de
l'équipe.
Une synthèse des différents courants a
été faite par les auteurs qui se sont attachés aux leaders
transformatif. Le leadership transformatif est le paradigme dominant depuis les
années 60. Le leadership est ici analysé dans le cadre de la
rencontre entre une personnalité et une situation, mais se
caractérise en plus par le fait que ces leaders exercent une influence
en attirant et stimulant les autres vers une vision de l'avenir mobilisatrice
et motivante.
Pour Zaleznick A.86(*)
:"Les leaders donnent forme à des idées au lieu d'y
répondre : ils créent des émotions fortes (de
l'exaltation) au travail et rapprochent les gens de façon intuitive et
emphatique".
Pour Burns M. G.87(*) :"Il demande à
ses subordonnés de dépasser leurs intérêts
particuliers pour l'intérêt du groupe, de s'attacher à
leurs besoins à long terme pour se développer et se donner les
moyens de les réaliser. Plus que la promesse d'une satisfaction de leurs
besoins immédiats il les conduit à rechercher la
récompense dans ce qui est réellement essentiel."
Bennis et Nanus dans les années 80 ont
mis en évidence à partir d'une étude sur 90 chefs
d'entreprise considérés comme étant des leaders ayant
réussi à mobiliser leur personnel :
"Qu'ils se caractérisent et se
révèlent par la compétence qu'ils ont de manager
l'attention et les intentions (to manage attention and meaning) de leurs
subordonnés, pour articuler une vision réalisable et donner du
poids à l'effet collectif de leur leadership.88(*)"
A partir des travaux de Burns sur le leadership en politique,
Bass B.89(*) a développé une théorie du
leadership transformatif dans le champ organisationnel. Il identifie 4 facteurs
qui caractérisent les leaders transformatifs :
Le charisme qui s'attache à l'habileté du
leader à articuler une vision captivante, inspirer et encourager
l'effort, inspirer du respect et de la loyauté envers lui.
Il inspire ses collaborateurs en utilisant les rouages
émotionnels, une communication vivante, des images persuasives et des
exemples qui donnent confiance aux subordonnés et les impliquent dans la
poursuite d'un but de niveau supérieur.
Stimulation intellectuelle qui représente sa
capacité à suggérer de nouvelles idées et de la
créativité, permet la conceptualisation, le discernement et la
compréhension de la nature du problème et des solutions.
La considération des autres, qui représente
l'orientation du leader vers ses subordonnés, l'aide qu'il leur apporte
dans le développement de leurs capacités. Il leur permet
d'augmenter leur confiance en eux même et dans leurs compétences,
leur capacité à inventer et mettre en oeuvre des solutions
innovantes aux problèmes courants qu'ils rencontrent dans
l'organisation.
D'après de nombreuses études il apparaît
qu'ils sont visionnaires. Plus précisément ces leaders
présentent et décrivent les buts qu'ils veulent atteindre comme
une situation meilleure pour leur subordonnés et l'organisation en
général. Ces buts prennent une dimension quasiment
idéologique car leur réalisation est présentée
comme relevant d'un devoir moral.
Pour Bass B.90(*) :
"Ces leaders mettent l'accent dans leur présentation des buts sur des
valeurs fondamentales comme l'honnêteté, l'ordre, la
dignité, les droits de l'homme."
House et Shamir parlent de buts
"transcendantaux" car ils sont plus du domaine de l'idéologie que de
celui du pragmatisme.
"Ces leaders sont visionnaires. Plus spécifiquement
il articule des buts ayant une portée idéologique et
décrivant un futur désirable pour leurs subordonnés. C'est
buts on une teneur idéologique dans le sens ou le leader met en avant
que leur réalisation relève du devoir moral des
subordonnés... Si les valeurs présentées dans la vision
sont congruentes avec celles des subordonnés, ils vont s'engager et
être motivés.91(*)"
La vision consiste en la création d'une image
désirable est mobilisatrice de l'avenir de l'organisation. Par cette
vision le leader cristallise les aspirations individuelles dans un projet
collectif supérieur qu'il va porter en coordonnant sa
réalisation.
Pour Bennis et Nanus92(*) cela se passe en 3 temps :
Création d'une nouvelle vision convaincante, de
nature à frapper l'imagination du personnel, et visant à
positionner l'entreprise dans son environnement concurrentiel".
Mobilisation du personnel derrière cette nouvelle
vision, en faisant comprendre et
partager le but à atteindre
L'institutionnalisation de la nouvelle vision.
A partir de ce qui vient d'être
énoncé on peut trouver de nombreuses similitudes entre le
leadership transformatif et le leadership charismatique. Si la dimension
personnelle liée à des traits de personnalité a
été mise en évidence par des études, elle n'est
cependant qu'une dimension du leadership transformatif.
Ainsi pour Tichy et Devanna93(*) (1986) :
"Le leadership transformatif n'est pas uniquement le
résultat du charisme individuel. C'est un processus comportemental qui
s'apprend et se conduit. C'est un processus qui consiste à rechercher de
façon pondérée et organisée le changement, qui
repose sur l'analyse des situations et la capacité à mobiliser
les ressources de l'organisation".
Autant que le résultat d'études empiriques sur
le style de leadership et les caractéristiques individuelles des
leaders, cette approche repose sur un certain nombre de
présupposés en ce qui concerne le développement de la
personne, ses capacités et motivations. Par exemple, le leadership
transformatif c'est aussi pour Bennis et Nanus94(*) une relation d'échange
et de conduite de l'autre dans sa compréhension :
"Le leadership transformatif repose sur un échange
entre un dirigeant et un dirigé... Un facteur essentiel réside
dans la capacité d'exercer une influence et de faire comprendre le but
à atteindre aux membres de l'organisation.... Une responsabilité
clef est de communiquer le schéma qui forme et interprète les
situations, de sorte que les actions des personnes soient guidées par
des interprétations communes de la réalité."
Pour M. G. Burns95(*) :
"Le leadership, contrairement à l'exercice du
pouvoir à nu, est inséparable des besoins et des objectifs de
ceux qui suivent."
Pour Follet M. P.96(*) :
"Le meilleur leader qui soit est celui qui voit une image
différente pas encore actualisée. Il voit des choses qui cadrent
dans son image présente, mais n'y sont pas encore... Surtout, il doit
amener ses collaborateurs à comprendre que ce n'est pas son propre but
qu'il faut atteindre, mais un but commun, issu des désirs et des
activités du groupe".
Cette démarche est volontariste et doit dans le sens
inverse conduire pour House97(*) :
"A faire percevoir le leader par ses subordonnés
comme étant compétent, crédible et motivé pour
servir un intérêt juste et moral de la mission et du
groupe."
En ce qui concerne les mécanismes de l'influence du
leadership transformatif on remarque leur diversité et leur
fréquence :
Kipnis & Schmidt98(*) identifient 8 tactiques
d'influence (construction d'une coalition, faire appel à une
autorité supérieure, marchander, agir clandestinement,
présenter des arguments rationnels, sanctions, liens amicaux, avoir un
comportement affirmatif et assuré). L'étude de Dean J.
