UNIVERSITÉ DE LOMÉ
FACULTÉ DES SCIENCES
BP : 1515 LOME- TOGO
ECONOMIQUES ET DE GESTION
(FASEG)
![](analyse-canal-distribution-huile-de-cuisine-togo1.png)
LABORATOIRE DE RECHERCHE ET D'ETUDES EN MANAGEMENT DES
ORGANISATIONS
(LAREMO)
MÉMOIRE POUR
L'OBTENTION DU DIPLÔME D'ETUDES APPROFONDIES EN SCIENCES DE GESTION
OPTION : Marketing et stratégie
THEME :
ANALYSE DU POUVOIR DU FOURNISSEUR DANS LE CANAL DE
DISTRIBUTION DES PRODUITS ALIMENTAIRES AU TOGO
![](analyse-canal-distribution-huile-de-cuisine-togo2.png)
Présenté et soutenu publiquement
par :
Kossi Dziwonu HOTSIAME
Directeur de mémoire :
Professeur Ibrahima Samba DANKOCO
Agrégé des Sciences de Gestion
Jury :
Président : Professeur Abdoulaye
OUATTARA, CESAG, Dakar
Membres : Professeur Ibrahima Samba
DANKOCO, Université Cheikh Anta Diop, Dakar
Professeur Nadédjo BIGOU-LARE, FASEG,
Université de Lomé
Lomé, Juin 2007
REMERCIEMENTS
La réalisation de cette étude n'est que le
fruit d'une aventure humaine faite de rencontres, parfois voulues, souvent
fortuites mais toujours enrichissantes. Ces quelques lignes nous permettront de
dire à toutes ces personnes combien nous leur sommes reconnaissant.
C'est donc avec un plaisir que nous tenons à exprimer
notre gratitude à Monsieur AYASSOU Kossivi, Doyen de la Faculté
des Sciences Économiques et de Gestion (FASEG), qui n'a
ménagé aucun effort pour la création et la réussite
du programme DEA - Sciences de gestion.
Nous manifestons également notre plus grande
reconnaissance au Professeur BIGOU-LARE Nadédjo, Directeur du programme
DEA - Sciences de gestion, pour non seulement nous avoir admis dans ce DEA
très intéressant, mais aussi pour ses conseils pratiques qui ne
nous ont pas fait défaut pendant la réalisation de ce travail.
Nous souhaitons exprimer particulièrement notre plus
sincère gratitude au Professeur Ibrahima Samba DANKOCO d'avoir
accepté de diriger cette recherche. Malgré un agenda
chargé et de lourdes responsabilités, il a su trouver du temps
pour nous guider et nous orienter dans ce travail.
Nous souhaitons adresser nos sincères remerciements
à tous les intervenants à ce programme, missionnaires comme
locaux, pour l'effort combien louable qu'ils ont déployé dans le
cadre de notre formation.
Nos sincères considérations au Laboratoire de
Recherche et d'Études en Management des Organisations (LAREMO) qui nous
a servi un lieu de documentation et de nombreuses rencontres de discussions
chaleureuses et stimulantes.
Nous exprimons notre sincère gratitude aux membres de
jury qui nous ont fait l'honneur de juger ce travail.
Qu'il me soit aussi permis de témoigner notre
reconnaissance à mes parents et à mes frères et soeurs
dont l'appui financier, matériel et moral a été
déterminant pour la réalisation de ce travail.
Nous saisissons cette occasion pour remercier tous les
collègues de la première et de la deuxième promotion du
DEA, en particulier Awizoba Bawoubadi, Nambang-Kagnolema Bamombayéna,
Okenwa-Sakpo Ngozi, Nonou kodjo, Gafa Yao, qui nous ont gentiment aidé
dans l'administration de nos questionnaires et avec lesquels nous avons eu de
nombreuses discussions fructueuses.
Nos remerciements vont aussi à Monsieur EKOE Foli
Ametowoyona, enseignant à l' ESSD, Université de Lomé pour
son appui technique.
D'autres personnes ont également beaucoup
contribué directement ou indirectement à la réalisation de
ce travail. Ce sont des amis, des proches, des collègues qui nous ont
tous accompagné, à leur manière, dans cette aventure. A
toutes ces personnes, nous adressons un grand merci.
DEDICACE
A la famille HOTSIAME,
A mon père Monsieur HOTSIAME Anani Valentin,
A ma mère feue EKPE Afua Késia,
A mes frères et soeurs,
Je dédie ce travail
La faculté n'entend donner aucune approbation ni
improbation aux opinions émises dans ce mémoire.
Ces opinions doivent être considérées
comme propres à leurs auteurs.
Sommaire
INTRODUCTION GENERALE
1
PREMIERE PARTIE : ETUDE DU CANAL DE
DISTRIBUTION : DES ANALYSES ECONOMIQUES AUX REFLEXIONS STRATEGIQUES
7
CHAPITRE I : LES ANALYSES ECONOMIQUES DU CANAL DE
DISTRIBUTION : DU COUT A L'UTILITE
9
CHAPITRE II : DES ANALYSES COMPORTEMENTALES AU MODELE
INTEGRATEUR DE L'ECONOMIE POLITIQUE
23
DEUXIEME PARTIE : APPROCHES METHOLOGIQUE ET
EMPIRIQUE
51
CHAPITRE III : ASPECTS METHODOLOGIQUES
53
CHAPITRE IV : LES RESULTATS DE L'ETUDE ET DISCUSION
76
CONCLUSION GENERALE
99
BIBLIOGRAPHIE
104
ANNEXE
109
I - Liste de tableaux
Tableau 1 : Formes d'organisation des canaux et coûts
de transaction
16
Tableau 2 : Cinq questions en préalable
à la prise de décision
21
Tableau 3 : Le modèle de l'économie politique
des canaux.
41
Tableau 4 : Modèles économiques,
modèles comportementaux, et modèle d'économie politique
des canaux
43
Tableau 5 : Les stratégies génériques
de Porter
46
Tableau 6 : Les différents types de relations entre
adversaires-partenaires économiques
47
Tableau 7: Répartition des entreprises selon leur
effectif
77
Tableau 8 : Statistiques descriptives du niveau de
responsabilité perçu par le distributeur
79
Tableau 9 : Résultats de l'analyse des
réponses multiples du niveau de responsabilité perçu par
le distributeur
80
Tableau 10 : Résultats du test t du niveau
de responsabilité perçu par le distributeur
81
Tableau 11 : Statistiques descriptives de la satisfaction
du distributeur quant à l'apport du fournisseur dans la
réalisation des opérations de logistique
83
Tableau 12 : Résultat de l'analyse de
réponses multiples de la satisfaction du distributeur quant à
l'apport du fournisseur dans la réalisation des opérations de
logistique
83
Tableau 13 : Résultat du test t de la
satisfaction du distributeur quant à l'apport du fournisseur dans la
réalisation des opérations de logistique.
84
Tableau 14 : Statistiques descriptives de la variable
contact et échange d'informations.
85
Tableau 15: Résultats de l'analyse de
réponses multiples de la variable contact et échange
d'informations.
86
Tableau 16 : Résultat du test de la variable
contact et échange d'information.
86
Tableau 17 : Statistiques descriptives de la variable
écoute et prise en compte des préoccupations du distributeur par
le fournisseur
88
Tableau 18: Résultats de l'analyse de
réponses multiples de la variable écoute et prise en compte des
préoccupations du distributeur par le fournisseur
89
Tableau 19 : Résultats du test de la variable
écoute et prise en charge des préoccupations du distributeur par
le fournisseur
89
Tableau 20 : Statistiques descriptives de la
dépendance relative du distributeur à l'égard du
fournisseur
91
Tableau 21 : Résultats de l'analyse de
réponses multiples de la dépendance relative du distributeur
91
Tableau 22 : Résultat du test t de la
dépendance relative du distributeur à l'égard du
fournisseur
92
Tableau 23 : Impact des normes relationnelles sur le
pouvoir du fournisseur
94
Tableau 24 : Impact de la dépendance relative
du distributeur sur le pouvoir du fournisseur
96
II - Liste des
schémas
Schéma 1 : Modèle explicatif du
canal à partir de la création d'utilité de Bucklin 20
Schéma 2 : Modèle des sources de
pouvoir 28
Schéma 3 : Répartition des
distributeurs selon l'origine des huiles achetées 78
INTRODUCTION GENERALE
La distribution est une fonction fondamentale d'une
entreprise. Elle constitue l'un des quatre éléments fondamentaux
du marketing-mix. Selon Dubois P.-L. (1985), la distribution est
définie comme « l'ensemble des opérations par
lesquelles un biens sortant de l'appareil de production est mis à la
disposition du consommateur ou de l'utilisateur. »
Pour distribuer ses produits, un fabricant ou un fournisseur a
le choix entre deux perspectives de distribution : la distribution directe
(le fournisseur vend directement ses produits aux consommateurs finals) et la
distribution indirecte (le fournisseur utilise des intermédiaires pour
vendre ses produits)
La première perspective, c'est- à- dire la
distribution directe, nécessite beaucoup de ressources de la part du
fabricant pour sa mise en place. Or la plupart des fournisseurs ne disposent
pas des ressources suffisantes pour se lancer dans la distribution directe.
Même si certains fournisseurs disposent du capital nécessaire
à l'implantation des points de vente, ils se rendent compte très
souvent qu'il est plus rentable d'accroître leurs investissements dans
d'autres domaines. D'autre part, une stratégie de distribution directe
impliquerait de nombreux fournisseurs à devenir eux-mêmes
distributeurs de produits complémentaires destinés au même
marché.
Pour ces raisons, la plupart des fournisseurs, optent souvent
pour la deuxième perspective c'est-à-dire la distribution
indirecte. Ceci est surtout vrai pour les produits destinés à la
consommation courante.
Mais cette méthode (distribution indirecte) souvent
inévitable compte tenu des avantages économiques qu'elle procure
aux fournisseurs, présente elle aussi une conséquence
majeure : un fournisseur qui délègue la vente de ses
produits à des intermédiaires perd en effet un certain
contrôle sur son canal de distribution. Or ce contrôle n'est pas
sans influencer l'image de l'entreprise. En effet, le fournisseur ne peut pas
considérer que son activité propre s'arrête à partir
du moment où les produits ont été achetés par des
intermédiaires. Il se doit par contre de conserver une vision
précise de son marché et donc s'assurer que ses choix ne seront
pas altérés par tel ou tel intermédiaire impliqué
dans le canal de distribution. Même, si pendant de nombreuses
années, l'objectif clairement affiché de la fonction de
distribution a été purement économique, le contexte actuel
dans lequel les fournisseurs et les distributeurs exercent leurs
activités a considérablement évolué. Dans un
contexte de marché saturé et d'une concurrence vive et sans
frontière, c'est dans la redéfinition des relations entre les
acteurs du canal de distribution que certaines entreprises cherchent les voies
de la compétitivité. Il apparaît donc clair que la
performance ne peut être seulement vue sous l'angle économique
mais aussi sous l'angle politique (Filser M., 2000). Cette position est aussi
confirmée par Cliquet G. (1999) lorsqu'il fait remarquer que le choix du
canal de distribution n'a pas seulement pour objectif que la réduction
de coûts (avantage économique), mais aussi la maîtrise du
canal.
Ainsi, la problématique de coordination des relations
d'échange entre fournisseur et distributeur devient un enjeu
fondamental tant pour les praticiens que pour les théoriciens. Cette
préoccupation dépasse le cadre strictement économique du
canal de distribution dans la mesure où elle conduit bon nombre de
chercheurs à repenser la nature des relations d'échange entre
les membres d'un canal de distribution. Plus que jamais, l'heure est au
rapprochement entre les acteurs du canal dans le cadre de relations de long
terme. Or l'évolution actuelle de la grande distribution sur le
marché togolais comme la plupart des marchés des pays en voie de
développement laisse apparaître peu de place à la
collaboration fournisseur - distributeur. Ce marché est fortement
caractérisé par la croissance du commerce informel et l'on note
l'existence de plusieurs intermédiaires entre le fournisseur et le
consommateur final. Chaque acteur semble agir d'une façon
indépendante comme s'il n'existe aucune interdépendance entre les
membres du canal de distribution. Cette situation contribue à
l'augmentation du degré d'incertitude sur ces marchés et par
conséquent fragilise la performance de la distribution des produits de
consommation courante et constitue selon Olivier A. et Renaud de Maricourt
(1990) des coûts supplémentaires pour les entreprises.
Face à cette situation, et la nécessité
de faire face à de nombreuses incertitudes ainsi que celle du respect de
la qualité visant notamment à rassurer le consommateur final,
les fournisseur doivent mettre en oeuvre de nouvelles formes de pilotage
logistique et de coordination tout au long de leurs canaux de distribution.
Ainsi une analyse du pouvoir du fournisseur dans le canal de
distribution nous semble un travail précieux pouvant servir à la
redynamisation du secteur de la distribution. Cette étude pourra avoir
comme apport l'identification de certains facteurs explicatifs du niveau
d'influence du fournisseur dans leurs canaux de distribution.
S'inscrivant dans cette perspective et en cherchant à
satisfaire les intérêts pratiques associés à ce
thème de recherche, notre problématique peut être
explicitée comme il suit : « Les
fournisseurs contrôlent-ils leurs canaux de
distribution ? »
Notre recherche s'intéresse donc aux rapports de force
entre les fournisseurs et des distributeurs de l'huile de cuisine au Togo. Il
s'agit tout d'abord d'analyser le niveau d'influence du fournisseur sur les
décisions marketing relatives à la vente et la promotion de leurs
produits. Ensuite, déterminer l'impact des normes relationnelles de
l'échange et de la dépendance relative du distributeur sur le
niveau d'influence du fournisseur.
Notre problématique peut être
décomposée en trois questions de recherche :
- Quel est le niveau d'influence du fournisseur de
l'huile de cuisine dans le canal de distribution?
- Comment les normes relationnelles de l'échange
influencent-elles le pouvoir du fournisseur ?
- Comment la dépendance relative du distributeur
à l'égard du fournisseur influence- t-elle le pouvoir du
fournisseur ?
Pour répondre à ces interrogations, nous avons
adopté un plan en deux parties. Dans la première partie, nous
proposons de présenter les différents outils théoriques
permettant d'analyser le fonctionnement du canal de distribution grâce
à une revue de la littérature. Cette étape nous a permis
d'aboutir au choix d'un cadre conceptuel de notre travail.
La deuxième partie est essentiellement
consacrée à une analyse empirique. Nous proposons dans une
première section, exposer les choix méthodologiques retenus ainsi
que les différentes techniques de collecte et d'analyse des
données. La deuxième section est consacrée à la
présentation des résultats auxquels nous sommes parvenus. Nous
concluons sur les apports, les limites et les voies de recherche futures.
PREMIERE PARTIE :
ETUDE DU CANAL
DE DISTRIBUTION :
DES
ANALYSES ECONOMIQUES AUX REFLEXIONS STRATEGIQUES
Les canaux de distribution ont donné lieu, depuis
maintenant plusieurs années, à un nombre croissant de travaux
théoriques se référant, d'une part, à l'analyse
économique, d'autre part, aux modèles organisationnels et
stratégiques (Filser M., 1992).
Le canal de distribution, en tant que voie d'acheminement de
produits finis vers le consommateur final, est constitué de divers
membres dont les activités se complètent ou se concurrencent
(Filser, 1989)1(*).
« Le choix du canal de distribution est une
décision importante et qui dépend de critères
traditionnels liés aux fonctions et aux structures des canaux dans une
logique de réduction des coûts, mais aussi d'objectifs en termes
de maîtrise du canal et de satisfaction du
consommateur » Cette phrase de Cliquet G. (1999)
exprime bien toute la problématique liée au fonctionnement,
à l'organisation et à l'évolution des canaux de
distribution. En effet, l'éloignement physique entre les
producteurs et les acheteurs dans la plupart des marchés est à
l'origine de cette problématique. Cela constitue depuis maintenant
plusieurs années la préoccupation des chercheurs donnant ainsi
lieu à une littérature vaste et abondante sur les canaux de
distribution. Cette littérature est soumise à une influence soit
économique, soit organisationnelle, soit encore à une
juxtaposition de ces deux courants dans un même cadre associant la
stratégie de la firme (Filser M., 1992).
Dans cette partie théorique de notre travail, nous
proposons de présenter à travers la littérature les
différents outils (modèles) ayant permis la compréhension
de l'évolution de la relation fournisseur-distributeur.
CHAPITRE I :
LES ANALYSES
ECONOMIQUES DU CANAL DE DISTRIBUTION :
DU
COUT A L'UTILITE
Les relations durables constituent un axe d'étude
important dans la littérature économique. De nombreuses
recherches tentent de discerner l'intérêt des acteurs à
poursuivre une relation d'échange engagé (Williamson, 1985).
Un canal de distribution est un mode d'organisation ayant pour
mission première l'accomplissement d'un certain nombre de fonctions dans
le but de mettre à la disposition des utilisateurs, les produits
dont-ils ont besoin au bon endroit, au bon moment et en quantité
suffisante. Pour Kotler P. et Dubois B. (1997), l'analyse des fonctions et
des flux est très importante car de là se dégage la
question centrale de la distribution. Ces auteurs précisent par ailleurs
que l'identification et l'accomplissement des fonctions de la distribution sont
nécessaires au bon fonctionnement de tout canal de distribution. Mais
c'est surtout une bonne répartition de ces fonctions entre les
institutions du canal qui détermine l'efficacité du canal:
« Toute l'histoire de l'appareil commercial et toutes les innovations
qui ont été introduites ne sont que le résultat d'efforts
visant à modifier la répartition des fonctions dans le sens d'une
amélioration de l'efficacité ». Selon Ansary A.I. et Stern
L.W. (1972)2(*) , s'il est
possible d'éliminer les grossistes, il est impossible d'éliminer
leur fonction. Cette remarque exprime la particularité voire toute la
problématique de la position occupée par le grossiste dans la
canal de distribution (Jeanmougin C., 1992). Ainsi,
les premières réflexions sur le canal de distribution,
menées essentiellement par les économistes, appréhendent
le canal de distribution à travers les fonctions qu'elle remplit
(Filser M., 1992).
