Conclusion
« Favoriser la communication à tous les
niveaux permet à la population d'identifier et de hiérarchiser
ses propres problèmes d'y rechercher des solutions collectives et de
renforcer des solutions collectives et de renforcer son sentiment d'appartenir
à des activités qu'elle a elle-même décidé
d'entreprendre. »
Jacques DIOUF in La Communication pour un
développement à dimension humaine.
L'étude sur « La
Problématique de l'accès à l'information administrative au
Bénin » a permis de faire un état des
lieux de la situation du Bénin en matière de communication des
documents administratifs. Il a rendu possible la connaissance des productions
des différents auteurs sur la question et fait connaître les
structures chargées de la collecte, du traitement et la diffusion de
l'information à l'Assemblée Nationale, au Ministère de
l'Environnement et de la Protection de la Nature, et à la mairie de
Porto-Novo. Un état signalétique des documents produits par ces
administrations a été réalisé et les
différentes formes et outils de communication de l'information
administrative, décrits. Les différents types d'usagers ainsi que
leurs besoins sont passés au peigne fin.
L'existence d'un droit à l'information a
été mise en évidence à travers les dispositions
juridiques d'ordre interne et international qui le consacrent. Il a
été ensuite question d'évaluer les pratiques documentaires
en matière de communication des documents administratifs en confrontant
les résultats de l'enquête à l'hypothèse
émise dès l'amorce de l'étude. Une fois le diagnostic
établi, des approches de solutions ont été
identifiées et des recommandations ont été faites à
l'endroit des pouvoirs publics, des partenaires au développement, des
professionnels de l'information et des usagers de l'administration publique
béninoise eux-mêmes.
Au vu des données recueillies et
présentées, les béninois n'ont pas accès à
l'information portant sur les textes et les pratiques constituant les
éléments de la décision. Ils sont coupés de la
gestion des affaires de la cité et il importe désormais pour eux,
de chercher à appréhender toute la documentation dont
l'accès est possible : qu'elle soit écrite, visuelle,
audiovisuelle, enregistrée, reproduite ou qu'elle figure dans les
mémoires électroniques ou simplement dans les dossiers manuels.
Quant à l'activité administrative, elle manque
de transparence. Or, la transparence offre beaucoup de vertus, car elle permet
notamment d'octroyer réellement à l'administré son statut
de citoyen. La transparence administrative, instrument de
démocratisation de l'administration et corollaire de la
démocratie, « ...conditionne...l'effectivité du
contrôle de l'opinion dont la nécessité est d'autant plus
ressentie dans les démocraties modernes que les contrôles
(classiques) se révèlent difficiles à mettre en oeuvre et
(sont) de portée limitée. » (GLEIZAL, J.
J., 1995).
Si donc le Bénin du nouveau millénaire ressemble
à bien des égards à la France d'avant 1978
c'est-à-dire avant l'adoption des lois qui ont facilité
l'accès à l'information administrative, le Bénin du
changement devra s'efforcer d'entreprendre la réforme qu'il juge
nécessaire. Il s'agit d'une conviction ultime. « Elle sera
certainement le signe des progrès des libertés et de la
démocratie et finalement de l'Etat de droit et de la bonne
gouvernance... ».
Toutefois l'exercice, la mise en oeuvre du droit à
l'information, un droit de troisième génération, ne peut,
pour nombre de doctrinaires, passer avant la satisfaction des droits de la
première génération (droits civils et politiques) et ceux
de la deuxième génération (droits sociaux,
économiques et culturels). C'est dire donc que pour ces derniers,
« le droit à l'information et le niveau de progrès
(économique et social) d'un pays sont étroitement liés.
Par conséquent, les individus qui vivent dans les pays
développés ont davantage de possibilités pour
accéder au droit à l'information que leurs compères dans
les pays en développement. » (YILMAZ,
B., 1998). Le terme « droit à
l'information » ne pourrait donc avoir aucun sens pour quelqu'un qui
a faim, qui manque de l'argent pour sa survie, qui n'a pas eu accès
à la scolarisation, qui manque d'habitation et qui ne peut pas se
soigner...ce qui prime d'abord, c'est le droit au travail, à la
nourriture, le droit à la sécurité sociale ; le droit
à l'information viendrait ensuite.
Mais l'information : la vraie, la bonne, celle qui
circule, peut permettre d'accroître les rendements dans les champs,
d'écouler les produits facilement, de mieux apprendre, de mieux se
soigner et de mieux vivre en somme. « L'information,
c'est la vie ». On peut sauver la vie en donnant
l'information. On peut donner une chance exceptionnelle de réussite
à quelqu'un en lui apportant l'information. L'information n'est donc
pas un élément de plaisance réservé à ceux
qui ont fini de résoudre leurs problèmes d'existence. C'est une
donnée stratégique dont il faut maîtriser les
paramètres. Ceux qui l'auront ainsi compris seront ceux qui pourront
faire porter leur voix dans le concert des Nations.
|