W.99(*) montre
quels sont les tactiques qu'utilisent les leaders transformatifs pour
influencer leurs collaborateurs :
la justification rationnelle, nous sommes dans le domaine de
l'explication et de la démonstration,
la répétition des comportements enthousiastes
et confiant vis-à-vis du projet, ce qui met en avant l'image que donne
le le leader de lui même,
le partage d'informations confidentielles avec les membres
potentiels de la coalition, c'est-à-dire une stratégie
d'influence basée sur des interactions avec les personnes "clef" de la
situation.
Le paradigme du leader transformatif a permis de mieux
comprendre comment le leader influençait les autres. Les approches
visant à caractériser les mécanismes de l'influence du
leader nous ont permis de faire une distinction entre le leader en tant que
personne et le leadership en tant que moyens et techniques d'influence. De
façon synthétique nous pouvons donner le représentation
suivante de cette influence avant de nous attacher à ces effets sur
l'implication et l'engagement.
B - Effets de l'influence du leader
Lors des expériences d'Elton
Mayo100(*)
à la Hawthorne, les chercheurs ont remarqué que le "moral" du
groupe et donc sa performance et sa production étaient influencés
par la relation du groupe avec l'agent de maîtrise. Au fur et à
mesure de l'avancée des expériences, le rôle de l'agent de
maîtrise changeait. L'observateur se substituait au contremaître
pour les fonctions de contrôle et d'organisation de la production. La
fonction de contremaître devenait une fonction de conseil, de proposition
et d'écoute plutôt que de commandement.
Les chercheurs ont constaté un meilleur "moral" et une
production supérieure dans les groupes qui avaient été
conduits de cette façon, ce qui leur permis de conclure qu'un "bon"
agent de maîtrise devait être avant tout un bon animateur et un
conseiller capable d'écouter, plutôt qu'un "chef" au sens
classique du terme. Ce constat de Mayo a été approfondi par de
nombreuses études sur l'influence du leader et de son style de
leadership. Elles se sont attachées à l'influence de l'action du
leader sur :
la réalisation de la tâche,
le dynamisme, la cohésion et les affinités au
sein du groupe,
le climat du groupe,
les aspirations individuelles,
les représentations et les perceptions
individuelles.
1 - Influence directe sur la tâche
L'influence d'un individu sur d'autres individus,
c'est-à-dire l'émerge du phénomène du leadership,
la nature de cette influence et ses effets ont souvent été
étudiés. Par exemple R. Lambert.101(*) en étudiant les
structures d'influence dans les petits groupes de travail, montre qu'à
valeur égale l'influence d'un individu peut s'exercer
différemment sur la performance d'un groupe auquel il appartient. Il
demande à 6 sujets réunis autour d'une table circulaire de
déplacer un mobile à l'intérieur d'un dispositif de
chicanes, le plus rapidement possible et sans toucher les bords du circuit.
Lorsque les sujets influents participent activement à
l'action, leur groupe est plus rapide que précis, lorsqu'ils se bornent
à le superviser, la précision du groupe l'emporte sur sa
rapidité.
Lorsqu'il existe au sein du groupe un certain degré
de compétition, l'influence d'un individu est la résultante de
:
- l'influence directe, dépendant de la valeur de la
participation de cet individu à l'exécution de la tâche
;
- l'influence indirecte, dépendant de l'action qu'il
exerce sur les autres membres du groupe en vue de maintenir leur participation
à un certain niveau et d'en assurer la coordination avec le minimum de
perte d'énergie.
"L'influence directe serait fonction de l'aptitude
individuelle pour la tâche considérée et l'énergie
dépensée par l'individu au cours de l'exécution de cette
tâche.... L'influence indirecte correspondrait à un processus de
maximisation avec pondération de chacune des participations en fonction
des nécessités de la tâche et des aptitudes
individuelles... L'influence globale est égale, à une constante
près, au produit des deux précédentes.102(*)"
Le leader influence donc la performance du groupe dans la
réalisation de la tâche par l'intermédiaire de sa
participation à la tâche et par les actions qui "maximisent" et
"pondèrent" la participation de chaque membre.
2 - Effet des actions du leader sur le dynamisme et la
cohésion du groupe.
Greene et Schriesheim103(*) ont montré à
partir de l'étude de 123 groupes de travail, que le style de leadership
(Tâche ou Individu) était corrélé avec le dynamisme
du groupe. Ainsi, Zander104(*) montre que le feed-back que donne le leader sur sa
performance au groupe, à un effet positif sur le dynamisme du groupe.
L'effet de ce feed-back est renforcé si les membres du groupe ont des
échos concernant leur performance venant de l'extérieur du
groupe.
Le style de leadership orienté sur les relations est
présenté comme ayant un effet positif sur la cohésion du
groupe. Les affinités entre les membres sont plus importantes, les
relations plus amicales et chaleureuses. A l'inverse un leadership
orienté sur la tâche, directif, autocratique
réduit la cohésion du groupe (Lippitt et
White105(*)).
Limite : les caractéristiques propres
au groupe, influences ces relations. Par exemple Greene and
Schriesheim106(*) indiquent que le style de leadership a un effet plus
important dans les groupes important et nouveaux. Les relations et l'histoire
commune entre les membres du groupe, la nature de la tâche à
réaliser, les affinités, etc., sont des variables qui sont
influencées par l'action du leader, cette action étant elle
même influencée par ces variables (caractéristiques du
groupe).
3 - Effet sur le climat du groupe
Les travaux de Lippitt et White107(*) indiquent que le style de
leadership a des effets sur :
La réaction aux frustrations et
l'agressivité :
le climat autocratique, très frustrant, ferait
apparaître une forte agressivité. En fait, deux types de
réactions ont été relevées. Des séances se
caractérisaient par aucune agressivité (apathie), d'autres
séances se caractérisaient par des explosions de rage collective
avec destruction du matériel. L'autocratique induit 2 types de
réactions, tantôt l'obéissance passive, où l'inertie
est un mode de résistance à l'agressivité, tantôt
des révoltes violentes où l'accumulation, au cours des phases
précédentes, de l'agressivité latente atteint son point de
rupture.
Dans le climat démocratique l'agressivité est
plus faible. Cependant elle n'est pas nulle, mais elle se décharge au
fur et à mesure, ce qui permet de la maintenir à un taux
régulier et relativement bas. Ce maniement de l'agressivité
permet au groupe démocratique d'être plus productif dans ses
tâches.
Pour le climat "laisser-faire", on trouve le taux le plus
élevé des 3 groupes. En effet, les enfants venaient au club pour
réaliser un travail nécessitant l'aide du moniteur et comptaient
sur cette aide pour le réaliser. Il y avait échec à cause
de l'abandon par le moniteur, de cette frustration naissait une réaction
très forte d'agressivité entre eux et contre le moniteur.
le style de Leadership et les interactions sociales :
Dans les groupes "autocratiques", le chef concentre le plus
grand nombre de choix et de rejets, il y a davantage de choix extérieurs
au groupe,
Dans les groupes "démocratiques", il y a davantage de
choix échangés entre les membres.