Cette analyse des fonctions de la distribution met en
lumière les raisons de l'existence des intermédiaires: elle
permet de discerner la réduction des coûts ou, plus largement,
l'apport de la distribution au déroulement et à la performance
des échanges (approche que l'on peut qualifier de distributrice) et la
création d'utilités, qui synthétise l'apport de la
distribution aux consommateurs (création d'utilités pour le
consommateur)
Notre développement se fera autour de deux champs
théoriques abondamment mobilisés dans la littérature : en
premier lieu, nous focaliserons notre attention sur les apports principaux de
la théorie de la délégation fonctionnelle puis nous
axerons notre réflexion en deuxième lieu sur les contributions
majeures de la théorie des coûts de transaction.
1. DES COUTS FONCTIONNELS DE
DISTRIBUTION AUX COUTS DE TRANSACTION
C'est tout d'abord sous un angle économique que le
canal de distribution a été étudiée, du fait que la
justification même de l'existence d'un intermédiaire
répondait à la recherche de moindres coûts par les
producteurs, ce qui revient à admettre que l'organisation du canal
dépend exclusivement des producteurs. L'objectif principal des acteurs
du canal de distribution se résume à une meilleure
répartition des fonctions prises en charge par le canal dans une logique
de réduction de coûts. Kotler et Dubois (1997) soulignent par
ailleurs que : «
Le recours aux intermédiaires se justifie d'abord
par leur plus grande efficacité dans l'accomplissement de certaines
fonctions » La réduction des coûts des fonctions
constitue le fondement de ces premières réflexions sur les canaux
de distribution.
L'analyse des fonctions économiques du canal de
distribution conduit certains auteurs à décomposer le canal de
distribution en deux canaux distincts Filser M. (1992) :
- le canal logistique qui prend en compte les fonctions de la
distribution physique ;
- le canal transactionnel chargé des opérations
de négociation, de promotion et de transfert d'information.
Cette distinction faite entre le canal logistique et le canal
transactionnel donne lieu à deux groupe de réflexion sur
l'analyse des coûts pris en charge par le canal de distribution :
analyse portant sur les coûts fonctionnels de distribution et celle
portant sur les coûts de transaction.
1.1. La prise en compte des coûts fonctionnels de
distribution
Les coûts fonctionnels de distribution regroupent les
charges liées à la réalisation des fonctions de la
distribution physique ou la logistique. Il s'agit essentiellement des fonctions
spatiales, des fonctions temporelles et des fonctions commerciales. Plusieurs
auteurs ont proposé des modèles pour comprendre ce
mécanisme de réduction des coûts.
Stigler (1951)3(*) propose une approche fonctionnaliste des canaux
de distribution et fonde son modèle sur les concepts de fonction
marketing et de la division du travail. Il souligne qu'une entreprise aura
intérêt à confier certaines fonctions à des
entreprises spécialisées qui assurent ces fonctions sur une plus
grande échelle permettant alors de réaliser une économie
de coût pour le producteur. Ce modèle de Stigler permet de
justifier la prise en charge dans le canal de distribution des fonctions de
transport et de stockage par l'intermédiaire qui les réaliserait
à moindre coût.
Pour MacInnes (1964)4(*)
l'analyse des fonctions remplies au sein des canaux de
distribution en posant en particulier le problème de séparation
entre le producteur et le consommateur final. Il existe selon l'auteur, quatre
types de séparation :
1 - séparation spatiale : fonction de
transport ;
2 - séparation temporelle : fonction de
stockage, ajustement dans le temps de la production à la
demande ;
3 - séparation perceptuelle : fonction de
constitution d'un assortiment ;
4 - séparation de propriété :
fonction d'achat.
En se fondant sur ce principe, MacInnes (1964) souligne que
l'apparition d'un intermédiaire dans un canal de distribution est une
réponse à ces quatre types de séparation qui rendent
difficile les transactions
En 1973, Mallen
B., reprend les analyses de Stigler et propose un
modèle plus sophistiqué qu'il dénomme modèle de
délégation fonctionnelle. La finalité de ce modèle
est d'aider à mieux anticiper les changements qui pourraient se produire
au sein du canal de distribution. Ces changements peuvent survenir sous
l'influence d'une meilleure efficience au sein du canal ou soit sous
l'influence de la grande taille du marché. Ces changements peuvent
concerner soit le nombre de niveaux du canal, soit le nombre de canaux ou soit
les types d'intermédiaires et le nombre de ces intermédiaires.
Le modèle permet alors d'expliquer l'organisation du canal quant
à la combinaison des fonctions entre les agents, et la structure du
canal en ce qui concerne le nombre d'intermédiaires. Mallen B. (1973)
justifie alors l'existence simultanée de plusieurs types de canal pour
un même produit et le même producteur.
1.2. La prise en compte des coûts de
transaction
D'autres travaux plus récents, comme la théorie
des coûts de transaction permettent d'expliquer l'apparition de certains
canaux de distribution et constituent un axe de recherches utile à la
compréhension de la structure des canaux.
Les coûts de transaction sont les ressources
utilisées pour effectuer le transfert des droits de
propriété qui incluent la recherche d'information, la
négociation des contrats, la standardisation des biens, les honoraires
des conseils juridiques et la fiscalité liée à ces
transactions (Martinet A.-C. et Silem A., 1996)
Les analyses en termes de coûts de transaction ont
été initialement développées par Coase R.-H.
(1937)5(*). Mais c'est
Williamson (1975) qui a élargi et enrichi cette analyse des coûts
de transaction pour répondre à l'inadéquation entre la
théorie économique classique et la théorie de la
concurrence pure et parfaite (Allix-Desfautaux E. et Joffre P., 1997) La
théorie des coûts de transaction permet de savoir dans quelles
conditions une activité particulière peut être
réalisée à l'intérieur de l'entreprise ou à
l'extérieur. Ainsi, elle a pour objectif d`expliquer l'arbitrage que
pratique un agent économique entre le recours à une institution
spécialisée indépendante (marché) pour prendre en
charge une fonction et l'intégration (hiérarchie) de cette
fonction.
En conséquence, une entreprise a intérêt
à internaliser les fonctions dont le coût de transaction est le
pus élevé sur le marché et à externaliser celles
dont le coût de transaction à l'extérieur est le plus
faible. Cet arbitrage entre le marché et la hiérarchie est
fonction d'une part, des caractéristiques de la transaction, et d'autre
part, du contexte de cette transaction.
Les caractéristiques de la
transaction concernent :
- sa fréquence de survenance ;
- le degré d'incertitude entourant cette transaction,
lié à la complexité du produit ou aux comportements
opportunistes de l'une des parties ;
- le besoin de recourir à des actifs
spécifiques : spécificité de l'actif
échangé et investissements matériels et humains
nécessaires à la production et à la distribution de ce
bien.
Quant au contexte de la transaction, il est influencé
par deux groupes de facteurs influencent:
- les facteurs d'environnement : d'une part, sa
complexité et l'incertitude caractérisant son évolution,
qui rendent difficile la prise en compte de toutes les
éventualités ; et, d'autre part le nombre d'institutions,
pour les quelles le niveau de concurrence sera faible ;
- les facteurs comportementaux : il s'agit ici de la
rationalité limitée (incapacité de traiter une
quantité importante d'information) et de l'opportunisme (tendance de
certains agents à tirer parti d'une situation qui leur est favorable)
des agents.
Il convient toutefois de préciser que les facteurs
d'environnement et les facteurs comportementaux sont
interdépendants : plus l'environnement est complexe, et plus la
rationalité limitée rend difficile la recherche d'une solution
optimale; plus le nombre des acteurs sur le marché est limité, et
plus la tentation d'opportunisme est grande. Ces variables influencent le
niveau des coûts de la transaction : un mauvais fonctionnement du
marché entraînerait des coûts de transaction
élevés.
Les applications de la théorie des coûts de
transaction à l'analyse des canaux de distribution sont nombreuses. La
problématique d'internalisation des fonctions conduit à
évoquer la théorie des coûts de transaction qui
appliquée à l'analyse des canaux de distribution, permet de
compléter les analyses basées sur des fonctions de coûts
à travers l'étude des comportements organisationnels Cliquet G.
et al (2003). Cette théorie des coûts de transaction, permet
d'expliquer l'apparition de certains canaux de distribution et constituent un
axe de recherches utile pour la compréhension de la structure des
canaux.
Tableau n°1 :
Formes d'organisation des canaux et coûts de transaction
Forme d'organisation
du canal
|
|
Canal traditionnel
|
Canal administré
|
Canal contractuel
|
Canal intégré
|
Modèle de
Williamson
|
Marché
Hiérarchie
|
État de
l'environnement
|
Marché de
Marché de
Grand nombre
petit nombre
|
Niveau des
De transaction
|
Faible
Élevé
|
Source : Filser M.(1992) « Etat des recherches
sur les canaux de distribution », Revue Française de
Gestion, 90, pp 66-76
En effet, Filser M. (1992) montre que la structure du canal de
distribution reflète le coût de transaction et que le passage de
la structure conventionnelle à la structure intégrée peut
être expliqué par l'état de l'environnement et le niveau
des coûts de transaction. En outre, pour l'auteur, la théorie des
coûts de transaction est un cadre théorique
particulièrement bien adapter à l'explication de la typologie des
canaux de distribution de McCammon (traditionnels, administrés,
contractuels et intégrés) (voir tableau n°1 ci-dessus)
Des Garets V. (1991), souligne que l'adoption de nouvelles
technologies de traitement des informations par le distributeur, permet une
réduction du coût direct de la transaction et l'autorise à
se doter d'une compétence spécifique qui peut accroître son
pouvoir sur les autres membres du canal de distribution.
En prenant en compte la notion de dépendance dans la
logique de l'intégration, Heide J.-B. et John G. (1988)6(*) démontrent que , pour
éviter cette intégration, les firmes réalisent d'autres
investissements spécifiques - interrelations avec leurs clients par
exemple- pour diminuer l'état de dépendance vis-à-vis de
leur fournisseur et limiter la force centrifuge de l'intégration
(Jeanmougin C., 1992,)
En somme, Les modèles économiques ayant pour
objet d'analyse la baisse du coût des fonctions de la distribution , ont
servi de cadre de référence pour l'analyse des canaux de
distribution pendant près de quarante ans. Cependant, ces modèles
apparaissent un peu restrictifs en ce sens qu'ils ne prennent seulement en
compte que l'objectif de réduction de coût par le producteur
(Jeanmougin C., 1992). Or dans un canal de distribution l'on peut noter
l'existence de plusieurs acteurs. Afin de pallier les imperfections de ce
premier groupe de modèles, les chercheurs se sont tournés vers
un autre indicateur : la création d'utilité pour le compte
du consommateur.
2. INTRODUCTION DU CONCEPT
DE CRÉATION D'UTILITÉ AU CONSOMMATEUR FINAL DANS LES ANALYSES
ÉCONOMIQUES DU CANAL DE DISTRIBUTION
La prise en compte de la production d'utilité
entraîne une évolution importante de l'analyse du canal de
distribution. Les analyses économiques visent désormais à
trouver une adéquation possible entre les attentes des consommateurs et
la mise en marché proposée par l'ensemble du canal. Contrairement
aux modèles fondés sur les baisses du coût des fonctions,
ces modèles ont pour objectif la création d'utilité pour
les clients finals sous contrainte d'un coût minimal. C'est ainsi que
pour Helfer J-P et Orsoni J. (2001) « Un producteur
délègue certaines opérations de distribution à des
intermédiaires, lorsque ceux ci sont en mesure d'effectuer les
tâches à moindre coût que ce fabricant, compte tenu du
niveau attendu par le consommateur». Ces modèles reposent
essentiellement sur l'étude des besoins des consommateurs finals.
Selon Aspinwall (1962)7(*),
l'organisation du canal de distribution ou plus
précisément la répartition des fonctions doit permettre
à ce qu'aucune rupture de stock n'intervienne dans le cheminement des
produits .Cette théorie stipule que toute rupture de stock dans le
canal de distribution remet en cause la maximisation de l'utilité pour
le consommateur. Cette utilité sera atteinte si le canal parvient
à fournir un flux régulier de produits. Dans le souci
d'éviter des ruptures de stock, les intermédiaires vont prendre
le risque de constituer des stocks. Ce risque pris par les
intermédiaires est rémunéré par une marge
appelée le profit de la distribution.
Dans la continuité des travaux d'Aspinwall,
Bucklin (1966) intègre l'influence du consommateur dans les analyses du
canal de distribution. L'auteur estime que la raison d'être du canal
c'est-à-dire la présence des intermédiaires le long du
canal de distribution se justifie par une maximisation de l'utilité
apportée au consommateur final (Filser M. et al, 2001). Cette
utilité apportée au consommateur est atteinte dans
l'accomplissement des fonctions essentielles de la distribution prises en
charge par le canal de distribution. (Voir schéma1) L'auteur identifie
à cet effet quatre fonctions principales de la distribution :
Le délais de livraison (temps écoulé
entre le moment de la commande et celui de la
livraison) ;
Le degré de décentralisation du marché
(considération du nombre de points de vente dans le souci d'assurer un
faible déplacement du consommateur final) ;
L'allotissement des marchandises (modification de la taille
des lots en tenant compte du volume minimal de la commande) ;
La gestion par le canal de l'assortiment proposé au
consommateur final.
Selon Bucklin, la répartition des tâches entre
les membres du canal de distribution doit permettre de fournir les produits
attendus par le consommateur au coût total le plus bas possible.
En intégrant les apports des travaux d'Alderson
(1950)8(*) , Bucklin
élabore en 1967, une deuxième théorie qu'il appelle
« décalage - spéculation » (Filser Marc et
al, 2001). Le comportement de décalage exprime l'idée d'aversion
pour le risque c'est- à- dire le report le plus en aval possible des
opérations de différenciation et de stockage qui engendrent
généralement des coûts donc de risques. Le concept de
décalage se base sur l'idée d'une prévision efficace des
ventes. Il s'agira dans ces conditions d'un système de production sur
commande dans lequel il n'existe aucun stock de produits finis. Le
comportement de spéculation quant à lui, conduit au contraire,
à l'anticipation des opérations de différenciation et de
stockage le plus tôt possible en amont du canal pour réduire les
coûts du système marketing. La réduction des coûts du
système marketing s'effectue en s'appuyant sur la production à
grande échelle, réduisant le nombre de transactions et en
limitant le risque de rupture de stocks. Dans cette optique, le fabricant doit
veiller à ce que la production ne dépasse pas les ventes, sinon
l'augmentation des coûts issue d'une spéculation sur les stocks
l'emportera sur les avantages issus d'une production à grande
échelle et d'une réduction du nombre de transaction.
Schéma 1 : Modèle
explicatif du canal à partir de la création d'utilité de
Bucklin
Niveau de service demandé par le consommateur
Niveau de service atteint
Commande minimale
Délai de livraison
Décentralisation géographique
Etendue de l'assortiment
Organisation du canal
Source :Helfer J.-P. et Orsoni J. (2001)
Dans la même logique que Bucklin , Stern L. et
Sturdivant F. (1987)9(*)
quant à eux, proposent cinq questions pour appréhender les
attentes du consommateur en matière de la distribution.(voire tableau
2)
Tableau
2 : Cinq questions en préalable à la prise
de décision
Questions posées
|
Services
|
Le client préfère-t-il acheter par unité
ou par lot ?
|
Volume acheté
|
Le client désire-t-il trouver le produit près de
chez lui ou accepte-t-il de se déplacer ou de commander à
distance ?
|
Proximité
|
Le produit doit-il être immédiatement disponible
ou le client accepte-t-il un délai de livraison ?
|
Disponibilité
|
Quelle est la taille du choix désiré par le
client ?
|
Assortiment
|
Quel niveau de service faut-il proposer avec le produit
|
Services complémentaires au produit
|
Source : Filser M. et al
(2001)
La prise en compte de la création d'utilité pour
le compte du consommateur entraîne donc une progression importante dans
l'analyse des canaux de distribution : la recherche de coût minimal
est désormais subordonnée à la production
d'utilité. Filser M. et al (2001) précise que
« L'objectif majeur de l'industriel est de satisfaire la demande du
consommateur final pour se développer sur le marché. Il est donc
nécessaire de l'analyser pour définir le canal de distribution
le mieux adapté »
Ainsi, l'introduction de l'utilité dans les
modèles économiques va donc remettre en cause l'analyse des
coûts fonctionnels : comme il n'est pas possible d'associer un
niveau d'utilité à chaque coût fonctionnel, il serait plus
intéressant d'analyser le canal de distribution comme un ensemble
autonome. L'idéal dans cette optique serait un dépassement de la
conception bipolaire du marché (le producteur et le consommateur) vers
une vision tripolaire (le producteur, le consommateur et le canal de
distribution) (Filser M., 1992). Aussi selon l'auteur, l'objectif principal
étant la production d'utilité pour le compte du consommateur, il
est impossible de voir la structure du canal de distribution comme le
résultat d'une décision unilatérale d'optimisation des
coûts par le producteur.
D'un point de vue général, les analyses
économiques des canaux peuvent être résumées par la
réduction du coût de distribution et la création
d'utilités pour le consommateur. Cette vision économique du canal
de distribution, bien que particulièrement fructueuse pour
compréhension de l'organisation et de l'évolution des canaux de
distribution présente un aspect un peu restrictif : comment
expliquer qu'un producteur continue à réaliser lui-même ses
fonctions distributives avec un niveau de coût élevé que
celui d'un intermédiaire, à niveau de service
équivalent ? Pour Filser M. (1992), cette question ne peut trouve
sa réponse que dans l'analyse du comportement des membres du canal de
distribution. Ainsi, d'autres variables d'inspiration comportementales vont
guider la réflexion des auteurs pour la proposition de modèles
d'abord complémentaires (les modèles comportementaux ou
behavioristes), ensuite le modèle intégrateur (le modèle
de l'économie politique)
Dans cette perspective, nous proposons d'aborder
successivement dans le chapitre suivant l'approche comportemental du canal de
distribution et le modèle intégrateur de l'économie
politique.
