C) La normalisation
SENGHOR veut rester les seul maître de
l'Exécutif. Pour ce faire des actions vigoureuses devaient être
entreprises.
1°) L'unification politique : le
rassemblement et l'ouverture
SENGHOR voulait faire du parti une structure de rassemblement
de toutes les forces politiques et réduire le poids de l'Opposition qui
pourtant pouvait s'organiser librement en vertu de l'article 3 de la
constitution.
Le dialogue et l'ouverture sont les maîtres-mots de la
politique senghorienne. Ses milliers d'adhérents sont accueillis au sein
de son parti, il fallait intégrer toutes les forces politiques dans
l'Union Progressiste Sénégalaise (UPS) et ceci par tous les
moyens. L'opposition critique est tolérée dans le parti car c'est
considérée comme constructif pour un parti au pouvoir.
Le parti sera complètement, unifié et l'on s'en
rend compte lors des élections générales de 1968. Le Chef
de l'Etat devient le chef incontesté avec 94% des voix aux
présidentielles et 92% aux législatives. Il est "le leader,
précepteur" de la Nation.
2°) La rationalisation du pouvoir législatif
: la présidentialisation du régime
Le coup de force manqué de Mamadou DIA a aboli le
régime parlementaire bicéphale, au Sénégal. Le
Parti politique au pouvoir est unifié et consolidé. Le pouvoir
reste entre les mains du Président de la République qui,
d'après l'article 36 de la loi constitutionnelle du 7 Mars 1963 "
détermine et conduit la politique de la Nation".
Il concentre les pouvoirs de Chef de l'Etat et de Chef du
gouvernement.
L'Assemblée Nationale est rationalisée,
dépendant fortement de l'exécutif. Elle ne joue plus qu'un
rôle d'approbation. Les députés sont désarmés
face à un Exécutif fort : ils n'ont aucune voie envers ou contre
le Président .Ils votent seulement la loi ainsi que le budget de l'Etat.
Par contre le Président peut dissoudre l'Assemblée dans certaines
conditions. Il y a donc là un déséquilibre très net
entre les deux pouvoirs. Le domaine de la loi n'est pas général,
il est exception, ce qui accroît le pouvoir réglementaire du
Président qui a l'initiative des lois et qui impose l'ordre du jour.
Avec l'arsenal administratif mis à sa disposition, l'Exécutif est
mieux armé pour faire des projets de loi. Les propositions de loi
émanant des députés sont généralement
bloquées, faute de cohérence.
Enfin l'article 47 permet au Président de prendre des
mesures exceptionnelles. Le Président dispose de tous les pouvoirs, ni
l'Assemblée, ni les ministres ne doivent prendre d'initiatives
"mal-venues": c'est la présidentialisation du pouvoir qui malgré
ses quelques aspects" négatifs"en apparence, contribuent pourtant au
maintien de l'ordre public interne.
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