Le leadership et les attitudes individuelles
:
Dans les groupes autocratiques on constate un maximum
d'hostilité vis-à-vis du chef et un minimum de sociabilité
entre les membres, un maximum de compétition et d'agressivité
entre les membres, un fort degré de frustration, un minimum de
conscience apportée dans l'accomplissement de la tâche (la
performance diminue en l'absence du chef), un maximum de difficultés
à suppléer le chef en cas de départ de celui-ci (faible
degré d'indépendance et de coopération de la part des
membres du groupe).
Dans les groupes démocratiques, les membres
participent beaucoup aux activités du groupe, et dans le cas où
le moniteur quitte la pièce le groupe montre une capacité
à être indépendant et continue à travailler.
4 - Effets du mimétisme et des attentes du leader
sur les aspirations des membres du groupe
Pour Livingston J. S108(*) :
"Le cadre s'il attend beaucoup de son personnel obtiendra
probablement un rendement excellent, s'il en attend peu il est probable qu'il
en obtiendra peu. On dirait qu'il existe une loi qui règle le rendement
des employés à la mesure des espérances de leurs
chefs."
Des recherches dans ce domaine indiquent que :
Ce qu'un chef attend de ses employés et son attitude
à leur égare détermine en grande partie leur rendement et
le déroulement de leur carrière. Les chefs de calibre
supérieur on le rare pouvoir de susciter un idéal
élevé chez leurs subordonnés et de leur faire
réaliser cet idéal (étude de Berlew et
Hall109(*) ,
sur les 5 premières années de la carrière de 49 jeunes
cadres - il montre l'influence des attentes que leur premier
hiérarchique avait envers eux et leur évolution de
carrière). Les chefs "moins efficace" ne réussissent pas à
implanter un idéal semblable et la productivité de leurs
subordonnés s'en ressentent.
Les subordonnés semblent agir selon ce qu'ils croient
que leurs chefs attendent d'eux (étude réalisée par
Rosenthal & Jacobson110(*) dans une école ou certains instituteurs
avaient été prévenus que leurs élèves
étaient médiocres, d'autres que leurs élèves
étaient doués. En comparant le rendement scolaire des enfants on
s'aperçut que les seconds avaient progressé plus vite).
5 - Effet sur les représentations et les perceptions
L'implication dans les travaux du groupe s'effectue dans un
cadre temporel, au travers de la vision du futur perçu, de l'image que
l'on se fait du résultat, et dépend :
de l'identification d'opportunités dans le projet.
Ils pensent que ce qui est proposé augmentera les conséquences
positives et réduira les conséquences négatives en leur
faveur (gains, promotion, prestige, reconnaissance, etc.),
du sentiment de contribuer à la construction d'une
oeuvre, d'une grande idée, de quelque chose qui marquera le futur. Il y
a appropriation de ce qu'ils se représentent comme une
réalisation marquante et valorisante.
Le responsable projet par l'intermédiaire de la vision
du futur qu'il donne joue un rôle important dans les 2 cas. Il transmet
une vision du futur, peut décrire l'avenir, faire entrevoir des
opportunités et valoriser l'action. Le niveau d'appropriation des buts
du projet par les membres de l'équipe est influencé par la
"rencontre" entre cette vision et les aspirations individuelles et collectives.
Ces aspirations se construisent à partir de la vision du futur
proposée, des caractéristiques individuelles des membres de
l'équipe et de son fonctionnement (norme, cohésion, interactions,
etc.). La vision qu'il transmet est une "lecture" particulière de la
situation future, elle influence ce que peuvent percevoir les
subordonnés.
6 - Effet persuasif de la communication
La compréhension des mécanismes qui agissent
entre le leader et ses subordonnés en ce qui concerne la vision
transmise et l'engagement dans le sens de cette vision peut aussi s'analyser
par l'intermédiaire du processus de communication établie par le
leader. Cela nous renvoie aux recherches sur la communication persuasive.
Dans ce domaine les travaux se sont essentiellement
attachés aux caractéristiques de l'émetteur. Dans un
premier temps (comme pour l'étude du leadership) les chercheurs se sont
attachés à montrer qu'une personne pouvait convaincre quelqu'un
par la seule vertu de son prestige. Asch a remis en question
cette approche en mettant en évidence le rôle de l'identification
à la source dans ce processus. Selon Mc Guire111(*) 2 caractéristiques de
la source jouent un rôle dans l'efficacité du message :
la crédibilité :
l'étude de Hovland et Weiss112(*) où l'on donnait
à des étudiants des articles d'auteurs qu'ils
considéraient dignes de confiance mit en évidence qu'une
même information pouvait influencer différemment les sujets selon
que l'on attribuait à une source très crédible ou peu
crédible. Les indices de crédibilité semblent jouer un
rôle d'autant plus important que le sujet récepteur est moins
impliqué par les thèmes de la discussion et qu'il est donc enclin
à accepter ou à rejeter sur la seule base de la compétence
perçue, sans tenir compte de la teneur argumentative de leur message.
L'attractivité : Selon
Kelman lorsque la source d'influence est attractive, le
changement d'attitude est médiatisé par un procédé
d'identification. Le sujet adopte le point de vue de la source sur la base des
sentiments qu'il éprouve pour elle. A l'inverse lorsque c'est la
crédibilité qui constitue le facteur de changement, l'effet de
communication est médiatisé par un processus "d'internalisation"
qui dépend du contenu du message. Ceci a pour conséquence que
:
"Le changement obtenu via un processus d'identification
n'est ni intégré dans le système de croyance de
l'individu, ni indépendant de la source du message. Son maintien est
fortement dépendant de la durabilité du lien affectif qui unit la
source du message au récepteur. A l'inverse, le changement
consécutif à un processus d'internalisation dépend du
contenu du message et de sa valeur argumentative, il est intégré
dans le système de croyance et de valeur de l'individu.113(*)"
Plus récemment, les chercheurs ont fait évoluer
l'étude de la communication persuasive en s'attachant au
récepteur. Dans ce domaine Hovland, Janis &
Kelley114(*)
indiquent que l'impact persuasif d'un message conduisant à une
modification du comportement, dépend de l'activation de 5 processus
successifs : L'attention, la compréhension, l'acceptation, la
mémorisation et l'action.