CHAPITRE II :
DES ANALYSES COMPORTEMENTALES AU MODELE INTEGRATEUR DE
L'ECONOMIE POLITIQUE
Nous présentons tout d'abord, l'approche
comportementale du canal de distribution qui est centré sur le pouvoir
et ses conséquences dans les échanges entre les membres du canal.
Ensuite nous proposons de présenter l'intégration des approches
économique et comportementale qui fonde le modèle de
l'économie politique. Enfin nous ne manquons pas de rappeler l'apport de
la stratégie des firmes qui composent le canal de distribution.
1. APPROCHE COMPORTEMENTALE
DU CANAL DE DISTRIBUTION
L'approche comportementale ou behavioriste du canal de
distribution s'intéresse aux phénomènes comportementaux
caractérisant les relations entre les institutions membres du canal de
distribution. Cette approche constitue un courant de recherche
particulièrement dynamique pour lequel la structure du canal de
distribution et la prise en charge des activités logistiques sont
d'abord liées aux comportements d'acteurs économiques
amenés à travailler ensemble (Cliquet G.,1999). Les
théories comportementales sont fondées sur les concepts de
pouvoir, de conflit et de coopération inter-organisationnels, (Poirel
C., 2004), et se distinguent par conséquent du courant économique
pour lequel la minimisation du coût quel qu'il soit et la création
d'utilité président à toute explication relative à
la création et à l'évolution du canal.
Dans cette section, nous essayerons de définir ces
différentes variables comportementales ainsi que les tentatives de
mesure de ces variables.
1.1. Les enjeux du pouvoir dans les relations fournisseur
- distributeurs
La distribution représente plus que jamais une fonction
centrale du système économique. Sa maîtrise constitue un
enjeu primordial pour les entreprises, mais aussi pour le système social
dans son ensemble. Le pouvoir et la compétition sont
appréhendés comme les principaux déterminants du processus
distributif. Le pouvoir tient une place importante dans le courant
behavioriste des canaux de distribution : il sert de mécanisme de
coordination du canal et est exercé, à ce titre, par un ou
plusieurs leader(s) dont les directives peuvent être acceptées par
les autres membres (développement de la coopération) ou remises
en cause (montée du conflit).
1.1.1. Définition du concept de pouvoir
Le pouvoir se définit plus précisément
comme une donnée relationnelle entre deux acteurs (ou plus),
déséquilibrée par nature mais cependant
réciproque.
En 1957, Dahl10(*) en se fondant sur les principes des sciences
politiques et du comportement, définit le pouvoir comme
« la capacité d'un individu ou d'une institution,
à obliger un autre agent à adopter un comportement que cet agent
n'aurait pas spontanément choisi » (Cola
E., 2004). Certains auteurs comme Beier et Stern
considèrent cette définition comme étant très
générale. Ces auteurs formulent à propos de cette approche
trois critiques fondamentales (Filser M. et al, 2001) :
- D'une part, une institution ou un individu ne
possèdent pas un pouvoir dans l'absolu, mais sur un autre individu ou
sur une autre institution ;
- D'autre part, la perspective choisie par Dahl ne
spécifie pas les formes de pouvoir ;
- Enfin, le pouvoir de A sur B n'entraîne pas
nécessairement une réaction immédiate de B, il augmente
seulement la probabilité que B adopte le comportement
désiré : d'autres efforts seront souvent nécessaires
pour que B adopte in fine le comportement attendu.
Sur la base de ces critiques, El-Ansary et Stern
(1972)11(*) propose une
définition du pouvoir adaptée à l'analyse des canaux de
distribution en ces termes : « Le pouvoir
d'une institution du canal est sa capacité à contrôler les
variables de décision des stratégies marketing d'une autre
institution intervenant à un niveau différent du même
canal. Pour que ce contrôle soit qualifié de pouvoir, il doit
être différent du contrôle initial que l'institution
dominée avait sur sa propre
stratégie » (Filser M.
et al, 2001) Dans cette perspective, « pouvoir » et
« contrôle » (leadership) peuvent être
considérés comme deux concepts proches qui
renvoient au processus d'influence d'un acteur par rapport à un autre
(Bonet D., 2000)
Si la définition du pouvoir ne pose pas de
problèmes fondamentaux, les tentatives de sa mesure sont beaucoup
moins consensuelles (Jallais J., 1997). Dans la littérature, la mesure
du pouvoir au sein du canal de distribution peut se faire en faisant
référence soit aux sources de pouvoir soit à une situation
de dépendance (Filser et al. 2001).
1.1.2. Le modèle des sources de pouvoir
La question du pouvoir et de ses modes d'exercice a
donné lieu à de nombreuses recherches en marketing depuis
maintenant plusieurs années. La majorité d'entre elles s'appuie
sur les travaux séminaux de French et Raven (1959)12(*) en sociologie des
organisations, dont le mérite est d'avoir clairement identifié
les cinq sources à la disposition d'un acteur dont chacune fonderait un
type de pouvoir (Xavier Lepers, 2003) :
- La capacité à attribuer des
récompenses : ce type de pouvoir est basé sur conviction
d'un agent que l'autre peut le priver de certains avantages s'il ne se conforme
pas ses attentes ;
- La capacité à donner des sanctions : ce
cas de pouvoir consiste dans la conviction d'un agent que son interlocuteur
peut lui accorder une récompense s'il se conforme à ses
attentes ;
- L'expertise : c'est la reconnaissance de la part d'un
agent d'une compétence spéciale et utile pour l'autre ;
- La valeur de référence : ce type de
pouvoir existe au moment où un acteur voit son interlocuteur comme une
référence à la quelle il veut s'identifier et se
conformer ;
- La légitimité : cette forme de pouvoir
est fondée sur la conviction d'un acteur d'être obligé par
la loi, par des normes ou / et des valeurs, à suivre les indications de
l'autre.
Le concept de pouvoir apparaît souvent comme un facteur
de dégradation du climat des relations d'échange dans le canal de
distribution, pouvant conduire dans certains cas à leur cessation en
cas de conflit dysfonctionnel. Mais il est tout aussi vrai que l'agent
économique disposant d'un certain pouvoir peut orienter de façon
constructive le comportement des agents dominés et créer ainsi
une dynamique concurrentielle positive (Paché G. 2000).
Dans cette perspective, la performance du canal de
distribution s'améliore si un membre du canal à le pouvoir de
réguler les échanges et de coordonner les activités dans
le canal. A partir de ce constat, la typologie des sources de pouvoir
établie par French et Raven a été repris et
appliqués aux canaux de distribution par d'autres auteurs.
En 1974, Hunt S.-D. et Nevin J.-R. 13(*) ont enrichi et affiné
la typologie élaborée par French et Raven en faisant une
distinction entre sources de pouvoir coercitives et sources de pouvoir non
coercitives comme l'illustre le schéma n° 2.
Les sources coercitives de pouvoir correspondent aux sanctions
que peut prescrire un agent économique A à l'encontre d'un agent
économique B.
Quant aux sources de pouvoir non
coercitives, elles constituent une incitation positive pour les
autres membres d'appliquer la volonté de celui qui détient le
pouvoir dans le canal de distribution. Elles regroupent la récompense,
l'expertise, la valeur de référence et la
légitimité.
Les principaux travaux empiriques sur le thème montrent
que, le recours à des sources coercitives de pouvoir conduit souvent
l'institution subordonnée à percevoir plus fortement le pouvoir
de l'institution dominante. Au contraire, l'emploi des sources non coercitives
de pouvoir dans le canal de distribution induit plus de satisfaction pour les
différents acteurs (Anderson et Narus, 1990 ;Gunlach et
Cadotte,1994)
Schéma n°2 : Modèle des sources
de pouvoir
Sanction
Sources coercitives
Récompense
Pouvoir
Expertise
Sources non coercitives
Légitimité
Valeur de référence
Source : Xavier Lepers (2003)
Lusch R.-F. et Brown J.-R.14(*), dans la même logique que Hant D.-S. et Nevin
J.-R. (1974) parviennent à faire une distinction entre
les « sources de pouvoir
économiques » et «
les sources de pouvoir non économiques » en
montrant qu'une institution perçoit le pouvoir d'une autre si elle fonde
ce pouvoir sur des sources économiques, c'est-à-dire liées
directement à sa rentabilité. Si au contraire elle recourt
à des sources de pouvoir non économiques (formation du personnel,
assistance technique .....), elle peut exercer de fait un pouvoir, mais
l'institution subordonnée ne le percevra pas comme tel.
Selon Mallen B. (1967)15(*), le pouvoir détenu par un membre du canal
à un instant t n'est pas forcement signe de leadership. A partir de ce
constat, Mallen, distingue trois styles de leadership :
- Le leadership autocratique :
un leader détermine la politique à suivre et distribue les
tâches, aucune décision n'est prise en commun. Au sein du canal de
distribution, une institution impose ses vues et oblige les autres institutions
à coopérer.
- Le Leadership
démocratique : à l'inverse, les opinions de
chacun sont prises en compte pour parvenir à une décision
collégiale. Le leader du canal de distribution apporte un soutien actif
aux autres membres.
- Le leadership anarchique :
Chacun possède la liberté d'agir à sa guise sans aucune
directive de la part du leader. Dans une telle situation, Mallen B. (1967)
estime que le canal de distribution finit par s'autodétruire.
Le leadership démocratique est similaire au
leadership de soutien et au leadership participatif selon la classification de
Barnett T.-R. et Arnold D.-R. , et le leadership autocratique se rapproche
au leadership directif selon les même auteurs (Cliquet G. et al,
2003).
L'évaluation de ces sources de pouvoir consiste
à mesurer la perception de ce pouvoir par les acteurs
interrogés. Concrètement, la démarche conduit à
recueillir des déclarations des acteurs sur leur perception de chacune
des sources de pouvoir en utilisant des échelles du type Likert.
Butanay G et Wortzel L.(1988)16(*) à partir d'une recherche en introduisant le
pouvoir du client dans l'analyse dyadique traditionnelle fabricant-
distributeur , proposent un exemple très intéressant contenu dans
l'encadré suivant (Filser et al., 2001).
Encadré 1
Exemple d'items utilisés pour mesurer le pouvoir d'un
distributeur
Comment un distributeur ressent-il le pouvoir dont dispose
vis-à-vis de lui un fournisseur ? Pour essayer de répondre
à cette question, il a été demandé à des
distributeurs de réfléchir au fait que, pour distribuer et
promouvoir un produit, ils doivent prendre un ensemble de décisions
marketing et gérer un ensemble d'activités. Or, lors de la prise
de décision, un distributeur peut être totalement autonome, devoir
partager cette responsabilité avec un fournisseur, ou encore le
fournisseur peut être totalement autonome. Les activités et les
décisions marketing listées sont les suivantes :
- choix du lieu géographique de vente ;
- établir les objectifs de vente ;
- choix du prix de vente au client final ;
- choix de la politique de distribution envers le
client(délai de livraison) ;
- empêcher le fabricant de vendre en direct son produit
dans votre région ;
- fixer les conditions de retour des produits ;
- choix des clients ;
- choix d'une campagne de communication commune avec le
fabricant ;
- empêcher le fabricant de vendre par
l'intermédiaire d'autres distributeurs dans
votre région ;
- recevoir les demandes des clients pour des modifications
des produits ;
- remises accordées par le fabricant ;
- fournir des conseils au client avant la vente ;
- participer à des séminaires de vente
organisés par le fabricant ;
- résoudre des problèmes techniques
soulevés par le client ;
- choix des stratégies et des politiques de vente.
Pour chacun des items, les distributeurs ont été
invités à indiquer leur niveau perçu d'autonomie ou de
responsabilité par rapport au fournisseur, ce qui a permis de mesurer un
niveau relatif de pouvoir :
J'ai quasiment la j'ai plus de Le
fournisseur Le fournisseur Le fournisseur en a
responsabilité responsabilité que
et moi avons autant a plus de quasiment toute
la
complète le fournisseur
de responsabilité responsabilité la
responsabilité
que moi
Source : Filser M. et al (2001)
|
1.1.3. Pouvoir et dépendance dans le canal de
distribution
Cette approche est surtout basée sur les travaux de
Emerson17(*)
réalisés dès le début des années 1960 en
liant le pouvoir à la dépendance (Filser M. et al 2001). Selon
cet auteur, le pouvoir n'est pas un «
état », mais
une « relation ».
Le pouvoir se définit plus précisément comme une
donnée relationnelle entre deux acteurs (ou plus),
déséquilibrée par nature mais cependant réciproque.
Ainsi, le pouvoir d'un acteur sur les autres acteurs du canal de distribution
sera très variable selon les caractéristiques des acteurs
dominés, mais aussi selon le contexte de la relation. La
relativité du pouvoir conduit Emerson à proposer une
définition de la dépendance en ces
termes : « La
dépendance d'un agent A par rapport à un agent B est directement
proportionnelle à l'intérêt investi par A dans des
objectifs nécessitant l'intervention de B et inversement proportionnelle
à la possibilité dont dispose A pour atteindre ces objectif en
dehors de la relation avec B ». Dans cette
logique, le pouvoir de l'acteur A sur l'acteur B est donc équivalent et
est basé sur la dépendance de B par rapport à A. Dans cet
esprit, pouvoir et dépendance sont inversement corrélés
Ces travaux de Emerson sont repris en 1978 par Pfeffer et
Salancik qui proposent la « théorie de la
dépendance des ressources. » (Karim MESSEGHEM, 2003). Selon
ces auteurs, la volonté d'acquérir des ressources conduit
à des relations de dépendance entre les organisations. Pour
gérer ces relations, l'entreprise peut soit essayer de maîtriser
les ressources critiques pour réduire sa dépendance, soit essayer
d'exercer un contrôle sur les ressources qui accroissent la
dépendance des autres organisations vis-à-vis d'elle.
L'entreprise va donc chercher à renforcer son pouvoir sur son
environnement en contrôlant certaines ressources.
Marchesnay (1979)18(*) propose trois indicateurs permettant d'
apprécier la dépendance :
- la concentration du flux
d'échange qui représente la part relative du flux
d'échange ;
- la
substituabilité, c'est-à-dire la
possibilité pour l'acheteur de trouver rapidement d'autres sources
d'approvisionnements ;
- l'essentialité
qui exprime le lien entre la survie de l'entreprise et le flux
d'échange.
Pour Poirel C. (2004), l'exercice de pouvoir dans le canal de
distribution sert de mécanisme de coordination du canal et est
exercé, à ce titre, par un ou plusieurs leader(s) dont les
directives peuvent être acceptées par les autres membres
ou remises en cause. Il ressort donc de ce constat que deux
conséquences émergent de l'exercice du pouvoir dans le canal de
distribution : la montée du conflit ou le
développement de la coopération (Bonet D., 2000)
1.2. Le conflit dans le canal de distribution
Le concept de conflit constitue un axe fondamental des
relations inter-organisationnelles au sein du canal de distribution. La
littérature sur le concept de conflit laisse apparaître deux
conceptions du thème (Filser M. et al 2001)
La première conception issue des travaux de Stern L.
et Heskett J. (1969)19(*)
appréhendent le conflit comme une «
situation » dans laquelle un membre du canal réalise
qu'un autre membre a adopté un comportement qui l'empêche
d'atteindre ses propres objectifs. Les auteurs précisent que
l'intensité du conflit est en grande partie fonction de
l'incompatibilité des objectifs, de dissension et de perceptions
divergentes de la réalité.
Selon cette conception l'intensité du conflit est en
grande partie fonction de l'incompatibilité des objectifs, de sujets de
dissension et de perceptions divergentes de la réalité.
La seconde conception relative aux travaux de Pondy L. et
Rosenberg L., considèrent que le conflit ne doit pas être
appréhendé seulement comme une
« situation » mais également comme un
« processus ».
Pondy L. (1967)20(*), dans une logique dynamique, le conflit a une
origine, un déroulement et une fin. Selon l'auteur, il existe une
« vie » du conflit constituée d'épisodes
successifs assimilable à un processus. Pondy L. (1967) décompose
ce processus en cinq étapes : Tout commence par un état
latent d'incompatibilité d'objectifs, pour progresser vers un
état de conflit perçu, puis affectif lorsque la
tension et l'anxiété apparaissent. Le conflit devient ensuite
manifeste ou opérationnel car les objectifs de
certains membres sont clairement contrariés. Enfin, il faut s'interroger
sur les conséquences négatives et positives du conflit.
Les travaux de Pondy L. (1967) ont été repris et
appliqués aux canaux de distribution par Rosenberg (1969) 21(*), qui définit le conflit
comme « un processus résultant d'objectifs divergents des
membres d'un canal ou des méthodes mises oeuvre par les membres d'un
canal pour atteindre leurs objectifs. »
En se fondant sur ces deux conceptions du conflit, Bonet D.
(2000) définit le conflit comme : « une relation sociale
entre deux ou plusieurs agents, comportant des dimensions perceptuelles et/ou
manifestes, caractérisée par une tension ou un blocage des
mécanismes normaux de prise de décision suite à une
incompatibilité des objectifs stratégiques et
opérationnels des membres du canal de distribution. »
Dans ces deux conceptions, le conflit porte toujours sur des
divergences de perceptions ou d'objectifs. C'est ainsi que des auteurs comme
Bowersox et al (1990), identifient cinq éléments qui
constituent les principales causes du conflit :
- les incompatibilités des objectifs des
agents ;
- l'incongruité du rôle d'un agent ;
- la rupture du processus de communication dans le canal
- des divergences quant aux perceptions de l'environnement ou
des forces et faiblesses des agents ;
- des différences de culture entre les
institutions.
Etgar M. (1976)22(*), regroupe ces différentes causes du conflit en
deux grandes catégories :
- les causes attitudinales : discordes portant sur les
rôles, les attentes et la communication entre les membres du canal de
distribution ;
- les causes structurelles : divergence d'objectifs
entre les membres, la recherche d'autonomie et de contrôle et enfin de la
bataille pour les ressources rares.