Les recherches qui ont été conduite sur
ce thème ont mis en évidence :
115(*)Eagly et Chaiken, qu'une baisse de
la compréhension du message diminue l'impact persuasif
indépendamment de la compétence de la source,
116(*)Mc Guire, que la mise en garde sur
le contenu du message aurait pour effet d'accroître la résistance
au changement en stimulant par anticipation la production de réponses et
de contre-arguments,
Hass et Grady117(*), lorsque l'individu est
prévenu de l'intention de persuader de la source, il met en oeuvre
immédiatement un mécanisme de résistance à la
persuasion, alors que s'il est mis en garde sur le contenu un délai est
nécessaire pour que la résistance à la persuasion soit
effective,
Cialdini118(*), si les sujets croient que leurs opinions seront
utilisées ultérieurement, la mise en garde peut avoir un effet
inverse et favorise le changement d'attitude.
Remarque :
La théorie de la dissonance cognitive de
Kiesler119(*) que nous avons présenté dans la
seconde partie indique que si un individu accepte de dire ou de faire le
contraire de ce qu'il pense, il éprouve un état de dissonance
dont la réduction peut passer par la modification de ses convictions
initiales. Nous en avons tiré comme conclusion que le fait de participer
aux travaux du groupe projet et de devoir réaliser certaines missions et
tâches avait un effet sur les prédispositions initiales de
l'individu. Les travaux Joule et Beauvois120(*) indiquent qu'il est possible
d'amener des personnes non seulement à adopter un comportement en
contradiction avec leurs motivations initiales, mais aussi à croire
qu'elles ont agi par elles-mêmes en toute autonomie. En abordant ce
thème nous entrons dans le domaine des manipulations que le responsable
du projet peut exercer à l'encontre des membres du groupe. Ici un
problème d'éthique apparaît soulignant la
nécessité de placé les libertés individuelles et
leur respect comme des principes essentiels pour le manager. Ainsi nous
n'étudierons pas les pratiques volontaires visant à augmenter
l'implication et l'engagement des individus par l'intermédiaire de
manipulations.
L'influence du leader s'exerce d'une façon indirecte
sur l'implication et l'engagement de l'individu par l'intermédiaire du
groupe, lorsqu'il agit sur :
le dynamisme et la cohésion du groupe,
le climat du groupe, les normes, les affinités et
interactions entre les membres,
les objectifs, aspirations et attentes du groupe.
Et d'un façon directe par l'intermédiaire :
d'un effet de mimétisme sur les aspirations
individuelles,
de la vision qu'il transmet et de sa capacité de
mobilisation de l'énergie individuelle,
des interactions et des relations qu'il entretien avec
chaque membre du groupe.
En conclusion de ce cadre théorique nous pouvons donner
la représentation suivante des concepts qui pour nous expliquent
l'implication dans les travaux du groupe et l'engagement dans la diffusion du
changement de l'individu :
1 - ENGAGEMENT DANS LA DIFFUSION DU PROJET
Engagement : "C'est à la fois un
commencement et une persévérance dans une action, une relation de
couple ou de groupe, une option, une prise de parti ouverte en assumant les
risques de cette attitude.121(*)"
L'engagement est donc une attitude de l'individu qui se
traduit par un commencement ou la persévérance dans un acte en
assumant les risques de cette attitude. Joule et
Beauvois122(*)
précisent l'idée "d'assumer". En effet pour eux, la manifestation
de l'engagement de l'individu dans ses actes se caractérise par :
le caractère public de l'acte,
l'individu ne peut pas le nier, il est associé
à son acte,
l'individu peut s'y reconnaître personnellement,
il se sent personnellement responsable.
L'engagement met donc en relation l'individu avec ses actes.
C'est la "reconnaissance de l'acte", le degré d'assimilation de l'acte
par l'individu. L'engagement dans la diffusion du projet signifie donc agir en
assumant ses actes, la finalité étant l'adoption du projet par
l'organisation.
En terme de comportements l'engagement se manifeste
par :
Pour Rogers C.123(*) : "...une
orientation organiciste totale de la personne, impliquant non seulement son
esprit conscient mais encore tout son organisme."
Mais aussi en ce qui concerne l'engagement dans la diffusion
du projet par des comportements que l'on peut rapprocher de ceux des
"champions", c'est-à-dire :
une promotion active de l'innovation auprès de leurs
réseaux,
ils transmettent une vision du potentiel du projet et
insistent sur ce qu'il représente pour l'ensemble de l'entreprise et
l'importance de la contribution de chacun dans sa mise en oeuvre,
l'utilisation de tactiques d'influences variées
comme, la justification rationnelle, la répétition des
comportements enthousiastes et confiant vis-à-vis du projet, le partage
d'informations confidentielles avec les membres potentiels de la coalition,
ils attirent l'attention des autres et les impliquent en
ayant recours à l'imaginaire et aux valeurs, donnent des
représentations de ce qu'apporte le projet.
2 - IMPLICATION DANS LE TRAVAIL DU GROUPE
Implication vient du latin "implicare" envelopper,
embrasser. En anglais "Commitment". Les définitions de
l'implication sont nombreuses mais nous pouvons citer trois approches de ce
concept considérées comme fondamentales par Reichers A.
E.124(*) :
en termes d'investissements personnels, l'implication serait
"une fonction des coûts et des gains associés à
l'appartenance à l'organisation",
en termes d'attribution, l'implication "viendrait de
l'engagement volontaire et de manière explicite et irrévocable
dans certains comportements",
en termes de buts communs, l'implication "se produirait
lorsque l'individu s'identifie à l'organisation et développe des
efforts envers elle".
Une définition de caractère
général est proposée par Mowday, Porter &
Steers125(*),
elle recoupe les points qui viennent d'être citées :
" L'implication est définie à la fois comme
l'identification et l'engagement dans une organisation particulière.
Conceptuellement, l'implication peut être décrite selon trois
facteurs au moins : Une forte croyance et l'acceptation des buts et valeurs de
l'organisation, la volonté d'exercer des efforts considérables
pour l'organisation et une très forte intention de continuer
d'appartenir à l'organisation."
Il existerait en fait selon Morrow126(*), une trentaine de formes
différentes de l'implication ayant toutes en commun la forte relation
entre entreprise et individu mais chacune s'attachant plus
particulièrement à certains aspects précis de cette
relation. On peut distinguer par exemple l'approche plus centrée
sur :
les valeurs, c'est à dire que
l'individu place au centre de ses valeurs personnelles le travail au sens le
plus général du terme sans prendre en considération le
poste précis qu'il occupe, par exemple dans L'Ethique protestante du
travail de M. Weber,
sur la carrière ou sur le poste
occupé ; on retrouve alors l'approche de
Dubin127(*) qui soutient que l'individu considère son
travail comme une opportunité d'action et le point central de sa vie,
l'identification à l'organisation, qui a
été développée, entre autres, par
Sheldon128(*) qui définit l'implication
comme une orientation vers l'organisation qui relie l'identité de la
personne à celle de l'organisation.
Les approches de l'implication dans la littérature sont
donc multiples mais peuvent être synthétisées par la
définition de Morrow :
"un mode d'identification, c'est à dire un
sentiment d'appartenance intégré à la définition de
soi qui peut concerner divers lieux d'investissement (carrière, poste,
valeur...)."
S. Michel129(*) souligne que tous les auteurs semblent à peu
près d'accord sur les principales caractéristiques de
l'implication et elle définit ce qu'est, pour elle, dans un cadre plus
restreint que la précédente définition, l'implication dans
le travail :
" C'est l'importance que prend le travail par rapport aux
autres sphères de la vie, c'est le fait que l'individu se définit
lui-même au travers de son travail, c'est la force avec laquelle il
s'identifie à sa tâche, a l'intention d'y être actif et
considère ses activités professionnelles comme centrales pour
lui".
Selon elle, les gains de l'implication s'adressent à
l'individu et répondent à son besoin de se renvoyer une image
positive de soi au travail. Les termes d'identification et d'engagement,
présents dans la définition de Mowday, Porter &
Steers, se retrouvent également dans cette définition.
Les objectifs du groupe sont " intériorisés par le
salarié pour devenir ses propres objectifs".
L'implication représente, le fait de se sentir
concerné, y compris anxieux et inquiet à cause de son travail,
c'est une attitude favorable envers ce travail qui manifeste, la force avec
laquelle l'individu s'engage dans sa réalisation, par le temps
passé au travail, la responsabilisation des employés vis à
vis de leur travail, l'acceptation des frustrations et des contraintes que
l'organisation (ici le groupe) pourrait être amenée à lui
imposer.
3 - DISPOSITION DE L'INDIVIDU VIS-À-VIS DU
GROUPE
Thibaut J. W. & Strickland L.
H.130(*)
distinguent 2 dispositions psychologiques (attitudes) qui caractérisent
le rapport de l'individu au groupe. Ces dispositions vont dépendre de
son orientation envers les membres du groupe.
Une disposition centrée sur le groupe : "la
personne se préoccupe d'établir ou de maintenir la même
appartenance au groupe que celle des individus dont les attitudes lui sont
communiquées". Dans ce cas la personne s'attache à
établir ou maintenir son appartenance au groupe.
Une disposition centrée sur la tâche : "la
personne est disposée à considérer les autres individus du
groupe comme des "médiateurs de faits", elle utilise les autres
individus comme des instruments de perception ou de jugement ou comme des
substituts de ses propres instruments de perception". L'appartenance au
groupe a pour but de maintenir ou d'établir la connaissance de
l'environnement au sein duquel l'action de l'individu s'inscrit.
Ces attitudes vont établir le "degré"
d'attraction, la réceptivité et la soumission à la
pression exercée par le groupe sur l'individu en ce qui concerne
l'adoption de ce qui est la norme du groupe. S'agissant d'une attitude
vis-à-vis d'un objet particulier (le groupe) nous pouvons appliquer
à ce concept les remarques qui ont été faites dans notre
cadre théorique en ce qui concerne la formation (histoire personnelle,
contexte, organisationnelle etc.), les liens avec les comportements et
l'influence exercée par la norme du groupe sur cette orientation
vis-à-vis du groupe.
4 - LEADERSHIP DU RESPONSABLE PROJET
Leadership vient de l'anglais Leader "celui qui
conduit". Le responsable de projet est la personne qui a la
responsabilité du projet, c'est-à-dire le "chef institutionnel"
imposé au groupe par l'organisation pour occuper les fonctions de
direction du groupe de projet. Parler du leadership du responsable de projet
s'est s'attacher à la relation et à l'influence qu'il exerce sur
le groupe. Ainsi le leadership est pour :
Bass B. et Stogdill R. M.131(*) :
"un processus d'interaction entre un individu et les membres d'un groupe qui
inclue la structuration ou la restructuration, de la situation, de la
perception et des attentes des membres du groupe."
Bergeron132(*) :
"L'ensemble des activités et des communications interpersonnelles par
lesquelles un supérieur hiérarchique influence le comportement de
ses subordonnés dans le sens d'une réalisation volontaire plus
efficace des objectifs de l'organisation et du groupe."
Fiedler F. E.133(*) :
"C'est un rapport dans lequel une personne en influence une autre
pour l'exécution d'une tâche commune."
Koontz et Donnell134(*) :
"le leadership est un processus consistant à influencer les personnes de
façon à ce qu'elles consacrent volontairement tous leurs efforts
à la réalisation des buts collectifs, avec zèle et
confiance".
A partir de ces définitions ont peut dire que le
leadership du responsable de projet est :
un processus d'influence,
d'un individu sur un groupe,
pour l'exécution volontaire d'une tâche
(commune),
qui s'exerce par les d'interactions, communications et
mécanismes de structuration des perceptions et de la
réalité entre le responsable et le groupe.
D'un point de vue formel, dans un groupe projet le responsable
à pour objectif principal la réussite de la mission à la
satisfaction du commanditaire. Son leadership est le processus par lequel il
amène les membres du groupe à réaliser leur tâche
dans le cadre de l'objectif à atteindre.
Les travaux que nous avons présenté dans notre
cadre théorique, nous permettent de dire que le leadership
résulte de la "rencontre" d'un individu qui se caractérise par un
charisme, des présupposés, une vision et des attentes et d'une
situation particulière qui se caractérise par un contexte
organisationnel, une mission et des tâches à réaliser, les
caractéristiques individuelles des membres du groupe et du groupe pris
dans sa globalité. Le leadership est donc l'influence exercée par
le responsable projet sur le groupe dans sa totalité et sur chaque
individu en fonctions des paramètres que nous venons de lister. Cette
influence s'exerce d'une façon indirecte sur l'implication et
l'engagement de l'individu par l'intermédiaire du groupe, lorsqu'il agit
sur :
le dynamisme et la cohésion du groupe,
le climat du groupe, les normes, les affinités et
interactions entre les membres,
les objectifs, aspirations et attentes du groupe.
Et d'un façon directe par l'intermédiaire :
d'un effet de mimétisme sur les aspirations et
objectifs individuelles,
de la vision qu'il transmet et de sa capacité de
mobilisation de l'énergie individuelle,
des interactions et des relations qu'il entretien avec
chaque membre du groupe.
5 - COHÉSION DU GROUPE
Du latin "Cohesus" participe passé de
"Cohaerere" qui signifie être attaché ensemble. En
anglais "Cohesiveness". C'est le caractère de ce qui
présente une forte unité.
Pour C. Levy-Leboyer135(*) : "Forces qui
relient les membres d'un groupe entre eux, qui agissent sur eux pour les
empêcher de quitter le groupe."
Pour Mucchielli A. & R.136(*) : "Unité
d'esprit des membres d'un groupe provenant de l'attraction exercée par
le groupe sur eux."
Pour Stogdill R. M.137(*)
: "la cohésion se définit
par le niveau d'attachement des membres au groupe et à ses
objectifs."
Dans la terminologie de K. Lewin c'est
l'ensemble du champ de forces qui agit sur les membres du groupe pour qu'ils
restent dans le groupe. Pour lui le champ de forces est la "totalité
dynamique" exprimant l'état des relations d'une personne avec son
environnement social à un moment donné. Ce champ comprend toutes
les perceptions et motivations qui le renouvellent dans une recherche
perpétuelle d'équilibre.