Il faut noter que pour bon membre d'auteurs, le pouvoir, la
dépendance et le leadership sont à l'origine de la plupart des
conflits (Cliquet G. et al 2003, op. cit.). Un certain nombre de
résultats généraux issus des travaux empiriques ont
été mis en évidence (Filser M., 1992) :
- Lusch R. et Brown J.23(*) le recours à des sources de pouvoir
coercitives conduit l'institution subordonnée à percevoir plus
fortement le pouvoir du leader que le recours à des sources non
coercitives ;
- Un niveau élevé de pouvoir d'une institution
conduit à une diminution de la satisfaction des membres du canal (Walker
O.-c.)24(*) et surtout
à une détérioration des performance du canal de
distribution (Etgar M., 1976)25(*);
- Un niveau élevé de pouvoir d'une institution
entraîne la survenance de conflit entre les membres du canal de
distribution (Wilkinson I.-F., 1981)26(*) ;
- Une institution qui se trouve dans une situation de
dépendance excessive à l'égard d'une autre institution
cherche toujours à se doter d'un contre-pouvoir à l'égard
du leader Lusch R. (1976)27(*).
Même si dans certains cas l'exercice du pouvoir est
à l'origine des situations conflictuelles, dans
d'autres cas, en revanche, le pouvoir donne l'occasion au leader du canal de
susciter l'adhésion, la coopération des autres membres à
son « projet » en vue d'améliorer la performance d'ensemble
par le biais d'effets de synergie (Pras, 1991).
1.3. La coopération verticale dans la canal de
distribution
L'analyse des coopérations entre niveaux du canal de
distribution constitue traditionnellement un sujet de réflexion majeur
dans la littérature sur les canaux de distribution, à la fois aux
plans managérial et théorique. Les travaux récents sur les
canaux de distribution, de plus en plus centrées sur les dimensions
stratégiques et organisationnelles, offrent un terrain de renouvellement
intéressant de la façon d'aborder les mécanismes
coopératifs, tant du point de vue du producteur que du distributeur
(Beche J., 2002)
Les relations d'échange entre les distributeurs et les
fournisseurs sont historiquement construites dans un cadre conflictuel. Mais,
depuis le milieu des années 1990, elles semblent avoir amorcé
une inflexion: d'un état transactionnel et statique, elles se
métamorphosent pour prendre un caractère relationnel et
dynamique (Lepers X., 2003) On assiste à un glissement d'un
marketing des transactions vers un marketing des relations dans lequel une
coopération mutuelle et une interdépendance des parties sur le
long terme remplacent le face-à-face exclusivement compétitif et
conflictuel du choix à court terme de la part d'acteurs
indépendants (N'Goala, 1988). Les entreprises du canal de distribution
sont donc conduites à travailler sur la relation plutôt que sur la
transaction. La littérature marketing affirme d'ailleurs la pertinence
d'une vision relationnelle de l'échange. Celle-ci consiste selon Filser
M. (2000) à rechercher des solutions satisfaisantes pour les deux
parties et se manifeste par leur volonté d'aboutir à
l'augmentation de l'efficacité globale du canal de distribution. La
coopération fait donc référence aux situations pour
lesquelles, les parties en présence cherchent ensemble à
atteindre des objectifs communs. Leur objectif commun est de réduire les
coûts et de mieux répondre à la demande des consommateurs.
Tout système de distribution ne peut survivre que si
toutes les sociétés composantes considèrent qu'elles
servent le même marché-cible et défendent le même
marketing-mix des produits qu'elles distribuent. On voit que tous les membres
du canal sont liés par un engagement produit-marché, par une
sorte de contrat moral par lequel ils appartiennent au même
système distributif. Si cette unification du réseau peut se
faire, elle conduit à une coopération plus franche, à une
participation à l'effort commun (Cracco, 1985).
Ce besoin de coopération dans les canaux a d'ailleurs
été reconnu par de nombreux auteurs en complément de la
vision plus conflictuelle précédente. Mallen B. (1667) rappelle
que le fait de joindre de multiples services aux produits qui
renchérissent le prix s'une façon très forte, conduit
normalement le fabricant à considérer l'intermédiaire
comme des partenaires à part entière. Vu ainsi, il est vrai que
les membres d'un canal de distribution ont davantage d'objectifs convergents
que divergents et donc que l'état de coopération dans les canaux
est une réalité courante.
Le concept de coopération reste encore ambigu,
même s'il est montré que la qualité de la communication
(vocabulaire utilisé) la vitalité de la négociation, le
partage d'un même système de valeur ou la nécessité
de riposter à une menace (nouveaux concurrents) influencent la
volonté de coopérer au sein des canaux.
En fait, la coopération dans un canal est vue comme
l'établissement d'une seule et unique stratégie pour tous les
membres, chaque entreprise intermédiaire se limitant à ne retenir
que des décisions stratégiques propres, compatibles avec la
stratégie centrale admise par tous. Ainsi, si un grossiste a
établi avec ses détaillants une stratégie pour atteindre
un marché-cible donné, un fabricant n'a pas à
répété cette analyse s'il vise ce même
marché. Il se contente de considérer le coût qui englobe
toutes les activités dans le canal pour faire passer ses produit et les
services qui y sont joints jusqu'au consommateur. Cela comprend
l'évaluation des possibilités du marché, des
quantités à écouler, des campagnes publicitaires et
promotionnelles et des prix.
Du point général, l'intérêt des
travaux sur les canaux de distribution issus du courant behavioriste a
été de mettre en évidence les variables et de proposer des
modèles les reliant. Ces travaux complètent l'approche purement
économique des canaux et constituent le fondement pour un nouveau cadre
d'analyse intégrant ces deux approches : le modèle de
l'économie politique.
2. DU MODELE INTEGRATEUR AUX
ANALYSES STRATEGIQUES
Le souci de rapprocher les aspects économiques et
comportementaux des canaux de distribution, dans une volonté de les
intégrer dans un seul cadre d'analyse guide désormais les
chercheurs dans leurs réflexions sur la dynamique des canaux de
distribution (Arndt, 1983) Ainsi depuis le milieu des années
quatre-vingts, les canaux de distribution ne sont plus analysés comme
auparavant. On assiste à un glissement d'une vision unidimensionnelle
(économique ou comportementale) des canaux de distribution vers une
vision multidimensionnelle voire multidisciplinaire (Senkel M.-P., 2000) Cette
vision intégrative ouvre la voie à un renouvellement
théorique majeur à travers le modèle de l'économie
politique des canaux de distribution.
2.1. Le modèle de l'économie politique des
canaux de distribution
Le modèle de l'économie politique constitue sans
doute à ce jour l'une des voies les plus prometteuses de
renouvellement de la recherche sur les canaux de distribution. Il analyse les
relations entre la structure économique du canal, les processus
sociopolitiques internes et la performance du canal (Filser M., 1992).
Le modèle d'économie politique du canal est une
adaptation, au canal de distribution, du modèle d'économie
politique des organisations élaboré en 1970 par Zald 28(*) (SENKEL M-P, 2000). Le cadre
original a été élaboré par Stern et Reve en 1980.
Le canal de distribution y est appréhendé comme un système
à l'intérieur duquel interagissent des forces économiques
et des forces comportementales affectant sa performance. Comme le montre le
tableau 3 , le modèle de l'économie politique
considère le canal de distribution autour de deux grands
pôles :
L'économie politique
interne : ici, le canal de distribution est
considéré comme une organisation à intérieure de
laquelle s'établit une combinaison d'une structure et d'un ensemble de
processus de fonctionnement.
L'économie politique
externe : caractérise l'environnement dans lequel
évolue le canal de distribution considéré comme une
organisation.
Chaque pôle est de nouveau divisé en une
économie et une politique. Nous nous trouvons ici en présence
d'une analyse tridimensionnelle comme l'a écrit Arndt (1983,) :
interne/externe, économique/politique, structure/processus.
Tableau 3 : Le
modèle de l'économie politique des canaux.
ECONOMIE
POLITIQUE
DU CANAL
|
ECONOMIE
POLITIQUE
INTERNE
(Canal)
|
ECONOMIE
INTERNE
|
Structure
Economique
Interne
|
Forme
Des transactions
(marché-hiérarchie)
|
Processus
Economique
Interne
|
Mécanisme de décision (critères de
performance)
|
POLITIQUE
INTERNE
|
Structure
Sociopolitique interne
|
Relations de pouvoir et de dépendance
|
Processus
Sociopolitique interne
|
Sentiments dominants
(climats des transactions)
|
ECONOMIE
POLITIQUE
EXTERNE
(Environnement)
|
ECONOMIE
EXTERNE
|
|
|
POLITIQUE
EXTERNE
|
|
|
Source : Filser M. (1992)
Dans cette première version du modèle, les
auteurs n'ont pas suffisamment abordé l'aspect "externe". Il faudra
donc attendre les travaux de Achrol, Reve et Stern (1983) pour compléter
le modèle initial en développant l'analyse de l'environnement
externe du canal. L'objectif du modèle est de considérer l'impact
des forces environnementales sur la structure et les processus de
fonctionnement de la dyade.
Stern T. et Reve L.-W. (1980) présentent le
modèle d'économie politique comme l'analyse des interactions
entre des structures et des processus ayant une incidence sur les comportements
et sur la performance. Or, cette notion de performance n'est pas
réellement développée dans leur première approche.
Rendre explicite la présence de la performance est l'objectif du
modèle de Reve T. et Stern L.-W. (1985). Il analyse les relations entre
la structure économique du canal, les processus sociopolitiques internes
et la performance du canal (Filser 1992).
Cette analyse de l'environnement externe et de son impact sur
l'économie politique interne des canaux a été reprise en
1985 par Dwyer R. et Welsh M.-A.29(*), qui, contrairement à Achrol, Stern L.-W. et
Reve T. , privilégient deux dimensions de l'environnement (Jeanmougin C.
1992) :
- Homogénéité -
hétérogénéité de l'environnement ;
- Stabilité- instabilité de l'environnement.
Ces auteurs parviennent à mesurer l'effet de ces
variables sur la configuration du canal (intégré ou non) ainsi
que sur les structures et sur les processus de participation aux
décisions. D'une manière générale, le modèle
de l'économie politique offre deux contributions importantes soit du
point de vue théorique ou soit du point de vue méthodologique
(Filser M., 1992) :
- du point de vue théorique, il permet
d'intégrer tous les modèles théoriques antérieurs
c'est-à-dire les modèles économiques et comportementaux
(voir tableau 5).
- du point de vue méthodologique, il permet de
formaliser une méthodologie d'analyse spécifique en fonction des
préoccupations du chercheur. Ainsi, le chercheur peut par exemple
chercher à analyser l'influence de l'incertitude de l'environnement sur
la forme des transactions (ce qui ce situe dans la logique de
l'hypothèse de la théorie des coûts de transaction), ou
encore le degré de consensus des institutions autour des objectifs du
canal sur la performance du canal.
Tableau 4 :
Modèles économiques, modèles comportementaux, et
modèle d'économie politique des canaux
MODELES ECONNOMIQUES ET COMPORTEMENTAUX
Théorie des coûts de transaction
Modèle de délégation fonctionnelle
Modèle de décalage et spéculation
Modèles de pouvoir et de leadership
Modèles de confit et de coopération
MODELE D'ECONOMIE POLITIQUQUE
|
ECONOMIE INTERNE
|
Structure
Economique
Interne
|
Forme
Des transactions
(marché-hiérarchie)
|
Processus
Economique
Interne
|
Mécanismes de
Décision (critères de performance)
|
POLITIQUE INTERNE
|
Structure
sociopolitiques
interne
|
Relations de pouvoir
et de dépendance
|
Processus
Sociopolitiques
interne
|
Sentiments
dominants
(climat des transactions)
|
Source : Filser M. (1992)
Malgré ces apports significatifs du modèle de
l'économie politique des canaux dans l'analyse de la dynamique des
canaux de distribution, une dimension reste cependant sous-traitée.
Comme le constate Filser M. (1992), les stratégies individuelles des
firmes ne sont pas explicitement prise en compte, or les stratégies des
firmes ne sont pas sans influencer l'évolution du canal de distribution.
Face à cette lacune, il faut noter l'émergence de travaux qui
abordent le thème des canaux de distribution dans une perspective
stratégique. Ces travaux complètent les théories
réunies au sein du modèle de l'économie politique. Dans la
section suivante nous aborderons cet aspect stratégique des canaux de
distribution.
2.2. L'apport de la stratégie
En raison de son lien de parenté avec le paradigme
Structure-Comportement-Performance de l'économie industrielle (Filser
M., 1992), le modèle d'économie politique peut sans conteste
intégrer l'approche stratégique. L'auteur précise
que : « Les modèles intégrateurs permettent de
réaliser un diagnostic approfondi de l'état du marché, du
canal et de l'environnement et d'orienter ainsi la stratégie de la
distribution de la firme. »
Dans cette logique, les travaux les plus récents
abordent le thème des canaux de distribution dans une perspective
stratégique.
2.2.1. Les stratégies génériques de
Porter
A la question « comment intégrer la
distribution à la stratégie de la firme membre du canal, que
celle-ci soit un producteur ou un intermédiaire ? »,
Filser M. (1992) propose de partir de l'analyse stratégique de Porter
(1982). Porter (1982) développe une typologie des stratégies
génériques qui peuvent être adoptées lorsque
l'entreprise envisage de rester sur son métier de base, dans son secteur
d'activité et d'y acquérir un avantage concurrentiel. Selon
l'auteur, une entreprise qui cherche à acquérir un avantage par
rapport à ses concurrents peut recourir à trois stratégies
de base en fonction de l'avantage stratégique et de la cible
stratégique comme l'illustre le tableau n° 5 :
- Si la firme recherche la domination par les
coûts, elle va surtout optimiser les activités de
distribution physique (gestion des flux et des stocks). L'on se trouve ainsi
dans la logique des modèles économiques en
référence au concept de recherche du coût minimal. Cette
recherche du coût minimal peut engendrer des situations conflictuelles
entre les institutions qui se trouvent en concurrence pour partager les gains
de productivité.
- La firme qui pratique une stratégie de focalisation
(ou de concentration) accorde plus d'importance à son système de
distribution ce qui l'oblige soit à l'intégration pure et simple
de son canal de distribution ou soit à une coopération
étroite avec les institutions dont elle a besoin. Cela lui permettra de
bénéficier d'un accès efficient à son segment de
marché.
- Enfin, la stratégie de différenciation peut
également elle aussi tirer parti d'un canal conférant à la
firme une meilleure image en termes de qualité du service ou
d'exclusivité de l'offre. De même que dans le cas de la
focalisation, on peut s'attendre à une coopération étroite
entre les institutions composant le canal.
Tableau 5
: Les stratégies génériques de Porter
|
Avantage stratégique
|
Le caractère unique du produit
est perçu par la clientèle
|
La situation de la firme se
caractérise par des coûts faibles
|
Cible stratégique
|
Le secteur tout entier
|
DIFFERENCIATION
|
DOMINATION GLOBALE AU
NIVEAU DES COÜTS
|
Un segment particulier
|
CONCENTRATION
|
Source : Porter M. (1982)
En 1991, Lapassouse reprend ces travaux sous l'angle du
distributeur en analysant le comportement des grossistes dans le domaine
industriel.
2.2.2. Les stratégies d'affrontement,
d'évitement et de coopération
Ces premières réflexions stratégiques sur
les canaux de distribution présentent un aspect un peu restrictif dans
la mesure où elles prennent en compte avant tout les objectifs
stratégiques d'un membre du canal, négligeant la capacité
d'anticipation ou d'ajustement des autres institutions. (Filser M., 1992)
Aussi, ces réflexions héritées surtout des
stratégies de porter (1982), consistent uniquement en des
stratégies tournées vers l'aval, alors que le marché n'est
pas le seul lieu de rivalité des institutions (Bensebaa F. et Le Goff
J.,1999 )
Pour palier à ces imperfections, Koenig G.
(1990)30(*) propose trois
stratégies de base, représentées dans le tableau 3 :
l'affrontement, l'évitement et la coopération.
Tableau 6 :
Les différents types de relations entre adversaires-partenaires
économiques
Relations
|
Fortes
|
Faibles
|
Non créatrices de valeur
|
Affrontement
|
Evitement
|
Créatrices de valeur
|
Coopération
|
Source : Koenig (1990)
Pras B. (1991) qui s'intéresse aux relations entre les
stratégies des différents membres du canal de distribution va
utiliser ce cadre théorique élaboré par Koenig
(conjugué à l'analyse comportementale et notamment à la
notion de pouvoir) et l'adapter au cas particulier de la relation
producteur-distributeur dans l'agro-alimentaire. La question que se pose
l'auteur est alors la suivante : « Comment réagissent les
producteurs face à l'intégration de nouvelles technologies de
l'information, face à l'appropriation de la logistique par les
distributeurs ? » A cette préoccupation, l'auteur identifie
trois différents types de stratégies :
- Les stratégies
génériques et d'évitement :
différenciation du produit, réduction des coûts de
logistiques ou encore focalisation sur un segment de marché,
- Les stratégies de résistance
et d'affrontements transactionnels : les producteurs vont alors
tenter de se soustraire à la toute puissance d'un type de distribution
en trouvant des alternatives comme la création d'un réseau de
distribution autonome ou essayer d'acquérir une taille plus importante
leur donnant plus de poids vis à vis des distributeurs.
- Les stratégies de
coopération, par exemple la fabrication par les
producteurs de marques de distributeurs. Pras B. (1991), au sujet de la
coopération, ajoute que « ces démarches de
coopération sont néanmoins délicates et nécessitent
une relation stable et étroite entre les acteurs. Elles
s'appuient sur une relation et un pouvoir stabilisés et donc souvent
sur des stratégies de résistance
préalable ».
Le cadre d'analyse ainsi proposé par Pras B. (1991) est
particulièrement intéressant dans la mesure où il rejoint
le modèle de l'économie politique sur certains points sans
cependant être redondant (Bensebaa F. et Le Goff J., 1999).
CONCLUSION DE LA PREMIERE
PARTIE
Cette première partie de notre travail,
consacrée à la revue de la littérature, nous a permis de
passer en revue les différents outils théoriques permettant
l'analyse de la relation producteur- distributeur.
Dans cette perspective, nous avons présenté dans
un premier temps les apports des analyses économiques des canaux de
distribution. Deux logiques servent de fondement à ce courant de
recherche. Il s'agit de la réduction de coûts des fonctions
distributives et de la création d'utilité pour le compte du
consommateur. Malgré ces acquis significatifs des approches
économiques des canaux de distribution, elles présentent des
faiblesses notoires : elles ignorent le distributeur et subordonnent le
système de distribution aux objectifs du producteur, en analysant la
distribution comme un ensemble de fonctions techniques d'écoulement et
d'optimisation proches des fonctions de production.