La cohésion correspond au degré d'attraction et
d'attachement d'un groupe sur ses propres membres. C'est une force qui s'exerce
par l'intermédiaire du groupe dans sa globalité sur chaque
membre. Chaque membre en étant le "porteur" et le "recepteur". La
cohésion se manifeste par la solidarité entre les membres du
groupe, la coopération pour la réalisation d'activités
conforment aux normes du groupe, la diminution des différences
interindividuelles qui peut aller jusqu'à l'adoption de conduites
fortements standardisées et la valeur très forte attachée
par ses membres aux récompenses et aux marques d'estime
descernées par le groupe. La sociomètrie en demandant à
chaque membre de s'exprimer sur les relations qu'il entretient avec les autres
membres du groupe et vis-à-vis du groupe dans sa globalité permet
de mesurer sa cohésion.
6 - AFFINITÉS DU GROUPE
Vient du latin "Affinitas" qui signifie voisinage. Les
affinités sont pour Maisonneuve 138(*) :
"Toute relation dilective, c'est-à-dire impliquant
un choix réciproque lié à une situation affectives des
partenaires".
Cette définition donne un caractère
psychologique à la notion d'affinité. Celle-ci repose sur des
motivations individuelles (besoins de communication, d'affection,
désirs, etc.) et conduit à un sentiment de satisfaction quand
elles existent. Les affinités s'inscrivent dans le cadre d'un rapport
interindividuel. Si l'on s'attache à l'interprétation de ce
processus deux thèses s'opposent :
le rôle des similitudes, qui favorisent le
"rapprochement. Ces similitudes au niveau des attitudes et des
valeurs exercent un effet de sécurisation sur les 2 partenaires en
facilitant leur communication et une certaine identification,
le rôle des complémentarités. Cette
thèse est d'inspiration freudienne et s'articule surtout autour de la
dimension domination/dépendance entre 2 personnes.
Pour Mucchielli A. & R.139(*) :
"Ressort des relations interpersonnelles fondées sur des interactions
prospectives et affectives associées à des visées et des
attentes partagées. Les affinités correspondent à la
qualité d'un certain vécu, lié à l'attrait et
à l'attachement actuel et mutuel entre les personnes qui communiquent et
interagissent, depuis le signe d'accord le plus fugitif jusqu'à
l'élan d'une rencontre essentielle."
Les affinités s'inscrivent dans le cadre d'une
similitude ou d'une complémentarité des objectifs individuels et
des relations entre des individus. Au sujet des groupes Maisonneuve
indique que :
"Si homogènes et solidaires que puissent être
les membres d'un groupe, il existe entre eux des liens électifs
contrastant avec d'autres rapports de tolérance, d'indifférence
ou même d'hostilité. En outre, les choix individuels ne sont pas
réciproques ni d'égale intensité, mais souvent
unilatéraux ou instables."
Les affinités au sein du groupe sont donc des forces
attractives qui rapprochent des individus électivement de certains
autres. Le rapprochement peut venir de la sympathie interpersonnelle
immédiate, mais aussi de facteurs socio-affectifs tels que
l'appartenance au même groupe, l'identité des valeurs de
référence ou l'analogie des expériences personnelles.
Pour Pagès M.140(*) : "dans
tout groupe, à tout moment, il existe un sentiment dominant,
partagé par tous les membres du groupe, avec des nuances individuelles.
Ce sentiment, le plus souvent inconscient gouverne la vie du groupe à
tous ses niveaux"
Pour lui les affinités groupales donnent l'unité
aux phénomènes de groupe et permettent d'expliquer leurs
rapports. Il existe donc au sein d'un groupe une relation d'affinité
propre au groupe qui se distingue des affinités interindividuelles.
7 - PRESSION DE LA NORMES DU GROUPE
Norme est emprunté au latin "norma" = équerre,
qui donne régle et "normalis" = fait à l'équerre puis
conforme à la règle au XV siècle. Il s'agit pour
Mucchielli A. et R.141(*) de "Tout comportement conforme aux attentes d'un
groupe sociale donné... Est normal ce qui réalise un
état d'équilibre avec le milieu, prend la place qui lui est
propre."
Les normes de groupe sont associées pour
Durkeim142(*) aux processus de régulation permettant la
cohésion et le fonctionnement efficace et harmonieux du groupe. Pour
Piéron143(*) la norme dans un groupe est "ce qui doit
être pris comme modèle ou comme règle."
Pour Sherif144(*) les normes sont le produit de l'interaction des
membres du groupe. Elles s'établissent lorsque des individus abordent
pour la première fois la même situation en tant que membres d'un
groupe. Elles exercent une pression, c'est-à-dire une force qui s'exerce
sur une personne ou un groupe et influence le comportement individuel ou
groupal, soit dans le sens où s'exerce la pression, soit en suscitant
des résistances à la pression ou des réactions
négatives. La pression implique une tension chez ceux qui en sont les
points d'application.
Les normes du groupe exercent une pression uniformisante qui
se manifeste dans un groupe vers l'uniformisation des comportements, attitudes
et opinions. Mucchielli A. et R.145(*) parlent de pression de
conformité des normes du groupe :
"Tout groupe social engendre des normes et standards de
conduite, de l'angage, d'opinion, etc.. Ces modèles exercent sur les
membres du groupe une influence qui tend à les rendre semblables les uns
aux autres en leur faisant adopter les mêmes idées et
comportements. La pression produit un "alignement" automatique et inconscient
car elle correspond à un besoin de sécurité (peur du rejet
de la part du groupe). La résistance à la pression de
conformité fait la déviance ou le conflit.
Les normes sont donc des croyances partagées par les
membres au sujet des comportements appropriés ou non-appropriés
dans des situations spécifiques, c'est normes exercent une pression sur
l'individu qui peut réagir en adoptant la norme, résister ou la
faire évoluer.
8 - OBJECTIFS POURSUIVIS PAR LE GROUPE DE PROJET
Objectif est un terme de scolastique et de philosophie
opposé à subjectif, il prend le sens de but à atteindre
vers 1860 dans la stratégie militaire. Parler d'objectifs de l'individu,
c'est s'attacher aux buts qu'il veut atteindre.
Pour Mucchielli A. & R.146(*) "Buts communs aux
membres, assurant leur adhésion au groupe et l'orientation de leurs
actions communes. La satisfaction des besoins, des intérêts, les
valeurs groupales (officiels et manifestes ou non-officiels mais acceptables)
sont les objectifs du groupe."
On peut à partir de cette définition faire une
distinction au niveau des objectifs du groupe de projet entre :
les objectifs liés à la mission,
c'est-à-dire ceux qui ont conduit à la constitution de ce
groupe,
les objectifs qui sont poursuivie en commun et de
façon active, avec une certaine permanence et répondant aux
intérêts des membres du groupe.