C'est pour ces raisons, qu'un nouveau courant de
pensée a émergé dans la recherche en distribution dans les
années 70 : il s'agit du paradigme sociologique ou comportemental
qui considère le canal de distribution comme « un réseau de
relations inter-organisationnelles qui fait naître des
phénomènes de pouvoir, de coopération ou de conflit »
L'intérêt de ce courant de recherche a été de mette
en évidence les variables et de définir une relation entre ces
variables. Les travaux s'inscrivant dans ce courant de recherche
complètent l'approche purement économique des canaux. Ce
paradigme a contribué indéniablement à une meilleure
compréhension des relations inter- organisationnelles dans les canaux de
distribution, mais la recherche d'un cadre intégrateur d'analyse des
canaux de distribution constitue désormais la préoccupation des
chercheurs.
Ainsi, à partir des années 80, les travaux les
plus innovants tendent à intégrer dans un même cadre les
analyses économiques et comportementales : le modèle de
l'économie politique. Ce modèle permet de dépasser la
vision parcellaire habituelle et d'étudier l'organisation et les
transformations du canal de distribution de façon systématique et
efficace. Il permet en outre l'intégration des stratégies des
firmes dans l'analyse des canaux de distribution. En ce sens, il constitue
sans doute aujourd'hui le modèle d'analyse du canal de distribution le
plus complet. Pour ces raisons, ce modèle va constituer la base
théorique de notre travail en s'appuyant surtout sur la structure
sociopolitique pour analyser les relations de pouvoir et de la
dépendance entre le fournisseur et le distributeur dans un contexte
relationnel de l'échange.
Nous voici maintenant doté d'une revue de la
littérature sur notre sujet de recherche. Il nous reste à
préciser nos choix méthodologiques nous permettant de mener
à bien la partie empirique de notre travail.
DEUXIEME PARTIE :
APPROCHES METHOLOGIQUE ET EMPIRIQUE
La première partie de notre travail a été
rédigée à partir des informations recueillies de la
littérature. Dans cette deuxième partie, nous exposerons la
procédure utilisée pour vérifier ces informations par
l'approche méthodologique et pratique. Tout travail de recherche repose
sur une certaine vision du monde, utilise une méthodologie, propose des
résultats visant à prédire, comprendre, construire ou
expliquer (Perret V. et Séville M. , 2003)
CHAPITRE III :
ASPECTS METHODOLOGIQUES
Tout travail de recherche nécessite que les choix
méthodologiques qui la fondent soient posés. Dans cette
perspective nous abordons dans ce chapitre les aspects méthodologiques
de notre travail de recherche.
Avant d'exposer nos choix méthodologiques, nous
proposons de présenter le réseau de distribution de l'huile de
l'huile de cuisine au Togo.
1. PRESENTATION DU RESEAU DE
DISTRIBUTION DE L'HUILE DE CUISINE AU TOGO
La distribution de l'huile de cuisine au Togo comme la plupart
des produits de grande consommation est assurée par un commerce
traditionnel caractérisé essentiellement par les boutiques
populaires et les marchés. Les canaux de distribution sont
généralement longs. On y trouve les fournisseurs, les grossistes
et les semi-grossistes, les détaillants et les semi- détaillants
et enfin les consommateurs.
Avant de donner les caractéristiques de ces acteurs
intervenant dans la commercialisation de l'huile de cuisine au Togo, nous
souhaitons tout d'abord présenter le produit en question.
1.1. L'huile de cuisine
L'huile de cuisine est un produit de consommation familiale
essentiellement utilisé dans la cuisine. Elle est fabriquée
à base de produits oléagineux. On trouve sur le marché
togolais plusieurs marques. On peut citer par exemple Nioto, Regal Or, Bonita,
Oméga......Selon un rapport récemment publié par
l'«Association Togolaise des Consommateurs» (ATC), trente deux
différentes marques d'huile de cuisine sont vendues sur le marché
togolais.
Les fournisseurs présentent généralement
l'huile de cuisine dans des bidons de 25, 20, 10, 5, 3, 2 ou 1 litres.
1.2. Les acteurs de la distribution de l'huile de cuisine
au Togo
Comme nous l'avons déjà dit, la
commercialisation de l'huile de cuisine au Togo est prise en charge par un
réseau de distribution traditionnel. On y trouve :
- Les fournisseurs : ils regroupent les
fabricants locaux et les importateurs. Ils ont implanté leurs magasins
au grand marché de Lomé où les grossistes et semi-
grossistes peuvent s'approvisionner.
- Les grossistes: ce sont des
commerçants indépendants qui effectuent leurs achats chez les
fournisseurs (fabricants ou importateurs) et les revendent aux semi-grossistes
et aux détaillants. dans certains cas. Ils ont
généralement leurs magasins soit au grand marché de
Lomé, soit dans certains quartiers de Lomé ou soit dans les
autres villes du Togo.
- Les semi-grossistes : ce sont des
commerçants qui s'approvisionnent chez les grossistes pour servir les
détaillants et/ou les semi-détaillants. Ils ont leurs magasins
dans les quartiers. Ils travaillent surtout le petit commerce traditionnel.
- Les détaillants et les semi-
détaillants : dans cette catégorie, on trouve les
boutiques populaires généralement appelées
« alimentation générale » implantées
dans les quartiers et dans certains villages et les bonnes femmes qui vendent
dans les marchés. On retrouve également des commerçant
installés devant leur maison qui alimentent les ménages de leur
entourage. Ils s'approvisionnent généralement chez les
grossistes et les semi-grossistes. Ils achètent des bidons d'huile de
25, 20, ou 10 litres qu'ils revendent aux consommateurs en petite
quantité (1 litre, demi litre, quart de litre......)
- Les consommateurs : ce
sont les ménages qui font leurs achats dans les boutiques
populaires, dans les marchés en petite quantité et chez les
semi-détaillants proches.
Il noter que le secteur de la distribution de l'huile de
cuisine au Togo est un secteur très informel constitué de canaux
de distribution généralement longs.
2. LES HYPOTHESES DE
RECHERCHE ET LEUR MODE DE VERIFICATION
Notre recherche vise fondamentalement à répondre
à trois interrogations :
- Quel est le niveau d'influence du fournisseur de
l'huile de cuisine dans le canal de distribution?
- Comment les normes relationnelles de l'échange
influencent-elles le pouvoir du fournisseur ?
- Comment la dépendance relative du distributeur
à l'égard du fournisseur influence- t-elle le pouvoir du
fournisseur ?
Pour fournir des éléments de réponse
à ces questions de recherche, cette étude se donne pour objectif
de tester empiriquement trois hypothèses définies à cet
effet. Notre recherche se situe donc dans une approche déductive.
En prélude à la proposition des
hypothèses de recherche, il convient de préciser le cadre
théorique de notre étude.
2.1. Base théoriques des hypothèses de
recherche
Comme nous l'avons déjà souligné dans
la première partie de notre travail, les bases conceptuelles
utilisées par les chercheurs qui s'intéressent aux relations
verticales dans le canal marketing ont été soumises à une
influence soit économique, soit comportementale, soit encore à
une intégration de ces deux courants (le modèle de
l'économie politique).
Au regard de la littérature sur les canaux de
distribution, il semble qu'aujourd'hui les perspectives les plus riches se
situent dans ce modèle intégrateur. L'apport du modèle de
l'économie politique réside notamment dans la conception
élargie de la performance du canal de distribution à la fois sur
le plan économique et sur le plan politique (Filser M., 2000, op. cit.).
Premièrement, le modèle de l'économie politique accorde
une place centrale aux relations de dépendance et pouvoir dans la
recherche du contrôle et de l'efficience de la coordination inter-
organisationnelle. L'auteur montre qu'au-delà de la rentabilité
des actifs investis, la structure relationnelle du canal de distribution
favorise les comportements innovants (la performance économique). De
même, au-delà du contrôle, cette structure relationnelle
favorise la satisfaction et l'ajustement des objectifs des membres du canal
(performance politique). Dans le cadre de cette recherche, nous souhaitons
rester dans cette approche intégratrice pour répondre à
nos questions de recherche en nous appuyant notamment sur :
- les travaux sur le pouvoir et la dépendance ;
- le paradigme de l'échange relationnel.
Le recours à ce cadre théorique nous a permis
de formuler trois hypothèses établissant des relations entre le
pouvoir du fournisseur et les normes relatives de échange puis la
dépendance du distributeur à l'égard du fournisseur.
2.2. Les hypothèses de recherche
Notre recherche se situe dans la logique
hypothético-déductive. Cette démarche consiste à
élaborer initialement une ou plusieurs hypothèses et à les
confronter ensuite à une réalité.
Nos propositions de recherche concernant notamment le
contrôle vertical ou l'exercice du pouvoir dans le canal de distribution
ainsi que l'impact des normes relationnelles de l'échange et de la
dépendance relative du distributeur à l'égard du
fournisseur sur ce contrôle.
Nous formulons ainsi notre première hypothèse
dans les termes suivants :
Hypothèse H1 : « Les
fournisseurs de l'huile de cuisine au Togo ont une influence plus importante
que leurs distributeurs dans la prise des décisions marketing relatives
à la vente de leurs produits».
Cette première hypothèse analyse les
manifestations du pouvoir dans le canal de distribution à travers
l'influence qu'exercent les acteurs (fournisseurs ou distributeurs) sur les
principales décisions marketing relatives à la promotion et
à la vente des produits. C'est hypothèse fondamentale de notre
recherche. Son objectif est de préciser le niveau d'influence du
fournisseur dans le canal de distribution après les opérations
d'achat et vente. Frery F., (1996) a su montrer l'importance du
« contrôle » dans les structures
inter-organisationnelles. Il précise qu'en l'absence d'un organe formel
de gouvernance, une structure inter-entreprises perd une grande partie de ses
avantages, pour devenir un simple marché, avec toutes les
déficiences que les économistes associent à ce mode de
régulation.
Si la première hypothèse vise à
répondre à notre première question de recherche (Quel
est le niveau de d'influence du fournisseur dans le canal de distribution
après les opérations d'achat et de vente ?) la
deuxième et la troisième hypothèse veulent apporter des
éléments de réponse à la seconde et la
troisième question de recherche. Plus précisément, nous
cherchons maintenant à d'identifier le lien entre le pouvoir du
fournisseur et certains éléments caractérisants de
l'échange. Il s'agit tout d'abord analyser le lien entre le pouvoir du
fournisseur et les pratiques relationnelles dans le canal de distribution.
Ensuite nous nous intéresserons au lien qui existe entre le pouvoir du
fournisseur et la dépendance relative du distributeur vis-à-vis
de ce dernier.
Pour construire ces hypothèses nous nous sommes
appuyés sur le paradigme relationnel et sur la théorie du pouvoir
et de la dépendance.
Hypothèse 2 : « Plus
l'échange est du type relationnel, plus l'influence du fournisseur est
élevée dans le canal de distribution de l'huile de cuisine au
Togo »
Cette hypothèse a pour finalité de valider
statistiquement le lien qui existe entre le pouvoir du fournisseur et les
pratiques relationnelles dans le canal de distribution. Des études
empiriques ont montré que l'instauration de liens affectifs augmente la
dépendance de l'autre. Heide et John (1990) montent que les normes
relationnelles sont nécessaires pour acquérir un contrôle
vertical. Pour ces auteurs, les liens affectifs permettent par exemple
à la firme A de se prémunir dans une certaine mesure contre
l'opportunisme de la firme B. Ce champ de recherche met l'accent sur
l'intérêt des acteurs à construire des échanges
relationnels. Grönroos (1996) précise par ailleurs que le marketing
relationnel s'est développé au cours des années 80 et 90
en mettant l'accent sur la coopération. Dans ce travail, l'aspect
relationnel de l'échange sera appréhendé de la gestion des
flux de marchandises et d'informations associées. Depuis la contribution
majeure de Bowerxox et al (1980) nous savons qu'un canal de distribution peut
se décomposer en deux canaux distincts : le canal transactionnelle et le
canal logistique. Le canal logistique se prête effectivement à des
rapprochements entre industriels et distributeurs si l'on part du principe
qu'une gestion efficace des flux de marchandises et d'informations
associées présuppose la recherche de solutions de synthèse
plus satisfaisantes que la somme de solutions individuelles (Colin et
Paché (1980). Dans ces conditions, la logistique constitue un champ
privilégié d'analyse des relations coopératives au sein du
canal de distribution (Bonet D., 2000).
Hypothèse H3: « Plus la
dépendance relative du distributeur est grande, plus le pouvoir du
fournisseur est élevé dans le canal de distribution de l'huile de
cuisine au Togo »
L'objet de l'hypothèse H3 est de valider
statistiquement le lien qui existe entre le pouvoir du fournisseur et la
dépendance relative du distributeur vis-à-vis de ce producteur.
Nous avons vu avec les théoriciens sur le pouvoir et la
dépendance que le pouvoir et la dépendance sont inversement
corrélés c'est-à-dire que le pouvoir de l'acteur A sur
l'acteur B est donc équivalent et est basé sur la
dépendance de B par rapport à A. De nombreuses recherches
semblent indiquer l'existence d'une relation de cause à effet entre le
pouvoir, compris en terme de dépendance, et les stratégies
d'influence. Ainsi, selon Anderson & Narus (1990), la partie la moins
dépendante ne peut exercer une forte position d'influence sur son
partenaire : « la dépendance relative est un
antécédent significatif de l'influence dans les relations
partenariales, ce qui suggère que la partie la moins dépendante
peut exercer avec succès des stratégies. Par opposition, plus un
acteur est dépendant, moins il utilise de stratégies coercitives
(Frazier et al. 1989). L'hypothèse H2 lie donc le pouvoir du fournisseur
et la dépendance relative du distributeur.
3. OPERATIONNALISATION DES
VARIABLES DE RECHERCHE
Cette étape de notre processus vise à
déterminer la nature des données à collecter,
c'est-à-dire de passer du concept à la variable et de la variable
aux données empiriquement mesurables.
Nos hypothèses de recherche proposées
établissent des liens entre trois variables: le pouvoir (contrôle)
la dépendance relative du distributeur et les normes relationnelles dans
le canal de distribution. La critique systématiquement adressée
aux approches théoriques qui fondent les hypothèses de cette
recherche est relative à la difficulté
d'opérationnalisation des concepts choisis. Nous allons donc porter un
soin particulier aux mesures empiriques des variables de notre recherche en
adoptant une méthode appropriée et en nous appuyant aussi sur
les propositions des auteurs académiques.
3.1. La méthode perceptuelle
Notre travail de recherche a un caractère qualitatif
compte tenu de la nature même de nos variables de recherche. Conscient
de la difficulté d'observation de ces variables dans le cadre du canal
de distribution, nous avons opté pour une approche fondée sur
la perception des acteurs pour mesurer empiriquement nos variables de
recherche. Cette méthode consiste en effet à rendre
opérationnelles des informations d'ordre qualitatif en les transformant
en données quantifiées le long d'une échelle ordinale ou
intervalle. Cette méthode est d'usage courant dans bon nombre de
recherches notamment dans les études d'opinions et d'attitudes.
La méthode perceptuelle n'est pas exempte de critiques.
Tout instrument de mesure qui se réfère à l'avis de
l'interviewé doit prendre en compte comme limite, le comportement de ce
dernier. Ce biais constitue un écueil majeur de la méthode
perceptuelle. De toute façon, il y a lieu de signaler qu'une
méthode ne peut être fiable à 100%.
Ces échelles de mesure sont souvent classées en
deux groupes (Evard Y. et al, 2003) :
- les échelles simples :
consistent à mesurer un phénomène avec une seule
question ;
- les échelles
multiples : permettent de mesurer un phénomène
avec plusieurs questions.
Dans notre étude nous retiendrons les échelles
multiples car elles contribuent à augmenter la fiabilité de
l'instrument utilisé. Le principe des échelles multiples consiste
à proposer à la personne interrogée un ensemble d'items
qui sont supposés caractériser concept que l'on veut mesurer.
Ainsi, l'identification des propositions évaluatives ou items constitue
un préalable indispensable pour la rédaction du questionnaire.
Ces items peuvent selon Evard Y. et al (2003, op. cit.) provenir de pré-
études exploratoires ou antérieures. Dans le cas présent
de cette étude, la plupart de nos items sont issus des études
antérieures. Toutefois, il faut noter que nous avons apporté
quelques adaptations pour tenir compte de la spécificité de notre
champ de recherche.
Il existe en effet plusieurs échelles multiples mais
nous souhaitons adopter des échelles de Likert en cinq points de mesure
pour l'ensemble de nos variables qualitatives. Le choix de ces échelles
est motivé par deux raisons fondamentales :
- elle est plus facile à comprendre;
- elle est peu sensible au mode de collecte des
données.
Nos items sont donc évalués sur des
échelles de type Likert à cinq positions qui permettent de
mesurer l'importance d'un critère, le degré de désaccord
ou d'accord avec une proposition, l'appréciation défavorable ou
favorable d'un jugement et la fréquence de certains
éléments de la relation d'échange entre le fournisseur et
le distributeur.
3.2. L'opérationnalisation des variables de
recherche
Cette partie nous permet de détailler les variables de
recherche en définissant les indicateurs empiriques susceptibles de
mesurer ces variables.
3.2.1. L'opérationnalisation du pouvoir et de la
dépendance
Le pouvoir, comme nous l'avons souligné dans la
première partie de notre travail, est appréhendé
aujourd'hui de deux manières (Filser M. et al 2001, op. cit.) : soit en
terme de dépendance, soit à partir de ses sources. Notre
présentation prolongera ce découpage dans lequel s'inscrivent
également les travaux du canal marketing.
. Le pouvoir
Pour une appréhension plus concrète du pouvoir,
notamment dans son exercice, il faut se tourner vers les travaux
intégrant le pouvoir à travers ses sources. Nous avons
mesuré cette variable à travers le niveau de
responsabilité du distributeur par rapport au fournisseur dans la prise
de certaines décisions marketing. Ces décisions marketing
concernent essentiellement :
- Le choix du lieu géographique de vente ;
- La fixation du prix de vente au client final ;
- La disposition des produits dans le magasin du
distributeur ;
- L'ajustement quantitatif des marchandises ;
- Le choix de formation des vendeurs du distributeur ;
- La participation du distributeur aux séminaires de
vente organisés par le fabricant ;
- L'organisation de campagnes publicitaires ou de promotion
par le distributeur ;
- La résolution des problèmes techniques
soulevés par le client final.
Pour chacune des ces décisions, les distributeurs ont
été invités à indiquer leur niveau perçu
d'autonomie ou de responsabilité par rapport à leur plus grand
fournisseur de l'huile de cuisine sur une échelle de Likert à
cinq point allant de « Ce fournisseur en a quasiment
toute la responsabilité » à
« Notre entreprise à quasiment la
responsabilité complète »
· La dépendance
Le concept de dépendance connaît plusieurs
acceptions quant à son opérationnalisation dans les études
empiriques en marketing.
Une première conception se réfère au
besoin d'une firme A de maintenir la relation avec une firme B pour atteindre
ses objectifs (Frazier, 1983). L'approche par « les ventes et profits
» développée par Stern et El Ansary (1972) indique que le
chiffre d'affaires et le bénéfice sont deux objectifs cruciaux
pour des organisations à but lucratif. Dans cette conception, plus la
firme A contribue aux ventes et au profit de la firme B, plus B est
dépendante de A.
Une autre conception, il s'agit essentiellement d'une
dépendance liée à des alternatives potentielles, Stern et
El Ansary prennent également en compte la difficulté pour la
firme B de remplacer la firme A. Cet élément met l'accent sur la
disponibilité d'alternatives, composante de la dépendance
identifiée par Emerson (1962, op. cit.) ou sur le coût du
redéploiement vers d'autres alternatives (Cadotte et Stern, 1979). Kale
(1986) introduit en outre l'idée d'une dépendance « inter
temporelle » dans laquelle la dépendance actuelle de la firme B est
influencée par les contributions futures anticipées de la firme
A.
Pour apprécier la dépendance, Marchesnay
(1979)31(*) suggère
de retenir trois indicateurs : la concentration du flux d'échange qui
représente la part relative du flux d'échange, la
substituabilité, c'est-à-dire la possibilité
pour l'acheteur de trouver rapidement d'autres sources d'approvisionnements et
l'essentialité qui exprime le lien entre la
survie de l'entreprise et le flux d'échange.
Au regard de ces deux conceptions de la dépendance,
nous avons pu identifier 4 items pour mesurer empiriquement la
dépendance du distributeur vis-à-vis du fournisseur. Ces items
sont :
- La rupture de la relation avec notre fournisseur remettrait
en cause la survie de notre entreprise ;
- Notre fournisseur serait difficile à
remplacer ;
- Quitter ce fournisseur maintenant aurait un impact en terme
de coûts sur notre entreprise ;
- La vente des produits de ce fournisseur représente
plus de 20% notre du chiffre d'affaires annuel.
Ces items sont évalués sur une échelle de
Likert à cinq points allant de pas du tout
d'accord à tout à fait
d'accord.
3.2.2. Opérationnalisation des variables
relationnelles
Au regard des contributions théoriques majeures,
plusieurs indicateurs nous semblent pertinentes pour mesurer empiriquement les
variables relationnelles. Dans ce travail, nous avons retenu trois
indicateurs : il s'agit de l'apport logistique du fournisseur, la
communication et l'écoute et la prise en compte des
préoccupations du distributeur par le fournisseur.
- La communication : elle est associée
au partage formel et informel d'informations sensées opportunes entre
les firmes (Anderson et Narus, 1990). En ce sens, la communication comprend la
dimension d'échange d'informations. La communication transparaît
comme une variable cruciale : « la communication peut être
décrite comme une glue qui permet de maintenir la relation entre les
agents » (Mohr et Nevin, 1990). Véronique des Garets (1992) postule
que le flux d'information et son contrôle constituent l'un des enjeux des
rapports entre le distributeur et le fournisseur.
- La fréquence des contacts et les moyens
utilisés sont les deux principaux éléments ayant
permis la formulation des items nous permettant de mesurer ce concept. Les
moyens de communication retenus concernent les visites, les
réunions, les séminaires, le téléphone, la voie
informatique et la poste. Sept items évalués sur une
échelle à cinq points allant du «
jamais » à
« très souvent »
nous permettent de mesurer ce concept.
- L'apport logistique du fournisseur :
il s'agit ici de mesurer le degré de satisfaction du distributeur quant
l'apport du fournisseur pour la réalisation des opérations de
logistique telles que le transport des marchandises, le financement des stocks
et la constitution d'assortiment.
- Ecoute et prises en charge des préoccupations
du distributeur par le fournisseur : ce concept fait
référence d'une part aux possibilités pour le distributeur
de faire des suggestions et d'autre part à la prise en compte de ces
suggestions par le fournisseur. Un ensemble de quatre indicateurs a
été mis en évidence :
· Notre fournisseur demande toujours notre avis avant la
prise de toute décision relative à la vente de son
produit ;
· Nos suggestions sont toujours Prises en compte par
notre fournisseur ;
· En cas de difficulté, notre fournisseur nous
apporte son expertise ;
· La disponibilité de notre fournisseur favorise
le développement d'activités coopératives entre nous.
Nos hypothèses étant formulées et les
variables précisées, il nous reste maintenant au travers d'un
dispositif expérimental adapté, de mettre à
l'épreuve ces propositions de recherche.
4. PROCEDURE DE COLLECTE ET
DE TRAITEMENT DES DONNEES
Comme nous l'avons déjà dit, l'objectif de
l'étude de terrain est de valider empiriquement nos hypothèses de
recherche. Dans cet objectif, un plan de recherche a été
élaboré, dont les principaux éléments sont
présentés ci-dessous.
4.1. Procédure de collecte des
données
La collecte des données est faite à l'aide d'un
questionnaire administré à un échantillon de cinquante
(50) distributeurs de l'huile de cuisine.
Nous présenterons dans cette section les
caractéristiques essentielles de l'échantillon auprès
duquel l'étude est menée. Nous détaillons également
la structure du questionnaire que nous utilisons pour recueillir les
informations ainsi que son mode d'administration.
4.1.1. Échantillonnage
Compte tenu des contraintes auxquelles nous sommes soumis
(temps, moyens financiers et matériels limités) nous avons choisi
de limiter la taille de notre échantillon à cinquante (50)
distributeurs. Pour la sélection de ces distributeurs, nous avons
procédé en trois étapes :
- Premièrement, le domaine des produits alimentaires de
consommation courante ou à grande circulation a été
sélectionné. Pour des raisons de précision, nous limitons
notre champ de recherche en sélectionnant un seul produit. Il s'agit
de l'huile de cuisine, un produit alimentaire de consommation familiale.
- Deuxièmement pour des raisons de coûts, les
distributeurs faisant partis de l'espace géographique de la commune de
Lomé ont été retenus
- Enfin, nous souhaitons concentrer notre attention sur les
distributeurs les plus proches des consommateurs. Dans cette perspective, nous
avons sélectionné les magasins populaires communément
appelés « Alimentation
générale » implantés dans presque
tous les quartiers de Lomé. Ce choix est d'un grand avantage pour nous
en ce sens que cette catégorie de distributeur est plus facile
d'accès pour l'administration de notre questionnaire.
4.1.2. Le questionnaire et son administration
Le questionnaire a été le principal support de
la collecte des informations nécessaires pour notre étude. Il a
été élaboré à partir de la
littérature et des entretiens exploratoires que nous avons eus avec
quarte distributeurs.
4.1.2.1. La structure du questionnaire
Le questionnaire est présenté dans sa
totalité en Annexe 1 du présent travail. Il comporte trois
parties :
1 - La première partie comportant trois questions
nous permet d'identifier le plus grand fournisseur des distributeurs en huile
de cuisine, la durée de la relation du distributeur avec ce fournisseur
et l'origine du produit (produit fabriqué au Togo ou non)
2 - Les variables de la deuxième partie de notre
questionnaire sont essentiellement évaluées sur des
échelles multiples du type Likert à cinq positions qui
permettent de mesurer l'importance d'un critère, le degré de
désaccord ou d'accord avec une proposition. Cinq grands groupes
d'indicateurs structurent l'ensemble des variables de cette partie de notre
questionnaire :
- le degré de responsabilité
des acteurs du canal distribution (fournisseur et
distributeur) : ce thème permet de mesurer le degré
d'influence des acteurs dans le canal. Il s'agit concrètement de savoir
quel est l'acteur qui a plus de responsabilité dans la prise des
principales décisions marketing.
- Contacts et échange d'information
entre le fournisseur et le distributeur : ce thème
nous permet à déterminer les moyens de communication
utilisés ainsi que leur fréquence d'utilisation.
- L'apport du fournisseur dans l'organisation
des opérations de logistique du
distributeur : il s'agit ici de cerner le niveau
de satisfaction du distributeur quant au niveau de participation du fournisseur
à la réalisation ses opérations de logistique ;
- Écoute et prise en compte des
préoccupations du distributeur par le fournisseur.
- La dépendance relative du
distributeur à l'égard du fournisseur.
La dernière partie de notre questionnaire concerne
l'identification de l'entreprise et du répondant : nous avons
posé neuf questions pour déterminer les caractéristiques
de chaque distributeur constituant l'échantillon de l'enquête.
Les items utilisés pour les quatre variables de la
deuxième partie de notre questionnaire sont notés de 1 à 5
suivant un ordre croissant d'importance.
L'identification de l'entreprise porte sur sa raison sociale,
son statut juridique, sa date de création, son activité
principale, l'effectif de son personnel et son adresse.
S'agissant des caractéristiques du répondant,
trois questions sont posées dont l'une concerne la fonction
occupée par le répondant dans l'entreprise. Les deux autres sont
relatives à l'ancienneté du répondant dans l'entreprise et
dans la fonction occupée. Cette rubrique est très capitale car
elle permis de savoir si les informations dont nous avons besoin pour notre
recherche sont disponibles au niveau du répondant.
Une dernière question portant sur le souhait du
distributeur de recevoir un rapport de synthèse de l'étude est
posée. Ceci nous permettra de juger le degré
d'intérêt que les enquêtés accordent à cette
recherche bien que ce point ne fait partie des principaux objectifs
assignés à notre travail.
Nous avons souhaité placer l'identification de
l'entreprise et du répondant en dernière position de notre
questionnaire pour permettre aux répondants de se concentrer avant tout
sur les questions précédentes qui nous paraissent plus
pertinentes pour notre analyse.
Une fois la première version du questionnaire
élaborée, nous avons effectué un pré-test
auprès de sept distributeurs. Cela nous a permis de mettre à
l'épreuve la forme des questions, leur ordonnancement et de
vérifier la pertinence des modalités proposées.
4.1.2.2. Le mode d'administration du questionnaire
Compte tenu de la nature des questions de notre questionnaire
et en prenant en compte l'organisation des distributeurs constituant notre
échantillon, nous jugeons opportun d'adopter le mode d'administration
direct du questionnaire. Cette méthode d'administration nous permet de
répondre directement aux interrogations que peuvent se poser les
répondants sur la nature même des questions et donc
d'éviter le biais d'incompréhension du questionnaire Elle permet
également un meilleur contrôle de la
représentativité de l'échantillon et aussi de
vérifier la sincérité du répondants.
Ce mode d'administration du questionnaire a néanmoins
quelques limites. Ces limites concernent surtout la peur des répondants
qui doute parfois de la finalité de l'étude. Pour contourner ce
problème, nous avons dès le début de l'enquête
rassuré les répondants en leur expliquant l'objectif de
l'étude ainsi que le cadre de sa réalisation. Nous leur avons
également rassuré des garanties d'anonymat et de
confidentialité relative aux données recueillies.
Les données sont recueillies auprès des
distributeurs sur les lieux vente. Les questionnaires sont administrés
par une équipe composée des étudiants du DEA Sciences de
gestion, option Marketing et Stratégie. Afin de permettre à ces
étudiants de s'imprégner du contenu du questionnaire et de
maîtriser les concepts utilisés, nous avons tenu avec eux deux
séances de travail au cours desquelles le questionnaire a
été expliqué question par question. Des propositions de
traduction des questions en vernaculaire ont été proposées
afin de permettre aux enquêteurs d'interroger aussi les distributeurs qui
ne peuvent pas s'exprimer en français. Même des exercices de
simulation ont été faits.
Cette phase de collecte des données a
été la plus difficile de tout le processus ayant conduit à
la réalisation de ce travail. Les difficultés proviennent
essentiellement de l'accueil réservé aux enquêteurs et de
la disponibilité des distributeurs à répondre à nos
questions.
4.2. Traitement et analyse des données
Les données recueillies à l'aide d'une
enquête par questionnaires n'ont pas de signification en
elles-mêmes. Elles ne peuvent servir qu'après un traitement qui
permet de faire une bonne analyse des données en vue de répondre
de façon précise aux différentes questions
soulevées par ce travail.
4.2.1. Traitement des données
Le traitement des données consiste en effet à
mettre sous forme exploitable les données recueillies au cours de
l'enquête afin de faciliter l'analyse des résultats et la
vérification des hypothèses de recherche.
Plusieurs étapes ont été
nécessaires pour aboutir aux données exploitables :
- Après avoir recueilli les 50 questionnaires
régulièrement remplis, nous avons procédé à
un contrôle systématique des informations collectées et la
numérotation des questionnaires. Cette étape nous a permis
d'éliminer les questionnaires incohérents. Un questionnaires est
considéré comme incohérent lorsque la duré de la
relation du distributeur avec son plus grand fournisseur est
inférieure à un ans (réponse à la question n°
2 du questionnaire) et / ou l'ancienneté du répondant dans
l'entreprise est inférieurs à un an (réponse à la
question n°41 du questionnaire) Dans cette perspective, six
questionnaires ont été éliminés à ce niveau
soit un taux d'élimination de 12 %. Finalement 44 questionnaires sont
donc retenus pour l'analyse.
- Les données de ces 44 questionnaires retenus
sont saisies sur micro-ordinateur à partir du logiciel SPSS (
Statistical Package for Social Sciences). Ce logiciel a retenu notre attention
car il constitue un outil statistique performant et reste l'un des plus connus
et des plus disponibles dans le milieu des chercheurs.
- Les réponses aux questions pour les quelles nous
avons utilisé l'échelle de Likert ont été
recodées pour des analyses statistiques. Cela a consisté aux
calculs des scores moyens pour chaque groupe d'items et pour chaque
répondant
Toutes ces étapes nous ont conduit à
générer des données utiles pour notre analyse.
4.2.2. Plan d'analyse des données
Comme nous l'avons déjà dit, l'ensemble de
l'analyse des données de cette étude a été faite
à l'aide du logiciel SPSS. D'une part, des statistiques descriptives ont
été calculées pour faire ressortir les principales
caractéristiques de chacune des variables. Cette étape a
consisté essentiellement aux calculs de la moyenne, de
l'écart-type et de la fréquence. La plupart de nos variables
étant évaluées à partir des échelles
multiples, nous avons eu recourt à une analyse
« réponses multiples »
pour pouvoir se prononcer d'une manière plus globale et non item par
item sur ces variables, nous avons eu recourt à une analyse en
réponses multiples. Cette analyse consiste à déterminer
le « vecteur réponses
multiples » et à calculer la fréquence
des modalités de l échelle.
A fin de confirmer les résultats issus de cette phase
descriptive, le test de comparaison t de Student a été retenu.
A ce niveau, notre première hypothèse
(Les fournisseurs de l'huile de cuisine au Togo ont une influence
plus importante que leurs distributeurs dans la prise des décisions
marketing relatives à la vente de leurs produits après les
opérations d'achat et de vente) est mise en
épreuve.
D'autre part, une phase explicative permettant de
répondre aux deux autres questions de recherche de notre étude ou
de tester nos deux autres hypothèses est introduite. A ce niveau, il
s'agit essentiellement d'établir une relation entre la variable
expliquée et les variables explicatives. Le test de corrélation
de Pearson nous permis de réaliser cette phase explicative.
Les résultats générés et les
commentaires qui en découlent sont exposés dans le chapitre
suivant.
CHAPITRE IV :
LES RESULTATS DE L'ETUDE ET DISCUSION
Dans le chapitre précédent, nous avons construit
un cadre conceptuel spécifique pour analyser le pouvoir vertical du
fournisseur dans le canal de distribution puis expliquer la manière avec
laquelle nous comptions recueillir et analyser nos données. L'objectif
du présent chapitre est de présenter les résultats
obtenus, de répondre aux questions de recherche initialement
formulées et de tester nos hypothèses de recherche.
La première section traite des statistiques
descriptives des variables de l'étude. A ce niveau, seule notre
première hypothèse est testée. La deuxième section
tente d'établir un lien corrélation entre la variable
expliquée (le pouvoir du fournisseur de l'huile de cuisine) et les
variables explicatives (les normes relationnelles de l'échange et la
dépendance relative du distributeur vis-à-vis du fournisseur) en
vue de tester les hypothèses H2 et H3.
1. L'analyse descriptive des
variables de l'étude
En dehors des caractéristiques des entreprises
interrogées, les autres variables de l'étude sont
analysées suivant un plan en trois parties:
- calcul des moyennes, des scores minimum et maximum et des
écart -types ;
- détermination du vecteur multiple et calcul des
fréquences ;
- Test de comparaison t de Student.
1.1. Caractéristiques des entreprises
interrogées
Les 44 entreprises retenues pour notre analyse sont des
entreprises individuelles ou familiales dont l'effectif varie entre 1 et 8
employés. Il faut noter que la majorité de ces entreprises ont
un effectif compris entre 1 et 3 employés soit 88,6% des entreprises
interrogées comme l'indique le tableau suivant.