La distinction précédente insiste sur la
possibilité d'une divergence entre les objectifs assignés par
l'organisation au groupe de projet et les objectifs réellement
poursuivis par ses membres. On peut dire qu'il y a groupe de projet parce qu'il
y a des objectifs à atteindre, ce qui ne veut pas dire que les individus
au sein du groupe partagent ces objectifs. Pour M. Crozier & E.
Friedberg :
"Une situation organisationnelle donnée ne
contraint jamais totalement un acteur. Celle-ci garde toujours une marge de
liberté et de négociation. Grâce à cette marge de
liberté (qui signifie source d'incertitude pour ses partenaires comme
pour l'organisation dans son ensemble), chaque acteur dispose ainsi de pouvoir
sur les autres acteurs, pouvoir qui sera d'autant plus grand que la source
d'incertitude qu'il contrôle sera pertinente pour ceux-ci,
c'est-à-dire les affectera de façon plus substantielle dans leurs
capacités propres de jouer et de poursuivre leurs
stratégies".147(*)
Nous pouvons en déduire que la négociation qui
s'établit au sein du groupe entre l'individu, les autres membres du
groupe et le responsable du projet (garant de la réussite de la
mission), est à la base de la définition des objectifs poursuivis
(officiels et non-officiels). En effet c'est le fonctionnement, les
interactions, affinités, le partage des buts, la cohésion, etc.
qui vont permettre de définir les objectifs réellement poursuivis
par le groupe. Cette remarque est confirmée par les travaux de
K. Lewin sur la dynamique des groupes où il met en
évidence que le groupe doit être considéré comme une
totalité dynamique qui influence le comportement des individus qui en
sont membres, cette totalité dynamique relevant d'une étude
différente de celle de la somme des individus qui la compose.
Pour nous permettre de "poser" des hypothèses apportant
une réponse à notre problème à résoudre, il
convient d'opérationnaliser les concepts que nous venons de
définir, c'est-à-dire d'identifier les variables qui nous
permettrons de les appréhender. Ces variables sont de 3 ordres :
- les variables indépendantes,
- les variables dépendantes,
- les variables intervenantes.
IMPLICATION DANS LES TRAVAUX DU GROUPE
Variables indépendantes :
Croyances et valeurs initiales
Concordance des objectifs individuels et des objectifs du
groupe
Sentiment d'appartenance au groupe
Identification au groupe
Comportements passés dans des situations similaires
Variables dépendantes :
Absentéisme dans le groupe
Nombre d'heures travaillées sur le projet
Acceptation des frustrations et des contraintes liées
à la mission
Appropriation des objectifs du groupe de projet
Anxiété et inquiétude liées au
travail
Définition de soi en fonction du travail
réalisé au sein du groupe
Dynamisme dans la réalisation de la tâche
Variables intervenantes :
Expérience du travail en groupe
AFFINITÉS DU GROUPE
Variables indépendantes :
Situation de groupe
Homogénéité des membres du groupe
(Formation, statut, expériences, etc.)
Proximité physique des membres
Taille du groupe
Ancienneté du groupe
Variables dépendantes :
Intensité et nombres des échanges
interindividuels
Relations hors situations de groupe entre les membres
Constitution de sous groupe
Comportements de solidarité entre les membres
Sympathie / antipathie au sein du groupe (tests
sociométriques)
ENGAGEMENT DANS LA DIFFUSION DU PROJET
Variables indépendantes :
Croyances et valeurs
Identification au projet
Appropriation des objectifs du projet
Avoir participé aux travaux du groupe
Variables dépendantes :
% de personnes connaissant le projet au sein de
l'organisation
Fréquence et variété des tactiques
d'influence utilisées vers les membres de l'organisation
Adoption du projet par l'organisation
Modification des opinions, attitudes et comportements
vis-à-vis du projet au sein de l'organisation
Existence de réseaux de "supporter" du projet
Nombre d'heures passées dans la diffusion
Variables intervenantes :
Statut et pouvoir au sein de l'organisation
Membre d'un réseau d'influence au sein de
l'organisation
COHÉSION DU GROUPE
Variables indépendantes :
Succès "intermédiaires" rencontrés par le
groupe
Connaissance des succès en externe
Mission ambiguë et forte incertitude liée à
la mission
Homogénéité des membres du groupe
(Formation, statut, expériences, etc.)
Proximité physique des membres
Isolement géographique du groupe
Taille du groupe
Ancienneté du groupe
Variables dépendantes :
Envie de continuer à appartenir au groupe
Nombre et intensité des échanges et interactions
entre les membres du groupe
Constitution de sous-groupe
Rejet d'un individu du groupe
Changement d'opinion, d'attitudes et de comportements des
membres du groupe
Comportements qui visent à conserver l'appartenance au
groupe
PRESSION DE LA NORME DU GROUPE
Variables indépendantes :
Situation de groupe
Stabilité de la composition du groupe dans le temps
Variables dépendantes :
Rejet d'un membre du groupe
Adoptions de comportements, attitudes et opinions conformes
aux attentes du groupe
Expression publique de la confiance en ses opinions
Opposition et résistance à ce qui est
décidé à la majorité dans le groupe
Comportements visant à faire évoluer les normes
du groupe
Importance des communications interpersonnelles
Variables intervenantes :
Pression des normes de l'organisation
Leadership du R.P.
DISPOSITION DE L'INDIVIDU VIS-À-VIS DU
GROUPE
Variables indépendantes :
Croyances et valeurs
Stabilité de la composition du groupe dans le temps
Homogénéité des membres du groupe
(Formation, statut, expériences, etc.)
Objectifs de l'individu
Variables dépendantes :
Expression publique de la confiance en ses opinions
Rejet d'un individu du groupe
Absentéisme dans le groupe
Affinités entre les membres du groupe
Constitution de sous-groupes
Comportements conformistes à ceux du groupe
OBJECTIFS DU GROUPE DE PROJET
Variables indépendantes :
Situation de groupe
Objectifs de la mission
La satisfaction des besoins individuels
Accès à l'information
Homogénéité des membres
Intérêts et valeurs du groupe
Variables dépendantes :
Efforts exercés pour que la mission réussisse
Désintérêt pour la mission
Absentéisme
Négociation entre les membres
Comportements des membres du groupe dans l'organisation
Variables intervenantes :
Autonomie laissée par l'organisation au groupe
Stabilité de la composition du groupe
LEADERSHIP DU RESPONSABLE PROJET
Variables indépendantes :
Caractéristiques des membres du groupe
(expériences, implication, autonomie, maturité, .)
Nature de la mission (urgence, enjeux, ambiguïté,
...)
Caractéristiques du groupe (cohésion,
affinités, normes, taille etc.)
Caractéristiques personnelles du R.P. (Vision,
attentes, charisme, présupposés)
Variables dépendantes :
Niveau d'anxiété et agressivité des
membres du groupe
Adoption par les membres du groupe de termes et d'expressions
du R.P.