Tableau 7:
Répartition des entreprises selon leur effectif
|
Effectifs
|
Fréquence
|
%
|
% cumulé
|
Valide
|
1
|
5
|
11,36
|
11,36
|
|
2
|
19
|
43,18
|
54,54
|
|
3
|
15
|
34,09
|
88,63
|
|
4
|
2
|
4,55
|
93,18
|
|
5
|
1
|
2,27
|
95,45
|
|
8
|
2
|
4,55
|
100
|
|
Total
|
44
|
100
|
|
Les 44 entreprises que nous avons interrogées sont en
relation avec leur plus grand fournisseur de l'huile depuis au moins deux ans.
59 % de ces entreprises déclarent avoir comme plus grand fournisseur des
importateurs contre 41% qui ont pour grand fournisseur les distributeurs des
fabricants locaux comme l'indique le diagramme suivant.
Schéma n° 3 :
Répartition des distributeurs selon l'origine des huiles
achetées.
Les huiles de ce fournisseur sont-elles
fabriquées au Togo?
41%
59%
Oui
Non
![](analyse-canal-distribution-huile-de-cuisine-togo3.png)
1.2. Un pouvoir non équilibré entre
fournisseur et distributeur
Il a été demandé aux distributeurs
d'indiquer leur niveau perçu d'autonomie ou de responsabilité par
rapport à leur fournisseur concernant la prise de certaines
décisions marketing et la réalisation de certaines
activités commerciales. Une échelle de Likert en cinq points
allant de « Ce fournisseur en a quasiment toute la
responsabilité» (1) à « Notre entreprise
a quasiment la responsabilité complète » (5) a
été utilisée.
L'analyse descriptive des données recueillies est
consignée dans le tableau 8 suivant.
Tableau8: Statistiques
descriptives du niveau de responsabilité perçu par le
distributeur
![](analyse-canal-distribution-huile-de-cuisine-togo4.png)
Ce tableau indique que, les moyennes arithmétiques des
scores obtenus par les items sont supérieures à 3 qui
correspond à la modalité exprimant un niveau d'équilibre
entre le pouvoir du fournisseur et celui du distributeur (Notre entreprise et
ce fournisseur ont autant de responsabilité). Ce qui signifie que le
niveau d'influence des fournisseurs dans la prise des décisions
marketing relatives à la vente de leurs produits est très faible
par rapport à celle de leurs distributeurs.
De même, les informations contenues dans le tableau 9,
montrent que le niveau de responsabilité des fournisseurs par rapport
à leurs distributeurs est très faible. Effet, l'examen de ce
tableau montre que pour l'ensemble des items utilisés pour mesurer cette
variable, la modalité « Notre entreprise a quasiment la
responsabilité complète » représente
80,4% des réponses contre 14,8% pour « Notre
entreprise a plus de responsabilité » , 4,8% pour
« Notre entreprise et ce fournisseur ont autant de
responsabilité » et 0% pour les modalités
« Ce fournisseur en a quasiment toute la
responsabilité » et « Ce fournisseur a
plus de responsabilité que notre entreprise »
Tableau 9 :
Résultats de l'analyse des réponses multiples du niveau de
responsabilité perçu par le distributeur
Modalités
|
Code
|
% de réponses
|
Cumul %
|
Ce fournisseur en a quasiment toute la
responsabilité
|
1
|
0
|
0
|
Ce fournisseur a plus de responsabilité
que notre entreprise
|
2
|
0
|
0
|
Notre entreprise et ce fournisseur
ont autant de responsabilité
|
3
|
4,8
|
4,8
|
Notre entreprise a plus de
responsabilité
|
4
|
14,8
|
19,6
|
Notre entreprise a quasiment la
responsabilité
complète
|
5
|
80,4
|
100
|
Pour confirmer ces résultats, le test de comparaison t
de Student a été réalisé. Les résultats de
ce test sont résumés dans le tableau 10.
En effet, le test montre que les différences entre le
score obtenu par chaque item et la valeur théorique du test (3) sont
toutes positives. Les valeurs des t sont très grandes et aussi positives
(elles varient entre 35,611 et 11,937). Nous pouvons donc conclure que
l'influence des fournisseurs est significativement très faible par
rapport à leurs distributeurs.
Tableau
10 : Résultats du test t du niveau
de responsabilité perçu par le distributeur
![](analyse-canal-distribution-huile-de-cuisine-togo5.png)
A partir de ces résultats, nous pouvons alors nous
permettre d'affirmer que fournisseurs de ont une influence très faible
par rapport à leur distributeurs dans la prise des décisions
marketing après les opérations d'achat et de vente. La
quasi-totalité du pouvoir de décision après
l'opération d'achat et de vente se trouve alors entre les mains des
distributeurs Notre première hypothèse selon laquelle
« Les fournisseurs de l'huile de cuisine au Togo ont une
influence plus importante que leurs distributeurs dans la prise des
décisions marketing relatives à la vente de leurs produits»
se trouve ainsi infirmée.
1.3. Analyse descriptive des composantes relationnelles de
l'échange.
Trois groupes d'items nous ont permis d'appréhender les
aspects relationnels de l'échange entre le fournisseur et le
distributeur. Il s'agit :
- l'apport du fournisseur porte sur la réalisation des
opérations de logistique du distributeur ;
- fréquence des contacts et des échanges
d'information entre le fournisseur et le distributeur ;
- l'écoute et la prise en compte des
préoccupations du distributeur par le fournisseur.
1.3.1. L'apport du fournisseur pour la réalisation
des opérations de logistique du distributeur
Un groupe de trois indicateurs a servi à la mesure
empirique de cette variable. Il a été demandé aux
distributeurs d'indiquer leur degré de satisfaction quant à
l'apport de leur plus grand fournisseur de l'huile de cuisine. Une
échelle de Likert en cinq points allant de « Pas du tout
satisfaisant» (1) à « Très
satisfaisant » (5) a été utilisée. Les
résultats issus de l'analyse descriptive des données recueillies
sont consignés dans le tableau ci-dessous.
Tableau 11 :
Statistiques descriptives de la satisfaction du distributeur quant à
l'apport du fournisseur dans la réalisation des opérations de
logistique
![](analyse-canal-distribution-huile-de-cuisine-togo6.png)
L'examen de ce tableau indique que la moyenne
arithmétique des indicateurs varie entre 1 (Pas du tout satisfait) et 2
(peu satisfait) et l'écart -type se situe entre 0 ,438 et 0,978. Ceci
semble traduire l'insatisfaction des distributeurs quant à l'apport du
fournisseur pour la réalisation de leurs opérations de logistique
comme le montre également les résultats de l'analyse
réponses multiples (Tableau 12) où la modalité
« pas du tout satisfaisant » représente
58,3 % des réponses contre 32,6% pour « Peu
satisfaisant », 6% pour « Assez
satisfaisant », 2,3% pour «
Satisfaisant » et 0,8 % pour « Très
satisfaisant »
Tableau 12 :
Résultat de l'analyse de réponses multiples de la satisfaction du
distributeur quant à l'apport du fournisseur dans la réalisation
des opérations de logistique
Modalités
|
Code
|
% de réponses
|
Cumul %
|
Pas du tout satisfaisant
|
1
|
58,3
|
58,3
|
Peu satisfaisant
|
2
|
32,6
|
90,9
|
Assez satisfaisant
|
3
|
6
|
96,9
|
Satisfaisant
|
4
|
2,3
|
99,2
|
Très satisfaisant
|
5
|
0,8
|
100
|
Le test de comparaison de la moyenne arithmétique
résumé dans le tableau n°13 suivant nous permet de confirmer
nos propos.
En effet, les différences entre le score obtenu par
chaque item et la valeur théorique du test (3) sont toutes
négatives ainsi que les valeurs que prennent t pour chaque item. Nous
pouvons donc conclure que les moyennes des scores ne sont pas significativement
supérieures à la valeur théorique du test. On peut se
permettre de dire que les distributeurs sont très insatisfaits quant
à l'apport de leur fournisseur en matière logistique.
Tableau
13 : Résultat du test t de la satisfaction du
distributeur quant à l'apport du fournisseur dans la réalisation
des opérations de logistique.
![](analyse-canal-distribution-huile-de-cuisine-togo7.png)
1.3.2. Analyse de la variable contact et échange
d'information
La variable « échange
d'information » est mesurée empiriquement à partir
d'un groupe de huit items exprimant la fréquence des contacts entre les
fournisseurs et leurs distributeurs Une échelle de Likert en cinq points
allant de « Jamais» (1) à
« Très souvent » (5) a été
utilisée.
Les résultats de l'analyse descriptive de cette
variable sont consignés dans le tableau 14. Il ressort de ce tableau que
les scores moyens obtenus par les items utilisés sont compris entre 3,95
et 1,09 et que les écart-types varient entre 1,465 et 0,291. On peut
déduire également de ce tableau que, sur ces huit items, seuls
deux items (« Nous communiquons en face-à-face avec le
fournisseur » et « Nous communiquons par
téléphone avec ce fournisseur ») ont une moyenne
supérieure à 3, la médiane de l'échelle. Pour les
six autres items, les scores moyens varient entre 1,09 et 2, 86.
Tableau n°
14 : Statistiques descriptives de la variable contact et
échange d'informations.
![](analyse-canal-distribution-huile-de-cuisine-togo8.png)
Ces résultats montrent que le niveau de communication
entre les fournisseurs et leurs distributeurs est très faible puisque
sur les huit indicateurs utilisés pour mesurer cette variable, seuls
deux ont un score supérieur à 3, la médiane de notre
échelle. L'analyse des données faite à partir du vecteur
réponses multiples présentée dans le tableau 15 nous
permet également de confirmer nos propos. En effet, les modalités
« Jamais » et « Rarement »
représentent respectivement 48,9 % et 19,6 % soit au total
68,5% des réponses.
Tableau n°
15: Résultats de l'analyse de réponses multiples de la
variable contact et échange d'informations.
Modalités
|
Code
|
% de réponses
|
Cumul %
|
Jamais
|
1
|
48,9
|
48,9
|
Rarement
|
2
|
19,6
|
68,5
|
Assez souvent
|
3
|
8,2
|
76,7
|
Souvent
|
4
|
14,8
|
91,5
|
Très souvent
|
5
|
8,5
|
100
|
Tableau
16 : Résultat du test de la variable contact et échange
d'information.
![](analyse-canal-distribution-huile-de-cuisine-togo9.png)
Le test de comparaison t de Student dont les résultats
sont consignés dans le tableau 16 atteste que, les scores moyens
obtenus par ces deux items sont significativement supérieurs à
3, la valeur théorique du test : les valeurs de t pour ces items sont
positives mais très faibles pour l'item « Nous
communiquons avec ce fournisseur par téléphone»
(1,132) et que les différences entre les scores moyens et la valeur
théorique du test sont positives. Mais pour les six autres items, le
score moyen obtenu par chaque item est significativement inférieures
à 3 : la valeur de t pour chaque item est grande mais
négative ainsi que les différences entre les scores moyens et la
valeur théorique du test.
Ces résultats signifient qu'en général le
niveau de communication est relativement faible. Le face-à-face et le
téléphone restent les moyens de communication les plus
utilisés. Ceci peut être dû au fait que pour passer les
commandes, les distributeurs se déplacent dans le magasin du
fournisseur.
1.3.3. L'écoute et la prise en compte des
préoccupations du distributeur par le fournisseur:
Cette variable constitue l'un des éléments
fondamentaux de l'aspect relationnel de l'échange dyadique entre le
fournisseur et distributeur. L'analyse descriptive des données
recueillies au niveau de cette variable sue une échelle de Likert en
cinq points allant de « Pas tout d'accord» (1) à
« Tout à fait d'accord » (5) est
consignée dans le tableau 17. De ce tableau on peut déduire que,
pour les cinq items utilisés, les scores moyens sont inférieurs
à 3. Ils varient entre 1,93 et 2,70 et les écart-types se
situent entre 1,129 et 1,515. On peut dire que les distributeurs ne sont pas
écoutés et que leurs préoccupations ne sont pas prises en
compte par les fournisseurs. L'analyse des données par la méthode
du vecteur réponses multiples (Tableau 18) confirme ces
résultats : modalités « Pas du tout
d'accord » et « Pas d'accord »
représentent respectivement 35,5 % et 17,8 % soit au total 56,8 % contre
14,5 % pour « Sans avis », 25,5 % pour
« D'accord » et 3,2% pour «Tout à
fait d'accord ».
Tableau
17 : Statistiques descriptives de la variable écoute et prise
en compte des préoccupations du distributeur par le
fournisseur
![](analyse-canal-distribution-huile-de-cuisine-togo10.png)
Tableau 18:
Résultats de l'analyse de réponses multiples de la variable
écoute et prise en compte des préoccupations du distributeur par
le fournisseur
Modalités
|
Code
|
% de réponses
|
Cumul %
|
Pas du tout d'accord
|
1
|
35,9
|
35,9
|
Pas d'accord
|
2
|
20,9
|
56,8
|
Sans avis
|
3
|
14,5
|
71,3
|
D'accord
|
4
|
25,5
|
96,8
|
Tout à fait d'accord
|
5
|
3,2
|
100
|
Tableau
19 : Résultats du test de la variable écoute et prise en
charge des préoccupations du distributeur par le fournisseur
![](analyse-canal-distribution-huile-de-cuisine-togo11.png)
Le test de t de Student indique que les scores moyens obtenus
par les items sont ne sont pas significativement supérieurs à la
valeur théorique du test : les valeurs des t sont toutes
négatives ainsi que les différences de moyenne. On peut donc
dire que les distributeurs ne sont pas écoutés et que leurs
suggestions et préoccupations ne sont pas prises en compte par les
fournisseurs.
Au regard de l'analyse de l'aspect relationnel de
l'échange entre le fournisseur et distributeur à travers les
trois groupes d'indicateurs, nous remarquons que le caractère
relationnel de l'échange est quasi inexistant.
1.4. Analyse descriptive de la dépendance relative
du distributeur à l'égard du fournisseur
La dépendance du fournisseur à l'égard du
distributeur est appréhendée à partir de quatre
indicateurs. Les résultats issus de l'analyse des données
recueillies sont consignés dans le tableau ci-dessous.
Tableau
20 : Statistiques descriptives de la dépendance relative du
distributeur à l'égard du fournisseur
![](analyse-canal-distribution-huile-de-cuisine-togo12.png)
Il ressort de ce tableau que les moyennes
arithmétiques des indicateurs varient entre 1,36 et 1,48 et les
écart -types se situent entre 0 ,487 et 0,497. Ceci semble traduire une
faible dépendance des distributeurs vis-à-vis de leur fournisseur
comme le montre également les résultats de l'analyse
réponses multiples (Tableau 21) où la modalité
« pas du tout d'accord » et « Pas
d'accord » représentent respectivement 60,8 % et 39,2 % des
réponses contre 0% pour les autres modalités.
Tableau 21 :
Résultats de l'analyse de réponses multiples de la
dépendance relative du distributeur
Modalités
|
Code
|
% de réponses
|
Cumul %
|
Pas du tout d'accord
|
1
|
60,8
|
60,8
|
Pas d'accord
|
2
|
39,2
|
100
|
Sans avis
|
3
|
00
|
100
|
D'accord
|
4
|
00
|
100
|
Tout à fait d'accord
|
5
|
00
|
100
|
Pour confirmer ces résultats nous avons eu recourt au
test de comparaison de la moyenne arithmétique résumé dans
le tableau 22.
Tableau
22 : Résultat du test t de la dépendance relative du
distributeur à l'égard du fournisseur
![](analyse-canal-distribution-huile-de-cuisine-togo13.png)
Les résultats du test montrent que, les
différences entre le score obtenu par chaque item et la valeur
théorique du test (3) sont toutes négatives ainsi que les
valeurs que prennent t pour chaque item. Ceci suppose que le de
dépendance des distributeurs à l'égard de leur fournisseur
est très faible.
D'une manière globale, cette phase descriptive de notre
travail nous a permis de mettre en évidence un certains nombre de
résultats qui nous semblent intéressants, que ce soit au niveau
de la variable expliquée ou des variables explicatives :
- le niveau d'influence des fournisseurs sur les
décisions marketing relatives à la vente et la promotion des
produits après les opérations d'achat et de vente est très
faible par rapport à leurs distributeurs ;
- Les normes relationnelles de l'échange sont quasi
absentes ;
- La dépendance relative des distributeurs à
l'égard des leurs fournisseurs est très faible.
A cette phase descriptive, nous avons pu répondre
à notre première question de recherche et tester notre
hypothèse H1 à partir du test de comparaison de Student. Il s'est
révélé que L'hypothèse H1 selon laquelle
« Les fournisseurs de l'huile de cuisine au Togo ont une
influence plus importante que leurs distributeurs dans la prise des
décisions marketing relatives à la vente de leurs
produits » n'est pas validée.
Si l'analyse descriptive nous permis de répondre
à notre première question de recherche et de tester notre
première hypothèse, elle ne permet pas d'indiquer la force de la
relation entre la variable expliquée et les variables explicatives.
L'introduction d'une phase explicative s'avère alors indispensable. Elle
nous permet de tester les deux dernières hypothèses de notre
étude.
2. Influence des normes
relationnelles et de la dépendance relative du distributeur sur le
pouvoir du fournisseur
Dans cette partie de notre travail, il s'agit d'établir
des liens entre la variable explicative (le pouvoir du distributeur) et les
variables explicatives (les normes relationnelles de l'échange et la
dépendance relative du distributeur à l'égard du
fournisseur). Pour valider statistiquement le lien entre chacune des variables
explicatives et la variable expliquée, nous avons utilisé le de
corrélation de Pearson qui permet de confirmer une relation statistique
entre deux variables. Cette analyse est faite essentiellement à partir
du signe des coefficients ainsi que de leur significativité.
2.1. Influence des normes relationnelles de
l'échange sur le pouvoir du distributeur
Nous l'avons déjà précisé
auparavant que l'aspect relationnel de l'échange a été
cerné à partir de trois composantes : la communication,
l'apport logistique du fournisseur et l'écoute et la prise en compte des
préoccupation du distributeur par le fournisseur. Nous avons donc
vérifié la relation entre chacune de ces trois composantes avec
le pouvoir du distributeur en calculant pour chaque composante le coefficient
de corrélation de Pearson. Les résultats sont
présentés dans le tableau 23 ci-dessous.