Fréquence et variété des tactiques
d'influence utilisées par le R.P.
Modification des comportements, opinions, attitudes des
membres du groupe
Loyauté et respect envers le R. P.
Expression publique de sa confiance dans des opinions
contraires à ceux du R.P.
Quantité d'informations ascendantes des membres du
groupe vers le R. P.
Variables intervenantes :
Style de management pratiqué dans l'organisation
Statut et pouvoir dans l'organisation du R.P.
Expériences, professionnalisme, Savoir-faire du R.P.
Une faible participation de l'individu aux travaux du groupe
de projet (absentéisme, peu d'heures travaillées dans le projet)
réduit la probabilité d'observer une quantité importante
de temps passé dans la diffusion de la part des membres du groupe et le
% des personnes qui connaissent le projet au sein de l'organisation,.
Si l'individu souhaite maintenir son appartenance au groupe,
il se conformera à la pression exercée par le groupe et adoptera
des comportements conformes aux attentes du groupe. S'il perçoit que sa
participation active à la poursuite des objectifs du projet lui permet
de conserver ou de renforcer cette appartenance il s'investira dans les travaux
du groupe.
Si l'individu a comme objectif personnel de conserver son
appartenance au groupe, il s'investira dans les objectifs du projet s'ils sont
conformes à ceux du groupe.
Si l'appartenance au groupe n'est pas un objectif pour
l'individu et qu'il s'implique dans le projet (temps passé,
appropriation des objectifs du projet, dynamisme dans la réalisation de
la tâche, ..), il va subir une pression de la part du groupe visant
à le faire changer de comportements dans le cas où les objectifs
du groupe sont incompatibles avec ceux du projet.
Si l'individu se définit par son appartenance au
groupe, la probabilité que le projet soit connu au sein de
l'organisation augmentera si les objectifs du groupe intègrent ceux du
projet.
Si l'individu se définit par son travail au sein du
groupe, la probabilité que le projet soit adopté par
l'organisation augmentera.Cette probabilité augmente en fonction de la
diversité des fonctions et du statut des membres du groupe et de leur
appartenance à des réseaux influents au sein de
l'organisation.
Une personne ayant une disposition centrée sur la
tâche et qui se définit elle même en fonction de sa
tâche dans le projet, va tenter de constituer un sous-groupe avec des
personnes ayant la même disposition si les objectifs du groupe divergent
de ceux du projet.
Si le groupe rencontre des succès et a un statut
élevé au sein de l'organisation, ses membres vont
développer un sentiment d'appartenance qui va augmenter leur orientation
sur le groupe.
Si la mission présente un caractère incertain
l'individu aura tendance à se conformer à la norme de groupe en
ce qui concerne les comportements à adopter vis-à-vis du projet
face au reste de l'organisation.
Plus la taille du groupe sera importante plus on peut
rencontrer des sous-groupes pouvant avoir des objectifs divergents les uns des
autres. Plus il y aura de sous-groupes :
- plus le R.P. utilisera de tactiques d'influence
- moins de temps sera passé dans la diffusion du
projet dans l'organisation,
- moins de personnes s'identifieront à leur
tâche.
Le partage de valeurs et de croyances avec le groupe renforce
le sentiment d'appartenance au groupe, les affinités avec les autres
membres, la cohésion du groupe, l'orientation sur le groupe.
Une personne qui s'est impliquée dans les travaux d'un
groupe projet développe des attitudes qui vont la prédisposer
à s'impliquer de nouveau dans une situation similaire.
Il y a une corrélation positive entre le nombre de fois
où une personne se conforme à la pression du groupe et :
- l'adoption des comportements du groupe,
- son orientation sur le groupe,
- son envie de continuer à appartenir au groupe.
La disposition initiale de l'individu vis-à-vis du
groupe va dépendre de l'information dont-il dispose sur le groupe et le
projet, ainsi que ses de choix passés dans des situations similaires.
Il y aura une corrélation positive entre l'adoption par
les membres du groupe des termes et des expressions du R.P., le respect et la
loyauté envers le R.P., un faible taux d'anxiété et
d'agressivité entre les membres, l'importance de l'information
ascendante des membres du groupe vers le R.P. et :
- un faible taux d'absentéisme,
- l'acceptation des contraintes et des frustrations
liées à la mission,
- l'appropriation des objectifs du projet,
- la définition de soi en fonction du travail
réalisé,
- efforts exercés pour que la mission
réussisse,
- dynamisme dans la réalisation de la tâche.
L'expression publique de sa confiance dans des opinions
contraires à ceux du R.P., une forte agressivité entre les
membres du groupe, un fort taux d'absentéisme dans le groupe, la
réticence à faire des heures supplémentaires au sein du
groupe sont corrélés :
- à un faible nombre d'heures de l'individu
passé dans la diffusion
- peu ou pas de modification des opinions, attitudes et
comportements défavorables au projet au sein de l'organisation,
- un % faible de personne connaissant le projet au sein de
l'organisation.
De fréquentes expressions publiques de sa confiance
dans des opinions, attitudes et comportements contraires à ceux du
groupe mais conformes à ceux du R.P. indiquent que :
- l'individu à une disposition centrée sur la
tâche,
- que les objectifs du groupe peuvent diverger de ceux de la
mission,
- que l'individu subi une pression du groupe visant à
adopter la norme commune et qu'il résiste à cette pression,
- qu'il ne se définira pas en fonction de son
appartenance au groupe,
- qu'il peut être rejeté par le groupe,
- qu'il y a un risque de constitution de sous-groupe,
- qu'il est récepteur de nombreuses communications de
la part des membres du groupe.
La fréquence des tactiques d'influence du R.P. pour
amener les membres du groupe à réaliser leur tâche est
corrélée de façon négative avec le partage des
objectifs du projet.
La verbalisation et les communication du R. P. auront un effet
sur l'appropriation des objectifs du projet par l'individu si :
- il perçoit des opportunités de
réaliser ses objectifs,
- les comportements du R. P. sont cohérents avec son
discours,
- le message est compréhensible.
Si les membres du groupe ont une orientation sur la
tâche et que le R. P. participe à la tâche, la
reconnaissance de son professionnalisme et de son savoir-faire par les membres
du groupe va augmenter la loyauté et le respect envers lui et faciliter
l'adoption de nouveaux comportements à sa demande.
Si les résultats d'un test qui mesure les attitudes
indiquent un fort besoin d'accomplissement, un attrait important pour la prise
de risques et la nouveauté, la personne est prédisposée
à s'engager dans la diffusion du projet.
En cas de dissolution du groupe projet :
- les personnes qui se définissaient elles-mêmes
par leur appartenance au groupe, peuvent modifier leurs comportements
vis-à-vis du projet dans le cas où il y avait convergence entre
les objectifs du groupe et ceux du projet,
- les personnes qui se définissaient elles-mêmes
par la tâche qu'elles réalisaient au sein du groupe, ne
modifieront par leurs comportements vis-à-vis du projet.
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