Tableau
23 : Impact des normes relationnelles sur le pouvoir du
fournisseur
![](analyse-canal-distribution-huile-de-cuisine-togo14.png)
Dans l'ensemble, les trois composantes relationnelles sont
corrélées positivement avec le pouvoir du fournisseur
c'est-à-dire que toutes les trois composantes relationnelles ont un
coefficient positif : 0,388 pour contact et échange
d'informations, 0,178 pour satisfaction du distributeur quant l'apport
logistique du fournisseur et 0,410 pour écoute et prise en compte des
préoccupations du distributeur par le fournisseur. Ceci signifie qu'il a
un lien positif entre ces composantes et le pouvoir du
fournisseur .Toutefois, en ce qui concerne la force des liens au seuil de
1%, l'examen des coefficients de corrélation de Pearson
révèle que les relations les plus significatives sont celles
entre « contact et échange d'informations » et
« pouvoir du fournisseur » et entre
« écoute et prise en compte des préoccupations du
distributeur » et « pouvoir du fournisseur. La composante
« satisfaction du distributeur quant à l'apport logistique du
fournisseur » ne s'est pas révélée être
significativement liée au pouvoir du fournisseur.
Sur la base de ces constants, on peut donc dire que
l'hypothèse H2 selon laquelle « Plus
l'échange est du type relationnel, plus l'influence du fournisseur est
élevée dans le canal de distribution de l'huile de cuisine au
Togo » est partiellement confirmée car sur les
trois normes relationnelles seules deux semblent être positivement et
significativement corrélées avec le pouvoir du fournisseur.
2.2. Influence de la dépendance du distributeur
sur le pouvoir du distributeur
Il s'agit ici de voir l'impact positif de la dépendance
du distributeur sur le pouvoir du fournisseur et de pouvoir valider
l'hypothèse H3 de notre étude. Tout comme le cas des normes
relationnelles, le coefficient de corrélation de Pearson a
été calculé. Les résultats sont
résumés dans le tableau ci-dessous.
De ce tableau, on peut déduire que la dépendance
du distributeur semble influencer positivement et significativement le
pouvoir du fournisseur. Les résultats montent que pour un seuil de 5%,
la dépendance du distributeur est positivement et significativement
corrélée avec le pouvoir du fournisseur avec un coefficient
positif (0, 259).
De ces résultats on peut conclure que
l'hypothèse H3 selon laquelle « Plus la
dépendance relative du distributeur est grande, plus le pouvoir du
fournisseur est élevé dans le canal de distribution de l'huile de
cuisine au Togo » est validée.
Tableau
24 : Impact de la dépendance relative du distributeur sur le
pouvoir du fournisseur
![](analyse-canal-distribution-huile-de-cuisine-togo15.png)
CONCLUSION DE LA DEUXIEME
PARTIE
La deuxième partie de notre recherche a consisté
d'une part à exposer le cadre contextuel de notre travail de recherche
et la démarche méthodologique qui nous a permis la
réalisation du travail empirique, et d'autre part, à
présenter les résultats de l'étude.
Le déroulement nous a permis de retenir un cadre
théorique essentiellement basé sur la théorie du pouvoir
et de la dépendance et le paradigme relationnel. Ce cadre
théorique nous a conduit à formuler trois hypothèses que
nous avons testées à partir des données recueillies sur le
terrain. Un questionnaire de 41 questions administré directement, a
servi d'outil de collecte des données auprès d'un
échantillon de 50 distributeurs de l'huile de cuisine de la zone
géographique de Lomé. Sur les 50 questionnaires
administrés, seuls 44 sont exploités pour notre analyse, 6 sont
donc considérés comme incohérents et donc rejetés.
Comme prévu, le traitement et l'analyse des données ont
été réalisés avec le logiciel statistique SPSS.
Nos résultats issus de l'analyse des données empiriques ont
été présentés en deux phases :
- une phase descriptive présentant les
caractéristiques des variables de l'étude. Cette phase a permis
de répondre à notre première question de recherche et de
tester l'hypothèse H1 qui rapporte sur le niveau d'influence du
fournisseur sur les décisions marketing relatives à la vente de
leurs produits après les opérations d'achat et de vente. Au
regard des résultats, cette hypothèse est
invalidée ;
- une phase explicative essentiellement fondée sur
l'étude du coefficient de corrélation a permis de
caractériser l'influence des normes relationnelles et de la
dépendance relative du distributeur sur le pouvoir du fournisseur. A ce
niveau, les hypothèses H2 et H3 sont testées. On déduit
des résultats obtenus que :
· l'hypothèse H2 concernant l'impact positif des
normes relationnelles de l'échange est partiellement validée.
· L'hypothèse H3 portant sur l'impact positif de
la dépendance relative du distributeur à l'égard du
fournisseur est validée.
CONCLUSION GENERALE
Dans cette conclusion, après avoir rappelé les
différentes étapes de la recherche et les principaux
résultats obtenus, nous souhaitons tout d'abord mettre en
évidence la contribution managériale de la recherche, puis
exposer les limites du travail et en fin suggérer des pistes de
recherche qui peuvent en partie combler ces limites.
Notre recherche visait à identifier le niveau du
pouvoir du fournisseur de l'huile de cuisine lors de la prise de certaines
décisions marketing relatives à la vente de leurs produits et
à analyser l'influence des normes relationnelles et de la
dépendance du distributeur sur ce niveau de pouvoir du fournisseur.
Pour y parvenir, nous avons conduit une revue de la
littérature nous permettant de cerner les principaux concepts
liés à l'analyse de la relation fournisseur- distributeur. Des
données ont été recueillies auprès de 44
distributeurs à l'aide d'un questionnaire administré directement
par une équipe composée des étudiants en DEA- Sciences de
gestion, option Marketing et Stratégie. L'analyse de ces données
nous a permis d'aboutir à trois principales conclusions :
- les fournisseurs de l'huile de cuisine au Togo ont une
influence très faible par rapport à leurs distributeurs lors de
la prise de certaines décisions marketing après les
opérations d'achat et de vente. Ce constat nous amène à
invalider notre hypothèse H1 selon laquelle :
« Les fournisseurs de l'huile de cuisine au Togo ont une influence
plus importante que leurs distributeurs dans la prise des décisions
marketing relatives à la vente de leurs produits
» ;
- il existe un lien positif mais pas très significatif
entre les normes relationnelles de l'échange étudiées et
le niveau du pouvoir des fournisseurs. Ainsi l'hypothèse H2 selon
laquelle : « Plus l'échange est du type
relationnel, plus l'influence du fournisseur est élevée dans le
canal de distribution de l'huile de cuisine au Togo » est
partiellement validée ;
- la dépendance relative du distributeur
vis-à-vis du fournisseur influence positivement et significativement le
pouvoir du fournisseur. Ceci nous permet donc de valider notre hypothèse
H3 selon laquelle : « Plus la dépendance
relative du distributeur est grande, plus le pouvoir du fournisseur est
élevé dans le canal de distribution de l'huile de cuisine au
Togo »
Au vu de ces conclusions, ce travail présente sans
conteste un intérêt managérial fort pour les fournisseurs
qui souhaitent avoir une plus grande influence par rapport à leurs
distributeurs dans la prise de certaines décisions marketing relatives
à la vente et à la promotion de leurs produits. En effet, une
bonne compréhension du lien entre les normes relationnelles
étudiées et le pouvoir du fournisseur et entre la
dépendance du distributeur et le pouvoir du fournisseur permettrait
d'aider les fournisseurs à trouver les moyens nécessaires pour
améliorer l'efficacité de leurs relations d'échange. Ceci
va conduire les fournisseurs au renforcement de leur niveau d'influence par
rapport à leurs distributeurs.
Malgré ces apports, cette recherche présente
néanmoins des limites qu'il est important de souligner. De notre point
de vue, ces limites de la recherche tiennent essentiellement à la
démarche méthodologique qui a été entreprise, et
pose le problème de généralisation des résultats de
la présente étude.
La première limite concerne la nature et le nombre de
produits sur lesquels nous avons réalisé notre recherche.
L'étude ne porte que sur un seul produit (huile de cuisine) et de fait,
la généralisation des résultats à d'autres
produits reste délicate.
La deuxième limite concerne le champ
géographique de la recherche. Notre travail s'est limité aux
distributeurs de la zone géographique de Lomé. Les fournisseurs
se situent également dans cette zone. Or la distance entre le
fournisseur et le distributeur peut influencer la relation entre ces deux
acteurs.
La troisième limite est relative au fait que les
données de l'étude ont été recueillies seulement
auprès des distributeurs excluant ainsi les fournisseurs. Nous avons pu
noter dans la littérature que le concept de pouvoir est une
donnée relationnelle entre deux acteurs.
Enfin la quatrième limite concerne l'échelle de
mesure des variables de la recherche. Par exemple, la mesure des variables
relationnelle peut faire intervenir d'autres items. Ceci entrave
nécessairement la validité des résultats concernant ces
variables.
Plusieurs recherches futures pourraient être
menées et peuvent en partie combler les limites évoquées.
Une première piste concerne l'amélioration de la validité
externe. On pourrait notamment procéder à des études
confirmatoires sur d'autres produits.
Ensuite, des recherches futures pourront être
menées en interrogeant aussi bien les fournisseurs que les distributeurs
et aussi en élargissant le champ géographique de la recherche.
Enfin, il conviendrait d'adjoindre à cette recherche,
d'autres facteurs relationnels tels que la flexibilité des acteurs,
leur engagement et les objectifs qu'ils se fixent pour leur relation
d'échange.
BIBLIOGRAPHIE
Les articles :
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« Coûts de transaction », Encyclopédie de
Gestion, 2e édition
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canaux de distribution », Revue Française de Gestion,
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évolutions du canal logistique : quelques enjeux majeurs dans une
perspective marketing » Convegno « Le tendenze del
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résistance dans le canal de distribution. L'exemple des libraires
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Kotler P. et Dubois B. (1997), « Marketing
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Paris
Porter (1982) : « Choix stratégiques et
concurrence », Economica
Annexe
QuESTIONNAIRE D'ENQUETE
Université de Lomé
FASEG
DEA- Sciences de Gestion
LAREMO
Nous réalisons actuellement une étude sur la
distribution des produits alimentaires au Togo. La présente étude
vise à recueillir des informations sur la nature de la relation
fournisseur- distribution dans le secteur de l'agroalimentaire au Togo.
Cette étude se situe uniquement dans le cadre du
programme DEA-Sciences de Gestion dirigé par le
Professeur BIGOU-LARE Nadédjo. Elle
bénéficie de ce fait de toutes les garanties d'anonymat et de
confidentialité relatives aux données récoltées.
Il n'y a pas de bonnes ou mauvaises réponses à
ce questionnaire, seule votre opinion constitue la meilleure des
réponses.
Merci pour votre collaboration et la franchise de vos
réponses.
1 - Veuillez nous indiquer le nom de votre
plus grand fournisseur local actuel de l'huile de cuisine :
............................................................................................................
..................................................................................................................................................
2 - Les huiles de ce fournisseur sont-elles
fabriquées au Togo ?
Oui
Non
3 - Depuis combien de temps votre entreprise
est en relation avec ce fournisseur ?
Moins d'un an
1 à 2 ans
2 à3 ans
3 à 4 ans
4 à 5 ans
5 ans et plus
4 - Comment percevez-vous l'apport de ce
fournisseur dans la réalisation de chacune de vos activités
suivantes ? ( encercler le chiffre qui correspond à votre
opinion)
|
|
Pas du tout satisfaisant
|
Peu satisfaisant
|
Assez satisfaisant
|
Satisfaisant
|
Très satisfaisant
|
41
|
Le transport des marchandises
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
42
|
Financement des stocks (délais de paiement)
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
43
|
La constitution d'assortiment (transformation des lots de
production en lots de vente)
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
5.1. Pouvez-vous indiquer la fréquence des
éléments suivants relatifs à l'échange
d'information entre votre entreprise et ce fournisseur (encercler le
chiffre qui correspond à votre opinion)
|
|
Jamais
|
Rarement
|
Assez souvent
|
Souvent
|
Très souvent
|
5.1.
|
Nous communiquons en face-à-face avec le fournisseur
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
5.2.
|
Nous communiquons par voie postale
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
5.3.
|
Nous communiquons par téléphone avec le
fournisseur
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
5.4.
|
Nous communiquons par voie informatique (Emails...)
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
5.5.
|
Des représentants de notre fournisseur effectuent des
visites chez nous
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
5.6.
|
Nos représentants effectuent des visites Notre
fournisseur
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
5.7.
|
Ce fournisseur nous invite à ses réunions
d'information
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
5.8.
|
Ce fournisseur nous invite à ses séminaires de
vente
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
6 - Veuillez indiquer votre niveau d'accord avec les
propositions suivantes (encercler le chiffre qui correspond à votre
opinion)
|
|
Pas du tout d'accord
|
Pas d'accord
|
Sans avis
|
D'accord
|
Tout à fait d'accord
|
61
|
Notre fournisseur demande toujours notre avis avant la prise de
toute décision relative à la vente de son produit
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
62
|
Nos suggestions sont toujours Prises en compte par notre
fournisseur
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
63
|
En cas de difficulté, notre fournisseur nous apporte son
expertise
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
64
|
La disponibilité de notre fournisseur favorise le
développement d'activités coopératives entre nous.
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
7 - Pour chaque décision veuillez indiquer le niveau
perçu de responsabilité de votre entreprise par rapport à
ce fournisseur (encercler le chiffre qui correspond à votre
opinion)
N°
|
Niveau de
responsabilité
Décisions
marketing
|
Ce fournisseur en a
quasiment
toute la
responsabilité
|
Ce fournisseur a
plus de
responsabilité
que notre entreprise
|
Ce fournisseur et
notre entreprise
ont autant de responsabilité
|
Notre entreprise a plus de responsabilité
|
Notre entreprise a
quasiment
la responsabilité
complète
|
71
|
Choix du lieu géographique de la vente
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
72
|
Fixation du prix de vente au client final
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
73
|
Ajustement quantitatif des marchandises
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
74
|
Choix de formation de nos vendeurs pour vendre le produit
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
75
|
Disposition des marchandises dans votre magasin de vente
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
76
|
Choix de formation de vos vendeurs
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
76
|
Participation de votre entreprise aux séminaires de
vent organisés par ce fournisseur
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
77
|
Organisation de campagnes publicitaires ou de promotion par
votre entreprise
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
78
|
Résolution des problèmes techniques
soulevés par le client final
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
8 - Veuillez donnez votre niveau d'accord avec les propositions
suivantes concernant la dépendance de votre entreprise vis-à-vis
de votre fournisseur (encercler le chiffre qui correspond à votre
opinion)
|
|
Pas du tout d'accord
|
Pas d'accord
|
Sans avis
|
D'accord
|
Tout à fait d'accord
|
81
|
La rupture de notre
relation avec ce fournisseur
remettrait en cause la survie
de notre entreprise
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
82
|
Ce fournisseur serait difficile
à remplacer
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
83
|
Quitter ce fournisseur maintenant aurait un impact en terme de
coûts sur notre entreprise
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
84
|
La vente des produits de ce fournisseur représente plus de
20 % notre du chiffre d'affaires annuel
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
9 - Indentification de l'entreprise et du
répondant
9 1 Raison sociale de
l'entreprise :...................................................................
9 2 Statut juridique de
l'entreprise :....................................................................
9 3 Date de création de
l'entreprise :..................................................................
9 4 Activité principale de
l'entreprise :...............................................................
9 5 La taille de l'entreprise (effectif du
personnel)................................................
9 6 Adresse de
l'entreprise :.............................................................................
9 7 La fonction du
répondant :..........................................................................
9 8 L'ancienneté du répondant dans la
fonction :.....................an(s)
9 9 L'ancienneté dans l'entreprise :
...............an(s)
10 Souhaiter recevoir le rapport de synthèse de
l'enquête (analyse anonyme des données recueillies) :
Oui Non
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE
VI
INTRODUCTION GENERALE
1
PREMIERE PARTIE : ETUDE DU CANAL DE
DISTRIBUTION : DES ANALYSES ECONOMIQUES AUX REFLEXIONS STRATEGIQUES
5
CHAPITRE I :
7
LES ANALYSES ECONOMIQUES DU CANAL DE DISTRIBUTION :
7
DU COUT A L'UTILITE
7
1. DES COUTS FONCTIONNELS DE DISTRIBUTION AUX
COUTS DE TRANSACTION
8
2. INTRODUCTION DU CONCEPT DE CRÉATION
D'UTILITÉ AU CONSOMMATEUR FINAL DANS LES ANALYSES ÉCONOMIQUES DU
CANAL DE DISTRIBUTION
13
CHAPITRE II :
18
DES ANALYSES COMPORTEMENTALES AU MODELE INTEGRATEUR DE
L'ECONOMIE POLITIQUE
18
1. APPROCHE COMPORTEMENTALE DU CANAL DE
DISTRIBUTION
18
2. DU MODELE INTEGRATEUR AUX ANALYSES STRATEGIQUES
30
CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
38
DEUXIEME PARTIE :
40
APPROCHES METHOLOGIQUE ET EMPIRIQUE
40
CHAPITRE III :
42
ASPECTS METHODOLOGIQUES
42
1. PRESENTATION DU RESEAU DE DISTRIBUTION DE L'HUILE DE
CUISINE AU TOGO
42
2. LES HYPOTHESES DE RECHERCHE ET LEUR MODE DE
VERIFICATION
44
3. OPERATIONNALISATION DES VARIABLES DE RECHERCHE
48
4. PROCEDURE DE COLLECTE ET DE TRAITEMENT DES
DONNEES
54
CHAPITRE IV :
60
LES RESULTATS DE L'ETUDE ET DISCUSION
60
1. L'analyse descriptive des variables de
l'étude
60
2. Influence des normes relationnelles et de la
dépendance relative du distributeur sur le pouvoir du fournisseur
74
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
77
CONCLUSION GENERALE
79
BIBLIOGRAPHIE
83
ANNEXE
86
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« La dépendance des firmes individuelles : un essai d'analyse et
d'application dans leurs relations d'échange avec les groupes »,
Economies et Société, Série SG, 1, 697-733,
cité par Karim MESSEGHEM (2003)
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